Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

MARTINE DILLIES-SNAET : j’ai lu «Saisons d’une passion » de Claude Colson

Publié le par aloys.over-blog.com

http://users.skynet.be/TheDillies/auteur2.jpgJ’ai lu «Saisons d’une passion » de Claude Colson

 

Si j’avais respecté la chronologie, j’aurais lu « Saisons d’une passion » avant « Léna ». Oui, mais voilà, en feuilletant les deux livres, ce sont les mots de « Léna » qui m’ont attirée le plus. Alors j’ai commencé par le second. Cela n'a d'ailleurs aucune importance, l’un n'étant pas la suite de l’autre. Quoique...

 

Quoique dans ce livre,  j’ai  bien ressenti chez Claude COLSON, une première fois, un premier essai, une première délivrance. C'est dans ce premier livre que Claude Colson a trouvé un style ou plutôt une forme : une histoire qui se poursuit en poésie pour s’achever par un journal.

 

J'en ai commencé la lecture installée à l'ombre de magnifiques tilleuls. Une brise fraîche émanait des divers étages qui font la caractéristique du tilleul et qui en font d'ailleurs un arbre des plus agréables  par temps de canicule.http://idata.over-blog.com/3/65/07/04/saisons.jpg

J'ai ouvert le livre, tourné les pages, écouté le vent. Après une vingtaine de pages, j'ai fermé le manuscrit et me suis laissée bercer par le murmure du vent. Comment apprécier un tel ouvrage, comment le faire  aimer ? Si quelqu'un me dit «  Ca y est, je commence ce soir et l'aurai achevé demain », il n'en appréciera rien; il faudra le stopper de suite voire lui interdire cette manière de lire.

 

L’histoire ? L’amour, la rencontre, la passion, la douleur de séparations éphémères, les retrouvailles puis le gouffre du dernier « au revoir »:  thèmes universels depuis que le monde est monde mais, thèmes à chaque fois, revécus avec une différence de taille...c'est qu'à chaque fois, c'est un autre « moi » qui souffre ou « euphorise ». Que serions-nous sans l’amour, son bonheur et ses blessures ?

Claude COLSON se livre avec ses mots et ses réflexions. Là où d'aucuns se contententde vivre, lui écoute les musiques qui le submergent, s'analyse et étudie ce raz-de-marée. J'ai parfois envie de dire qu'il l'intellectualise, le « littéralise ». Qu'importe! L'auteur a trouvé là, son style et on s'y laisse  prendre à condition de ne pas vouloir le lire de bout en bout.

Lire « Saisons d'une passion »  comme un roman c'est prendre le  risque de se noyer et de ne pas apprécier les mots et les assemblages poétique; il faut, tout au contraire,  en distiller la lecture . Quelques pages ou quelques lignes chaque fois que vous vous assiérez au creux d'un divan, calé entre de gros coussins. Quelques lignes ou quelques pages puis, laissez tomber le livre

et passez à autre chose. C'est le meilleur moyen d'y prendre du plaisir. Même si cela prendra du temps mais chaque livre n'a-t-il pas besoin de sa propre lecture ?


 MARTINE DILLIES-SNAET

http://users.skynet.be/TheDillies/

Publié dans Fiche de lecture

Partager cet article
Repost0

A la Une ...

Publié le par aloys.over-blog.com

bobclinA voir sur ACTU: le programme de l'émission "Nos amis et les amis de nos amis" qui sera diffusée en direct sur ACTU-tv ce prochain dimanche 27 juin, à partir de 20h00. Un menu très copieux avec unehttp://external.ak.fbcdn.net/safe_image.php?d=c7f698e1e1e352f3eb58a99255552698&w=130&h=130&url=http%3A%2F%2Fwww.bandbsa.be%2Fcontes%2Fmire.jpg enquête sur le livre "depuis le manusrit à a sortie de l'imprimerie", un reportage de manu Paz et Muriel Vigneron sur le nouveau musée Verhaeren à Roisin, Miche Stennier, Yves Olivier, le Comandant Danofsky, Milie et les Briv-beux d'Toubac etc... etc... voir:
http://www.bandbsa.be//actutele/emission05-du-27.06.2010/emission27.06.htm

Publié dans ANNONCES

Partager cet article
Repost0

LETTRE A L'AINE de Josy MALET-PRAUD

Publié le par aloys.over-blog.com

http://www.bandbsa.be/contes2/josybonne.jpgLettre à l’Aîné

 

Mon Ami,


En dépit de l’heure avancée, celle qui précède l’aube en Avril, la sonnerie du téléphone ne pouvait pas nous réveiller. Nous ne dormions plus depuis si longtemps.


Il eut été presque inutile de décrocher, nous savions ce qu’on voulait nous annoncer, ce qui avait fait fuir notre sommeil ces derniers mois,  le rendant pareil à un voyage interminable, angoissant, dont on revient nauséeux.

 

Ton frère, mon mari,  est sorti du petit bureau. Il était pâle et son regard, embrumé. Le temps s’est figé. Il était inutile  qu’il parle. J’ai lu dans ses yeux.


Tu avais déposé les armes, vaincu, jeune vétéran d’un combat  sans issue. Une mauvaise route qui débouche sur le ravin sans qu’on n’y puisse rien.


Je ne me souviens plus des heures qui ont suivi, j’ai dû les effacer, me préserver. Rester debout à l’heure où tout s’écroule.

 

Dans le respect de vos traditions, au pays de Bretagne, le lendemain, on t’avait –exposé-.  Curieux rite qui m’a rappelé qu’il existe encore des lieux où l’on préserve le passé. On avait convié les gens à venir te saluer une dernière fois. Ils étaient là. Du monde, partout sur la pelouse de ton jardin, des gens silencieux et tristes, des yeux rougis, des visages fripés, fatigués. Et le silence, inhabituel, chargé du poids de toutes ces peines réunies.


On aurait dit, vois-tu, un gigantesque théâtre de plein air débordant d’un public muet et recueilli.


J’ai suivi la file qui, malgré moi, m’a fait franchir le seuil.


Je n’ai pas aimé entrer dans ta maison endeuillée, je n’ai pas aimé pénétrer,  frissonnante, dans cette pièce aux rideaux tirés, où tu gisais au milieu des bougies hésitantes et des chaises déplacées pour ceux qui te veillaient. Je n’ai pas aimé les pleurs et les sanglots, les voix étouffées qui radotaient pour se réconforter. J’ai détesté qu’on parle de toi au passé, qu’on évoque tes souffrances, ton calvaire, qu’on suppose  tes ultimes pensées. Je n’ai pas aimé qu’on viole ton espace, qu’on t’impose nos présences.


Je me suis approchée, terrifiée à l’idée de croiser ton regard éteint sous des paupières scellées. Mais tu n’étais pas là. Ce corps impavide aux mains jointes sous un crucifix, ce n’était plus toi. Juste la chrysalide usée qu’un papillon avait abandonnée. Le temps d’un soupir, ma peine s’est allégée. J’ai souri.


Tu n’étais pas dans ce corps étique, abandonné, livré. Tu n’étais pas dans cette absence figée.

 

Sur la pointe des pieds, à reculons, je suis sortie. Je suis partie à ta recherche. J’ai dépassé les groupes formés devant la porte, laissé derrière moi les tissus gris et noirs, les étoles assombries de désespoir, les souvenirs mouillés des uns, les révoltes crève-cœur des autres.

 

Derrière la maison, tu attendais patiemment aux côtés des enfants. Oscillant dans la transparence qui sépare les mondes, tu écoutais leurs paroles innocentes, souriant à leurs jeux. Silencieusement, pour ne pas t’effacer, je me suis assise à tes côtés sur les marches de la terrasse, là d’où on voit des moutons voler sur l’horizon, là où, entre chien et loup, il fait bon s’attarder. Tu m’as rappelée que nous devions aller en Irlande, qu’il ne fallait pas craindre  le voyage en mer. Tu t’es excusé de n’avoir pas pu ouvrir mon dernier mail. De le laisser sans réponse pour l’éternité. Celui où j’écrivais -tiens bon, tiens bon, tiens bon-. Tu voulais savoir si ta photo resterait accrochée au pilier du restaurant parisien « les Zazous ». J’ai acquiescé. Tu as soupiré.


Je me suis excusée d’avoir le verbe haut, de dire des vérités, d’agiter les mains pour convaincre, d’être parfois de mauvaise foi. Je t’ai reproché de ne plus te soucier de nous, de laisser vide la chaise de l’aîné, de nous priver d’accordéon, de danses et de chansons. De nous sevrer de tes rires profonds. Je t’ai reproché la douleur et les larmes refoulées de ton frère, le pan de sa jeunesse que tu emportais. Je t’ai reproché les cœurs brisés de tes parents, le regard égaré, suppliant de ta mère, le courage insoutenable de ton père, leurs vieux jours sacrifiés.


Je t’ai reproché de t’en aller si tôt. Je t’ai reproché l’injuste solitude de ta compagne et sa douloureuse dignité.


Je t’ai confié aussi le poids de notre impuissance et la rage qu’elle faisait naître, les rares espaces d’espérance et les tunnels sans lumière du chagrin. Je t’ai demandé pardon de n’avoir pas pu t’empêcher de glisser. Et pardon de t’en avoir voulu de n’avoir pas gagné.

 

Derrière nous, les volets étaient fermés sur un drame qui n’était plus le tien. Tu as pris ton accordéon et fait courir tes doigts sur le piano.


Tes enfants, si jeunes, se sont approchés. Ils n’étaient pas surpris de te rencontrer là, l’enfance a le pouvoir de transcender les mondes. Tu t’es fondu en eux. Dans les yeux de Julien, tu as laissé l’éclat de ta force et de  tes certitudes. Sur le visage de Mélanie, l’empreinte de tes sourires et les marques de ta volonté. Justine, comme toi, saura toujours rêver d’un monde meilleur. Ils vont bien.

 

Je t’ai beaucoup parlé. J’avais encore tellement à te dire. Il n’y avait plus entre nous la gêne des vivants, le temps qui fiche le camp. J’ai enfin pu te dire que tu es mon ami.

 

J’ai quitté ta maison, le jardin, les enfants et les gens. Je t’ai vu t’éloigner, dilué, léger, dégagé des tourments dont tu as dit qu’ils étaient inutiles : la mort et la vie sont en harmonie, la première s’annonce à l’aube de la seconde.

 

Un an.


J’ai refusé de fêter ton absence. Je n’ai pas pleuré. Je ne suis pas allée me recueillir sur cette pierre dont on dit qu’elle t’apporte la paix. Je continue d’avancer sur les chemins où je sais te trouver, les voies où tes paroles d’aîné se répètent en échos. D’année en année.

 

 

Josy Malet-Praud© 2006

www.lascavia.com

Publié dans Nouvelle

Partager cet article
Repost0

CLAUDE COLSON : Réflexions tout à trac Chapitre 4

Publié le par aloys.over-blog.com

http://idata.over-blog.com/3/65/07/04/tete-Colson.JPG Réflexions tout à trac*

Chapitre 4

Mémoire

Soudain une odeur oubliée, enfouie...


Un jeune passe ce matin, sur une moto pétaradante. Je ne le vois même pas, pas le temps. D'abord le bruit, puis quasi immédiate, l'odeur.


L'effluve prenant, caractéréristique, du mélange à l'huile de ricin me ramène plus de 40 ans en arrière : un camp de jeunesse, la route, des hébergements de fortune et, ce soir-là, la chance. La mise à disposition d'une villa avec terrain attenant. Dans l'appentis trois motos de cross , 125 et 250 cm3,et plus loin un circuit privé, vallonné à souhait.


Avions-nous l'autorisation ? je ne sais plus trop mais à 15/16 ans.... Finalement je crois que oui.


Bien que j'aie assisté quatre ou cins ans plus tard à quelques courses de moto-cross, j'avais totalement oublié tout cela.


Je viens de revivre ces moments, le temps se réduisant à un point fixe, en un curieux resserrement.


Miracle olfactif, étrange aptitude du temps subjectivé à se dilater ou, comme ici, à au contraire s'agglomérer en instants confondus.


Miracle de la vie.    

 


Claude Colson

http://fr.creativecommons.org/images/cdr_bouton.gif*

http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre29492.html#page_3

http://claude-colson.monsite.wanadoo.fr/

Publié dans Textes

Partager cet article
Repost0

A LA UNE...

Publié le par aloys.over-blog.com

bobclinA lire dans ACTU: l' expo de photos que donne au Setca de la Louvière, Carole Merlot (CDL) du 5http://external.ak.fbcdn.net/safe_image.php?d=d129f7c12c3d0b4229769784c832b542&w=130&h=130&url=http%3A%2F%2Fwww.bandbsa.be%2Fcontes2%2Fphotomerlot.jpg juillet au 23 août. Elle écrit, elle dessine, elle lit, elle chante, elle marche, elle court, elle aime son mari,elle déteste, elle boit, un peu et beaucoup, elle colore les jours sans saveur, elle vit de Matisse, elle prend... des risques, elle l'aime ! voir: http://www.bandbsa.be/contes.htm

 

 

 

**************************************************

 

 

Demain, sur le blog "recreaction" link, *M*c répond à mes questions dans un article intitulé : "Je suis quelqu’un qui a un atout mais qui n’a jamais appris à s’en servir4-up on 2010-04-02 at 18.59 ni à le contrôler! alors voilà le résultat..."

 

CHRISTINE BRUNET

http://recreaction.over-blog.org

Publié dans ANNONCES

Partager cet article
Repost0

HOMO UNIVERSALIS d'ALAIN MAGEROTTE

Publié le par aloys.over-blog.com

HOMO  UNIVERSALIS

 

AlainMonsieur Augustin Badet,

 Huissier de Justice.   

      

Contrôlé à plus de 150 km/h. sur une bretelle d’autoroute où l’on ne peut dépasser le 90 km/h. ! Je n’ai reçu ni procès-verbal, ni rappel, ni assignation et voilà que j’écope d’une obligation de m’acquitter, séance tenante, d’une dette, tombant du ciel, contraignant Monsieur l’huissier de Justice à réaliser un exploit pour un montant ridicule.


Tiens, même en comptant les intérêts de retard, la somme que je dois verser n’excède pas la moitié du prix d’une location d’une semaine à Dorival...


Dorival !… Dorival et son fromage à la réputation internationale. Je pense que ce serait faire injure à Monsieur l’huissier de Justice de lui demander s’il a déjà goûté ce fromage doux, onctueux, revigorant, crémeux, roboratif à souhait, véritable don de la nature, que l’on étend avec délicatesse sur une tranche beurrée de pain de campagne. En vérité, la tartine au fromage, qu’il soit de Dorival ou d’ailleurs, Monsieur l’huissier de Justice l’ignore peut-être, mais je ne la savoure que si je peux la tremper dans une tasse de café sucré. Par contre, je dégusterai volontiers une tartine au saucisson ou agrémentée d’une salade quelconque (crabe, thon, poulet au curry…) sans ressentir le besoin de la plonger dans une tasse de café… allez savoir pourquoi…


Pour en terminer avec le fromage, je me permets d’en faire un, en interpellant Monsieur l’huissier de Justice au sujet du patronyme Badet…


Badet ! J’ai connu un Badet quand j’ai effectué mon service militaire chez les chasseurs ardennais. C’était un sous-officier de carrière. L’adjudant Badet…


Je ne reviens plus sur son prénom… Jules ? Félicien ? Léopold ? Alphonse ? Adolphe ? Oui, c’est ça, Adolphe Badet… un sacré caractère ! Avant de recevoir notre permission du week-end, il y avait l’inspection. Terrible, angoissante. Il cherchait à déceler la moindre faille dans l’attitude ou l’accoutrement pour coincer et priver d’un retour au foyer, de pauvres miliciens harassés par une semaine éprouvante. Une grimace, un poil de barbe mal coupé, un ceinturon ne brillant pas suffisamment et hop, le gars était consigné. Un homme d’une grande sévérité dont la tendresse était cependant inversement proportionnelle à l’image qu’il projetait. Car ce Badet possédait une sensibilité à fleur de peau. Il n’y avait qu’à voir sa manière de bichonner les plantes qui égayaient son bureau et, en particulier, un ficus appelé «gamin»… émouvant… émouvant à un point tel que, parmi les miliciens punis, il désignait un volontaire pour arroser ses protégées, en le menaçant des pires châtiments s’il arrivait quoi que ce soit à l’une de ses petites chéries…


Les misérables ploucs, que nous étions, avions lancé, sous le couvert, cette formule simpliste et stupidement moqueuse : «on ne badine pas avec Badet !»


Monsieur l’huissier de Justice a-t-il un lien de parenté avec ce poète en kaki ? Je demanderais alors à Monsieur l’huissier de Justice de ne point manquer de remettre un cordial bonjour de la part d’Yves Latouche, caporal dans la réserve à la main verte…


… Votre pli du 10 mars m’est bien parvenu. Pour en prendre connaissance, je me suis rendu à la poste de mon quartier où, avant d’obtenir le document, j’ai dû subir le désagrément de faire une file dont je ne voyais pas le début. Ce fut d’autant plus pénible qu’il y avait, juste devant moi, un voisin, Monsieur Parmentier. Je le bats froid depuis deux semaines. La cause ? Elle est liée à l’affaire qui nous occupe… je ne sais d’ailleurs pas pourquoi je l’appelle Monsieur. Je pourrais dire ce cuistre, ce rustre ou lui coller un quelconque nom d’oiseau quoique, une telle appellation serait plutôt incongrue, vu que ce triste sire n’aime pas les animaux. Il me l’a fait sentir en traitant Vénus, ma chienne adorée, de «sac à merde» ! Tout ça parce que la pauvre bête, indisposée en ce jour litigieux, avait déféqué sur son trottoir. Ne vous est-il jamais arrivé, Monsieur l’huissier de Justice, d’être pris de crampes intestinales soudaines vous obligeant à vous laisser aller sans pouvoir vous retenir ?


Des mots durs pour un animal méritant le respect de toutes et de tous. D’ailleurs, comment ne pas l’apprécier. Certes, mon but n’est pas de vous attendrir, Monsieur l’huissier de Justice, mais je ne peux résister à l’envie de vous le décrire en quelques mots qui, j’en suis certain, vous émouvront et vous rallieront à sa cause. Je fais allusion à mon toutou, bien sûr, pas au voisin…    

Vénus, baptisée ainsi en référence à la déesse de la beauté dans la mythologie romaine, est une sang-mêlé, ce qui dans l’esprit de beaucoup est synonyme de tare. Elle est née d’un croisement berger allemand / rottweiler… ou rottweiler / doberman ou encore berger allemand / doberman ! Je ne sais pas… mais qu’importe, il faut la voir quand elle trottine à mes côtés, fière et confiante. Belle, intelligente, sensible, Vénus vient d’accomplir sa cinquième année. Ses sourcils clairs tranchent sur son soyeux pelage foncé. Son corps puissant, musclé, appelle caresses et démonstrations d’amitié qu’elle rend au décuple, heureuse de son gîte, fidèle à son maître qu’elle protège. Sa robustesse et sa mâchoire aux crocs blancs acérés décourageraient plus d’un agresseur potentiel.


Vénus n’hésite pas, de jour comme de nuit, à aboyer lorsqu’un quidam passe ou s’attarde devant la demeure; elle se rue sur la boîte aux lettres, malmenant mon courrier, lorsque s’avance la main du facteur, persuadée que ce dernier tente de pénétrer dans l’habitation. Que voulez-vous, elle tient à cœur sa mission de gardienne de la maison. Peut-on lui en faire grief ? Monsieur l’huissier ne remplit-il pas sa tâche du mieux possible en n’hésitant pas à mordre si les circonstances le commandent ? Mais, à l’instar de ma chienne, je subodore que Monsieur l’huissier de Justice est plus impressionnant que méchant... Me trompé-je ?     


Ce jour-là, j’étais invité à dîner chez ma sœur, Yvette, de deux ans ma cadette. Les circonstances aventureuses et hasardeuses de nos existences respectives nous avaient éloignés l’un de l’autre pendant trop longtemps. Un an ? Deux ans ? Trois ans ? Quatre ans ? Difficile d’être précis dans ce cas-là, comme il est difficile, voire inconvenant, de ne pas s’autoriser quelques libations pour fêter d’affectives retrouvailles. Que celui qui n’a jamais pris une cuite me balance le premier verre…


Je suppose qu’il est déjà arrivé à Monsieur l’huissier de Justice d’arroser sans retenue le plaisir incomparable de pouvoir, après une longue attente, poser enfin les scellés sur la porte d’entrée de l’appartement d’une vieille connaissance qu’il désespérait de revoir un jour.


Dresser un portrait d’Yvette me paraît intéressant, même si cela n’a qu’un faible rapport avec l’événement qui nous a mis en contact.


Petite brunette râblée, aux jolis traits réguliers, à la peau mate idéalement hâlée, elle tient plutôt du côté de maman qui avait des origines portugaises alors que moi, je ressemble à papa dont la taille, le teint pâle et les cheveux blonds faisaient penser à ces fiers vikings qui s’embarquaient sur de solides drakkars pour filer vers des contrées inconnues où les attendaient mille dangers.   


Quand Yvette reçoit, perfectionniste avec un zeste d’orgueil, elle met les petits plats dans les grands. Dès lors, la fine cuisinière qu’elle est serait outrée si on ne faisait pas honneur à sa table.


Ma petite sœur bien-aimée… ça ne vous dit rien ? Les premiers mots d’une chanson… mais, peut-être étiez-vous trop jeune, ou pas né, quand Richard Anthony chantait «A toi de choisir» qui est, en fait, le titre de la chanson. Ma petite sœur bien-aimée donc m’avait mitonné des lasagnes qu’elle accompagne d’une sauce béchamel. J’étais ému de constater qu’Yvette n’avait pas oublié ma prédilection pour les pâtes en général et pour les lasagnes en particulier. Elle ne lésine pas sur les ingrédients adéquats pour pimenter une composition qu’elle craint toujours de ne pas assez relever.


Grâce au chianti, je réussissais à éteindre les velléités incendiaires de sa généreuse préparation et, si ce délicieux breuvage s’était montré insuffisant, le pousse-café offrait une solution de sauvetage doublée cependant d’un choix cornélien : du sec avec la grappa ou du sucré avec l’amaretto… ou les deux, car la nature a été assez généreuse en me dotant d’une capacité de résistance aux boissons alcoolisées, supérieure à la moyenne. En parlant de résistance, je sais de qui tenir puisque papa s’était comporté en véritable héros durant la dernière guerre mondiale et, parodiant Michel Audiard, une expérience de deux ans de service militaire ajoutée à quinze ans à la régie des P.T.T., m’ont bien entraîné à tenir la distance…


Ce ne sera pas la distance qui allait me jouer un tour pendable, mais les mélanges causés par les appels gourmands d’une gorge se desséchant à une vitesse alarmante. Une constatation inquiétante qui aurait dû me sauter aux yeux si je m’étais trouvé dans un état normal… bien que celui-ci m’eût empêché de faire cette constatation inquiétante. C’est là qu’était le hic comme celui, plus terre à terre, de rentrer sans trop de casse au bercail.


Titubant mais digne, je prenais congé d’Yvette. Je m’étais à peine enfoncé dans le siège confortable et moelleux de ma voiture, que j’eus le sentiment bizarre d’avoir oublié quelqu’un… Vénus !… Car, mon chien c’est quelqu’un, comme dirait Raymond Devos. Où l’avais-je abandonné malgré moi ? Chez Yvette, pour sûr ! Je réussis à m’extraire, non sans difficulté, de mon véhicule pour aller rechercher ma fidèle compagne. Je suppose que Monsieur l’huissier de Justice, son travail accompli, veille aussi à ne rien omettre lorsqu’il quitte un lieu dévasté après son passage…   


Je sonne. Pas de réponse. Je tambourine sur la porte et une pâle lumière éclaire le hall d’entrée. Je me dis «tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir». En effet, Yvette apparaît derrière le loquet qu’elle tarde à ouvrir, se demandant qui pouvait bien venir à une heure aussi indue. Elle était prête à se mettre au lit, la ravissante robe de chambre d’un rose criard qu’elle arbore en témoigne.   

« Ah! C’est toi, fait-elle, rassurée.

- Qui veux-tu que ce soit ?... » bredouillais-je. Et ici, Monsieur l’huissier de Justice me pardonnera, je l’espère, un humour qu’il jugera déplacé eu égard à sa situation mais excusable en raison de mon état d’ébriété.

«… Un huissier de Justice ? Un malfrat ? Ou quelque chose dans le genre ? »

- Arrête ! T’es pas drôle quand t’as bu… tu viens récupérer ton chien ?

- Ouf, il est là ?

- Où veux-tu qu’il soit ? Tu l’emmènes partout avec toi… tu le gâtes trop ! Tu l’as habitué à se goinfrer. Faut voir tout ce qu’il a mangé, je dirais plutôt bouffé; tout un plat de lasagnes en plus des croquettes que je lui avais réservées… » 


Nous pénétrons dans le salon où je découvre ma Vénus étendue, les yeux exorbités avec les pupilles en spirale, la langue tordue hors de la gueule et les poils hérissés, comme les personnages de dessins animés quand ils prennent 220 volts. Ça me fait un tel choc, que les effets de l’alcool se dissipent sur le champ. Je l’appelle, la pauvre bête me lance un regard triste à fendre l’âme. Il y a dans les yeux de cet animal davantage d’humanité que dans ceux qui toisent Monsieur l’huissier de Justice lorsqu’il effectue son courageux devoir.  


Vénus finit par se redresser et, ahanant comme un soufflet de forge, se dirige vers moi d’un pas lourd et hésitant. Elle fait peine à regarder. Yvette m’aide à la placer à l’arrière de la voiture.  


Ma petite soeur bien aimée me propose de ne repartir que le lendemain. Je la remercie mais préfère regagner mon domicile. Rien ne vaut un «home sweet home» pour supporter une gueule de bois, comme dirait Pinocchio.     


Je n’ai pas roulé un kilomètre que Vénus plante une superbe gerbe sur la banquette. Réaction logique d’un estomac barbouillé, victime du roulis qui doit agir sur lui comme le tangage d’un bateau agit sur ceux qui souffrent du mal de mer.


Bientôt, une odeur nauséabonde remplit l’habitacle. J’ouvre les fenêtres pour tenter de disperser cette pestilence qui me provoque des nausées.


Rien n’y fait. A l’embranchement de la N4 et de la E5, en retrait sur fond de campagne et de bocages aux silhouettes rendues inquiétantes par les ténèbres, j’avise un établissement chichement éclairé. Pris dans l’éclat d’une pleine lune, l’ombre qu’il projette sur le sol paraît disproportionné par rapport à sa taille réelle.


Je jette un coup d’œil dans le rétroviseur, Vénus est assise, le corps agité de soubresauts dus à des éternuements répétitifs. Elle semble pourtant aller mieux. L’air frais du dehors devrait parfaire son rétablissement. Tout en couvant du regard ma bébête à travers le rétroviseur, je me gare sur un parking mal éclairé et manque d’emboutir un trois tonnes surgissant de nulle part. Un coup de volant pour l’éviter de justesse et voilà ma déesse qui me gratifie d’un second bouquet aussi garni que le premier.


Nous nous extrayons du véhicule empesté. J’ouvre les portières pour laisser passer l’air. Un air purifié que nous respirons à pleins poumons comme doit le faire Monsieur l’huissier de Justice, une fois son travail ingrat terminé.


Vénus gronde, humant le danger. Je ne possède pas son flair mais j’éprouve le sentiment désagréable qu’on nous épie, pauvres proies faciles livrées au mystère de la nuit et à l’inquiétante présence d’un bâtiment dont la pâle enseigne s’est éteinte, rendant l’ambiance lugubre.


Un silence menaçant pèse de tout son poids, pareil à celui qui s’appuie sur les épaules affaissées des clients de Monsieur l’huissier de Justice; funeste prélude à l’instant fatidique où l’homme de loi va appuyer sur la sonnette d’entrée, annonçant ainsi l’imminente et implacable curée.


Des bruits de pas ! Ma chienne retrousse ses babines, voulant impressionner, car l’animal, j'ai déjà eu l'occasion de le dire, n'est pas méchant. Soudain, voilà un autre animal qui s’amène… enfin, un type… du moins quelqu’un… ou plutôt quelque chose d’immense s’avance vers moi. De longs membres grêles, surmontés d’une tête menue offrent une image effrayante de l’être au ton plombé, d’un gris sale qui se meut avec lenteur. Ses yeux globuleux, exorbités, sont froids, ne recelant pas la moindre trace de vie. Ce bipède d’un autre âge au physique étrange, inaccoutumé, s’élève à deux mètres du sol auquel il s’agrippe de ses maigres orteils griffus.


Ses mains aux longs doigts spatulés sont reliées à des bras filiformes. L’allure discrète, réfléchie, révèle, à elle seule, la froide détermination du personnage en quête d’une prise.

« Que voulez-vous ? Et d’abord, retenez ce chien ou mal lui sera fait… »

La voix, dominatrice, paraît lointaine. Je ne vois point remuer ses lèvres. Par un subtil stratagème, il use de la télépathie pour faire passer son message. Je suis aussi désorienté qu’un client de Monsieur l’huissier de Justice qui doit avoir souvent à faire à ce genre de phénomène malintentionné, à la mine patibulaire mais presque, comme dirait Coluche.


Je ne peux réprimer un tremblement trahissant la peur qui m’étreint. Le truc, enfin, l’alien le remarque et, profitant de sa supériorité physique, me jauge de la tête aux pieds. Une consultation qui me rappelle celle à laquelle nous soumettait l’adjudant Badet, à la différence non négligeable que l’un se souciait de la parfaite correction de mon apparence, quitte à me priver de permission, alors que l’autre semble vouloir y porter atteinte… 


Je pense que Monsieur l’huissier de Justice comprendra mon réflexe instantané. Ne pouvant compter sur mon courage, sourd à mon appel, j’attrape Vénus à bras le corps pour la jeter dans la voiture où je m’engouffre ensuite. Démarrant sur les chapeaux de roue, j’abandonne à ses sinistres desseins une curieuse créature courroucée de me voir filer entre ses mains. 


Je mets les gaz et les maintiens longuement pour mettre une distance définitive entre nous. C’est à ce moment-là que j’ai dû être contrôlé par un radar.


Une fois hors de portée des malveillantes intentions de l’alien, je ralentis l’allure. La route défile, apaisante, devant mes phares contre lesquels viennent buter d’intrépides papillons de nuit. L’odeur du vomi s’implante et me provoque des hauts le cœur. Je ressens aussi le besoin de me désaltérer. Les effets de l’alcool se sont dissipés et ma gorge se déshydrate. Il faut goutte que goutte que je m’abreuve. Vénus grogne, souffrant du même manque. Il existe, Monsieur l’huissier de Justice, une osmose extraordinaire entre cet animal et votre débiteur.   

 

Un bar providentiel à la façade illuminée comme un sapin de Noël surgit dans l’obscurité comme une oasis en plein désert. Je me gare face à la porte d’entrée, espérant qu’il ne s’agit ni d’un mirage, ni d’une nouvelle sorcellerie. Circonspect, je scrute les alentours avant de pénétrer dans l’établissement, suivi de Vénus. 


Pétillante, appétissante, accorte et guillerette, pas bégueule pour un zloty, une croquignolette petite bonne femme se coule avec prestesse entre les tables, servant ici, encaissant là, un mot aimable aux clients. La découpe de sa blouse fraîche et à pois rouges laisse percer la forme de deux mignons globes emprisonnés qui tressautent au pas de course de la brunette. Il doit être comblé le coquin qui remplit les jours de cette adorable donzelle.   


Je commande un coca bien glacé et de l’eau dans une écuelle pour mon chien non sans avoir demandé, au préalable, son prénom à cette enfant qui n’a rien d’un alien. Une audace due à la sérénité retrouvée et comme on devient futile lorsque l’on se sent à l’abri de tous dangers, je m’amuse à compter les pois rouges de sa blouse tandis que Mariette s’active à remplir des verres derrière un interminable comptoir en zinc. J’ai le temps d’en dénombrer vingt-cinq avant qu’elle ne se ramène avec les boissons.  


J’ai l’humeur taquine et la courtise, saupoudrant mon baratin d’allusions friponnes, évitant toutefois les dérapages salaces.


Il commence à se faire tard et les émotions de cette soirée ont raison de mon aptitude naturelle à repousser dans ses derniers retranchements les signes de la fatigue. Prenant congé de Mariette, je me jure de la revoir le plus vite possible.


La tête pleine de rêves, je tourne la clé dans la serrure quand Vénus, prise de coliques subites, quitte mon trottoir pour aller décorer d’un bronze de forme pyramidale du plus bel effet, l’aire de Monsieur Parmentier. Un étron probant puisqu’il révèlera la véritable nature de mon irascible voisin.     


Voilà, Monsieur l’huissier de Justice, j’arrête ici mon plaidoyer qui vous convaincra, je l’espère, de mon incapacité, ce soir-là, à respecter la limitation de vitesse. C’était une question de survie !  


Veuillez agréer, Monsieur l’huissier de Justice, l’assurance de ma considération distinguée.                                                 

Yves Latouche.                                                                                                                                                                             

 

Quand il va chercher son recommandé à la poste, Yves Latouche ne songe plus à l’étrange bipède.


La nature du pli provoque d’abord sa colère. Son calme retrouvé, il décide alors d’envoyer une lettre à cet huissier qu’il maudit. Une lettre dans laquelle il décrit des faits anodins qu’il tire en longueur, y compris sa confrontation avec un alien, confrontation qu’il a mise sur le compte d’éléments multiples comme l’énervement, la fatigue et la proximité de la fête du carnaval. Un simple déguisement… un déguisement très bien fichu, presque crédible. Cette rencontre sera le point d’orgue de sa moquerie et servira d’excuse fallacieuse pour expliquer son excès de vitesse.


Quitte à devoir s’exécuter, autant se payer la tête de cet Augustin Badet.


Il est à mille lieues d’imaginer ce qui va suivre…


Après avoir replacé la lettre dans l’enveloppe, l’alien en caresse l’arête de ses longs doigts. Dans ses yeux jaillit une toute petite étincelle. Minuscule indice de soulagement ou, plutôt, de satisfaction. De son PC portable, il envoie un e-mail.  


MERCURATIL 7 à MERCURATIL 8… mission accomplie… ai retrouvé le fuyard grâce à un subterfuge trop long à expliquer maintenant. Il était temps car l’homme, dans un écrit, fait référence à ma présence sur la terre où, je le rappelle,  je suis venu prendre la température…


Une température au beau fixe puisque MERCURATIL 8 sera ravi d’apprendre que le fugitif en question est l’homo universalis que nous cherchons : fin gourmet, œnologue distingué, rompu à la discipline militaire, ami des mondes végétaux et animaux, amateur respectueux des femmes, mélomane averti et calculateur émérite. Partant de ces constatations intéressantes, je suggère de le ramener chez nous comme échantillon. Un échantillon qui devrait nous amener à la conclusion que la terre est LA planète où il fait bon vivre ! A tout à l’heure. MERCURATIL 7.  


L’alien se sent à l’étroit dans la peau d’Augustin Badet. Il a hâte de retrouver la sienne mais devra encore patienter un peu… jusqu’à sa visite chez Yves Latouche, histoire, si l’on peut dire, d’endormir la confiance de celui-ci…

 

ALAIN MAGEROTTE

 

Rendez-vous le 22 juin pour une autre nouvelle d'Alain Magerotte : Correspondances !

Publié dans Nouvelle

Partager cet article
Repost0

A LA UNE

Publié le par aloys.over-blog.com

 

 

 A lire dans ACTU: "Les landes endormies"de Yves Oliver (Chloe des Lys). Sept nouvelles, sept chemins oùlandesrecto rêve, cauchemar, étrange et fantastique, viennent se rappeler à la réalité. Il est originaire de Leuze, près de Tournai et voudrait finir ses jours en Hautes Terres d'Ecosse. Il est aussi vidéaste, musicien et chante...ur... il traque la poésie, la magie des Druides, l'or des existences...

Publié dans ANNONCES

Partager cet article
Repost0

MARTINE DILLIES-SNAET a lu LA BELLE OUBLIANCE de CHRISTIAN VAN MOER

Publié le par aloys.over-blog.com

MARTINEJ’ai lu « La belle oubliance » de Christian Van Moer



 

            « La belle oubliance » : musique de valse, valse des mots. J’aime le titre tout en délicatesse à l’image de son auteur  car je reste persuadée que dans tout titre, de part le choix des mots,  se cache non seulement l’œuvre mais l’auteur.

*

            Une conclusion que je note dès l’entrée en matière : non seulement aucun d’entre nous ne devrait hésiter à se procurer le livre mais chaque  professeur de français (élèves de 14 à 18 ans) devrait demander  à ses élèves de le commander car il  fait réellement partie de ceux qui peuvent et doivent être lus en Humanités(*). Et pour l’étudiant, et pour le professeur, il ne peut déboucher que sur des échanges remplis de plaisir ! Cela est inestimable.

 

            Avant tout aussi, au bas de chaque page où commence un  chapitre : quelques vers à-li-re-ab-so-lu-ment ! Peut-être ces quelques vers seront-ils davantage pour les classiques (**) et les littéraires mais pour eux,  ils rouleront au fond de vos entrailles. Je m’en suis délectée. Je n’avais même pas envie de l’écrire, juste envie de garder ça pour moi, rien que pour moi. Oui, mais voilà. J’aime être honnête.

Ou bien je me tais.

*

            Aux sources du Tech. Dans la palette des vins, c’est dans les méandres tantôt d’un Bordeaux, tantôt d’un Bourgogne et tantôt encore dans les sillons sucrés d’un Sauterne que la langue de Christian vous emmène. Jamais dans les vins secs et rocailleux.

La saveur du tout en langue. Je « clac » la mienne. Un nectar.

 

Son écriture est  d’une finesse et d’une richesse de haut vol. J’ai lu  doucement l’histoire de Christian Van Moer, je ne l’ai pas avalée  et je n’en ai  pas éprouvé  l’envie ; elle se déguste et  roule sur les papilles. Philologue roman, sa culture nous instruit sans jamais nous enliser. A l’écriture, les  dieux doivent certainement s’éveiller, descendre de leur Olympe et prendre part aux agapes terrestres organisées par l’auteur.

Bacchus n’est pas invité. Ici, tout est délicatesse et fine culture.La-belle-oubliance-C.-van-de-Moer.jpg

 

Voilà mes premières impressions quant au style et à la forme. Tâchez donc d’écrire des phrases de six lignes et de vous rendre compte que pas un mot n’est de trop ! Elles sont des mini-symphonies. Je me surprends à les relire et à me dire «  Et où as-tu mis le point précédent, diable de bonhomme ! ». Eh bien, il est loin…

 

L’histoire dans tout cela ? Eh bien, elle est prenante, captivante et je n’ai pas déposé le livre tant que je n’ai pas rencontré le point final. Par contre,  j’attendais une autre fin. Elle fait partie de celles qui me donnent envie d’étrangler l’auteur. Je n’en dis pas davantage.

*

            Le mystère Cachou. Je dois me flanquer une paire de claques pour me rappeler à l’ordre : une histoire ou  un chapitre, dans un livre peut être complètement différent(e)  du ou  (de la) précédent(e) et il ne faut surtout pas rechercher l’ambiance de l’un(e) dans le (la) suivant(e). On se nettoie les méninges, bref, on nettoie les vitres et on recommence !

Ce second récit me plonge à la fois dans les aquarelles et les comic’s. La ligne est épurée et l’on retrouve le climat de guerre et d’après-guerre dont elle est le cadre. Encore une fois, l’histoire se lit  jusqu’au bout et ne donne jamais envie d’être interrompue. Intéressant également, la géographie et l’histoire de la région de Tournai, toutes deux délicatement distillées. Intéressantes aussi les questions que mon mari (qui m’a piqué le bouquin) et moi-même nous nous posons.

*

            La zone interdite. Waaah ! Telle la louve nourrissant Remus et Romulus pour la naissance de Rome, Christian  nourrit ici l’Histoire et l’histoire de son livre ! Bravo l’imagination !

Si j’étais un homme, je donnerais un coup de poing sur la table et de ma bouche sortirait le fameux juron « Nom de d…. ! »

No comprendo ? Tant pis.

*

            Confession de la dame en bleu :

[Zut ! Mon mari m’a piqué mon Van Moer, je devrai attendre demain pour cette confession. Hé tiens ! Ça me fait penser au confessionnal de Bob !]

Mais que faites-vous encore  à me lire ? Filez chercher le livre de Christian Van Moer, je vous jure que vous ne regretterez pas !

 

 Quant au titre, l’auteur, vraiment,  ne pouvait pas en prendre un autre ou bien alors il aurait fallu en trouver un qui  offrait la même sonorité.

Allez, Christian, prends ton stradivarius et joue. Joue, Christian, joue ! Tandis que  je me délecte encore de la lecture de « La belle oubliance ».

 


MARTINE DILLIES-SNAET

http://users.skynet.be/TheDillies/

 

 

 

 

 (*) En Belgique, l'enseignement secondaire est appelé  « Humanités ».

(**) Humanités classiques, humanités où les cours de latin et de grec étaient les plus importants.

Publié dans Fiche de lecture

Partager cet article
Repost0

A LA UNE...

Publié le par aloys.over-blog.com

A lire dans ACTU:
"Perséphone lunaire" le livre que Patrick K.Dewdney vient de publier chez Chloe des Lys. Il est né en Angleterre mais vit dans le Limousin avec des poules, des motons, des canards, des chiens,http://www.bandbsa.be/contes/persephone.jpg des chats et un potager...en autosuffisance. "J'ai une compagne ravissante, patiente et attentionnée, dont je suis très amoureux. D'ailleurs mon recueil lui est dédié"

 

 

 

 

 

 

 

 

A lire également dans ACTU

 

 Alain Bustin (CDL) dans Sud Presse. Pour son premier roman paru chez Chloe des Lys, "Albert ou la quête d'un marathonien", ce cadre supérieur de la région namuroise, coureur de fond et passionné de montagnes a fait fort. Car on parle partout de ce livre qui raconte comment il a tenté dehttp://photos-f.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-snc3/hs304.snc3/28815_425047737358_676387358_5621916_1848114_s.jpg retrouver la sérénité après la douleur terrible qu'il a connue après un accident subi par son fils."“ Même si on m’avait jeté du haut de l’Everest, la douleur n’aurait pas été aussi vive ” !

 

 

***************************************
Encore dans l'Actu:
Chloe des Lys au Marché de la poésie à Namur. De notre correspondante sur place Carine-Laure Desguin...http://external.ak.fbcdn.net/safe_image.php?d=01cfdaa2b0a0dd07ac488d2b2d9c3d94&w=130&h=130&url=http%3A%2F%2Fwww.bandbsa.be%2Fcontes2%2Fpoesienamur1.gif 
Peu de monde ce week-end au Marché de la poésie (à cause des élections sans doute) mais un salon où la qualité a remplacé la quantité.sur notre photo de g à d Laurent Dumortier,Micheline Boland et Alain Bustin. 


Publié dans ANNONCES

Partager cet article
Repost0

CLAUDE COLSON parle de LA FACE CACHEE DE LA LUNE d'ANNE LEDRU

Publié le par aloys.over-blog.com

La face cachée de la lune - Anne LEDRU



http://idata.over-blog.com/3/65/07/04/tete-Colson.JPGComment rendre compte de ce livre romantico-sentimental ?


D’emblée j’ai été surpris par la construction des chapitres, chacun consacré à un jour, une date, s’ouvrant par une didascalie situant à un endroit un personnage (parfois même plusieurs, successivement, dans une sorte de vision unanimiste). Je n’étais plus habitué à ce genre de construction, qui pourrait d’abord paraître artificielle, mais je m’y suis fait très vite et elle je l’ai très bien acceptée par la suite.


Ensuite saute aux yeux le grand nombre de protagonistes introduits bien vite, de cette manière, et je m’y suis d’abord légèrement perdu (j’ai failli prendre la plume) avant d’assez rapidement retrouver mon chemin.http://blogsimages.skynet.be/images_v2/002/639/212/20090202/dyn001_original_800_1265_pjpeg_2639212_0bf9dd82f1492d21c8d42fdbcb17d2ca.jpg


Enfin, la thématique, le nom même des personnages, tout peut laisser croire qu’on va avoir affaire à un roman à l’eau de rose. Pourtant je n’y ai vu aucune mièvrerie mais une très belle histoire d’amour, bien racontée.


Après quelques rebondissements, pour partie pressentis – je veux dire que la chose attendue n’arrive pas du tout de la manière que j’avais envisagée, car il y a la chausse trappe de fausses pistes – je me suis surpris à être maintes fois envahi d’émotion, à m’impatienter de trouver le temps de poursuivre ma lecture pour savoir comment cela allait évoluer, à vivre pleinement l’histoire avec les héros du livre.


Et, croyez-moi, à mon âge, après avoir vu dans la vie pas mal de beau et de moins beau, eh bien se baigner dans des bons sentiments et une jolie histoire cohérente, quand ils sont bien écrits, ça fait un bien fou !


C’est un roman très attachant que tu as là écrit, Anne. Merci.

 

 

CLAUDE COLSON

http://claude-colson.monsite.wanadoo.fr/

Publié dans Fiche de lecture

Partager cet article
Repost0