"Tu saignes", une poésie/chanson d'Adam Gray


Lecture, écriture, une passion... Un partage... La littérature dans tous ses états !
Je viens de terminer « Les Romanichels » d’Edmée de Xhavée. Vous me direz que je ne suis pas en avance dans mes lectures puisque c’est son premier roman et que le second est déjà paru. C’est vrai, les livres à lire s’entassent, et la pile ne diminue que lentement. Mais mieux vaut tard que jamais…
Chaque soir, j’ai attendu de retrouver Mammita, sa fille, et tous (et toutes) les autres, dont les destins naissent, se développent, se rencontrent aussi, nouant les fils d’une parentèle parfois complexe. Mais c’est avec plaisir et impatience de lire que je suis entrée dans cette saga, je dirais même « fresque » familiale, construite au point de croix. Ici, chaque détail, chaque description, chaque parole tissent la broderie serrée mais délicate d’une famille de la bonne bourgeoisie wallonne et de ses proches. Ouvrage de dame, mais ce n’est certainement pas une critique sous ma plume, que cet entrelacs de vies, créant une intrigue qui progresse en douceur. Au fur et à mesure que la fresque s’agrandit, de nouveaux personnages apparaissent, qui viennent prendre leur place dans la composition.
Le texte intègre avec fluidité les remontées dans le temps, cette mémoire, qu’il faut préserver, dans ses moindres détails, avant qu’elle ne sombre, ainsi que le présent de deux femmes, mère et fille, dont c’est la tardive mais véritable rencontre. Le tout ponctué de petites touches sur la saveur d’un thé, la douceur d’un rayon de soleil, le moëlleux d’un coussin...
Atmosphère intimiste et intimité des souvenirs, tout cela dans le cadre, heureusement transgressé, des règles de vie d’une société bien née, de bonne condition, soucieuse du « ce qu’il faut faire « et du « ce qu’il ne faut pas faire ».
Tout commence par ce qui aurait pu être présenté comme un drame, mais qui, grâce à l’intelligence et à l’amour de la vie des personnages, se révèle être au contraire la condition d’une naissance, celle d’un véritable rapport d’amour entre une mère et sa fille.
Et après l’épisode magique et mystérieux des « romanichels », où apparaît l’homme à la cigarette, le gitan silencieux, c’est un départ vers une nouvelle vie auquel nous assistons, une fois les secrets mis à jour, les non-dits dévoilés, une vie pleine de vérité et d’amour qui va emporter les deux personnages principaux.
Roman psychologique et de mœurs, le livre plaît aussi par son ton vivant, gracieux et plein d'humour, même quand il aborde les difficultés et peines des personnages. L’amour du monde, la bonne volonté de vivre et de jouir des choses sont présents à chaque instant et font des « Romanichels », une histoire à la fois émouvante et savoureuse.
Anne Renault
annerenault.over-blog.com
LE COUP DU CLERC FRANÇOIS
Par Georges Roland
Je me souviens d’un prof d’histoire qui nous conseillait de faire une deuxième, voire une troisième, lecture des livres d’Astérix (à l’époque où le grand GOSCINNY scénarisait les aventures du petit gaulois) tant les phylactères regorgeaient, disait-il, de références ou de feintes au 2ème degré (voire au dixième).
Certaines finesses risquaient, en effet, de nous échapper après une première et unique lecture.
J’ai ressenti la même impression à la lecture du dernier né de Georges Roland, «Le coup du clerc François».
Je me suis surpris, plus d’une fois, à reprendre un paragraphe pour être certain de ne pas être passé à côté d’une allusion fine, d’une feinte déguisée, d’une référence cocasse ou d’un anachronisme poilant.
Car ce roman «anarchronique» fourmille de toutes ces bonnes choses qui vous font passer un délectable moment.
Plantons le décor : l’action se situe plus ou moins au Moyen-Âge mais on parle d’Internet et de caméras, mais aussi : des agents du groupe «Képis guêtres et bottes» (le K.G.B.), du «Comité d’Influence et d’Allégeance» (C.I.A.), du T.A.G. («Tout A (y) Gagner»), du R.S.C.A. («Récréation Sous Contrôle d’Arbitrage»), de la débâcle de l’Anse des Porcs… des 3 B («Batailler, Bouffer, Baiser»)… etc…
Principaux protagonistes :
Au sommet de la carte, le Royaume du Nord (capitale : Waulekoppe) et son roi autocrate et auto-désigné, Mahold Saitout. Dans sa jeunesse, ledit Mahold a rédigé un opuscule reprenant l’essentiel de ses idées et de ses conseils. Il avait imaginé titrer son œuvre «Mon combat» mais avait appris in extremis que ce nom avait été déposé par un peintre recyclé dans la politique. Il opta alors pour «Mes pensées», comme un petit clin d’œil à Blaise.
Au bas de la carte, le Royaume du Sud (capitale : Almon-Nosaute L.G.) sous la férule de Gothelon dans son beau palais du Biaboucquè. Gothelon est un fervent admirateur de Godefroi de Bouillon. Voix énorme, jupitérienne.
N’oublions pas : le Duché des Montagnes, Castard de Lardenne et son fils Benoît de Lardenne. Leur but : unir la Province (j’y viens…) et le Duché. La solution ? Unir Benoît et Eléonore (reine de la Province… encore un peu de patience, on y vient…) mais, gare à Barthélémy Le Tisseur (le gros Bart) espion prétendant d’Eléonore à la solde de Mahold.
Et : les Maussades, aux portes de la Province. Des gens surprenants : plus on en décime, plus il y en a. On leur a enlevé leur territoire, on les a diasporés dans tout l’univers connu, rien n’y fait… ils sont toujours là !
On y est : plus ou moins au milieu de la carte, la Province (capitale : Brizelle) et sa reine, Eléonore, férue d’art et de poésie. La Province, espace tampon, est une zone d’action occulte des belligérants, Mahold et Gothelon.
Une astuce : Guillaume IV Le Vif (père d’Eléonore), afin d’assurer à sa Province un avenir le moins belliqueux possible, avait tenu à associer les deux vindicatifs (Mahold et Gothelon) à sa descendance. Il les fit oncles d’Eléonore et Mahold est même son parrain en religion.
La Province couve en son sein la Ligue, composée de conspirateurs qui veulent instaurer une République dans ladite Province. Ils se réunissent dans l’arrière-salle de la taverne de maître Hop. Il y a là, Faron, l’Euclide, Tancrède, l’aguichante Marie la Porcheronne, également conseillère de la reine… sur laquelle je m’étendrai davantage (Je ne suis pas le seul d’ailleurs !)
En effet, cette pétillante et pulpeuse jeune femme me fait penser à cette actrice allemande née à Amsterdam, Willeke Van Ammelrooy qui, par sa plastique et son rôle dans MIRA (1971) faisait fantasmer les mâles, toutes générations confondues. Bon, je sais, Willeke n’est plus d’actualité depuis longtemps et j’aurais pu faire référence à quelqu’un de plus «contemporain». Mais que voulez-vous, on n’oublie jamais ses premiers «frémissements» picturaux.
La Marie, grâce à ses performances horizontales, prouve combien les hommes sont bavards au lit et c’est tant mieux pour l’intrigue !
Parmi les soupirants de la reine, il y a André, un moine qui a été évincé de la cour de l’évêque. André a écrit le Tractatus, une sorte de nouvelle bible de l’amour. On y apprend qu’un chevalier est tenu au devoir de sa dame, bien plus qu’au devoir de la vierge. Il compte 33 lois de l’amour. Bref, cette «œuvre» ne plaît guère au Frimat des Saules (Frimat 1er, successeur du pape); la suprématie de la femme ! Alerte !
Ce livre à la gloire de la femme doit être réécrit par un homme à la gloire des hommes. Le moine copiste François en a la charge…
Dans ces quelques lignes de présentation, amies et amis lecteurs, vous avez déjà repéré sans nul doute les différentes allusions à des personnages réels ou à des situations vécues. Et bien, c’est comme ça tout au long des 223 pages. On ne s’ennuie pas une seconde, croyez-moi, car outre le fait de s’amuser à débusquer les anachronismes et autres références, il y a une histoire qui vous tient en haleine de bout en bout.
Un livre édité aux Editions Chloé des Lys (23,60 €).
Voilà, vous êtes prévenus… dès lors, ne venez pas me dire Encorutilfaluquejelesus car je risque de vous tomber dessus Abraracourcix.
Alain Magerotte
ELLE AVAIT UNE JUPE DE GRAND VENT…
Elle avait une jupe de grand vent, une jupe dont les nombreux jupons et la soie sauvage moirée s'envolaient au moindre souffle, à la moindre brise. On aurait toujours dit qu'elle dansait.
Quand elle passait, elle laissait dans son sillage, un parfum de lilas. Elle avançait d'un pas léger, ne prêtant aucune attention aux passants qu'elle croisait. Depuis plusieurs semaines, chaque jour, elle se rendait dans le parc. De temps en temps, elle s'agenouillait pour ramasser une feuille, un pétale, un bout de papier, une plume.
Ce jour-là, pour la première fois, elle s'assit sur un banc. Son regard voyageait d'arbre en arbre, de parterre en parterre. Comme chaque jour, je l'observais de la fenêtre de mon appartement. Je me décidai à la rejoindre. Lorsque je fus dans le parc, j'allai m'asseoir auprès d'elle. Je dis "bonjour". Elle me répondit mais ne tourna pas la tête vers moi. Elle enchaîna : "Aujourd'hui, cela fait un an qu'il est parti…"
Ne sachant de qui elle parlait, je tentai de la réconforter et de la distraire du chagrin que je devinais. Je répondis : "Comme vous avez une jolie jupe ! On dirait une toilette prévue pour un bal. Je vous vois chaque jour. Je vous admire. Vous êtes si élégante, si gracieuse. J'étais un peu pareille à vous dans ma jeunesse. Aujourd'hui, j'ai quatre-vingt-quatre ans et je repense souvent à ce temps si ancien."
Elle fit comme si elle ne m'avait pas entendue. Elle poursuivit : " Il y a un an qu'il est parti. Quand il se rendait à la banque pour y travailler, il passait toujours par le parc. C'est ainsi que nous nous sommes rencontrés. Notre histoire n'aurait jamais dû finir. Pourquoi les plus belles histoires d'amour finissent-elles ? Il y a un an, il m'a dit alors que nous venions de terminer le repas du soir et que nous restions silencieux l'un près de l'autre : 'Je vais partir. Je crois qu'on n'a plus rien à se dire. La vie devient trop monotone.' J'ai imploré : 'Reste, reste,…' mais lui, il est allé faire son bagage et s'en est allé après m'avoir adressé un baiser du bout des doigts. Je l'ai cherché, cherché. Au début, chaque matin, je suis allée à la banque sans oser m'informer. Puis, j'ai eu l'audace de demander si je pouvais le voir. J'ai appris qu'il n'y travaillait plus. Je l'ai appelé sur son portable, il ne m'a jamais répondu, c'était toujours sa boîte vocale. Je crois que je vais devenir folle si je n'ai pas d'explication. J'ai pensé louer une page entière d'un quotidien national pour lui lancer un appel au secours. Je voudrais comprendre. "
J'étais bouleversée. J'ai songé à ma propre histoire d'amour qui avait connu le même type de fin.
J'ai dit : "Il faut vous ressaisir. Il y a tant de choses à faire… La vie peut être belle." Elle m'a répondu : "Depuis qu'il est parti, je ne peux dire où j'en suis."
Elle s'est levée. Elle avait une jupe de grand vent, elle sautillait, elle appelait "Rémy, Rémy…" en envoyant des baisers aux arbres, aux oiseaux, aux fleurs. Je l'ai regardée s'éloigner, puis juste avant d'atteindre la limite entre le parc et le boulevard, s'élever dans les airs. Peu à peu, elle était devenue pareille à un cerf-volant. Alors que je la perdais des yeux, j'ai ressenti une forte douleur dans ma poitrine et je me suis affaissée sur le banc…
Micheline Boland
Site : http://homeusers.brutele.be/bolandecrits
Blog : http://micheline-ecrit.blogspot.com
Philippe D. ... Voilà comment j'ai fait sa connaissance. En apprenant qu'il avait écrit un conte pour enfant, ma curiosité a fait le reste... voilà un genre qui m'a toujours attiré, peut-être parce que toute mon enfance a été baigné de contes que je relisais en boucle jusqu'à les connaître par coeur. Plus grande, je me suis toujours demandée comment naissaient les ogres, les sorcières et les chats parlants...
Aujourd'hui, j'ai l'opportunité de croiser la route et les mots avec l'un de leurs concepteurs... Alors je m'arrête et je le questionne, bien évidemment.
Depuis quand écris-tu ? Quoi et pourquoi ? Un déclencheur ?
Je serais tenté de dire que j’écris depuis toujours : des poèmes, une histoire d’indiens que j’ai illustrée en découpant des photos dans des magazines. Mais je me suis arrêté d’écrire dans mon adolescence à part un journal intime que je cachais bien de peur qu’il ne soit lu.
J’ai retrouvé l’envie d’écrire vers 20 ans, seul en vacances à l’étranger, pour passer le temps d’abord, par goût retrouvé ensuite.
N’ayant pas trouvé d’éditeurs pour mes trois premiers romans, j’ai encore abandonné l’écriture me disant « à quoi bon ? » jusqu’au moment où j’ai découvert les concours de nouvelles en 2001. Le genre me convenait (j’avais peu de temps pour écrire, une nouvelle est vite bouclée). Je n’ai plus arrêté d’écrire depuis cette année-là.
Dernier genre littéraire : les textes de slam. J’en suis aux balbutiements.
Décris ton univers littéraire
Je lis beaucoup essentiellement des romans. La plupart du temps, la poésie me laisse de marbre mais je me soigne. J’en lis, j’espère toujours qu’elle me touchera au fond de moi.
Je lis des polars, des romans d’amour, des récits historiques, des romans du terroir et d’autres écrits susceptibles de me toucher.
Citer mes auteurs préférés serait trop long. Quand je découvre un auteur, je lis toutes ses œuvres. Ma bibliothèque gémit et pleure ; elle crie « stop, je craque ! » mais je n’ai aucune pitié pour elle. Les livres continuent à s’entasser.
De par mon métier, je découvre aussi la littérature enfantine. Là, je peux vous citer mon auteur préféré : « Yaël Hassan ».
Ton rapport à l'écriture : comment écris-tu ? Ordi, papier, la nuit, le jour ?
J’écris quand je suis seul et quand j’ai le temps c’est-à-dire pas souvent. J’écris essentiellement sur papier. Je ne tape pas assez vite à l’ordi pour coucher toutes les idées qui me viennent. Les mots défilent dans ma tête. Si je ne les note pas à la vitesse où ils viennent à moi, ils m’abandonnent lâchement.
Comment tes proches appréhendent-ils ton côté auteur ?
J’ai peu de discussions avec mes proches au sujet de mes écrits. On dirait qu’une certaine pudeur nous empêche d’en parler. Par contre, mes collègues sont très contents pour moi et me le font remarquer.
Beaucoup de corrections ?
Je vais sans doute t’étonner mais je ne corrige presque rien lors de la relecture de mon texte. Quelques mots, quelques répétitions , lorsque je tape mon histoire, un temps mal employé mais c’est à peu près tout. Mais j’ai un correcteur : mon père qui, même s’il me fait rarement un commentaire sur le fond, surveille la grammaire et l’orthographe.
Où puises-tu tes idées ?
Je trouve rarement une idée toute seule. En général, je pars sur un thème donné, une phrase de départ. Dans les concours de nouvelles, le sujet est rarement libre.
Une idée m’arrive parfois comme ça sans que je m’y attende. Il faut alors que j’écrive le texte tout de suite ou que je note le sujet sinon il risque de s’envoler pour ne plus revenir.
Lorsque je me mets à écrire, j’ai l’impression qu’un être posé sur mon épaule me souffle les phrases. Ce n’est pas vraiment moi qui écris. Quand je relis un texte bien des années après lêtre posé sur mon épaule me souffle les phrases. Ce n’est pas vraiment moi qui écris. Quand je relis un texte bien des années après l’avoir écrit, je me dis souvent : « Ce n’est pas possible, ce n’est pas moi qui ai écrit ça ! »
Comment parviens-tu à te glisser dans la peau de tes jeunes lecteurs ? Pas compliqué pour un adulte ?
C’est sans doute très compliqué pour un adulte, beaucoup moins pour un instituteur. Je sais ce qui plait aux enfants. Je sais, par expérience, qu’ils aiment mon « Etoile magique » et je sais aussi que cette histoire ne plait pas nécessairement aux adultes ; du moins à ceux qui ont fini de rêver et qui ne savent plus entrer dans les contes.
Justement, ton rapport aux lecteurs. Pour toi, instit, aller vers les enfants, ce doit être un exercice facile... Ecris-tu pour eux ou avant tout pour toi ?
J’ai écrit pour moi, uniquement pour me faire plaisir. Ensuite j’ai testé mon histoire en la lisant à mes élèves sans leur dire que j’en étais l’auteur. Devant leur réaction enthousiaste, je me suis dit qu’elle mériterait peut-être d’être éditée. L’aventure a commencé comme ça.
Tu me donnerais une définition... ta définition de l'écriture, s'il te plait ?
L'écriture est un voyage dans un autre temps, une plongée dans un monde imaginaire, irréel où on peut s'amuser avec les personnages et prendre avec eux toutes les libertés qu'on désire. On peut transformer quelqu'un en monstre poilu ou en montgolfière (ce que j'ai fait dans "L'étoile magique"), lui casser une jambe ou même le trucider sans autre forme de procès. L'écriture est donc la liberté des mots, le vent qui nous entraine là où on le désire (même si les personnages semblent jouer leur propre rôle).
Tu as une autre passion, la photo à laquelle tu dédies un blog... Tu m'en parles ?
J'aime énormément la nature et le seul moyen de la garder intacte, c'est de l'immortaliser sur une photo. Une fleur est bien éphémère, un paysage devant lequel je tombe en extase s'évanouit bien vite. La photographie est un moyen de les immortaliser.
J'aime les voyages qui sont une fuite, un saut en dehors de la réalité, du quotidien et qui me permettent de découvrir le monde. Les souvenirs s'effacent vite. La photographie me permet de les retrouver.
Je ne suis qu'un simple amateur, je n'ai aucune connaissance photographique.
Crois-tu qu'il existe un lien entre l'écriture et la photo ?
Je n'en vois pas. L'écriture invente un monde, la photographie le fixe pour l'éternité.
Difficile de conclure après pareille phrase... Tiens, du coup, je vais mettre un extrait de L'étoile magique", choisi par les élèves de Philippe... Juste quelques phrases pour réveiller votre âme d'enfant...
" Lulu, qui se levait toujours dès la première sonnerie, accourut dans la chambre de son frère.
Lève-toi, il est l’heure pour …
Mais il s’interrompit aussitôt et fit demi-tour.
Où es-tu ? cria-t-il. Maman ? Tu n’as pas vu Pierrot ?
Je suis ici idiot ! répondit l’aîné.
Lulu ouvrit à nouveau la porte de la chambre. Son œil scruta les quatre coins de la pièce mais il ne vit rien.
Où te caches-tu ? lança le petit.
Mais je suis ici, juste devant toi ! Tu es aveugle ou quoi ?
Pierrot comprit alors immédiatement la situation. Il courut vers son miroir mais son image ne s’y refléta pas.
Lulu ?
Maman, j’ai peur ! hurla le petit.
Que se passe-t-il encore ? cria maman de la cuisine. Dépêchez-vous ou vous serez à nouveau en retard.
Ne bouge pas, dit Pierrot à son frère et surtout, ne dis rien. Je suis là. Avance ta main et touche-moi. Tu me sens ?
Lulu hocha la tête sans ouvrir la bouche.
Je suis invisible, continua l’aîné. Tu ne peux pas me voir mais je suis bien là et tu peux m’entendre. C’est l’étoile, tu comprends ? Je lui ai demandé … Allons, ne pleure pas ! J’ai besoin de ton aide. Tu vas dire à maman que nous n’avons pas faim, qu’il est tard et que nous partons tout de suite. Dis-lui que je suis déjà sur le chemin et que je t’attends. Ne lui dis surtout rien d’autre. O.K. ?
Lulu hocha à nouveau la tête sans mot dire. Il n’était toujours pas rassuré.
Pierrot ne prit même pas la peine d’ôter son pyjama et descendit l’escalier en prenant bien garde de ne pas faire grincer les marches. Il attendit son frère sur le chemin.
Pierrot et son frère arrivèrent à l’école dix minutes après huit heures.
Eh, les copains, vous êtes là ? cria Pierrot.
Ah ! Enfin ! répondit la voix de Jojo. Nous sommes tous là sauf Luc. Il a dû lui arriver quelque chose.
Je suis là, répondit celui-ci mais il faut absolument qu’on redevienne visibles.
Tu es fou, intervint le petit Michel. On n’a pas encore commencé à s’amuser !
Moi si, dit Charles le gros. Je me suis réveillé très tôt ce matin, il faisait encore noir. Je me suis levé pour aller aux toilettes et, stupeur, je n’avais plus de corps ! Enfin, je n’avais plus de reflet dans la glace. Je me suis alors recouvert d’un drap blanc et j’ai réveillé mes frères et sœurs. C’était la première fois qu’ils voyaient un fantôme. Ils ont eu la trouille de leur vie ! Ce que je me suis marré ! Je vous jure que je me suis bien vengé de toutes ces années où ils se sont moqués de moi et de mon embonpoint !
Moi, c’est pas si drôle, l’interrompit Luc. Ma mère, ne me voyant pas dans mon lit ce matin, a averti la police. Ils ont lancé un avis de recherche.
Mes parents croient à une fugue, dit Fred. Ils ont dit qu’ils avertiraient la police si je n’étais pas rentré ce soir.
Les miens se disputaient tellement fort qu’ils n’ont rien remarqué, dit Charles le mince.
Ecoutez les gars, on sonne, coupa Jojo. Il paraît qu’on a un nouveau prof. Allons lui faire sa fête !
Les enfants s’installèrent à leur place.
Mes enfants, je m’appelle Monsieur Cournebuche, dit l’instituteur étirant légèrement les lèvres du côté droit ; je suis le remplaçant de Monsieur Ansiau.
Monsieur Tournebouche ? lança Marco qui se trouvait à l’extrême droite de la classe.
Des rires commencèrent à fuser.
Silence ! tonna le nouvel enseignant. Je vous prie de lever le doigt pour demander la parole. Et je rectifie, je m’appelle Monsieur Cour-ne-buche, articula-t-il. Qui a parlé ?
Tous les regards se tournèrent vers le côté droit du local mais personne n’était assis de ce côté-là.
Monsieur Tournebouche ? lança Fred assis à l’extrême gauche de la classe.
Les regards se tournèrent de ce côté. Mais là encore, ils ne rencontrèrent que le vide.
Qui a parlé ? demanda l’instituteur rouge de colère.
Aïe ! cria Géraldine, la fille assise au premier banc.
Que se passe-t-il mademoiselle ?
On m’a pincée, monsieur !
Petite sotte ! Comment pouvez-vous donc dire une chose pareille ? Il n’y a personne à côté de vous. Si c’est pour distraire vos camarades, je vous préviens que …
Il ne put terminer sa phrase. Une craie venait d’atterrir sur son bureau.
Qui a lancé ce projectile ? demanda-t-il.
Cette craie a bougé toute seule, monsieur, dit Géraldine. Je l’ai vue se déplacer. Elle était dans la rainure du tableau. Tout à coup, elle s’est soulevée et … Regardez !
Géraldine montrait du doigt le frotteur qui se soulevait lentement.
Monsieur Cournebuche se retourna et vit le frotteur tomber sur le sol.
Ce frotteur était mal placé, c’est tout ! dit l’enseignant intrigué.
Mais je vous assure qu’il s’est soulevé ! répondit Géraldine.
Je l’ai vu aussi, dit Julien, le frère jumeau de Géraldine. Nous sommes dans une école hantée. Vous ne le saviez pas ?
Taisez-vous, je ne crois pas aux …
A ce moment, toutes les lampes s’allumèrent et s’éteignirent d’un coup.
C’est un faux contact, assura Monsieur Counebuche. N’ayez aucune crainte !
Il fut interrompu par un cri. C’était Lucie, la première de classe, la plus sage et la plus attentive, qui se débattait avec un agresseur invisible. Celui-ci lui défaisait son chignon si bien placé sur sa tête.
Mais que faites-vous mademoiselle ? demanda l’instituteur.
Mais je vous assure, monsieur, que …
Et elle tomba dans les pommes. Monsieur Cournebuche se précipita pour la relever mais, au moment où il fit le premier pas, un pied invisible le fit trébucher et il s’étala de tout son long. Les rires retentirent dans toute la classe.
L’instituteur se releva et se planta devant le tableau. Tout rentra dans l’ordre. Monsieur Cournebuche commença sa leçon. Il prit une craie, écrivit au tableau mais, au fur et à mesure qu’il copiait, ses écrits s’effaçaient. Il n’avait pas le temps d’écrire une ligne complète que celle-ci disparaissait mystérieusement.
Le pauvre homme ne se laissa pas démonter. Il était décidé à percer le mystère.
Prenez votre cahier de dictées et copiez : « L’automne. L’automne est ma saison préférée, … ».
A ce moment, la porte extérieure s’ouvrit toute grande ; un vent froid s’engouffra dans la classe, amenant avec lui une grande quantité de feuilles mortes qui recouvrirent quelques bancs.
C’est l’automne qui entre, cria une voix venant de la cour.
L’instituteur se précipita dehors mais il ne vit pas une âme. La porte claqua dans un grand fracas et des forces invisibles la maintenaient fermée. Il avait beau pousser de toutes ses forces, elle ne cédait pas. Tout à coup, il entendit une voix qui disait : « Lâchez tout ! ». La porte s’ouvrit d’un coup et Monsieur Cournebuche se retrouva le visage contre terre… "
Philippe Desterbecq, "L'étoile Magique", Editions Chloé des lys, 2011
Christine Brunet
LE PONTON
Au bout du ponton, la liberté, au bout du ponton, la fin des souffrances, au bout du ponton, les retrouvailles…
Depuis plusieurs années, je suis seul au monde. Mes parents décédés, j'ai décidé de déménager au bord du lac.
J'en ai fait des parties de pêche avec des "amis". En général, ils venaient chez moi uniquement pour cela. Je ne les intéressais que par ce ponton situé au bout du jardin. Certains venaient en voiture, d'autres accostaient sans prévenir et quel que soit le temps, je devais faire bonne figure, abandonner tout pour la pêche.
Un jour, une belle tempête a détruit le ponton et comble de malheur, la municipalité a décidé de le reconstruire aux frais de la communauté… Il faut dire que le seul médecin des environs se rendait volontiers chez ses clients en utilisant un petit bateau et que c'était devenu un lieu d'accès facile pour lui.
Fichu médecin ! Il ne l'a jamais beaucoup utilisé ce ponton ! Par contre, les autres, les pique assiette, les pêcheurs du dimanche, sans parler des gosses qui durant tout l'été s'en donnaient à cœur joie, le lieu était plus fréquenté que l'église paroissiale !
Tout cela a duré des mois et des mois jusqu'au jour où j'ai rencontré Aude, une gentille fille de la ville. Très vite, elle s'est installée à la maison et les visites d'amis se sont espacées et leur nombre a fondu comme neige au soleil. La paix, j'avais la paix, une gentille compagne que j'aimais et la vie nous souriait ! Quelques mois après, Aude m'a annoncé qu'elle attendait un enfant. Le bonheur continuait à inonder la maison.
Aujourd'hui, Aude est tombée dans le lac. Elle m'attendait sur le ponton et a glissé sur les planches humides… J'ai retrouvé son corps près de ce ponton maudit…
Alors, j'ai sauté dans l'eau glaciale, je me suis agrippé à son corps déjà froid et j'ai attendu…
Louis Delville
louis-quenpensez-vous.blogspot.com
" Si un classique " questions-réponses " me rebute et a le don de me rendre mutique, certaines rencontres impromptues basculent mes défenses.
Elle a donc eu de la chance, cette dame sympathique installée sur un brise-lame, jouissant, comme moi-même, de ce premier octobre exceptionnellement ensoleillé ?
Pas si sûre !
La pauvre ne pouvait plus m'arrêter après m'avoir lancé :
- Vous écrivez ?
J'étais restée, comme souvent, plusieurs jours sans parler à personne, absorbée par l'écriture d'un nouveau roman. D'un coup, spontanément, j'ai répondu, m'épanchant avec prolixité:
- Oui, c'est le plus souvent comme cela que les premiers jets d'idées de mes histoires sont notés : dans la nature, sur la plage, dans les bois, etc... Je m'arrête et pour ne pas perdre le cadeau de l'instant, vite, j'écris sur des feuilles que j'ai toujours dans mon sac.
Souvent aussi, me délectant des rayons solaires, attablée sur une terrasse, face à la mer - puisque j'ai la chance d'habiter à la côte. Et puis, bien sûr, suit un travail de recherche, vérification au dictionnaire, à la maison. Tout est en grande partie terminé au moment d'ouvrir mon ordinateur. Quand j'y brode directement tout un chapitre et que je le perds, c'est en râlant contre la technologie que toute tremblante, je recommence.
- Cela s'est produit pour ce livre qui va bientôt paraître chez Cloé des Lys ?
- Oui ! Il portera doublement bien son nom : Le Chant des Larmes
- Je pressens la signification du titre, m'a-t-elle dit. Il retrace l'évolution intérieure.
- C'est exact. L'être humain est enclin à s'attirer involontairement la souffrance. C'est par les épreuves de la vie qu'il acquiert le discernement indispensable pour chanter la sérénité retrouvée. c'est pourquoi, mes personnages auront déjà voyagé sur le chemin de vie avant de se rencontrer, se perdre et se réunir.
- Tu pourrais m'en dire un peu plus ?
Devant mon hésitation, elle me confie alors que, lors de déjeuners-littéraires à la Sabam, elle lit des extraits d’œuvres. Ceci avec l'accord des auteurs, bien sûr. C'est avec eux qu'elle choisit les extraits et un résumé.
Je ne m'étonne plus de son habilité à interroger les auteurs et je lui laisse lire quelques extraits :
(Insérer les extraits que j'ai précédemment envoyés et le résumé du dos du livre)
- Je suis impatiente de lire le roman en son entier. Sous quel nom va-t-il paraître et pourquoi chez Chloé des Lys ?
- J'avais reçu une liste d'éditeurs par un ami dont une connaissance a publié chez cet éditeur.
Comme il connaît ma situation financière précaire, il a souligné un avantage : cette maison d'édition publie à charge d'éditeur. Il m'a en outre assuré de son honnêteté.
Voilà !
- Et sous quel pseudonyme ?
- Vinca Milange.
Vinca : un souvenir d'un premier amour qui me l'a choisi... Finalement, bon nombre de personnes m'appelle " Vinca " et surtout depuis que je signe mes tableaux ainsi.
- Tu peins également ?
- Oui, c'est un autre hobby qui était devenu une activité quand j'ai perdu une partie de l'audition. J'ai participé à quelques expositions. J'y joignais parfois un recueil de poésies-chansons personnels.
Depuis 2003, je me consacre exclusivement à l'écriture ou presque.
- Tu m'as expliqué " Vinca " mais Milange ? Cela fait penser à " mille anges " ?
- Ce serait bien présomptueux ! Je me suis beaucoup amusée en l'inventant. J'ai repensé à un copain qui me disait : " Je ne sais jamais si je vais retrouver l'ange ou le démon quand je te rejoins... Tu es si imprévisible ! "
Il faut en convenir, j'ai la réputation de passer d'une grande gaieté au sérieux profond et je ne mâche pas mes mots face à des situations qui me révoltent.
- Donc, si je comprends bien : Milange contient un "L" d'euphonie et " mi-ange " suppose " mi-démon " ?
- Exactement ! ... Et révèle un caractère assez fantasque et contrasté. Je suis aussi d'une distraction légendaire. Je m'efforce pourtant à développer des qualités et donc à m'améliorer sans cesse.
- Il est beaucoup question de musique et de danse dans ce livre...
- J'adore la musique. J'ai eu des copains musiciens que j'allais régulièrement écouter. Une de mes filles a suivi une formation musicale et nous avions un piano à la maison. Elle a aussi suivi une formation de ballet classique ainsi qu'une de mes petites-filles.
Je suis une mère divorcée et déjà grand-mère.
Comme je me rembrunissais, elle s'est inquiétée de ma mine " tristournette ".
- J'ai très peur de devenir totalement sourde. C'est déjà une perte auditive importante qui a provoqué des problèmes de travail : je ne pouvais plus être éducatrice ou donner des cours de français sous forme de jeu.
Les activités créatives m'ont sauvées. Quand une porte se ferme, une autre porte s'ouvre !
- Tu lis beaucoup, tu m'as dit. Quels auteurs ?
- Plus jeune, Barjavel a été mon auteur préféré. A présent, divers auteurs retiennent mon attention comme Houllebecq, Irène Frain...
mais je consacre aussi du temps à l'étude du symbolisme, l'ésotérisme, la philosophie et parfois des revues comme le " Science et Vie". Les revues " Nature " m'intéressent beaucoup,
sans négliger les grandes promenades et l'observation de la nature elle-même, sur le terrain.
Pour ce livre qui va paraître dont l'histoire se déroule essentiellement en Novège, j'ai utilisé les notes et les descriptions écrites là-bas avant de revenir vivre en Belgique.
Ais-je raison d'écrire ? J'ai parfois des doutes. Mais je suis consciente qu'il n'y a jamais de certitude dans la vie.Que sont les chose importantes ? Pour citer Paulo Coelho : " Si les forces te manquent, l'audace sera ta gloire. Dans les grandes choses, le seul fait d'avoir oser, suffit !"
Je pense que tout ce qui touche aux sentiments est essentiel. Il faut donc oser aimer et que nos entreprises soient empruntes de nos sentiments croissants. "
En forme de postcriptum.... Des explications quant au Pseudo ?
Je crois maladroit l'explication concernant " Milange ". Le côté " mi-démon " qu'il suppose peut être mal interprété sans explication complémentaire.
A l'époque où j'ai été amenée à choisir ce pseudonyme, j'écrivais un dialogue pour un autre livre qui concerne précisément le " daïmon " selon les anciens grecs.
La notion qu'ils en avaient ne dépeint pas un mauvais caractère mais plutôt cette force intuitive provenant de la conscience individuelle qui nous pousse au-delà des interdits, des jugements, de la morale sociale vers un absolu, une sorte d'infini.
Beaucoup de gens, hélas, qualifient cette attitude de "désagréable" et "caractériel" dès lors qu'elle s'oppose à des conventions trop bien établies.
Pourtant nous possédons tous ce " daïmon " plus ou moins développé en nous. C'est pourquoi, l'on pourrait dire que tout être humain est un " daïmon " c'est-à-dire un intermédiaire entre " divin " : le haut idéal, et " le diable " : l'épreuve de la matière ou du corps.
C'est, je pense, l'immatériel qui a pour tâche de façonner un corps à son image jusqu'à l'obtention d'un équilibre harmonieux... et non l'inverse !
" Milange " ferrait donc allusion à une notion perdue,le " daïmon " à ne pas confondre avec " le diable " bien qu'il y soit lié comme à la notion de " dieux " et " Dieu " et encore le " Vide " (qui n'est pas néant) et qui contient le " Plein " : l'essentiel.
Je m'arrêterai là ! Ceci fait partie d'un ouvrage en cours.
En ce qui concerne le choix de l'éditeur, je n'ai pas invoqué les raisons irrationnelles : à tort !
Donc, le nom me parlait ainsi que le sigle. Dans un ouvrage que je n'ai pas soumis au comité de lecture, je fais découvrir graduellement la signification du " Lys ". L'évocation de cette fleur m'interpellait donc par sa valeur symbolique.
Marie-Claire George, auteur de L'ange gardien, édité aux Editions Chloé des Lys... Une fiche qui serait restée anonyme si... Oui, parce qu'il y a deux "SI"...
SI je n'avais pas remarqué le drôle de petit objet en première de couverture... Vous ne l'avez pas encore vu? Qu'à cela ne tienne, n'est-ce pas...
Voilà une bonne entrée en matière pour l'interview: un objet mystère. J'interroge alors l'auteur à ce sujet:
La couverture de l"L'ange gardien" a été réalisée par une amie, Roseline Deback. Elle a photographié un petit objet à suspendre au sapin de Noêl, qui représente un ange aux traits sud-américains. Il va comme un gant à la première nouvelle du recueil, celle qui donne son titre au livre. Il y est en effet question d'un ange gardien qui ne trouve plus de protégé à son nom chez nous et s'en va chercher en Colombie. J'étais ravie !
Mais je vous ai parlé de deux "SI"... le second, c'est le petit résumé qu'elle m'envoie. Elle y parle voyages et, une fois de plus, je ne peux résister...
Pourquoi tous ces voyages dans mes nouvelles ? Je n'y avais jamais réfléchi mais c'est vrai, mes personnages bougent beaucoup ! Les voyages, je les ai toujours aimés même si les circonstances aujourd'hui ne me permettent plus de courir le monde. Ce qui m'attire dans un voyage, ce sont les ambiances dépaysantes, les gens, un quotidien souvent bien éloigné du nôtre mais des aspirations qui au fond se ressemblent. Je suis fascinée aussi par des personnalités intrépides qui bravent les difficultés matérielles et le qu'en dira-t-on pour aller à la découverte des autres... et ainsi d'eux-mêmes.
Il ne reste plus qu'à faire plus ample connaissance... Je vois que son "Ange gardien" est un recueil de nouvelles. je prends alors mon interrogatoire à l'envers...
Pourquoi as-tu choisi d'écrire des nouvelles ?
D’abord pour moi, je n’avais jamais pensé à publier mes nouvelles jusqu’à ce qu’un ami m’y incite. Mais il est évident qu’être lue est une satisfaction, une reconnaissance. Et qu’il faut respecter le lecteur en ne lui balançant pas n’importe quoi. Il ne faut pas le décevoir, donc pour moi cela implique de lui offrir une histoire intéressante, de susciter chez lui une émotion (le rire, la peur, la tendresse, le chagrin, ...) et de mettre mon écriture au service de tout cela. Je travaille beaucoup mes textes mais j’espère que cela ne se voit pas.
Tu parles de faire passer tes émotions à tes lecteurs... Comment ? Définis ton style...
Classique. Ce n’est pas moi qui figurerai un jour dans les anthologies pour avoir expérimenté de nouvelles formes d’écriture ! Pour moi, ce qui compte ce n’est pas le style en soi, mais le style au service de l’histoire. Mais classique ne signifie pas banal, j’espère, et j’ai le souci de le rendre vivant et agréable.
Ton univers littéraire ?
J’admire les grands auteurs du XIXe siècle : Balzac, Zola, Maupassant, ... Bien sûr, l’époque a changé et tout doit aller plus vite, mais voilà des gens qui savaient raconter. Plus proches de nous, je citerai Henri Troyat, Bernard Clavel, Jeanne Bourin, Isabel Allende, Thrity Umrigar (« Tous ces silences entre nous »), Khaled Hosseini (« Les cerfs-volants de Kaboul »), Irène Nemirovsky (« Suite française »), Eric-Emmanuel Schmitt, Françoise Chandernagor, Catherine Hermany-Vieille, Anny Duperey, ... Mais je m’en veux de ne pas lire assez...
Retravailles-tu beaucoup tes textes ?
J’ai toujours aimé écrire, à l’école j’adorais les rédactions : elles me valorisaient davantage que le système métrique ou les démonstrations de géométrie ! A l’école primaire, j’ai d’ailleurs remporté deux concours insignes : l’un sur les biscuits Delacre, l’autre sur le drapeau belge... Puis j’ai enseigné et me suis davantage penchée sur la prose de mes élèves que sur la mienne, avec le souci de leur donner le goût de la lecture et de l’écriture. Bref, je n’ai plus rien écrit pendant des années jusqu’au jour où j’ai appris l’existence d’un cours par correspondance de créativité écrite organisé par la Communauté française. Un révélateur ! Ces cours, très bien conçus, variés et progressifs, m’ont permis de renouer avec le plaisir d’écrire et aussi de mieux me connaître au point de vue littéraire. J’ai alors participé à quelques concours où je ne me suis pas montrée mauvaise.
Alors, pourquoi écris-tu ?
C’est surtout pour me faire plaisir. Plaisir d’inventer une histoire, des personnages, d’essayer de les faire vivre. ; c’est pour moi une vie en plus. Mais aussi plaisir de chercher la phrase la plus percutante, le mot le plus juste, le ton le plus efficace, les sonorités les plus adéquates ou les plus harmonieuses. Et aussi plaisir d’être lue, de partager quelque chose avec le lecteur. Ecrire crée aussi des liens d’amitié !
Je ne suis pas poète, même si j’ai le goût des images et des sonorités. Jusqu’ici, j’ai surtout écrit des nouvelles et des contes. Je préfère être dans la fiction et dans l’action, qu’il se passe quelque chose. Je suis d’ailleurs en train de terminer un roman, mon premier. Depuis un an et demi que j’y travaille, je me suis attachée aux personnages que j’ai créés. J’espère qu’un éditeur voudra bien d’eux et que les lecteurs les aimeront....
Marie-Claire George a longtemps enseigné le français, en Afrique et dans la région du Centre.
Elle se consacre aujourd’hui à l'écriture, mêlant dans ce recueil des textes aux tonalités variées dont la tendresse est le fil conducteur.
"A votre âge, Arthur, vous pouvez prendre vos responsabilités. Je vous laisse quarante-huit heures pour découvrir une nouvelle vie à accompagner. Hâtez-vous, nous n'avons que faire d'anges oisifs. Le monde est aujourd'hui d'un danger ! Croyez-moi, il y a de l'ouvrage pour tout le monde au paradis !"
Christine Brunet www.christine-brunet.com
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