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Concours pour la Revue, Les petits papiers de Chloé : TERREURS NOCTURNES dernier texte, le n° 5

Publié le par christine brunet /aloys

VOYAGE AU BOUT DE L’ENFER



 

J'ouvre les yeux. Je me trouve en haut d'une montagne. Je tourne la tête : je suis seule à côté d’une voiture que je ne connais pas et dont je possède les clefs. Je n’ai plus conduit depuis des années. À qui peut-elle bien appartenir ? J’appelle : « Ohé ! Y a-t-il quelqu’un ? ». L’écho revient vers moi. 

 Je suis seule, abandonnée. Qui m’a amenée ici ? J’ai la tête qui tourne, l’altitude, je suppose. L’air est très frais. Personne ne vit dans ce coin. Un léger bruit sur le bas-côté me fait sursauter. Je m’empresse de monter dans cette grosse voiture et je m’enferme. Je fouille la boite à gants et j’en sors une lame de couteau cassée que je glisse dans ma poche. Est-ce l’instinct de survie ou bien la peur d’être agressée ?

 La nuit tombe et la panique commence à s’emparer de moi. Je me décide à démarrer la voiture. Comment vais-je m’en sortir ? J’ai envie de pleurer. Les phares enfin allumés, le moteur tournant, et après avoir réglé le siège et le rétroviseur, je baisse tout doucement le frein à main. Non ! J’arrête tout ! Je ne suis pas capable de conduire cette grosse machine. Pas de panique. Je ferme les yeux, un instant.

Je fouille dans mon sac. J’en sors une petite bouteille d’eau. Je bois à petites gorgées. Je remets la voiture en marche et je commence ma descente doucement.

 Une route étroite s’ouvre devant moi, très tortueuse. J’ai peur mais il faut que j’y arrive. Où ? Je n’en sais rien…

Les virages deviennent interminables. J’ai le vertige. Je me déporte légèrement sur la gauche. Il n’y a personne. J’accélère. Je n’ai plus froid, des gouttes perlent sur mon front.

Je sens ma gorge se serrer, je n’y vois pas grand-chose. J’essaie de mettre « plein phares » et je cherche à tâtons. La panique s’empare de moi. À cet instant, une bête surgit d’un talus. Je freine et m’arrête d’un coup. Les pneus crissent. C’est un lapin. Le pauvre, il est hypnotisé par mes phares. Il est figé. Je klaxonne, il s’enfuit. 

 Je souffle, rejetant ma tête en arrière. Je ferme les paupières et toutes sortes de scenarios défilent en moi. Je me sens engourdie. Mes jambes ne veulent plus bouger. Je me masse, remue mes pieds, étire mes bras. Je baille comme je le fais chaque fois que je suis angoissée.

Il faut que je reparte. Quelques pierres roulent au bord de la route, j’ouvre la vitre pour mieux respirer… À présent, je pleure sans pouvoir m’arrêter. J’ai si peur de tomber. J’ai si peur de mourir. J’ai si peur de ne plus exister.

Soudain, la descente se fait plus douce. Après environ trois heures de descente et de virages, j’aperçois, au loin, de minuscules lumières. Ce doit être un village ? 

Je continue, il faut que j’y arrive ! Je parviens enfin sur une place. Une immense maison se dresse devant moi. Je sonne à la porte. Un homme vêtu de blanc ouvre et me tend la main.

 Est-ce un hôpital ? Je suis si fatiguée que je me laisse guider. Arrivée devant une chambre, il me pousse violemment à l’intérieur.

  Je sors de ma poche la lame de couteau trouvée dans la boîte à gants.  Mes poignets sont en sang. Je me réveille en sursaut. Il est trop tard…

 

Publié dans concours

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Concours pour la Revue, Les petits papiers de Chloé : TERREURS NOCTURNES texte 4

Publié le par christine brunet /aloys

Intrusion.



 

   Mon mari étant absent pour raison professionnelle et nos grands enfants, installés récemment hors du nid familial, cette soirée est toute à moi ! Je la savoure avec délectation, devant un bon verre de vin, une musique douce en fond sonore, et un livre passionnant. Vers onze heure, Je regagne ma chambre et me blottis au creux des oreillers, où je reste plongée dans ma lecture jusqu’à ce que le sommeil m’envahisse. La nuit est tranquille, l’air est doux, et la fenêtre entrouverte imprime un léger balancement aux doubles rideaux, qui filtrent une obscurité dense, mais pas totale. Ce temps est idéal pour passer une bonne nuit  ! 

   Vers les trois heures du matin, un bruit suspect me réveille et m’inquiète… Je me soulève précipitamment, le cœur battant la chamade, le front en sueur, l’oreille aux aguets. La chair de poule couvre mes bras et un frisson me parcourt le bas du dos. Je n’ai pas rêvé, j’en suis certaine ! Je repasse en boucle mes gestes de la soirée : j’ai tourné deux fois la clé dans la serrure. Les fenêtres du bas sont closes et la porte, à l’arrière de la maison, se ferme par un système de verrouillage intérieur ; il est impossible de l’ouvrir du dehors sans avoir la clé adéquate et je suis sûre de l’avoir bloquée, elle aussi ! 

  Néanmoins ces vérifications mentales ne me rassurent pas, car à l’instant même, je perçois un craquement, que je reconnais comme étant celui de la troisième marche de l’escalier. Quelqu’un s’est introduit dans la maison, je n’ai plus de doute et mon téléphone portable est resté au salon ! Vite, un objet pour me défendre ! J’empoigne le tabouret près de la commode et m’approche de la porte, entrouverte. J’ai le cœur qui se décroche, et mes paumes sont moites, au point que je dois reposer le tabouret qui me glisse dangereusement des mains !

  L’œil rivé à l’angle du couloir, je distingue une ombre qui progresse lentement, immense, énorme ! Certainement celle d’un homme grand et fort ! C’est bien ma veine… J’ai envie de hurler mais je reste muette de stupeur, mes muscles sont tétanisés, ma langue est sèche, ma gorge douloureuse. Mes forces s’envolent, ma tête s’affole et l’écho de mes battements de cœur emplit ma poitrine qui se soulève anarchiquement… Et je m’écroule. 

« Ça va maman ? Qu’est-ce qu’il t’arrive ? » Il me secoue, me tapote les joues… Je reprend lentement conscience, profitant de la situation, jaugeant son inquiétude à mon sujet, et je lui susurre : « Adrien ? Mais qu’est-ce qui t’as pris ? Tu ne pouvais pas t’annoncer ? Tu m’as fais une de ces peurs ! » 

« Mais, maman, je ne voulais pas te réveiller ! La dernière fois, tu m’as dit de garder ma clé au cas où... Comme je passais dans le coin et qu’il fait nuit, j’ai voulu profiter de ma chambre et je suis entré en catimini pour vous faire la surprise demain matin… Papa n’est pas là ? « Et non, ton père n’est pas là, mais ta surprise, elle, a été bien réelle ! J’en garderai une bosse sur le front en souvenir ! Mais si tu savais, Adrien, comme je suis heureuse que ce soit toi qui soit là !  »

 

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Concours pour la Revue, Les petits papiers de Chloé : TERREURS NOCTURNES texte 3

Publié le par christine brunet /aloys

1h13

 

Je me réveille en sueur. Il est 1h13 du matin. Pas besoin de regarder l’heure. Je sais qu’il est une heure et treize minutes. 

Chaque nuit, je me réveille à la même heure en proie à des terreurs nocturnes. J’ai le front moite, les cheveux humides, le cœur qui bat beaucoup trop fort, la peur me broie l’estomac, j’ai le sentiment d’étouffer. 

J’allume ma lampe de chevet, je m’assieds dans mon lit. Je me verse un verre d’eau que j’avale tout doucement. Je respire profondément, fais quelques exercices de respiration comme me l’a appris ma sophrologue. Quand mon rythme cardiaque s’apaise, je prends le livre qui m’attend sagement sur ma table de nuit et je lis quelques pages. Je me remets lentement d’un cauchemar que j’ai oublié. 

Que se passe-t-il chaque nuit à la même heure pour qu’une telle terreur me réveille et me laisse en sueur ? Tout ça a commencé le jour où mon père a été officiellement porté disparu quelque part, en Afrique, dans une forêt infranchissable peuplée d’animaux tous plus dangereux les uns que les autres. Ça fait deux mois que ma mère et moi n’avons plus aucune nouvelle de lui. Son dernier SMS nous disait que tout allait bien, qu’il avait rencontré un peuple à évangéliser très réceptif, une sorte de tribu primitive tout à fait inoffensive qui l’avait accueilli à bras ouverts. 

Ah oui ! J’oublie de vous dire que mon père est missionnaire. Sa vie, ce n’est pas sa famille ni ses amis, ce sont ces sauvages inconnus qu’il rencontre un peu partout dans le monde. Etant médecin de formation, il arrive chez ces gens avec ses remèdes et ses vaccins. Il se fait accepter avant de leur parler de Jésus et tutti quanti. Moi, la religion, je m’en tape. Mon père n’a jamais réussi à m’évangéliser. Ma religion à moi, c’est la vie, la joie, les amis, les rencontres, les voyages, la découverte du monde, pas des peuples qui y habitent. 

Depuis le coup de téléphone du collègue de papa nous annonçant sa disparition dans la brousse, ma mère a sombré dans la dépression et moi, chaque nuit, je cauchemarde. Je vois une montre au cadran fêlé, je vois les aiguilles trotter comme si elles voulaient faire avancer le temps plus rapidement. Soudain, elles s’arrêtent. Il est 1h13. Je ne me souviens de rien d’autre, juste cette montre qui s’arrête. 

Je suis allé en Afrique. J’ai traversé avec des guides locaux les immensités de la forêt à la recherche de mon père ou d’une trace qu’il y aurait laissée, mais je suis rentré bredouille. Mon paternel a disparu, tout simplement, comme un flocon de neige qui se pose sur une surface chaude. C’est comme s’il n’avait jamais existé. 

Quand je suis rentré au pays, j’ai découvert la maison vide : ma mère avait été hospitalisée pour tentative de suicide. Elle ne peut vivre sans lui ! J’ai trouvé ça un peu fort de café ! Mon père n’a jamais été présent. Il devait être là le jour de ma conception, mais après ? Oui, il était là lors de mon baptême, des photos le prouvent. Il était là le jour de ma communion solennelle, mais il a dû repartir avant la fin du diner. Une urgence ! Un noir qui avait avalé de travers sans doute ! Il fallait qu’il prenne l’avion au plus vite. 

Alors que ma mère ne puisse vivre sans lui, je ne peux pas le comprendre. Ça fait 26 ans qu’on vit sans lui, à deux. On forme une famille à nous deux. Mon père  n’a sans doute pas eu le temps de faire un deuxième enfant ! 

Le téléphone sonne. Je décroche. C’était le collègue de mon père. On a retrouvé sa montre au bord d’un fleuve infesté de crocodiles. Le cadra en est prisé. Les aiguilles se sont arrêtées à 1h13 exactement. Je pourrai peut-être dormir calmement maintenant…

 

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Concours pour la Revue, Les petits papiers de Chloé : TERREURS NOCTURNES texte 2

Publié le par christine brunet /aloys

Toute la musique que j’aime



 

Ce soir-là, c’était un soir comme les autres. Ou presque. La lune avait un drôle d’habit, un pantalon trop large, une casquette de rappeur, et elle grimaçait. Je suis rentré chez moi et j’ai claqué la porte, une façon de dire merde à la journée de turbin. Car au boulot, moi, j’en faisais le moins possible. Fallait pas rire non plus. J’aurais pas une médaille à la fin de ma carrière et de toute façon, j’en avais rien à foutre des honneurs. Très peu pour moi. Ça rendait furax Marie-Odile mais ce qu’elle pensait, du balai. Donc ce soir-là, c’était un soir pas trop comme un autre. J’étais aussi odieux que les autres soirs, ça oui. J’ai bouffé comme un dératé et j’ai tout laissé sur la table, ça oui. Marie-Odile était là pour ramasser mes merdes, chacun son rôle. Vers deux heures, j’ai entendu du bruit, des grincements de porte. J’ai repensé à la lune et à ses grimaces à la con. Elle s’était quand même pas glissée dans la baraque cette andouille et elle aurait pas osé ouvrir la porte à de futurs désastres, ses suppôts à la con ? J’sais pas, j’avais comme une envie de pisser dans mon lit pour me réchauffer. Mes sangs se glaçaient. J’étais mort de trouille. Et les grincements de la porte avaient fait la place à des espèce de claquements qui ressemblaient aux claquettes de Fred Astaire. Non mais ! J’entendais des musiques et je ne pouvais déterminer si elles venaient de ma tête, du dehors, ou de la cave. Du rap macéré dans une marmite huilée au folk, épicée au disco, des trucs comme ça, innommables, à vomir. J’ai voulu secouer Marie-Odile. En vain. Son pyjama était à mes côtés, vide. Le tintamarre du rez augmentait. À présent c’était du rock que j’entendais et sur les murs, des hologrammes de Chuck Berry. Effrayant. Je déambulais dans la baraque, je suivais les sons. J’ai commencé à danser tout en descendant les escaliers. Je n’étais plus maître ni de mes bras ni de mes jambes. Ma tête commençait à ne plus m’appartenir. Sur les murs, des flashs, des hologrammes multicolores de musiciens comme Soprano, Franck Sinatra, un méli-mélo de tout quoi. Tant bien que mal, j’ai descendu les escaliers de la cave. Mon corps tourbillonnait comme une toupie. Quelque chose ou quelqu’un avait pris possession de mes mouvements, de moi quoi. J’ai trébuché et quand j’ai relevé la tête, un spectacle de dingue. Des guitares s’agitaient dans les airs, des batteries se claquaient les unes contre les autres, des saxos violaient des trombones et c’était une trompette qui jouait du piano. Des croches et des crochets m’ont cloué au mur. Je n’étais plus qu’à demi-conscient. Marie-Odile twistait nue avec Dick Rivers. Salope. Miles Davis a ricané et Johnny Halliday a écarté les jambes, m’a pointé de sa main droite et m’a gueulé : « vois ta gueule, vieux. Là, tout ce brouhaha, cette effervescence hologrammée, tu comprends pas ? t’aurais dû devenir toi aussi une idole des jeunes, t’as préféré glander dans l’administration. Putain de merde. Toute cette musique que tu entends, c’était celle qui ne demandait qu’à naître de tes doigts, connard. Tu piges tout ce que t’a zappé ? »

Alors le piano s’est soulevé et est resté suspendu dans les airs, la trompette s’est plongée dans ma gueule et do ré mi fa sol la si do m’ont giflé jusqu’à. 

 

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Concours pour la Revue, Les petits papiers de Chloé : TERREURS NOCTURNES texte 1

Publié le par christine brunet /aloys

MAUVAISES NUITS




 

Ce soir, la pluie bat la mesure contre le volet et s'égosille sur le carrelage de la terrasse. Je me tourne et me retourne dans mon lit. Mon esprit musarde au gré de chemins sombres.  Comment trouver le sommeil quand on souhaite plus que tout voir s'ouvrir sa carrière professionnelle, mais qu'on appréhende de devoir rencontrer au préalable  un personnage des plus antipathiques et qu'on a rendez-vous avec lui le lendemain ?  Cherchant à me réconforter, je me recroqueville sous ma couette et la chaleur me rassurant, je finis par s'endormir.  

Depuis deux semaines, en fait depuis que j'ai envoyé ma candidature, chaque soir avant de me coucher, j'éprouve une appréhension. Les yeux noirs moralistes, la bouche aux lèvres minces qui profère des propos acerbes à mon sujet, le visage anguleux vont-ils de nouveau apparaître dans mes rêves comme c'est le cas ces derniers temps ? Je le redoute plus que tout. À vrai dire, il me semble qu'ils n'appartiennent pas qu'à mes songes et qu'ils pourraient avoir une incidence réelle sur ma vie. 

"Vous êtes lamentable ! Vous ne convaincrai jamais quelqu'un de vous engager si vous y mettez si peu du vôtre ! Je ne comprends pas comment vous avez pu décrocher votre diplôme ! Vous avez soudoyé une de vos relations…" Je bafouille "mais, mais Monsieur…" En retour, je reçois une gifle… et cela me tire de mon sommeil.

Un mauvais rêve de plus ! La pluie bat toujours la mesure et s'égosille toujours sur le carrelage. Je l'écoute et en l'écoutant je replonge dans mon rêve, je réentends les mots "lamentable" et "soudoyé", je ressens la brûlure d'une gifle. L'homme martèle "Incompétente, incapable. Fautes d'orthographe." Cela me tire de nouveau de son sommeil. 

Je me lève, allume mon ordinateur, relis ma lettre de motivation et le curriculum vitae que j'ai adressés au centre de rééducation où je postule pour un poste d'orthophoniste. Tout me semble parfait.

Je me recouche. Je me mets en boule sous ma couette. Je me rendors. Je rêve d'un visage anguleux aux yeux noirs à la bouche fine à la une d'un journal, je lis "Drame atroce. L'entretien d'embauche tourne mal". 

La nuit s'achève difficilement. Je replonge plusieurs fois dans des rêves affligeants. Au matin, je suis réveillée par "l'aigle noir" la chanson de Barbara chantée par Patrick Bruel et diffusée par la radio.  C'est alors que je me souviens avec précision du visage de mon titulaire de première qui me reprochait ma mauvaise écriture, "des pattes de mouche" selon lui,  et mon manque récurrent de soin. Pour la première fois depuis longtemps, cet homme  aux yeux noirs et aux lèvres minces s'introduit dans mes rêves et gâche de nouveau ma vie.  

Suffit-il d'être fragilisé par l'attente d'une réponse positive à une offre d'emploi pour voir ses rêves perturbés ? Les mauvais souvenirs attendent-ils en chacun le moment propice pour se manifester ? J'en suis convaincue même si j'ai été engagée par le centre de rééducation après avoir été reçue par son directeur, un homme au regard souriant, aux lèvres charnues, au visage rond et aux propos rassurants. 

 

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Petit entracte avec un teaser signé Coraline Buchet pour son ouvrage "Une petite Belge en Australie"

Publié le par christine brunet /aloys

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Résultats concours "Les petits papiers de Chloé" sur le thème "Un de trop" pour le hors-série

Publié le par christine brunet /aloys

Pour notre prochain hors-série, sept participants sur le thème "Un de trop" :

Texte 1 : Carine-Laure Desguin .....    1 vote

Texte 2 : Séverine Baaziz .... 2 votes

Texte 3 : Brigitte Hanappe ... 1 vote

Texte 4 : Micheline Boland

Texte 5 : Christina Prévi ...... 1 vote

Texte 6: Philippe Desterbecq   ......  1 vote

Texte 7 : Edmée de Xhavée

 

Et le ou la gagnante est... Séverine Baaziz ! Je dois avouer que j'ai cru à 5 textes ex aequo ! Mais comme tous les textes vous ont plu à l'évidence, s'il reste de la place l'un des autres textes pourrait bien figuré dans la revue... grâce à un tirage au sort par exemple... 

 

Bravo !!! Et merci à toutes et à tous pour votre participation ! 

A demain !

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A vous de voter !

Publié le par christine brunet /aloys

 

A vous de voter ! Vous avez jusqu'à ce soir 20h... 😁

Pas simple, hein!

 

Je n'aimerais pas être à votre place !

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Concours pour la Revue, Les petits papiers de Chloé : UN DE TROP dernier texte... n° 7

Publié le par christine brunet /aloys

Catastrophe : Un de trop

Un mariage, voici ce à quoi je ne m’attendais plus guère, pas plus que Madame ma Mère, qui n’a plus ouvert la bouche depuis que je lui ai annoncé ce merveilleux évènement il y a trois mois à peine. Père est encore matériellement parmi nous, mais pour le reste, il est loin, très loin, et m’a joyeusement félicité d’un « Mais quelle bonne idée, Marie-Agnès, que cette fancy-fair ! ». Sauf que moi je suis son fils, le Comte Serge de la Plumauvent, et qu’il s’agit de mon mariage, le premier célébré au château depuis son propre mariage il y a 50 ans. J’épouse Charlène, née Laetitia Boerenbond, 16 ans. 

J’ai dû pour l’occasion quelque peu rafraichir les règles du savoir-vivre pour Charlène, qui ne l’avait d’ailleurs jamais lu, pas plus que son frère Kevin. Chez les Boerenbond on a le verbe haut, le coude levé en permanence, le teint animé d’avoir descendu de la piquette. Mais j’assume, j’assume. Ces braves gens ne sont pas responsables de leur milieu. D’autre part, il fallait bien que je répare, en gentilhomme que je suis, le fait que j’ai défloré la pauvre enfant, sans m’en apercevoir d’ailleurs. Mais alors qu’elle nous livrait – par la porte de service qu’ensuite elle dit avoir été porte de sévices – les œufs pour la semaine, j’ai eu, m’a-t-on dit, un raptus et ai abusé de ses charmes sur la table de la cuisine. C’est vrai que j’ai un faible pour Le facteur sonne toujours deux fois, j’avoue… Je ne sais ce que je faisais dans la cuisine où d’ailleurs la cuisinière en chef m’interdit de mettre pied, mais voilà… ce raptus m’y conduisit, et je m’y conduisis en rustre. On me l’a assuré, les parents Boerenbond ont accouru armés de fourches et faucilles dès le soir, brandissant la culotte ensanglantée de l’innocente enfant, m’expliquant par le menu mon ignoble conduite. Ma foi… j’ai été assez surpris d’avoir pu faire autant de dégât à moi tout seul, et encouragé par cette virilité enfin triomphante – moi qu’on surnommait Serge molle – et ai tout de suite offert de réparer. Que voulaient-ils, ces braves gens bien agités ? Réparation, le mariage !

Ma foi pensais-je, Charlène avec ses 16 innocentes et virginales années, j’aurais pu tomber plus mal, par exemple si j’avais eu ce raptus face à celle qui livre le petit bois d’allumage, elle a un eczéma chronique autour des paupières, doit avoir l’âge de Mère, et porte toujours des sandales été comme hiver, d’où jaillissent d’énormes orteils velus comme des oursins de mer. 

Ceci dit, la cérémonie nous a coûté non seulement beaucoup d’argent mais aussi nos amis et relations. Charlène n’avait jamais bu de vrai champagne, et une fois la cérémonie terminée, ne fut plus vue qu’une flute à la main et une autre coincée entre les deux seins jaillissant d’un décolleté dont les coutures sous les bras commençaient à céder. « C’est pour la route ! » expliquait-elle en recevant les invités d’une voix perçante, le timbre ralentissant au fil des minutes. « Beurk, vous avez les mains moites, Monsieur le Marquis, et la Marquise n’a pas bien fait sa moustache aujourd’hui ! » Et hop, elle vidait une flute et hurlait « Kééééévinne ! Kééévinne, tu m’en rapportes une pour la route ? ». Kevin accourait, le verre à bout de bras, le front reluisant comme une sardine à l’huile. « Tiens ma Cocotte ! ». Monsieur et Madame Boerenbond, qui avaient amélioré leurs prénoms pour faire distingué, avaient-ils précisé, devenant Phyllis et Daffodil, s’efforçaient de se faire de nouveaux amis. « Madame la comtesse, laissez-moi vous présenter ma bourgeoise, la mère de la jeune Comtesse de Plumauvent, Phyllis. Phyllis, fais donc un baise-main à Madame ! » et Phyllis de déposer une belle couche de foie gras sur la noble main tremblante d’horreur. 

Je suivais tout du regard, perplexe. Mère s’était évanouie et Daffodil, chevaleresque, s’était rué sur elle pour lui faire un bouche-à-bouche qui aurait achevé un orang-outang. En ouvrant les yeux elle avait à nouveau sombré dans une inconscience rassurante, pour en être tirée par l’empressement de Phyllis qui déboutonnait son corsage en criant : « Faut la laisser respirer, lui faire un massage coeurdiacre ! » exposant une poitrine en très mauvais état. Père errait, demandant à chacun s’il désirait faire un tour en carrousel, d’un air extrêmement aimable. 

Quand Charlène descendit sa 15è flute de champagne après avoir fait un cumulet sur la table d’honneur, je sentis que c’était trop. Là… c’était la flute de trop. Je sentis bouillir en moi le sang d’une longue lignée de Plumauvent, et élevai la voix, fermement : « Charlène, vous irez vous coucher sans dîner, et ce tout de suite. J’ai dit ! ». 

 

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Concours pour la Revue, Les petits papiers de Chloé : UN DE TROP texte 6

Publié le par christine brunet /aloys

L’intrus.

- Mais c’est pas possible ! Y en a un de trop ! s’exclame madame Virginie. 

- Qu’est-ce que tu racontes ? lui demande sa collègue, Isabelle. 

- On est bien partis ce matin avec 45 gosses quand même ! 

- Ben, toi, t’en a 23 et moi 22, ça fait bien 45 ! 

- J’ai beau les compter et les recompter, j’en compte 46 ! 

- Attends, je vais vérifier ça. Ne bouge pas, je reviens. 

Madame Virginie se ronge les sangs. Ils ont quitté l’école ce matin avec 45 élèves pour se rendre au parc de Mariemont, cet arboretum situé à Morlanwelz dans le Hainaut. La journée s’est bien passée. Les enfants se sont comportés plus ou moins correctement, les guides étaient sympas, la météo avec eux et puis là, catastrophe ! Il y a un gosse de trop dans le bus ! 

Madame Isabelle revient bien vite auprès de sa collègue. 

- Alors ? demande celle-ci anxieuse. 

- 46 ! Mais comment s’est possible ? On a kidnappé un enfant sur le parking du parc ? Ça veut dire qu’il y a quelque part un ou une instit qui cherche désespérément le gosse qui manque à l’appel ! J’imagine dans quel état se trouve ce pauvre collègue inconnu ! Attends, je vais faire un appel au micro pour retrouver l’intrus. 

Isabelle s’empare du micro du chauffeur qui, écouteur dans les oreilles, ne fait absolument pas attention à ce qu’il se passe dans le bus.

- Les enfants, une minute d’attention, s’il vous plait, dit-elle. Y a-t-il dans le bus un enfant qui ne fait pas partie de l’école des frères de Soignies ? 

Aucune réaction de la part des gamins ! 

- Bon, on va faire autrement. Je vais citer vos noms et prénoms. Dès que vous reconnaissez votre nom, vous levez le doigt ! D’accord ? demande-t-elle en s’emparant de la liste des élèves présents. Je commence. Kevin Albert ? Marjorie Audebert ? Coralie Baleux ? David Delorme ? 

Un à un, madame Isabelle cite le nom de tous les enfants. Quand elle arrive au bout de la liste, tous les gosses ont le doigt levé ! C’est vraiment la cata ! Un enfant n’a forcément pas été cité ! Il devrait avoir le bras baissé ! 

- Je n’y comprends rien, dit Isabelle à sa collègue. On fait quoi ? 

- Je vais passer près de chaque enfant et cocher son nom sur la liste, répond Virginie. Un des enfants interrogés n’aura forcément pas son nom sur la liste…

- Bonne idée ! Vas-y. J’attends avant de téléphoner à la directrice pour lui exposer le problème…

Isabelle parcourt donc toutes les rangées et coche au fur et à mesure les noms cités par les enfants eux-mêmes. Arrivée à la dernière banquette sur laquelle cinq enfants sont assis, il reste quatre noms à barrer sur sa liste. La solution est proche. 

A ce moment, un des cinq gosses se lève et se dirige vers le chauffeur. 

- Papa, on arrive bientôt ? demande-t-il au chauffeur qui enlève ses écouteurs pour répondre à son fils. 

 

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