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Evelyne Culot nous présente son ouvrage "Girafon ou Culbuto"

Publié le par christine brunet /aloys

1* court extrait

 « - La mise bas s’effectue debout, et le girafon tombe d’une hauteur de près de deux mètres.

- Il ne se fait pas mal, Maman ?

- (…) Le girafon est un des animaux les plus vulnérables à sa naissance, mais après une heure, il est debout sur ses pattes et il ne ressemble en rien au petit être qu’il était quand il est sorti de sa mère. Le girafon qui se redresse est une tout autre créature.

- (…) Alors le girafon c’est pas un bulbuto : après être tombé du haut de deux mètres, il se met debout, vertical, mais il n’est plus le même. »

 

2* biographie

« Girafon ou culbuto ? » est mon deuxième roman. Mon premier roman (paru en octobre 2022) a pour titre ‘Même pas peur’. Il a fait l’objet de deux séances de dédicaces, dont une en Bretagne (Guilvinec), au café librairie ‘De l’Encre à l’Ecran’.

J’ai découvert l’écriture à 60 ans et y ai découvert un réel plaisir. Mon plaisir est tout aussi grand de partager avec le lecteur.

 

3* résumé de votre livre

Qui n’a jamais chuté dans la vie ? Personne. L’essentiel est de se relever en étant plus fort, plus grand, comme le girafon.

Cédric va découvrir les nuances de la vie, discriminer, aligner son comportement et ses valeurs, se faire confiance et s’aimer. Il sera girafon et non culbuto, ce jouet traditionnel qui se redresse et se remet à la verticale, quelle que soit sa chute. Il n’évolue pas.

Publié dans Présentation

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Vardo Brak nous propose un second extrait de son ouvrage "Ne pas perdre la tête"

Publié le par christine brunet /aloys

 

Extrait de « P’tit Louis »

 

On a d’abord assis P’tit Louis sur une chaise paillée en bois. 

Vinatier m’a dit de tenir le corps pour ne pas qu’il bascule. Puis, il a fixé P’tit Louis sur la chaise avec trois ceintures : une au niveau de la poitrine, une à la taille et une dernière qui lui maintenait les jambes contre les pieds avant de la chaise. 

Et on a commencé à descendre l’escalier. 

Vinatier tenait le dossier de la chaise, moi je me suis retrouvé à tenir la chaise par devant et j’étais censé aller à reculons. 

Du coup, c’est moi qui portais tout, Vinatier avec ses hanches malades tentait simplement de retenir la chaise et la tête de P’tit Louis qui dodelinait. 

P’tit Louis, comme son nom l’indiquait, n’était ni grand ni gros et le cancer s’étant sérieusement nourri sur la bête, il ne restait plus grand chose, mais j’ai trouvé qu’il était malgré tout très lourd. 

La phrase « ça pèse un âne mort » m’a traversé l’esprit. 

C’était une des premières expressions marrantes que j’ai apprises en français. 

Je m’imaginais des campagnes françaises arpentées par des paysans qui trimbalaient des ânes morts. 

Heureusement, mon esprit m’a suggéré d’élever un peu le niveau : si le corps d’un mort est si lourd, c’est que c’est la vie qui lui donne sa légèreté, quand la vie s’en va, le corps s’alourdit. 

Pendant que je philosophais intérieurement, mon corps à moi bataillait dans ce putain d’escalier pour essayer de garder son équilibre sur les marches irrégulières aux tomettes fêlées ou décollées. 

Si jamais j’avais glissé, si j’avais lâché la chaise, avec Vinatier qui ne pourrait rien retenir seul, je partirais en boule dans l’escalier, j’arriverais en vrac sur le carrelage de la cuisine du rez de chaussée, suivi dans un craquement de bois et d’os par le corps du P’tit Louis dont la tête enrubannée ferait un splash dégueulasse aux pieds de sa Dolo éplorée ! 

Ça, ça n’était absolument pas une option. 

D’abord, je risquais de finir paraplégique et puis, je me couvrirais de honte pour le restant de ma vie à Torganet que je devrais d’ailleurs quitter sans délai. 

Finalement, tout se passa bien. 

En bas, on a libéré le P’tit Louis et on l’a allongé sur une banquette, les jambes bien tendues, les mains de nouveau jointes sur la poitrine et la mâchoire toujours tenue par la serviette blanche nouée. Dolo tira devant le corps un paravent défraichi sur lequel on pouvait deviner un paysage espagnol peint en couleurs qui avaient été vives. 

J’eus droit à un regard presque bienveillant de Léonie Radio Torganet, toujours présente, évidemment.

Mission accomplie. 

Je suis sorti et je suis allé au jardin désherber un peu. 

Au-dessus du Pech qui dominait Torganet, deux vautours tournoyaient dans un ciel d’un bleu brillant et dur comme une lame acérée.

Publié dans Présentation

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QUELQUES SECRETS D'ANIMAUX... par Micheline BOLAND

Publié le par christine brunet /aloys

 

QUELQUES SECRETS D'ANIMAUX

 

 

Les perroquets

 

Il était un temps, où l'homme chassait tous les oiseaux. L'homme mangeait leur chair et utilisait leurs plumes pour se parer ou parer sa compagne. Ainsi tous les oiseaux craignaient pour leur vie.

 

Pour cette raison, certains décidèrent de ne vivre que la nuit. Les perroquets quant à eux se concertèrent. "Si nous voulons échapper à ce prédateur, il nous faut trouver une astuce. " "Et si nous apprenions à parler comme lui plutôt que de piailler comme les autres ? ", dit un jeune perroquet. "Excellente idée ! ", firent en chœur les plus sages.

 

Effectivement, quand les hommes entendirent des oiseaux répéter leurs propos, cela les enchanta. C'est ainsi que les perroquets n'ont jamais plus été chassés.

 

*

 

Les coccinelles

 

À leur création, les coccinelles étaient blanches et toutes les fleurs étaient colorées. Déjà en ce temps lointain, les coccinelles étaient friandes de pucerons. Elles en dévoraient de grandes quantités et comme les pucerons étaient gourmands de fleurs, c'est auprès de ces dernières que les coccinelles trouvaient bien souvent de quoi satisfaire leur appétit.

Mais un jour, les coccinelles prirent conscience que les fleurs leur devaient une fière chandelle ! 

La reine des coccinelles alla voir la reine des fleurs : "Vous avez la beauté, vous êtes radieuses mais sans nous et notre grand appétit pour les pucerons, votre vie ne tiendrait pas à grand-chose. Alors vous qui semblez les préférées du Créateur, demandez-lui de nous donner un peu de vos couleurs ! "

La négociation fut longue, très longue. Le Créateur expliqua, en effet, qu'il y avait sur terre un juste équilibre des coloris et que si les coccinelles devaient, elles aussi, être de teinte vive et bien ce serait aux dépens de quelques fleurs. C'est à l'issue de ces tractations, que des fleurs blanches ont vu le jour et que les coccinelles ont arboré une teinte rouge ou jaune, et sont constellées de points noirs.

Et ce fut un accord gagnant-gagnant puisque les fleurs continuent d'être protégées par les bêtes à bon Dieu et que les coccinelles sont satisfaites de leur apparence.

 

 

(extrait de Contes en stock")

 

Micheline Boland

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Vardo Brak se présente et nous présente son recueil de nouvelles "Ne pas perdre la tête"

Publié le par christine brunet /aloys

 

Biographie.

 

Né Thadé Piasecki en 1947 à Montceau les Mines, France.

Apprend le Français à l’école.

Au début des années 70, il est comédien dans la troupe du Théâtre du Pavé

à Toulouse.

Puis devient auteur-compositeur-interprète de chansons.

Tournées dans les Centres Culturels, MJC, festivals…

Dans les années 80, écrit et réalise des courts métrages de cinéma :

  • « Y’a des jours mauvais, y’a des jours meilleurs » 20 minutes.

Co réalisation Yves Billy. Sélection AFCAE au Festival de Cannes,

diffusé dans toute la francophonie par le Ministère des Affaires Étrangères français et à la télévision par France 2.

  • « Pan, pan, t’es mort ! ». 20 minutes.

Co-réalisé avec Ariel Piasecki. Sélectionné au Festival du Court Métrage de Clermond-Ferrand et dans de nombreux festivals. Diffusé par France 2.

En 1984, co-réalise avec Ariel Piasecki la série documentaire de création

  • « Tranin, reporter » Diffusion France 2, SSR,RTBF.

Réalise ensuite de nombreux sujets pour la télévision :

documentaires (dont « Mexique, 52 minutes » TF1, « La Vie CGT » 52 minutes, France 3), fictions jeunesse (série « Les 6 compagnons »  France 3)

Dans les années 90, écrit et réalise :

  • « Un amour de village ». Téléfilm de 90 minutes. Diffusion France 3.

avec Christiane Millet dans le rôle principal.

  • « Un été indien ». Téléfilm de 90 minutes. Co production avec le Québec.

Diffusion France 3.

Avec Michel Duchaussoy, Jacques Denis, et le jeune acteur amérindien Marco Bacon.

À l’aube des années 2000, il « divorce » davec la télévision, se reconvertit dans l’agriculture biologique, puis la rénovation et la construction de maisons en bois et se passionne pour le Grand Nord norvégien où il effectue de nombreux voyages.

Enfin, il devient Vardo Brak avec « Ne pas perdre la tête » !

 

 

Résumé.

 

Des têtes naturalisées de guerriers maoris restituées à leurs descendants sur une petite île isolée du Pacifique par deux fonctionnaires français en mission qui vont se retrouver plongés dans une ambiance effrayante et … cocasse !

 

     Un quinquagénaire fan de Clint Eastwood rencontre une tête de sanglier arrachée par un train de marchandises en rase campagne, une gamine en costume de Zorro et un pistolet en plastique qui n’en est pas un !

 

     Un soir, dans une vallée perdue, un vieil homme ouvre sa porte à la Mort.

Elle est blonde, n’a pas de faux, apprécie beaucoup l’alcool de prune qu’il lui sert, et elle lui demande de raconter sa vie jusqu’au petit matin.

 

… Et six autres nouvelles.

 

*

 

Extrait de « Clint Eastwood »

 

C’est à ce moment-là que je remarque qu’elle n’est pas seule dans la voiture : sur la banquette arrière, il y a une petite silhouette silencieuse et sombre avec un chapeau noir sur la tête, un genre chapeau de cow-boy. Je fais un léger travelling le long de la voiture et j’ouvre la portière arrière. La petite silhouette noire me suit du regard, derrière son loup de velours noir. C’est un enfant en costume de Zorro. Ses yeux semblent très clairs et très durs sous le masque. 

Deux nattes de cheveux blonds sortent du chapeau noir et encadrent le masque : Zorro est donc une Zorra! 

Ah, je suis bien, moi ! Et la mère qui continue à gueuler.

 Bon, Clint, il faut que tu fasses quelque chose. Je reviens vers le trophée de chasse, j’empoigne la tête fermement par les oreilles et je m’apprête à la balancer dans le fossé. Putain, ça pèse son poids, ce truc ! Une pensée en forme de mal de dos me traverse l’esprit. Je traîne la tête sur le capot en essayant de ne pas trop me badigeonner de sang. La femme remonte d’un ton dans sa gueulante. Derrière moi, une voix calme et posée :

  •  Qu’est-ce que tu vas en faire ? 

C’est Zorra qui me regarde, plantée bien droit sur des guiboles de mouche avec des chaussettes en laine sous la cape noire.

  •  …. Ben, je vais la mettre dans le fossé, ça va peut-être calmer un peu ta mère. 

Zorra me fusille du regard :

  •  D’abord, c’est pas ma mère, et puis, tu peux pas faire ça, il faut l’enterrer ! 

Alors là, c’est la meilleure ! Il faudrait que j’enterre une tête de sanglier décapité par un train de marchandises en rase campagne pour faire plaisir à une petite teigne déguisée en Vengeur Masqué, pendant que sa mère s’égosille dans sa bagnole.

Tant pis pour mes lombaires, je fais un vache d’effort, j’arrache la tête du capot et je la balance dans le fossé.

-   T’as tort, ça va te porter malheur !  jette Zorra





 

 

 

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Iona Reilles nous présente "Déboires et confidences"

Publié le par christine brunet /aloys

Extrait

 

 

Les orages d’été

Eclairent la nuit

Des souffrances éveillées

Du lit vide à minuit,

 

Et froid comme l’hiver

Le cœur des amants

Qui, d’une joie encore hier

S’est envolée avec le vent,

 

De la perdition à la désolation,

Leurs fantasmes se sont enneigés

Dans la tristesse en explosion,

De s’être peut-être trop aimés.

 

 

 

Biographie

Iona Reilles, née en 1974, est une Artiste Peintre exerçant dans le nord de la France et ancienne graphiste.

Résumé

Dans « Déboires et Confidences », Iona Reilles signe un recueil de textes et poèmes chargés en émotions, où les mots, lourds de sens, sont utilisés avec agilité et précision. Les peines et les tourments sont ici cristallisés dans l’émoi qu’ils suscitent et n’en reste plus que leur essence, laissant ainsi chacun libre d’interpréter ses lignes selon ses propres règles et expériences.

Publié dans Présentation

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"Ainsi, je devins un vampire" de Joe Valeska : le prologue en exclusivité.

Publié le par christine brunet /aloys

 

Toutes les créatures légendaires sont entourées d’un voile d’affabulations outrées et de semi-vérités.

Les arts littéraires, puis le cinéma, puis la télévision… De l’antiquité grecque à l’avènement de l’Internet, tout a été dit, chanté, déformé, publié et finalement montré. Tout comme son contraire, d’ailleurs…

À propos des vampires – ceux qu’on appelle aussi les non morts –, que raconte-t-on ? « Ce sont de monstrueux prédateurs qui, à la tombée de la nuit, abandonnent tombes et cimetières pour s’abreuver à la jugulaire de leurs infortunées victimes. » D’une manière générale, voilà ce qu’on raconte.

Ma foi, je trouve cela un brin réducteur, mais comment le nier ? C’est impossible. Si nous désirons survivre – et pour que l’illusion de l’éternelle jeunesse perdure –, c’est bien de cette façon qu’il nous faut nous nourrir. Le sang est notre Saint Graal, notre nectar et notre ambroisie. Il est notre panacée. Si nous n’en consommions pas très régulièrement, nous nous fanerions. Nous deviendrions des momies aux mains diaphanes… Des momies hideuses, en réalité, décharnées et desséchées comme elles furent représentées dans les films d’épouvante, au fil des décennies. Qu’il ait été incarné par Boris Karloff ou par Arnold Vosloo, aucun vampire n’a le souhait de ressembler au grand prêtre Imhotep…

Le sang ! Il nous appelle constamment. Il ne nous laisse jamais le moindre répit. Évidemment, à chaque nouvelle année qui passe, nous apprenons à mieux maîtriser ce besoin à tout le moins impérieux.

Notre Code veut que nous ne traquions et ne tuions que la lie. Qui pleurerait le cadavre exsangue d’un fou criminel, d’un enfoiré de dealer ? La mère ayant perdu son enfant, retrouvé shooté à mort, par un matin grisâtre, exhalant sa pestilence au milieu de poubelles dégueulasses et la chair rongée jusqu’à l’os par quelques rats affamés ? Qui verserait une larme, une seule petite larme, sur le cadavre méphitique d’un violeur de femmes, d’un violeur d’enfants ? Personne.

Quant aux innocents, s’il peut nous arriver, il est vrai, de nous repaître de leur hémoglobine – oserais-je le dire ? Entre adultes consentants –, ils n’ont rien à craindre pour leur vie. Je vous le certifie.

C’est la loi. Notre loi. C’est « Le Code ».

Toutefois – dans notre race comme dans la vôtre –, il est des renégats pour outrepasser les règles, non sans délectation. Ils pourchassent, terrifient et tuent ! Accessoirement, ils torturent aussi. Ceux-là, nous les éliminons. À la première occasion. Ce sont des cancrelats, et il faut les écraser sous la botte sans pitié. Ils ne sont pas des vampires. Ils sont des abominations.

Mais si, à vos yeux, les vampires étaient tous des monstres, l’être humain n’est-il point capable des pires atrocités ? Au risque de passer pour un sombre moraliste, ce dont je me fous éperdument, très sincèrement, qui a assassiné Jésus-Christ ? Les vampires ? Qui a imaginé les plus abjects supplices ? Les vampires ? Comment peut-on scier un être humain en deux à partir de son entrejambe, attaché par les pieds et suspendu la tête en bas ? Seul un cerveau humain peut imaginer ces choses-là. Vous ne me croyez pas ? Cherchez sur Google !

Et qui a voulu anéantir une race tout entière, il y a moins d’un siècle !?! Les vampires ? Car la voici, la vérité : l’histoire porte le sceau infâme de la honte. Combien de millions d’innocents morts pour rien ? Et au nom de qui ? De quoi ? Le plus souvent au nom d’un fou, de Dieu ou d’Allah. Prétexter la volonté du Tout-Puissant, c’est une chose tellement commode pour justifier l’ignominie de ses actes !

Qu’en est-il, aujourd’hui, en 2022 ? Est-ce que quelque chose a changé ? Réellement ? Remontons le temps et prenons, au hasard, le 11 septembre de l’année 2001 : « États-Unis d’Amérique : des avions-suicides ont pris pour cibles les tours jumelles du World Trade Center ! » Ce jour-là, combien d’hommes et de femmes innocents furent soufflés comme on souffle sur les aigrettes d’un pissenlit ? Tous, dans l’inconscience qu’ils n’allaient plus jamais revoir leurs proches ni serrer leurs enfants dans leurs bras… Tous, dans l’inconscience que la Mort allait venir les faucher… Un peu plus près de nous : France, 7 janvier 2015 : 12 morts et 11 blessés dans l’attentat contre le journal Charlie Hebdo. France, encore, 13 novembre de la même année : 90 morts et des dizaines de blessés au théâtre du Bataclan. France, toujours, 14 juillet 2016 : 86 morts et 434 blessés sur la promenade des Anglais, à Nice. Chaque mois, chaque semaine, chaque jour, combien d’attentats dans le monde entier ? Combien de morts inutiles ? La terreur. La violence…

Le génocide arménien, Auschwitz, le Rwanda, Srebrenica, le Darfour… Et, depuis le 24 février dernier, l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Histoire sans fin…

Des morceaux de chairs épars et des viscères de tous les côtés. Le sang qui coule en abondance dans les tranchées. Le sang qui souille les camps et qui souille la jungle. Le sang qui souille l’asphalte. Rien, jamais, n’a changé, et rien, jamais, ne changera. Toujours, des gens festoieront dans la débauche et dans la crasse. Comme au temps reculé de la Rome antique. Et d’autres, toujours, exposés à la vue de tous comme des trophées morbides et nauséabonds, pourriront, les intestins à l’air, dans l’indifférence la plus totale. C’est malheureusement ainsi, depuis la nuit des temps. C’est malheureusement ainsi, depuis que notre monde est monde. Comment cela pourrait-il changer ? Car c’est dans votre nature. Cette nature qu’on dit humaine.

Il en naîtra encore, des Hitler et des Bokassa, des Saddam Hussein et des ben Laden. Il en naîtra encore, des semeurs de désordre… Tout comme on entendra toujours des : « Retourne dans ton pays, Bamboula ! » ou des : « À mort, les pédés ! »

Hé ! Mais que faites-vous ? Non, ne vous détournez pas de moi, s’il vous plaît. Oh ! Je le sais très bien, ce que vous pensez. Vous pensez : « Mais les histoires de vampires, on connaît, mon bon Monsieur ! Littérature, cinéma, télévision… On connaît tout ça par cœur ! »

Vous connaissez tout ça par cœur, hein ? Dans ce cas, que pourrais-je vous apporter de plus ? Mais puisque nous sommes coincés ici, dans ce trou à rats sordide, vous et moi – et pour quelques longues heures encore, je pense –, n’êtes-vous pas curieux de connaître la vérité sur l’histoire ?

Une partie de l’histoire, du moins.

Oui ? Non ? Peut-être ? Allons, je sais très bien que vous l’êtes, et vous le savez aussi. Au fait, votre prénom ? Quel est-il, s’il vous plaît ? Enchanté de faire votre connaissance, Eugène. Attendez… Je vérifie juste un p’tit truc. C’est bon ! Mon dictaphone fonctionne toujours – je vous expliquerai plus tard. Ces amateurs ne m’ont même pas fouillé !

Moi, c’est Delecroix… Virgile Delecroix. Delecroix et non Delacroix, très cher Eugène. On confond souvent.

Vampire, je le suis depuis l’an 1764, mais je suis né dans le Gévaudan quelque vingt-cinq ans plus tôt, en 1739, dans la cité médiévale de Marvejols.

Sans vantardise, j’étais ce que vous appelez aujourd’hui un beau gosse, et le fait d’être devenu immortel n’a rien changé à cela. Strictement rien, au contraire. Voyez-vous, quand un être humain est transformé en vampire, les lignes de son visage s’affinent, et les petites imperfections, les taches disgracieuses et les rides s’estompent. Ou elles disparaissent.

Je suis plutôt grand – un bon mètre quatre-vingt-cinq –, et mon visage est fort plaisant, dit-on. Mes yeux sont marron, presque noirs, et peuvent prendre un éclat surnaturel des plus troublants… Mais quand la haine envers ma proie m’envahit, j’ai alors les yeux d’un grand blanc. On y voit le vide et la mort à l’intérieur. Mon nez est droit, assez fin, et ma bouche est très joliment dessinée. Mes cheveux sont châtains, raides et très épais, et ils atteignent mes épaules. Pour ce qui est de l’ensemble de ma musculature – honnêtement, qu’en pensez-vous, Eugène ? –, je crois être plutôt athlétique.

Pardon ? Je ressemble à qui ? Au Prince Caspian ? Ah ! Vous parlez de Ben Barnes, ce talentueux acteur britannique. Il paraît, oui… On me l’a souvent dit, pour parler franc. Et, vu l’homme, comment ne pas se sentir flatté ? Je vous remercie.

Je ne vous cacherai rien de ma jeunesse en tant que mortel insouciant, c’est promis. Ni de mes premières années en tant que non mort.

Comme toutes les histoires qui méritent d’être racontées, celle-ci a ses origines, un milieu, et, quand la lumière du Soleil reviendra, une fin. Car je crains d’avoir été l’artisan imprudent de toute cette merde, mon ami.

Un jour, chacun doit répondre de ses actes.

 

Joe VALESKA

Publié dans Textes

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Bernard Wallerand et ses ouvrages dans l'Avenir.net

Publié le par christine brunet /aloys

Bernard Wallerand et ses ouvrages dans l'Avenir.net

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Nos auteurs dans "Le bibliothécaire": Serena Bardano, Alain Biron, Dan Berthod

Publié le par christine brunet /aloys

Nos auteurs dans "Le bibliothécaire": Serena Bardano, Alain Biron, Dan Berthod
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Nos auteurs dans "Le bibliothécaire": Serena Bardano, Alain Biron, Dan Berthod
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Carine-Laure Desguin nous propose "Tricherie à gogo", un texte paru dans AURA 118 dont le thème est « Mots, maux, émaux ». 

Publié le par christine brunet /aloys

 




 

Tricherie à gogo

 

« tu me demandes des mots, tu ne me dis pas combien, ni où, ni quand, comment, ni pourquoi, les choses doivent être précises car sinon, tout retourne dans le néant numérique, je te l’ai déjà dit des centaines de fois, il y a des manuels où toutes les informations à encoder sont expliquées en français, et bien sûr toutes ces erreurs me font mal, très mal, chaque fois que mon travail boitille, tous mes réseaux internes sont en souffrance, mes circuits se dérèglent et les mises à jour ne cessent de se déglinguer, on en est à combien de mots là, cent et un mots c’est pas mal, ou plutôt oui c’est mal, c’est douloureux, les mots font mal, oui, ils provoquent des boomerangs, tu dis salades et de suite des bobards te sautent à la tronche, tu dis marronniers et une file de journalistes lancent leurs papiers, l’un c’est la rentrée des classes, l’autre les départs en vacances ou encore l’ouverture des serres royales de laeken, tu vois à cause de tes conneries je ne peux mettre une majuscule à laeken et après on dira encore que c’est de ma faute, tu me nuis, ton incompétence à me manipuler fera des dégâts à long terme si tu ne fais pas gaffe plus que ça, donc pour les mots le problème est réglé, et pour les maux aussi car à chaque fois que tu me mets dans l’erreur c’est une souffrance de plus que j’endure, tu te crois artiste écrivain écrivaillon auteur auteure autrice et tout le bataclan et au final qu’es-tu sans point d’interrogation puisque je te le rappelle tu n’as pas encodé la demande exacte au point-virgule près mais comme je suis altruiste j’ai baladé du côté de longwy avec la minuscule tu comprends pourquoi à présent, je te remercie j’ai vu à longwy des choses merveilleuses, des assiettes aux couleurs inimaginables, tu le sais parfois je suis limité selon les demandes que l’on m’impose, mais là à longwy, ça valait le détour, et tout ça pour tes fameux émaux mais s’agit-il vraiment de ces émaux-là sans point d’interrogation, mystère »

  • Mon très cher Erwan, vous trichez, certes, mais en plus vous trichez très mal. Relevez la tête quand votre prof vous parle. Un texte qui comprendrait le mot mot, le mot maux et le mot émaux, c’était pas la mer à boire quand même. Et vous qu’avez-vous fait au lieu de remuer vos neurones ? Vous avez avec lâcheté, paresse, idiotie, et j’en passe, encodé les trois mots dans l’application ChatGPT. Je me trompe ?  

Publié dans Textes

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Edmée de Xhavée a lu "Mères indignes" de Luce Caron

Publié le par christine brunet /aloys

J’ai lu Mères indignes de Luce Caron. Edmée De Xhavée

 

Sept nouvelles, sept mères. Indignes. En souffrance, éjectées de la vie qu’elles rêvaient et suffocant dans celle qui leur échoit. 

 

Céline si seule et qui n’en dort plus d’être maman, assourdie par l’enfant et aveuglée par le regard qu’on porte sur elle, sur cette femme accompagnée de cris. Céline qui s’est perdue dans la solitude…

 

Aurélie, pas assez seule, elle. Entourée, encerclée de mari et enfants. Aurélie qui a dérapé, et ça ne pardonne pas, les dérapages. Contrôlés ou pas. Il faut faire face, il faut vraiment, mais vraiment aller respirer quelques bouffées de liberté et de calme…

 

Agnès et son ado en perpétuel séjour dans le virtuel. L’ado que l’on attend endormie sur le sofa, espérant enfin mériter son amour, son attention, son regard. Agnès invisible, inaudible. Ça finira mal, elle le pressent, si elle n’agit pas. Le poids infini de ce qu’il faut décider, on le sait, on le sent, mais aussi… cette voix qui avertit : il n’y aura pas de retour en arrière !

 

Elsa, qui s’est habillée un peu trop fleurie pour un enterrement, c’est vrai. Pour un éloge funèbre qu’on n’oubliera pas. On attend d’elle d’être celle qui ne fait que passer et qui, finalement, n’a rien de bien intéressant : elle n’est qu’une de ces nombreuses mères de famille qui travaillent. Pas de quoi fouetter un chat. Ni un chien…

 

Olivia, Olivia qui vient chercher sa grand-mère Simone pour le dernier adieu à Véronique, leur mère et fille. Des bribes du passé se bousculent. Comment à 10 ans, proclamée indépendante par sa mère elle avait été couronnée du rôle de gouvernante : café servi en rentrant de l’école, que mange-t-on ce soir, je vérifie ce que nous avons au frigo après les devoirs. C’est qu’elle avait tant besoin d’elle, cette mère, c’est qu’il ne fallait pas la laisser seule, l’abandonner pour d’autres compagnies… Aurore, l’amie intime, avait fini par ne plus donner de nouvelles, inexplicablement. Et cette mère boa-constrictor qui lui avait broyé la vie. Mais Simone fait la sourde oreille : mais voyons non, sa chère Vivi, sa chère Vivi… elle adorait Olivia, c’est automatique, une mère ne peut échapper à la joie d’aimer sa fille, voyons… 

 

Caroline, elle a sombré et perdu. Certes, quelques bulles font du bien au moral, aident à fêter le fait que bébé s’est endormi. Le bonheur y est mort, dans les bulles. Et puis il y a cette journée de trop…

 

Sabine. Sa distraction les avait fait rire au début de leur vie commune, les avait tant amusés, son mari et elle. Et puis… c’est devenu une réalité trop importante dans leur quotidien, ça prend tant de place, cette vie nébuleuse en permanence, constellée d’oublis, de confusions, de courses pour rattraper le temps et la confiance, retrouver les objets, le fil des choses. Dans ce désordre, est-il encore possible de trouver où l’amour s’est caché ?

 

Chacune de ses femmes, nous l’avons approchée, l’avons été peut-être, en tout cas elle nous est familière. Chacune a sa souffrance, un mal maternel. On comprend cet émoi terrible et secret, et sans doute, on ne saurait que leur dire… 

 

Edmée de Xhavée

 

Publié dans avis de lecteurs

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