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Joël Godart nous propose un extrait de son ouvrage : FAIRY

Publié le par christine brunet /aloys

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Publié dans extraits, Poésie

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Salvatore Gucciardo en invité sur le blog Aloys pour un article dans Bruxelles Culture

Publié le par christine brunet /aloys

Salvatore Gucciardo en invité sur le blog Aloys pour un article dans Bruxelles Culture
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Joe Valeska nous propose un extrait de son premier tome des Meurtres surnaturels

Publié le par christine brunet /aloys

Jacobo Kolovos

 

Un extrait de Meurtres Surnaturels, volume I :

Les Métamorphoses de Julian Kolovos

 

Par Joe Valeska



 

Le ciel bleu immaculé s’assombrit tout doucement, alors qu’un beau soleil brillait jusqu’alors au-dessus de l’océan Atlantique. Les dauphins tachetés qui surfaient et faisaient des bonds prodigieux aux étraves du Theϊκόs Kolovos disparurent dans les profondeurs.

La pluie commença à tomber, se transformant bien vite en une violente tempête, et les vagues enflèrent jusqu’à devenir bien plus pointues que les ailerons des requins.

Le second, un Gallois trentenaire très distingué de Cardiff répondant au nom de John Lloyd, hurla à tout l’équipage de retourner à son poste. Le bosseman, un homme à la mine renfrognée, nettement plus âgé, reprit l’ordre et commanda les matelots aux manœuvres du pont et des gréements nécessaires, vitales, en de pareilles circonstances. Dans leurs oripeaux trempés qui leur collaient à la peau, leur glaçant cruellement l’échine, ils s’exécutèrent, mais, malgré leur expérience maritime, ils avaient compris où ils se trouvaient, car tel était le but de leur expédition, et cacher leur inquiétude semblait tout bonnement impossible.

La chanson qu’ils se mirent à chanter pour se donner du courage n’y changerait rien.

Ils se turent quand le capitaine Jacobo Kolovos, ancien corsaire du roi George IV, sortit enfin de sa cabine, son singe Saïmiri sur une épaule, lequel jappait, terrifié.

– Du calme, mon petit Laurence… Du calme… susurra-t-il à son compagnon.

Jacobo Kolovos était un homme grand, solide, à la peau hâlée et aux yeux verts expressifs. Il avait de longs cheveux noirs qui tombaient en cascade sur la veste de son uniforme. Un homme qui devait plaire aux femmes, immanquablement. Il sortit une figue de sa poche et la tendit à l’animal. Ce dernier, reconnaissant, avait adopté Jacobo Kolovos après avoir été sauvé de l’étreinte d’un boa constrictor affamé… Cela s’était passé lors d’une expédition au Costa Rica, en Amérique centrale.

Le capitaine ne semblait point troublé, du moins extérieurement, mais étrangement excité. Qu’importe si le Theϊκόs Kolovos tanguait dans tous les sens. De bâbord à tribord et de la poupe à la proue.

Monsieur Lloyd lui demanda comment il pouvait afficher un tel stoïcisme face au destin funeste qui les menaçait tous. La seule perspective d’une mort certaine ne l’effrayait-elle donc pas ? De plus, il avait une femme et des enfants qui attendaient son retour, là-bas dans le Kent, comme lui-même avait une épouse et un tout jeune garçon qui attendaient son retour, à Cardiff, et comme certains des hommes d’équipage avaient leur propre famille, quelque part au Royaume-Uni. Ou ailleurs dans le vaste monde. N’avait-il pas peur de ne plus jamais les revoir ? Lui, il avait très peur.

– Nous voici enfin face à l’aventure de notre vie, Monsieur Lloyd ! lui cria le capitaine. Messieurs, nous avons trouvé ce que nous cherchons depuis des mois ! Le Triangle des Bermudes est là, sous la coque de notre bon vieux rafiot !

– Nous avons une voie d’eau, Capitaine ! hurla un jeune matelot en remontant de la cale à la hâte. Nous pourrions perdre tous nos vivres !

– Eh bien ! Prenez deux ou trois hommes avec vous et faites votre travail, Monsieur Winchester ! Ne désespérez donc pas !

– À vos ordres, Capitaine ! Monsieur Beckley, Monsieur Mason et Monsieur Williams, avec moi ! Le temps presse !

– Quant aux autres, allégez-moi ce navire ! décida Jacobo Kolovos. De la proue à la poupe !

– À vos ordres, Capitaine ! répondit le bosseman. Allez, fillettes, on jette tout ce qu’on peut jeter par-dessus bord !

– Capitaine, la voilure… Nous devrions la réduire, lui suggéra alors son second, faisant des efforts surhumains pour rester debout.

– Et je suis d’accord avec vous, Monsieur Lloyd, acquiesça Jacobo Kolovos. N’ayez pas peur, mon petit Laurence, dit-il à son compagnon qui jappait de plus belle, sur ses épaules. Nous avons traversé tellement d’autres tempêtes… Nous traverserons aussi celle-ci ! Réduisez la voilure ! ordonna-t-il enfin.

Mais les vagues s’élevaient de plus en plus, semblant danser tout autour du navire, l’encerclant et se moquant de son évidente fragilité. Elles atteignirent une hauteur monstrueuse en quelques ridicules petites secondes.

Tous les hommes, trempés jusqu’aux os, grelottaient. Un mousse, accroché au mât d’artimon, pleurait. Un gabier chuta de sa hune. Le malheureux tenta de se rattraper à un hauban, persuadé qu’il y parviendrait, mais il se brisa la nuque en s’écrasant lourdement sur le pont du Theϊκόs Kolovos.

Le petit Saïmiri sauta de l’épaule de Jacobo Kolovos et, tout en gloussant, partit trouver refuge dans la cale où s’activaient monsieur Winchester, monsieur Beckley, monsieur Mason et monsieur Williams. Mais les quatre hommes désespérés se sentaient dépassés…

Un autre gabier se fracassa le crâne en tombant sur un cabestan. La foudre frappa le guetteur tétanisé resté tout ce temps dans son nid-de-pie, le tuant sur le coup.

Le bateau, à la merci de la fougue destructrice de l’océan qui n’en finissait plus de se déchaîner, tanguait dangereusement, et les hommes s’accrochèrent aux cordages en chanvre de Manille du gréement, à tout ce qu’ils pouvaient, aux haubans, aux mâts.

À quoi bon ? Les vagues immenses qui bondissaient par-dessus le pont emportaient avec elles les membres de l’équipage les uns après les autres. Et les abysses avides de chair fraîche les attendaient avec la plus grande impatience…

Jacobo Kolovos, pensant avec émotion à sa famille dans le Kent, bien loin de cet enfer, murmura des prières. Il réalisa enfin, mais trop tard, la folie de son entreprise : percer le mystère du Triangle des Bermudes. Il comprit qu’ils ne reviendraient pas. Aucun ne reverrait la mère patrie. Aucun ne reverrait sa famille. L’océan Atlantique serait leur dernière demeure, et leurs corps nourriraient les poissons. Ou quelque autre créature géante cachée dans les profondeurs de ce Triangle de la mort… Le Léviathan de la Bible, peut-être.

Les vagues géantes dansaient toujours, étrangement belles.

– Ce fut un honneur pour moi de servir sous vos ordres, Capitaine, dit Lloyd, blême, en écoutant le navire craquer sous le talon de ses bottes.

– Que dites-vous là, Monsieur Lloyd ? fit mine de s’étonner Jacobo Kolovos. Vous et moi, nous n’avons pas fini de briquer les mers et les océans !

Mais il mentait. Ils le savaient tous deux.

– Mais où diable est passé Laurence ? Laurence ! cria-t-il. Reviens, Laurence ! Ne m’abandonne pas…

Dans un dernier acte de foi, le capitaine Kolovos courut pousser le timonier, monsieur MacCorkindale, pour prendre sa place à la barre. Les éclairs illuminèrent les ténèbres. Une vague titanesque souleva alors le Theϊκόs Kolovos qui s’inclina à tribord. Le bateau parut se déchirer par le milieu, le grand mât se brisa à sa base, puis le mât d’artimon et le mât de misaine, à l’unisson, et le Theϊκόs Kolovos fut broyé comme une vulgaire noix. Empêtrés dans les voiles, des hommes ne comprirent que trop tard qu’ils sombraient avec les innombrables débris de leur navire…

Le capitaine Jacobo Kolovos coula le dernier, les deux yeux grands ouverts et les bras en croix.

Il se sentit écrasé par la formidable pression de l’eau !

Une chute lente et incroyablement longue, mille fois trop longue, s’amorça alors pour le capitaine du Theϊκόs Kolovos à demi inconscient. Il crut voir nager son petit singe Saïmiri, Laurence, tout près de lui. Il semblait tout guilleret… Ses yeux noirs, entourés d’un masque clair, presque blanc, étaient pleins de vie. Les dauphins tachetés étaient là, eux aussi, très nombreux. Ils lui offrirent un ballet, évoluant tous en parfaite synchronisation. Non loin de là, quand les animaux disparurent, il crut voir apparaître sa femme, Abigail, sourire aux lèvres – ses belles lèvres roses qu’il rêvait d’embrasser. Son visage au teint de porcelaine était encadré d’une longue chevelure noire qui se mouvait très mollement sous l’action de l’eau. Elle lui tendit la main dans un doux mouvement fantomatique.

Des hallucinations.

Loin sous la surface, ses poumons finirent par s’effondrer sur eux-mêmes, mais Jacobo Kolovos n’éprouva point cette terrible agonie. Il était mort noyé entre-temps.

Les ténèbres étaient à présent absolues. L’homme chutait toujours…

 

Publié dans extraits

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Présentation du conte : « Les nuages de Fudji », la petite chatte par son auteur Marie-Alice Claeys

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

Chacun se souvient des merveilleux contes d’enfance qui ont enchanté des générations entières. Encore aujourd’hui, lire ou écouter un conte est un moment privilégié d’évasion, d’imagination et aussi de réflexion. 

J’ai choisi d’écrire un conte initiatique pour parler d’un sujet souvent et injustement écarté, celui de la maladie. Ne dit-on pas « le mal a dit ». La maladie peut être un langage comme si quelqu’un venait frapper à votre porte pour vous annoncer un message. Et c’est ce qui arrive à la petite chatte Fudji dans ce conte.

Fudji découvre un beau jour des petites taches blanches sur sa peau « des petits nuages » comme elle dit. L’apparition régulière de ses taches devient pour elle une source d’inquiétude et de questionnement. Intriguée, elle veut comprendre le pourquoi et le comment de cette maladie. Elle part alors à la quête de l’origine et du sens à donner à cette maladie. Ses deux compagnons de route, la tortue et la lune, l’aident et la guident sur une piste de réflexion pour remonter son passé et son histoire familiale. Tout au long de son cheminement, parsemé de découvertes et d’épreuves, Fudji garde en elle toujours cet espoir de guérison.

La maladie n’est pas quelque chose d’isolé mais c’est un événement qui survient pour nous éclairer sur quelque chose de caché ou de non-dit dans notre histoire personnelle. Tout un chacun peut être concerné. Dans ce conte initiatique, je me suis inspirée d’une part de la biologie totale et du décodage biologique (moyen très fiable pour rechercher l’origine de la maladie) et d’autre part de mon histoire personnelle.  

Quand vous comprenez ce qui se passe dans votre corps et vous lui donnez un sens à ce qui vous arrive, vous transformez votre vie.

Argumentations du conte

  1. Le conte initiatique aide à faire face à sa maladie, à s’interroger sur le sens de celle-ci pour mieux l’accepter et la comprendre. 
  2. Le conte informe dans la préface des moyens utilisés (par la narratrice) pour remonter à l’origine de la maladie (arbre généalogique, biologie totale et décodage biologique), techniques tout à fait abordables par « tout un chacun ».
  3. Le conte invite la personne malade (quelle que soit sa maladie) à remettre le sens de son histoire sur la maladie qui lui arrive, à découvrir les liens invisibles et inattendus à l’origine de la maladie.

Quand vous comprenez ce qui se passe, le sens de ce qui vous arrive, vous transformez votre vie.  

 

Cible des lecteurs

  • Pour adultes
  • Pour les jeunes à partir de 10 ans 

 

Biographie 

Après une carrière professionnelle dans les Ressources Humaines, plume à la main, Marie-Alice Claeys (nom d’emprunt) s’adonne à l’écriture.  L’être humain, dans sa complexité mais aussi dans sa richesse, la passionne. Elle est intéressée par le développement personnel et a d’ailleurs écrit un premier récit « Le souffle du coquelicot » qui raconte une thérapie par le souffle.  

Elle partage sa vie entre la Belgique et la France.  Sa plume et sa passion de l’écriture sont ses compagnons de route.

Elle est belge de nationalité.

 

Quelques lecteurs ont témoigné :

Vous venez de m'offrir un grand moment d'intense plaisir !

Une écriture fine, intelligente, raffinée autant que percutante, un conte-poème à savourer sans modération. Et qui offre de surcroît, de belles pistes de réflexion sur le vitiligo mais pas que...

Son universalité, ouvre de larges pistes de compréhension du processus de création propre à toute maladie. Bravo et merci d'avoir osé poser des mots, oser pousser dehors la fatalité, pour encourager le questionnement profond, parfois inconfortable certes, mais qui ouvre des portes depuis trop longtemps verrouillées. J'adore !

Et je suis certaine que cette belle histoire aidera beaucoup de personnes. 

Je lui souhaite une longue vie !

Merci encore de votre confiance actée par l'envoi de votre magnifique bébé. 

Sylvie G, Pyschothérapeute, astrologue

 

« La liberté a un prix, la douceur du confort aussi »

La petite chatte Fudgi nous donne l’exemple de choix de vie qui coûte en

courage, réflexion profondes et expérimentations parfois douloureuses.

Mais à l’arrivée, à l’âge de la maturité les épreuves ont fait de la petite chatte

un être profondément apaisé, tolérant et sage.

 

Fudgi nous montre de manière poétique comment nous portons parfois à fleur

de peau, les taches dans le parcours de nos ancêtres. Son voyage nous rappelle encore, l’importance, en deçà et au-delà de la compréhension intellectuelle du pourquoi de nos épreuves, de l’expérience du cheminement vers l’intérieur de soi et des retombées des blessures familiales de notre histoire non résolues.  

Marie-Françoise Louche, Pyschologue clinicienne

 

Le conte est écrit d’une façon subtile et poétique. En compagnie de Fudji nous sommes plongés dans le monde animal et tout comme la petite chatte, nous pouvons soulever la brume enfuie en nous. Ce récit nous montre le chemin d’une possible guérison de nos blessures d’âme en transcendant nos obstacles.

Marie-Christine C – Coach Médiation

 

 

L’histoire de Fudji, la petite chatte, son chemin de vie et les épreuves qu’elle rencontre amène à se poser pas mal de questions sur l’origine de la maladie.

Dans ce conte initiatique, il s’agit d’une maladie : le vitiligo. Cependant la réflexion peut, selon moi, dépasser ce cas particulier.

Le livre pose des questions auxquelles il n’y a peut-être pas de réponses immédiates mais il a le mérite d’ouvrir vers une recherche personnelle qui prolonge le questionnement.

Y aurait-il une origine de la maladie et est-elle à trouver dans notre histoire personnelle ? A défaut de découvrir cette origine, on pourrait au moins lui donner un sens, nous faire évoluer sur nos chemins de vie et comme le suggère la fin du livre : ne plus subir son passé.

Liliane Animatrice d’atelier d’écriture

 

 

Publié dans Présentation

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Gabriel Rasson présente son ouvrage "Sentier vers le ciel" via un interview d'Elisabeth Rasson

Publié le par christine brunet /aloys

Gabriel Rasson présente son ouvrage "Sentier vers le ciel" via un interview d'Elisabeth Rasson

Publié dans vidéo

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Rouge Chlorophylle (Version longue inédite) 2e partie : un extrait de Contes épouvantables et Fables fantastiques 2 proposé par Joe Valeska

Publié le par christine brunet /aloys

Angela chiffonna la feuille du journal avec agacement et la jeta par-dessus son épaule. Elle poursuivit son exploration, méfiante.

– Seigneur Tout-Puissant !!! s’écria-t-elle au détour d’un chemin, portant ses mains devant la bouche. Mais qu’a-t-il bien pu se passer ici !?!

À la vue de ce nouveau tableau perturbant, tout lui revint violemment en mémoire, jusqu’à son saut dans le vide, sans réfléchir, par-dessus le garde-corps en verre acrylique de son balcon.

Le terrain qui s’étendait devant elle était parsemé de plusieurs centaines de cadavres desséchés vomissant des racines noueuses par tous les orifices. Et même des fleurs… De jolies petites fleurs colorées ayant pu éclore grâce à cet engrais naturel. C’était un spectacle monstrueux. Il n’y avait pas d’autres mots pour définir cette horreur.

Mais le plus atroce était encore tous ces corps empalés sur des racines encore plus grosses, s’effilant à leur faîte et alignées de loin en loin. Comment pareille chose était-elle arrivée ? Les racines avaient soulevé leurs victimes en pénétrant dans l’orifice de leur rectum et en ressortant par leur bouche, en même temps qu’une bouillie sanglante et organique. Angela se laissa tomber à genoux et vomit. Encore… C’en était beaucoup trop. Elle tremblait, se disant que son tour viendrait assurément et que ce n’était qu’une question de temps. Paradoxalement, elle était presque heureuse d’être en vie…

Quelques heures plus tard, elle put enfin se lever et marcha, hésitante, au milieu des marionnettes puantes. Ses larmes se mirent à couler, car il y avait aussi des enfants. Des innocents. Elle resta là longtemps, interdite, à contempler ce pauvre petit corps pourri qui fleurissait. La cage thoracique du blondinet avait explosé et les violettes les plus splendides avaient poussé. Le gamin, comme tous les autres – ou peu s’en faut –, n’avait plus d’yeux. À la place, perçaient des racines meurtrières.

Angela fit le signe de croix. Cela ne changerait rien à rien, mais elle le fit.

Un peu plus loin, elle aperçut le bras tatoué d’un homme qui dépassait des lobes refermés d’une plante carnivore géante, mais morte. Elle poussa des sanglots… Quel funèbre cauchemar ! Elle aurait voulu simplement rêver…

Dévastée, elle entendit un bruit semblant provenir des nuages… Elle essuya l’eau sur ses joues, se retourna, puis leva des yeux hébétés au ciel. Il ne s’agissait point d’un cauchemar. Alors, elle ferma ses paupières, espérant une mort rapide et indolore, priant pour ne point se retrouver en Enfer, mais au paradis. Elle n’avait jamais fait de mal…

Une boule de feu, grosse comme un minibus, la pulvérisa, creusant profondément le sol.

 

Correction : 26 août, population mondiale : 0.

 

Ω

 

Zeus et Hadès regardèrent Déméter et éclatèrent de rire, pareils à deux enfants pourris gâtés. Ils portèrent, après cela, l’ambroisie à leur bouche, un tantinet méprisants.

– Non, mes frères ! Non ! Il n’appartenait qu’à moi de la faire disparaître ! Elle était la dernière ! Pourquoi êtes-vous intervenus ? s’indigna Déméter. Pourquoi ? J’aurais pu la jeter en pâture à ma toute nouvelle et fabuleuse création : mon merveilleux… mon magnifique… drosera géant ! Le pauvre bébé va mourir de faim ! Vous devriez avoir honte ! Zeus, mon frère, ramène-la à la vie, s’il te plaît. Que je puisse parachever mon œuvre…

– Cela suffit, maintenant, ma sœur !!! gronda le dieu des dieux, menaçant la déesse de son terrible foudre. Tu n’es… (Il s’arrêta, rouge de colère.) Tu n’es qu’une petite mégère capricieuse, Déméter !!!

Poséidon acquiesça, mais il préféra, cette fois, ne pas piper mot. Tout comme l’imperturbable Hestia, d’ailleurs, restée en retrait, comme toujours.

– Une mégère capricieuse, moi ? s’offusqua Déméter. Es-tu sûr d’être le mieux placé pour oser parler de caprices, ô grand Zeus, mon très cher frère ? Voudrais-tu que je te rafraîchisse la mémoire ?

– Mais de quoi te plains-tu !?! reprit Zeus. Tu l’as eu, me semble-t-il, ton paradis vert !

– Mais elle, je ne l’ai pas eue, elle !!! s’entêta la déesse, se sentant terriblement frustrée et offensée. Sa misérable existence m’appartenait ! À moi ! Vous êtes des rabat-joie, mes frères !

Zeus soupira. « Tu nous épuises », murmura-t-il. Quant à Héra, elle fit les gros yeux à sa sœur, l’invitant à jeter l’éponge. Il valait mieux…

– Déméter, tu as réussi, et sans l’aide de tes frères, à purifier la Terre de l’arrogance destructrice des hommes, lui rappela Poséidon. Pour ma part, j’aurais fait se soulever les mers et les océans, mais notre frère m’en a empêché. Pour te faire plaisir, chère sœur.

– Poséidon a parfaitement raison ! dit Hadès, solennel. Tu devrais te montrer un peu plus reconnaissante, très chère sœur. Quand je pense que j’aurais pu libérer les morts et les laisser envahir le monde des vivants pour les plonger dans une indicible terreur… Des plantes carnivores, bah !

Déméter, sous le regard de tous les autres dieux et déesses de l’Olympe, considéra son frère Zeus et admit, à contrecœur, qu’elle avait dépassé les bornes. Elle s’excusa.

– J’ai détruit leurs armes et leurs usines, oui ! J’ai fait cela, moi ! Toute seule ! J’ai accompli de véritables prodiges, c’est la vérité.

– Car c’était très imprudent de provoquer mère Nature, chuchota Apollon, moqueur, à l’oreille de sa sœur jumelle, Artémis, qui lui donna un violent coup de coude.

– Faire plaisir à l’obsédée des plantes et des fleurs est bien joli, mais qu’allons-nous faire, nous, à présent, sans nos jouets !?! s’emporta Arès, lui aussi frustré et extrêmement courroucé. J’étais à deux doigts, moi, le grand Arès, de déclencher une toute dernière guerre mondiale ! J’aurais pu occasionner tellement de souffrances… J’aurais pu déchirer des familles entières ! La Terre aurait été bien plus belle, teintée de rouge… Qui se soucie des plantes ? Qui se soucie de la chlorophylle et de ces stupides fleurs ? Je ne respecte que deux choses, moi ! Destruction et conquête !

– Toi et ton goût du sang ! déplora Athéna. Tu me fais pitié, Arès, mon demi-frère belliqueux !

– C’est bien la déesse de la Guerre qui dit cela ? ironisa Arès. La sage Athéna ? Celle qui transforma la ravissante Méduse en un monstre hideux ? Pitié, ma demi-sœur… Pitié ! Nous sommes tous des dieux cruels. Nous avons tous trahi et nous avons tous comploté, un jour ou l’autre… Mais nous sommes bien peu à avoir le courage de l’admettre ! Alors, garde tes sarcasmes pour toi, Athéna !

– Tu ne parles pas pour moi, j’espère ? lui lança Apollon, menaçant. Je suis peut-être le dieu des arts et de la beauté, mais n’oublie pas ceci, mon demi-frère : tous ceux qui ont osé me défier l’ont chèrement payé de leur vie. Comme mes demi-frères, mes neveux et mes nièces… De vous tous, je suis assurément le plus vengeur et le plus courageux. As-tu quelque chose à redire à cela, Arès ? Je t’écoute.

Et le plus prétentieux… Tu veux te battre, Apollon ? Tu veux te battre ? le provoqua Arès. Viens te battre, viens ! Je vais me faire un plaisir de montrer à tous que tu n’es pas à la hauteur et que tu n’es pas le plus fort, sinistre m’as-tu-vu ! Sodomite hypocrite !

– Mesure tes paroles, Arès, car je pourrais t’écorcher vif comme j’ai écorché l’effronté Marsyas ! cracha Apollon.

Artémis retint fermement son jumeau par le bras.

– Vous étiez pourtant les meilleurs amis du monde, lors de la guerre de Troie, leur rappela Hadès. Pourquoi tant de haine, aujourd’hui ? Expliquez donc cela à votre oncle…

– Apollon a traité mes enfants de fous et de criminels ! répondit Arès. Moi seul ai le droit de dire qu’ils sont fous !

– Je n’aurais rien dit, si mon cher demi-frère n’était pas si méprisant, marmonna Apollon. Qu’est-ce que ça peut lui faire, si je couche avec autant d’hommes que de femmes ? Tous les humains réclament mes faveurs… En quoi suis-je responsable ? Et, me semble-t-il, je ne suis pas le seul à coucher avec des personnes du même sexe, ici… Mais je ne m’en cache pas, moi, et je ne les prends pas au berceau.

– Il suffit, Apollon ! tonitrua Zeus, plutôt embarrassé par le regard accusateur de son fils. Chacun fait ce qu’il veut, tu as raison… Quant à toi, Arès, je ne tolérerai aucune discrimination sur l’Olympe… Est-ce bien clair ?

Le grand Zeus n’avait certainement pas envie que son fils lui rappelle sa liaison « secrète » avec le jeune et sublime Ganymède, le plus séduisant des mortels, devenu son échanson personnel. Poséidon n’avait certainement pas envie que sa courte liaison avec un adolescent, Pélops, lui soit jetée au visage… Certains des demi-frères d’Apollon, eux aussi, étaient bisexuels : Hermès et ses amants célèbres, dont Pollux. Ou Dionysos, qui eut pour tout premier amour un adolescent, à l’instar de Poséidon. Quant au demi-dieu Héraclès, nombreux étaient ses amants… dont son neveu.

Arès aurait tant voulu bondir sur Apollon, mais il le savait : tout dieu de la guerre qu’il était, il n’était pas le plus fort. Il était très puissant, mais Apollon l’était davantage, et si son demi-frère était assurément le plus beau et le plus accessible des dieux, presque aussi accessible que leur demi-frère Hermès, il était également sans pitié, si on commettait la bêtise de le défier…

– Ne t’inquiète donc pas, Arès… susurra Déméter, allant caresser la joue du dieu en colère, évitant ainsi un combat entre les deux mâles gonflés de testostérone. Tu pourras toujours retrouver l’âme de ces humains ridicules dans le royaume d’Hadès. Qui t’empêche de les torturer là-bas ? Et, un jour, l’obsédée des plantes et des fleurs te fera regretter tes paroles… Bien ! se récria-t-elle brusquement. Vous m’excuserez, mais j’ai aussi de somptueux jardins à entretenir ici. Poséidon, mon cher frère, je vais avoir besoin de tes dons avec l’eau… Aurais-tu l’amabilité de bien vouloir m’accompagner, s’il te plaît ?

Zeus hocha la tête, en signe d’assentiment, et le dieu des mers accompagna leur sœur un peu plus loin dans l’Olympe resplendissant.

– Mon père… hésita Arès. Maintenant que la folle va être occupée des semaines durant avec ses fleurs, j’espère que vous allez ressusciter les hommes… Je veux ma guerre !

– Mais bien sûr, mon fils, lui répondit Zeus. Chacun aura le droit de les persécuter, s’il en a envie. Vous savez bien que je ne pouvais pas contrarier Déméter… Elle aurait recouvert tout l’Olympe de mauvaises herbes rien que pour nous…

– …faire chier ? se permit Arès, sachant pertinemment le dégoût qu’avait son père pour ce genre d’expressions.

– Arès ! Je n’apprécie guère ce langage du XXIe siècle, tu le sais ! À présent, Apollon et toi, vous allez vous réconcilier… Ou je vous enfermerai mille ans dans le Tartare avec les Titans. Ou, à tour de rôle, vous remplacerez le géant Atlas.

– Mais non, père ! s’indigna Arès. Ce n’est pas moi qui ai commencé ! C’est Apollon. Je te hais, mon frère…

– Silence !!! Apollon ne t’a dit que la vérité ! Serrez-vous la main, maintenant, ou ce sera le Tartare… 

– Très bien, père, abdiquèrent les demi-frères fougueux, parvenant, pour une fois, à parler d’une seule voix.

Ah ! Les dieux…

De son côté, à genoux au milieu des fleurs, Déméter se mit à chantonner, toute guillerette : « Elles m’aiment… un peu… beaucoup… passionnément… à la folie… »

 

FIN

 

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Rouge Chlorophylle (Version longue inédite) 1ère partie : un extrait de Contes épouvantables et Fables fantastiques 2 proposé par Joe Valeska

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

– C’est toi, ma sœur…

Un demi-sourire se dessina sur la bouche de la déesse, superbe dans sa tunique virginale. Presque aussi superbe que la déesse Aphrodite.

– Tu m’aurais presque fait peur, le sais-tu ? Car, vois-tu, j’étais plongée dans mes pensées. Je crois qu’il s’agissait de pensées mélancoliques, mais je n’en suis pas sûre. Cela étant dit, il me plaît de revoir ton doux visage. Viens… Viens donc t’asseoir à mes côtés, s’il te plaît, Hestia. Cet isolement, bien que volontaire, n’a que trop duré. Mille fois trop. À présent, j’ai besoin d’un peu de compagnie. De nectar et d’ambroisie, pareillement, car je me sens assez… affaiblie. Regarde ça, Hestia… La vue n’est-elle pas époustouflante ? N’est-ce pas magnifique ? Je ne me lasserai jamais de ce spectacle qui s’offre à nos yeux : l’Olympe !

– C’est exact, approuva Hestia, la déesse du foyer. Nous sommes privilégiés, nous, les dieux, ma chère Déméter.

Une demi-heure s’écoula. Puis une autre demi-heure. Les deux sœurs restèrent là, contemplatives. Qu’est-ce donc qu’une poignée de minutes pour des divinités ? Ou même quelques années ? Leur existence, en aucune façon, n’est soumise au temps qui s’égrène.

En vérité, elle l’est, oui… Mais jamais les trois Moires n’oseraient menacer la vie des dieux de l’Olympe.

La mort, symbolisée par un fil coupé sur le métier à tisser du destin, était le choix d’Atropos, mais cette hideuse vieille femme décharnée, qui ressemblait davantage à un squelette voilé qu’à une femme âgée, craignait la colère de Zeus plus que tout. Sur un coup de colère, le grand Zeus aurait pu détruire leur merveilleux métier à tisser et leur raison d’être, par la même occasion.

Ils étaient donc, demeuraient donc, immortels.

Et le XXIe siècle agaçait fortement certains d’entre eux. Mais il agaçait Déméter, tout particulièrement…

– N’es-tu point lasse, ma sœur ? Car je le suis, moi. Je te l’avoue sans ambages… C’est pourquoi je suis restée assise ici, en tailleur, sur ce surplomb rocheux. Des heures et des heures durant.

Elle regarda l’horizon et fronça les sourcils. Son visage paisible se durcit quelque peu. Elle poussa un soupir, puis retrouva finalement sa quiétude. Hestia, elle, ne prononça pas une parole de plus. Elle préférait écouter. De tous les dieux, elle était la plus effacée.

– Des mois et des semaines, en réalité, reprit Déméter. Plusieurs fois, au loin, j’ai vu passer Apollon sur son char, ainsi que son demi-frère, Hermès, qui volait grâce à ses jolies sandales ailées à ses côtés. Ces deux-là sont enfin réconciliés, ha ha…

– Il était dans l’intérêt d’Hermès de s’aplatir devant son demi-frère. Apollon voulait lui arracher les bras, m’a-t-on rapporté.

– Apollon sait être magnanime, si on sait le charmer… Et Hermès a su le charmer grâce à sa lyre, le petit malin… J’écoutais le bruit de l’eau qui coule, enchaîna Déméter, le bruit de cette cascade majestueuse qui nourrit le fleuve, bien plus bas… Et s’il est vrai que son chant est passablement tonitruant, il a quelque chose d’apaisant. Car il n’est que pureté. Écoute le chant de l’eau purificatrice… C’est beau, n’est-ce pas ? Non, ne dis rien… Écoute avec moi, encore un instant, et savourons cet instant magique, ma très chère Hestia.

Mais le regard de la déesse s’assombrit une fois encore. Elle prit la main de sa sœur et la serra dans la sienne. Puis la relâcha.

– Qu’as-tu donc ? s’enquit Hestia. Tu peux tout me dire, tu le sais… Tu peux tout me confier.

– Ma sœur, si tu savais ! Il y a cette colère, là, en moi ! Cette haine… Peut-être ont-ils raison, en fin de compte ? Je parle de nos frères, bien entendu. La terre leur a tout donné. Tout ! Absolument tout ! Et de l’eau, et du bois, et le feu… Pas le feu, non. Suis-je sotte ! Ça, c’était un acte délibéré du Titan Prométhée, tu as raison. Mais, en l’enchaînant sur le mont Caucase et en le condamnant à avoir le foie continuellement dévoré par un aigle, Zeus l’aura bien puni ! Où en étais-je ? Il est vrai que je me trouble facilement… Et des fruits ! Les animaux ! J’ai même partagé avec eux mes grains de blé, Hestia ! Mes précieux grains de blé… Tous ces cadeaux auraient dû leur suffire, mais non ! Non, ma sœur ! Ceux de leur espèce : les mâles… Stupides singes arrogants ! Ils en ont voulu toujours plus. Et des armes, et des chars… La bombe H. Ils ont piétiné les fleurs avec leurs pieds ignobles ! Mes jolies petites fleurs sans défense. Pure mégalomanie, je te le dis ! Oppression, même ! Toujours plus de terres, mais pour quoi ? Toujours plus de pouvoir ? Ah ! Le pouvoir ! Ils piétinent la vie et leurs propres frères, et ce, au détriment de la nature. Toujours au détriment de la nature… Car ils ne respectent rien ! Car ils ne respectent personne ! Mais apprendront-ils, un jour ? J’ai des doutes, ma sœur… Ils soulagent leur conscience avec le « bio », mais le bio est encore pire, les idiots ! Mes arbres… Mes forêts… Ma belle Amazonie ! Je suis si lasse, ma sœur… Ils ont éventré la Terre et pollué les mers. Ils ont fait un trou énorme dans le ciel. Ils ont fait un trou gigantesque dans mon cœur… Nos frères ont peut-être raison, alors… Je ne me dresserai pas sur leur route, non. S’ils ont pris leur décision, qu’il en soit ainsi, et advienne que pourra… Qu’ils engloutissent les hommes dans les entrailles de la Terre ! Qu’ils les brûlent, tous, sans exception ! Que la planète vomisse sa lave sur les gouvernements corrompus ! Qu’ils fassent monter les eaux ! Qu’ils libèrent le Kraken ! Qu’ils laissent exploser la foudre ! Je m’en moque ! Je m’en moque éperdument. Je rebâtirai tout plus tard, et tout sera encore plus beau.

La furie prit une profonde inspiration pour retrouver un semblant de sérénité. Après quoi elle porta les mains à ses cheveux blond vénitien pour vérifier qu’elle n’était pas décoiffée. Elle poursuivit, « apaisée ».

– Peut-être, même, que je pourrais leur apporter mon aide ? Qu’en penses-tu ? Ou, alors, prendre les commandes ? Je pourrais faire cela, oui… Je le pourrais, très chère sœur. Car il est très imprudent de provoquer mère Nature ! Vous allez maintenant subir les foudres de Déméter, pauvres mortels ignares… Zeus ! Viens à moi, mon très cher frère ! Nous avons à discuter, toi et moi !

Dans le bruit terrible d’une explosion accompagnée de mille éclairs, le dieu des dieux apparut, majestueux, devant ses sœurs. Il tenait, à la main, le tonnerre. Il s’avança et invita sa sœur à parler librement de ses tourments.

Hestia préféra s’éclipser et laisser Déméter et leur frère et maître suprême en tête-à-tête.

 

A

 

Les rares survivants couraient en tous sens, tentant de leur échapper. Mais c’était chose vaine… Et se cacher était tout aussi inutile – elles les retrouvaient toujours. N’importe où. Comme si elles pouvaient sentir la vie.

Amérique du Nord, du Sud, Antarctique – quoique très peu en Antarctique… –, Asie, Europe, Afrique, Océanie… C’était partout la même chose. Elles étaient là, impitoyables, vicieuses, et elles traquaient les rescapés, se gorgeant de leur sang et les asséchant. À la fin, ils n’étaient plus que des momies. Des enveloppes grimaçantes et racornies.

« Maudits végétaux ! », entendait-on. Et puis, en l’espace de quelques secondes, c’était des hurlements rauques et des cris stridents quand les racines et les lianes les pénétraient, ou quand des plantes carnivores de tailles inhabituelles les capturaient pour les dévorer, puis les digérer lentement. Très lentement.

De son balcon tout fleuri, au premier étage, Angela vit l’horreur se déchaîner à la vitesse de la lumière dans le parc situé au pied de son immeuble résidentiel. Sa voisine, qui promenait ses deux chiens comme chaque jour à la même heure, fut la première à casser sa pipe. Une racine épaisse jaillit de la terre, s’enroula autour de sa cheville, remonta le long de sa jambe, de son tronc, s’enroula autour de son cou flétri et s’arrêta, menaçante, devant ses yeux cachés par de grosses lunettes noires. La racine ondula un moment à la façon d’un cobra, puis, rapide, elle pénétra dans la bouche de la vieille femme, lui remplit la gorge et, enfin, ressortit en faisant un trou énorme dans son abdomen.

Ensuite, ce fut le chaos. Le parfait chaos…

Les voisins et les gens encore dans le parc, tentant de fuir, subirent le même sort, à quelques variantes près – et peu ragoûtantes… Quant aux deux malheureux petits chiens, ils furent stoppés net dans leur course éperdue et gobés par une plante carnivore mutante, de genre dionaea muscipula. Autrement dit, une dionée attrape-mouche géante…

Quand les plantes sur son balcon grossirent tout à coup et l’attaquèrent fissa, Angela ne réfléchit pas et sauta dans le vide. Tant pis si elle n’était vêtue que de son vieux boubou bariolé tue-l’amour.

Quelques mois plus tard, Angela se réveilla en hurlant, sans rien savoir du temps qui s’était inéluctablement écoulé. Elle était allongée sur un lit, dans une chambre d’hôpital. Des mouches domestiques constellaient les murs, et d’autres bourdonnaient au-dessus d’une vieille tranche de jambon collée sur le plateau-repas trônant encore sur le chariot abandonné là. D’autres agonisaient sur le linoléum et faisaient le bonheur des fourmis.

Personne ne répondant à ses appels désespérés, il ne fallut que quelques minutes à Angela avant de réaliser qu’elle était seule. Complètement seule.

Terriblement ankylosée, elle mit un très long moment avant de réussir à se mettre sur son séant. Elle se leva, tituba, comme si elle était avinée, et arracha ses perfusions avec rage. Elle aurait aimé comprendre cette mésaventure.

L’odeur infâme soulevée par le porc conditionné la rendit malade. Elle se hâta de sortir de la pièce avant de vomir ses tripes. Ce fut un échec. Guère après, elle arpentait les longs couloirs vides où le silence n’était rompu que par le bruit des ampoules qui grésillaient. Elle essaya de se souvenir, faisant de gros efforts à cet effet, mais ce fut impossible.

Dehors, un spectacle des plus étranges s’offrit à ses yeux pas encore tout à fait réhabitués à la lumière vive du Soleil. La nature avait entièrement repris ses droits. Le monde était redevenu sauvage. Toutefois, pareils à de vulgaires carcasses de gnous et d’éléphants au milieu de la savane, d’inquiétants squelettes d’autocars et de citadines, calcinés ou désossés, ou les deux à la fois, demeuraient apparents. Moult réverbères et quelques kiosques, insolites dans ce décor, se dressaient encore, eux aussi, ainsi que des immeubles, çà et là, détruits en tout ou partie, tous envahis par les racines et les lianes omnipotentes.

Tout en commençant à explorer ce monde perdu, Angela remarqua des tracts collés sur des panneaux d’affichage :

 

EST-CE LA FIN DE NOTRE MONDE ?

 

Étrange… Mais Angela continua d’avancer et resta coite en découvrant, plus loin, un avion encastré dans ce qui devait être, autrefois, un multiplexe. Sidérée, elle ne vit pas la feuille de journal qui volait et qui se colla à son visage. Elle s’en saisit et découvrit les gros titres – une rétrospective stupéfiante. La publication était datée du dimanche 5 août.

 

1er AVRIL : LES PLANTES CONTRE-ATTAQUENT…

 

6 MAI : LES VOLCANS ÉTEINTS SE RÉVEILLENT !

LA FOUDRE TOMBE DU CIEL SUR LES RÉSIDENCES PRÉSIDENTIELLES, SUR LES SIÈGES DE L’OTAN ET DE L’ONU, ET SUR TOUTES LES BASES MILITAIRES !

 

LA FIN DU MONDE SERAIT-ELLE À NOS PORTES ?

5 AOÛT : LES PLANTES MUTANTES SONT PARTOUT ! DÉJÀ PLUSIEURS MILLIARDS DE MORTS. RETOUR DE MANIVELLE OU, PIRE : COLÈRE DIVINE ?

 

CECI POURRAIT ÊTRE NOTRE ULTIME PUBLICATION.

 

26 août, population mondiale : 1.

 

À suivre…

 

Publié dans extraits

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Résultats concours : "Catastrophes climatiques"

Publié le par christine brunet /aloys

Les auteurs participants :

Texte 1 : Micheline Boland

Texte 2 : Philippe Desterbecq

Texte 3 : Séverine Baaziz

Texte 4 : Carine-Laure Desguin

Texte 5 : Brigitte Hanappe

Texte 6 : Christian Eychloma

Le texte gagnant est celui de Christian Eychloma !!! Bravo !!!! Et bravo aux auteurs qui se sont frottés au sujet !

Pour rappel :

Texte 1 : 1 voix
Texte 2 : 1 voix
Texte 3 : 1 voix
Texte 4 : 1 voix
Texte 6 : 4 voix

Publié dans concours

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Concours "catastrophes climatiques" Texte 6... C'est le dernier ! Votez ici jusqu'à 18h aujourd'hui !

Publié le par christine brunet /aloys

 

Cauchemar climatique

 

Je lève la tête en plissant les yeux afin de filtrer la lumière en provenance de la surface du dôme, éblouissant sous le soleil à cette heure de la journée. Un soleil qui, réchauffant temporairement les rues de la ville par effet de serre, aurait bien du mal à m’éviter de mourir gelé si je décidais de pointer mon nez à l’extérieur sans équipement spécial.

Même convenablement protégé du froid glacial, il est d’ailleurs dangereux de sortir sans précaution. Surtout seul et non armé. Les ours polaires et les loups règnent en maîtres et, en dépit des troupeaux de rennes sauvages et de bœufs musqués qui leur offrent des proies abondantes, ils n’hésitent pas à s’attaquer à toute espèce vulnérable. Et l’Homme en fait partie. 

 Je décide d’aller faire mon petit tour quotidien au sommet de l’observatoire, là où le dôme hémisphérique atteint sa plus grande hauteur. De là-haut, la vue est magnifique sur 360 degrés, non seulement sur les édifices de la cité et ses jardins, mais aussi - parce que le regard porte très loin - sur la moraine du gigantesque glacier et l’immense étendue de la toundra qui s’arrête aux rives de la mer gelée. 

En attendant l’arrivée de l’ascenseur qui m’emmènera à toute vitesse jusqu’à la plateforme d’observation, je passe en revue, de mémoire, le petit résumé que j’aurai à présenter dans quelques jours à mon professeur d’Histoire.  

L’Histoire, une matière qui m’a toujours passionné. Depuis l’école primaire. Et même depuis bien avant, quand mes parents ont commencé à me parler de ces temps lointains où les arbres formaient de vastes forêts et où les fleurs tapissaient de vertes prairies. Une époque et une manière de vivre qu’ils n’avaient évidemment pas connues, mais qu’ils savaient si bien raconter, avec ce mélange de nostalgie et d’enthousiasme provoqué par ces vieilles vidéos qu’ils regardaient à longueur de journée. Enfin, lorsqu’ils n’étaient pas de service dans un des vastes souterrains où l’on produisait, sous lumière artificielle, tout ce qui était nécessaire à la vie de la communauté… 

Tellement convaincant que je m’imaginais sans effort en train de me rouler dans l’herbe folle, sous une douce chaleur, ou de batifoler dans l’eau tiède avant de m’allonger sur le sable humide pour contempler le bleu du ciel, avec ces petits cumulus blancs dérivant lentement au-dessus d’un monde sans limites. Un monde où personne ne passait la majeure partie de sa vie dans une prison de verre.

Ah oui, mon petit résumé… Pas très difficile pour un passionné comme moi de rappeler les causes de la Nouvelle Glaciation, la dégradation de la biosphère qui a suivi, parallèlement au déclin de la civilisation et jusqu’à la quasi-disparition d’Homo Sapiens.  Tout ça en deux siècles à peine, malgré l’optimisme des scientifiques de l’époque qui, se voulant rassurants à propos des conséquences de leurs propres erreurs, ne pouvaient croire à une évolution aussi rapide des conditions de vie sur Terre.  

Ces personnalités trop médiatiques qui, avides de financement et de notoriété, publiaient des rapports de plus en plus alarmistes sur le changement climatique entraîné par l’augmentation moyenne des températures. Et en étaient arrivés, en usant de leur influence, à préconiser et obtenir la mise sur orbite de gigantesques boucliers destinés à réfléchir les rayons du soleil.

Sauf que ces mêmes scientifiques avaient apparemment oublié qu’en matière climatique la planète avait toujours été « sur une lame de couteau », et qu’en raison de la nature chaotique du système atmosphérique, un refroidissement, même très relatif mais pendant plusieurs années de suite, pouvait nous faire basculer, par effet « boule de neige », dans un processus global irréversible. Un refroidissement carabiné, en l’occurrence… 

Tiens, en parlant d’aléas climatiques, je m’aperçois tout d’un coup que le soleil a disparu et que les lampadaires, comme toujours lorsque baisse la luminosité, se sont automatiquement allumés. Même s’il est vrai qu’il peut arriver que le temps change vite - à l’extérieur s’entend car à l’intérieur, du point de vue de la température, c’est un éternel printemps - la chose m’étonne un peu.

Un léger chuintement m’avertit de l’arrivée de la cage d’ascenseur. Je pénètre dans la cabine transparente en saluant les trois personnes qui en sortent, des gens à l’air maussade, comme tous les gens que je connais. Moi-même, d’ailleurs… Comment pourrait-il en être autrement ? Je presse le bouton et m’envole vers le toit du dôme, observant comme à chaque fois, avec une certaine inquiétude, les quartiers de la ville rétrécir de plus en plus vite sous mes pieds, jusqu’à ressembler à une maquette aux dimensions impressionnantes.

Arrivé en haut, le ciel s’est encore assombri et j’éprouve une drôle d’impression. La sensation d’avoir carrément la tête dans les nuages denses, sans autre visibilité que de vagues remous tout autour de moi.  Puis de gigantesques éclairs déchirent cette épaisse grisaille. Je n’entends rien en raison de l’insonorisation de notre bulle géante, mais je sais évidemment qu’il tonne. Un bel orage, en vérité ! 

Dans ces conditions, prolonger ma présence ici n’offre plus aucun intérêt et je m’apprête à redescendre quand un terrible fracas se fait entendre. Un claquement sec et un bruit de verre brisé, puis  un froid glacial qui me tombe sur les épaules. Le dôme, mon Dieu… Je hurle. Je tremble, de froid et de peur.

On me secoue, on tire sur ma couverture, on me crie dans les oreilles. C’est mon épouse, furieuse, qui me reproche d’avoir, une fois de plus, négligé de bien fermer la fenêtre qui vient de s’ouvrir brutalement en cassant un carreau. 

 

Publié dans concours

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Concours "catastrophes climatiques" Texte 5.

Publié le par christine brunet /aloys

L’attrait de la pluie.

Elliot s’ennuie !

Il regarde par la fenêtre et lorgne avec envie la petite rivière qui serpente entre les saules pleureurs. Il imagine le contact froid de l’eau trouble sur sa peau et peut-être même le frétillement tactile des petits poissons qui y vivent.

Elliot soupire !

Il aimerait tant profiter du jardin pendant ce week-end de vacances. Le chalet qu’ils ont loué dans la Somme est entouré de verdure à profusion : de nombreux cours d’eau sillonnent les prairies faisant la joie des pêcheurs.

Elsa, de son côté, s’ennuie aussi !

Elle avait envisagé de se ressourcer le moral par de belles promenades, de gonfler ses poumons d’air champêtre mais le soleil semble fâché avec la nature et il projette sur la terre ses impitoyables rayons brûlants.

En cette fin de septembre, la chaleur est anormalement pesante.

Il fait tellement chaud que bouger devient une torture : la température extérieure en est presque intenable et les corps n’aspirent qu’au souffle des ventilateurs qui fonctionnent avec intensité à l’intérieur des bungalows.

Au lointain, quelques nuages gris perle semblent prendre forme dans l’azur métallique du ciel et apportent l’espoir d’une averse rafraichissante.

La jeune femme regarde Elliot avec tendresse et sa main se tend avec douceur vers la petite tête pour redresser la mèche touffue qui lui retombe invariablement sur les yeux.

   ─ Mon bébé adoré ! Maman va terminer ses messages sur Facebook et puis c’est promis, je jouerai un peu avec toi.

Elliot se renfrogne, vexé.

Il n’est plus un bébé depuis longtemps ! Il a 4 ans quand même !!

Et puis, il se doute bien qu’une fois connectée sur son smartphone, elle oubliera sa promesse.

Elliot patiente, le nez collé à la vitre.

Soudain, une goutte humide et silencieuse s’écrase mollement sur le sol de la terrasse : quelques autres suivent dans un mouvement ralenti et un pinceau transparent semble peindre le ciel de couleurs sombres. Les arbres sont statiques comme paralysés par une force indécelable : pas une feuille ne bouge… Mais il pleuviote…

La jeune femme se détourne de son écran. Elle ouvre la porte pour scruter l’horizon sans remarquer qu’Elliott en profite pour se faufiler discrètement.

Elliot jubile !

La pluie devient plus bruyante émettant des « plic-ploc » rigolos.

Sortir sa langue pour attraper l’eau qui tombe est tellement amusant ! De grosses flaques stagnent plus loin et quel plaisir d’aller sauter dedans !

Vive la liberté…

Elliott s’éloigne pendant que les nuages grondent et prennent des formes menaçantes. Il pleut des cordes et Eliott s’imagine sous la douche.

La rivière déborde déjà, formant un va et vient de vaguelettes.

Ce phénomène l’impressionne, persuadé que le cours d’eau va se transformer en océan. Des sirènes sortiront-elles des flots pour chanter leurs comptines envoûtantes ?

La nature s’emballe soudain : les nuages se battent entre eux en tonnant leur colère, les saules maltraitent leurs branches en les bringuebalant de gauche à droite, les précipitations grossissent en avalanche de grêles…

 

Eliot tremble de peur : il veut rebrousser chemin quand le sol se dérobe sous lui. La terre semble se liquéfier, se trouer et des bras invisibles l’entraînent dans les eaux tumultueuses.

Il aboie sa détresse en poussant des gémissements aigus, ses petites pattes s’agitent à la recherche d’un appui, son museau se convulse de terreur, ses poils dégoulinent et l’alourdissent…

Mais la rivière déchaînée ricane : en  se dilatant, elle s’est gonflée de méchanceté et engloutit le petit chien.

Un hurlement désespéré s’échappe du chalet.

Affolée, sa maîtresse crie :

   ─ Au secours ! Aidez-moi à retrouver mon chien ! Il s’appelle Elliot et c’est un Westie blanc.

A l’extérieur, la pluie inonde la région et à l’intérieur du pavillon de vacances, les larmes d’Elsa inondent le plancher.

Publié dans concours

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