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"Et si tout n'était qu'illusion ?" Texte 3

Publié le par christine brunet /aloys

Philosophie de jardin

 

  Cette fois, tu as perdu !

  Je savoure ma victoire.  Ce matin, j’avais cru que cette journée se déroulerait comme toutes les autres : un petit-déjeuner, une promenade revigorante suivie d’une sieste et peut-être même une conversation avec Didi, ma pipelette de voisine.  Je reconnais avoir, malgré tout, appréhendé une nouvelle confrontation avec mon vieil ennemi, bien que cela aussi, finalement, fasse partie de la routine.

  Mon ennemi, ce roué qui vient toujours parader dans le jardin mitoyen pendant que je fais du jardinage, me provoquant par ses petites remarques ironiques sur ma propension à faire des trous dans la terre, ou qui cherche noise à Mademoiselle Pinson quand elle prend le frais sur sa terrasse, dans le jardin suivant.

  L’infâme Jasper, qui se moque de tout et de tout le monde dans le quartier.  Le pendard à qui j’ai plus d’une fois fait connaître ma façon de penser, sans que cela ait le moindre effet.  Les remontrances et autres remarques, il s’en moque royalement ; tout comme il se moque de réveiller ses voisins en vidant ses poubelles au milieu de la nuit, ou encore de ce que ces mêmes voisins pensent quand il traverse leurs jardins pour rejoindre plus rapidement le restaurant de la rue des vignes.

  Oh ! il y a bien eu cette fois ou le vieux Gamin ‒ oui, c’est son nom ! Ridicule, n’est-ce pas ? surtout à son âge ! ‒ je disais donc, cette fois ou le vieux Gamin l’avait coincé dans cette même rue des vignes, pour le chapitrer.  Ha ! la semonce à peine tombée, le sournois avait déjà disparu, laissant le vieux s’étrangler sur son sermon.

  Mais cette fois, cette fois, je ne vais pas le laisser s’en tirer à si bon compte.  Je le tiens, il est dans mon jardin et je n’ai pas l’intention de le lâcher.  Son petit sourire narquois ne m’impressionne pas, pas plus que son faux air décontracté.  Qu’il me fixe, s’il pense que je vais flancher, il s’illusionne, je ne suis pas de ceux qui se laissent intimider par le premier fâcheux venu.  Sous ses airs bravaches, il a peur, je le sens, je le sais et… Oh ! que c’est délectable, il sait que je le sais.  C’est bien, qu’il enrage, ce psychopathe va payer pour ses crimes, enfin !

  ‒ Max ? Mon Maxou, arrête de pédaler, ce n’est qu’un vilain rêve.

  ‒ Quoi ? Non ! Laisse-moi, je le tiens…

  Désespéré, je comprends que ma victoire et toute cette euphorie autour de mon triomphe n’étaient qu’illusions.  Je frémis et si tout n’était qu’illusion ?  Mais oui, c’est ça ! Je suis une illusion, la sienne, celle qu’il a créée pour avoir le plaisir de la narguer.

  Je sors de la maison, me dirige vers le nain qui trône au fond du jardin, lève la patte et soulage ma morosité sur son corps dodu.  De l’autre côté de la haie, je l’aperçoit, ce sorcier, ce démon ronronnant, ce passager du multivers qui ne se laisse prendre que dans les rêves illusoires de pauvres chiens comme moi.

 

Publié dans concours

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"Et si tout n'était qu'illusion?" Texte 2

Publié le par christine brunet /aloys

MES ILLUSIONS

 

Sourires, bisous, petits compliments, gestes de bienveillance, tout cela ne serait-il que des mirages perçus par notre cœur ? J'aurais pu me sentir appréciée par la famille Mazin et par mes collègues sans jamais remettre en question leur bonne foi. J'étais de leur monde, j'avais des intérêts proches des leurs, nos cercles de relations se chevauchaient. Et pourtant…

 Je venais de fêter  mes trente ans lorsque ma cousine Léa m'annonça qu'elle avait récemment rencontré Zoé Mazin et ma collègue Jade lors d'un vernissage à la galerie Psyché située à deux pas du bureau. Elles étaient toutes deux occupées à cancaner et l'avaient invitée à se mêler à leur bavardage en lui demandant son avis à mon sujet. 

"Bonjour Léa. Nous parlions justement de ta cousine Stéphanie. Ne trouves-tu pas toi aussi qu'elle est trop spontanée, trop impulsive et qu'elle s'habille de manière trop excentrique, un peu à la façon d'un clown, comme ce personnage de la collection d'art brut devant lequel nous nous trouvons en ce moment ?"  avait dit Zoé. Zoé et Jade, qui me complimentaient si gentiment au sujet de mes choix vestimentaires et de mes audaces, avaient ensuite beaucoup ri en évoquant certaines de mes remarques futiles liées à mon caractère fonceur. Elles n'avaient bu selon Léa qu'un tout petit cocktail. Un tout petit cocktail pouvait-il conduire à se contredire ?  C'est à partir de cette période que je commençai à être plus vigilante, à me questionner sur les apparences et sur le réel. Mais je n'en parlai à personne, même pas à mon époux ou à ma mère. 

Tout au long des années qui suivirent cette révélation, j'en étais venue à une méfier des trop grands sourires, des trop beaux compliments, des bisous trop nombreux, des tapes trop amicales sur l'épaule ou dans le dos. 

J'avais un peu plus de soixante ans lorsque j'avais constaté qu'il m'arrivait de ranger  occasionnellement des objets dans des endroits inappropriés  et de manifester des trous de mémoire. Je formulais aussi plus difficilement un jugement quand on demandait mon opinion concernant un film ou un livre par exemple, je mettais plus de temps pour me décider. J'avais ainsi choisi de prendre ma retraite anticipée sous prétexte d'être mal à l'aise avec les nouvelles technologies. J'avais continué à vivre chez moi, sans rien avouer de mes constations et de mes préoccupations à  mon mari,  et j'avais engagé à temps partiel une aide-ménagère dans l'espoir d'éviter de grosses bévues. J'avais parfois comme des flashes de parfaite lucidité. Je me demandais alors quelle était la part d'illusion et celle de réalité dans mes sensations ainsi que dans ma conscience. Qui étais-je vraiment ? Cette femme qui chantait, qui riait de ses erreurs, qui se montrait généreuse et gaie ou cette personne sceptique, mélancolique, qui pleurait en cachette en constatant qu'elle changeait ?  Mes perceptions étaient troublées comme peut l'être  l'eau après un bain, comme le sont les paysages sous le brouillard ou sous un soleil éblouissant.  

J'eus un jour l'idée de demander à ma cousine Léa de chercher à connaître de nouveau l'avis de Zoé Mazin à mon propos. Malgré une mémoire défaillante restait, en effet,  au fond de moi la blessure des confidences reçues l'année de mes trente ans, cette blessure était encore là pareille à celle occasionnée par une écharde restée dans la chair. Léa remplit sa mission… Apparemment Zoé affichait la même opinion qu'autrefois, elle ne semblait pas avoir observé de réels changements. Et pourtant, oui pourtant…

Que penser de la perte de mes initiatives et de mes prises de position plutôt originales ainsi que   de mes défauts de mémoire ? N'étaient-ils qu'illusions perçues par moi seule ? En se voilant la face quant à mes manques, les autres s'épargnaient-ils de devoir affronter la perception de leurs propres failles ?   

 

Publié dans concours

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Commençons fort cette année avec le premier texte de notre concours : Et si tout n'était qu'illusion ?

Publié le par christine brunet /aloys

Je n'ai pas une vision très claire sans mes lunettes mais je n'ai pas envie de les porter quand je vais dans le bois avec mon chien.

Je vois où je mets les pieds, j'entends la course de mon chien dans les taillis et je reconnais son pelage clair passer et repasser devant moi, à quelques mètres.

Une tache fauve au loin. J'assouplis mon pas, je retiens ma respiration. Un chevreuil ? Plus j'approche et moins j'en suis sûre. Non...un bouquet de fougères fanées.

Pas grave. J'en ai vu un, hier encore. Ses pattes fines, ses oreilles dressées, son retrait élégant dans l'ombre des troncs quand il m'a repérée.

Un mouvement roussâtre au pied d'un arbre. Un écureuil ? C'est trop lent et puis mon chien ne réagit pas. Non. Des feuilles mortes soulevées par un petit merle noir qui cherche sa pitance.

Ah mais là ! Le chat du nouveau voisin, la rareté de son pelage, veiné de gris et de noirs aux volutes inattendues. Non. Un gros caillou taché de terre, aux formes arrondies.

La lumière diffractée du soleil d'octobre éclaire une structure en bois que je n'ai jamais vue. Une porte ? Mouais, encore une illusion. Mes yeux indigents, mon imagination, créent des images au fil de mes rêveries.

Où est mon chien ? Oh, il vient se coller contre mes jambes.

Viens mon bonhomme ! Ce sera trois grosses branches dressées contre un arbre et  laissées par des scouts , une bâche hâtivement installée par un chasseur d'images...

C'est une porte. Avec ou sans lunettes, c'est une porte. Au milieu de nulle part et sans aucun soutien pour la maintenir droite.

Ce n'est pas possible mais je décide de la traiter comme une porte ordinaire et de l'ouvrir.

Elle se laisse faire sans résistance. 

Un court instant, je pense à Alice au pays des merveilles avant de glisser dans l'obscurité la plus complète, mon chien toujours contre mes jambes.

J'écarquille les yeux. Il me semble voir un point de lumière très vive dans le noir. Je m'approche. C'est une serrure. La serrure de la porte. Qui n'a pas de poignée.

Au travers de la serrure, je vois une dame accompagnée de son chien. Elle me ressemble, il ressemble à mon chien.

Elle paraît un instant légèrement surprise. Elle plisse les yeux puis esquisse un sourire ironique. Sur ses lèvres, je peux lire « : «Mouais, encore une illusion . » 

Et elle passe son chemin.

 

Publié dans concours

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La bonne année à tous de la part de François Beukels et ses Carôttins !

Publié le par christine brunet /aloys

La bonne année à tous de la part de François Beukels et ses Carôttins !

Publié dans ANNONCES

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Très bonne année 2024 à tout le monde !

Publié le par christine brunet /aloys

Très bonne année 2024 à tout le monde !

Publié dans ANNONCES

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Joyeux Noël à Tout le monde !!! A l'année prochaine !

Publié le par christine brunet /aloys

Joyeux Noël à Tout le monde !!! A l'année prochaine !

Publié dans ANNONCES

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Le vieux de la zéro/vingt-trois, un recueil de poèmes signé Carine-Laure Desguin. Poème 3

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

3

 

c’est qu’il poétise



 

le vieux de la zéro/vingt-trois

ses couverts et son assiette

en plastique polyuréthane

non réutilisables jetables

souvenirs de Bruges

et de Bruxelles dimanches pluvieux

deux coups de ciseaux et de la dentelle

soulèvent son imagination

 

rester soi-même et 

de là essaimer 

 

des journées à la mer

les gaufres au sucre

les tomates crevettes

le vent déshabille

les corps et soulève 

des secrets

 

la mer le vent

et puis ces deux mots

comme un éclair

 

vieillesse naufrage 

 

 

In recueil Le vieux de la zéro/vingt-trois

http://carineldesguin.canalblog.com/

Publié dans Poésie

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"Nuit polaire", un texte de Louis Delville tiré de son recueil "Petites et grandes histoires"

Publié le par christine brunet /aloys

Nuit polaire

 

Le soir tombe, mon chat dort face au petit poêle. La chambre est éclairée par la seule lueur d'une chandelle. Parents et enfants sont rassemblés autour de la table pour un jeu de mines. Chacun y va de son imagination.

Le chat se réveille et saute sur la table en nous regardant. Lui aussi est devenu joueur. Il semble vouloir nous faire rire, mais en ayant peur de nous décevoir ou de mal faire.

Nous rions toutes et tous de bon cœur, mais sur un signe du père, tout le monde se tait et continue le jeu dans le silence.

La longue nuit polaire vient à peine de commencer et il va falloir "tenir" pendant de longues semaines. Au loin, un troupeau de rennes se prépare à rejoindre le père Noël…  



 

Louis Delville  (extrait de "Petites et grandes histoires")

 

Publié dans Textes

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Temps Zéro de Laurent Dumortier dans le blog de l'AREAW

Publié le par christine brunet /aloys

Temps Zéro de Laurent Dumortier dans le blog de l'AREAW
Temps Zéro de Laurent Dumortier dans le blog de l'AREAW

Publié dans Article presse

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Le vieux de la zéro/vingt-trois, un recueil de poèmes signé Carine-Laure Desguin. Poème 2

Publié le par christine brunet /aloys

2

 

le soleil la lune



 

et tout ça

poubellent pour lui

depuis l’assaut

d’un chapelet d’ecchymoses 

et d’une astéroïde 

de protéines (obligatoires)

 

des nappes d’hirudoïd

glissent jusqu’à l’intérieur 

de ses chaussettes 

démariées (comme lui)

 

chutes solitude 

il n’en fallait pas plus

 

atterrir ici

un point de rien du tout

sur google maps

longitude latitude

chambre zéro/vingt-trois

un vieux

dans l’entre-deux 

 

 

In recueil Le vieux de la zéro/vingt-trois 

http://carineldesguin.canalblog.com/

Publié dans Poésie

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