Concours "catastrophes climatiques" Texte 5.

Publié le par christine brunet /aloys

L’attrait de la pluie.

Elliot s’ennuie !

Il regarde par la fenêtre et lorgne avec envie la petite rivière qui serpente entre les saules pleureurs. Il imagine le contact froid de l’eau trouble sur sa peau et peut-être même le frétillement tactile des petits poissons qui y vivent.

Elliot soupire !

Il aimerait tant profiter du jardin pendant ce week-end de vacances. Le chalet qu’ils ont loué dans la Somme est entouré de verdure à profusion : de nombreux cours d’eau sillonnent les prairies faisant la joie des pêcheurs.

Elsa, de son côté, s’ennuie aussi !

Elle avait envisagé de se ressourcer le moral par de belles promenades, de gonfler ses poumons d’air champêtre mais le soleil semble fâché avec la nature et il projette sur la terre ses impitoyables rayons brûlants.

En cette fin de septembre, la chaleur est anormalement pesante.

Il fait tellement chaud que bouger devient une torture : la température extérieure en est presque intenable et les corps n’aspirent qu’au souffle des ventilateurs qui fonctionnent avec intensité à l’intérieur des bungalows.

Au lointain, quelques nuages gris perle semblent prendre forme dans l’azur métallique du ciel et apportent l’espoir d’une averse rafraichissante.

La jeune femme regarde Elliot avec tendresse et sa main se tend avec douceur vers la petite tête pour redresser la mèche touffue qui lui retombe invariablement sur les yeux.

   ─ Mon bébé adoré ! Maman va terminer ses messages sur Facebook et puis c’est promis, je jouerai un peu avec toi.

Elliot se renfrogne, vexé.

Il n’est plus un bébé depuis longtemps ! Il a 4 ans quand même !!

Et puis, il se doute bien qu’une fois connectée sur son smartphone, elle oubliera sa promesse.

Elliot patiente, le nez collé à la vitre.

Soudain, une goutte humide et silencieuse s’écrase mollement sur le sol de la terrasse : quelques autres suivent dans un mouvement ralenti et un pinceau transparent semble peindre le ciel de couleurs sombres. Les arbres sont statiques comme paralysés par une force indécelable : pas une feuille ne bouge… Mais il pleuviote…

La jeune femme se détourne de son écran. Elle ouvre la porte pour scruter l’horizon sans remarquer qu’Elliott en profite pour se faufiler discrètement.

Elliot jubile !

La pluie devient plus bruyante émettant des « plic-ploc » rigolos.

Sortir sa langue pour attraper l’eau qui tombe est tellement amusant ! De grosses flaques stagnent plus loin et quel plaisir d’aller sauter dedans !

Vive la liberté…

Elliott s’éloigne pendant que les nuages grondent et prennent des formes menaçantes. Il pleut des cordes et Eliott s’imagine sous la douche.

La rivière déborde déjà, formant un va et vient de vaguelettes.

Ce phénomène l’impressionne, persuadé que le cours d’eau va se transformer en océan. Des sirènes sortiront-elles des flots pour chanter leurs comptines envoûtantes ?

La nature s’emballe soudain : les nuages se battent entre eux en tonnant leur colère, les saules maltraitent leurs branches en les bringuebalant de gauche à droite, les précipitations grossissent en avalanche de grêles…

 

Eliot tremble de peur : il veut rebrousser chemin quand le sol se dérobe sous lui. La terre semble se liquéfier, se trouer et des bras invisibles l’entraînent dans les eaux tumultueuses.

Il aboie sa détresse en poussant des gémissements aigus, ses petites pattes s’agitent à la recherche d’un appui, son museau se convulse de terreur, ses poils dégoulinent et l’alourdissent…

Mais la rivière déchaînée ricane : en  se dilatant, elle s’est gonflée de méchanceté et engloutit le petit chien.

Un hurlement désespéré s’échappe du chalet.

Affolée, sa maîtresse crie :

   ─ Au secours ! Aidez-moi à retrouver mon chien ! Il s’appelle Elliot et c’est un Westie blanc.

A l’extérieur, la pluie inonde la région et à l’intérieur du pavillon de vacances, les larmes d’Elsa inondent le plancher.

Publié dans concours

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E
Oh zut alors, pauvre Eliott... Mais hélas... c'est arrivé près de chez nous!
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H
Les humains (pas tous heureusement) ont inconsciemment ou consciemment déréglé le climat mais il n'y a pas qu'eux qui en sont, à présent, les victimes... les animaux aussi. Pauvre Elliot!
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C
Très touchant. Mais impossible pour moi d'identifier les auteurs de ces textes.
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P
Un texte très réel malheureusement...
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