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Chronique du livre de Virginie Richel "Le présent du chameau" par Joëlle Rochard

Publié le par christine brunet /aloys

 

Histoire pour les adultes ou pour les enfants ?

En effet à qui s’adresse ce conte où, tour à tour, les habitants de Terreferme doivent s’adapter à leur nouvel environnement ? Tout ça, parce qu’un chameau a avalé leur minuscule planète !

Changer de monde génère de la peur.

Les parents n’y voient que des problèmes, ils réfléchissent à des solutions, courent partout et en oublient de serrer leurs enfants dans leurs bras…

Dans le noir, les enfants se rapprochent, s’appuient les uns sur les autres et découvrent un nouveau monde. Ils vont vers tout ce qui les intriguent, expérimentent, rêvent, créent. Ils vont même jusqu’à croquer des morceaux de nuages et découper un bout de soleil, mais ce qu’ils veulent par-dessus tout, c’est que les grands retrouvent le temps et l’envie de s’occuper d’eux, de les câliner.

Regarder le monde qui change avec des yeux d’enfants, accepter de perdre nos repères pour mieux l’appréhender et nous recentrer sur l’essentiel. C’est difficile quand on est un adulte, mais encore faut-il essayer…

J’ai été séduite par le côté surréaliste de cette histoire : regarder au-delà de la réalité, découvrir le monde sous un autre angle de vue, et saisir les opportunités que peut générer un grand bouleversement.  Nous y serons de plus en plus confrontés, non ?

 

Joëlle Rochard

 

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Edmée de Xhavée a lu pour ActuTV "Les Viateurs" d'Alain Charles.

Publié le par christine brunet /aloys

 

Un roman très singulier, qui nous surprend de page en page...!

Quelque chose de terrible est arrivé. La terre a tremblé, les immeubles se sont effondrés, et les rues sont désertes.

Les chapitres alternent ce qu’il en est des rares survivants enfants, et des adultes. Le lien constant est à la fois la voix de Georges, père du jeune Pol, et une puis deux magnifiques hulottes – diurnes, mais on le sait, plus rien n’est « comme avant » - au vol de phénix qui semblent veiller sur le petit groupe des enfants.

Pol et ses amis d’infortune – Zabeth ingénieuse mais au langage de charretier, P’tit Poutch le poupon qui ne sait qu’une chose : on s’occupe de lui, le Poète qui s’exprime en vers et reprend des couleurs, et Angèle arrachée au suicide – n’ont qu’un objectif : comment passer cette journée, puis on verra pour la suivante. Ils sont dans le présent, un présent très exigeant en ce qui concerne les ressources, la résilience, l’objectif futur. Il leur faut se nourrir – les magasins ont été pillés par les survivants, les bien périssables périssent, il est urgent de mettre en place des systèmes D, E, F avec beaucoup d’imagination, il s’avère capital d’éviter es enfants gris, ces hordes d’enfants sauvages extrêmement agressifs aux cris stridents qui vivent dans le métro éboulé et se nourrissent des rats en s’entretuant. Il leur faut faire confiance à la voix et entreprendre une longue marche hors de la ville…

Les adultes, eux, sont dans une galerie nantie d’une seule porte. Ils attendent, le visage figé, le regard creux, éclairé parfois par une curiosité agressive quand quelqu’un ne fait pas comme eux, qui ne savent pas pourquoi ils le font ni ce qu’ils attendent, mais ils sont devenus de dociles attendeurs. Parfois, un adulte prend une initiative, passe « son tour » et on ne le revoit jamais. Parmi ces adultes, Georges et Mathilde, rencontrés par hasard et père de Pol ainsi que mère de Zabeth. Eux… c’est le passé qui anime leurs conversations, pour comprendre. Georges fait le tour des avertissements ignorés (réchauffement climatique, pouvoir, domination, paupérisation) et des enseignements religieux, philosophiques, voire historiques. D’autres civilisations ont connu cet anéantissement, ce n’est pourtant pas la première fois que ça se produit, et toujours on aurait pu éviter que ça recommence. La mort, la vie avant et après elle, les rêves… Georges et Mathilde débattent et dissèquent. Il s’agit, pour eux, d’aller de l’avant ou de revenir en arrière si possible.

 

Là, je vous laisse savourer la fin, qui est un coup de maître !

 

Edmée de Xhavée

 

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Christine Brunet a lu pour ActuTV « Chroniques de l’invisible : le sixième domaine » d'Ani Sedent

Publié le par christine brunet /aloys

 

En 2015, un peu après la sortie du premier tome, j’avais lu puis chroniqué « Magie en péril » avec un véritable plaisir : on y faisait la connaissance d’Hortie, une fée marraine très attachante, de Merlin, un mage (oui, peut-être, celui que vous connaissez tous !) au caractère tonitruant et de son apprenti chevalier, Valérian, un valeureux héro casse-cou et très intuitif. Nous nous étions enfoncés jusqu’au cou dans le monde magique créé par Ani Sedent, entre fantastique et heroic fantasy, entre fées, sorcières, mages, nains, elfes et dragons. Je n’ai pas l’intention de vous raconter ce premier tome, mais sachez simplement que l’auteur nous avait concocté une fin si surprenante qu’elle ne pouvait que nous convier à attendre le tome 2 avec impatience.

https://www.aloys.me/2016/01/christine-brunet-a-lu-chroniques-de-l-invisible-d-ani-sedent.html

J’avais presque oublié Hortie, Merlin et Valérian… Mais voilà qu’enfin le second tome paraît ! Je ne pouvais que me précipiter sur l’opportunité de le découvrir et de vous le faire partager… Mais cette fois, que vous dire ???  J’ai adoré ! Un coup de cœur ! Un autre, me direz-vous ? Un peu particulier, celui-là parce qu’il est le confluent de tout ce que j’aime : une belle écriture, de l’aventure à gogo, des héros magnifiques et intrépides, un univers particulier qui semble être la résultante de plusieurs courants, de plusieurs mondes tout en les croisant avec un autre, très étonnant, créé par l’auteur. Il est à la fois destiné aux enfants, aux ados et aux adultes. Il transporte le lecteur qui n’a qu’une envie : poursuivre la lecture sans s’arrêter et connaître le dénouement au plus vite…

Alors que dans le premier tome, nos héros s’étaient lancés aux trousses d’une sorcière noire, Nébula, qui était parvenue à s’évader de la prison où Hortie l’avait enfermée, cette fois, Merlin a disparu… Enfin disparu… Pas tout à fait… Accusé d’avoir volé un grimoire elfique très précieux, il est déporté par le Grand conseil dans un endroit secret. Hortie et Valérian se lance alors à sa recherche, convaincus que le vieillard est innocent. Ce qu’ils vont alors découvrir va bien au-delà de leurs plus sombres pensées…

Quant à la chute, Ani Sedent a le don de nous laisser pantois ! Plus qu’une seule solution : attendre le 3e tome en espérant qu’il paraisse au plus vite !! Ani Sedent nous propose du rêve… Laissez-vous vous emporter !

NB pour l’auteur : j’adore Azimuth ! (pour vous, lecteur, il s’agit d’un dragon…) Il donne encore plus de relief à l’histoire et un côté amusant et espiègle qui contrebalance le caractère de la petite fée-Marraine et souligne le côté grincheux de Merlin !

NB pour les lecteurs : ce second tome peut être lu indépendamment du premier ! Alors, n'hésitez pas !

 

Christine Brunet

 

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Christine Brunet a lu pour Actutv « Une si jolie poseuse de bombes » d'Alain Charles

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

Première fois que je lis un roman d’Alain Charles et c’est un coup de cœur ! Voilà, c’est dit !

Ce livre est si « complexe » que je vais avoir du mal à le chroniquer sans trop en révéler… Tant à dire !

Tout est atypique dans cette histoire. Sa structure, d’abord… rythmée par trois aspects : les articles de journaux qui donnent aux lecteurs l’avancée de l’enquête de police et l’état d’esprit de la famille de la poseuse de bombe, les échanges entre le docteur Caroll, chirurgien esthétique (je ne sais pas comment l’appeler…) on va dire manipulateur de cerveaux et un personnage contradicteur qui semble le surveiller, porte-parole d’un Grand conseil d’autres médecins très dubitatifs quant à la technique employée par Caroll, très jaloux également de ses petites réussites sur le cobaye féminin… un autre médecin, sans doute.

Et puis, il y a les épisodes « Alice ». Une poseuse de bombe du nom d’Apolline, gravement blessée dans l’explosion de son engin, a été transférée incognito dans une unité spéciale de soins dans laquelle une technique de lavage de cerveau est mise au point. Et Apolline, transformée physiquement, sa mémoire remise méticuleusement à zéro, devient Alice… Une Alice blonde aux yeux d’un bleu intense, au physique de rêve… Une Alice du Pays des Merveilles… à la personnalité recomposée à chaque épisode nocturne par son « re-créateur ».

Le lecteur assiste à un triple processus : l’évolution d’Alice avec, en parallèle, dans une sorte de huis-clos, la destruction de la carrière du docteur Caroll que le conseil de l’ombre désapprouve, et comme un envers du miroir, les recherches  effectuées par la famille et la police pour retrouver Apolline.

Est-ce que Alice va, en fin de compte, retrouver la mémoire ? Va-t-elle retrouver ses parents et donc repartir en prison voire pire, poser une autre bombe sous l’influence psychique d’une autre entité manipulatrice, les 3A ? Va-t-elle s’installer dans son univers d’Alice et devenir libraire ?

Le lecteur suit le processus avec passion d’autant qu’il est construit de main de maître par l’auteur dont la plume est aiguisée et précise.

Ce roman est construit comme un huis-clos au début. Lorsqu’il s’ouvre enfin, à la fin, on tremble…

J’aimerais vous en dire plus mais l’intelligence de cet ouvrage réside aussi et surtout sur la surprise…

Bravo à l’auteur ! Un livre à découvrir de toute urgence !

 

Christine Brunet

 

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Résultats concours "Les petits papiers de Chloé" - Thème : "Lâcheté(s)"

Publié le par christine brunet /aloys

Texte 1 : Carine-Laure Desguin  ............................ 1 voix

Texte 2 : Edmée de Xhavée .....................................  4 voix

Texte 3 : Micheline Boland

Texte 4 : Micheline Boland

Texte 5 : Brune Sapin

Texte 6 : Joe Valeska ....................................................  1 voix

Texte 7 : Philippe Desterbecq

 

Bravo à Edmée de Xhavée, notre gagnante !!!

 

Et merci à tous les participants qui nous ont proposé de très beaux textes !!!!!

 

Publié dans concours

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Texte 7- le dernier ! Concours "Les petits papiers de Chloé"; "lâcheté(s)" - On vote sur ce post !

Publié le par christine brunet /aloys

 Dernier texte du concours ! Votes jusqu'à demain soir 21h sur ce post en commentaire ! 

Résultats le 31/10 

*

 

Je sais, j’ai été lâche. Je n’ai rien fait, pas bougé le petit doigt pour que les choses se déroulent autrement, mais si j’avais dit ou fait quelque chose, est-ce que tout aurait été différent ?

Je ne voulais surtout pas le perdre. Je n’aurais pas supporté de vivre seule. J’ai toujours eu peur de la solitude. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai épousé John : pour ne pas être seule, pour ne pas avoir à affronter les épreuves de la vie sans aide, pour ne pas avoir les pieds froids la nuit.

Quand j’ai épousé Patrick, j’étais très jeune. Ma mère venait de mourir ; je n’avais ni frère ni sœur. Ma mère et moi, nous avions toujours vécu en symbiose : jamais l’une sans l’autre. Je ne me serais sans doute jamais mariée si ma mère avait vécu plus longtemps. Mais la maladie l’a emportée alors qu’elle était encore dans la fleur de l’âge. Il faut dire qu’elle ne s’est pas vraiment battue pour rester avec moi. Elle m’aimait, je le sais, mais jamais elle n’avait pu oublier son bel amant, mon père, et son véritable désir était d’aller le retrouver là où il devait l’attendre, dans un lieu auquel je n’avais pas accès.       
Patrick m’a trompée avec tout ce qui bouge : sa secrétaire (le coup classique), ma meilleure amie (oui, je sais, ça fait terriblement cliché, mais c’est la vérité), la voisine,… Je n’ai jamais rien dit. Là aussi, j’ai été lâche. Je préférais fermer les yeux afin qu’il ne me quitte pas. Je n’aurais pas supporté de vivre seule dans ce grand appartement vide dont j’avais hérité à la mort de ma mère. Et pourtant, il est parti, m’abandonnant à mon triste sort. J’avoue que je n’ai pas vraiment souffert de la solitude à ce moment-là, car avant de partir il m’avait laissé un cadeau : une petite graine qu’il avait implantée dans mon ventre. J’avais quelqu’un à qui parler : une vie qui se développait à l’intérieur de moi. Nous étions deux, seules contre le monde entier, comme je l’ai été longtemps avec ma mère jusqu’à ce qu’elle m’abandonne.

John, je l’ai rencontré au bureau. Un gars sympa qui s’intéressait à moi. Ça ne m’a pas laissé indifférente. Un jour, Elodie, ma petite fille allait me quitter, elle aussi, et je me retrouverais seule pour le restant de ma vie. J’ai dit « oui » à John, même si je ne l’aimais pas vraiment : il semblait si amoureux. Et puis, il était fou de ma petite Elodie. Il avait toujours rêvé d’avoir des enfants, d’avoir une petite fille aussi jolie que Boucle d’Or, aussi mignonne, qui deviendrait une jeune fille attirante, mais ça, je l’ai compris bien tard.

Elodie n’avait pas douze ans quand j’ai senti les premiers regards appuyés de John. Je n’en ai pas dormi de la nuit. J’avais sans doute mal vu, pas John, non pas lui, pas le papa de remplacement, pas le beau-père, charmant, attentionné, qui avait fait sauter sur ses genoux ma petite fille toute son enfance. Je me rends compte que j’ai employé le verbe « sauter ». Je ne savais pas à cette époque, qu’un jour, il signifierait tout autre chose !

Elodie grandissait en beauté (ça non plus, je ne l’avais pas remarqué avant d’avoir capté le regard envieux de mon amant). Elodie avait grandi si vite ; elle était devenue femme si tôt, si jeune. Elle était attirante, c’est indéniable, même pour un amant fidèle et amoureux comme John. Elodie commençait à se maquiller ; sa poitrine pointait maintenant sous son corsage trop serré ; elle s’achetait ses vêtements toute seule (elle n’avait déjà plus besoin de moi) et ses jupes étaient de plus en plus courtes, ses pulls de plus en plus décolletés.

Je n’ai rien dit, j’ai été lâche. J’ai fait semblant de rien. Je pensais qu’Elodie n’oserait jamais séduire son beau-père, celui qui l’avait fait sauter sur ses genoux. J’ai pensé que John n’oserait jamais toucher sa belle-fille, ma petite fille, ma poupée, mon ange.

Quand la police est venue sonner à ma porte pour m’annoncer que ma fille avait porté plainte contre mon compagnon, j’ai à nouveau été lâche. J’ai fait semblant. Non, je n’avais rien vu, rien remarqué. Ce n’était pas possible. Ma fille mentait. John n’aurait jamais osé…

Un jour, Elodie allait me quitter ; qu’importe que ce soit maintenant.  John, lui, resterait avec moi jusqu’à la fin de ma vie. Entre les deux, j’avais choisi. Ma fille mentait, je le savais !

Ce jour-là, John est rentré à la maison, un grand sourire aux lèvres, un bouquet de fleurs dans les mains. Il m’a embrassée et m’a simplement dit : « Merci chérie ».

Et moi, je me disais : « Pardonne-moi, ma chérie, mon Elodie, mon amour. Je suis si lâche, mais je ne pourrais pas vivre seule, tu comprends ? ».


 

Publié dans concours

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Texte 6 : concours "Les petits papiers de Chloé" ; "Lâcheté(s)"

Publié le par christine brunet /aloys

Niccolò

 

Dire adieu à Niccolò fut inqualifiable. Mais quel choix pourrait-on avoir, expliquez-moi, à seize ans ? Je ne pouvais pas avouer à mes parents ma flamme pour lui. Ni que je refusais de repartir chez nous, en Belgique. Alors, j’ai pleuré et pleuré encore. En silence. Bruyamment. J’ai caché mon visage quand les larmes débordaient aux moments inopportuns. J’ai couru me cacher dans ma chambre où son débardeur, imbibé de l’odeur de sa sueur séchée, était caché sous mon matelas. Le débardeur qu’il portait durant une partie de volley-ball endiablée… Le débardeur que j’ai réclamé, la veille de mon départ, et que j’ai chéri toute ma vie. Comme la relique de notre amour.

Niccolò, mon Italiano, travaillait, cet été-là, dans la station balnéaire de l’île Fitzroy où nous séjournions alors, mes parents et moi. Il était très sûr de lui et presque arrogant. Moi, j’étais une pauvre andouille que personne ne remarquait jamais. Mes seize ans m’étouffaient, cet été-là… Niccolò était un adulte de vingt-six ans, et je le vénérais. Il était si grand ! Si physiquement parfait ! Si « tout » ! J’étais, moi, d’une insignifiance rare… Pourquoi aurait-il posé ses yeux sur moi ?

Pourtant, il le fit. Mais jamais il ne m’encouragea. Bien au contraire, il me repoussa. Mais sans toutefois me brusquer. Jour après jour, croyez-moi, je fis tout mon possible pour le faire céder.

Une nuit, sur une plage de corail, je lui avouai mes sentiments. Il sourit, puis murmura que je lui compliquais grandement les choses. Lorsque je l’embrassai sur l’épaule, il me repoussa encore, m’intimant de rester sage. Je n’avais pas envie d’être sage ! Je l’aimais à la folie… Au bout de peut-être une minute, il pivota, se pencha sur moi et, finalement, m’embrassa. J’en eus le souffle coupé… Il ricana, mais pas méchamment. Je devais le regarder comme s’il était une star hollywoodienne.

Je me blottis contre son torse et voulus le caresser, l’embrasser encore, mais il resta de marbre. « Je t’ai donné ce que je pouvais te donner », dit-il comme un lourd regret.

Mais, quelques jours plus tard, dans ma chambre, juste à côté de la chambre de mes parents, nous fîmes l’amour… aussi discrètement que possible. Ce fut magique ! Les détails m’appartiennent…

Pendant la dernière semaine de nos vacances en Australie, nous ne nous quittâmes plus. Mes parents soupçonnaient quelque chose, bien sûr, et je me souviens lui avoir dit que je ne voulais pas qu’il ait des ennuis. « Chut… », me dit-il. Cette semaine fut merveilleuse, mon Dieu ! Mais notre séparation fut la mort de mon adolescence. La déchirure de mon âme qui ne guérit jamais vraiment.

On s’écrivit… On se téléphona… Cela dura des mois. Un jour, fatalement, il me dit qu’il avait rencontré quelqu’un. Je crus mourir, mais je lui souhaitai évidemment tout le bonheur qu’il méritait. « Je t’aimerai toujours », dit-il avant de raccrocher. « Je t’aimerai jusqu’à ma mort », répondis-je.

Les années passèrent. Dix années passèrent. Nous nous retrouvâmes par hasard, un soir, dans un restaurant en Italie. J’étais accompagné. Lui aussi.

Nous échangeâmes un long sourire. Un sourire qui exprimait joie et frustration. Je me levai et me dirigeai vers les toilettes, espérant le voir me suivre. Il le fit.

Les yeux débordant de larmes, nous nous donnâmes une longue et chaleureuse accolade, et nous échangeâmes un baiser intense. Sa langue m’électrisa. Quel bonheur ! Quelle torture !

« Je n’ai jamais cesser de penser à toi », m’avoua-t-il. « Je n’ai jamais cessé de t’aimer », avouai-je à mon tour. « J’ai toujours ton débardeur. Il est toute ma vie. »

Mais notre vie nous attendait… Nous retournâmes donc chacun à notre table, le cœur en mille morceaux. Il fallait faire semblant. Il ne fallait pas blesser les nôtres.

Au moment de partir, il fit mine de bousculer ma chaise. Une excuse pour poser une dernière fois sa main sur mon épaule. Mes larmes coulèrent malgré moi. Je ne le revis plus jamais.

Ma vie ne fut pas laide. Pas du tout. Mais elle ne fut pas complète. J’ai aimé, sincèrement. J’ai donné, très sincèrement. Mais mon cœur était irrémédiablement malheureux.

Aujourd’hui, j’ai 58 ans, et je viens d’apprendre la mort de Niccolò. Je n’ai jamais autant souffert. Jamais autant pleuré. Et je maudis notre lâcheté et le carcan de la bienséance.

Je n’ai plus la force d’écrire, pardonnez-moi… Je sens les médicaments m’aspirer dans le néant qui me réconfortera. Je viens te retrouver, mon Italiano ! Je viens te retrouver sur cette île, en Australie. Sur cette île où, sans le vouloir, tu m’as volé ma raison. Je t’aime tellement…

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Texte 5 : concours "Les petits papiers de Chloé" ; "Lâcheté(s)"

Publié le par christine brunet /aloys

 

Bravade contraire

 

Mystères, secrets – surprises !

Lâchetés ?

Mensonges, trahisons

– découverts, explications, se justifier.

Lâcheté, lâcheté !

Les lâches tuent d’un trait, d’un regard, d’un faux parler

– d’une promesse niée, d’un serment brisé –

d’un cœur déchiré, d’un soupçon

– il suffit de soupçonner,

il suffit d’idées.

Lâcheté, lâcheté !

Les mots sont les pires

– trop vides, trop étriqués pour traduire la pensée.

Le mot lâcheté

Celui de vivre

Celui d’aimer

– jamais assez,

jamais vivre assez fort pour aimer.

Écrire, c’est plus vrai.

Pas pour dire.

On n’écrit pas pour dire.

On écrit pour se rapprocher, pour moins de lâcheté, moins de paroles

– pour calmer le vent,

et distraire la gravité du temps –

pour ne pas exténuer le sens des sentiments.

Pour le courage des émotions.

Écrire, ou créer – c’est toujours vrai.

C’est brandir

Brandir inlassablement

Contre les promeneurs, contre les mains dans les poches

Contre les imposteurs d’être

Brandir ce que créé

Ce que créé malgré.

 

 

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Texte 4 : concours "Les petits papiers de Chloé" ; "Lâcheté(s)"

Publié le par christine brunet /aloys

CÔME VERSUS GRÉGORY

 

 

Côme est un jeune collégien de douze ans. Il est petit, mince, intelligent, poli, cultivé, excellent élève, plutôt timide. Il manifeste un bégaiement dont s'amusent avec discrétion la plupart de ses condisciples.  Cet après-midi-là, à l'heure de la sortie des classes, dans le large et long  passage qui relie la rue principale à la rue où se situe le collège, des éclats de voix et des rires se font entendre. Quatre adolescents s'en prennent à Côme. Ils le bousculent, ils l'imitent, ils l'appellent "le bègue" laissant indifférents d'autres collégiens et collégiennes qui empruntent eux aussi le passage. Tous continuent leur chemin comme si rien de spécial ne se passait, comme s'ils étaient soudain devenus sourds et aveugles aux sévices et à la détresse.

Grégory est un adolescent élancé de quinze ans, il avance seul d'un pas rapide, il voit la scène et se précipite aussitôt vers le petit groupe. Il enjoint : "Laissez-le. C'est mon cousin, mes parents sont des amis du préfet de discipline et je pourrais vous dénoncer, car je vous connais de vue, je vous repère jour après jour dans la cour de récréation." Ces affirmations plus ou moins élaborées à partir de la vérité impressionnent les collégiens qui disparaissent sur-le-champ. Côme balbutie plusieurs "merci" et Grégory poursuit un bout de chemin à ses côtés. Il lui dit : "Ne me remercie pas tant. C'est normal que je sois intervenu. Plus tard, fais la même chose si tu te trouves dans le même genre de situation…"

*******

Côme a vingt ans. Il est étudiant à l'université et rejoint à pied son logement. C'est un début de soirée d'automne comme les autres. L'obscurité l'emporte déjà sur la lumière, mais des lampadaires éclairent  un peu les lieux. En passant dans le square situé en face de l'immeuble où il loue un studio, Côme entend des cris. Il presse le pas, rentre au plus vite sans jeter un regard derrière lui. Il emprunte l'ascenseur, puis, sitôt franchie la porte d'entrée de sa chambre, il s'élance vers la fenêtre. Il aperçoit ainsi deux hommes qui portent des coups à un autre.

Il est tétanisé. Il n'ose appeler les secours, il n'ose prévenir d'autres habitants, il n'ose même pas ouvrir la fenêtre et se mettre à hurler pour alerter des passants. Il a peur. Les mots drogue, trafic, violence, racket lui font peur, si peur ! Son pouls s'accélère.

Le lendemain, il apprend par Lucas, un autre locataire, que la veille en rentrant du travail, celui-ci avait découvert couché sur un banc du square un individu blessé qu'on avait tabassé pour lui voler son portefeuille. Il avait dû emmener l'homme aux urgences. L'homme était, semble-t-il, fort traumatisé.

Côme repense alors à Grégory. N'a-t-il pas trahi Grégory en n'intervenant pas ? Alors, il se met à pleurer. Tous les lâches pleurent-ils quand ils prennent conscience de leur lâcheté, se demande-t-il ?

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Texte 3 : concours "Les petits papiers de Chloé" ; "Lâcheté(s)"

Publié le par christine brunet /aloys

 

Lâcheté ou pas ?

 

Marie a rencontré Thomas à l'occasion d'une soirée de mariage. Dès le premier regard, dès les premiers mots de Thomas le cœur de Marie s'était mis à battre la chamade. Elle l'avait trouvé parfait et pour tout dire, il lui a avoué que lui aussi l'avait trouvée parfaite. Ils étaient beaux et jeunes comme le sont les princes et les bergères dans les contes pour enfants. Ils s'étaient revus régulièrement. Au fil des mois, ils avaient gardé des papillons dans le ventre. Ils s'étaient fiancés puis mariés.  

 

À présent, restent en eux tendresse, désir, émerveillement, prévenance, amour l'un pour l'autre. Le point fort de Thomas c'est l'expression orale. Quand ils échangent leurs points de vue, Marie renonce à lutter, car Thomas est le plus fort. Au début de la discussion, quand leurs avis divergent, par avance elle le reconnaît vainqueur et au fond d'elle-même elle s'avoue vaincue. Pourtant, elle est une perdante heureuse, comblée. Elle laisse les arguments de Thomas la pénétrer comme peuvent la pénétrer les effluves délicats apportés par une rafale de vent. Ses certitudes vacillent alors comme le feraient des fleurs sous une brise légère. Elle remet en doute ses opinions, mais ce ne sont pas des opinions essentielles, car  elle et Thomas ont tant de points communs. Elle se sent même souvent assez d'accord avec ses propos. Il déploie ses arguments comme le font des ténors du barreau. C'est un spectacle enchanteur. Elle est fascinée par l'audace de Thomas, par sa facilité à argumenter face à leurs amis et leurs parents, par son sens des nuances, mais aussi par sa facilité à rebondir. Quand ils s'étaient rencontrés, elle n'avait pas résisté à son beau regard bleu, mais surtout, à sa voix tellement agréable. Elle avait alors suivi la pente délicieuse de sa conversation, intervenant assez peu, n'ajoutant qu'un détail, une infime précision…

 

À présent, depuis qu'ils vivent en couple, la mère de Marie a formulé plusieurs fois le constat qu'elle est devenue lâche. "Tu te laisses mener par le bout du nez. Tu capitules face aux desiderata de Thomas. J'ai l'impression que son bagout te fait perdre la tête. Tiens, l'autre fois, il avait envie d'un week-end à la mer, tu avais envie d'aller à Paris. Résultat : vous êtes allés à la côte.", a-t-elle remarqué dernièrement. Marie avait répondu : "Je ne suis pas lâche, je suis juste amoureuse, Maman. Nous irons à Paris, un autre week-end, quand Thomas sera moins fatigué. C'est seulement une visite qui a été reportée." Pourquoi se battre pour défendre un choix qui n'est finalement pas réellement important puisque que ce qui compte c'est de goûter à de petits plaisirs aux côtés de Thomas ? Est-ce lâcheté ou amour ? N'est-ce le cœur et la sensibilité qui l'emportent simplement ? Sa mère dit qu'il la manipule. Mais non, c'est la simple caresse des mots qu'il choisit qui l'envoûte, pense Marie.   

Publié dans concours

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