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Les oiseaux des villes VII : poème de Carine-Laure Desguin

Publié le par aloys.over-blog.com

desguin
VII

Il revient quelquefois je sais que c'est lui
Sur les trottoirs des villes les oiseaux ont faim
Longeant les murs les berges le jour la nuit
Gamin poulbot bon à rien galopin
  
Où est-elle son étoile à Paris ou ailleurs
Chaque ville pleut des riens et se rit bien des choses
On se veut magicien peindre bleu peindre rose
Colorer les lumières allumer les couleurs
  
Il revient quelquefois je sais que c'est lui
Sur les pierres dans les gares il est revenu
Vous entendez sa voix ses faims et ses cris
Ses chansons riment encore et ses pieds sont nus
  
Ton corps saigne de partout et vides sont tes poches
Tes barricades sont là elles hissent tes drapeaux
C'est moi qui t'écris je ne suis pas Hugo
Des gamins survivront ils s'appellent tous Gavroche

Carine-Laure Desguin

http://carinelauredesguin.over-blog.com

Publié dans Poésie

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A LA UNE...

Publié le par christine brunet /aloys

bobclin A voir sur ACTU: Interview:Sylvia Chamis (CDL). Encore une 'tit nouvelle chez CDL ! Parisienne, responsable des resources humaines dans une grosse boîte, elle va publier "Le 11 septembre à Uckange". Ce quihttp://photos-h.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-snc4/hs007.snc4/33735_480783037358_676387358_6908887_4119082_s.jpg l'énerve ? Les jugements à deux balles, du genre (vous allez les reconnaître) les gentils salariés et les méchants patrons ; les femmes dominées et les salauds de mecs ; les immigrés sympa et les cons qui vivent sur leur palier ; les cyclistes écolos et les bagnoles... Voir ici: http://www.bandbsa.be/contes.h tm

 

 

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chloeExposition des illustrations réalisées par France Delhaye au siège des Editions Chloé des Lys du 01/11 au 30/11

 

 

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claude colson28 octobre : ma réflexion du jour :

La création, c'est au final de l'inutile, comme le reste mais qui dira ce qu'elle apporte en "trouver du sens" au créateur, sa fierté gratuite ( et la nécessité vaine)   d'avoir ajouté au monde quelque chose d'unique ( à prétention esthétique) qui n'y était pas avant lui.

20 Octobre :

 Dans  mes trois premiers livres d'autofiction j'ai eu pour souci constant d'essayer d'aller à l'universel.

Je reçois , 4 ans après la première parution de Léna, une rencontre, cet avis qui montre que je n'ai pas totalement échoué :

" Je viens de terminer "Léna, une rencontre"... que dire... j'ai beaucoup aimé ! Et cela m'a enLena C. Colson même temps beaucoup troublée : c'est comme si j'y entrevoyais l'écho de mon propre récit... même si le contexte, l'histoire, ne sont pas exactement les mêmes, bien sûr... il demeure toutefois des similitudes dans les émotions... et dans l'expression de celles-ci... sauf que, bien sûr ici, le point de vue est masculin.
   Bref, merci pour ce moment de lecture !"

 

 

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     http://www.bandbsa.be/contes2/youtube.jpg A voir et à revoir... CDL et corelap... sur la chaîne YouTube CDL... http://www.bandbsa.be/contes.htm

 

 

 

 

 

 

 

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bobclinA voir sur ACTU: InterviewMarcelle Pâques (CDL): "Bientôt les jonquilles". C'est par l'entremise d' Edmée de Xhavée que Marcelle est arrivée chez Chloe des Lys. Elles s'échangeaient des commentaire et des textes par blogs interposés puis unhttp://photos-c.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-ash2/hs475.ash2/74854_484091162358_676387358_6979093_7277576_s.jpg jour l'auteur(e) des "Romanichels" lui a conseillé d'envoyer ses textes à l'éditeur. Bien lui en a pris puisqu'elle va publier à son tour un premier receuil de poèmes. Membre du club littéraire hennuyer, elle connait également Laurence Amaury. Qui se ressemble s'assemble... Voir son interview: http://www.bandbsa.be/contes.h tm

Publié dans ANNONCES

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Une nouvelle de Marcel BARAFFE : Gazons

Publié le par aloys.over-blog.com

http://www.bandbsa.be/contes/baraffe.jpg

 

 

Gazons

 


S’il est, dans l’ensemble du monde sportif,  des êtres particulièrement différents de tous les autres, ce sont bien les footballeurs. Ils s’embrassent, s’envoient des accolades à briser les os d’un bœuf, se tapent dans la main comme des banquiers venant de conclure une bonne affaire, pirouettent, courent en gigotant (de préférence dans le champ des caméras), amorcent quelques pas de danse exotiques mais il n’y a là rien de bien original, me direz-vous, et c’est vrai. J’ai pu vérifier que ces comportements sont aussi très courants, ailleurs, quelle que soit la forme du ballon. J’ai même vu, dernièrement, une athlète enveloppée du drapeau national se rouler par terre, une attitude qui a certainement fortement déplu à bon nombre d’anciens combattants.


            En vérité, dans la classification des espèces dont la principale fonction est d’essayer de vaincre (pacifiquement) les autres, le véritable trait distinctif propre à l’homo habilis footeux, réside dans sa faculté à extirper du plus profond de sa gorge, une quantité non négligeable de salive qu’il propulse devant lui. Ce n’est pas du mépris pour l’adversaire et encore moins pour le spectateur. Mais c’est comme cela, le footballeur crache. Aucun témoin, digne de foi, ne niera cette particularité. Et pour ceux qui douteraient encore en affirmant qu’ils ne sont pas les seuls sportifs à expectorer en public, ils n’imaginent quand même pas que les nageurs au départ crachent dans la piscine avant de plonger et ce ne sont certainement pas les concurrents du 100 mètres dos qui s’exposeraient  à des retombées désagréables. Prenons le cas maintenant des joueurs évoluant sur des revêtements lisses. Vous pensez bien qu’ils ne prendraient pas le risque de rendre plus dangereux un sol déjà rendu glissant par la sueur. Le volleyeur a, bien sûr, le recours de cracher par-dessus le filet. Mais ce n’est pas évident. Je vous vois venir. Vous allez me parler des rugbymen. Allons donc ! Ils ont si souvent la tête dans l’herbe, la poussière ou la boue qu’on ne voit pas leur visage et il ne viendrait à un aucun joueur l’idée de cracher en plein milieu d’une mêlée.


          Rien n’échappe à l’œil des caméras. Elles nous apprennent ainsi qu’un footballeur crache en moyenne trois fois par minute. Un match dure 90 mn. Ils sont 22. Nous excluons de ce total l’arbitre de champ trop occupé à jouer du sifflet. Il n’est pas nécessaire d’aller au-delà de ces chiffres en nous livrant à des calculs fastidieux. Il apparaît clairement qu’à chaque rencontre sportive, le gazon est arrosé ici et là et qu’il reçoit donc une quantité non négligeable de salive qu’on peut estimer à quelques litres. Et alors ! Ne pourrez-vous vous empêcher de glisser. Et alors ! Mais ce n’est pas sans conséquences, bien au contraire. Je ne veux, bien sûr, porter aucune accusation ici à propos de pratiques qui font jaser les média. Ce n’est pas à moi de le faire. Mais il se trouve que, selon une loi naturelle, ce qui revigore l’être humain et lui donne un supplément d’énergie n’est pas nécessairement favorable au végétal. Vous me voyez venir n’est-ce pas ? Eh oui ! On a constaté que les gazons des pelouses dépérissaient jusqu’à disparaître, laissant ainsi la terre à nue, avec pour conséquence fâcheuse de rendre les tacles dangereux. Comment ? Que dites-vous ? Ah oui ! Exact. Pas facile de travailler le ballon lors des coups de pied arrêtés. C’est horrible. Je vous l’accorde. Mais rassurez-vous. Vous avez certainement remarqué que les gazons naturels disparaissaient de nos stades au profit de gazons synthétiques traités en laboratoire pour résister aux substances douteuses que pourrait (notez bien le conditionnel) contenir la salive de nos footballeurs. Le génie humain, mon cher ! qui trouve toujours des solutions là où il y a des problèmes. Voyez-vous ! Ces sportifs de haut niveau, performants et adulés des publics, peuvent continuer à cracher comme avant et même davantage. Et tant pis pour tout ce petit monde, du conducteur de tondeuse à l’arroseur, qui a perdu son boulot. Qu’ils se consolent en se disant que c’est pour la beauté du sport.        

 

 

Marcel BARAFFE

http://marcel.baraffe.over-blog.com           

Publié dans Nouvelle

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FLORIAN HOUDARD: "Créer, c'est crier !"

Publié le par aloys.over-blog.com


 

« Créer, c’est crier. » 

 

houdartUn crayon à la main, je relis ma « Petite femme aux cigarettes ». Je ne peux laisserblackout aucune longueur, les phrases doivent toutes virevolter comme des plumes emportées par le vent. Déjà, j'approche de la fin et les larmes me noient progressivement les yeux. Je pense qu'il n'y a rien de plus cruel que l'irruption du merveilleux dans un monde aussi désenchanté que le nôtre. Quoi qu'il en soit, je suis vraiment très heureux que Chloé des Lys ait également décidé de publier ce roman-là. Peut-être encore plus que pour le premier.

 

Celui-là, je le voulais aussi personnel qu'universel, plus accessible mais tout aussi profond. J'ignore si j'y suis arrivé mais je suis satisfait en tout cas d'avoir eu de telles ambitions. Je voulais de la poésie en images planant sur une forêt de symboles. Avec Black-out, j'avais souhaité toucher à tout : l'humour et la mélancolie, la terreur et les jeux de langue, l'héritage surréaliste et les clins d'oeil aux films de science-fiction. « La Petite femme aux cigarettes » plonge quant à lui dans l'univers des contes de fées pour mieux nous narrer la honte des vies défaites.

 

A priori, les deux récits ne se ressemblent guère mais à y regarder de plus près, c'est toujours le même plaidoyer pour la dignité humaine qui en ressort.florian3.jpg

 

Après les mots viennent les sons. Les baffles de mon ordinateur crachent les nouvelles compos des Rotten Apples, mon groupe de punk hardcore humoristique, et j'ai du mal à croire que je suis capable de hurler si fort. Notre évolution est assez nette : toujours plus de cynisme et d'expérimentations sonores. On sent l'enthousiasme avant la technique et même si le chemin reste long, je pense que c'est le bon.

 

J'en suis certain maintenant : créer c'est crier. Parce qu'il y a trop de vides à combler.

 

Revenant sur mon adolescence, j'écrivais en mars un dernier slam, sentant à raison que j'allais devoir arrêter les scènes à Mons. Dans ce texte, il y avait ces phrases : 

 

« On manquait tellement de com qu’on avait tous notre cam.

C’est comme ça qu’on avance quand rien a plus de sens : 
J’pense qu'il faut se soigner seul et sans ordonnance.
Moi, ma taff, mon shoot, c’était déjà d’écrire.

Matérialiser sur papier tous les cris et les délires.

Et imaginer cet ailleurs que je pourrais jamais visiter.
Pas d’avenir pour moi, donc je me pemettais de l’inventer. »

 

(Flaw, « Ma dernière scène »)

 

Un mois plus tard, après m'être qualifié pour le Grand Slam de Bobigny, j'apprenais que j'étais désormais persona non grata à la Maison Folie où se déroulent les scènes montoise. Au moins, en écrivant ce dernier slam, j'avais été honnête avec moi-même, contrairement aux adeptes du One Man Show pour la middle class.

Slam MonsMême si j'ai aimé concevoir des histoires abracadabrantes depuis mon plus jeune âge, j'ai commencé à écrire plus sérieusement à l'adolescence, comme beaucoup de jeunes auteurs d'ailleurs. Et, en cela pas différent pour un sou des blogueurs actuels, j'écrivais alors pour combler un vide intérieur, imaginer des autres moi dans des autres mondes. D'années en années, j'ai compris que le vide était surtout extérieur avec les arts qui dépérissent, écrasés par la culture du masse, et les gens qui dépriment, étouffés par la société de consommation et « sa loi du toujours plus ». Les germes de « Black-out » sont donc apparus avec l'éveil de ma conscience sociale.

 

Créer c'était toujours crier, mais différemment.

 

Face aux abominations de la culture de masse, ses clichés, ses histoires pré-scénarisées écoulées massivement grâce à l'implication de médias omniprésents, j'étais convaincu qu'il me fallait écrire pour faire ce qui n'avait pas encore été fait, sinon cela n'en valait pas la peine. Je n'entends pas par là quelque chose de parfaitement original, cela est impossible, on a tous nos influences, mais quelque chose qui me serait propre et en rien formaté et frelaté par le système.

 

Comme le dit si bien le groupe de metal industriel Nine Inch Nails : Art is resistance.

 

 

 

Il n'y a pas de création pure mais il y a en revanche une création vraie, celle qui déforme tous les moules et qui ne se laisse pas manipuler par les faiseurs d'opinion.

 

Créer, c'est aller contre les normes, secouer les convenances.

Il ne s'agit bien évidemment pas de faire de la provocation inutile, non, mais plutôt de se forger son cadre de création propre à partir de tout ce qui nous a particulièrement ému et inspiré.

 

Je sais que j'ai fait très peu de chemin encore mais j'ai trouvé à ma démarche un nom qui me plaît: post-surréalisme.   

 

 

 

 

Dans Black-out comme dans la Petite femme aux cigarettes se développait silencieusement un second univers, à l'intérieur même du récit, permettant aux personnages d'échapper à la brutalité de la vie. Ce lieu serait peut-être le surréel, un endroit où l'on peut fuir tous les conditionnements et la dictature des instants. Un endroit qui transforme la souffrance personnelle engendrée par la société de consommation en une création qui permet aussi de se recréer. Ainsi mes personnages sont eux-mêmes comme des auteurs de leur propre histoire, même l'issue fatale est là, dans le temps du récit, ils peuvent goûter à l'ivresse de la liberté.

PICT-florian.JPG

 

Post-surréalisme donc parce que nous ne pouvons hélas exister que dans l'après. En attendant peut-être que le présent devienne un passé riche en enseignements...

 

 

Florian HOUDART

http://www.ombreflets.com/auteur-florian-houdart-110.html

www.facebook.com/people/Florian-Houdart/1384734528 

 

Publié sur le blog Passion créatrice le 19/09... 

Publié dans Textes

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Josy Malet-Praud a lu "Les romanichels" d'Edmée de Xhavée

Publié le par aloys

 

Visuel Auteur - PDNALES ROMANICHELS

Edmée De  Xhavée   - Ed. Chloé des Lys – 2007

 

L’été…J’aspirais à voyager, je rêvais d’un dépaysement, j’avais besoin d’un bon roman… Les Romanichels   attendaient  ce moment propice.


            Une jolie couverture aux couleurs -terre et feu-  et 260 pages pour une croisière sur trois générations. Des escales  en Belgique, dans le sud de la France, sans oublier l’Italie, Torino en particulier.  Un beau voyage avec trois familles, pour une histoire émouvante à plus d’un titre.


Les romanichelss’inscrivent dans la lignée des fresques familiales où les personnages s’animent en 3D sous les yeux du lecteur : un univers tout en relief.


            Les secrets de famille auraient pu dormir pour l’éternité si la maladie d’Alzheimer n’avait brandi son épée de Damoclès sur la tête de Suzanne. Elle est la mère d’Olivia, devenue femme. Mère et fille se connaissent en surface, Olivia ayant été élevée par sa grand-mère sans vraiment savoir pourquoi. 


            Si l’annonce de la maladie fait figure de menace, elle sera aussi pour Suzannehttp://idata.over-blog.com/1/38/37/34//Romanichels-front.jpg l’occasion de lever le voile sur un secret à la portée fondamentale, avant qu’il ne disparaisse, englouti par  les trous noirs de la mémoire. Un secret conséquent, bien gardé par le clan familial, injuste pour la mère comme pour sa fille qui ne peut avoir eu jusque là qu’une vision parcellaire de la femme que fut sa maman. Un secret offert en héritage avant qu’il ne soit trop tard…


            Un voyage aussi au cœur de deux familles dont les équilibres et les relations sont soumis aux épreuves du temps, aux convenances, aux carcans éducatifs, aux rêves et aux désillusions... Les destins s’entrelacent ou s’éloignent, tantôt soudés par l’amour, la tendresse ou les obligations, tantôt dispersés par les aléas de l’existence, les contingences sociales et les rancœurs. Un récit où conventions et conformismes, soumissions et rébellions conduisent  en cadence l’évolution du roman.

 

Il faut du souffle, de l’endurance  et une maîtrise certaine pour mettre au monde un tel roman. L’entreprise, périlleuse, compliquée, ne pouvait être portée que par un auteur de talent. Une écrivaine.


Dans Les Romanichels, Edmée De Xhavée ne se contente pas d’écrire. Elle compose une partition complexe, elle dessine des tableaux animés, elle sculpte les émotions et les sentiments, elle parfume les ambiances et les lieux. Elle imprime sa marque par un  style élégant, limpide et dense, ouvragé comme une pièce de dentelle de luxe quand les circonstances s’y prêtent. Une écriture qui éprouve les cinq sens pour le plus grand bonheur du lecteur.  Présent et passé, narration et dialogues s’associent sans rupture et sans discordance préjudiciables à la visibilité du lecteur ou susceptibles de rompre l’enchantement.


J’ai tourné la dernière page comme on ferme la porte sur un univers familier. L’esprit réquisitionné par les souvenirs et le plaisir, le cœur encerclé par la nostalgie. Pour ne pas quitter les Romanichels trop vite, j’ai relu les premières pages, puis les nombreux extraits signalés par un post it en cours de lecture ;  et j’ai résumé pour moi-même ce que j’expose plus largement ici : « Bon sang ! Quel beau roman… ».

 

Josy Malet-Praud@Août 2010 / www.lascavia.com

Publié dans Fiche de lecture

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FAITES VOS JEUX : IL ETAIT UNE FOIS.... deuxième partie... dernière chance...Qui a tué?? Qui est l'auteur?? comment voyez-vous la suite ?

Publié le par aloys.over-blog.com

 

                                                        ****

 

« Allez-y et prenez le temps qu’il faut. Faites-vous remplacer au besoin… » insiste la pétasse qu’il faut bien appeler poliment Madame la juge d’instruction, « et retournez tout … n’oubliez pas les portables et les gsm… ». Il dépose le cornet sur la table et la laisse pérorer en remplissant sa  demande de déplacement. « Vous m’écoutez ? »

 

« Bien sûr, Madame… je prends des notes. »

 

« Parfait. Passez-moi un coup de fil dès votre retour, car le Procureur du Roi m’a déjà interpellé deux fois sur le sujet et franchement je n’ai pas grand-chose à lui dire...  Monseigneur Gestuel a mis son réseau de relations en branle et son avocat m’a déjà suggéré deux fois de classer l’affaire… »

 

« On cherche, Madame, on cherche… »

 

« Je n’en doute pas, mais ce serait encore mieux si vous trouviez ! Bon après-midi .»  Clic !

 

 

                                                        ***

 

Chassepierre se trouve en Lorraine, mais en Belgique ont dit ‘La Gaume’.  C’est à un jet de pierre (c’est le cas de le dire) de la France et c’est un minuscule village de maisons en moellons du pays et aux tuiles d’ardoise, regroupées autour d’une église comme un troupeau auprès de son berger.

 

Couleur de base, le vert. Celui des prairies qui plongent les pans de leur manteau dans la rivière et celui des bosquets qui bourgeonnent ça et là, au détour des sentiers de terre. L’endroit rêvé pour musarder le long de haies envahies par les ronces et les orties mais aussi des mûres des framboises ou des myrtilles.

 

Il aurait bien emmené sa femme, mais pour l’instant, c’est vraiment pas possible. « On est passé de cinq à trois en un an, tu te rends compte… et pour le même boulot ! Re-struc-tu-ra-tion ! »

 

Le centre se trouve en dehors du village, dans une ferme en carré désaffectée. Un haut mur de briques chaulées de blanc, un porche assez vaste pour laisser passer des charrettes de foin, puis une grande cour pavée sur laquelle trois ados jouent au foot avec une balle en plastique.

 

Ils s’arrêtent à la vue de la grosse berline noire de Ledent et comprennent tout de suite qu’il est flic. Un sixième sens ou peut-être la batterie d’instruments qui s’étend sur le tableau de bord.

 

Il leur demande poliment où se trouve Mr Clairefontaine et l’un d’eux indique du doigt une petite porte en bois au bout d’une aile du bâtiment. A côté d’une fenêtre à croisillon qu’orne un bac de géranium. Enfin… il croit que ce sont des géraniums, car il n’y connaît pas grand-chose ?

 

Il fait bon. Le soleil joue à cache-cache  avec de gros nuages blancs, l’air est doux et le commissaire  se dit que ce serait vachement plus sympa d’aller prendre un pot au ‘Colombophile’ (il est passé devant) plutôt que de mener cette enquête à la con. Mais bon… la p’tit petasse a l’air d’y tenir à son affaire.

Il se demande en traversant la place à quoi elle ressemble, car s’il connaît sa voix, il ne l’a jamais rencontrée. Il l’imagine petite, noiraude et dressée sur ses ergots…

 

 

***

 

Clairefontaine est grand, lourd, des paluches de fermier, des cheveux d’un blond presque blanc et des yeux étranges, quasi transparents. On dirait un albinos. Il porte une salopette verte et des bottes en caoutchouc de la même couleur. Une fourche dans les mains, il ferait plus vrai que nature.

 

« Entrez, je vous attendais… »

 

L’intérieur est sombre et Ledent plisse les yeux avant de reconnaître une cuisine à l’ancienne avec une table recouverte d’une nappe plastique et au centre de la pièce un Godin ou, pour ceux qui l’ignorent, un poêle à bois avec un tas de bûches bien rangées.  

 

« Alors, que se passe t-il ? » poursuit le gaillard d’une voix traînante en prenant deux tasses dans une armoire anti-déluvienne  « J’ai pas cru un instant à votre histoire de trafic d’herbes… les gamins ont fait des bêtises ? »

 

« Je n’ai pas le droit de vous en parler… en fait, je ne sais même pas si ma visite à un sens. Je voudrais simplement vous poser quelques questions… »

 

« C’est à propos de Monseigneur Sleenad ?  allez-y prenez place… »

 

« Pourquoi dites-vous ça ? » demande le flic en tirant une chaise à lui.

 

« Ben c’est pas chinois… le cardinal vient de mourir, il nous subventionnait et vous débarquez ! Lait, sucre ? »

 

« Merci, noir… » Ledent observe le dos massif du géant et se dit qu’il n’aurait aucune difficulté pour tuer un gosse de quinze ans… en revanche, impossible pour lui de se faire passer pour Sleenad à la banque, même avec des lunettes d’écaille et un béret vissé sur le crâne.

 

Téléphone.

 

« Un instant… » il se lève en s’excusant du regard et s’éloigne de quelques pas vers la fenêtre. Les footballeurs ont quitté la cour. Il jette un coup d’œil à sa montre. Quatre heures. P’têt qu’ils ont droit à une collation ?

 

C’est Venloo, un jeune inspecteur qui sort de l’école de police, un malin.

 

« Salut Chef, j’ai les résultats de l’autopsie. Il s’agit bien d’adolescents latinos. On leur a coupé les zizis après la mort, proprement avec un scalpel. Mais écoutez ça… on a retrouvé des traces d’un puissant soporifique… le genre de truc qu’on met dans des seringues hypodermiques pour calmer un tigre récalcitrant dans un cirque… ça agit en quelques secondes ! »

 

« Je vois… » commente Ledent d’un ton neutre, rapport à son hôte qui le scrute d’un regard étrange. L’œil est si pâle qu’on dirait qu’il l’observe derrière une vitre. Vraiment curieux. Ceci dit, il réalise aussi que l’affaire devient très chaude. Il avait espéré un instant qu’il pourrait s’agir d’une blague stupide d’étudiants en médecine ( ben oui, ça aussi ça arrive…), mais là plus de doute… On plonge tout habillé dans trois beaux meurtres bien saignants… bref, la merde.

 

« Y’a autre chose… »  poursuit Venloo en se grattant la tête. Ca Ledent l’imagine bien sûr, car le gamin fait toujours ça lorsqu’il est embêté. « La juge d’instruction vient de me raccrocher au nez ! Elle est furax… le secrétaire de rédaction de ‘La Dernière Heure’ l’a appelé pour lui demander s’il est exact que nous sommes  descendus  à l’ Evêché ? »

 

«  Et ? »

 

« Ben, elle l’a calmé avec des salades… mais l’autre va vérifier et revenir à la charge, c’est certain. Et quand Gestuel l’apprendra on peut être sûr que les réactions vont arriver d’en haut ! Bref… ( il se gratte certainement la tête à sang ), elle vous recommande d’aller très très vite ! »

 

« Bien, je rentre demain matin… » Il raccroche.

 

                                               *** 

 

« Des complications ? » interroge l’albinos en versant les cafés.

 

« Parlez-moi de Monsieur Sleenad. »

 

 

 

« Je vous l’ai déjà dit, c’était vraiment un chic type. Il venait à  Chassepierre deux ou trois fois par an. C’étaient ses seules vacances… les enfants l’adoraient car il jouait avec eux, les emmenait en ballade dans les environs et même parfois au Macdo puis au ciné à Florenville… »

 

« Vous les accompagniez ? »

 

« Non… j’en profitais pour me relaxer un peu… vous savez, avec ces mômes, c’est du 24 heures sur 24. »

 

« Où sont-ils pour l’instant ? »

 

«  Au réfectoire… »

 

« Avec madame Clairefontaine ? »

 

« Tout juste. »

 

« Vous avez des enfants ? »

 

Il rigole discrètement. « Non, vous vous trompez… madame Clairefontaine est ma sœur. Nous sommes célibataires et en fait d’enfants… il  y en a cinq actuellement.  Le ministère nous octroie trente-sept euros par pensionnaire par jour… c’est beaucoup trop peu pour entretenir le centre. L’eau, l’électricité, les assurances… je crois qu’on va devoir fermer. »

 

« J’aimerais parler à votre sœur. » 

 

« Pas de problème, je vous y conduis... »

 

« En privé… »

 

Il dresse les yeux, un peu étonnés, se lève lourdement, ouvre grande la porte qui donne sur la cour et lui indique du doigt.« C’est là, en face, la porte blanche à côté de la grange… je vous préviens. Vous allez être étonné ! »

  

                                               ***

 

La cour est vaste. Deux poules perdues se suivent et tournent en rond à la recherche d’un pauvre lombric qui ne leur a rien fait.

 

Téléphone.

 

« Oui Suzy… » répond -il en reconnaissant le numéro de sa femme.

 

« Ca va ? »

 

« Bof ! »

 

« Quoi bof ? »

 

« Je pédale dans la choucroute, je suis à la poursuite de trois morts, eux mêmes tués par un quatrième… et j’ai la juge qui m’appelle toutes les deux heures… à part ça, tout va très bien Madame la marquise. »

 

« C’est gros ? »

 

« Très gros. Si ça continue, tu vas l’apprendre par le journal télé ! »

 

« Tu ne peux toujours rien me dire ? »

 

« Non… »

 

« Tu reviens quand ? »

 

« Demain… » Il s’arrête au milieu de l’esplanade et devine le regard de Clairefontaine qui l’épie à travers la fenêtre à croisillons, derrières les bégonias… enfin… si ce sont des bégonias. Les deux gallinacées tournent maintenant dans l’autre sens, histoire de ne pas perdre l’équilibre. « Et toi ? »

 

« Vivement cinq heures… Cordier a encore fait de sa merde. Tu le connais… mais bon, ça va se tasser. C’est pas un mauvais zig ! »

 

« Tu manges quoi ce soir ? »

 

« Les pizzas qui sont dans le congel… et toi ? »

 

« j’sais pas. Le plat du jour sans doute… Bon, je te laisse, bisous ! »

 

« Paul ! »

 

« oui ? »

 

« Je t’aime. »

 

« Moi aussi. »

 

                                                        ***

  

Et de fait, ça fait un choc ! Mademoiselle Clairefontaine est la sœur jumelle de l’autre. Mêmes cheveux d’un blond hollandais presque blanc, mêmes yeux transparents, même charpente épaisse… elle dessert une grande table en bois plantée au milieu de deux bancs, lorsqu’il pousse la porte du réfectoire.

 

« Bonsoir, je suis le commissaire… »

 

« Je sais qui vous êtes et pourquoi vous êtes ici... »

 

Ledent se demande un instant si toutes ces histoires de télépathie entre jumeaux ont un fond de vérité, puis laisse tomber. La géante lui tourne le dos et empile des assiettes dans la partie haute d’un vaisselier en pin massif… enfin, il croit que c’est du pin, car il n’y connaît pas grand-chose… Rien qu’en tendant le bras, la main de la femme se pose sur le toit du meuble.

 

« J’aimerais vous montrer quelques photos… reconnaissez-vous ces jeunes gens ? »

 

Elle s’approche en frottant ses énormes paluches à un tablier blanc de cuisine et s’exclame aussi vite : « le petit près de la tente, c’est Joselito, un bolivien (c’est du moins ce qu’il disait). Ca date d’il y a trois ou quatre mois…Les deux autres sont passés ici également vers la même époque, mais j’ai oublié leurs noms… vous les trouverez au secrétariat, chez mon frère. »  Elle le dévisage l’air sincèrement préoccupé : « Qu’est-ce qu’ils ont fait ? Des bêtises ? »

 

« On les recherche, c’est tout… »

 

« Bonne chance ! Ces gosses c’est du vent et de la débrouille… ça va, ça vient… »

 

« Vous savez où ils sont partis ? »

 

« Non. Un matin, ils n’étaient plus là et voilà. On téléphone au juge et il en  envoie d’autres… c’est comme ça. »

 

« Que pensez vous de Monsieur Sleenad ? »

 

« Du bien… que du bien… beaucoup de bien. »

 

Ben voyons, se dit le commissaire en soupirant dans sa tête. Sympa, vif, drôle… le Macdo, le ciné… je parie qu’il jouait au foot avec sa soutane et mangeait en toute simplicité avec ‘ses’ enfants. Et la rumeur qui commence à monter dans les rédactions de journaux… Qui a bien pu cafter ?

 

« Il était là, lorsque ces jeunes gens (il désigne les photos du menton) étaient là ? »

 

« Oui, c’était une de ses périodes de vacances… »

 

« Je suppose, vu son énergie, qu’il emmenait les gosses se promener aux alentours ? »

 

« Ben oui, évidemment. Sauf que la dernière fois il était un peu handicapé. Il portait un plâtre au pied droit.  Une entorse ou quelque chose comme ça qui l’empêchait de conduire….  Vous voulez un café ? Il en reste. »

 

« Volontiers. » Il prend place sur un banc et décide soudain, comme ça, de jouer cartes sur table. Cette femme lui inspire confiance. Pourtant, pour un flic habitué à entendre des mensonges à longueur d’année, faire confiance : c’est comme demander à  un chasseur d’élever des canards… « Nous pensons… je ne peux pas vous révéler le pourquoi ni le comment… mais nous pensons qu’ils ont été assassinés. »

 

Elle le regarde de ses grands yeux délavés, dépose une pile de verres sur le rebord du meuble et vient s’asseoir doucement devant lui, comme écrasée par cette révélation. « On… on a retrouvé leurs corps ? »

 

« Oui… enfin, non… écoutez, Madame, pardon… Mademoiselle Clairefontaine… je ne peux pas vous en dire plus. Avez-vous une idée des endroits où ils se rendaient lorsqu’ils partaient en promenade ? »

 

« Dans les bois… vous longez la Semois pendant un quart d’heure et là, vous quittez le rivière.  Le sentier tourne à gauche et monte vers le plateau en direction de la France ! Des dizaines et des dizaines de kilomètres de forêts et des coins fabuleux dont les enfants rentraient toujours la faim au ventre, mais les yeux gorgés de lumière. »

 

« Vous connaissez le coin ? »

 

« Pas du tout. Personne ne va par là… ça grimpe dur et puis, c’est plein de ronces et de fougères coupantes. Mais Monseigneur Sleenad s’en fichait. Il aurait dû être explorateur ou Père blanc en Afrique. »

 

« Mais les enfants devaient bien vous raconter quelque chose quand même ? »

 

« Ben, ils parlent pas le français ou à peine… souvent de l’espagnol. Mais j’y connais rien… » Elle cherche visiblement à l’aider et fronce des sourcils blancs, comme si elle faisait un rewind de ses souvenirs, puis son visage s’éclaire soudain… « si ! je me souviens… Joselito m’a parlé une fois d’une ‘capilla’, d’un ‘arbol’ et de ‘clavos’… comme je comprenais rien, on a été sur internet chez Pascal… en gros ils avaient vu une vieille chapelle et un arbre plein de clous… en fait j’ai rien compris ! »

 

« Un arbre à clous… »

 

« Vous connaissez ? »

 

« Vaguement… une tradition qui remonte au Moyen-âge. On frotte un clou contre son mal ou sa maladie puis on le plante dans le tronc en espérant que la nature arrange tout… la nature ou la vierge, car ces arbres sont souvent plantés à côté d’une chapelle ou d’une potale. A moins que ce ne soit le contraire… »

 

Elle l’écoute avec attention puis hausse les épaules. « Jamais entendu parler. »

 

                                                        ***

 

Le patron du ‘Colombophile’ l’a pris pour un représentant de commerce, avec sa mallette et son portable. Du coup Ledent est devenu agent d’assurances, avec une spécialisation dans les fermes. L’auberge possède deux chambres qu’on loue en général en été. Mais pas de problème… la femme est montée aussi vite pour faire les poussières, aérer et mettre des draps frais. Salle de bain et WC au fond du couloir.

 

Plat du jour : une salade de pommes de terre au jambon cuit… citron, tomates, cornichons, œuf dur, carrés de fromage nature, un peu de ciboulettes, sel, poivre… délicieux. Faudra qu’il en parle à Suzy.

 

La pétasse l’a déjà rappelé deux fois : « Vous en êtes où ? Monseigneur Gestuel est pendu au téléphone, depuis qu’ils ont parlé de notre perquisition ce midi à la radio… Il devait partir cet après-midi, mais il comptait me rappeler ce soir, sans faute. J’ai eu beau lui dire que je ne dormais pas dans mon bureau, il a réussi à m’arracher mon numéro de portable. Même le Procureur général m’a contacté pour me rappeler les règles de prudence etcetera… Dites-moi Ledent, vous êtes certain de vos collaborateurs ? »

 

« Tout à fait, Madame La juge. La fuite ne vient pas de chez nous. »

 

« Vous avez trouvé quelque chose ? »

 

« Peut-être… je dois encore vérifier. »

 

« Hé bien qu’attendez-vous ? »

 

« C’est que ça se trouve en pleine forêt, Madame la juge, le jour tombe et la discrétion m’empêche de faire appel aux gens du coin ! ». Et d’expliquer en quelques mots l’état de son  enquête.

 

« Vous pensez que les cadavres pourraient se trouver là ? »

 

« Je n’en sais rien. Mais ça vaut la peine d’aller voir. J’irai demain à la première heure… »

 

« Non, non,  allez-y tout de suite. En cette période de l’année, le soir ne tombe pas avant huit heure… vous avez tout le temps. »

  

                                               ***

  

Cette enquête lui plait de moins en moins. Au début, c’était un joli sentier de terre qui  zigzaguait entre les prairies et les bosquets. Il  y avait même quelques papillons pour égayer le paysage et un brin de vent, juste ce qu’il faut, pour l’empêcher de transpirer. Puis, à l’orée du bois,  le chemin s’est rétréci  pour se faufiler entre des chênes et des hêtres… enfin il croit que ce sont des chênes et des hêtres, car il n’y connaît pas grand-chose…

 

Maintenant, il grimpe sur une espèce de piste rocailleuse qui pourrait tout aussi bien être le lit d’un ruisseau, en glissant sur les galets et les branches qui encombrent l’ornière. Et le soir tombe. Elle en a de bonnes, là pétasse… bien sur qu’il fait encore clair à huit heures au bord de la rivière, dans les grands espaces. Mais ici, au milieu de cette forêt, c’est comme s’il était dix heures et on ne vous dit pas l’état des bas de son pantalon.

 

Les godasses ça va encore, ça se nettoie. Mais les griffures des épines, sorry. Ca c’est l’engueulade assurée quand il rentrera demain à la maison. Et puis, il y a cette impression sourde et indéfinissable qui l’étreint depuis un moment, comme si les troncs d’arbres le suivaient des yeux. Et ce silence… c’est normal ça ? Même pas un pépiement d’oiseaux. Dormiraient-ils déjà à cette heure ? Ou devrait-on au contraire les entendre jacasser et siffler pour appeler les petits à rejoindre les nids ?

 

Ceci dit, cette route est la bonne. D’abord parce qu’il n’y a pas d’autre voie dégagée et ensuite parce qu’il a trouvé au passage  un demi emballage de Twix coincé dans une souche pourrie couverte de champignons en grappes. Il l’a mise en poche. On ne sait jamais,  réflexe de flic (tiens, difficile à prononcer ça, réfrexe de flic… réflexe de fric… ré-fle-xe de flic).

 

En fait, l’endroit est sinistre et de plus en plus sombre. Suzy toute seule ici, ce serait la panique assurée. Mais peut-être qu’il se fait des idées parce qu’il est à la recherche de trois gosses charcutés au bistouri ?

 

Il s’arrête un instant et s’assoit sur une souche, dont le fût gît à moins d’un mètre, à moitié freiné dans sa chute par les branches environnantes. Combien de kilomètres a-t-il parcouru, depuis qu’il est passé sous les frondaisons, quatre, cinq ? Il repart en soupirant. S’il continue il va arriver en France. Il  y est déjà, peut-être.

 

Le raidillon s’est aplati et il progresse maintenant sur un passage moins pentu, presque une allée. Les arbres se sont écartés, le sol terreux est devenu ferme. Il a atteint le plateau.

 

Et puis soudain… là… à cent mètres, caché par les feuillages, une chapelle lugubre et moussue qui semble taillée dans la roche tant les pierres du fondement sont grises et les briques rongées d’humidité. Heureusement qu’il a tous ses sens en éveil, car il aurait pu passer dix fois à côté sans la remarquer.

 

Deux fenêtres en ogive tellement sales que la lumière ne doit plus les traverser, un toit d’ardoises à moitié effondré qui laisse apparaître un morceau de charpente, un minuscule clocher (sans cloche) qui arrive à peine aux premières branches des chênes ou des hêtres qui l’entourent… enfin, il croit que ce sont des chênes et des hêtres, car il n’y connaît pas grand-chose, et un porche en bois clouté qui semble hermétiquement clos.

                                             

                                                        ***

 

L’arbre à clous se trouve en face de la ruine dans un puit de lumière blafarde formée par une clairière minuscule. Le spectacle est curieux et désolant, car les fidèles et pèlerins du siècle dernier n’y ont pas accroché que des pointes en fer, mais des bandages herniaires, des loques, des chaussures d’enfant, des ex votos et toutes sortes de colifichets plus ou moins religieux qui pendent en gerbes autour du tronc.

 

Ledent imagine une seconde la foule des miséreux qu’on devait porter et traîner jusqu’ici à travers les sentes  engoncées dans les broussailles. Ca devait geindre, gémir et chanter aussi, avec des litanies à la vierge ou un saint quelconque… Il s’avance prudemment vers l’entrée de la chapelle en examinant le sol. Il y a une trace de pas à demi moulée dans la glaise desséchée. On est venu ici… il aurait du prendre son appareil digital.

 

Et toujours cette impression quasi intuitive qu’il rate quelque chose, qu’il oublie un élément, peut-être même qu’il court ou pourrait courir un danger sans que rien ne vienne étayer cette supposition. Ledent n’est pas un malabar, mais costaud quand même, décidé et certainement pas peureux. Mais cette atmosphère de pourriture ambiante lui porte sur les nerfs…

 

Il y a deux marches pour accéder à la porte qui semble déboîtée. Il pèse de tout son poids sur elle, la sent bouger puis quelque chose coince . Il fait désormais tellement sombre qu’il ne réussit plus à distinguer le mécanisme de la serrure et emploie le halo bleuté de son gsm pour l’examiner.

  

La penne est faussée, apparente et il devrait pouvoir ouvrir avec un levier glissé entre le lourd panneau et l’armature du mur. Il  redescend les marches et tourne autour de la chapelle à la recherche d’un morceau de bois qui convienne. Mais on n’y voit plus goutte et la pile de son portable est en train de rendre l’âme.  

 

‘Vous avez tout le temps’, elle en a de bonnes celle-là !

 

Ah, là… il lui semble reconnaître un solide bâton à moitié dissimulé dans les feuilles. Il le tire à lui. La branche mesure bien deux mètres et il la casse en deux en la précipitant contre un tronc. Il songe même une seconde à l’exploser par bravade contre l’arbre à clous, puis se retient. Comme s’il aurait commis un sacrilège.

 

La lourde  grince, résiste, plie, frotte… et se décapsule enfin d’un coup sec, en arrachant le mécanisme à sa suite. Il fait tellement noir dans l’ouverture béante qu’il pénètre dans la nef les mains tendues devant lui sans rien distinguer. En tous les cas, c’est vide. Pas un banc ni une chaise…  Le dallage est jonché de gravillons et d’objets divers qu’il escamote ou enjambe prudemment pas à pas. Quelques mètres et il est déjà dans le chœur.

 

Un bruit dans son dos. Léger. Imperceptible.

 

Il se retourne vivement, mais bute contre une masse molle étendue à ses pieds, bascule en arrière et s’affaisse sans se blesser sur ce qu’il pense être des tapis roulés. Ses mains s’agitent dans l’air et retombent sur ce qu’il reconnaît enfin comme des corps. Ses doigts palpent à droite une tignasse puis un visage desséché et à gauche une jambe qui compte tenu de la direction ne peut appartenir qu’à une autre personne.

 

Ils sont là, il les a trouvés, mais il  y a beaucoup plus urgent, car devant lui se profile une ombre, qui remplit l’embrasure pénombrée de la porte.

 

 

                                                        ***

 

Il n’a pas d’arme sur lui. Dans les films de gangsters, les inspecteurs et commissaires ont toujours un revolver à la ceinture ou mieux, dissimulé sous le pantalon, dans un petit holster lié à la cheville…mais pourquoi se serait-il armé pour une simple enquête de voisinage ? De toute façon, il est trop tard pour regretter car l’individu qui se tient immobile à trois mètres de lui semble bien réel. A moins que ce ne soit un fantôme…

 

Il tente de se dégager et entend au même instant un flop discret suivi d’un sifflement léger, comme celui d’une abeille qui vous frôle l’oreille, puis éprouve immédiatement une douleur au bras droit. Par association de pensée, il se dit que l’insecte l’a piqué. Mais sa main rencontre aussi vite une seringue plantée dans son biceps et il comprend… tout. En un éclair ! A l’école de police on appelle ça, la technique du petit poucet. Semer des cailloux blancs pour attirer l’enquête dans la direction qu’on veut lui donner…

 

La douleur a disparu, mais son bras droit ne répond plus…  l’autre non plus d’ailleurs… il essaie…

 

                  

                                                        ***

 

Et arriva ce qui devait arriver.

 

                           

                                                        ***

 

On ne parle plus que de ça sur toutes les télés du pays. La rumeur a explosé comme une grenade mal dégoupillée. Même les correspondants étrangers accourent avec leurs cameraman et perchiste. Les présentateurs invitent tous les spécialistes, psychiatres et profs d’univ qu’ils peuvent dénicher pour commenter, analyser et tenter d’expliquer l’inexplicable… C’est le bordel intégral.

 

Un nouveau scandale vient d’éclater dans l’église et le public adore. Après les prêtres amoureux de leur bonne et les pédophiles, voilà que les bouffeurs de curés peuvent s’offrir un cardinal qui découpe les couilles de ses jeunes amants pour les mettre en conserve.

 

Trois, quatre et maintenant cinq camionnettes télé stationnent au petit bonheur la chance, paraboles déployées, en face de l’évêché de Malines-Bruxelles où des policiers montent la garde. Tous les journalistes ont leur regard braqué sur la haute fenêtre du deuxième étage de l’immeuble où, parait-il, se trouve le bureau du vicaire général, qui a du rentrer de toute urgence de l’étranger et que personne n’est encore parvenu à interviewer.

 

Gestuel est pâle comme la mort. Les yeux rougis de fatigue, épuisé par une semaine de coups de fil, de mails, de contacts personnels et d’interventions diverses, son masque est tendu comme celui d’une momie et ses longues mains d’ecclésiastique un peu efféminé tremblent de tension contenue.

 

Il a demandé qu’on ne le dérange plus, sous quelque condition que ce soit. Il a revêtu sa soutane noire liserée, le collaro, la large ceinture violette et la calotte de couleur.

 

Il se lève enfin le regard fiévreux, fou et se dirige comme un automate vers le petit autel dressé dans un coin de la pièce. Il se hausse sur la pointe des pieds, retourne le crucifix qui surplombe le reposoir, tombe à genoux a même le sol, joint les mains et entame une longue prière…

 

« Je te salue, Prince des ténèbres, plein de haine et de laideur,

   que Satan soit avec toi,

   tu es exécré entre tous les démons

   et Lucifer, le fruit de l’abomination , règne en sa pourriture perverse… »

 


 

FIN

 

 

ALORS ?????? QUI A TROUVE ? QUI A GAGNE ??????

Publié dans Réflexions

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FAITES VOS JEUX : IL ETAIT UNE FOIS.... première partie... Qui a tué?? Qui est l'auteur?? comment voyez-vous la suite ?

Publié le par aloys.over-blog.com

 

Il était une fois trois types qui faisaient le pied de grue dans une cave de la banque Machin, au milieu de centaines de coffres-forts rangés sur les murs comme des boites d’allumettes. En réalité, ils sont quatre,  car le groupe  observe d’un air ennuyé,  un mec en bleu de travail qui fore dans  une des portes en acier, même que ça n’a pas l’air d’avancer beaucoup.

 

« Vous allez y arriver ? » demande le plus petit de la bande, style directeur d’agence, costume trois pièce et nœud pap.

 

« Oui M’sieur… » répond l’autre, arc-bouté sur sa mèche « …mais c’est pas du carton ! »

 

« Quelle triste fin… » ajoute un grand dadais à binocles de mutuelle, qui serre une serviette en cuir sur son ventre. Cui-là, il peut pas le cacher, c’est un huissier en chair et en os. Une tête de faux cul, de l’eau dans les caves, des godasses de gendarme…

 

« Ooooh oui ! » soupire le bonhomme à sa droite en levant des yeux éplorés vers le plafond. On pourrait même préciser ‘vers le ciel’ car il porte une petite croix en argent sur le revers de son veston, signe qu’il appartient à notre sainte mère l’église. « Septante ans, c’est trop tôt pour partir. Monseigneur travaillait trop. Combien de fois lui ai-je… »

 

« Vous en avez encore pour combien de temps ? » l’interrompt le banquier qui se fiche visiblement des heures sup du cardinal défunt et s’avance d’un pas déterminé vers l’artisan.

 

« Cinq minutes… je passe presque à travers. »

 

Et la conversation reprend. Rien que des lieux communs dont on peut comprendre que le prélat s’est payé une ixième et ultime crise cardiaque qui a mis l’évêché sens dessus dessous, vu que rien n’était prévu pour le remplacer.

 

« Nous ignorions totalement l’existence de ce coffre… » poursuit le saint homme. « C’est en vidant les tiroirs de son bureau que sœur Dominique a trouvé la petite carte avec le numéro… elle a d’abord cru que c’était un ticket de lavoir ! »

 

« Dommage qu’elle n’ait pas trouvé les clés… » conclut le costume trois pièces presque à cheval sur l’ouvrier qui s’escrime avec le coffre-fort : « Ceci dit, je dois vous avouer que je n’étais pas au courant non plus. L’employée qui s’occupait des coffres vient de prendre sa pension et ne détaillait pas les clients qui descendaient dans la cave…  pour elle, c’était Monsieur Sleenad, sans plus,  et je crois qu’elle aurait été bien incapable de le reconnaître dans la rue ou à la télé ! Et alors ça avance ? »

 

Bon, on va faire court. Après neuf minutes et trente-deux secondes, on entend enfin un déclic et le bleu de travail ouvre cérémonieusement la porte blindée devant laquelle le trio se penche les yeux écarquillés, comme s’il tentait de mater le déshabillage d’une bonne femme par le trou de serrure d’une salle de bain.

 

« Vous permettez… » intervient l’huissier en écartant discrètement ses collègues « … c’est à moi d’officier. Je vais enlever pièce par pièce les documents qui se trouvent dans la niche, les examiner, les nommer, les inscrire puis les poser devant vous sur cette table… »

 

« Je ne pense pas que vous allez trouver grand-chose… » précise l’homme de dieu « … et certainement pas des titres ou de l’argent. Monseigneur était bien au dessus de tout ça ! »

 

« Des effets personnels sans doute… bon, allez-y… procédez ! » ( le banquier pressé d’en finir ).

 

« Comme c’est curieux … » s’étonne le grand dadais la tête presqu’enfoncée dans le coffre. « On dirait… mais oui… on dirait… deux… non…  trois bocaux de… concombre ! » Il sort un des récipients dont le couvercle en verre est solidement fermé par un ressort, sous lequel dépasse le joint rouge du caoutchouc.

 

« Montrez… » l’interrompt le prélat visiblement estomaqué. Il lève le pot vers le néon du plafond et constate comme les autres qu’un gros cucurbitacé semble en effet flotter dans une solution glauque de vinaigre, au milieu de brins d’aneth de fenouil et sans doute de quelques feuilles d’estragon.

 

« Oh ? vous savez… je ne suis qu’à moitié surpris ! » commente le directeur de l’agence. « On a déjà trouvé des pots de confiture et même les restes d’un sandwich… n’oubliez pas que la plupart de ces coffres sont loués par des personnes âgées qui n’ont plus  toute leur tête. »

 

« Je puis assurer que le cardinal possédait encore toutes ses capacités… » s’indigne le prêtre en déposant le bocal sur l’établis. « Je ne comprends pas… franchement, je ne comprends pas ! »

 

« Soit… » conclut le banquier. « C’est peut-être étrange, mais ça va nous faire gagner beaucoup de temps. Allons-y, Monsieur l’ huissier. Indiquez ‘trois bocaux de concombres’ sur votre constat. On signe. On remet le tout à l’abbé et on s’en va… j’ai un rendez-vous qui ne peut attendre. »

 

« Bon… voilà... » conclut le grand dadais en regardant sa montre,  « … je note la date, l’heure… et on y va. »

 

« Un instant ! »

 

Le serrurier s’approche les sourcils froncés vers les bocaux rangés sur la table et s’accroupit afin de mieux les observer. Ca dure au moins dix secondes et puis… « Je crois que nous avons un problème… » Il se redresse avec lenteur, soudain pâle comme une aspirine. « Un très très gros problème ! »

 

La petite troupe, qui s’apprêtait à prendre l’escalier, revient vers le centre de la salle, le regard interrogateur.

 

« Ce ne sont pas des concombres… » explique enfin l’homme en bleu de travail. «Voyez vous-mêmes, mais avec un peu d’attention.»

 

« Ne me dites pas que ce sont des courgettes ! » menace le directeur de l’agence.

 

« Ni des légumes, ni des fruits… » répond enfin l’artisan la voix fêlée, en s’appuyant contre le mur. « Des zizis ! »

 

« Comment ça des zizis ! Vous vous foutez de moi… c’est une blague de serrurier ou quoi ? »

 

« Je dis simplement qu’il y a un pénis et deux testicules dans chacun de ces bocaux, soit au total trois sexes masculins, c’est tout ! »

 

                                               ***

 

  « Monsieur Ledent ? Le commissaire Ledent ? »

 

« Lui-même… » Il n’a pas du tout l’air d’un flic. Tiré à quatre épingles, costard sur mesures en tissu anglais, godasses cirées de frais, on le prendrait plutôt pour un jeune chirurgien en vacances.

 

« Je suis le Vicaire Général du diocèse de Malines. Mon nom est Ludovic Gestuel. C’est moi qui représentait Monseigneur Sleenad à l’ouverture du coffre de l’agence Machin… vous êtes au courant, je crois ? »

 

« Tout a fait. Le Procureur du Roi a vu les bocaux et demandé une autopsie. Il m’a également prié d’assurer l’enquête. Je comptais d’ailleurs vous appeler. »

 

« C’est confirmé ? Il s’agit bien de… comment dire… »

 

« De trois pénis de jeunes gens de race blanche, âgés entre 12 et 15 ans. La découpe s’est faite après le décès sans qu’on ne puisse préciser l’époque avec exactitude. Il  y a quelques mois, au grand maximum. »

 

« Nous ne comprenons pas, nous sommes littéralement abasourdis… mais notre plus grosse crainte est que cette affaire ne parvienne à la presse. Vous savez comment ça va… tout est bon pour dénigrer l’église, se moquer du pape, traiter les curés de pédophiles etc… c’est vraiment à la mode. » 

 

« Ne vous inquiétez pas, Monsieur Gestuel, la consigne est de rester aussi discret que possible… mais de qui parlez vous lorsque vous précisez ‘notre’ ? »

 

« A vrai dire… de moi. J’étais en quelque sorte le second dans la hiérarchie pastorale. Me voici donc désormais responsable du diocèse et premier sur la liste de succession. Je n’en ai parlé à personne… »

 

« Il faudra pourtant que j’interroge certains de vos collaborateurs. Je pense entre autres à Sœur Dominique qui était sa dame de compagnie. »

 

« Je ne peux pas imaginer une seconde que Monseigneur ait pu participer à une telle mascarade… mais quoiqu’il en soit, je suppose qu’on  aboutira rapidement à un non-lieu puisque la personne concernée est décédée ? »

 

 

 

« Ca, cher Monsieur,  seule la juge d’instruction pourra en décider. Pour l’instant l’affaire à été confiée à Madame la juge Emma Paleis et elle ne me donne pas l’impression de vouloir enterrer le dossier. Elle veut comprendre. »

 

« Mais comprendre quoi ? »

 

« Voilà, nous y sommes… c’est précisément mon boulot. Quand puis-je vous rencontrer ? »

                            

                                               ***

 

L’ ‘Aartsbisshoppelijk paleis’  ou palais archi-épiscopal de Malines – Bruxelles est un grand bâtiment de briques rouges que barre un porche à double battant en bois ouvragé . Mais les bureaux du Vicariat se trouvent dans une annexe appelée ‘le refuge’, une maison de maître restaurée à l’ancienne.

 

« On se demande parfois d’où vient tout cet argent ? » songe le commissaire en parquant son véhicule de fonction dans la cour d’entrée.

 

Un séminariste en soutane (33 boutons !) apparaît sur le perron et vient à sa rencontre, visage souriant et bras écartés en signe de bienvenue. On l’attendait.  « Bonjour commissaire, le Vicaire Général va vous recevoir immédiatement… »

 

Il remercie d’un hochement de tête et gravit les marches à la suite du jeune homme qui l’introduit dans une vaste salle tout en boiseries et plafond mouluré.

« Prenez place, je préviens Monseigneur…  vous désirez du café ou du thé ? »

 

« Non merci. Vous connaissiez bien Monseigneur Sleenad ? » demande t-il avec le visage de circonstance.

 

« C’était vraiment un saint homme. Toujours en forme et de bonne humeur. Il se levait pourtant tous les jours à cinq heures de matin et ne manquait jamais de dire sa messe ! » 

 

« Avec Monseigneur Gestuel, ce sera… comment dire… un autre genre ? » enchaîne Ledent.

 

« Hé bien… » l’étudiant semble un peu désarçonné« oui, on peut le dire comme ça. Le Vicaire Général est un homme d’ordre et de rigueur… »

 

« Pas un rigolo, c’est ça ? »

 

« Monseigneur Sleenad était vraiment très drôle… vous savez qu’il nous faisait des blagues. Un jour, il nous a fait croire qu’il avait vidé toute une bouteille de vin au cours de l’office. C’était la panique ! »

 

« C’est lui,  là,  dans le cadre ? » Une bouille de bon vivant avec un béret basque, des cheveux gris coupés courts et un œil qui pétille derrière de grosses lunettes d’écaille.

 

« Oui… » confirme le séminariste avec émotion. « On le regrettera ».

 

 

                                                        ***

 

« Voilà commissaire… » déclare Le Vicaire Général en ouvrant une chemise sur son vaste bureau recouvert de cuir et complètement vide en dehors d’un téléphone à touches.  Il est habillé en civil, sans col blanc, avec l’inévitable petite croix sur le revers de la veste. « J’ai demandé  qu’on réponde à vos questions… ce document est pour vous, vous pouvez l’emportez. Monseigneur Sleenad gagnait très exactement 8.466,13 euros brut par mois et bénéficiait d’une voiture de fonction avec chauffeur, une Audi A4 de couleur noire. Pour l’instant, c’est moi qui l’emploie. A quoi il faut ajouter des frais divers pour une moyenne de 1.500 euros et un logement de fonction, rien de bien luxueux, je vous rassure. »

 

« J’ai jeté un coup d’œil sur ses comptes, » commente le flic en feuilletant les papiers, « il faisait deux ou trois retraits par mois et dépensait pratiquement tout… ça représente quand même un jolie somme. Avez-vous une idée de ce qu’il faisait de cet argent ? »

 

« Franchement non. Il ne quittait jamais l’évêché, sinon pour des réunions ou des célébrations et je ne lui connais aucune passion ou plaisir particuliers en dehors d’un restaurant de qualité de temps à autre…  Je ne sais pas, d’autant plus qu’il n’avait plus de famille ? »

 

« Pourquoi louer un coffre alors ? »

 

L’homme d’église écarte les bras en signe d’ignorance. Comme quoi l’âme humaine peut recéler parfois de grands mystères, songe Ledent. Des zizis découpés au scalpel, un évêque sympa, des billets qui s’envolent en fumée… Menez une enquête avec tout ça.

 

« J’aimerais poser quelques questions à Sœur Dominique. Je suppose que Monseigneur logeait dans le bâtiment ? »

 

« En effet, on lui a aménagé bien avant que je n’entre à son service, un appartement moderne et confortable, 150 m²  dans les combles du toit. Sœur Dominique loge à deux pas d’ici, au ‘Klein Begijnhof’, le petit béguinage. Elle vient tous les jours en vélo, qu’il vente ou qu’il pleuve ! » Il s’empare du cornet et demande en flamand à son correspondant si la sœur est présente. « Ja… dank U… elle est en haut. Je vous y conduis… »

 

 

                                               ***

 

Annie De Non est devenue sœur Dominique à l’âge de 20 ans, en entrant dans le couvent des Petites Sœurs des Pauvres à Anvers. Ce devait être dans les années 70, car elle en para     ît soixante. Petite, rondelette mais vive, on devine des cheveux blancs sous la coiffe grise et si elle porte de petites lunettes cerclées de fer, le regard est clair, presque malicieux.

 

Elle les attend au haut de l’escalier en bois, devant la porte ouverte d’un appartement particulièrement lumineux, car éclairé de toutes parts par  des fenêtres de toit à travers lesquels se profilent de gros nuages blancs.

 

« Bonjour ma Sœur… » la salue poliment le Vicaire Général. « Je vous présente le commissaire Ledent. C’est lui qui enquête sur l’affaire dont je vous ai parlé tout à l’heure… »

 

« Bonjour Madame, je suis désolé de… »

 

« A votre service Monsieur… » enchaîne t’elle en lui tendant une main calleuse. « J’ai déjà vécu pas mal de choses dans la vie, mais ça, je dois vous avouer que c’est le pompom !  Entrez, je vous ai préparé du café… »

 

« Oh ! Encore une chose… » ajoute Ledent en se retournant vers le vicaire qu’il surplombe de deux marches. « Je souhaiterais parler à sœur Dominique seul à seul… »

 

« Pas de problème… » lui répond le prélat un peu étonné. Je vous laisse. Et comme il s’apprête à redescendre…

 

« Vous trouverez deux de mes inspecteurs dans vos bureaux. Ne vous offusquez pas, mais ils ont mission de sonder les ordinateurs… et au besoin de les emporter »

 

« Mais… mais… ce n’est pas possible » s’exclame le prélat rouge d’indignation. « Vous auriez pu me prévenir… nous employons ces pc’s à longueur de journée pour notre comptabilité, notre courrier… je me demande si vous n’outrepasser pas vos droits… »

 

« Cela s’appelle une perquisition, Monsieur Gestuel et voici le mandat qui m’y autorise. » Il lui tend une feuille de papier tamponnée de rouge. « Le principe de la perquisition, c’est précisément de perquisitionner sans avertissement, sinon on ne trouverait jamais rien. »

 

« Mais trouver quoi ? » s’exclame le Vicaire de plus en plus effondré.

 

« Je n’en ai aucune idée… rien j’espère. Vous noterez que j’ai lancé tout ceci après le départ de vos employés. »

 

« Encore bien !  Bon… je fais quoi ? » 

 

« Vous attendez… une petite heure et tout sera terminé. A tout de suite … »

 

 

                                                        ***

 

« Vous allez me perquisitionner moi aussi ? » demande la petite sœur en refermant la porte.  Son œil pétille et on sent que cette petite altercation l’a mise en joie. Encore quelqu’un qui ne peut pas sentir Gestuel…

 

« Non, je ne crois pas que ce soit nécessaire, mais que pensez-vous de toute cette histoire ? »

 

« Beaucoup de confusion, Monsieur le commissaire, beaucoup de confusion. Je connaissais bien Monseigneur Sleenad et il  y a un point dans cette histoire qui ne ‘clope’ pas ! »

 

« Je vous écoute… » dit Ledent en tirant une chaise à lui. Ils sont dans la cuisine de l’appartement, un endroit moderne, sans ostentation, d’une propreté clinique. Elle dépose deux tasses fumantes sur la table et prend place.

 

« J’ignore quel mystère abracadabrant se cache derrière cette histoire, mais s’il s’agit d’une affaire de mœurs, je puis vous garantir que Monseigneur n’avait aucun goût homosexuel… »

 

« Pourquoi, il avait une maîtresse ? »

 

« Non, je ne le pense pas. Mais il savait reconnaître une jolie femme… »

 

« Vous l’aimiez bien ? »

 

« Tout le monde l’aimait. Vous ne trouverez pas une seule personne dans cet évêché pour le critiquer. Je me demande… serait-il possible que quelqu’un d’autre ait déposé ces bocaux dans le coffre-fort ? »

 

« C’est peu probable mais… nous vérifierons. »  Puis, après avoir bu une gorgée brûlante : « On ne retrouve pas grand-chose sur ses comptes,  pourtant il gagnait fort bien sa vie. Monsieur Sleenad était-il dépensier ou joueur ? »

 

« Joueur sûrement pas. Dépensier encore moins, car il ne cessait de se plaindre que je remplissais inutilement son frigo…  même qu’il me soupçonnait de toucher une petite commission chez les commerçants ! ( elle rit, avec un regard un peu mélancolique ) Il adorait taquiner… »

 

 

                                                        ***

 

Les deux inspecteurs sont assis sur la table d’un bureau et fument nonchalamment une cigarette quand Ledent les rejoint. Gestuel est dans la pièce attenante et lit son bréviaire en faisant les cent pas. Le commissaire lève les sourcils pour demander discrètement s’ils ont trouvé quelque chose et les deux hochent négativement de la tête…

 

« Pas d’images pornos ou d’adresses de sites spéciaux ? » (mezzo voce)

 

« Non, mais j’ai trouvé dans le pc de l’Evêque… pour autant qu’on puisse parler de son ordi car il savait à peine comment s’en servir… un album avec trois photos de jeunes adolescents au milieu de ce qui ressemble à un camp scout. »

 

« Quel genre de photos… »

 

« Tout ce qu’il y a de plus normal… tenez je les ai imprimées. Ici, ils font la popote… là,  ils regardent l’objectif en rang d’oignons et là, ils montent une tente. »

 

Ledent examine les feuilles avec interrogation… « Vous lui avez demandé ? »

 

« Il ne veut plus rien dire sans la présence de son avocat ! C’est vraiment un chieur. Ils se sont téléphonés il y a une demi-heure et j’ai cru comprendre  qu’il allait rappliquer immédiatement… »

 

« Ok, on se tire… » conclut Ledent  avec une pointe de mauvaise humeur.

« … et on laisse tout en place.  Amen. »

 

 

                                                        ***

 

Le commissariat de l’arrondissement judiciaire de Bruxelles – zone locale 4453, se trouve dans un grand immeuble gris environné d’une multitude de voitures de police blanches à bandes bleue, car le parking intérieur est si petit que les agents stationnent n’importe comment dans les rues avoisinantes. Sans parler des véhicules banalisés reconnaissables au gyrophare abandonné sur le siège avant.

 

La permanence de Ledent se trouve au premier et donne sur la gare de Schaerbeek, un bâtiment classé, avec des briques polychromes et une tour centrale en forme de beffroi. On dirait un gigantesque hôtel de ville, style XIXe.

Le commissaire contemple rêveusement la place Reine Elisabeth sur laquelle glissent de longs trams jaunes, en sirotant un café soluble qui tiédit dans son gobelet de plastique.

 

On ne peut pas dire que ce dossier l’emballe des masses . D’autant qu’il n’y a pas de plainte et que le principal suspect est décédé. Il jette un coup d’œil blasé sur la pile des autres affaires ( urgentes celles-là ) et soupire… Il vient de passer un quart d’heure au téléphone avec la juge d’ instruction et le moins qu’on puisse dire est qu’elle n’a aucune envie de laisser tomber.

 

« Normal… » lui a expliqué son supérieur, « …elle sort de l’univ et vient de commencer. Elle cherche à briller… ».

 

« Je veux comprendre, Commissaire… » une voix haut perchée, un rien prétentieuse : « cherchez du côté des hôpitaux, des morgues… voyez du côté des disparitions non élucidées… et puis cet argent, il a bien dû partir quelque part… et n’oubliez pas que de nombreux psychopates et pédophiles sont des gens sympathiques et bien notés… mais j’insiste… discrétion absolue. »

 

Comme s’il n’avait pas déjà effectué toutes ces vérifications.  Sans résultat.

Il contemple les trois photos étalées sur son bureau et relis les observations faites par l’inspecteur qu’il a chargé du suivi. « Ces jeunes gens ont des types latino-américains, mais l’endroit ressemble à un coin d’Ardennes. Le style de tentes, les ingrédients cuisinés… belge ou du nord de la France. »

 

Il décroche son téléphone et forme un numéro.

 

« Aartsbischoppelijk Paleis van Mechelen, wat kan ik voor U doen ? »

 

“Je voudrais parler au Vicaire Général s’il vous plait, de la part du com… de Monsieur Ledent.”

 

« Un instant… »

 

Le prélat prend immédiatement la communication. Le ton est radouci, presque obséquieux (son avocat lui a probablement conseillé un profil bas)

 

« Bonjour, Monsieur Ledent, que puis-je pour vous ? »

 

« Voilà… » explique le commissaire en essayant de prendre un ton amical,  « …le cardinal  avait-il dans sa famille ou parmi ses amis, des neveux, des cousins ou enfants de ceux-ci, qui pratiquaient du scoutisme ou une activité semblable ? »  Et d’expliquer les photos copiées sur son ordinateur… « C’est sans doute sans importance, mais je suis obligé de tout vérifier… ne serait-ce que pour fermer des pistes. »

 

« Je n’étais pas un intime de Monseigneur… » répond Gestuel « mais il pourrait s’agir de souvenirs de ‘Enfance inter-mondes’… c’est une asbl qui s’occupe de jeunes immigrés et je crois savoir que Monseigneur y était fort attaché. »

 

« Vous avez un téléphone, une adresse ? »

 

« Pas sous la main, mais vous le trouverez sur internet… c’est à Chassepierre, près de la frontière française. J’y ai conduit Monseigneur une fois, à l’époque où il s’était cassé le pied. En fait, c’est le seul endroit où il acceptait de passer ses vacances… chez ses ‘petits’ comme il disait. Deux semaines par an… j’ y pense : c’est peut-être là que partait l’argent ? En tous les cas il ne souhaitait pas que cela se sache… sa modestie était proverbiale. »

 

                                                        ***

 

Madame Van Gompel, ex-employée de la banque Machin et tout récemment mise à la pension, habite une maison de rangée dans la banlieue de Tournai. Des aboiements furieux résonnent derrière la porte d’entrée et on voit une ombre blanche s’agiter dans tous les sens à travers le verre dépoli du panneau.

 

« Calme, Julos, calme… » se fâche une voix fatiguée, puis après pas mal de remue-ménage, une petite bonne femme en tablier apparaît dans l’embrasure, l’œil interrogateur.  

 

Ledent lui présente sa carte avec un large sourire et explique en quelques mots la raison de sa présence, sans entrer dans les détails, cela va de soi. Un coffre semble abandonné dans la chambre forte du siège où elle travaillait. D’après les documents comptables, il a été ouvert deux mois avant son départ à la retraite par un certain Monsieur Sleenad. Ce nom lui dit-il quelque chose ?

 

Non. Elle ne voit pas. Ce n’était certainement pas un client régulier… de toute façon les personnes qui vont au coffre se contentent en général de crier « coffre » pour qu’elle pousse sur le bouton qui règle l’ouverture de la porte blindée qui mène à la cave. La plupart du temps, sans même lever les yeux, surtout si elle est en train de manipuler de l’argent.

 

« Je comprends, mais à l’ouverture du coffre ? Vous avez dû lui faire remplir des papiers, obtenir sa signature etc… »

 

« Oui bien sûr, mais à ce moment là je regarde plus les documents à compléter que le client et puis je ne sais pas si vous l’avez remarqué… mais je porte des lunettes. Je suis myope. »

 

« Cette tête ne vous rappelle rien ? » Il lui montre la photo qu’il a piquée en douce lors de son premier passage à l’ Evêché.

 

« Maintenant que vous le dites… oui peut-être…  les lunettes en écaille… mais ne me demandez pas de mettre la main au feu ! »

 

Bref, se dit notre flic en rentrant sur Bruxelles à du 160 à l’heure (gyrophare sur le toit), même Donald Duck avec un béret basque aurait fait l’affaire. Cette enquête pédale dans la semoule. Tout le monde parait sincère, le suspect (mais est-ce vraiment un suspect ?) semble le meilleur homme du monde (‘semblait’ puisqu’il est décédé) et pourtant ! Trois bocaux avec des zizis et leurs orphelines… c’est quand même curieux non ?

 

Break. Ce soir la Belgique joue contre la Finlande. Un match amical mais bon… l’occasion ou jamais de vérifier si les jeunots choisis par le sélectionneur sont capables de relever le niveau plus que moyen de l’équipe titulaire…

 

Ce soir :  pyjama, pantoufles, café, biscuits et foot, volume à fond, les pieds sur la table du salon. Sa femme en profitera pour repasser. On dirait que les paniers de linge attendent le match pour se remplir.

 

Les belges ont perdu.  2-1, pffff….

 

                                                        ***

 

Enfance Inter-Mondes’, le blog  est là sur l’écran. Une page sommaire, avec quelques liens classiques du genre ‘qui sommes-nous ?’, ‘contact’ etcétéra… on en a vite fait le tour. L’association existe depuis sept ans et accueille, le temps d’un dépannage ( quelques jours, deux semaines ), des adolescents immigrés  illégaux que lui envoie les juges de la jeunesse.

 

L’endroit est sympa : cinq chalets en bois apparemment bien équipés,  regroupés derrière une ferme médiévale où se trouvent les cuisine, réfectoire et salle de séjour. Le tout à l’orée d’une hêtraie dont la clairière herbeuse descend en pente douce vers la Semois, une rivière qui serpente paresseusement à travers les prairies du village.

 

Ledent n’arrive pas à se concentrer sur son enquête et rêvasse en parcourant d’un regard résigné les bureaux en fer qui encombrent sa permanence. Les ordinateurs (un par inspecteur), les câbles réseaux qui pendouillent au plafond, les cordons d’alimentation qui s’emmêlent sous les pieds de tables et les piles de dossiers qui s’entassent dans les moindres recoins de l’espace : sur les appuis de fenêtre, les radiateurs, les armoires, et même contre le mur de la porte d’entrée qui ne s’ ouvre plus qu’à moitié… et ce foutu néon qui clignote depuis trois jours parce que personne n’a la courage d’aller acheter un tube dans une quincaillerie et surtout de grimper sur une chaise pour le remplacer…

 

Une petite journée en Ardennes lui ferait le plus grand bien. « bon, j’appelle… »

 

Le responsable du centre s’appelle Clairefontaine et a une voix calme et posée.

 

Oui, il a appris le décès du cardinal et cela le chagrine doublement. D’une part, parce que c’était un  homme bon et jovial qui ne venait pas souvent mais que les gosses adoraient. D’autre part, parce qu’il était le généreux donataire qui permettait à l’institution de vivre et que désormais… il n’a aucune idée de ce qui va se passer !

 

Des montants ? « Monsieur Sleenad exigeait la plus grande discrétion, mais bon… Vous êtes quand même la police…  cinq mille euros par mois. Sans cet argent, je peux fermer… »

 

Des problèmes avec les jeunes ? Jamais. Une seule fois, une bagarre pour un paquet de cigarettes. Il n’a même pas dû s’en occuper car les autres ados sont intervenus eux-mêmes…

 

Des disparitions ? Tout le temps. Ces jeunes acceptent de passer une semaine ou deux à Chassepierre qui est quand même un bled perdu, pour ne pas être conduit dans un centre fermé. L’idée c’est de leur donner le temps de se mettre en règle, mais une fois sur deux, ils s’éclipsent avant et s’évanouissent dans la nature…

 

Leurs nationalités ? De tout, absolument de tout. Le monde entier arrive au centre, des Roms, des Brésiliens, des Kurdes… la police les ramasse la nuit à la gare du midi, essaie péniblement de leur établir une identité puis les envoie là où il y a de la place…

 

« Mais dites-moi, il y a un problème ? Quelqu’un du village a déposé plainte ? » Non, pas vraiment bafouille Ledent, on lui a demandé de contrôler un petit traffic de shit… rien de bien grave.

 

Puis après avoir dépose le cornet sur son socle, in petto : « pas de corps, pas de témoin, pas de motif… mais bon sang de bon sang, qui (sinon le cardinal lui-même) s’est amusé à remplir ces bocaux, à les ranger dans un coffre et pourquoi ? »

 

 

ALORS, ALORS.... QUI, COMMENT, POURQUOI, DANS QUELLES CIRCONSTANCES ????   A VOS MENINGES !!!!!!! Enfin, qui est l'auteur ????

 

Publié dans Réflexions

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A LA UNE...

Publié le par christine brunet /aloys

Attention, demain et après-demain, à nouveau notre petit jeu sur Aloys !!!! Venez découvrir le comment du pourquoi et gagnez un livre de l'auteur (il ou elle)!!!

 

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bobclinA voir sur ACTU: toutes les photos ( du mari d' Olivia Billington) de la soirée de dédicaces deshttp://photos-a.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-snc4/hs948.snc4/74136_478802287358_676387358_6882325_2408548_s.jpg auteurs de Chloe des Lys à l' espace Art Gallery d' Ixelles, ce samedi 23 octobre... voir ici:http://www.bandbsa.be/contes.htm

 

 

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      Daniel Stir, Jean Kurz et Hénode sur la revue Inédits, N° 246...

 

 

Henode & co

 

 

 

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http://www.bandbsa.be/contes2/youtube.jpgLAURENT DUMORTIER .... Petites explications à écouter encore et encore...

D'autres vidéo sont à votre disposition http://www.youtube.com/user/EditionsChloeDesLys

Publié dans ANNONCES

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Christine Brunet interroge *M*C, auteur du recueil de poésie "je t'aime"

Publié le par aloys.over-blog.com

http://chloedeslys.buygoo.net/users/1913/52/32/14/avatars/114-78.jpg*M*C... drôle de nom de plume me suis-je dit la première fois où je l'ai vu apparaître. Que cachait-il? Une poésie? Un roman? Une femme? Un homme? Rien de tels que deux astérisques et deux majuscules pour attiser l'imagination...


Je suis donc allée à sa rencontre ou, plutôt, c'est *M*C qui est venue vers moi pour publier un petit texte sur l'écriture...

Et comme le renard de La Fontaine attiré par l'odeur du fromage, je me suis enhardie à lui poser quelques questions complémentaires...


Pourquoi avoir choisi la poésie comme moyen d'expression et pas le roman ou la nouvelle?

 J'ai choisi la poésie parce que c'est ce qui sortait... comme je l'ai déjà dit, je ne controle pas vraiment ce que j'écris. Parfois, j'écris des nouvelles, très courtes. Pour les romans, j'ai beaucoup de mal à garder le fil rouge tout le long d'une histoire: j'ai déjà essayé pour divers concours et ça demande beaucoup de travail alors que quand j'écris, c'est sur le moment, sans penser à l'orthographe ni à la grammaire, je n'ai pas le temps de retravailler mes poésies. De toute facon, je n'aime déjà pas les relires, elles sont écrites sur le vif et c'est comme ça que j'écris. 4-up-on-2010-04-02-at-18.59.jpg

 

"Ma méthode d’écriture n’est pas vraiment une méthode, ce n’est en rien quelque chose de difficile. J’écris pour ressortir mes sentiments et mes émotions. J’écris ce qui arrive dans ma tête et qui descend alors jusque dans mes doigts. Parfois ce n’est qu’à la fin de mon texte que je me rends compte de ce que j’ai écrit. C’est un peu comme si je ne le contrôlais pas mais mon “atout” qui le fairait pour moi. Quand j’écris, je ne réfléchis pas, mes mains écrivent ce que mes pensées lui disent, ce n’est même pas moi qui commande ! " (Blog d'Aloys, texte du 01/06/2010)


Comment et quand t'es-tu mise à l'écriture?

J'ai commencé à écrire en 1ere secondaire, j'avais alors 12 ans. Mes poésies ne ressemblaient pas trop à grand chose mais elles étaient là, écrites sur le vif, comme je continue de faire. J'ai écrit la première fois à la suite d'un garçon que je trouvais très mignon à l'époque, mais qui s'est révélé être un con de toute façon. Au moins, il m'a appris à écrire, il a été l'élément déclencheur sans jamais le savoir !

 
En visitant ton blog, une drôle de photo m'a sauté aux yeux... je dois avouer qu'elle y est pour partie à cette interview... Tu m'expliques ?

J'ai beaucoup de photos qui sont restées sur mon pc depuis ma jeune adolescence, la photo du poignet est simplement l'une d'entre elles. J'essaie de prendre des images qui s'associent à ce que j'écris d'une façon ou d'une autre et cette image là correspondait à la poésie qui http://storage.canalblog.com/61/39/41198/53741080_p.jpg la suit.

  I'm still here

  I'm not dead yet

 I know I'm not invisible 

       Even if that's what you make me feel

         I won't let you get me into this... (Extrait)



Te sens-tu en phase avec ta génération, tes amis, la société ?

 Je me sens beaucoup plus en phase dans ma génération qu'à l'époque où j'ai écrit mon livre. Des fois, mais je crois que c'est un peu comme tout le monde, je me sens déconnectée mais j'ai des amis incroyables qui me remettent vite sur terre!http://idata.over-blog.com/3/91/53/25/Je-t-aime-je-te-hais-couverture.jpg

Là où j'ai toujours le plus de mal c'est la génération par rapport à mes parents ou d'autres adultes. Je n'ai pas été éduquée comme mes frères et j'ai grandi beaucoup par moi-même...  je suis devenue totalement différente de ma famille. 

Le design de ton blog dégage une atmosphère très particulière: en es-tu consciente ? 

Le design a été refait l'année passée. Avant c'était rose et noir. J'aime la couleur noire pour le blog car c'est la couleur de la souffrance. Elle est très présente dans beaucoup de poésies alors je voulais garder ça.

Pour la bannière que je viens de refaire, elle est dans tes tons plus joyeux que la premiere, un air de dire "je m'en sors pas si mal que ça" et le gris est venu à la suite des couleurs de la bannière, tout simplement. Je me rends un peu compte que c'est une atmosphère spéciale, je m'y sens un peu "chez moi" donc les autres y voient par là mon univers et s'ils ont vu la version précédente, ils peuvent voir l'évolution entre la *M*c du livre et l'actuelle...

 

Des questions, j'en ai encore des tas, mais je n'ai plus envie d'en poser, juste de vous faire partager tout un poème... Laissez-vous emporter !

Secret dévoilé

Tu es le seul qui connaisse trop
Tu es le seul à connaître une partie
Du tabou que je porte comme fardeau
Tu m'as laissée partir sans rien dire

Pourtant tu es toujours revenu
Comme si je n'avais jamais quitté
On ne s'était en fait jamais perdu
Aujourd'hui on peut enfin se retrouver

Désormais je porte un nouveau secret
Celui de ton image dans ma tête
D'une envie de se revoir
Pour plus d'un jour cette fois

J'ai tant de choses à te prouver
Te montrer et à m'excuser
De ces erreurs passées
Serait-ce assez pour être pardonnée?

Tu es le seul qui connaisse
Ce que personne d'autre ne sait
Tu es le seul à porter mon secret
Comme si c'était le tien

Comme si même de loin
Tu faisais attention à moi
Comme si ce serait à moi
De venir plus près de toi

J'essaierai tant que je le pourrai
Te prouver tant que je te verrai
Te montrer tant que tu seras
Je serai alors dans tes bras

 

*M*C

Venez rejoindre *M*C sur son blog !    http://pleinelunenuit.canalblog.com/

 

 

 

Photo Christine Brunet CHRISTINE BRUNET

http://recreaction.over-blog.org

www.aloys.me

Publié dans interview

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La punaise... un poème de Pierre Rive

Publié le par aloys.over-blog.com

 

 


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L’été

La ville de Nantes est désertée

On peut entendre les oiseaux dans les jardins

Et

Malheureusement

De temps en temps

Le bruit lourdingue

D’une machine à essence.

 

Les voitures sont stockées

Dans les campings

Les Motels

Et

Les enfants sucent des glaces

En vidant le sable de leurs chaussures

Sur les grands boulevards du sel.

Il y aura quelques attractions le soir

Pour faire cracher la monnaie aux vacanciers.

Les filles perdront leur pucelage

Autour d’un feu de camp

Tout en écoutant

Les cordes d’une guitare

Les rires

Et les bouteilles qui s’entrechoquent.

 

L’été

La ville de Nantes est désertée

La chaleur arpente le bitume

Et écrase le toit des maisons

Qui baillent les yeux fermés.

 

Ma solitude

Tu le sais

Je ne suis pas fait pour le bruit.

A peine audible

Ma cigarette

Qui  se consume !

 

Mais soudainement

Dans ce désert

Alors que je change de rue

Une femme en face de moi

Une femme au sein nu

Qui oscille de la tête

Dans une chevelure embrasée.

Elle roule ses épaules

Branle des hanches.

Déclenche ses membres

Dans tous les sens.

 

Puis

Me regarde fixement

Me cloue

Dans la moiteur.

 

 

Cette punaise d’écriture

Ne me lâche plus d’un poil.

 

 

 

La punaise
extrait du livre "Ville"

 

 

 

 

Pierre Rive 

http://www.pierre.rive.cowblog.fr

      

Publié dans Poésie

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