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Beaudour Allala nous propose un extrait de son roman, La valse des infidèles

Publié le par christine brunet /aloys

 

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Sylvain est assis sur la chaise qu’on lui a désignée, proche de celle du père de son épouse. Il observe cette dernière virevolter parmi d’autres danseurs. Lydia rit. Lydia insouciante car riche. Riche matériellement. Riche d’une famille unie. Elle n’entend que la musique Lydia. Elle ne veut rien entendre des doutes qui submergent son mari. Car, Sylvain s’interroge encore et toujours, sur ce terrible sentiment de ne pas être là où il devrait être… 

 

 

« Vingt-cinq ans ! Déjà ? »

 

 

Je pénétrai, à l’occasion de notre 25e anniversaire de mariage, dans notre salle à manger qui aura 25 fois changé de décors. Nous en avons les moyens où devrais-je dire, ma femme en a les moyens.

Lydia est l’héritière d’un patrimoine immobilier duquel je dois avouer, j’ai bénéficié durant ces 25 années de vie commune, élevant nos trois enfants dans l’abondance, sans crainte pour leurs avenirs, voyageant et me payant tout ce dont j’ai toujours rêvé jusqu’à aujourd’hui.

Nous savourions l’ivresse d’être une famille et je te vois encore, Lydia, t’affairer à ce que notre union soit indestructible, m’incitant à quitter mon travail pour faire partie intégrante de ta corporation. Bras droit de ton père, aujourd’hui, je n’en suis que l’ombre et celle de moi-même.

Je suis seul face à une table dressée pour deux. Autour de moi, je devine le contour des objets et des meubles trop neufs, tout ce matériel m’apparaissant aujourd’hui encore plus sombre dans ce clair-obscur aménagé pour l’occasion par ma femme.

Derrière les vitres au reflet irisé, les photos de nos enfants évitent les scories du temps.

Notre aîné a aujourd’hui 25 ans. Il a rencontré une jeune femme dont il s’est épris, quittant aussitôt la maison pour se mettre en ménage. Mes filles étudient encore, l’une a suivi une branche scientifique, l’autre littéraire. Elles ne font plus que traverser nos vies en nous effleurant à peine de leurs légers passages, provoquant malgré tout un courant d’air qui me fait froid dans le dos. Les grillages de protection installés aux fenêtres ne servent plus à les protéger d’une chute de hauteur mais à nous enfermer, mon épouse et moi, dans une affligeante routine.

Lydia s’arrache lentement de la pénombre, avec entre les mains, un gâteau 25 fois piqué de bougies, à la cire aussi suintante que mon front.

Lydia s’avance, le visage affreusement transformé par la lueur flottante des 25 petites flammes. Elle approche ainsi, les cheveux et les yeux rougis, au devant de ma silhouette sombre et vacillante.

Chaque année les bougies augmentent et, chaque année son dos se courbe sous le poids de leur nombre. Chaque année, je repousse un peu plus son corps dans des stratagèmes qui s’épuisent et un imaginaire devenu impuissant, la laissant imaginer à son tour, que je le suis devenu.

Après avoir éclairé la table avec la pâtisserie de luxe, sa main glisse sur la nappe, à la recherche des miennes se tordant entre mes genoux.

Trop de clarté soudaine, je feins de ne rien apercevoir en plissant les yeux et garde mes mains sous la table.

Sa main se sauve du ridicule, en feignant de balayer de son revers, de fictives miettes.

Les yeux de Lydia se détournent avec gravité avant de se fixer de nouveau droit, dans mes pupilles rétrécies, pour me lancer avec la joie d’un enfant s’adressant à un autre totalement égaré :

 

Qu’est-ce qui te ferait plaisir pour nos vingt cinq ans de mariage ?

 

Donne-moi vingt ans d’une autre vie !

 

Je n’ai pu retenir cette pensée séditieuse qui a fusé avec la violence d’une balle de fusil, touchant Lydia en plein front. Elle s’est ainsi reculée de sa chaise puis d’une inspiration prompte et profonde, Lydia expire aussitôt sur l’ensemble des 25 bougies.

L’obscurité soudaine me submerge à la manière d’une eau noire et glacée coupant net mon souffle jusqu’à ce que le réflexe respiratoire reprenne instantanément ses droits, avec force et amplitude.

Brusquement, j’entends Lydia se lever avec fracas, dans un craquement d’os ou de bois, se heurtant contre elle-même ou contre sa chaise qui s’effondre…

Je perçois le froissement de sa robe, les claquements de ses talons avec une acuité auditive renforcée par l’aveuglement.

Elle se déplace nerveusement dans la pièce dans un noir qui ouvre projection à tout scénario…Je pense immédiatement à la lame brillante qui n’a pas encore tranché le gâteau, au cendrier d’un cristal tailladé à portée de sa main ou encore à ses ongles limés en pointe, droit dans mes yeux furetant ses intentions dans l’obscurité totale.

 

Brusquement sa voix chuchote tout près de mon oreille :

 

Je te fais horreur, n’est-ce pas ?

Elle me saisit la main avec une rapidité telle que je me laisse faire, mes membres ne m’appartenant déjà plus. Ma main touche à une chaleur moite, avant d’être enserrée dans un étau de chair !

La voix de Lydia se fait plus haute.

 

C’est de là qu’ils sont sortis tes enfants et, c’est là, où tu ne rentres plus !
(Elle renforce l’étreinte entre ses jambes…) Touche, sens, comme elle pleure plus qu’elle ne mouille !

Je tente de retirer ma main d’entre ses cuisses, mais Lydia me saisit par la nuque et me bascule à terre.

La pièce toujours plongée dans le noir, allongé sur le dos, Lydia me chevauche.

Je sens tout son poids faire des va-et-vient entre mes hanches

Dépassé, assommé, effrayé…Excité… Je me laisse faire.

Elle fait glisser la fermeture éclair de mon pantalon, elle met deux doigts dans ma bouche, elle y introduit également sa langue tout en dégageant d’une main, mon sexe.

Je la sens glisser jusqu’à ma verge.

Castration de l’indigne époux ?

Non ! Fellation inattendue ! La première en vingt-cinq ans, inédite, exceptionnelle, je bande !

La lumière foudroie comme l’éclair d’un projecteur braqué sur nous.

Mon fils et sa fiancée, la main encore posée sur l’interrupteur.

Les plus gros plans jamais réalisés, sur des regards écarquillés.

 

Maman ! Papa ! Je profite de ce bel instant pour vous annoncer notre futur mariage.

Mon fils nous renvoie son sourire béat, sa fiancée aussi.

Ma femme se lève de sa chaise, intacte, pour aller les embrasser.

Moi je reste assis, les mains encore sous la table, toujours aussi coincées entre mes genoux. Je continue à me fondre dans la lueur des 25 bougies miraculeusement flamboyantes et à rêver…

 

Lydia embrasse les jeunes futurs mariés et chuchote à son fils :

 

Ton père réfléchit encore au prochain cadeau qui lui ferait plaisir ?

 

Vingt ans d’une autre vie, ai-je de nouveau souhaité en mon for intérieur !

 

 

Beaudour Allala

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Est-ce que ce monde est sérieux... présentation

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

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Ceci n’est pas un polar

 

Philippe Leclercq est né à Bruxelles, le 25-02-1962. Il est père de trois enfants et marié. Il travaille dans le monde du jeu de société. Amateur de Frédéric Dard, il a toujours aimé écrire, sans jamais avoir réussi à boucler un roman. Pourquoi y est-il arrivé cette fois ? Il l’ignore…

 

Présentation du livre

Jésus Sauveur est un drôle de coco. Déjà par son nom, vous l’admettrez. Mais aussi par sa profession. Il est Médiateur Fédéral.

En gros, personne ne sait de quoi il s’agit.

Notre gaillard – qui se fait appeler Jess, c’est plus pratique – est un dénoueur de panier de crabes. Il n’a pas son pareil pour déjouer les coups les plus tordus.

Dans un monde où l’homme est capable de tout et souvent du pire, il rame à contre-courant. Armé de sa seule intuition, fort de ses convictions et de son humanité exacerbée, il va là où sa hiérarchie l’envoie.

Cette fois-ci, tout commence par une prise d’otage dans un immeuble. Un jeune gamin est séquestré par l’assassin de sa mère. Comment ce fait divers, somme toute banal, a-t-il pu déboucher sur une affaire de meurtres en série ?

Jamais, cette modeste ville de province n’oubliera.

Normalement, un sérial killer c’est bien masculin, non ? Comme un viol, un assassinat…

Pas cette fois-ci. Pour la première fois, la proie est l’homme et le prédateur une femme.

Une Mante Religieuse.

Dans toute violence il y a un appel au secours.

 

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Publié dans présentations

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Nadine Groenecke a lu "De l'autre côté de la rivière, Sybilla" d'Edmée de Xhavée

Publié le par christine brunet /aloys

 

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Après "Les Romanichels", je me réjouissais de découvrir le nouveau bébé d'Edmée de Xhavée, auteur talentueux des éditions Chloé des Lys. Ce roman a un point commun avec "T'as qu'à leur dire !", le livre de Patrice Macel présenté dans ma précédente fiche de lecture : l'évocation de la famille et de la complexité des relations entre ses membres. Mais "De l'autre côté de la rivière, Sibylla" a pour cadre, non pas la simplicité du milieu rural, mais la rigidité de la bourgeoisie.

C'est donc une histoire familiale que nous livre l'auteur à travers Sibylla, sa narratrice. Cette gouvernante, en charge d'Emma et de Jean, orphelins de leur mère, nous relate leur parcours semé d'embûches, en dressant au passage le portrait de leurs proches. Une mère qui a abandonné le domicile conjugal pour suivre son amant et qui est retrouvée assassinée dans un hôtel, un père dépossédé de ses enfants par sa belle-famille et c'est le destin d'Emma et de Jean qui bascule... Récupérés par des grands-parents pétris de conventions et une tante froide, aigrie et sournoise, c'est seulement auprès de Sibylla que les deux petits trouveront chaleur humaine et réconfort. Voici comment cette dernière décrit sa première entrevue avec ses futurs protégés :

"Lui, il est entré dans mon coeur comme une flèche d'or. Il fermait l'oeil gauche parce9782874595196 1 75 que malgré la pluie la lumière lui blessait la vue. Puis il vit Beertje et d'un peu inquiète son expression passa au ravissement. Il sourit et une fossette apparut sur sa joue gauche. Il trottina jusqu'à Beertje sur ses jambes maigres aux genoux saillants et s'agenouilla, son manteau gris s'entr'ouvrant sur ses culottes courtes. "Miaou ! Miaou !" chantonnait-il tout heureux, tandis que le chaton, flatté de cette attention, lui mordillait le doigt."

"Je n'avais pas encore prêté grande attention à Emma, qui avait un peu plus de cinq ans. Elle observait tout, le visage grave, rigidement assise dans une robe bleu foncé à col Claudine blanc qui lui donnait l'air d'une orpheline. Ses cheveux étaient raides et tenus par un ruban également bleu foncé qui n'allait pas avec leur teinte. Elle analysait tout d'une façon presque rusée. Je voyais qu'elle essayait de comprendre où mon coeur allait m'emporter, vers les adultes ou eux, les enfants ?"

L'adolescence puis la vie d'adulte ne seront pas roses non plus, mais Sibylla veillera toujours, de près ou de loin...La plume accomplie d'Edmée atteint des sommets, elle nous emporte dans le tourbillon de vies malmenées qui finiront par trouver la sérénité.

Le prochain livre de cet auteur est déjà annoncé et je ne pourrai pas résister, il me le faudra aussi ! En attendant, laissez-vous tenter par, "De l'autre côté de la rivière, Sibylla", vous ne le regretterez pas.

Le blog de l'auteur : http://edmee.de.xhavee.over-blog.com/

 

 

Nadine Groenecke

http://nadinegroenecke-auteur.over-blog.com/

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Publié dans Fiche de lecture

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Christine Brunet a lu "La cerise" de Christian Van Moer

Publié le par christine brunet /aloys

Photo Christine Brunet

 

 

J’ai lu « La cerise » de Christian Van Moer.

 

Curieux titre, n’est-ce pas ? Et une couverture qui n’en dit pas plus sur le contenu du bouquin. Pourquoi ai-je choisi ce roman ? « La seconde chance de Corentin » n’y est pas étrangère. C’est le premier livre de Christian Van Moer que j’ai découvert, le dernier écrit également. L’histoire comme le style m’avaient emballée et je n’ai pas hésité à me replonger dans l’univers de l’auteur.

Un livre paru deux années auparavant. Je ne connaissais pas l’histoire, n’avais rien lu à son sujet…

A nouveau, Christian a su m’entraîner sur les traces de Joël. Qui est-il ? A vous de leLa cerise C. van de Moer découvrir !

L’auteur est parvenu à me surprendre et à me faire voyager. Un style toujours aussi facile et fluide qui titille l’imagination.

Des chapitres courts comme je les aime, des personnages vivants et, cerise sur le gâteau, un sacré rebondissement !

Vous l’avez compris, un livre à découvrir ! à avaler, même… Je l’ai lu en une heure et demie…

Quel genre, ce bouquin, me demanderez-vous ? Une enquête, une étude de caractère, un soupçon de fantastique devenue réalité, une recette qui prend sans peine.

Allez, je vous lâche quelques mots clé… Amour, drogue, meurtre (s), haine, amitié, égoïsme… Tous les ingrédients d’un bon roman pour vous faire passer un excellent moment… Allez, ne me dites pas que vous n’avez pas envie d’y jeter un œil !

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

Couverture Nid page 1

 

Publié dans Fiche de lecture

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Certains soirs d'été, un poème primé de Carine-Laure Desguin

Publié le par christine brunet /aloys

 

desguin

Certains soirs d’été …


 

Certains soirs d’été dans les villes aux trottoirs fatigués

S’agitent des ombres sur les terrasses des cafés

 

Un rayon de soleil s’échappe de son lit

Frôle dame lune pas encore endormie

Et ondule long serpent de kermesse

Du clocher des églises Jusqu’aux espoirs célestes

 

Ce rayon de soleil missionnaire des étoiles

Descend chaque nuit depuis la nuit des temps

Sur les villes les villages et les champs

Des grottes de Slovénie aux sommets du Népal

Et puis d’un seul sourire et même d’un seul geste

Anime d’une lumière tous ces espoirs célestes

 

Des faisceaux de lumières aux couleurs

Bleues jaunes rouges argentées

Se glissent tout partout dans les bois dans les prés

Les pavés s’allument et les cailloux aux humeurs

De désespoir et de miroir aux alouettes

Troquent le gris troquent le noir

Contre des strasses des graffiti

Des sucettes à l’anis

Des lingots des pépites

Et bien d’autres paillettes

 

Certains soirs d’été

Dans les villes endormies

Un parfum de rêverie

Aux terrasses des cafés

S’invite…

 

 

Carine-Laure Desguin

http://carinelauredesguin.over-blog.com

Cette poésie a reçu le premier prix du concours de Cavalaire !

 

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Publié dans Poésie

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Alexandra Coenraets se présente...

Publié le par christine brunet /aloys

 

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Comment vivre quand on est morte très tôt ?

Quand on tâtonne dans le noir ?

Comment être une femme quand on nous a volé le droit d’être une fille ?

Comment apprendre à désirer ?

Comment vivre sa sexualité de femme ?

Comment vivre ses relations avec les autres, avec les hommes ?

 

« Un jour lointain de mon histoire, je ne peux dire précisément lequel, la vie s’est ternie d’un coup et je me suis retrouvée dans une enveloppe morte.

 

Disparues la conscience et la beauté de pouvoir me vivre en tant qu’être sexué.

 

A partir de ce moment-là, je me suis éteinte et j’ai oublié jusqu’à la moindre trace de ce qui s’était passé. »

 

 

 

Née à Bruxelles en 1975, Alexandra Coenraets signe son premier roman. Retrouvez-là sur Facebook !

 

 

L’écriture est en moi, elle fait partie de mon être depuis l’enfance. Elle est toujours mouvante, en évolution, elle me suit et m’accompagne. Je termine à présent mon deuxième roman. J’aime ciseler les phrases, donner de l’ampleur aux mots. De la portée, de la chair, du contour. J’aime me laisser emporter par une histoire, sans savoir jusqu’où elle ira. Je m’attache à transmettre les émotions et sensations qui m’habitent et/ou qui habitent mes personnages.

 

« Naissance » contient une part autobiographique qu’il m’était nécessaire de partager ; celle-ci s’inclut dans une histoire romanesque, fictionnelle : il s’agit donc bien d’un roman !

 

C’est l’histoire d’une femme qui….Et je vous laisse découvrir la suite !

 

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Publié dans présentations

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Le nouveau livre d'Adam Gray... Une publication atypique, une fois de plus !

Publié le par christine brunet /aloys

PHOTO pour 4me de COUVERTURE (ADAM GRAY)J'ai déjà présenté sur ce blog Adam Gray, auteur chez Chloé des lys d'un recueil pas comme les autres, " ... Euphoriques et désespérées". (http://www.aloys.me/article-un-interview-d-adam-gray-74127959.html)
Il nous revient avec un ouvrage surprenant "Merci Dorothée !", un hommage à la célèbre présentatrice télé qui a marqué l'enfance de bon nombre d'entre nous. Je vous rappelle au passage qu'Adam Gray est également auteur/mélodiste/ et interprète ses chansons, des textes présentés dans son premier livre mais également dans celui-ci.
Il a accepté de répondre à mes questions et d'expliquer sa démarche et je l'en remercie... 

Un livre sur une présentatrice de tv, c'est original. mais pourquoi ce choix ?
Le choix d'écrire ce livre est né d'un manque, et de la joie retrouvée quand Dorothée est revenue petit à petit à la télévision. J'aurais pu lui écrire une lettre, mais j'ai voulu faire un petit peu plus...

Te considères-tu comme un fan, un admirateur du personnage ou, tout simplement de son approche de l'univers de l'enfance et des enfants ?
Je suis fan, oui. J'aime la femme, sa discrétion et son humilité. Sais-tu que c'est elle, lahttp://www.bandbsa.be/contes2/euphoriques.jpg toute première, qui a voulu importer le Téléthon en France ? J'aime ses chansons, en particulier ses chansons douces et parmi les plus méconnues du grand public, mais aussi ses chansons festives et populaires. J'aimais son approche familiale et sans chichis de la télévision. C'est quelque chose qui, personnellement, me manque énormément aujourd'hui. Je ne regarde presque plus la télévision. Et puis, comme elle, je crois que j'aurais toujours sept ans et demi quelque part... Tu sais pourquoi, je crois...

Qu'est-ce que Dorothée... ou son émission, t'a apporté ?
Beaucoup de joie, un équilibre certain. Dorothée réunissait petits et grands. Avec le recul, des émissions comme celles de Dorothée faisaient qu'enfants et parents étaient réunis. Est-ce le cas aujourd'hui ? J'en doute... Les enfants n'ont plus aucune référence humaine à la télévision. Les nouvelles "idoles" me font peur pour la jeunesse...

Tu as écrit des chansons... Les as-tu mises en musique ? les as-tu proposées ? As-tu eu un retour de Dorothée ?
Je n'ai rien mis en musique, non. Dorothée a toujours été fidèle a ses compositeurs et musiciens, et je respecte cela. C'était un petit "plus" pour le livre. Il me tarde de pouvoir envoyer le livre à Dorothée. J'espère qu'elle accueillera ce témoignage d'amour avec bienveillance...

Qui a conçu la couverture de ton bouquin ?
C'est ma maman, qui aimait beaucoup dessiner autrefois. Je suis très fier d'elle. Ma maman est toute ma vie. Je suis heureux que ses dessins illustrent Merci Dorothée ! Cela restera... C'est très important pour moi.

Je trouve que cette couverture correspond bien à l'état d'esprit du livre. Comment ce livre est-il perçu autour de toi ?
Il faudrait leur poser la question... On parle très peu "livre" chez moi. Il y a ceux qui ont compris que ce "métier", cette passion (je préfère), nécessitait énormément de patience avant un hypothétique bouleversement, qui n'arrivera peut-être jamais, je suis juste réaliste... Et il y a ceux qui, de toute façon, s'en moquent éperdument. Simple constat. Les premiers temps, quand j'ai commencé à parler à certains proches de ma première publication, je me suis heurté à de l'indifférence. Je préfère, depuis, rester en retrait, et être ravi quand ceux qui s'y intéressent vraiment me posent des questions sincères.

http://www.bandbsa.be/contes3/mercidorothee.jpgS'agit-il, en fait, d'un retour sur ton enfance ou d'un regard plus adulte sur un univers qui t'a passionné ?
Un peu les deux... Il y a cette lettre d'amour et de remerciements à Dorothée, un retour évident sur l'enfance, sur les années Dorothée, et un regard bien sûr plus adulte mais surtout ému sur un passé plus présent que jamais. Est-ce un phénomène de société ? Les gens qui ne sont pas si bien que cela dans leur époque ? Regarde le succès actuel des vedettes des années 1980 et l'amour des gens pour ces icônes... Le cinéma qui puise dans les succès des années 1980, tous supports confondus... Je n'y répondrai pas mais je répète ce que j'entends et lis très souvent : c'était mieux avant.

Comment as-tu abordé cette écriture ?
Le plus simplement du monde : en écrivant avec le coeur et uniquement. La démarche n'était pas la même que pour un roman ou un recueil de nouvelles.

Combien de tps as-tu mis pour écrire ce livre ? 
3 ou 4 mois peut-être. Je ne sais plus. Le plus long aura été d'imaginer de nouvelles chansons dans le style Dorothée. Tu sais que j'écris des paroles mélancoliques d'habitude, et ce fut donc un défi fort plaisant.

T'es-tu documenté ? Auprès de qui ?
Documenté, non. Je ne voulais pas. J'ai juste, pour la partie "Souvenirs en vrac du bon vieux temps", demandé son autorisation au webmaster du site planete-jeunesse.com d'utiliser quelques informations comme des dates, principalement. Je voulais, le plus possible, puiser dans mes propres souvenirs. De A à Z, ce livre est un livre fait avec le coeur et l'âme. La suite, ce sera des nouvelles et des romans de style fantastique, épouvante, mais Merci Dorothée ! restera un livre sans prétention mais très important pour moi. C'est mon bébé...

Vous pouvez retrouver tout l'univers d'Adam Gray sur son blog adam-gray.skyrock.com link


Christine Brunet

www.christine-brunet.com

Publié dans interview

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Une nouvelle de Philippe Wolfenberg, "les lumières de la nuit"

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

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“Les lumières dans la nuit”

Nouvelle extraite du recueil "Les états d’âme de la lune et du soleil", 

à paraître chez Chloé des lys

 

Je me réveille en sursaut, le corps glacé et pourtant trempé de sueur, la tête douloureuse comme un lendemain de fête trop arrosée. Je me lève et jette un coup d’œil distrait par la fenêtre : c’est l’une de ces inoubliables – parce qu’assez rares – journées d’été qui commence. Ne serait-ce l’angoisse sourde qui m’étreint, je goûterais pleinement cet instant privilégié. Bien que j’en sois intimement convaincu (la force de l’habitude) j’examine le calendrier posé sur la console du palier. J’aurais aimé avoir tort. Hélas ! cette nuit, la lune sera pleine. Comme je voudrais revivre, ne fut-ce que dans mes rêves, le temps où tout était normal ! Mais c’est tellement loin, maintenant.

 

l

 

Je prends une douche. Je ne sais si c’est l’effet de l’eau tiède sur ma peau mais je me sens mieux. Je devrais me réjouir ; néanmoins, il n’en est rien car, après tout, il ne s’agit que d’un bref moment de répit. Avant de sortir de la salle de bains, j’observe le reflet de mon visage dans le miroir et, par delà le regard de ce double qui me fait face, je cherche ce qui pourrait expliquer le cauchemar qui m’assaille régulièrement à la manière d’un cycle qu’on ne peut interrompre.

 

l

 

La pendule de la cuisine indique six heures. Je me verse un verre d’eau que je vide d’un trait. L’envie de profiter de la fraîcheur matinale me conduit sur la terrasse. Je m’appuie à la rambarde et contemple la baie éclairée par le soleil naissant. Etrangement persuadé de la voir pour la dernière fois, j’en fixe les moindres détails dans ma mémoire. Soudain, une idée saugrenue – au premier abord – me traverse l’esprit : « Peut-on échapper à son destin ? » Je l’ai cru... Jusqu’à hier. Je regardais la photographie d’une jeune femme. L’éclat de son regard et la douceur mélancolique de son sourire étaient la promesse d’un impossible bonheur. La sonnerie du téléphone m’a brutalement arraché au souvenir d’une époque révolue et, par là même, idéalisée. J’ai décroché... C’était elle. Je ne me rappelle plus notre conversation sinon que nous avons rendez-vous ce soir.

 

l

 

Je regagne la maison et me dirige vers mon bureau. J’allume l’ordinateur. Sur l’écran, apparaît le titre de mon prochain roman : « A la folie ». Mon éditeur est persuadé qu’il aura autant de succès que le précédent : « Je ne suis pas coupable ». Souvent, je me demande d’où me viennent cette imagination morbide et ce goût pour la violence qui hante mes écrits. C’est comme si, en moi, une entité occulte, contre laquelle je ne peux rien, tentait d’imposer sa volonté. Les mots se bousculent dans ma tête. Sur le clavier, mes doigts courent avec une rapidité inhabituelle. Sans que j’en sois vraiment instruit, chaque heure qui passe me rapproche de ce moment inéluctable et terrifiant qui voit s’allumer et s’éteindre, tel un stroboscope, les lumières dans la nuit. Je consulte ma montre… J’ai juste le temps de me changer.

 

l

 

J’emprunte l’allée bordée de rosiers qui mène au garage. L’air embaume le gazon récemment coupé. Je sors la voiture et gagne la ville. La circulation est fluide ; il est encore tôt. Je ralentis afin de pouvoir admirer la mer dont les vagues, colorées d’or et d’argent en cette fin du jour, viennent mourir sur la plage. Une route étroite et sinueuse mène au sommet de la falaise. Je longe un mur en pierres avant d’arriver au portail dont les grilles ouvrent sur un immense jardin. Je me gare sous un bouquet de pins puis, sans hâte, pour prolonger ce sentiment unique qui précède toujours les plus beaux instants de l’existence, je marche vers la villa. Une délicieuse exaltation s’empare de moi lorsque j’appuie sur le bouton qui déclenche un joyeux carillon. Quelques secondes – une éternité – s’écoulent. La porte s’ouvre. Elle est devant moi. Elle est telle que par le passé. Non ! Elle est plus belle encore. Elle se jette dans mes bras et dépose un baiser sur ma bouche. Je frémis au contact de son corps. Le parfum de sa peau réveille des sensations que je croyais oubliées. Elle se détache de moi et, d’un sourire, m’invite à la suivre. Je suis le premier à rompre le silence.

Ton appel m’a surpris…

Je me doute… A vrai dire, j’ai beaucoup hésité… Lorsque nous nous sommes quittés, sur un dernier malentendu, je ne désirais rien d’autre que t’oublier… J’y étais parvenue, d’ailleurs… Jusqu’à ce que j’apprenne, il y a peu, ton succès littéraire… Pour lequel je voulais te complimenter…

A en juger par le luxe qui t’entoure, tu as tout aussi bien réussi dans ton domaine…

Je l’admets… Je possède un restaurant étoilé et la réputation de ma cuisine n’est plus à faire… Même à l’étranger…

Le chemin de la prospérité semble moins difficile à parcourir que celui du bonheur…

Il ne tient qu’à nous de rendre celui-ci davantage praticable…

Comment ?

En y marchant, de nouveau, côte à côte…

« One more time ! »

Non ?

Si ! Ce que nous avons vécu ensemble est une caution pour le futur… Du moins, j’ose l’espérer…

Moi aussi…

 

l

 

Grisés par le plaisir des retrouvailles et par le champagne que nous avons bu, nous évoquons avec nostalgie les premières heures d’une relation qui nous a fusionnés à jamais. Elle se rapproche de moi, pose sa tête sur mon épaule et me fixe amoureusement. Je me perds alors dans l’immensité de ses yeux, sublimes et fascinantes obsidiennes marron, qui sont une porte vers l’autre monde... Celui où clignotent les lumières dans la nuit.

 

l

 

Quand je reprends mes esprits, j’ai l’impression d’avoir erré longtemps dans les ténèbres. Les lueurs glauques qui déchiraient l’obscurité ont disparu. A genoux, au milieu de la chambre, je ne peux détourner mon regard du corps dévêtu qui gît, sans vie, au milieu des draps froissés. Dans ma main droite, je tiens toujours le poinçon maculé de sang qui m’a servi à tuer celle que je croyais être mon ange rédempteur. Ses yeux grands ouverts demandent pourquoi. Je ne sais pas ! J’ignore l’origine de la force irrépressible qui me pousse à commettre de telles atrocités. Contrairement aux autres fois, je ne ressens aucun soulagement. J’ai le sentiment d’avoir franchi une nouvelle étape... La dernière, peut-être. Je me redresse et dépose la tige d’acier acérée sur la table de chevet. Des larmes de dégoût et de désespoir coulent sur mon visage. Je retourne près d’elle. D’une main hésitante, je clos ses paupières puis je caresse doucement sa joue sur laquelle mes doigts laissent une marque sanglante.

 

l

 

En sortant de la maison, je réalise que je viens de perdre la seule femme qui ait vraiment compté pour moi. A son contact, je croyais guérir. Mais, pour son malheur et pour le mien, je me suis trompé. Je monte dans ma voiture et démarre. Je manque d’emboutir une des grilles que le vent a fermée à moitié. Je rejoins la route mais, après le premier virage, je freine brusquement. Les pneus de la Viper crissent sur le gravier. Au loin, le soleil s’effondre dans les flots aux couleurs de crépuscule. Dans ma tête, la brume s’est dissipée. Tout est clair, à présent. Je sais ce qu’il me reste à faire. Un rire nerveux me secoue. C’est tellement simple ! Comment n’y ai-je pas songé plus tôt ? Je passe la première et donne un brusque coup d’accélérateur. La voiture bondit en avant, prend de la vitesse et fonce vers le vide. Sous le choc, la frêle barrière de bois vole en éclats. Par la vitre ouverte, je respire une dernière fois le vent du large chargé des subtiles fragrances océanes. Avant de m’écraser sur les rochers, quelques dizaines de mètres plus bas, j’ai le temps de penser que, si elle peut me pardonner le mal que je lui ai fait, nous allons être heureux là où je vais la rejoindre.

 

l

 

Je me réveille en sursaut, le corps glacé et pourtant trempé de sueur, la tête douloureuse comme un lendemain de fête trop arrosée. Je me lève doucement pour ne pas réveiller la jeune femme qui dort paisiblement à mes côtés. Lorsque je m’apprête à franchir la porte-fenêtre qui donne sur la terrasse, sa voix ensommeillée me parvient.

Phil ?

Oui ?

Où vas-tu ?

Prendre l’air…

Tu as encore fait ce cauchemar ?

Ne t’inquiète pas…

Attends-moi… J’arrive…

Le vent du large atténue à peine cette chaleur moite qui annonce souvent les orages d’été. Je serre Alessia dans mes bras et plonge mon regard dans le sien.

Je ne te ferai jamais aucun mal…

Phil ! Je sais… La sortie imminente de ton livre te rend nerveux… Et son contenu influence ton inconscient…

Ca paraît toujours si réel…

Et pourtant, ça ne l’est pas… Au contraire de la passion qui anime notre couple…

Tu crois ?

Oui ! Il suffit de me laisser t’aimer et de m’aimer en retour pour que rien ne nous atteigne… Fais-moi confiance !

Comme je reste silencieux, elle m’embrasse avec sa fougue habituelle.

Toi et moi, Phil… Ces trois mots ont valeur de promesse…

 

l

 

Tandis qu’Alessia se cramponne à moi pour mieux me convaincre de sa foi en notre bonne fortune, dans le firmament, les étoiles sont une infinité de lumières qui brillent dans la nuit.


 Philippe WOLFENBERG

 

Vous retrouverez son interview sous http://www.passion-creatrice.com/article-philippe-wolfenberg-l-ecriture-est-gravure-d-emotions-de-sentiments-et-de-souvenirs-sur-le-papie-104531813.html

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Oliver, une nouvelle de Micheline Boland

Publié le par christine brunet /aloys

boland photo

 

OLIVER

 

Monique, Marie-Anne et moi, l'avions surnommé Oliver. En fait, nous ne savions rien de lui. De ses apparences, nous avions déduit qu'il devait être à la fois pauvre et triste. Son pantalon était trop court, sa veste rapiécée et son cartable en partie décousu. Il était pâle, maigre et toujours seul. Monique avait eu l'idée du surnom : "On dirait le fameux héros de Charles Dickens", avait-elle dit. Nous avions ri mais y avait-il de quoi rire ? Il n'habitait sûrement pas le quartier où la plupart des gens étaient des bourgeois de plus de soixante ans. Et puis, cet enfant puait une telle misère…

 

Un jour matin, il passa plus tard que d'habitude et je vis qu'il avait un sparadrap sur le front et au menton. Je remarquai aussi qu'il avançait moins vite que d'habitude. Je téléphonai à mes copines pour le leur signaler. "Et si c'était un enfant battu ?", interrogea Marie-Anne.

 

C'est ainsi que me vint l'idée de le suivre alors qu'il était sur le chemin du retour. Je marchai, marchai : la rue des Fauvettes, puis l'avenue des Rossignols puis la rue des Hirondelles et finalement la route des Monts sur laquelle débouche un chemin caillouteux qui conduit à l'usine désaffectée. Une désolation. Rien que des bâtiments abandonnés avant d'arriver dans la cour de l'usine.

 

L'enfant entra dans ce qui avait été la loge des gardes. J'étais restée cinq mètres en deçà de la grille. Un chien aboyait dans un enclos où était garé un pick-up. "C'est à cette heure-ci que tu rentres ?", hurla une grosse voix. "T'as pas oublié d'acheter mes clopes au moins ?" Je n'entendis pas les réponses du gamin.

 

Je cueillis quelques pissenlits qui poussaient le long du chemin et fis demi-tour. Je téléphonai à mes amies. Marie-Anne se proposa de suivre Oliver jusqu'à l'école.

 

Ce qu'elle fit dès le lendemain. Le gamin était entré dans la cour de l'école communale numéro 2. Il était resté seul dans un coin près des toilettes. Quand la cloche avait sonné, il s'était placé le dernier d'un rang. Il était en cinquième primaire.

 

Les jours passèrent, les sparadraps avaient disparu mais d'autres les remplacèrent un peu plus tard. Monique voulait que nous allions toutes les trois parler au directeur de l'école. Marie-Anne nous rassurait : "Il va à l'école. Il y a des adultes, pas plus aveugles ni plus bêtes que nous, qui constatent son état. Ne nous mêlons pas de ça."

 

Pourtant, un après-midi, j'attendis le gamin dans mon auto. Quand il fut à ma hauteur, j'ai ouvert ma vitre et je l'ai interpellé : "Je vais faire des courses. Tu veux que je te ramène chez toi ?" Il se mit à trembler : "Oh non, Madame." J'insistai : "Je te dépose où tu veux…" Il accepta mais me demanda de le laisser rue des Hirondelles.

 

Il entra dans l'auto, garda son cartable sur les genoux. L'odeur de sueur et de tabac qu'il dégageait me donnait la nausée mais je pris sur moi. "Comment ça va mon grand ?" "Bien, Madame." Je lui offris un bonbon qu'il accepta. Un instant, je croisai son regard d'un bleu presque violet. Je n'obtins que des oui, non, bien assortis de Madame… Mais je vis une trace de brûlure sur sa main gauche.

 

Le lendemain, j'ai passé la journée à la capitale avec mes deux amies. Tandis que nous faisions notre shopping et mangions dans un bistrot sympa, nous avons évoqué Oliver. Il était présent parmi nous. Le beau comme le laid, le doux comme l'agressif nous poussaient à penser à lui. "Ça me tracasse trop, je vais aller à l'école", conclut Monique lorsque nous nous séparâmes.

 

Après l'entrevue avec la directrice Monique nous fit un bref rapport : "Le beau-père du gamin est ferrailleur. Le gosse a expliqué qu'il triait parfois des vieux objets et que c'est ainsi qu'il se blessait. Même en classe, il n'est pas adroit notre Oliver. Figurez-vous qu'il s'est déjà blessé avec un bout de crayon et qu'il lui arrive souvent de renverser son potage. Entre parenthèses, il s'appelle Marcel."

 

Bientôt, Marcel ne passa plus devant la maison. J'allai jusqu'à l'usine désaffectée. Aucun pick-up, aucun chien dans l'enclos. La grille était cadenassée.

 

Beaucoup plus tard, à la une du journal, je vis la photo du petit Marcel. Il avait été tué par son beau-père, un soir de beuverie. Il y eut comme un malaise entre Monique, Marie-Anne et moi. Puis ce malaise s'estompa peu à peu. Notre esprit et notre coeur étaient embrumés par d'autres petits tracas de la vie.

 

Notre malaise ne fut ravivé que lorsque passa régulièrement dans la rue un jeune homme que nous avons appelé Rimbaud, un drôle de type portant un chapeau et fumant la pipe.

 

Micheline Boland

http://homeusers.brutele.be/bolandecrits/ http://micheline-ecrit.blogspot.com/

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La proie, un texte de Marcel BARAFFE !

Publié le par christine brunet /aloys

 

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La proie

L’homme remonta le col de son vêtement, regarda l’heure à sa montre et alla chercher au fond de ses poches l’abri qui protégerait ses doigts du froid vif de la nuit. Il avait plu toute la journée. Une éclaircie, cependant, au moment où le soleil se couchait avait déchiré le ciel et quelques rayons échappés étaient allés se noyer dans la mer, laissant sur les vagues des traces vineuses. Puis les averses étaient revenues, plus violentes encore. L’homme suivit un moment le jeu des reflets glissant sur l’asphalte mouillé. Quelques voitures s’engagèrent, entraînées par le mouvement giratoire du rond-point. Il les observa, sans réagir. Il était trop tôt encore. Il fit quelques pas, sans s’éloigner, revenant à chaque fois au pied du grand pin qui lui accordait un abri bien improbable. Il eut une pensée fugace pour son lit. Il en chassa l’image de son esprit. Le moment était proche et il sentit une légère excitation le saisir. Il savait que son attente ne serait pas vaine et il s’était donné pour objectif de faire encore mieux que les fois précédentes. Lorsqu’au loin, il aperçut la trajectoire incertaine de deux phares se dirigeant vers lui, il ne put réprimer un ricanement de plaisir qui illumina sa face des mauvais coups. Il fit signe à son complice resté à l’abri dans la voiture. Apporte l’alcootest et le carnet à souches, lui cria-t-il, voilà le premier ! J’vais leur en foutre moi des soirées Beaujolais nouveau entre amis.  

 

Marcel Baraffe

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Publié dans Textes

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