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Adrien Roisin, Médiums, enquête dans l'univers des phénomènes paranormaux

Publié le par christine brunet /aloys

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Henri Puffet nous propose un extrait de son roman "La mise entre parenthèse"

Publié le par christine brunet /aloys

 

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Mon sauveur avait à peu près mon âge, et une face de caricature. Vêtu d’un blue-jeans maculé et d’une chemise à courtes manches déboutonnée d’où saillait un volumineux abdomen couleur de vieille brique, il était coiffé d’un chapeau de cuir à larges bords. A intervalles réguliers, il pêchait une cigarette dans son paquet de Palermo rouges, et se la plantait entre les lèvres. Nous parlions peu. Ma compréhension du castillan, surtout de sa version sud-américaine, étant encore assez rudimentaire. De temps à autre, il lâchait une plaisanterie, que je ne comprenais pas et dont il riait de bon cœur, découvrant à chaque fois sa désastreuse dentition. Toutes les incisives manquaient, et seules lui restaient des canines de prédateur. A part cela, vraiment un bon bougre, et je riais pour lui faire plaisir. Comme la climatisation de la cabine était en panne, on roulait vitres baissées, fouettés par l’air chaud et sec.

   Nous ne croisions aucun véhicule. Une cinquantaine de kilomètres après Villa Montes et les ultimes contreforts de la Cordillère, le paysage s’était aplati. Le Gran Chaco paraguayen était rigoureusement plat comme l’électrocardiogramme d’un macchabée, sur une étendue grande comme la moitié de la France. On traversait des monotonies ennuyeuses couvertes d’une forêt sèche et basse, sorte de haut maquis d’arbustes épineux mêlés de cactus, d’arbres-bouteilles et de quebrachos, qui bouchait la vue en tous sens. C’était tout plat. Tout droit. Et vide. Cela me changeait des Rocheuses et des Andes, sauf du point de vue de la densité de population. Mais surtout il faisait chaud. Comme je tentais d’expliquer ces impressions au camionneur, il a eu une réplique qui devait signifier : « et vous n’avez encore rien vu ! »

    Que le Paraguay fût en Amérique du sud, je ne l’ignorais pas, au même titre que le Pérou ou l’Uruguay. Il m’eût été impossible cependant de les situer avec exactitude. C’était une république enclavée au cœur du continent, dont on ne parlait jamais, éclipsée qu’elle était par ses voisins géants, Brésil et Argentine. Tout au plus l’avais-je vue mentionnée l’une ou l’autre fois, lors de la lecture de romans évoquant la chasse aux ex-bourreaux nazis. Demander à un Européen moyen où se trouvait le Paraguay, revenait à demander à un Américain de situer le Danemark ou la Bulgarie.

 

 

   Au bout de 116 kilomètres, le camion a rejoint la Ruta 9, la « Transchaco ». On s’est arrêtés. Les premiers Paraguayens que j’ai aperçus – excepté mon brave routier -, étaient trois policiers. Et là encore, stupéfaction de constater la richesse insoupçonnée de la mémoire, qui me restituait des images occultées durant trente-cinq ans. En apercevant les trois hommes à face basanée, sanglés dans des tenues beiges et coiffés de képis à visière plate, je me suis rappelé l’album Tintin et les Picaros, et le général Alcazar – ou le général Tapioca, je ne me souvenais plus -, une histoire dont les péripéties avaient pour cadre une obscure république d’opérette du continent sud-américain. Les trois gaillards portaient le même uniforme. Assis sur un banc, adossés aux planches brutes de la guitoune qui tenait lieu de commissariat, ils suçaient leur téréré (1) dans une guampa (2) de corne qu’ils se repassaient avec indolence. Leur  pick-up Ford blanc de patrouille, équipé d’une large collection de gyrophares, sommeillait sous le mât au drapeau.

   Le pavillon tricolore rouge-blanc-bleu, à l’horizontale, se déployait fièrement  dans le vent du nord sec et brûlant.  Nous étions à La Patria, kilomètre 645, village artificiel d’une quinzaine de bâtisses en briques rouges disséminées sous les arbres, plaqué là au début des années 80, sorte de base au développement de la région, alors encore vierge de toute occupation humaine. Une bande de chèvres mâchonnaient des broussailles et de vieux cartons. Rien ne bougeait. La route asphaltée commençait là – ou s’arrêtait là, si on venait d’Asuncion. Passé le village, la Transchaco redevenait piste cahoteuse et poussiéreuse qui s’éloignait vers le Chaco bolivien. Le Volvo a pilé au carrefour, libérant de douloureux gémissements d’air comprimé de ses freins. Le chauffeur a pêché un sachet en plastique sur la couchette derrière lui avant de sauter de la cabine et de se diriger vers la cabane des policiers.

   A mon tour, je suis descendu me dégourdir les jambes. Planté au milieu du bitume, j’ai considéré un moment la route qui filait, rectiligne, vers le sud-est, interminable et vide, et qui se diluait au loin dans l’air brouillé de chaleur. Un crotale écrasé séchait sur le goudron. Jorge – c’était le nom du routier – a remis le colis aux agents de police, puis s’est mis à discuter en riant avec le plus gros d’entre eux, alors qu’ils se portaient à ma rencontre. Le type m’a serré la main avec vigueur. Une véritable armoire à glace, à la panse imposante, avec une épaisse moustache noire sous le promontoire de son nez. Un Smith & Wesson .38 spécial pendait sur sa cuisse. Une face de brute, mais tout sourire. « Bienvenido a Paraguay » a-t-il tonné en me secouant la main.

 

Henri Puffet

"La mise entre parenthèse"

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Ann Merkelbag, finaliste de "Fais-moi un conte", estival du conte de Surice

Publié le par christine brunet /aloys

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 Ann Merkelbag est auteur aux Editions Chloé des lys... Un livre à paraître 'Dis-lui que tu l'aimes"... et un interview qui passera le 24 mars sur le blog passion créatrice.  
 
 Finaliste au concours de conte de Surice... C'est pas rien ! Bravo !  
 Tu nous en dis plus ? 
 je ne suis pas coutumière du conte... c'est même une première !
c'est à la suite d'un pari avec ma soeur que j'ai adressé un texte au 19ème concours de "fais-moi un conte" ;
respecter des consignes d'oralité, de thème et de longueur de texte étaient pour moi un pari nouveau.
et ce qui me plaisait, c'était l'invitation des organisateurs à une formation de conteur si le texte était sélectionné.

le sujet au départ ne m'a pas inspiré : comment parler de ce thème un peu bateau de "dis-moi ce que tu manges, je te dirai d'où tu viens" ?

c'est à la suite d'un déjeuner avec une copine et une conversation à bâtons rompus que mon idée a germé ; et c'est devenu une évidence;
restait à trouver les mots, le ton, le rythme. j'ai rédigé l'essentiel du conte en deux heures alors que je pensais qu'il serait impossible à faire.

il a été sélectionné et c'était une belle surprise.
je suis venue suivre la formation en belgique : un plaisir de plonger dans un univers jusque là inconnu et de croiser des passionnés ou des audacieux.

une très belle expérience, assurément...
 
 invitation

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JM Bernos en invité avec une fiche de lecture d'Hamid Fekhart pour l'Illusion

Publié le par christine brunet /aloys

 

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J’ai lu l’ombre d’une illusion, par Hamid Fekhart

J’ai pu déceler une imagination fertile à commencer par l’idée générale (une ombre qui se détache de son maître pour recouvrer la liberté) jusqu’aux détails qui soulèvent des questions très pertinentes quant à l’essence de l’homme, son développement, ses relations avec ses semblables, avec la nature. Le livre, à mon sens, est une invitation à reconsidérer la vie sous ses diverses facettes, à respecter la sagesse millénaire, à ne pas balayer d’un seul revers de main les legs des civilisations ancestrales…

La courageuse ombre d’Etienne m’a fait découvrir les contradictions des hommes, les inégalités infondées, les vices inutiles… Comme elle nous invite à la sagesse, aux bonnes valeurs et surtout au bon sens.

Les circonstances par lesquelles l’ombre d’Etienne s’est détachée… d’Etienne m’ont d’embléeCouverture (2) donné à réfléchir. N’est-ce pas suite à des difficultés que celle-ci a réalisé qu’elle pouvait réellement se libérer ? 

Maintenant qu’elle s'est libérée, permettez-moi de vous dire ce que l’ombre mobile, volant littéralement, comprenant le langage des animaux, savourant les joies d’autrui, compatissant avec les souffrants, condamnant les inégalités… m’a finalement enseigné.

D’abord une prise de conscience de la dépendance, puis son rejet. « Rien ne peut exister sans cet antagonisme, source de mouvement ». 

Puis cette avidité de découvrir, de connaître, de comprendre. Aussi une invitation à ne pas se détourner de la beauté de la nature, des eaux, des oiseaux des feuillages… Encore une invitation à aimer le travail et surtout respecter les hommes de métier… En un mot : une invitation à aimer ce monde qui est le nôtre.

L’ombre est aussi humaniste. Elle refuse les geôles, l’incarcération arbitraire et surtout sauvage. Elle veut un homme digne, respecté et respectable. Chacun fera sa lecture de cette délivrance « irréfléchie » opérée par l’ombre d’Etienne.

L’ombre tente-t-elle de nous inciter à prêter attention à tout ce qui nous entoure et d’évaluer chaque chose à sa juste valeur ? C’est en tous cas ma lecture. Est-elle subjective ? Je m’en contente largement.

Plus nous connaissons, plus il nous est difficile de nous prononcer et d’affirmer ! La réflexion que l’ombre a faite quant à la « gloire » est si frappante ! Certaines phrases devraient inciter l’humanité à réécrire l’histoire autrement et surtout à réinventer la justice !

Réconciliation, fraternité, équilibre, cohésion, sagesse, concessions, universalité, endurance, compréhension mutuelle… sont des mots que l’ombre d’Etienne, après un long apprentissage, défend, sans l’ombre d’un doute. L’harmonie de l’univers tient à nous. Le plaidoyer de l’ombre d’Etienne est sans équivoque : aimer son prochain comme l’on s’aime.

Etienne n’a pas perdu son ombre, loin s’en faut ! Elle était juste allée s’abreuver dans la nature, dans l’histoire, dans les animaux, dans le fond des hommes : leur souffrance, leur faiblesses, leurs qualités cachées… pour tenter de bâtir une vie meilleure, une société meilleure, un monde préférable, où tout un chacun aura son lot de lumière et de joie…

Je sais maintenant que la lumière existe puisque les ombres existent. Il suffit juste de regarder « un peu loin que son nombril », pour voir cette ombre, preuve irréfutable de sources permanentes et intarissables de bonheur… Pourvu qu’on admette que l’homme est loin d’être une machine à faire… et à se faire mal ! Pourvu qu’on apprenne à écouter attentivement nos ombres… nos consciences…

L’ombre d’une illusion est une leçon de vie. 

Hamid Fekhart

"La pieuvre noire"

Publié dans l'invité d'Aloys

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Christine Brunet a lu "Mon amour à Pompéi" de Christian Eychloma

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

ma photo

 

 

 

 

J'ai lu "Mon amour à Pompéi" de Christian Eychloma

 

 

En choisissant ce roman, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Le précédent étant un récit de science fiction, j'espérais un peu retrouver cet univers. Mais le titre me suggérait un autre genre, plus... romantique. Mais quoi, la curiosité a été la plus forte... 

 

Christian Eychloma nous propose bien un récit de science fiction (quoique... qui peut savoir ?) très documenté tant sur le plan scientifique que sur le plan historique. L'auteur aime rendre ses récits plausibles, une approche déjà exploitée dans "Que le diable nous emporte..."

 

Je dois dire que je n'ai pas tout compris des explications très scientifiques concernant le multivers mais peu importe : on s'en passe sans nuire au récit. Tout est calculé pour. Au départ, un truc m'a gêné, les termes latins (sans doute parce que j'ai détesté mes cours de latin et de grec...) et puis tout s'est peu à peu fondu dans l'histoire, presque naturellement, et tout est rentré "dans l'ordre".

 

Toujours le même style, toujours cette volonté de plonger le lecteur dans un ailleurshttp://www.bandbsa.be/contes3/pompeirecto.jpg presque palpable. Oui, on joue le jeu ! Oui, on se passionne pour les aventures de ce juge un peu fou qui décide d'être le premier voyageur temporel. D'ailleurs, quelle cruche, ce type, qui fait gaffe sur gaffe, sans vraiment se soucier des altérations que ces actions pourraient produire sur le présent. Vous pouvez me croire, je bouillais en lisant ses bourdes même si, indubitablement, elles sont humaines. Imaginez-vous transporté seul, sans aucun appui, dans la Rome antique avec votre savoir, votre conscience, vos a priori... Vous commencez à comprendre jusqu'où nous entraîne Christian Eychloma ?

 

Pompéi, juste avant l'éruption du Vésuve... Une course contre la montre pour... enfin vous verrez bien ! J'ai vécu ces quelques heures de lecture en apnée, en totale immersion dans cette ville au devenir tout tracé... tant et si bien que j'en ai fait des cauchemars en m'imaginant, fers aux poignets, impuissante, mise au secret dans les cachots d'un politicien véreux avec, en ligne de mire, le désastre que nous connaissons tous. 

 

Suspens, suspicion, découvertes, doutes, tout y est. Une aventure passionnante ! Je peux vous garantir qu'on a bien du mal à lâcher le roman. Vous ne me croyez pas ? Lisez-le !

 

Allez, Christian, à quand le prochain ???????

 

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

 

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Publié dans Fiche de lecture

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Christine Brunet a lu "L'une... ou l'autre rive" de Danièle Deydé

Publié le par christine brunet /aloys

ma photo

 

J'ai lu 'L'une... ou l'autre rive" de Danièle Deydé.

 

J'ai toujours voulu lire le premier livre de Danièle Deydé, Histoire en paroles, également édité chez Chloé des lys, mais le temps passe trop vite... et voilà que je me mords les doigts d'avoir remis à plus tard cette découverte après avoir, enfin, lu... non, pardon,... dévoré son roman, "l'une... ou l'autre rive". Pas tout à fait une heure pour littéralement avaler 190 pages.

 

L'auteur nous offre l'histoire d'une déchirure, d'une amitié gravée dans l'amour et la haine, dans les heurts du destin,... non,http://www.bandbsa.be/contes3/uneautrerive.jpg des destins avec un "s", celui de trois femmes qui affrontent la vie avec courage et détermination face aux bouleversements répétés d'une société algérienne à la recherche d'une stabilité entre traditions et modernité, entre générosité et cruauté, entre tolérance et fanatisme. 

 

Accrochée aux mots, aux impressions, aux images et aux odeurs, j'ai vécu intensément les dilemnes d'Adèle, les combats de Samia et les choix parfois contestables de Choline... contestables, peut-être, mais qui peut dire qu'il aurait réagi différemment face au mur implacable de la destinée ?

 

Très bien écrit, un style imagé mais sans excès qui nous fait remonter le temps avec facilité, des dialogues vivants et des réactions vraies qui interpellent lorsqu'on sait que Danièle Deydé a passé son enfance en Algérie. 

 

L'auteur nous propose là un voyage qui commence en pleine guerre d'Algérie et se termine pas très loin de nous, un voyage qui entame une réflexion sur la perte de racines, l'intolérance et le poids du passé.

 

Un livre passionnant à découvrir sans modération.

 

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

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Camille Delnoy, "De dieu(x) et d’autres bricoles les hommes compris"

Publié le par christine brunet /aloys

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De dieu(x) et d’autres bricoles
  les hommes compris

 Ce monde n’est
 
 Qu’un cri
 Et ce cri me tue
 À petits feux d’un holocauste
 À faire baver les loups-gurus
 Du culte de la bêtise et de la
 Sous mission au divin qui
 Divague dans la vulgarité
 Sanguine marque déposée.
 Combien de livres n'ont-ils pas écrits
 Aux sujets des Verbes
 Peut-être, est-ce l’inverse ?
 Mais ce qui reste stable c’est 
 Le sacrifice 
 En averse de maux et génocides 
 Dogmatisés où la foi n’est que 
 Bouse de certitudes construites
 Sur le chantage et la peur 
 Depuis
 Des siècles d’aveuglement
 Et des millénaires
 
 De beuglements.
 

 Oui, je suis fou voire maudit
 Aux yeux des costumes blancs
 Mauve cardinal et autres variantes
 De l’arc-en-ciel.
Camille Delnoy

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La préface du roman de Beaudour Allala, La valse des infidèles

Publié le par christine brunet /aloys

 

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Le premier livre de Beaudour que j’ai lu, je m’en souviens très bien. J’étais dans le TGV. J’ai oublié où m’emmenait ce train, mais je me souviens très bien que c’était un matin de printemps ; nous traversions une campagne lumineuse avec des coteaux couverts de vignes. J’ai pris le livre dans mon sac. C’était la Petite Zohra rouge.

Jamais je n’oublierai cet instant de lecture. Dès les premières lignes le ton est donné. Je ne lisais pas des mots, je touchais des braises. Une intensité qui m’obligeait à m’arrêter de temps en temps, comme un coureur qui cherche son souffle. Car Beaudour met un nom sur chaque chose, même celles que l’on garde enfouies au fond de soi. Les pensées, les comportements intimes de Zohra, ses douleurs, ses désirs nous révèlent à nous-mêmes. Ce n’est pas de la gentille littérature, c’est la vie. Crue. Nette. Le parler vrai n’est pas à la portée de tout le monde.

Et je me disais : voilà un vrai livre ! Comment est-il possible d’écrireimage001 (1) aussi juste, aussi fort ? » Pourtant, aucun « grand » éditeur à qui j’ai confié le manuscrit ne l’a retenu. C’est vrai qu’on a beaucoup publié sur ce sujet*, pourtant, à ma connaissance, jamais avec autant de force...

Mais souvent, l’échec conduit à la réussite : je peux en parler en connaissance de cause. L’échec montre le chemin du succès quand on sait regarder dans la bonne direction. Et la publication de la Valse des infidèles réserve sûrement à Beaudour de très bonnes surprises. Personne n’a jamais empêché un véritable écrivain de s’exprimer.  Tous les ruisseaux s’écoulent jusqu’à la mer.

Dans la valse des infidèles, Beaudour reste ce qu’elle était dans la Petite Zohra. incisive, mettant à nu les pulsions les plus profondes, mais sans provocation ; dévoilant l’intimité des femmes et des hommes dans ces tréfonds un peu troubles que nous évitons par faiblesse.

Beaudour a beaucoup à nous dire et à nous apprendre. Cela fait bien longtemps que j’en suis persuadé. Et le public qui n’a que faire des états d’âme des éditeurs parisiens ne s’y trompera pas. C’est une évidence.

*Zohra est une jeune fille issue de l’immigration, française avec des origines tunisiennes.

Gilbert Bordes.

 

 


 

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Chantal Parduyns et son quatrième roman, Le voile et l'alambic

Publié le par christine brunet /aloys

 

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Avec ce quatrième roman, je vous propose un voyage extraordinaire dans le temps. Vous l’ouvrez et vous êtes à l’hôtel-Dieu de Sénissel en 1718, vous allez rencontrer quelques malades et partager la vie très privée des sœurs hospitalières. Entre tisanes, électuaires et décoctions, les religieuses se dévouent corps et âme au service des malheureux. Toutefois, ces derniers jours, le cœur n’y est pas : vives tensions, accidents inexpliqués et décès intrigants… Œuvre du Malin ? Châtiment divin ?

 

Bien sûr, cette histoire est une fiction. Quoique… qui peut dire d’où vient l’inspiration ? C’est peut-être l’âme de l’hôpital qui m’a soufflé ses souvenirs dans l’oreille…

Le cadre historique, par contre, est bien réel. Je remercie l’Hôpital Notre-Dame à la Rose de Lessines de m’avoir donné accès à sa documentation et à ses collections très riches.

 

Extrait

 

- Bonsoir, Madame. Vous désirez me voir, annonce sœur Gabrielle, debout dans l’entrebâillement de la porte. Ses doigts effilés enrobent la clenche de bronze. Elle se tient droite, la tête légèrement penchée de côté, dans une posture toute de noblesse altière, consciente de son rang et de sa valeur.

- Oui. Prenez place, lui intime mère Agathe, en lui désignant la chaise qui lui fait face, de l’autre côté de l’imposante table de son bureau.

Un demi-tour gracieux, sœur Gabrielle referme la lourde porte de chêne. L’habit de toile épaisse à la coupe grossière ne parvient pas à étouffer la beauté de son corps élancé. Puis, elle avance sur le parquet ciré. Elle porte son austère coiffe noire comme un voile d’apparat surmonté d’un diadème précieux. Ses lourds godillots toquent sur le plancher. Elle traverse la pièce, imperméable au regard aiguisé qui la détaille, indifférente à la solennité du décor qui, d’habitude, impressionne le visiteur. Ainsi, Joseph, le fermier, se glisse toujours ici avec révérence, la tête engoncée dans le col de sa grosse veste. Les mains mafflues crispées sur son bonnet, il s’assied du bout des fesses, son œil timide et admiratif effleure la cire des meubles, les dorures des chandeliers et la plume qui court sur le livre de comptes ; jamais il n’a osé poser la main sur le chêne du bureau. Même le ventripotent bourgmestre, si imbu de son importance, semble rapetisser au pied de la grande bibliothèque vitrée.

Evidemment, sœur Gabrielle est habituée aux décors somptueux. Avant d’entrer au couvent et de devenir l’aide compétente de la pharmacienne, elle arpentait les vastes couloirs du château familial, faisait la révérence dans les salons d’apparat. Le caractère extraordinaire de la convocation ne semble pas l’émouvoir non plus. Et elle s’installe comme il convient, le dos droit légèrement appuyé sur le dossier capitonné, les mains posées sur les accoudoirs.

Face à face, les deux femmes se jaugent en silence. La prieure s’est enfoncée dans son fauteuil. Ses mains tavelées aux articulations déformées reposent sur le bureau. Dans son visage impassible, adouci par les flétrissures de l’âge, ses yeux d’ardoise trahissent une détermination froide et tranchante.

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Charles TRAORE, A la rencontre de l'autre

Publié le par christine brunet /aloys

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