Poésie : ECLATS DE JOUR, ECLATS DE NUIT de C.-L. DESGUIN inspirés des oeuvres de Concetta MASCIULLO. Textes 8
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8
dans son abstrait
le tout
et l’arc-en-ciel
se frottent
les paumes
l’orage
ne sera pas
le trophée de plus
9
mauve guimauve
dans l’entre-deux
par magie
toute voile dehors
l’éclat d’un bleu
dans l’arrondi
d’une certitude
Carine-Laure Desguin
http://carineldesguin.canalblog.com
Rolf Morosoli nous présente son recueil de nouvelles "Clin d'oeil"
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BIOGRAPHIE
Rolf Morosoli a fait ses études universitaires à Genève. Il émigre au Québec où il complète un doctorat en biochimie à l’Université Laval. Chercheur au conseil national de la recherche scientifique à Ottawa, puis professeur à l’Institut Armand-Frappier à Montréal, l’auteur a surtout contribué à des publications scientifiques en génétique microbienne. Parallèlement à ses activités scientifiques, aux côtés de sa conjointe sculpteure, il s’est investi dans la réalisation de sculptures et d’œuvres d’art public. Depuis quelques années, il se tourne vers l’écriture de fiction.
RÉSUMÉ
Légères comme le vol d’un papillon, ces courtes nouvelles sont inspirées de mots prononcés au hasard d’une rencontre, d’observations furtives et d’expériences personnelles.
Ce recueil reflète la variété des sources d’inspiration qui concernent des anecdotes de voyage, quelques aventures et certaines incongruités des comportements humains et animaux.
Court extrait
Hold up
Ce jour-là, l’attaque devait avoir lieu à la tombée du jour avec l’intention d’intercepter la dernière livraison de cannes à sucre de la journée... Le camionneur ne comprit pas tout de suite les raisons d’un tel attroupement de pachydermes dont la stratégie singulière l’avait manifestement pris au piège…
Discipliné, le commando… était occupé à récupérer la cargaison … Quand le camion fut vide, le commando de tête s’écarta du chemin et notre pauvre chauffeur… put reprendre sa route alors que la noirceur commençait à s’installer… Par quel mystère ces éléphants savaient, comme des voleurs professionnels, qu’il fallait que les traces de cette attaque disparaissent complètement avant le petit matin pour qu’il ne subsiste aucun indice de cet incroyable Hold up…
Pas d’empreintes, pas de suspect, le chauffeur ne put dissiper les doutes de son employeur…
POésie : ECLATS DE JOUR, ECLATS DE NUIT de C.-L. DESGUIN inspirés des oeuvres de Concetta MASCIULLO. Textes 6 & 7
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6
ses couleurs
sont ses ciels
et fendre l’air
vers le toujours
le jamais
ne se colore
qu’au verbe
disparu et renaît
le bing bang
7
perdre pied
dans l’épaisseur
d’un rouge
à vif
et saigner
jusqu’à exclure
des cris sanglants
de sous-entendus
Carine-Laure Desguin
http://carineldesguin.canalblog.com
Poésie : ECLATS DE JOUR, ECLATS DE NUIT de C.-L. DESGUIN inspirés des oeuvres de Concetta MASCIULLO. Textes 4 & 5
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4
d’ocre et de jour
à l’aube
d’un nouveau
ciel d’orange
à l’heure
de l’envol
5
l’ultime
n’existe
et d’été et d’hiver
de l’œuf le blanc
juste une coulée
de l’horizon
à la Sambre
Carine-Laure Desguin
http://carineldesguin.canalblog.com
Christina Prévi vous propose un extrait de « Un soir de lune » (Extrait de son recueil Parenthèses singulières)
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Félix n’ouvrait plus la porte, il s’enfermait chez lui, inconsolable. Chaque soir, il replongeait dans un abîme sans fond. Ses amis avaient essayé de l’en sortir, son jeune frère avait tenté de l’associer à son bonheur. Il n’espérait pas un oubli total, mais qu’au moins son frère retrouve, si possible, du goût pour la vie de famille. Il aurait aimé partager sa joie avec lui, devant le babillage de son petit garçon de 9 mois.
Peine perdue, Félix s’enfonçait dans la mélancolie, et ce, depuis ce funeste accident et personne ne pouvait l’en extraire. Sa femme Leslie et leur fillette de deux ans lui avaient été arrachées et cette réalité-là était irrémédiable. Il ne leur parlerait jamais plus, n’enfouirait plus son visage dans leur chevelure. Au seul souvenir de leur doux parfum, il ressentait atrocement cette double absence.
Sa vie n’avait plus ni saveur, ni intérêt et rien ne le reliait au présent. Après le drame, il avait été abruti de calmants pour ne pas hurler sa douleur, continuer à respirer, tout simplement… Une mort de plus aurait été insoutenable pour ses proches, on avait du l’en convaincre ; ses chères disparues, auraient-elles apprécié de le voir se détruire ? Dans le cas inverse, n’aurait-il pas souhaité que Leslie survive à sa peine ? Félix s’était rangé à la raison et faisait bonne figure…
Chaque soir, il replongeait dans un douloureux hébétement. Il ne s’éclairait plus, n’ouvrait à personne… Il cultivait son isolement dans la pénombre, devant le fauteuil rouge du salon, où trônait une photo de Leslie. Il la revoyait, lovée dans ce siège, du temps ou elle nourrissait encore Lilla au sein. Et à droite du fauteuil, sur la chaise d’enfant, un portrait de la fillette était appuyé au dossier.
Sitôt la porte refermée, Félix lançait d’une voix creuse : « Bonsoir mes chéries ! » Il allumait la veilleuse, s’asseyait face à leur image et leur faisait la conversation, il buvait un verre d’eau, oubliait parfois de manger, s’endormait sur place, y passait la nuit… Au matin, il refaisait les gestes routiniers, indispensables pour tenir debout : se doucher, se changer, un café, une biscotte, les clés « Au revoir mes chéries ! »
Il mettait le contact, se rendait au boulot. Il honorait ses tâches et répondait aux questions, il ne brillait ni par zèle ni par négligence. Il s’éteignait lentement, faisait juste ce qu’il devait, ce qu’il fallait, rien de plus, rien de moins.
Poésie : ECLATS DE JOUR, ECLATS DE NUIT de C.-L. DESGUIN inspirés des oeuvres de Concetta MASCIULLO. Textes 2 & 3
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2
d’ici le coup s’élance
le pinceau
le jet
le poignet
au seuil la mémoire fléchit
c’est l’instant
qu’on nomme
à présent dans l’arc
des bleus
3
avant elle (Concetta Masciullo)
déjà derrière
des façades voisines
des traits sont nés
et des couleurs
ont frappé
l’essentiel
à première vue
comme l’immense
sans se tromper
d’œil à œil
ils sont là
avant avant
avant
Carine-Laure Desguin
http://carineldesguin.canalblog.com
Notre invité du blog Aloys, Bob Boutique avec une lecture signée Edmée de Xhavée pour son opuscule "Point d'interrogation"
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Notre héros est un anti-héros : il n’a plus vingt ans depuis … oh, n’insistons pas. Il revient de loin : d’un AVC qui a presque voulu le garder tout bien serré contre son cœur. Son côté droit lui joue des tours en lui faisant croire qu’il est bien là, pour méchamment le laisser tomber, c’est le cas de le dire.
Notre anti-héros est loin d’être un froussard, il ne l’a jamais été mais franchement, ça ne l’aide plus beaucoup dans la situation actuelle. Il n’est pas non plus de ceux qui abandonnent facilement, car – qui dit mieux ? – il monte et descend les escaliers de sa spacieuse demeure, tout seul, malgré ce fichu côté droit qui ricane et fait de parfois de lui, involontairement, un Fred Astaire assez souple ma foi.
Et un beau jour qu’il est seul, une voix perturbe sa quiétude de héros fatigué et l’attire en bas, plus bas, plus bas encore, tout en bas de la maison. C’est là qu’un singulier dialogue du genre « mon cher enfant, confiez-vous à moi, je suis votre confesseur » « oui mais bon, pas question de répéter tout ça, hein » prend place.
Des points d’interrogations constellent l’échange, rebondissent et retentissent. Des perles aussi, car tout anti-héros qu’il est, il a une femme qui l’aime et qu’il aime, il a obéi tout seul ou presque à l’injonction « lève-toi et marche » en ajoutant « et monte, et descend », il écrit encore et encore, il a une cagnotte aux souvenirs pleine à craquer et une autre, la cagnotte du futur, qui luit dans le noir. James Bond n’a pas eu une pension semblable, lui… Ni Hulk.
Que de points d’interrogations sur une vie, et que de destins programmés reçoivent une autre programmation spectaculaire d’une main inconnue. Que de pessimismes qui déposent des épines sur les hanches rondes de ce point de ponctuation, alors que les optimistes en font luire les courbes…
Un opuscule qui oui, pose des questions comme le fait notre anti-héros héroïque, dans lequel on retrouve certes l’écriture de Bob Boutique, mais un Bob Boutique nouveau style, avec un changement de vitesse. L’amour y a pris une autre dimension et une autre expression. Il n’est plus accessoire, il est l’enveloppe même du récit, même s’il est peu mentionné…