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Journal de bord... Hugues Draye...

Publié le par christine brunet /aloys

 

H.draye

 

 

24 juillet 2011
 
Je bouclerai la boucle (provisoirement) demain.
 
Mais ... je ne retournerai pas en Belgique. Non. Une surprise m'attend, en Corrèze. Sylvain, un pote de facebook, m'a donné des nouvelles.
 
J'ai pas dormi la nuit passée. Je me suis dit : non, c'est trop, entre Châlons et Tulle, en train, je ne m'en tirerai pas à moins de trois cents euros. D'accord, j'avais exagéré. Avec 84 (euros), c'est suffisant.
 
J'ai lu, chez mes hôtes, à Châlons, un bouquin sur le fils présumé de Napoléon. Qui a servi de modèle dans "L'Aiglon", la pièce d'Edmond Rostand.
 
"Je préfère les chansons entraînantes aux chansons de tendres", m'a dit quelqu'un.
J'ai pas compris.
Quelqu'un a ensuite intercédé pour cette personne : "Une chanson d'amour est intimiste ... ce qui veut dire que, quand la personne la reçoit, elle n'est pas forcément dans l'état d'esprit pour la ressentir ... alors qu'une chanson entraînante s'écoute n'importe quand"
Intéressant !
 

 
C'est très beau, Châlons
 

 

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Karl Chaboum : Mourir de peur de mourir...

Publié le par christine brunet /aloys

 

chaboum

 

 

 

 

Mourir de peur de mourir

 

je ne veux pas mourir                               

je voudrais être mort

 

ignoré des hommes de Dieu

courtisé par ceux du Diable

je me retrouve dans une fosse profonde

où les lions  rodent autour de moi

sont-ce les lions de Dieu

les lions du Diable

ils languissent à mes côtés

ils sont de Dieu !

Non ! ils languissent à mes côtés

comme un proche appât diablo

 

je suis pris de mélangivite

bon mal

moral immoral

je suis une toupie

ayant mal à sortir de mon bain                          

mal de Dieu

mal du Diable

je n’en sais plus rien

 

plus facile de croire au Diable

meurtres dépravation colère des foules

comment identifier la source des tsunamis

qu’on dit ne pas être la main de Dieu

sûrement pas celle du Diable

 

croire à ce qu’on ne croit pas

désirer ce qu’on aimerait mieux ne pas voir

 

dans la grande balance¸

qui est le plus pesant

le Diable évidemment

on le voit lui à l’œuvre

 

cet autre, lui aussi invisible

a la clé en main

pour résoudre

les problèmes de ceux qui croient en lui

les autres…

de main de fer

ils seront bercés par la main de fer de Lucifer

 

ceux qui sont dans la balance oscillante…         

mieux vaut qu’ils meurent maintenant

que de mourir plus tard

 

Karl Chaboum

Carol Trottier

mardi, 22 novembre 2011

 

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Publié dans Poésie

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"Je n'aime rien ni personne", une poésie de Silvana Minchella

Publié le par christine brunet /aloys

http://www.bandbsa.be/contes3/minchellatete.jpg

 

 

 

Je n’aime rien ni personne

Et plus rien ne m’impressionne

Je ne crois ni au diable ni à dieu

Et me rie même d’eux

Le soleil me laisse de glace

Et le rire m’agace 

 

Je suis un monstre des cités

Un fils de la fatalité

Mon cœur bat juste ce qu’il faut

Pour irriguer mon cerveau

Pas un seul battement

Pour le moindre sentiment

 

Ma vie est mon seul bien

Elle est aussi le seul lien

Avec le monde auquel j’appartiens

 

Je suis un tueur professionnel

Je vis de la mort de mes pareils.

 

 

Silvana Minchella

Publié dans Poésie

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Deux autres extraits du nouveau roman de Danièle DEYDE

Publié le par christine brunet /aloys

 

http://www.bandbsa.be/contes2/deyde2.jpg

 

Petit rappel :

 

 

L’histoire débute en 1959 en Algérie, sur une rive de la méditerranée. La guerre dure depuis cinq ans. Dans un petit village des environs d’Alger, deux sœurs, Adèle et Choline, perdent leurs parents et trouvent refuge dans la famille de Samia, leur amie algérienne. Le sort va les séparer, elles vont grandir loin l’une de l’autre. Elles finiront par se retrouver mais connaitront des destins différents que croisera parfois la route de la fidèle Samia, devenue militante pour le droit des femmes dans son pays et journaliste engagée.

Ce roman pose le problème du choix face aux aléas de la vie ainsi que celui de la condition féminine.

 

Premier extrait...

Ce fut par le hublot de l’avion qui l’emportait qu’Adèle vit s’éloigner ce paysdeyde qu’elle avait cru le sien. De là-haut, la côte se découpant sur le bleu de la Méditerranée, la grande ville blanche étalée au plein soleil lui furent dévoilées un instant, puis échappèrent soudain à sa vue. Le voyage lui parut bref ; très vite, l’atterrissage fut annoncé à Marignane, l’aéroport de Marseille. Un autre pays, une autre vie se profilaient ; la jeune fille se sentait pleine d’appréhension et dépourvue de toute certitude. La chaleur la saisit dès la descente de l’avion. A petits pas incertains, elle pénétra dans l’aérogare, les yeux à l’affut de tous les visages inconnus, et, soudain, ce fut un choc : elle les reconnut ! Sa tante, son oncle étaient là parmi la foule, un peu raides, un peu gênés en voyant approcher cette jeune fille qui, dans leurs souvenirs, était encore une petite fille. Eux aussi avaient changé, ils avaient vieilli ; le temps et le chagrin sans doute s’étaient chargés de marquer leurs visages………..

Sa tante la prit dans ses bras et Adèle comprit qu’elle pleurait. Elle sut alors avec certitude qu’elle n’était pas seule de ce côté-ci de la Méditerranée, qu’elle retrouvait une famille.

 

****************

 

 

Un autre extrait comme un avant goût...

 

 

Le soir tombe sur Alger. Samia et Adèle sont accoudées au balcon qui surplombe le jardin de l’hôtel. L’air devient plus frais et leur amène des senteurs fleuries. La ville est calme, mais elle ne dort pas ; elle grouille encore de signes de vie qui arrivent assourdis dans ce lieu protégé. Adèle s’inquiète pour son amie : « Tu fais un métier dangereux. Beaucoup d’intellectuels, de journalistes quittent le pays pour se mettre à l’abri. Viens en France, tu seras en sécurité chez nous. »

Samia secoue sa crinière brune dans un geste de dénégation : « Je ne peux pas abandonner les miens. »

« Il ne s’agit pas de les abandonner. Tu peux écrire de là-bas et envoyer tes articles ici. Tu seras aussi utile et tu ne craindras pas pour ta vie à chaque instant. »

« Et je laisserai d’autres personnes plus courageuses se faire assassiner à ma place. De loin, j’aurais l’impression de les trahir. »

Adèle s’énerve un peu : « A qui seras-tu utile quand tu seras morte ? »

 

 

Danièle DEYDE

"L'une ou...l'autre rive"

 

Publié dans présentations

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On voit le faible, une poésie de Charles Traoré

Publié le par christine brunet /aloys

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On voit le faible

 

On voit le faible sombrer

l’innocent pâtir de l’injustice

le semblable implorer l’aide

sans oser porter secours

le monde depuis n’est plus

ce qu’il a naguère été

le jour et la nuit ont même visage

le monstre n’est plus ignoble

l’Homme bon et mauvais

ont même allure

et le diable a senteur d’humain !

 

 

Charles Traoré

Publié dans Poésie

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Benoît Fresnay nous présente son livre en vidéo !

Publié le par christine brunet /aloys

 

Vous êtes curieux... Vous voulez en savoir plus... Benoît a pensé à tout... Voici la version longue de sa présentation !

Publié dans vidéo

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Jean-Claude Glineur se présente et présente son livre, Le désordre du rêve...

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

glineur.JPG

 

 

NOM ET PRENOMS DE L’AUTEUR : GLINEUR Jean-Claude Esaï

PSEUDO : Jean-Claude Esaï

Venu tardivement à l'écriture sous le nom d'auteur de Jean-Claude Esaï, Jean-Claude Glineur est né le 30/11/1947 à Frameries, Belgique.

 

Après un parcours scolaire chaotique terminé à 18 ans, les années suivantes le verront exercer différents métiers : marin, préposé au courrier dans une entreprise américaine ayant une antenne à Bruxelles, garçon de restaurant, ouvrier d'usine... jusqu'à ce que son don pour le chant lui ouvre les portes des Conservatoires Royaux de Mons et Bruxelles où il décroche plusieurs premiers prix.  Il entame alors en Belgique une carrière de chanteur classique et parallèlement de professeur de chant aux académies de Mons et Binche, exerçant dans ce dernier établissement la fonction de directeur, de 1999 à 2009. Il fut membre de l’ensemble vocal de la RTBF, du chœur de chambre de Namur et du quatuor vocal « Vox Montis » spécialisé dans la polyphonie vocale de la renaissance et contemporaine.

 

Il est titulaire en de plusieurs prix pour l’interprétation de la mélodie et lauréat du concours international de Clermont-Ferrand (F) pour l’interprétation du Lied et de l’oratorio. Il fut l’interprète en création mondiale de la cantate « Le Grognard de Waterloo » cantate profane du compositeur belge Paul Uy, écrite pour le 180ème anniversaire de la bataille.

Chanteur de chambre, Jean-Claude Glineur se consacre plus spécifiquement à l’interprétation de la mélodie et du lied, ses compositeurs de prédilection étant, entre autres, Claude Debussy, Henri Duparc, Gabriel Fauré. Son prochain récital se donnera en janvier 2012 à Mons (B) avec le concours de la pianiste gantoise Anne Verschoore, dans un programme consacré à Charles d'Orléans, Tristan Lhermite, Charles Baudelaire, Jean de la Ville de Mirmont.

 

« Le désordre du rêve » est son premier recueil, fruit de ses expériences, de ses rêves, de ses souvenirs.

 

TITRE DU LIVRE : Le désordre du rêve

 

Un résumé ?

Recueil de poèmes, de facture libre, inspirés de personnages, de contrées connues ou explorées, d’expériences vécues tant dans le monde réel que dans celui des songes.

 

UN EXTRAIT !!!!!

 

Le désordre du rêve

 

                        Je suis l’architecte aliéné

                        De mon imaginaire

                        Chacune de mes nuits

                        Me transporte

                        Hors du temps

                        En des contrées barbares                 

                        Envoûtantes et superbes

                       

                        C’est là que j’étanche

                        Mes soifs de conquête

                        C’est là que je commets

                        Les plus doux de mes crimes

                        C’est là que j’assouvis

                        Mes passions éveilleuses

                        Et secrètes

                        C’est là que je croise

                        En silence et en crainte

                        Leurs regards                        

                        Désordre du rêve

                        Etrange récolte                     

                        Moissonnée aux ténèbres

                        Par un autre moi-même

 

 


                        

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Le signe chinois, une nouvelle de Raymonde Malengreau

Publié le par christine brunet /aloys

 

http://www.bandbsa.be/contes2/malengreau.jpg

 

 

LE SIGNE CHINOIS

 

Il a beaucoup neigé et j’ai hésité longtemps avant de me hasarder sur les trottoirs glissants. Pourtant je dois absolument sortir aujourd’hui ; le frigo est vide et mes réserves épuisées. Je m’emmitoufle donc et entreprends prudemment de longer ma rue entre pignons glacés et congères blanches.

Arrivée à l’angle de la grand-rue, une odeur de nems frits me titille les narines et me donne soudain envie de chinoiseries. Cela tombe bien car, en relevant mon courrier ce matin, j’ai trouvé une carte de vœux sans texte ni signature. Elle représente, posé sur sa pointe, un carré rouge à centre blanc orné d’un gracieux idéogramme.

À l’occasion du nouvel an, je présume puisque nous sommes début février.

J’ai toujours admiré la beauté de ces signes que l’on voit aux murs des restaurants, sur les banderoles des temples ou encore brodés sur des vêtements.

Une idée saugrenue me vient parfois à leur sujet : et si, au lieu des compliments d’accueil ou des citations poétiques, ils proféraient plutôt insultes et malédictions, hein ? Comment savoir ?

J’atteins sans encombre « L’Asie », le petit snack de mon quartier. La jolie tenancière aux yeux bridés vient juste d’amener de sa cuisine, croquettes affriolantes, beignets parfumés et autres délices toutes fraîches. Je ne lésine pas et me laisse largement tenter.

Au moment de régler mes achats, la carte de vœux me tombe de la poche. C’est le moment ou jamais d’en vérifier le sens. Après un bref coup d’œil, la commerçante me dit : « Cela signifie : parapluie ». Traduction confirmée par sa mère qui vient

d’entrer dans le magasin.

Parapluie ? Je suis surprise ; je m’attendais à des souhaits de bonheur et de longévité mais, en y réfléchissant, pourquoi pas ? Le parapluie peut fort bien symboliser une forme de protection.

Je quitte la boutique et manque de tomber justement sur le squelette d’un parapluie qui avait sûrement connu des jours meilleurs. Je traverse la route et je trouve un autre pépin brisé, noir et austère celui-là comme ceux des clergymen. Décidément, le grand vent de cette dernière semaine a été sans pitié pour eux.

J’achète du pain frais et quelques croissants et tombe à nouveau sur une carcasse de riflard à voilure rouge. Je poursuis mon chemin vers l’échoppe du maraîcher et aperçois encore un nouveau cadavre, bleu cette fois. La coïncidence trop flagrante me décide à suivre cette curieuse piste.

Elle m’amène à tourner à gauche et à passer à l’arrière d’une rangée de maisons et de leurs jardins. Je m’arrête. Bien que le paysage soit rendu méconnaissable par l’épaisse couche de neige, je sais que je suis déjà venue ici, il y a longtemps ; une bonne vingtaine d’années, je crois.

J’avais complètement oublié cet endroit situé au centre d’un quartier très construit. Il y avait là autrefois des jardins urbains bien tenus par des cultivateurs du dimanche qui, avec un soin jaloux, ramaient les pois, désherbaient, arrosaient, ratissaient et cultivaient amoureusement des légumes et des roses tout en échangeant conseils et astuces avec leurs voisins.

Quelques années plus tard, par un jour de canicule, je me suis rappelée ce lieu charmant et j’y suis revenue en espérant y trouver un peu de fraîcheur agreste.

Quelle déception ! Les anciennes parcelles étaient entourées de hauts buissons épineux et de palissades infranchissables closes par des portes cadenassées de lourdes chaînes. Impossible même de jeter un coup d’œil pour deviner à quoi servait ce grand enclos désormais inaccessible dont les environs s’étaient transformés en dépotoir. Matelas crevés, chaises brisées, électroménager rouillé et sacs poubelles éventrés s’entassaient parmi les papiers gras. Quel gâchis ! Je n’y étais plus jamais retournée.

Aujourd’hui, l’endroit a été nettoyé ; plus aucun détritus ne le dépare mais il s’en dégage une grande tristesse. Les haies ont encore grandi, les palissades et les portes ont résisté et rendu l’accès aux anciens jardins plus impossible que jamais.

Tiens, je n’avais pas vu alors cette vieille bâtisse. Pourtant elle doit être là depuis bien longtemps si j’en juge par son état de délabrement. L’entrée et les fenêtres sont masquées de planches. Toutefois, une bicyclette flambant neuve d’un vert criard s’appuie contre la façade. Je perçois, mais n’est-ce pas une illusion, une bouffée d’herbe interdite et une odeur douceâtre plus lourde. Opium ?

J’hallucine ; l’Orient m’obsède aujourd’hui ! Bien sûr, les parapluies défunts ne m’ont pas menée jusqu’ici pour m’engager sur la pente fatale des paradis artificiels ; il est un peu tard pour ça !

Alors que je veux poursuivre mon chemin, j’en suis empêchée par un mur qui se dresse devant moi et qui n’existait pas autrefois. À son pied s’érige un bizarre édifice, constitué d’un échafaudage de vieilles armoires de cuisine dont certaines gardent encore leurs portes à glissières. Tout autour s’égaillent des écuelles, sans doute destinées jadis à des chats que les gens venaient nourrir. Tout est désert à présent.

Désert vraiment ? Pas sûr. J’entends soudain un « miii » de détresse. Je fouille dans les casiers et découvre un chaton tigré, terrifié et transi. Il ne doit pas avoir plus de six semaines car ses yeux sont encore bleus. Je lui parle à voix basse pour le rassurer.

« Mais que fais-tu là tout seul ? Où est ta maman ? »

Il crachote courageusement pour se défendre quand je le cueille doucement et l’enfouis sans ambages dans l’encolure de ma parka pour qu’il s’apaise et se réchauffe.

« Viens, on va à la maison. Ce sera mieux. Et on va te trouver un joli nom. Que penses-tu de Chine ? Pas mal, hein ! »

Et je rebrousse chemin à petits pas prudents en remontant la piste en sens inverse. D’une main, je porte mon sac à provisions et de l’autre, je retiens le petit greffier qui ronronne dans mon cou.

Je sais à présent où voulaient m’emmener les parapluies…

Bonne année, Chine !


Raymonde Malengreau

2011

 

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Publié dans Nouvelle

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L'invité d'Aloys est Eric Allard

Publié le par christine brunet /aloys

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l’orage l’au revoir

 

I

donner de la voix du verbe

au nom des choses tues

 

sans mots aller à la mer

délivrer l’onde des vagues

 

où ce corps dans mes mains

prit la forme d’une plage

 

 

II

l’orage les limites abolies

du temps et de la pluie

 

puisqu’au ciel s’efface l’ondée

toute trace d’éclaircie

 

il faudra revenir à la place

que j’occupais dans les rêves

 

 

III

sans mouvement seule

l’ombre se défait de la lumière

 

l’été continue de brûler

dans l’âtre de l’hiver

 

des mots marchent sur les peaux

ceux que tu as laissés mourir

 

 

IV

bref orage suivi de riens

passé recouvert de bleus

 

cheveux pris à la gorge

cou rare pour les caresses

 

qui l’une l’autre se calment

s’ensuivent sans suite

 

 

V

tous les noms donnés

pour inventer une langue

 

s’éloignent des lèvres en pensée

pendant qu’on pèse une étoile

 

sans un regard se souviennent

de ce qu’étaient des yeux 

 

 

VI

dans l’eau salée à souhait

plonger les moments perdus

 

de l’être ne faire qu’une bouchée

un avalement lent

 

retenir au bout des doigts

quelques pincées de ciel

 

 

VII

sans bruit se frotter au silence

pardonner au tonnerre

 

au poids lourd du temps

qui renverse les espaces

 

tomber en vérité

dans un monde sans dimension

 

 

VIII
d’herbes rouges en feuilles folles

parcourir le spectre des prairies

 

le corps embourbé sale 

dans la bouche de la terre

 

verser des seaux d’orage

de minuscules poignées d’avoir

 

IX

semer jusqu’à obtenir

une terre riche de paroles              

 

puis parler droit

à l’étroit dans les mots

 

pour le reste à dire

attendre un autre langage   

 

 

X

sans nerfs rouler

ses os jusqu’à l’air libre

 

quelques mots plus loin

crier son amour

 

comme si de son corps

on avait perdu les clés

 

 

XI

produire des voix d’enfant

dans des gorges de papillon

 

sous les ailes du cri

poser une bombe

 

dans les fleurs éparses

recomposer un chemin   

 

 

XII

à voix très basse

changer de saison

 

entre les yeux du temps

pousser sa mémoire

 

quitte à revivre

la nuit de sa naissance

 

 

Eric Allard

Publié dans l'invité d'Aloys

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Christian Van Moer a lu Nid de vipères de Christine Brunet

Publié le par christine brunet /aloys

 

http://www.bandbsa.be/contes/chrismellone.jpg

 

NID DE VIPÈRES

De Christine BRUNET, aux éditions Chloé des Lys

 

J’ai lu Nid de vipères,  le roman de Christine Brunet édité chez Chloé des Lys.

 

 

PRÉSENTATION :

 

Préparez-vous à un tour du globe périlleux : fuite laborieuse d’Honolulu pour rejoindre Paris via Papeete, embarquement pour une mission suicide à Hong-Kong, séjour à haut risque en Birmanie et escapade salutaire au Tibet avant le retour inespéré en France et de nouvelles tribulations en Polynésie française et à Malte…

Quatre-quatre, voiliers, jets, sous-marins, hélicos vous mèneront d’une destination, d’un péril à l’autre.

Ne vous laissez pas rebuter par les macchabées qui joncheront chacune de vos escales ni par les fréquents rencards avec la Mort qui pimenteront votre périple.

Vous ferez connaissance avec les illustres agences de renseignements que sont le MI6 et la DGSE, aux prises avec une puissante organisation mafieuse internationale qui a mis sur pied un réseau sophistiqué de tueurs à gages professionnels et spécialisée dans la recherche et la distribution des stupéfiants les plus hard.

Vous rencontrerez un savant fou qui croit avoir mis au point un sérum révolutionnaire, à la fois panacée de rêve pour les maladies incurables et merveilleux élixir de jouvence.

Une superbe créature superflic et un bel agent secret rompu au baroud vous plongeront dans l’action. Entre deux affrontements sanglants, vous assisterez aux ébats frénétiques de cette faune interlope. Le mystère se dissipera peu à peu, mais le suspense vous tiendra en haleine jusqu’au bout.

Rien de plus banal, en fin de compte, objecterez-vous : ce ne sont là que les ingrédients habituels d’un scénario tiré de l’œuvre archi-exploitée de Ian Fleming.

Détrompez-vous : des éléments originaux personnalisent ce canevas en apparence classique. Ainsi, par exemple, notre 007, c’est l’agent en jupons et notre James Bond girl, le bel espion. Ainsi l’héroïne, qui dirige ses enquêtes policières avec autant de détermination et d’efficacité qu’elle accomplit ses missions pour la DGSE est de santé particulièrement fragile.

 

PROTAGONISTES :

 

Il est temps de faire plus ample connaissance avec les principaux personnages qui se croisent et s’affrontent dans ce « nid de vipères ».

 

-  ALOYS SEIGNER :

« Alie » est la riche héritière d’une puissante famille française. Promue commissaire divisionnaire à Paris, elle s’avère être d’une témérité affolante et d’une efficacité remarquable, au point que son frère, le directeur de la DGSE, n’hésite pas à lui confier les missions les plus dangereuses.

-  NILS SHERIDAN :

Irlandais, agent du MI6. Soupçonné de trahison par ses chefs, torturé et laissé pour mort, il est recueilli, soigné et hébergé par la belle Alie. Il tombe sous le charme de sa protectrice et finit par faire équipe avec elle.

-  JACQUES SEIGNER :

Patron des services de renseignements français, il fait passer l’intérêt de la France au-dessus de tout, même s’il doit y sacrifier la vie de sa jeune sœur.

-  MARIE-CLAIRE SEIGNER :

Mère d’Aloys. Aucune fibre maternelle ne la fait s’inquiéter pour ses enfants. Dissipée, avide de luxe et de plaisirs, sexuellement insatiable, c’est une dévoreuse d’hommes.

- TAK FAI :

Laborantin chinois, créateur du sérum miracle. Dément qui n’hésite pas à utiliser les êtres humains comme cobayes et à les laisser mourir dans d’atroces et insoutenables souffrances.

-  CHAN SINGRI :

Chirurgien sino-indien cruel et sans scrupules. Cible du MI6 et de la DGSE, car c’est le cerveau de l’organisation mafieuse internationale qui menace le monde. Véritable génie du mal, il compte devenir tout puissant grâce à la commercialisation de la « Mort subite », sa nouvelle drogue dure, et à son sérum élaborés dans ses laboratoires clandestins.

 

ATMOSPHÈRE :

 

Tortionnaires, tueurs à gages, psychopathes, trafiquantsCouverture Nid page 1 d’êtres humains, ripoux, pirates, peuplent donc le « nid de vipères » qu’Aloys Seigner a pour mission d’infiltrer et de nettoyer.

Et la belle a fort à faire car, en même temps que ce réseau pervers, il lui faut également combattre un démon intérieur implacable.

Avec ce combat sans merci engagé sur deux fronts, cette odeur de sang persistante, l’atmosphère risquait de n’être qu’oppressante. Mais la tendresse et l’amour, le bleu et le vert n’en étant pas totalement exclus, des bouffées d’oxygène et de chlorophylle m’empêchent de ranger Nid de vipères au rayon des romans noirs.

C’est un roman d’espionnage, riche en rebondissements qui entretiennent le suspense et qui ne lâche pas son lecteur avant la fin.

Ni même après la fin ! Car le dénouement abrupt, brutal et inattendu pose question.

Sans véritable explication, il est bien difficile d’accepter cette fin telle qu’elle est littéralement présentée. Mais le lecteur incrédule, qui veut un dénouement moins choquant et plus vraisemblable, s’il fait travailler un peu son imagination, découvrira aisément au moins deux lectures plausibles et apaisantes.

 

ÉCRITURE :

 

Christine Brunet écrit dans un français correct et limpide. La construction de sa phrase est simple, naturelle. Elle sait éviter les fioritures, les figures pompeuses, les descriptions lassantes et les digressions inutiles qui alourdissent un récit.

Mais son style n’est ni pauvre ni monotone pour autant : on sent qu’il est travaillé et peaufiné pour rendre la lecture aisée et agréable. Et à côté du langage direct propre aux dialogues du genre policier, de nombreux passages séduisent le lecteur.

En voici quelques-uns :

 

« Il sentit qu’on empoignait le sac… Et on le balançait dans le vide… Un choc rude qui le sonna quelques instants puis une descente lente… Il était dans l’eau… Sa prison de plastique lestée. Déjà le liquide suintait dans la poche non hermétique. Son cœur retrouva un rythme normal. Il se força à attendre encore quelques secondes puis chercha l’ouverture… Une fermeture Eclair qu’il parvint à faire coulisser en retenant sa respiration. Il passa à l’extérieur et chercha des réponses sur sa situation exacte. Il était peut-être en pleine mer à plusieurs mètres de profondeur. Au-dessus, aucune trace de bateau ou d’agitation de surface. Souhaitant que ses ravisseurs n’aient pas demandé leur reste, il remonta et creva la surface avec un vrai soulagement, en manque d’air. »

 

« Au bout d’un long moment, elle parvint au bord d’un étang à la surface étincelante sous les reflets de la lune. Elle s’assit au pied d’un grand chêne, entre deux grosses racines et respira à pleins poumons les senteurs nocturnes. L’endroit était particulièrement bruyant, rempli des chants des grillons, des coassements des grenouilles et des crapauds, de légers clapotis, du bruissement des feuilles sous le léger souffle de la brise, de l’appel des hiboux, des glissements des petits rongeurs sous le feuillage sec. »

 

« Peu à peu le décor déjà flou fut remplacé par un monde de couleurs extraordinaires, mouvantes, bienveillantes dans lesquelles elle flottait dans une sorte de volupté indolore. Les fils colorés s’enroulaient et se déroulaient avec douceur et lenteur devant ses yeux clos. Elle voulait rester là, à tout jamais, dans cet espace abstrait. »

 

« Elle pleurait. Les larmes roulaient sans bruit du coin de ses yeux jusque dans ses oreilles. Elle contemplait le plafond de la baraque en bois dans un flou humide. Pourtant, elle en connaissait chaque planche, chaque nœud de bois, chaque irrégularité de la tôle ondulée grise qui servait de toiture. Elle n’avait plus envie de s’évader de ce cauchemar en rêvant aux îles, au ciel bleu profond presque marine certains jours et aux lagons turquoise. Elle tourna les yeux et contempla le goutte-à-goutte sanglant. Combien de poches avait-il extraites de son corps ? »

 

« Soudain comme si elle était prise de panique, Alie saisit son compagnon par le poignet et se jeta avec lui dans l’océan. Poursuivis par les hurlements de surprise et des tirs de fusils mitrailleurs, elle l’entraîna vers le fond, contourna une sorte de crête rocailleuse constellée de gorgones puis l’attira vers une grotte alors qu’il lui faisait signe qu’il était à court d’air. Elle retira de la cache un appareil de plongée et lui tendit l’un des embouts qu’il engagea avec reconnaissance dans la bouche. »

 

« Il se leva, prit le ciré posé à côté de lui, grimpa le court escalier, passa dans le salon et regarda par la baie vitrée fermée, partiellement obturée par un rideau. Son cœur bondit dans sa poitrine. Elle était là, nue sous la pluie et se lavait lentement avec sensualité. Il frémit de désir, son corps soudain brûlant et tendu. Chaque geste semblait étudié pour le rendre fou. La pluie faiblit. Elle s’essora les cheveux, les peigna longuement puis se sécha vaguement et enfila une longue robe fourreau blanche fendue des deux côtés jusqu’en haut des cuisses. Ses seins à peine gonflés pointaient sous le tissu fin et ses épaules bronzées portaient élégamment les fines bretelles du vêtement. Elle leva les yeux vers le ciel plus clair où quelques rayons de soleil semblaient forcer le passage pour saluer sa beauté. »

 

Bref, j’ai passé un bon moment de lecture, avec ton « Nid de vipères », Christine.

 

 

Christian VAN MOER                                                                       05-10-2011

 

christianvanmoer.skynetblogs.be

Publié dans Fiche de lecture

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