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Carine-Laure Desguin à Dunkerque pour Rue Baraka

Publié le par christine brunet /aloys

Carine-Laure Desguin à Dunkerque pour Rue Baraka

— Alors Carine-Laure, te voilà chez nous, en France ? Quid de cette aventure ?

— Bonjour Christine (http://www.christine-brunet.com/)! Oh, tu sais, c’est tout simple. Je suis membre de l’ADAN (http://adan5962.e-monsite.com/pages/qui-sommes-nous.html), Charleroi est à un jet de pierres de Maubeuge. Ma maman étant originaire d’Erquelinnes (à quelques centimètres de Maubeuge), je me rends très souvent dans de ce côté-là de la frontière. Voilà, tu sais tout !

— Si je comprends bien, tu rencontres un groupe de lecteurs ?

— Oui, tout est bien préparé. Ces lecteurs ont lu Rue Baraka et…

— Rue Baraka ! On en parlera toujours de ce roman ! http://carineldesguin.canalblog.com/pages/rue-baraka--roman--editions-chloe-des-lys--2010/32062283.html

— Mais Christine, ce livre est quand même la recette de la potion magique qui permet, une fois ingurgitée, de réaliser nos rêves ! Tout le monde veut réaliser ses rêves !

— Allons, allons, tu exagères encore, Carine-Laure !

— Peut-être, mais c’est toi qui es marseillaise, un comble…Je te signale que je suis la preuve vivante que ce livre ne ment pas…

— Comment ça, Carine-Laure ?

— Depuis que j’ai écrit Rue Baraka, je réalise mes rêves…

— Ah ? Tu m’expliques tout ça, je suis assez cartésienne ! Je sais que ce livre connaît un beau succès et que tu as même écrit une version théâtrale mais quand même …

— Christine, depuis la sortie de ce livre, je n’arrête pas d’écrire, de publier, de rencontrer des lecteurs. Tout cela, c’était mon rêve.

— Ouais, n’insistons pas. Et donc tu rencontres tes lecteurs à Dunkerque, tu nous dis où, à quelle heure etc…

— Oui, voici l’adresse de cette brasserie, en plein cœur de Dunkerque :

L’escadre

Place du Casino, 25,

59240 Dunkerque

— A quelle heure, Carine-Laure ?

— Rendez-vous à 18 heures ! Le mercredi 20 avril !

— C’est parfait, Carine-Laure ! Les éditions Chloé des Lys te souhaitent une belle soirée…Tu parleras de tes autres livres ?

— Je répondrai à toutes les questions des lecteurs. La responsable du groupe a pris connaissance depuis plusieurs mois de mon press book et de toutes mes activités. J’espère que les questions jailliront.

— Alors, ce sera une suuuuper soirée, Carine-Laure !

— Merci, Christine !

— Pour ceux qui ne connaissent pas encore Carine-Laure Desguin, voici son press book et n’hésitez pas à circuler sur son blog..

http://carineldesguin.canalblog.com/pages/press-book/32061526.html

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Jean-François Foulon a lu "Sables" de Laurent Dumortier

Publié le par christine brunet /aloys

Jean-François Foulon a lu "Sables" de Laurent Dumortier

Sables, de Laurent Dumortier.

Dès la première phrase qui est une sorte d’exergue, le ton est donné : « Chaque grain du sablier qui s’écoule est un morceau de vie qui tombe, une chute dans le néant du passé. Le futur est là, sous nos yeux, mais il est irrémédiablement condamné… »

On l’aura compris, les textes que l’on va lire ne brilleront pas par leur optimisme. L’auteur nous dit que la vie (notre vie) nous file irrémédiablement entre les doigts. A peine vécu, le moment présent est déjà du passé et ne nous appartient plus. Quant au futur, inutile de se réjouir, il sera bientôt, lui aussi, du passé. La vie (notre vie) nous apparaît donc comme illusoire. Privés de futur, nous ne sommes déjà plus que du passé avant même d’avoir été.

J’adore ce genre d’approche, qui fait réfléchir tout en nous donnant une gifle pour nous réveiller. Car la littérature, cela me semble aller de soi, n’est pas là pour nous raconter des histoires (dans les deux sens du terme) mais pour nous amener à la conscience. On peut dire que Laurent Dumortier y arrive pleinement car on ne sort pas tout à fait indemne de ses textes.

Ceux-ci sont courts, très courts même, et l’auteur s’en explique au début de son petit recueil. Il ne veut pas, ici, s’embarrasser de la psychologie de ses personnages (sans quoi il aurait écrit un roman) mais nous présenter « un instantané, une photographie d’un événement ». Dès lors, le genre littéraire adopté doit correspondre à ce qu’il veut exprimer. Ses récits voulant aller à l’essentiel, une ou deux pages suffisent amplement pour nous montrer que la mort n’est jamais loin et qu’elle nous guette au tournant.

Le thème du sable (celui du sablier, qui symbolise le temps qui fuit) est le leitmotiv qui traverse toutes ces petites nouvelles, aussi sombres que percutantes. Sable du désert, rose des sables un peu magique, sable avec lequel on fabrique le verre, sables mouvants dans lesquels on s’enfonce désespérément sans espoir d’en ressortir, sable qui envahit l’espace et qui risque de nous étouffer, sable des plaines de jeux où les enfants disparaissent… Tous ces sables sont inquiétants et nous rappellent que notre vie actuelle, que l’on croit bien stable, peut très vite basculer dans l’horreur.

Car certaines des nouvelles de ce recueil sont à la limite du fantastique, ce qui leur donne un petit côté original que personnellement j’ai adoré. Bon, je ne vais pas ici vous donner trop de détails, mais retenez que ce côté fantastique sert surtout à nous montrer que notre vie confortable peut basculer à tout moment. Comme je le disais au début : nous n’avons pas de futur, le temps de nous apercevoir que nous sommes éphémères et déjà nous avons passé.

L’illustration de couverture (merci à France Delhaye !) est en elle-même un résumé du livre, puisqu’elle nous montre un squelette dont les os sont déjà partiellement éparpillés sur un lit de sable. Beau raccourci pour dire que chaque grain de sable qui s’écoule du sablier nous rapproche de l’instant fatal. « Vulnerant omnes, ultima necat » (Toutes blessent, la dernière tue), disaient les anciens Romains en parlant des heures. Voilà une formule que Laurent Dumortier aurait pu faire sienne, assurément.

Bonne lecture, ne traînez plus pour vous procurer ce livre, car le temps presse, je vous assure !

Jean-François Foulon a lu "Sables" de Laurent Dumortier

Jean-François FOULON

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Jean-François Foulon a lu "Nuageux à couvert" de Marcelle Dumont

Publié le par christine brunet /aloys

Jean-François Foulon a lu "Nuageux à couvert" de Marcelle Dumont

Joli recueil de nouvelles que nous offre là Marcelle Dumont. C’est le premier livre que je lis d’elle mais je n’ai vraiment pas été déçu (pour ceux et celles qui n’auraient pas compris, cette tournure est une litote pour dire que j’ai adoré).

Souvent les lecteurs sont un peu réticents à lire des nouvelles. Ils ont tort, car chaque texte pris isolément est souvent très fort. Sans doute préfèrent-ils les textes plus longs, qui leur permettent de rester avec les mêmes personnages pendant 250 pages. Sur ce point-là, évidemment, on ne peut que leur donner raison et j’avoue que moi-même j’étais tellement pris dans les différentes histoires racontées ici que j’aurais voulu qu’elles se poursuivent. Loin d’être là un défaut, c’est plutôt la preuve d’une grande qualité littéraire.

Ceci dit, à y bien réfléchir, les textes de Marcelle ne sont pas des nouvelles au sens strict. En effet, une nouvelle est généralement courte et sa fin doit être surprenante. Ici, certains textes sont tout de même assez longs et la situation qu’ils décrivent se poursuit jusqu’au bout. Plutôt qu’une fin étonnante, on a plutôt une fin inéluctable, qu’on sentait venir, mais qui du coup plonge le lecteur dans une réflexion existentielle. En effet, les histoires racontées, qui tournent pourtant autour de l’amour et du désir, finissent quasi toutes de manière dramatique. Non pas qu’il y ait des crimes (à vrai dire, il y en a un, mais chut, je ne veux rien révéler) mais plutôt une sorte de destin auquel les personnages n’échappent pas. Pourtant, on n’est pas ici dans la tragédie grecque, avec des dieux qui se jouent des hommes et de leur « ubris », de leur orgueil. Non, on a plutôt des personnages qui recherchent l’amour à tout prix, pour différentes raisons, et qui du coup se retrouvent dans une relation de couple peu satisfaisante. Quelque part, ils sont donc responsables de la situation dans laquelle ils se sont mis. Pourtant, Marcelle Dumont ne les condamne pas. On dirait plutôt qu’elle voudrait les voir réagir, prendre enfin leur vie en main et retrouver leur liberté. Mais les pauvres n’y arrivent pas, car les hommes (ou plutôt les femmes, car ce sont surtout elles les héroïnes) sont faibles.

Différents cas de couples mal assortis sont envisagés (ce qui donne au recueil une unité certaine et il suffit de suivre ce fil rouge pour passer d’un texte à l’autre). Il y a la petite bourgeoise hautaine, fière de sa beauté, dont la mère repousse tous les prétendants car ils ne sont jamais assez bien pour elle et qui finira vielle fille. Il y a celle qui veut fuir sa mère à tout prix et qui pour cela épouse le premier venu. Il y a celle qui rêve de voit enfin mourir ce mari mal aimé qui végète maintenant dans un lit, quasi inconscient. Il y a la petite employée qui passe son temps de midi avec un collègue bien sympathique, mais qui se rend compte un jour qu’elle est sur une pente dangereuse. Il y a les amoureux de la Grande Guerre, qui ne peuvent que s’écrire des lettres de plus en plus tendres. Pourtant le beau Poilu restera dans sa tranchée et en reviendra pas. Il y a deux marchands de glace italiens qui se battent pour les beaux yeux d’une demoiselle un peu provocante. Il y a celle qui a épousé un artiste un peu fou, avec qui la vie est tout simplement impossible, mais qu’elle aime et qu’elle aimera toujours, même quand le couple se sera défait. Il y a Christine, qui sombre peu à peu dans la folie (un cas d’Alzheimer ?) au décès de son mari. Ce texte est beau et poignant, car la décrépitude de l’héroïne est décrite par petites touches, ce qui prouve que Marcelle Dumont sait raconter une histoire. Tout est vu en fait par les yeux naïfs et incrédules de Christine, qui ne comprend plus rien au monde qui l’entoure et qui perd peu à peu la mémoire. Il y a enfin la petite tenancière d’une pompe à essence qui finit par prendre un amant pour échapper à sa vie morne.

Dans tous les cas, donc, les femmes de ces histoires avaient misé sur l’amour et elles se retrouvent malheureuses et prises au piège. Marcelle Dumont semble donc vouloir nous donner une leçon de lucidité. Ne rêvez pas, ne comptez pas sur les autres et encore moins sur le prince charmant. Trouvez plutôt assez de force en vous pour vous assumer.

Le style est très classique, très beau et se lit sans difficulté aucune. Les mots et les phrases coulent comme une rivière et le lecteur se laisse emporter par ce flot continu. C’est vraiment là un beau recueil.

Jean-François Foulon a lu "Nuageux à couvert" de Marcelle Dumont

Jean-François Foulon

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Christine Brunet a lu "Vulgarisons ! L'art de vivre sans âme" de Christophe Steynen

Publié le par christine brunet /aloys

Christine Brunet a lu "Vulgarisons ! L'art de vivre sans âme" de Christophe Steynen

Franchement, je ne savais pas à quoi m'attendre en ouvrant le livre. La 4e de couverture est suffisamment énigmatique pour éveiller ma curiosité.

Ce roman... ou plutôt cette réflexion, est émaillée de poésies, comme autant de monologues ou de dialogues intérieurs. Quelques croquis ponctuent également le fil de l'écriture (instants privilégiés pour interpeller le lecteur), un peu comme si l'auteur ne pouvait dissocier prose, poésie et dessin (En passant, Christophe, si ton autoportrait est ressemblant... Euh, comment dire...)

Je parlais de réflexion. Oui, une réflexion sur l'amour, la vie de couple, la fuite du temps et le sens de l'existence.

A la suite d'un terrible événement, le personnage principal, très (trop) investi dans sa vie professionnelle, remet sa vie en question. Il repense son positionnement vis à vis des autres, de ses amis, de sa famille, vis à vis de sa femme aussi. Peu à peu une nouvelle idée prend forme... Plus qu'une idée, il "rencontre" la foi en tentant de répondre aux questions qui le minent.

Christophe Steynen nous invite à le suivre dans un cheminement presque spirituel aux côtés d'un héros qui s'était perdu au fil du temps et retrouve le chemin du bonheur.

Christine Brunet a lu "Vulgarisons ! L'art de vivre sans âme" de Christophe Steynen

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

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Le blog Le ciné d'Alain a chroniqué "Villa Philadelphia" d'Edmée de Xhavée

Publié le par christine brunet /aloys

http://cinealain.over-blog.com/2015/02/edmee-de-xhavee.html

http://cinealain.over-blog.com/2015/02/edmee-de-xhavee.html

Le blog Le ciné d'Alain a chroniqué "Villa Philadelphia" d'Edmée de Xhavée

"De mornes repas, parfois suivis de promenades en calèche si silencieuses qu'elles enlevaient toute couleur au paysages"

peut-on lire dans la nouvelle publication d'Edmée de Xhavée, Villa Philadelphie.

Il n'en est rien pour le lecteur.

Tout n'est ici que saveurs quand il est question de nourriture.

Toute la beauté du décor s'impose naturellement au travers des mots.

Le lecteur se laisse emporter par l'histoire. Des personnages qui vont évoluer entre les années folles pour arriver aux années 60. Les phrases sont courtes. Les paragraphes tout autant. Une façon claire et percutante pour mettre, au cœur de l'intrigue, la vie de deux sœurs.

Un récit savamment mis en scène.

Des destinées quasi imposées et des non-dits viennent s'ajouter à des jalousies mesquines qui distillent un venin. Des alliances, en lieu et place de vrais sentiments.

Entre rancunes et jalousies, l'amour trouvera-t-il sa place ?

Le bonheur intervient rarement dans les apparences.

Fêtes somptueuses, vie mondaine, solitude implacable et décision radicale, la vie réservera bien des surprises.

Tout un monde d'hier au travers, essentiellement, de magnifiques portraits de femmes.

Qui est qui ?

L'une "qui n'avait pas le droit d'exister si l'autre n'existait pas davantage." Elle est celle "qui n'a pas envie de vivre en couleurs".

L'autre, dans les dernières pages, sera l' "Idole déchue affamée de psalmodies autour de son nom"... "L'âge avait prise d'assaut sans égards, déployant ses formes en dépassant dangereusement le stade su séduisant "rebondi". "

Et puis il y a Bertrande. Un second rôle, comme on les nomme au cinéma. Une personne magnifique qui ne fera qu'une brève apparition dans le roman.

Une de celles que j'affectionne particulièrement.

Entre être, paraître ou devenir, le chemin sera long. Savoureux, par les mots employés.

Une phrase du roman en conclusion.

"Tout un défilé d'images avait passé dans sa vie, et il n'en avait remarqué ou retenu aucune. Le quotidien n'avait pas eu de saveur, pas plus que sa jeunesse désormais passée."

Exactement ce que je ne souhaite à personne, mais qui, malgré tout, me fait penser à quelqu'un.

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Christine Brunet a lu "Aiguillage" de Pascale Gillet-B

Publié le par christine brunet /aloys

Christine Brunet a lu "Aiguillage" de Pascale Gillet-B

Je contemple, les larmes aux yeux, la couverture marron du roman de Pascale Gillet-B... Je viens de le terminer. La dernière page est bouleversante... Une émotion qui reprend en miroir l'"Ouverture", une sorte de prologue, une mise sur les rails du récit construit comme un balancier.

Entre présent et retour au passé, deux destins se croisent... Non trois... Quatre en fait. Vies liées par delà la vie... ou la mort.

Aiguillage est un roman peut-être, plus sûrement une autobiographie romancée dans laquelle l'auteur a sa place de mère brisée par le destin tragique de son fils.

Je me suis demandée quelques secondes pourquoi ce titre et puis j'ai compris : il est la clé de l'histoire, le message subliminal qui entraîne le lecteur dans le sillon de ces vies brisées qui n'ont de cesse que de chercher la rédemption.

Le récit oscille entre descriptions presque tatillonnes qui rejettent l'émotion et les phrases chargées de douleur. On a l'impression que les personnages tournent en boucle autour de leurs failles mais soudain le cercle est brisé, et l'espoir renaît.

Vous voulez en savoir plus ? Il faudra lire !

Christine Brunet a lu "Aiguillage" de Pascale Gillet-B

6Christine Brunet

www.christine-brunet.com

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Christine Brunet a lu "La posologie des sentiments" de Michel Beuvens

Publié le par christine brunet /aloys

Christine Brunet a lu "La posologie des sentiments" de Michel Beuvens

Déjà, vous en conviendrez avec moi, on ne peut pas parler d'un titre banal... Comme si les sentiments pouvaient être prescrits sur ordonnance !

Et pourtant...

Michel Beuvens nous propose un parcours, celui de Lucien, homme banal et sans talent qui embrasse comme ça, par hasard, la carrière de fonctionnaire.

Désabusé, sans relief, il avance vers les mâchoires imperturbables de l'administration sans volonté de fuir ses rouages inhumains.

Mais peu à peu, son regard va changer : il apprend à voir.

Un roman aigre-doux porté par une belle plume tantôt trempée dans le vitriol, tantôt dans le sirop...

Un regard lucide sur la société, la vie dans les bureaux, sur les hommes et sur l'amour.

Magnifiques descriptions des acteurs du récit, qu'ils passent ou qu'ils perdurent, qui ne tombent jamais dans la caricature même si les images qu'elles proposent peuvent, parfois, déshumaniser leur modèle. Une justesse des mots qui m'a interpelée.

Ce livre est à la fois amusant, grinçant, surprenant et... triste. Nouveau coup de cœur !

Christine Brunet a lu "La posologie des sentiments" de Michel Beuvens

Christine Brunet

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L'interview de Jacques Degeye pour son nouvel ouvrage "« SALE TEMPS POUR LES HÉROS. Le prix de la liberté sous le règne de M. Poutine »

Publié le par christine brunet /aloys

L'interview de Jacques Degeye pour son nouvel ouvrage "« SALE TEMPS POUR LES HÉROS. Le prix de la liberté sous le règne de M. Poutine »

Le nouveau livre de Jacques Degeye est passé en "Collection". Je reçois le BAT et commence à le feuilleter avec curiosité et un vrai intérêt. Une évidence : je dois interroger Jacques au sujet de ce livre qui ne peut qu'interpeller le lecteur... d'autant que, je le rappelle, Jacques a publié aussi bien du roman que de la poésie !

Cette fois, je ne vous livre pas mes questions mais seulement ses réponses. Je pense que vous comprendrez pourquoi...

Je ne suis pas lié à un genre littéraire. Je suis attaché à la liberté d'écriture.

Délivrance (Chloé des Lys, 2010) est un recueil de nouvelles. Chaque nouvelle est un mini-roman. Certains personnages passent d'un récit à l'autre, donnant au texte une continuité analogue à celle d'un roman. Des personnages réels tels Romain Gary ou Nicolas de Staël, Marilyn Monroe ou Romy Schneider, Virginia Woolf ou Diane Arbus, Sylvia Plath ou Ernest Hemingway... Des personnages de fiction : Alban, Alexia, Stephen George, Michael Appelbaum...

Voilà une première analogie avec « SALE TEMPS POUR LES HÉROS... » : un récit et de nombreux personnages. Et aussi une différence : dans ce dernier cas, tous les personnages sont réels.

Délivrance a pour thème la mort volontaire. Ah, quel sujet rebutant ! Pouah, quelle noirceur !

‒ Assurément, la mort volontaire exprime une fracture, une grande douleur et du ressentiment quelquefois.

‒ Par contre, elle traduit une tentative désespérée de se soustraire aux affres du temps, aux avilissements ou aux humiliations, devenus insupportables et que l'on noie parfois dans l'alcool ou dans d'autres addictions.

Poèmes inédits (Chloé des Lys, 2015) : ses vingt-quatre poèmes permettent d'entrer dans l'univers intime du poète. Quelques thèmes :

    • l'enfant et la nature sauvage, l'enfant et l'attachement, l'enfant et la séparation ; la mémoire de l'enfance ; la beauté du monde ;

    • un monde défiguré par la violence, par la privation de nos libertés et par le non-respect de la dignité humaine ;

    • le courage de ceux qui résistent aux systèmes oppressifs. Voilà une deuxième analogie avec « SALE TEMPS POUR LES HÉROS... ».

Sale temps pour les héros. Le prix de la liberté sous le règne de M. Poutine

(Chloé des Lys, 2016 ).

Je reviens à mes premières amours : l'histoire. Impossible de le nier ! Mais en renouant avec l'histoire, est-ce que je tourne le dos à l'univers romanesque pour autant ? C'est le contraire. Ceux qui avaient cru sortir de l'histoire après la chute du mur de Berlin(1989) ont été sidérés de constater le retour de l'histoire et du caractère tragique de celle-ci : guerres, terrorisme, immigration massive... L'histoire est tragique, comme les romans et le théâtre universels sont tragiques.

Qu'est-ce que le tragique ? C'est prendre conscience de notre destin et des risques de mort ou de dislocation qui menacent nos sociétés.

Sont-ce « des thèmes compliqués » (voir le point 4 de ton mail du 22/3/2016) ? Je ne puis répondre à ta question. Au lecteur de le dire !

Ce gros livre m'a pris presque dix ans de ma vie.

Des années de bonheur... et de labeur : recherches, recoupements, construction du récit, écriture, remise sur le métier...

Jusqu'à la décision favorable du Comité de lecture de Chloé des Lys. Puis la publication dans Chloé des Lys Collection.

Le sujet de « SALE TEMPS POUR LES HÉROS. Le prix de la liberté sous le règne de M. Poutine » (Chloé des Lys, 2016) :

‒ Ce livre m'a été inspiré par l'assassinat de la journaliste Anna POLITKOVSKAÏA et par l'empoisonnement, en plein Londres, de « l'espion » Alexandre LITVINENKO, et ce à un mois de distance (octobre-novembre 2006). Deux « faits divers », pourrait-on dire.

‒ D'autres événements se sont ajoutés à ceux-ci : les assassinats d'hommes politiques, de défenseurs des droits de l'homme, de juristes, etc. : Natalia Estemirova, Sergueï Magnitski, Vassili Aleksanian...

‒ Puis l'arrestation, le jugement et l'emprisonnement du magnat du pétrole, Mikhaïl KHODORKOVSKI, et le démembrement de sa société, Ioukos.

Tous ces « faits divers » forment un puzzle qui a pour cadre la Russie de M. Poutine. Il me fallait donc démêler l'écheveau, voir ce qui se tramait derrière ces histoires dramatiques. J'ai découvert un homme, mais surtout un Système.

Ce livre résulte-t-il d'une envie ou d'un besoin ?

D'un besoin, évidemment. D'une exigence même.

  • Les acteurs de cette histoire : ils doivent sortir de l'oubli.
    • En Russie précisément, les origines du Système Poutine en disent long sur sa nature : les attentats sanglants de 1999 pour préparer le peuple à la guerre (Tchétchénie), la mise au pas des médias, la manipulation de l'opinion publique.

    • Attention ! Nous ne connaissons pas toujours ceux que nous élisons. Nos dirigeants se révèlent petit à petit, et nous sommes surpris de les découvrir autres que ce que nous les imaginions. Dans nos régimes démocratiques, l'alternance permet de changer de représentants et de dirigeants. Ce n'est pas le cas partout, notamment en Russie.

    • Ce livre nous invite à réfléchir sur l'avenir de nos propres sociétés. Nos libertés ne sont jamais acquises une fois pour toutes. Si nous ne sommes pas vigilants sur nos choix politiques, sur notre vote, sur la qualité de nos représentants politiques, si nous ne défendons pas chèrement notre peau d'hommes et de femmes libres, si nous ne résistons pas aux tentatives de réduire nos libertés, si nous n'essayons pas de comprendre les grands enjeux de notre monde, ALORS nous courons le risque d'être asservis un jour et de payer cher et pour longtemps nos étourderies et nos lâchetés.

    • J'explique que tout n'est pas perdu et qu'il existe des raisons d'espérer.

    • Je montre les blocages de la société russe.

    • Je montre comment le peuple russe a été réduit au silence en quelques années.

    • Je montre comment le Système Poutine a été mûrement réfléchi et comment il a été mis en place, bien avant que l'on « découvre » à la télévision le jeune et sémillant Vladimir Poutine, un jour de 1999.

​« SALE TEMPS... » appartient à L'HISTOIRE et à LA LITTÉRATURE.

Je livre au lecteur ce que j'ai trouvé : le fil conducteur des événements et les motivations des hommes. C'est de l'histoire totale, comme l'ont pratiquée les historiens Lucien Febvre, Marc Bloch, Jacques Le Goff, Georges Duby, Pierre Chaunu, etc., de l'École des Annales : axée sur les hommes, l'économie, la société, la politique, les mentalités...

L'histoire, c'est aussi de la littérature. C'est la raison pour laquelle j'ai choisi le titre « Sale temps pour les héros... » : un héros ne relève pas de l'histoire, mais de la littérature. Par ce titre et par tout le livre, je veux célébrer les retrouvailles ‒ mieux : les noces ‒ de l'histoire et de la littérature. Il n'est pas de plus grand roman ou de meilleure pièce de théâtre que l'histoire : tragédie, satire, comédie, amour, haine et mort.

« La froideur » de l'analyse (au scalpel, pourrait-on dire) est compensée par le récit vivant : celui de la vie des personnages (voir le point 3 de ton mail du 22/3/2016). Dans ce livre, qui est un livre d'histoire, j'ai voulu un équilibre entre les deux.

J'adopte un ordre chronologique général pour la facilité de la lecture. Mais avec des discontinuités dans le récit, comme dans un roman. Le point 2 de ton mail du 22/3/2016 : je compare simplement la façon dont j'écris l'histoire avec l'art du roman (voir 5.2 ci-dessus).

Mes sources ?

J'ai mobilisé toutes les sources disponibles. De très nombreuses sources russes (traduites en français). Beaucoup de dissidents et de journalistes. Les articles de l'ancienne correspondante du journal Le Monde à Moscou, Marie Jégo. La presse a été pour moi une source privilégiée.

Merci Jacques pour cet exposé très complet et précis de ta démarche : un livre que tu me donnes envie de découvrir !

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

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Jean-François Foulon a lu "Villa Philadelphie" d'Edmée de Xhavée

Publié le par christine brunet /aloys

Jean-François Foulon a lu "Villa Philadelphie" d'Edmée de Xhavée

Je l’avais commandé.

Il m’est parvenu, je l’ai lu, il m’a plu.

Lui, c’est le dernier livre d’Edmée De Xhavée, « Villa Philadelphie ». Il s’agit d’un récit où tout se dédouble, mais où le semblable est finalement différent. C’est l’histoire de deux sœurs qui se marient et à qui leurs parents ont acheté deux maisons jumelles, afin que même adultes elles ne soient pas séparées. Le jardin et la véranda sont même communs, ce qui facilite les échanges. Dans ce jardin, se dresse une nymphe de pierre toute moussue, statue unique qui symbolise le destin de la femme (amour et désir). Et en effet, chacune des sœurs, sortant de l’adolescence, va devoir choisir son destin de femme. Le lecteur va vite se rendre compte que leurs chemins vont être très différents. Le désir des leurs parents de les réunir sous un même toit est donc une illusion. Ce sont eux qui se sont imaginé qu’elles étaient semblables, mais il n’en était rien. Rosalie est énergique, pleine de vie et a épousé un homme qui l’adore. Eveline est plus effacée, plus terne, et on la remarque moins. Il faut dire que depuis sa petite enfance, elle est dominée par son aînée car celle-ci a besoin d’attirer l’attention sur elle. Aimée, la mère, rentrera dans son jeu sans même le remarquer et complimentera toujours son aînée au détriment de la cadette. Rien d’étonnant que celle-ci devienne plus effacée et épouse un homme sans relief qui ne se marie que par convention et non par amour.

La dualité, cependant, continue en apparence. Mariages, fausses couches, premières naissances, les deux sœurs semblent connaître la même vie. Sauf que la première resplendit et que l’autre est terne, sauf que l’une est aimée et que l’autre n’est même pas désirée. Et c’est là que tout bascule. Se rendant compte de l’échec de son mariage, Eveline cherchera en elle-même le sens de son existence. Elle puisera sa force dans son amour de mère et dans sa richesse intérieure. Du coup, petit à petit elle va se transformer jusqu’à finir par rayonner. Les étranges broderies qu’elle réalisait adolescente, ternes d’un côté et exubérantes de couleurs de l’autre (toujours ce thème de la dualité, donc) préfiguraient déjà cette évolution.

Mais tandis qu’Eveline tire son bonheur d’elle-même, sa sœur Rosalie continue à avoir besoin du regard des autres (celui de son mari, mais surtout celui de sa mère) pour exister. Elle brille, certes, mais à travers leurs yeux.

La vie avance et Edmée De Xhavée fait défiler les années devant nos yeux. Le roman commence en 1920 et se termine au début des années soixante. Par petites touches, l’auteur nous fait découvrir la vie aisée de la bourgeoisie de Verviers, enrichie par le commerce de la laine, puis c’est la guerre, qui emportera le mari de Rosalie, et enfin le lent déclin de la cité lainière. Derrière le destin des héros, on peut donc lire en filigrane celui de toute une région.

L’écart entre les deux sœurs s’est maintenant creusé à un point tel qu’elles sont devenues bien différentes. Alors qu’Eveline a toujours son mari, son fils Paul et une fille qui est née sur le tard, Roseline est veuve et vit seule avec son grand fils, qui tout doucement regarde ailleurs. N’ayant plus personne pour l’admirer et la mettre sans cesse en valeur (Aimée, la mère, vient de décéder) elle sombre tout doucement dans une sorte de folie, accusant même sa sœur cadette des pires crimes. Vieillissante, l’image que son miroir lui renvoie est désormais celle d’une femme décrépite et laide (toujours ce thème du double, où le même est finalement différent de ce que l’on croyait).

Les enfants se marient et quittent la maison. Eveline se rend compte qu’elle ne peut plus rester là, entre sa sœur en pleine décrépitude et qui ne lui adresse même plus la parole et son mari plus que terne et qui ne s’intéresse qu’à sa collection de papillons. Elle décide donc de prendre définitivement sa vie en main et de partir. La villa sera vendue et détruite. Seule subsistera la nymphe dans le jardin. Faite en pierre, elle était finalement la seule à devoir être immuable et éternelle.


C’est donc un beau roman qu’Edmée De Xhavée nous offre là. Comme d’autres l’ont déjà écrit ailleurs, on sent en elle une grande aisance à analyser l’âme féminine et le moindre regard ou la moindre parole de ses héroïnes est toujours finement décortiqué. Le lecteur découvre ainsi, par petites touches, leurs aspirations et leurs déceptions, leurs désirs et leurs regrets. J’ai particulièrement apprécié le lent continuum qui nous montre le cheminement de chacune des deux sœurs et qui fait que finalement la situation s’inverse. C’est Eveline la timide et l’effacée qui finira par rayonner et par prendre sa vie en main tandis que celle que l’on croyait brillante et qui n’était finalement que superficielle, sombrera perdue dans sa propre médiocrité.

Derrière tout cela, il y a l’amour. Certes Rosalie était aimée de son mari comme de sa mère (tandis qu’Eveline l’était beaucoup moins), mais en femme égoïste elle s’est nourrie de cet amour et n’a rien donné en retour. Une fois les êtres qui l’admiraient disparus, elle s’est retrouvée pour la première fois face à elle-même et ne l’a pas supporté. Eveline au contraire avait de l’amour en elle et même si elle en a moins reçu, elle a su se construire à partir de ses rêves et de ses aspirations. Rien d’étonnant, donc, à ce qu’à la fin du roman elle quitte la villa Philadelphie pour commencer une nouvelle vie pleine d’espoir à l’étranger.

En conclusion, je recommande vivement ce livre bien écrit, au style agréable, à tous ceux qui aiment l’analyse de l’âme humaine. J’ai pris un réel plaisir à le lire.

Jean-François Foulon a lu "Villa Philadelphie" d'Edmée de Xhavée

Jean-François Foulon

Publié dans Fiche de lecture

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"Entre elle et moi..." un poème extrait de Wasserfall, de Kristof

Publié le par christine brunet /aloys

"Entre elle et moi..." un poème extrait de Wasserfall, de Kristof

Entre elle et moi ça colle

Je suis son voisin de gauche dans le train

Avec une patience infinie

Je lui ai arraché un regard profond

Du genre de celui qui ose

Entre elle et moi ça colle

Impossible de ne pas y croire

Je me suis trop engagé

J’ai tout sorti de moi

Mes yeux portaient de l’eau brillante

Ça l’a touchée je crois !

Elle a bien vu que je n’étais pas jeune

Mais concentré et enthousiaste

Presque attaché

Entre elle et moi ça colle

Je lui ai dit que j’aimais la neige et la pluie

Comme aujourd’hui, mêlées, ensemble

Elle était très proche de moi pour ça

On a laissé tomber tout le reste

Entre elle et moi ça colle

Sur le quai l’attendait une américaine, grosse, décomplexée

J’ai vu venir leur baiser sur la bouche

Un baiser qui se mange

Elle a eu un petit rire glacé

Et un regard dans ma direction

Je suis resté impassible devant cette étonnante vérité.

Kristof - 18 juillet 2012

Publié dans Poésie

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