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Concours "Les petits papiers de Chloé" : le bonheur est ailleurs - Texte 3

Publié le par christine brunet /aloys

LES PETITS BONHEURS DE VIOLETTE

 

La dentelle d'un feuillage, l'odeur du café, la saveur d'un carré de chocolat, la douceur de son peignoir, le chant d'un oiseau, les roses d'un ciel matinal, autant de petits bonheurs qui s'offraient le plus souvent à Violette peu après son lever. 

Il arrivait à Violette de regarder défiler les nuages et de trouver en eux l'écho de sa légèreté intérieure.

Jour après jour, elle renouvelait ses remerciements au destin pour les cadeaux qu'il lui avait accordés.

Ce matin-là, elle était montée dans le train et s'était assise en face de deux femmes qui bavardaient.  Violette avait l'impression de partager malgré elle quelque chose de leur intimité. Le bonheur d'une de ces femmes tenait, disait-elle, à un déménagement, plus précisément à l'achat d'une maison entourée d'un magnifique jardin. 

Violette jeta un coup d'œil sur le paysage. Dehors, quantité d'herbes folles et de fleurs sauvages frémissaient un peu sous le souffle du vent. Cette beauté gratuite n'était-elle pas partie intégrante de la magie du moment ? Observant le paysage et écoutant les deux femmes, Violette se pencha sur son propre vécu : serait-elle plus heureuse si la terrasse de son studio était plus grande ? Non, conclut-elle.   

Ce qui est désarçonnant avec le bonheur, pensa-t-elle, c'est que chacun en a une approche différente. Il n'y a pas une recette universelle. C'est tellement personnel. Il ne se définit pas une fois pour toute ni de la même manière pour chacun. 

Violette regarda sa bague. Aussitôt, elle replongea dans le passé et revécut des instants de grâce. Elle fut transportée ailleurs et affleura en elle le souvenir de sa grand-mère la lui offrant pour ses dix-huit ans. Des sensations affluèrent : la voix douce de sa grand-mère, ses yeux bleus, son sourire, le délicat mouvement de sa main, le frémissement de ses narines. Elle pouvait presque toucher du doigt l'infinie joie d'autrefois. Ce bonheur-là, c'était son trésor, un trésor d'amour reçu sans condition.  C'était bien plus que l'espèce de gri-gri que sa mère appréhendait dans ce bijou de famille.

Pourtant, se dit Violette, le bonheur ne se conjugue-t-il pas d'abord au présent même si de tendres ou forts souvenirs l'habitent à l'occasion. L'instant suivant ne sera du bonheur que si l'on y met une part de soi et pour cela il faut se connaître, être conscient de ce qui fait vibrer et aussi de ce qui entache la qualité de son ressenti. 

L'espoir d'un avenir meilleur n'est pas le bonheur, songea-t-elle. Non, espérer c'est juste  donner un coup d'accélérateur pour avancer. 

Le bonheur passé comme le bonheur futur ne sont pas de vrais bonheurs. Ce qui a un réel prix c'est le temps actuel dans toute son intensité et sa fièvre. Encore faut-il apprendre à le cueillir… 

Le train entra en gare. Violette se leva, se dirigea vers la porte, elle sentit des effluves de jasmin apportés par le parfum d'une voyageuse et le bonheur l'envahit tout entière.  

 

 

Publié dans concours

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Concours "Les petits papiers de Chloé" : le bonheur est ailleurs - Texte 2

Publié le par christine brunet /aloys

Oh l’amour ! 

Ah l’amour ! Celui des poètes, des chansons, des romans, celui qu’on croque à pleine dents, celui que tout un chacun attend ! L’amour rose, l’amour bleu, l’amour fou. 

Marie l’a attendu toute sa vie, l’amour ! Il n’est jamais venu ! Et ce n’est pas faute d’avoir tout mis en œuvre pour qu’il vienne à elle ! 

Petite, elle a cherché l’amour maternel, mais la femme que le ciel lui avait choisie comme génitrice ne lui a témoigné qu’indifférence. Pourtant, Marie était une petite fille toute mignonne et obéissante. Elle a toujours tout fait pour plaire à sa mère. Elle l’aidait dans ses tâches ménagères, elle travaillait bien à l’école, ne contredisait jamais ses parents, ne leur demandait ni cadeaux extravagants ni argent de poche. Son père était toujours absent et sa mère lui préférait ses copines. Carole passait des heures au téléphone, des soirées dans des pubs, au cinéma, au théâtre, pendant que sa fille restait seule chez elle, frissonnant d’inquiétude. 

Puis un jour, lorsque Marie a eu 16 ans, elle a tout plaqué : l’école, sa mère, tout. Elle avait trop donné, trop attendu l’amour d’une mère indigne. Elle l’a compris en lisant un de ces sempiternels romans que Carole exécrait. Elle est partie sans rien, sans laisser une lettre explicative, sans un mot.
Elle a cru rencontrer l’amour en la personne de Carlo. Il était beau comme un dieu. Il avait dix ans de plus qu’elle, mais qu’importe. Elle en est tombée folle amoureuse. Mais pour lui, tout ça n’était qu’un jeu et aussi un moyen de subsistance, car le beau Carlo a mis très vite la jeune fille naïve qu’elle était alors sur le trottoir avec l’ordre de rentrer au bercail avec du fric et pas qu’un peu. 

Marie se souvient de cette époque avec horreur : sa première passe, les mains grasses et velues d’horribles personnages sur son corps de jeune fille et bien plus encore. Les jours ont succédé aux jours, les passes aux passes. Marie est devenue une pute, une putain de pute. Il faut employer les mots adéquats. 

Si Marie n’a pas trouvé l’amour en la personne de son mac, elle a trouvé une certaine protection, presque un foyer, même si elle côtoyait souvent des êtres démunis comme elle, des jeunes filles qui ne faisaient que passer dans l’appartement loué par Carlo en plein centre-ville. On ne peut pas dire qu’elle a trouvé de l’amour auprès de ces filles blessées comme elle par la vie, mais, parfois, une certaine complicité.

Quelques années plus tard, elle a cru trouver l’amour auprès de sa fille, une jolie colombe arrivée un beau jour de printemps sans que sa mère s’y attende. Marie avait fait ce qu’on appelle un déni de grossesse. Elle allait donner naissance à un être créé à partir d’une graine inconnue, ce n’était pas possible ! Qui parmi tous ces hommes abjects avaient-ils pu lui laisser ce souvenir en partant ? Marie s’était pourtant toujours bien protégée ! 

Le fait est qu’une petite fille vint au monde. Quand elle la vit, toute rose, les cheveux noirs encore mouillés, la figure encore fripée, son cœur fondit littéralement. Si elle n’avait jamais trouvé l’amour, elle allait en donner, et à profusion ! Hélas, Marie ne reçut en retour que de l’indifférence, une fois de plus. Même sa fille ne l’aimait pas, c’était manifeste ! En fait, Marie  pensait ne pas mériter l’amour des autres puisque personne ne lui en avait donné. 

Aujourd’hui, Marie est vieille : elle a 25 ans. Vous direz sans doute qu’elle est encore bien jeune et, dans votre esprit à vous, vous aurez sans doute raison. Mais Marie se sent très vieille, elle a trop vécu, elle a trop donné, elle se sent vide, sans force, vieille, il n’y a pas d’autres mots. 

Sur le pont qui surplombe l’autoroute, Marie pense à tout ça, à l’amour qu’elle a cherché désespérément et qu’on a toujours refusé de lui donner, à sa triste vie façonnée par des mains bien mal intentionnées. Elle regarde en bas, toutes ces voitures qui filent à vive allure. Il suffirait d’un instant de courage, un petit saut dans le vide. Un petit article dans le journal pour signaler l’accident et Marie aurait disparu de la surface de la terre, invisible comme elle l’a toujours été. L’aura-t-elle, ce courage-là, l’aura-t-elle ? Le bonheur tant recherché, le trouvera-t-elle ailleurs ?

 

Publié dans concours

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Concours "Les petits papiers de Chloé" : Le bonheur est ailleurs Texte 1

Publié le par christine brunet /aloys

Le bonheur est ailleurs

 

Je saute à cloche-pied sur les gués de la vie.  Je ne me hâte pas d'atteindre l'autre rive. Les détours sont permis et j'en tente certains. D'autres sont imposés et parfois surmontés. Mais il en est certains que je veux refuser. C'est alors que je tombe et que le flux me glace. Il me faut surnager dans les tourbillons fous. Vouloir ne pas mourir avant que de survivre. Une main secourable m'est quelques fois tendue . Mais c'est au fond de moi que je trouve la force. Je ne sais d'où elle vient. Elle est là, elle attend. Enfin je la saisis comme un fruit enfin mûr. Que reprenne la danse des fragiles équilibres !

 Le bonheur est ici quand on peut le goûter. Il est une rencontre méritée ou fortuite.

Le bonheur est ailleurs quand on est plein d'aigreur. Quand on reste planté au milieu du courant. 

Il n'est pas le courant, il y est parsemé. 

Courage ou inconscience, qu'importe, je le poursuis ! Je garde les blessures des glissades et des chutes, mes étendards intimes qui me forgent et me font. 

 

Publié dans concours

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Aubes lunesques... Le recueil de Carine-Laure Desguin

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

Cet américain

un avion dans le ciel

le cliché s’enclenche



 

Les épouvantails

monumentaux delirium

l’absinthe fleurit



 

Les pâquerettes

célèbrent les elfes

en scène et dansent







 

Les fleurs tziganes

dans les orages des parcs

assoient leurs espoirs



 

Une étincelle

lueur sans sacrifice

peint sur les drapeaux



 

Tam-tam dans les bois

appel des âmes mortelles

un oiseau s’envole

 

Publié dans Poésie

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Un nouveau texte signé Louis Delville : "La valise"

Publié le par christine brunet /aloys

La valise

 

Elle en avait fait des kilomètres. Si ma mémoire est bonne, je l'avais achetée à Ostende. Drôle d'endroit pour acquérir une valise me direz-vous… Eh oui, ma fidèle valise héritée de ma grand-mère avait rendu l'âme sur le quai de la gare et n'avait dû son salut qu'à une bonne grosse corde trouvée je ne sais où. Entré dans un magasin, j'en étais ressorti avec une superbe valise brune comme c'était la mode en ce temps-là. 

L'année suivante je partais pour une croisière en Méditerranée et ma nouvelle compagne avait reçu une superbe étiquette que j'avais artistiquement collée sur le couvercle : la première d'une longue série. Jugez plutôt… Les lacs italiens, le col du Grand Saint Bernard, le canal de Corinthe, les pyramides de Gizeh, Jérusalem, l'expo 58. Ma fidèle amie ressemblait désormais à une mosaïque multicolore. 

Puis est venu le temps des voyages en avion : New York, Québec, Mexico, Moscou, Bangkok et Pékin vinrent enrichir la collection. 

La valise résistait fièrement à tous les coups, à tous les traitements de choc. Il restait encore quelques centimètres carrés et Tokyo nous attendait elle et moi.

Comme à chaque voyage, nous étions séparés, moi bien installé, choyé, gâté et elle dans une soute glacée mais je savais qu'elle résisterait à ces mauvais moments.

On a raconté que la soute à bagages s'est ouverte et que l'avion qui nous ramenait à la maison est tombé en plein désert. Les secours n'ont pu ramener que quelques objets retrouvés éparpillés et en bien mauvais état. Seule une valise constellée d'étiquettes a été retrouvée intacte.

Il paraît que depuis lors elle trône dans une vitrine chez son fabricant comme preuve de la solidité de son matériel.

 

Louis Delville

 

Publié dans Textes

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Jeanne R. répond à quelques questions...

Publié le par christine brunet /aloys

Merci à toute l’équipe de Chloé de Lys de m’accueillir pour la deuxième fois ;

je suis vraiment ravie de vous présenter mon nouveau livre.



 

Photo de l’auteur(e) :

 

                                                     Jeanne R.

 

QUESTIONNAIRE (2022) :



 

- Pseudo ou nom réel ? 

Jeanne R. est mon pseudo. Pourquoi ? C’est simple : j’adore le romantisme anglais. Et puisque mon nom et prénom s’y prêtaient déjà, j’ai ainsi pu faire un clin d’œil au livre Jane Eyre de Charlotte Brontë.

 

- Où habites-tu ? Explique… : 

J’habite en France, dans un coin calme et charmant et tellement verdoyant : Caluire et Cuire, lequel se trouve aux portes de Lyon, ville des Lumières et ancienne capitale des Gaules. On pourrait même dire que j’ai la vie de château en ce lieu propice à la rêverie et à l’écriture, ce lieu chargé d’histoire... 

 

- Une famille, des enfants… : 

Un mari et deux grands enfants : un garçon et une fille.

 

- Sucré ou salé ? : 

J’aime le sucré des aliments mais pas celui des choses, et il en va de même pour le salé.

 

- Petite, que voulais-tu faire ? :  

ECRIVAIN assurément. Je ne dis pas : écrivaine, parce qu’il n’est jamais « vain » d’écrire, d’autant plus qu’écrire est un acte qui ne peut s’improviser. 

 

- A quelle figure historique aimerais-tu ressembler ?

Plutôt figure historique qui me fascine : Comme je ne sais pas trancher la question, je vais en citer plusieurs… Et compte tenu de mon sexe, les sœurs Brontë : Charlotte/Emilie/Anne.



 

- Ton truc contre le stress ? 

La musique classique en général et en particulier.

 

- Que fais-tu dans la vie ? Explique… 

À Lyon, après avoir étudié les Lettres je me suis consacrée au Théâtre ; j’ai créé une petite troupe que je dirige et mets en scène. En parallèle j’écris des romans parce que j’adore me raconter des histoires.

 

- Quand as-tu commencé à écrire et pourquoi ?

En 2009 ! C’est l’histoire d’une rencontre, car cela correspond à la rencontre avec un homme plein de talent (écrivain-médecin) qui m’a précipitée dans le monde des livres... 

 

- As-tu déjà publié quelque part ? Et quoi ? Quel genre ?

- En 2010, j’ai publié un Premier roman, en France, chez "Mon Petit Editeur". Il s’agit d’un roman baroque faisant l’éloge de l’amour et intitulé « Les Noces d’Eternité ».

- En 2013, chez vous, "CDL", un roman titré « A l’ombre des désirs », dont le portrait d’une femme s’articule autour de deux couleurs : le rouge du désir et le noir du mystère.

 

- Pourquoi Chloe des Lys ?

Une bonne réputation, du dynamisme, une structure de type "familial", une ouverture d’esprit manifeste, de la chaleur de part et d’autre ; enfin tout pour m’attirer chez CDL, et y rester puisque je suis du genre fidèle.

 

- Quel ouvrage vas-tu publier ? Quel genre ? Résumé ? 

 

« MÉMOIRES D'UNE ÂME » est le titre de mon troisième roman, roman baroque par excellence.

Ce roman, à la fois joyeux et triste, se présente comme une balade dans Venise en compagnie d’un jeune couple, habité par leur art, dont chacun raconte sa propre histoire entrecoupée de réflexions sur tout ce qui fait la vie : les rencontres, l’amour et l’amitié, la mort, la maladie, le deuil, la chance et la malchance, l’humour, les humeurs des uns et des autres, et l’oisiveté pour certains... 

Je ne sais si l’écriture fut un prétexte à raconter la maladie ou si la maladie fut le prétexte à l’écriture ? Quoi qu’il en soit, j’ai voulu donner à mon style une épaisseur où l’ironie flirte avec l’autodérision au fur et à mesure des questionnements. Ce texte crée à dessein une mise à distance et une proximité laissant ainsi la place au rêve d’évasion. Au final, celui-ci pourrait poser la question suivante : Peut-on consoler quelqu'un qui souffre ? 

 

Voici quelques extraits de cette histoire où l’oisiveté régnante ne va pas sans rappeler le monde des années 30 :

 

 « Soudain, une porte dérobée s’ouvrit. Un homme aux cheveux gris apparut, l’air avisé. En blouse blanche, avec un sourire apaisant, il s’approcha de la femme et d'une main tendue la pria de le suivre dans la pièce en retrait. Quelques secondes plus tard, la porte se referma sur eux : la femme en question venait d’entrer en silence dans l’antre de la Médecine. » 

« Elle reconnaissait que la maladie ne l’avait pas empêchée de se cloîtrer chez elle, alors même qu’elle était présentable, sortable, visitable, enfin baisable. »

« Du temps qu’elle était autre, du temps qu’elle était chauve… Les moins courageux baissèrent les yeux et passèrent leur chemin en faisant mine de ne pas la reconnaitre ; les plus courageux, prétextant un rendez-vous fortuit, partirent promptement sous ses yeux ahuris. Et alors… Alors quoi ? Ô mes semblables, mes frères, regardez tous ces pleutres ! Honte à eux ! S’ils avaient appris qu’elle était morte, morte de maladie, ils seraient venus s’effondrer sur sa tombe, pff. » 

« Dans la Cité des Doges, un homme de rencontre, qui se disait poète et fou pareil à l’albatros, serait l’oreille qui l’écouterait, et leur rire joyeux allait souffler sans égard sur les cendres de cette vieille tumeur. »

« Ayant chassé mainte fois en nocturne dans une Venise discrète, ce poète en déroute savait qui convoquer après l’heure de minuit. Il lui était même arrivé d’aller braconner chez les autres mais, les femmes mariées étant plus jalouses que les maris, il se lassa très vite et prit l’option de n’honorer que des filles légères, les filles d’un soir. »

- Projet pour la suite ?   

J’ai en chantier un roman plus court, parce que je crois qu’il ne me faut pas être toujours bavarde. 

 

- Pourquoi écris-tu et comment ?   

J’écris pour vivre deux fois ma vie. J’écris avec mon cœur et aussi avec une plume au milieu d’un décor indispensable à mon inspiration, lequel se répercute jusque dans mon écriture ; au sortir, on pourrait décrire mon style comme étant baroque. L’esprit et l’amour sont les personnages principaux de mes livres. 

Bon j’avoue, hormis l’écriture, la mise en scène, observer et écouter le monde qui m’entoure, je ne sais rien faire d’autre, pas même cuisiner.

 

- Tes influences, tes maîtres, tes coups de cœur en littérature, cinéma, peinture, musique… :  

En matière de littérature : Les Brontë, Châteaubriand, Proust. Les Poètes Maudits.

Musique classique, avec un faible pour les élégies. 

Cinéma : Visconti, James Ivory, Jane Campion. 

Les séries telles que : « le Jeu de la Dame », « Black Mirror », « Downton Abbey », « The Crown », « Made men ».

Peinture : Le Caravage, Rembrandt, Delacroix. Toutefois, les vanités hollandaises ont ma préférence.

Philosophie : Albert Camus me touche par sa vision de l’existence pour le moins Absurde et Nietzsche fait mon éternel bonheur.

 

- Un ami ou une amie dont tu aimerais qu’on parle ?  

Un ami proche, littéraire à souhait dont la plume est un délice : Michel Wichegrod, à qui je dois la photo de couverture de ce dernier roman représentant le masque d’un Dibbouk, parce que cet homme d’une grande culture se plaît également à photographier et à exposer ses travaux pour le moins artistiques.

 

- Tes hobbys ? Musique, dessin, peinture… : 

Oui, musique classique, peinture. Et pour les pointillés… rajoutons : le Théâtre et sa mise en scène, la Philosophie, la Littérature, la Psychanalyse, le Cinéma (plutôt les vieux films classiques) ; mais un goût prononcé et immuable pour les Belles-lettres.

 

- Qu’est-ce qui te fout en rogne ?  

La bêtise humaine puisqu’elle n’a pas de limite. 

 

- Ta citation favorite ? 

Je vais citer Francis Scott Fitzgerald (Carnets) :

« On n’écrit pas parce qu’on veut dire quelque chose ;

On écrit parce qu’on a quelque chose à dire. »

 

- Une qualité et un défaut ?  

Je suis d’une nature empathique. J’ai très peu de patience, et cela ne s’arrange pas avec le temps. 

 

- Un souhait ? 

Que mon dernier roman enchante les lecteurs.

 

- Quelle est la question la plus stupide qu’on pourrait te poser ? 

Une question fermée.

 

Pour conclure, j’aimerais ajouter une question à ce questionnaire que je formule ici, avec ma réponse :

 - Quel livre t’a le plus manqué(e) ces dernières années ?

 « L’Eloge de l’ombre » de Junichiro Tanizaki (Editions Verdier)

 

Publié dans Présentation

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"Les printemps" : une présentation vidéo de son auteur, Benjamin Wiame

Publié le par christine brunet /aloys

Publié dans vidéo, Présentation

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"Un élixir d'amour", une nouvelle signée Micheline Boland

Publié le par christine brunet /aloys

UN ÉLIXIR D'AMOUR

 

Depuis son enfance, avant son entrée à l'école primaire, était né chez Thibaut un attrait pour le café. Enfoui au fond de lui, cet attrait venait des effluves qu'il dégageait. Il jugeait son odeur chaude et forte, plus entêtante que celle des parfums féminins. 

D'un côté, il y avait les grands, les adultes, ceux qui se délectaient régulièrement de café comme les enfants se délectaient de chocolats.  D'un autre côté, il y avait les petits, les enfants qui attendaient le moment opportun pour goûter un fond de tasse et s'abandonner en même temps à la double satisfaction de la dégustation et de la transgression. Les parents de Thibaut lui avaient expliqué que le café avait un effet excitant peu recommandé pour les enfants.

Très tôt, Thibaut avait remarqué que le café sonnait l'heure d'une rupture agréable, d'une transition, du moment d'échange et de partage qui suivait le repas ou qu'il marquait une pause entre deux activités.

Thibaut grandit. Que se fasse entendre la sonnerie du téléphone ou celle de la porte d'entrée, qu'il se retrouve ainsi seul face à une tasse entamée par sa mère ou son père, Thibaut commença à y goûter avec un infini plaisir. Un jour, son père le surprit et Thibaut s'en tira avec un simple rappel à l'ordre : "Si tu as soif, bois du jus ou mieux de l'eau. Le café, ce n'est pas bon pour toi. Il énerve, il empêche de dormir."   

Chez sa grand-mère, la préparation du café était l'objet d'un cérémonial particulier. Chez elle, il avait le pouvoir de porter Thibaut à croire en la magie des habitudes qui apportent le bonheur. Moudre les grains, ranger le café moulu finement dans une jolie boîte en fer, compter les cuillerées déposées au fond de la cafetière à piston, déposer la cafetière quelques secondes sur une plaque, verser l'eau chaude dans la cafetière, attendre un peu, puis faire descendre le piston, servir enfin et garder le silence en sentant les belles odeurs.  Lenteur et rituel presque religieux de cette préparation émaillée parfois de quelques mots. Chez elle, il lui était permis de croquer de temps à autre un grain mais il ne le confessa pas à ses parents. Il n'en était pas conscient à cette étape de sa vie mais quand sa grand-mère partirait à jamais, il lui resterait d'elle le souvenir d'histoires, de câlins, de bisous, de confidences, de petits plats mais également de cette manière de faire. 

Thibaut s'était mis à boire du café dans le secret de la cuisine, quand sa mère recevait une ou deux  amies au salon et qu'on semblait l'oublier depuis qu'il avait dit s'y être retiré pour jouer avec ses légos ou finir un devoir. Savourer le peu de liquide resté dans le percolateur, c'était un plaisir caché qui lui était devenu indispensable.     

Très tôt, Thibaut avait pressenti que le café jouerait un rôle capital dans sa vie. N'y avait-il pas des gens prédisposés à la bijouterie, à la mécanique, à la comptabilité, au jardinage, à la gastronomie ? N'existait-il pas des gens associés à jamais à un objet, outil ou instrument, par exemple Opinel et Poubelle dont son père aimait raconter l'histoire ? 

Dans la classe de première primaire fréquentée par Thibaut se trouvait Véronique Villonet, la fille de la Maison Villonet. Les Villonet torréfacteurs réputés étaient propriétaires d'une entreprise dédiée au café, aux accessoires qui y étaient liés ainsi qu'à la dégustation.  C'était une institution bien connue au-delà de la province. C'était un endroit qu'il avait déjà fréquenté avec sa grand-mère. Quiconque passait par la ville et appréciait le café se devait de faire un détour pour s'y rendre. Illusion ou pas, il semblait à Thibaut que Véronique sentait bon le café. Elle était ravissante, avait des yeux sombres et de longs cheveux, elle paraissait douce. Assez rapidement Thibaut s'inventa un futur avec elle. Véronique habitait son quartier. Au fil des années, de manière discrète, il aima de plus en plus passer sa main dans ses cheveux, la toucher doucement. Il en vint à porter quelquefois son cartable, à réciter des poésies pour elle sur le chemin du retour de l'école et elle paraissait juger cela agréable. 

Après l'école primaire, sans s'être concertés leurs parents les inscrivirent tous deux dans le même collège. Véronique était flattée de l'intérêt que lui portait Thibaut. À cette époque, Thibaut découvrit des vers de Théodore de Banville : "Ce bon élixir, le café. Met dans nos cœurs sa flamme noire." Thibaut s'aperçut que Véronique et lui ne parlaient jamais de café, mais qu'ils partageaient d'autres passions. Ils avaient quantité de points communs : cet amour des framboises, ce penchant pour le jeu de dames, cette pratique du chant choral et du ping-pong. Le temps qui passait ne faisait que les rapprocher l'un de l'autre.  

Par la suite, Véronique et Thibaut entrèrent à l'université dans des facultés différentes mais ne se perdirent pas de vue. Sans en faire étalage, Thibaut avait donné son cœur à Véronique et Véronique avait donné son cœur à Thibaut. 

On se mariera un jour, pensait depuis longtemps Thibaut et c'est ce qu'il se passa.  Aucun des deux époux ne travailla pour la Maison Villonet. C'est le frère aîné de Véronique qui succéda à leur père. Thibaut qui avait envisagé un moment de mettre sa créativité au service de la publicité pour les produits Villonet ne le fit jamais.  

Chaque matin, Véronique et Thibaut boivent deux cafés. Un café torréfié chez Villonet qui entretient dans leur cœur une flamme d'amour.  Café, remède contre les coups de mou, contre les pensées imprécises. Café, médicament, refuge quand pointe une heure grise. 

 

Micheline Boland

 

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Notre rendez-vous poétique signé Carine-Laure Desguin !

Publié le par christine brunet /aloys

Croître dans les temps

estivaux des corolles

trésors des couleurs



 

Animales peurs

dans le dictionnaire

ne sont qu’illusions



 

Lucioles en amont

photographies des saisons

avalent les fers







 

Cordes à sauter

dans les ciels sans limite

longueurs des tensions



 

Un américain

assis sur la Grand-Place

cheesburger en mains



 

Cet instant de rien

inscrit dans l’univers scelle

des clichés d’un tout

 

Publié dans Poésie

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Micheline Boland nous propose un texte de Louis Delville "Au commencement"

Publié le par christine brunet /aloys

Au commencement…

 

Au commencement, il n'y avait rien et quand je dis rien, c'est rien.

Puis comme ce rien s'ennuyait, il a cherché et n'a rien trouvé !

Rien ne m'arrêtera, se dit rien et il continua sa quête.

Un jour qu'il s'amusait d'un rien, rien remarqua un grain de poussière. Un rien, un misérable grain.

Ils firent connaissance et décidèrent de collaborer. Ils créèrent une société destinée à trouver quelque chose qui ferait leurs beaux jours. Mais allez faire les beaux jours de rien et d'une poussière. Ce qui les sauva c'est une musique. Or la musique cela n'est rien mais celle-là les appelait à se déplacer et à traverser le temps. Quand ils arrivèrent à l'autre bout du temps, la musique les attendait et se joignit à eux. 

Pendant des milliards d'années, il n'y eut rien sauf la musique et pas une poussière de plus. Eh oui, la génération spontanée ce n'est pas pour les poussières.

La musique avait beau augmenter son volume il n'arriva rien sauf que rien devint un peu sourd.

Puis un jour apparut un petit point jaune qui augmentait à vue d'œil. Il était lumineux et le grain de poussière se plaisait à voler dans la lumière.

Musique et lumière se rencontrèrent et miracle, il en sorti quelque chose. Un truc sans forme bien définie qui courrait partout. Rien décida de le rencontrer. Désormais, il n'était plus seul. Alors il prit une décision difficile et rien disparut sans laisser d'adresse. Personne ne sait ce qu'il est devenu mais de temps en temps on entend encore la musique qui susurre :"Non, rien de rien. Non, je ne regrette rien."

 

Louis Delville

 

 

 

 

Publié dans Textes

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