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Texte 1 concours "Je suis un monstre"

Publié le par christine brunet /aloys

Un très long voyage

 

  • Ils ne se souviendront jamais de rien ? C’est incroyable, personne ne pourrait imaginer une telle technologie. Khajdar, je suis abasourdi. Et pourtant, un type comme moi qui bosse pour les services secrets américains depuis … 
  • Les évènements qu’ils auront vécus ici seront effacés de leur mémoire, et aucune cicatrice ne sera visible sur leur corps, aucune. Nous pratiquons ces méthodes depuis des décennies. Notre gouvernement a signé un contrat avec le vôtre. 
  • Nous sommes de la marchandise. Les Terriens ont été vendus. Et quel est le deal ? 
  • Ma hiérarchie connaît ce secret. Pas moi. 

Le Général Peter Garvan avait accepté cette mission. Dont il ignorait tout. À son arrivée dans le sas 006, C’est Khadjar lui-même qui l’accueillit. Garvan devait juste être témoin d’opérations chirurgicales et s’assurer que chaque Terrien qui avait subi le prélèvement d’un organe, principalement un rein, respirait encore lorsqu’il était réembarqué dans le vaisseau qui le ramènerait sur la Terre. 

  • Êtes-vous certain, Khajdar, que ces humains opérés survivront au voyage spatial ? 
  • Le voyage spatial ne dure que quelques minutes de votre temps. Vous l’avez constaté vous-même, Général Garvan. 
  • Et vous, que faites-vous de ces organes prélevés ? 
  • Ces organes sont utiles pour nos expériences. Votre ADN et le nôtre créent des êtres hybrides. Dans quelques temps ces êtres-là partiront en mission sur votre planète, ils seront des Terriens à part entière. 
  • Et que viendront-ils faire sur la Terre ? 
  • Ils feront ce que des milliers d’autres hybrides font déjà depuis très longtemps. 
  • Des milliers d’hybrides sur la Terre, Khajdar ? Dites-moi que ce n’est pas vrai ? Ce n’est pas vrai n’est-ce pas ?
  • Général, je ne peux vous expliquer, vous n’êtes pas en mesure de comprendre. Votre gouvernement connaît tout ça. Sachez que votre temps n’est pas le nôtre. Le temps linéaire n’existe pas. Les humains que vous voyez là, ce sont vos futurs petits-enfants, ce sont vos grands-parents. Votre temps n’existe pas. Votre passé, votre futur, ce sont des espaces qui fluctuent. Votre gouvernement a signé ce contrat. Et vous, vous avez accepté d’être ici, dans ce vaisseau-mère. Pour un temps indéterminé. 

À ces mots, le Général Peter Garvan a regardé sa montre, un des derniers cadeaux de Jenny, sa femme. Le cadran était recouvert d’un épais vernis noir. 

  • Général, le temps ici n’existe pas, le temps ici est circulaire, et non linéaire, affirma d’une voix métallique Khadjar, le Pléïadien chargé de l’opération « hybridation XXIV ». Vous ne reverrez jamais cette Jenny. À moins qu’elle ne soit aspirée et qu’elle arrive ici devant vous … pour subir ce que vous savez. 
  • Khadjar, vous lisez dans les pensées ?

Khadjar ne répondit pas. Le Général Peter Garvan s’effondra et entre ses sanglots s’échappaient ces trois mots : Je suis un monstre. 

 

Publié dans concours

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"Temps zéro" de Laurent Dumortier référencé dans "Le Printemps des Poètes"

Publié le par christine brunet /aloys

"Temps zéro" de Laurent Dumortier référencé dans "Le Printemps des Poètes"

Publié dans Article presse

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Carine-Laure Desguin en invitée de notre blog avec "Mises à nu", une chronique de Christine Brunet

Publié le par christine brunet /aloys

 

Quand je vous disais que Carine-Laure Desguin est une auteur incomparable ! Mise à nu est un méga coup de cœur !

Il s’agit non pas d’un recueil poétique, ça non… mais d’une sorte de mise… au point… succulente, jouissive, amusante et grinçante, tout à la fois ! Je vous assure !

Mais de quoi s’agit-il ? D’une partie de ping-pong… un tête à tête échevelé entre l’épouse et la maîtresse d’un directeur d’Industrie décédé depuis deux ans… L’épouse veut savoir… La maîtresse lui dit tout… ou presque.

Ironie, hargne, agressivité, menaces, humour noir… Carine-Laure utilise toute la panoplie des émotions (à part la joie) pour tenir ses lecteurs et les faire réagir au fil des passes vindicatives des deux femmes. Un jeu complexe où les personnages n’ont rien de lisse ou de conventionnel : la maîtresse est aimante, libre, peu intéressée par son apparence tandis que l’épouse est à la fois tordue, vénale, bon chic bon genre et autoritaire… Enfin, vous voyez le genre… Duo de choc. Tout le long de l’échange, une question revient en boucle : le choc se soldera-t-il par un KO ?

Mises à nu (dans tous les sens du terme) est un roman qui fait sourire… et jubiler !

A découvrir, je vous assure !

 

Christine Brunet

Christine-brunet.com

 

Publié dans l'invité d'Aloys

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Résultat concours "la passion détruite se transforme en passion à détruire"

Publié le par christine brunet /aloys

Ont participé à ce concours pas simple du tout... Merci et bravo à eux !

Texte 1 : Carine-Laure Desguin

Texte 2 : Edmée de Xhavée => 3 voix

Texte 3 : Séverine Baaziz => 1 voix

Texte 4 : Micheline Boland

Texte 5 : Micheline Boland => 1 voix

 

Et le texte gagnant est.... Le texte n° 2 ! Bravo Edmée !

Publié dans concours

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Texte 5 concours "la passion détruite se transforme en passion à détruire". Votez aujourd'hui sur les commentaires de ce texte. Résultats après-demain !

Publié le par christine brunet /aloys

RENONCEMENT

 

Marcher. Gravir seul des chemins de montagne. Parfois s'arrêter pour contempler le paysage. Laisser infuser en lui des impressions qu'il noterait dès son retour à l'hôtel. Peut-être un jour, se disait-il, écrirait-il un recueil de textes mi-poétiques mi-philosophiques pour partager son ressenti. Marcher était l'essentiel. Être focalisé sur l'ici et maintenant. Avancer, trouver le bonheur dans sa progression, dans l'oubli de soi qui y était lié, dans l'observation d'un paysage escarpé, différent au fil de sa promenade. Soleil, vent, pluie, chaleur excessive, fraîcheur n'étaient pas objets de ses préoccupations. Peu lui importait la météo. Peu lui importait la fatigue éprouvée en fin de journée. Les minces sentes sinueuses, la merveilleuse nature, il aimait cela plus que tout. Il s'offrait ainsi chaque année durant les vacances d'été un séjour d'une semaine à Chamonix.  

Catherine, son épouse, le mettait en garde. "C'est dangereux de partir seul. Il y a parfois des accidents. Même chez nous, partir seul est déconseillé. Souviens-toi, Marc était tombé  dans un bois à cinq kilomètres de chez lui … Il n'avait pas dit à Lise où il allait, il avait oublié son téléphone portable. Heureusement qu'un bon samaritain avait croisé sa route." Elle avait beau dire. Les flancs abrupts, les rochers, les lacets ne lui faisaient pas peur. Prendre de la hauteur  il aimait cela. D'autres n'ont-ils pas la passion des forêts, des déserts, des lieux qui peuvent présenter d'autres dangers ? 

Il rétorquait, il affirmait qu'il était bien équipé, prévoyant, muni d'une trousse de secours, prudent, en parfaite santé. 

Et puis un jour, Vincent, un ancien collègue, et Tom, son jeune fils qu'il portait sur son dos, étaient morts des suites d'un accident en montagne. À  partir de là, Catherine n'avait cessé de le harceler. "Si tu retournes à Chamonix, promets-moi de t'inscrire dans un groupe de randonneurs." Catherine le mettait en garde tant et plus. Butter sur une pierre et tomber. Être pris d'un vertige et s'effondrer. Perdre l'équilibre en se penchant pour cueillir une fleur sauvage, pour ramasser un caillou et se casser la figure, mordre la poussière, se blesser gravement.  Elle lui ressassait ces éventualités. Elle imaginait des scénarios dignes de films catastrophe. Leurs dialogues se soldaient souvent par un temps de bouderie. Catherine était à l'affût des informations relatives à des accidents notamment liés à des chutes de pierre dues à la sécheresse, elle-même imputable aux changements climatiques. 

"Quand j'emprunte un téléférique, moi aussi je vois de superbes paysages, mais sans courir le moindre risque. Fais comme moi !", avait conclu Catherine à l'une ou l'autre occasion.   

Il avait finalement capitulé après un fait divers de plus, tout à fait tragique. Deux jeunes femmes expérimentées, passionnées de montagne étaient mortes dans le massif du Mont-Blanc. 

Il avait capitulé. Il s'était inscrit dans une association organisant des randonnées de groupe au sud de sa région. Le plaisir et l'ardeur n'étaient plus les mêmes. Il devait faire le deuil d'une partie de sa vie.  

Catherine n'avait pas posé de questions, mais devait probablement se douter qu'un fond de tristesse habitait son mari. 

 

Publié dans concours

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Texte 4 concours ""la passion détruite se transforme en passion à détruire"

Publié le par christine brunet /aloys

NUAGES SUR UNE VIE

À près de quatre ans, il passait beaucoup de temps à gribouiller en utilisant des crayons de couleur. Luc, son parrain, disait en riant : "C'est le prochain Picasso !" Sa grand-mère relativisait l'importance de ce penchant : "Ça lui passera ! Toi Luc, quand tu étais gamin, tu imitais bien les cris des oiseaux, des chats, des chiens."

Il a dix ans. Il aime dessiner sur un bloc de feuilles blanches. Il dessine une pomme, un chien, un oiseau, une boîte, une plante, un chapeau, des choses qui sont à portée de son regard. Il s'est le plus souvent préalablement assis confortablement devant le bureau de son père, devant la table de la cuisine ou devant celle de la terrasse. Mais il lui arrive aussi de s'agenouiller face à une des tables gigognes du salon et de se mettre à y dessiner lorsque des endroits plus pratiques sont momentanément inaccessibles. Un jour, dans un supermarché, il s'est emparé d'une petite annonce sur laquelle une femme offrait ses services de professeur de dessin tandis qu'à côté d'autres petites annonces avaient été épinglées sur lesquelles l'on proposait les services de professeur de mathématiques, de français, d'anglais  et de sciences. Il était si heureux d'avoir fait cette découverte. De retour chez lui, il a montré l'annonce à ses parents, mais ceux-ci ont refusé de répondre à son attente. Il a ainsi continué à dessiner seul, à essayer de s'améliorer… Il se voyait déjà devenir un autre Philippe Geluck ou un autre Vadot, des dessinateurs dont il voyait les œuvres dans des journaux ou des magazines.  Il lui arrivait d'ajouter des yeux sur les feuilles d'une plante, une bouche de laquelle sortaient deux ou trois mots sur le couvercle d'une tirelire, un nuage en forme d'arrosoir au-dessus d'un chapeau…

Il a grandi. Il a continué de crayonner même si ses parents accordaient peu d'attention à sa passion. Il a participé à des concours de dessin, il s'y est parfois plutôt bien classé. Il a exprimé le désir de s'inscrire dans un atelier de dessins, mais cela a été jugé superflu aussi bien par sa mère que par son père. Les activités scolaires étaient pour eux les plus importantes qui soient. Un cours d'anglais était, selon eux, bien plus utile qu'un atelier de technique du dessin. Il ne s'est pas opposé aux attentes parentales. Il était un bon élève, docile, appliqué. Il était un fils soumis. Il n'a pas insisté…

Il est devenu une de ces personnes que l'on peut voir esquisser une silhouette ou des formes sur une enveloppe, dans un journal ou un agenda. Il est devenu quelqu'un qui conservait les plus belles traces de sa passion dans un classeur et dans une boîte. Il est devenu au fil du temps une de ces personnes aigries et terriblement déçues de n'avoir pu mener à terme un projet artistique. 

Il avait atteint la trentaine quand il s'était mis à critiquer de plus en plus régulièrement les tentatives de son entourage de valoriser des talents sportifs, littéraires, créatifs ou autres que manifestaient des enfants, des amis ou connaissances. Il s'amusait à mettre en évidence les failles de ces personnes dans des domaines plus lucratifs. Il avait développé un sens aigu de la critique.  Il blessait, il griffait sans pitié les egos sans prendre conscience que cela était lié à sa passion rejetée, mise aux rebus. Il se dérobait à la légèreté de loisirs improductifs. Il se vengeait.

Il travaille dans un cabinet d'avocats. Il est spécialiste des conflits de voisinage. Il est un homme qui fait mal en paroles, qui est mal avec lui-même, que le souci de décrédibiliser, de fracasser, de renverser, de détruire dévore de l'intérieur. Une cousine consciente de son mal-être lui a suggéré de bénéficier d'un suivi psychologique, mais il estimé cela superflu. Nuages sur sa vie. Il se demande encore s'il aurait pu devenir une sorte de Geluck… 

 

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Texte 3 concours "La passion détruite se transforme en passion de détruire"

Publié le par christine brunet /aloys

 

Clics et Whisky 

 

Dans une pièce sans fenêtre, dans un appartement au trente-troisième étage de la Tour Avant-Seine à Paris,  règne le bruit des touches. Un clavier Azerty sur lequel il ne cesse de pianoter. Nous appellerons Bernard ce fameux “Il” dont l’identité doit rester secrète jusqu’à la fin de cette histoire. Bernard, donc, est un homme discret. Certains diraient étrange, inquiétant, voire malaisant. Toujours est-il que personne dans le gratte-ciel n’a jamais entendu le son de sa voix. On le croise, toujours dans le même ascenseur, mais rien de plus. D’ailleurs, il ne sort jamais. Il commande. Des petits paquets et des grands cartons qu’il récupère auprès du concierge en échange d’un clignement agité de la paupière gauche et d’un sourire compulsif. Ses mains moites tremblent. Sa chemise est mal boutonnée. Toujours.

En ce mardi pluvieux dégoulinant sur les immenses baies vitrées de la Tour, c’est un petit colis qui l’attend dans la loge du rez-de-chaussée. Petit, mais non moins lourd. Sans dire merci, Bernard tourne les talons et rejoint son appartement qu’il ferme à double tour. Dans le carton : Jack Daniel, Clan Campbell, Johnnie Walker et Ballantine’s. Il dévore des yeux les bouteilles avec l'œil lubrique du client impatient devant les vitrines d'Amsterdam. Il transpire et, rapidement, jette son dévolu sur le degré le plus élevé. Un verre. Deux. Trois. Quatre. Le cinquième pour plus tard. Les veines pulsatiles, il pénètre dans la pièce sans fenêtre qu’il verrouille d’un regard écarquillé à l’attention du système de reconnaissance de l’iris. Dans la pénombre, il titube telle une brebis égarée jusqu’à s’asseoir au centre, sur la chaise à roulettes. Le jeu peut commencer. Frénétiquement, il tape sur les touches. Et le compteur du jour démarre, s’affole, en quelques minutes il avoisine déjà le millier de personnes. Bernard se frotte les mains. Ça le grise, l’électrise. A Tokyo, Milan, Berlin, Liège, Aix-en-Provence et partout ailleurs, les gens tombent comme des mouches. Crise cardiaque. Le dada du jour. En quelques clics, Bernard choisit ses victimes et pousse sur entrée. La douleur est immédiate, l’issue fatale. 

C’est tellement plus simple avec l’informatique. 

Même s’il les hait foncièrement ces êtres qu'il a créés à son image, si médiocres, cupides, égotiques, épouvantablement décevants, il se réjouit de ce bel outil inventé par leurs soins.

A présent, vous savez tout : le Bon Dieu existe, il habite la Tour Avant-Seine à Paris et il est alcoolique.

 

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Texte 2 concours "La passion détruite se transforme en passion de détruire"

Publié le par christine brunet /aloys

 

"La passion détruite se transforme en passion de détruire"

 

Oh si j’ai aimé devenir la femme de chambre de Mademoiselle Emilie. Elle et moi avions le même âge, la même taille, les mêmes cheveux. C’est sa mère qui l’a remarqué et qui a annoncé d’un ton enjoué : notre petite Jeannette pourra se soumettre au supplice des mesures avec la couturière, si fastidieux. Sans parler des essais avec les postiches pour les coiffures de fête. Notre Emilie est impatiente comme un poulain de race, cette gentille Jeannette ne pouvait mieux tomber. 

 

Certes, les attaches d’Emilie étaient plus aristocratiques, ses doigts plus fuselés, ses cheveux plus fins, sa nuque plus délicate. Elle me le disait ici et là, terminant ses constatations d’un haussement d’épaules navré accompagné d’un « ma pauvre Jeannette… ». Moi j’étais toute retournée d’émotions quand je laçais son corset, fermais l’attache de son collier de perles, ajustais un ruban dans les entrelacs de ses cheveux. Au fond, elle était un peu moi, et j’étais un peu elle. Placée derrière elle, face au miroir, je savais que les plis de cette soie rose dragée souligneraient mes formes de la même manière, que ces dentelles lilas fané enlaceraient aussi joliment ma gorge, et je nous souriais, toute prise par un bonheur enchanté. 

 

Je la voyais comme une sœur, un double, une autre moi avec un autre passé, un autre destin. C’était délicieux.

 

Puis survint Réginald Bettonville-Flémalle. Beau comme l’archange Gabriel sur la fresque de la chapelle. Et – comment lui en vouloir ? – envoûté par Mademoiselle Emilie. Il s’accordait avec ses parents : oui, elle avait une silhouette pleine de distinction, un port de tête élégant, une taille adorablement prise. Tout lui allait, tout lui seyait. Sa chevelure n’avait son pareil dans le monde entier. Mon cœur s’emballait : après tout… il me décrivait aussi, et je rougissais, troublée. 

 

Tu rougis comme une vilaine betterave, me disait Mademoiselle Emilie, agacée je ne savais de quoi. Tes doigts sont rugueux. Tu as une haleine de pot de chambre. Tu commences à grossir, je ferai mes essayages moi-même. Tes cheveux sont cassants. Il faudra qu’on te trouve quelque chose à faire en cuisines, ma pauvre Jeannette… Je vais en parler à maman, ça devient absurde. Tu ne te vois quand même pas enfiler ma robe de mariée avant moi, non ? 

 

Je me suis retrouvée aux cuisines, les cheveux emprisonnés dans une coiffe, les mains craquelées, vêtue d’honnêtes matières robustes et peu flatteuses, bardée d’un grand tablier. Et alors que je sortais jeter les épluchures de pommes de terre au poulailler, j’ai presque trébuché sur la pointe de botte du jeune Bettonville-Flémalle, fumant sur le vieux banc de jardin. « J’ai un court instant cru voir Emilie, c’est sidérant ! » s’étonna-t-il (et mon cœur fit un triple saut périlleux, me remplissant de joie…). « Oh non Monsieur, Mademoiselle Emilie est tellement plus gracieuse que moi, on ne s’y trompe pas si on y prend garde : regardez ses cheveux, luisants et sains. tout mérite de cette étonnante perruque arrivée d’Angleterre, car la pauvre… eh bien la pauvre, je sauvegarderai son secret. Bref, la voici sauvée ! Et puis sa jolie silhouette élancée, souple, droite, seuls les artifices d’un corset renforcé pouvaient l’en parer, vous voyez je n’ai que ce que la nature m’a parcimonieusement donné… Et il n’est un secret pour personne que son haleine – pardonnez-moi ma franchise – vraiment pestilentielle soir et matin est sous contrôle depuis qu’elle mâche des bâtons de réglisse. Oh non cher monsieur Bettonville-Flémalle, ne vous y trompez plus, Mademoiselle Emilie fait bien meilleur effet qu’une humble fille de cuisine… »

 

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Texte 1 concours "La passion détruite se transforme en passion de détruire"

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

Exsangue 

 

   À présent qu’il est embarqué dans cette périlleuse et éreintante aventure, il se voit mal bifurquer ou faire volte-face, envoyer tout péter et s’inscrire pour entamer un autre cursus, tout cela à deux doigts de décrocher ce fameux diplôme, un passeport pour bosser et peut-être entasser des tunes. Peut-être car ça, c’était avant. Avant quoi, il ne cherche même plus. Annoncer un autre choix à ses vioques qui s’étaient saignés aux quatre veines pour lui payer ces longues études, ça lui fendrait le cœur. Ce père épuisé par les heures sup, ce père qu’il respecte tellement et qu’il ne fait plus que croiser de temps en temps. Ces derniers mois ont tué son idéal, toutes ses heures de garde enfilées les unes après les autres, des pauses prises plic ploc ou pas du tout, un demi-sandwich avalé en visionnant une échographie, ou en écoutant au téléphone les doléances d’une hiérarchie écrasante. Il jette un œil sur la pile de documents qu’il doit signer et qu’il a envie d’envoyer aux calendres grecques. Et bordel, c’est dimanche quand même. À l’infirmière qui lui rappelle qu’une vingtaine de patients attendent la consultation dans une salle dont on ne peut repousser les murs, il lâche avec ironie que s’ils ne piétinent pas dans leur sang, ils peuvent encore rester là quelques heures. Il apprend que le gynécologue de garde a jeté l’éponge et que son remplaçant arrivera en retard, le gars crèche à deux cent bornes de là. Les ordinateurs rament et le service help desk reste injoignable, faudra faire avec ça jusqu’à demain, espère-t-il. L’équipe de gériatrie est mécontente, elle avertit que plus un seul lit n’est disponible, les patients seront dirigés vers la médecine mais là aussi, ça commence à déconner. L’infirmière revient, le lit cinq vient de clampser, la famille demande des explications au plus vite, le dossier complet, et surtout les médicaments administrés ces dernières heures car le décès de leur mère, ça, les enfants ne comprennent vraiment pas. L’infirmière insiste et souligne que l’un des enfants est administrateur dans la boîte et ça, ça pue, c’est pas ça qu’il faut pour le moment, ce décès incompréhensible tombe mal, très très  mal.  

   Ce soir, c’est l’anniv de Laura. Rapido le futur toubib lui envoie un texto, Désolé ma douce, annule le resto et réserve pour demain. Je te promets. 

 

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Bonne rentrée avec la 10e émission de notre émission ACTUTV !

Publié le par christine brunet /aloys

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