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Résurrection – Edmée De Xhavée

Publié le par christine brunet /aloys

Résurrection – Edmée De Xhavée

Bien sûr que je sais qui je suis. Quelle absurdité. Comme si en perdant mon visage et mes proches j’avais cessé d’être moi. Mais à quoi bon le leur dire ? Qu’est-ce que ça changera à qui je suis ? A ce qui me fut arraché ? A ce à quoi je vais devoir m’accrocher… Est-ce que ça me donnera un autre passé ? Ou un autre présent ? Quant à l’avenir… sera-t-il celui de l’inconnue ou … le mien ? Ça doit être le même… Je le leur ai bien dit… Je ne veux rien savoir de personne.

Je me souviens des yeux bleus de ma mère, de la couleur céruléenne des myosotis. J’ai les mêmes, et je ne reconnais qu’eux dans mon visage qui ne me parle plus, transformé par l’incertitude. Ils sont comme le reflet d’une boule de cristal qui me rendrait mon existence en secret. Elle avait, aussi, les joues qui se couvraient du rouge de l’émotion, en taches comme des coquelicots qui auraient jailli à la surface du lait.

Je me languis et me souviens de mon frère et de mes sœurs. De la chaleur de leurs mains lorsque nous dansions en cercle, de leurs voix qui se parcellaient en rires heureux. De cette robe de soie brodée que j’ai reçue pour mes quinze ans. Et du collier de perles au fermoir en diamants que j’ai pu porter par-dessus pour la première fois ce jour-là. Je n’ai pu relever mes cheveux comme mes sœurs le faisaient déjà, trop jeune pour offrir ma nuque et mon profil aux regards d’hommes. Et ces chaussures de chevreau, avec une bride en ruban tressé et une boucle de nacre, délicate comme un nuage matérialisé… J’avais, dit-on, une façon particulière de regarder… un air espiègle. J’étais, alors, tellement sûre de mon avenir…

Vous imaginez-vous que je ne mangeais, alors, qu’avec des couverts en argent ? Aux armes de mes parents, lacis de lettres en creux, si fin que seul le jeu d’ombre et de lumière le rendait visible. Autre chose que cette vaisselle aux bords éclatés, et usée par la brosse et le savon. Que j’avais des domestiques, des femmes de chambre, un précepteur, un professeur de danse, et un autre de piano ? Que j’avais appris à regarder les jeunes gens de l’aristocratie qui nous approchaient, mes sœurs et moi, en sachant qu’un jour peut-être je dormirai contre l’un d’eux et lui donnerai des enfants… aux yeux myosotis si Dieu le voulait aussi. Savez-vous qu’alors, lorsque voulant rêvasser je posais mon front sur la vitre si fraiche de la fenêtre, mon regard ne survolait que de belles choses, depuis la verrière encerclée de statues juste en-dessous de ma chambre, aux colonnades de la pergola et de la descente vers les pelouses bordées d’arbres aux feuillages luxuriants ? Jamais alors je n’imaginais que, dans quelque coin du monde, il y avait des tramways grinçant leur fatigue sous des fenêtres sans grâce à la vitre emplie de défauts, et que je chercherai le réconfort du souvenir en y appuyant mon front fiévreux, pour ne voir que la grisaille, des murs, des trottoirs et des gens fatigués de la vie dans leurs vieux manteaux sentant l’humidité.

Fräulein Unbekannt. C’est mon nouveau nom, dans une langue qui n’est même pas la mienne. Dans un âge que je ne reconnais pas comme le mien, puisque j’ai perdu ma vie dans la panique et les pleurs, les aboiements de Jemmy le petit chien de ma sœur, les cris d’angoisse de soldats qui ne comprenaient plus, le crépitement des balles et l’éventrement des murs tapissés de papier à rayures fait aux baïonnettes. Et surtout le silence de mes parents qui, leurs oreillers de voyage devant eux, couraient sans expression vers le plan de sauvetage. Je suis tombée, presqu’étouffée et aveuglée par l’odeur de la poudre et de la sueur, de la peur et de la confusion. Ma mère posa sur moi son regard si bleu et pur, posa son doigt sur les lèvres qui esquissaient ce sourire primesautier qu’elle avait toujours.

Nous en avions parlé le soir précédent, du plan. Et tant de jours avant aussi. Mes sœurs, dont on avait coupé puis brûlé les cheveux la veille en même temps que les miens, couraient vers leur futur, dans les robes que nous avions achetées aux filles de cuisine. Mais moi j’ai trébuché sur un homme tombé à terre qui a retenu ma cheville pour me diriger ou me retenir, je ne saurai jamais. Et quelque chose m’a cloué le pied au plancher. J’en ai encore le sceau, une étoile boursouflée là où un jour la bride de soie de mon escarpin de chevreau avait posé sa caresse. Et c’est lui qui m’a sauvée. Qui m’a assuré cette survie dans une mort interminable. Une mort qui recommence à chaque réveil. Il m’a sauvée en me roulant, abrutie d’horreur et de désespoir – ma famille tant aimée… où allais-tu sans moi ? -, dans une couverture sale qui sentait la terre et le cheval, puis me hissant sur une charrette alors que dehors, le chaos explosait en cris d’agonie, effluves de sang, coups de feu, hurlements de douleur et de rage. Chants d’ivrognes.

Le soldat tchécoslovaque, au nom si prolétaire, aux mains sales, à l’haleine d’oignon, au regard cependant habité par quelque chose que je ne connaissais pas. Peur, intimidation ? Possession ? Adoration ? Rancœur ? Comment savoir ? J’étais si jeune quand il a forcé son chemin dans mon corps pour faire de moi sa femme, une femme qu’il prit dans un cri qui ressemblait à un pleur pendant qu’il faisait un massacre de la jupe de laine rustique, du jupon si fin que j’avais voulu garder, de la culotte d’enfant riche que j’avais crue hors d’atteinte. Il pleurait et m’embrassait comme devenu fou, pour finir par me gifler en hoquetant des mots que je ne comprenais pas – et ne voulais comprendre. Je venais de disparaître d’une vie. Je n’étais pas prête à celle qui commençait.

Oui… Je suis la mère de son enfant, qu’à sa mort j’ai déposé dans un orphelinat. Comment aurais-je pu m’occuper d’un enfant, moi qui n’avais pas eu le temps de cesser d’en être un? Moi qui vivais les vêtements de tissu rêche, la nourriture sans finesse, les odeurs corporelles d’où montaient les remugles des derniers repas, comme un voyage en enfer ? On avait tué Anastasia. Elle est là pourtant, secrètement enclose dans mes yeux, qui sont ceux de ma mère la jolie Alix. Mais aux yeux du monde, c’est Fräulein Unbekannt qui a émergé du canal où s’est noyée la plus jeune des filles de Nicolas, puis a pris l’occupation d’un corps qui a perdu l’habitude des câlineries de cette autre vie, celle où il appartenait à Anastasja Nikolaievna Romanov. Justement dite, hélas, la ressuscitée.

Je suis en exil de ma vie.

Edmée de Xhavée

edmee.de.xhavee.over-blog.com

https://edmeedexhavee.wordpress.com

Publié dans Textes

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Karl Chaboum nous revient avec un poème extrait de son recueil "Le sol à l'envers"

Publié le par christine brunet /aloys

Karl Chaboum nous revient avec un poème extrait de son recueil "Le sol à l'envers"

PANIQUE NOIR SOLEIL

Le bruit court qu'on a volé la reine.
L'Afrique est en émoi.
Ses yeux d'un noir encre
Éclairaient la plus obscure des négociations.
Ses narines exhalaient un souffle
Faisant fuir une flotte de navires ennemis.
Ses lèvres charnues, fermées,
Laissaient entrevoir tous les espoirs.

Le continent entier était à pieds.
Ils sont maintenant cul-de-jatte,
En cul de sac.
Sa couronne jaune de fin tissu
Était-t'elle à présent flétrie,
Meurtrie, en une autre patrie ?
Que faire ?
Se tourner vers les cieux ?
Peine perdue.
Vers l'enfer ?
Encore moins.

Rongés d'anxiété,
Les millions d'Africains
Attendirent donc...
Jusqu'au jour où elle apparut enfin.

Elle était dans les bois, méditant,
Se demandant comment se faire désirer
Davantage.
Elle attendit un mois.
Découvrit le secret :
Disparaître... Et attendre,
Jusqu'à ce que toutes les langues pendent,
Pour arriver à pas feutrés
Pour être par le pays portée
Aux plus hautes nuées.

Ainsi feront les femmes voulant jouir
Du statut de reine.
Avoir toujours le même portrait,
User du même stratagème
Et réussir... ou mourir dans les bois.



Karl Chaboum,

Publié dans Poésie

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Christine Brunet a lu "Les odonymes du cancer" de Philippe Couillaud

Publié le par christine brunet /aloys

Christine Brunet a lu "Les odonymes du cancer" de Philippe Couillaud

Les odonymes du cancer... Curieux titre, n'est-ce pas, qui m'a confortée dans mon envie de découvrir le second roman de Philippe. En fait, j'avais lu, à sa sortie, son premier roman (Une pluie grise et fine) et je m'étais alors immergée dans une écriture poétique différente et atypique.

Début fort qui alpague le lecteur, le prend de court... et l'invite aux côtés de ses trois personnages, au cœur d'événements historiques vécus en filigrane. Il assiste (un peu comme un voyeur) du cheminement psychologique d'un couple dont l'homme part pour la guerre d'Algérie alors que la femme attend leur premier enfant.

On les suit pas à pas au fil de leurs échanges épistolaires : peurs, doutes, ruptures secrètes, espoirs... La mort rôde partout dans ce roman, en embuscade derrière chaque mot, un peu comme celle qui voile l'avenir du héros principal qui appartient, lui, au présent.

Curieux clash entre passé et présent, entre lumière et ténèbres.

Fin de lecture : c'est bien ce qui reste au lecteur... l'opposition femme/homme, ying-yang, vie/mort, espoirs/doutes, amour/haine pour ce chien de guerre que son épouse l'accuse d'être devenu, des oppositions qui enveloppent le lecteur et ne peuvent le laisser indifférent.

Un livre fort.

Nouveau coup de cœur pour cette année !

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

Publié dans Fiche de lecture

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Le blog Le Ciné d'Alain a chroniqué "Les promesses de demain" d'Edmée de Xhavée

Publié le par christine brunet /aloys

http://cinealain.over-blog.com

http://cinealain.over-blog.com

Le blog Le Ciné d'Alain a chroniqué "Les promesses de demain" d'Edmée de Xhavée

http://cinealain.over-blog.com/2015/02/edmee-de-xhavee.html

Paru en janvier 2015. Aux Editions Chloé des Lys.

Les promesses de demain.

Une série de nouvelles signées par Edmée de Xhavée.

Tout en me délectant de l'écriture, de la richesse du vocabulaire de la précision des descriptions, des images sont venues pour accompagner tes mots. Mon cinéma, toujours. Alors, à tord ou à raison …

Dans "Les promesses de demain", le "duel" entre Agnès et Henriette m'a fait penser au film de Mankiewicz Soudain l'été dernier. Rien à voir pourtant. J'imaginais toutefois assez bien Agnès, incarnée par la sublime Elizabeth Taylor, pendant que Katharine Hepburn aurait fait une splendide, et horrible Henriette.

Après avoir terminé la lecture de "L'invitation chez le Marquis de Montbuzard" j'ai pensé à Vittorio De Sica avec ce chef d'œuvre, Umberto D. Pourquoi ? Mystère. Pour la solitude de cet homme sûrement.

Pour "Tchoupy et les Stiloboutchgo djies" des souvenirs personnels reviennent. Même vieux de plus de six ans, c'est comme si c'était hier

"Il neige sur le Lac Majeur" Un endroit du monde que je ne connais pas. Au travers des mots on sent la nostalgie d'une époque révolue. Des images que n'aurait pas reniées Douglas Sirk. Comme ces flocons de neige "qui ondoient au vent léger. Certains se collent aux fenêtres comme des pétales éphémères … " Toujours "mon cinéma". Cette nouvelle m'a rappelé le magnifique film de James Ivoiry. A Room With a View. Une fois encore, rien à voir, mais des images qui viennent accompagner les mots comme ces femmes qui "achètent des cartes postales et s'installent à une terrasse chauffée pour les écrire".

À la lecture de ce "Un grand pardon", je me trouvais dans un endroit de rêve. Au plus haut des montagnes, sirotant un vin chaud sur une terrasse panoramique inondée de soleil. Le ciel était magnifique. Le seul endroit où la montagne me semble supportable. Toujours besoin du grand large pour n'être prisonnier de rien.

"Asie et Marguerite" Deux femmes magnifiques. Je les aime pareillement. "Ce lui et cette elle jamais perdus mais retrouvés" … "Le présent capturerait le passé et le futur, les fondant ensemble". C'est court puissant, magique. Un magnifique cri d'amour. Point.

"Galeries Royales, Ostende". Être habité par l'absence. Toutes les couleurs de cet endroit sont dans chacun de tes mots. Un peu comme si ces personnages dataient du début des Galeries, pour contempler la vie qui est passée à côté d'eux.

"Les chinoiseries de Thérèse-Adèle Paulus". Faire barrage à l'amour, est à mon avis, lui donner toutes les chances pour qu'il éclate au grand jour.

"Un couvre-lit de vigogne" Paul et Madeleine, ou l'amour parfait. Et la sœur de la défunte qui trouve la vie étrange. Ce qui semble curieux c'est de passer à côté de ce merveilleux sentiment. Et ce "pauvre vieux" donne, par son geste, la plus belle des preuves. Rien de lâche, ni de glorieux, juste un magnifique moyen que l'on trouve quand on a plus la force de suivre sa route, privé ce celle que l'on aimée. "Ils avaient choisi leur bonheur" et la sagesse de le vivre caché.

"Lettre à une épouse" Le rêve de tout un chacun. Recevoir pareilles lettres. Quand on a ton talent pour traduire les sentiments tu donnes à l'amour les plus belles couleurs de la vie.

"Les yeux d'Isotta". Toutes les pages mettent en scène cette si belle vie italienne. Ses grandes tablées souvent joyeuses. Ses odeurs, ses couleurs aussi. Ces familles qui se retrouvent avec leurs bons et leurs mauvais pions mélangés.

Mille mercis pour ces Promesses de demain. J'ai aimé et le dis très sincèrement. Dans le cas contraire je me serais abstenu de tout commentaire

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Jeanne R. a lu "La fille à la Mercedes" de Laurent Dumortier

Publié le par christine brunet /aloys

Jeanne R. a lu "La fille à la Mercedes" de Laurent Dumortier

Quand on lit Laurent Dumortier, on n'est pas là pour dire c'est bien, ce n'est pas bien ou c'est beau, ce n'est pas beau ; non, non, quand on lit du Laurent Dumortier on fait simplement l'expérience de l'authentique, entendez par-là celle de la pensée, d'une pensée qui n'appartient qu'à lui.


Son tout dernier recueil illustré "La fille à la Mercedes" est un voyage poétique - presque un mirage mis en vers -, lequel surprend par le mot tendre, le mot court, le mot direct comme un uppercut. Mais voilà, c'est cela le style Dumortier : percutant, touchant et pourquoi pas dérangeant.


Jeanne R.

Publié dans Fiche de lecture

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Le blog "d'un livre à l'autre" a lu "Contes du vieux trouvère" de Christian Van Moer

Publié le par christine brunet /aloys

http://phildes.canalblog.com/archives/2016/02/17/33387567.html
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Contes du vieux trouvère de Christian Van Moer

Voilà un livre qui n'est pas destiné aux enfants mais plutôt à ceux qui en ont gardé l'âme, à ceux qui aiment les contes de fées, même s'ils n'osent l'avouer.

Un trouvère et un troubadour sont des poètes lyriques des XII et XIIIè siècle. L'un écrivait en langue d'oil, l'autre en langue d'oc.

Christian Van Moer envoie donc ses lecteurs dans un Moyen Age constellé de fées, de dragons, de djinns et autres personnages fabuleux, mais aussi de chevaliers, de seigneurs et de paysans.

Dans "La Sarrasine", le lecteur part en Palestine sur les traces des chevaliers. Robin Clairac est détenu dans une geôle parce qu'il ne veut renier sa foi. Son frère prend la route afin de délivrer Robin le Templier et le ramener au pays. Il y parviendra grâce à la magie. Mélange des contes des mille et une nuits, de l'histoire d'Aladin et d'autres contes de fées, "La Sarrasine" comporte un vocabulaire recherché qui ne le met pas à la portée de jeunes enfants.

"Les licornes bleues" est sans doute le conte que j'ai préféré.
Le seigneur Hugues le Sec est trahi par son frère et perd la vie. Heureusement ses enfants sont recueillis par une fée qui les élève comme leur marraine au milieu de licornes.
Quelques années plus tard, les enfants ont grandi et il est temps pour eux de revendiquer leur héritage. Ils se heurteront évidemment à leur oncle qui veut s'en débarrasser très vite. Celui-ci est aidé par un veneur accompagné d'un hippogriffe.
Du bien et du mal, qui triomphera? Réponse dans ce conte qui m'a fait penser à certaines scènes d'Harry Potter.

"L'hermaphrodite" est une jeune princesse qui a perdu son frère jumeau. Comme elle est prête à tout pour le retrouver et venger l'assassinat des siens, elle accepte d'être fille la nuit et garçon le jour. Mais voilà qu'un beau jeune homme la voit se baigner, nue, la nuit. Il en tombe immédiatement amoureux. Comment ne le fréquenter que la nuit? A moins qu'il n'y ait une autre solution...

La fille du "Chevalier noir" a été envoûtée par une sorcière qui l'a endormie à l'aide d'un philtre qu'elle lui a fait boire. Elle ne survivra que si elle boit une potion que lui fournira la sorcière tous les 3 jours. Au bout de 21 jours, elle se réveillera à condition que son père ait répondu positivement aux ordres de Sargasse. Le chevalier doit la débarrasser de 7 adversaires : un ogre, un faune/centaure, une goule, une nymphe, un nain, une vouivre et un loup-garou. Le brave chevalier a-t-il le choix?

Dans "La tour au lierre", un jeune prince s'ennuie alors que son père et ses frères ainés sont partis combattre en Terre Sainte. L'amour le distrait un peu mais ne lui suffit pas. Il décide alors d'enlever la fille dont il est amoureux et de l'enfermer dans une tour...

Un style agréable, une écriture impeccable et un vocabulaire recherché font de ce recueil de contes un très bon divertissement pour ceux qui aiment le merveilleux.

Philippe Desterbecq

http://phildes.canalblog.com

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Marcelle Dumont présente son ouvrage "Nuageux à couvert"

Publié le par christine brunet /aloys

Marcelle Dumont présente son ouvrage "Nuageux à couvert"

Biographie :

Née à Erquelinnes, le 26 janvier 1931.

Auteure et journaliste indépendante. Collabore de 1958 à 1974 à Germinal et au journal Le Peuple et de 1980 à 2002 au journal Le Soir.

Signe dans les années 60, nouvelles et récits dans le Thyrse, la Revue Générale Belge, Audace et Marginales.
En 1969 publie un roman La Veuve, chez Pierre De Méyère.

Écrit des textes pour enfants dans Libelle, dont le feuilleton Rigodon, héros de l’Espace, illustré par Jean Roba.

Auteure dramatique. Adapte Boule de Suif, de Maupassant, pour le Théâtre de l’Équipe. Écrit trois pièces : Les Menottes, Ceux de la Bécasse et Regrets Eternels.

Auteure de la plupart des dialogues et commentaires des films de Jean Harlez, dont elle fut l’assistante, notamment lors de voyages au Groenland et aux îles Féroé.

Écrit actuellement des nouvelles car l’écriture est restée vitale elle.

Résumé :

Est-on vraiment fait pour vivre ensemble, se demandent ces personnes dont j’ai fait un bouquet? L’amour et le désamour sont le fil rouge qui court entre les êtres humains. Voici la petite bourgeoise solitaire, et la malheureuse qui se jette dans la gueule du premier loup venu, pour échapper à sa mère. L’épouse qui souhaite la mort de l’homme dont elle a partagé la vie, plutôt mal que bien. La jeune femme tentée par une amourette. Les fiancés de la Grande Guerre, reliés par un frêle fil épistolaire. L’inconnue incendiant le vendeur de crème glacée. La fourmi passionnée liée, malgré lui, à l’artiste cigale. La coquette vieillissante sombrant dans la folie au décès de son compagnon. La mal mariée qui tombe dans les bras d’un amant et meurt assassinée sous les mains d’un jaloux.

Extrait :

BRUMAIRE[1]

Il est quatre heures et déjà le soir tombe. On est aux plus mauvais jours de ce mois que le calendrier républicain rebaptisa brumaire. Et, depuis le matin, le brouillard ne décolle pas. Sa présence glacée farde les fenêtres. Simone qui tricote au coin du feu, en remuant les lèvres, évite de regarder de ce côté, comme si un visage maléfique allait se matérialiser sous ses yeux.

D'ici un moment elle quittera son fauteuil, en s'accrochant à la barre tiède du poêle de Louvain et elle fermera les rideaux, pour exorciser la menace extérieure. Mais alors elle sera encore plus seule, livrée à ses propres ombres. Ses obsessions, ses vieilles rancunes, le contentieux de soixante années d'amertume, la frôleront du coude, pèseront sur sa poitrine, comme si elle s'était pris un mauvais catarrhe.

Allons, il est temps d'aller voir comment "il" va. Elle glisse sur ses chaussons jusqu'à la pièce voisine où "il" végète depuis sa congestion. Trois mois se sont écoulés depuis son refus de l'envoyer à l'hôpital. Elle se le garde. C'est son mari, n'est-ce pas ? L'infirmière qui vient, matin et soir, le changer et faire sa toilette, la félicite de son dévouement.

[1] Page 29 de Nuageux à couvert de Marcelle Dumont

Publié dans présentations

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Kristof présente son recueil "Wasserfall"

Publié le par christine brunet /aloys

Kristof présente son recueil "Wasserfall"

Bio

Né à Paris, vit à Versailles.

D’origine Basque

Travaille comme agent immobilier à Paris.

Ce recueil est son deuxième livre.

Résumé

C’est un journal poétique résolument engagé, un itinéraire de vie, des fragments de mon histoire. C’est une écriture résistante, où j’ai tenté de réintroduire l’insoumission au cœur même du discours, une méditation amère sur la condition humaine au 21ème siècle. A travers mes explorations, j’ai cherché comment survivre à la malédiction du capitalisme sauvage qui confère à nos sociétés, quelque chose d’irréel, d’inachevé, d’insupportable car, faisant de nous des victimes d’un châtiment injustifié . J’ai donc tenté de créer une nouvelle impulsion afin de redonner du sens à la vie, conscient malgré tout, que défendre mon monde,

celui de l’humain, de l’amour, pied à pied, n’est rien d’autre qu’un combat d’arrière-garde, un cri de plus en plus marginalisé. Enfin, à une échelle plus réduite, se trouve exposé mon cheminement d’homme ordinaire, comme des pas chuchotant dans la neige fraiche, sans bourreaux extérieurs, un sentier qui n’est pourtant pas sans danger non plus.

Court extrait

Place Syntagma (Athènes)

S’il a ce regard sans mélange

Ce visage insensible aux traits absents

S’il respire librement sur la Grand’ place

Avec son cœur d’homme

Il sera mon origine

Gravé dans le marbre des siècles plus jamais vides !

Il sera à l’endroit exact où l’on marche par millions

Chacun de nous sentant en lui

Ce qui ne se marchande pas

S’il s’est tué tremblant

C’était de courage et d’un geste sans concession

Quant à ses derniers mots ils furent une étreinte avec la vie

Un fragment de lutte animale

Offert à la foule traquée

Mais un jour de trop

La colère nous changera

Et notre vengeance sera immortelle !

7 avril 2012

Publié dans présentations

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Albert Nico présente son ouvrage "L'homme au grand chapeau n'avait rien à cacher ni rien de grand"

Publié le par christine brunet /aloys

Albert Nico présente son ouvrage "L'homme au grand chapeau n'avait rien à cacher ni rien de grand"

Bon pour les mouches, sur la route de l’abattoir

Une présentation de « l’homme au grand chapeau n’avait rien à cacher ni rien de grand ».

___________________

Alors, Al, ce nouveau bouquin, tu peux nous en parler un peu ?

Heu, ça va être difficile…

Juste deux mots, histoire qu’on sache de quoi ça parle…

En fait, ce bouquin, ce n’est pas. Ce n’est pas un roman, ce ne sont pas vraiment des contes ou des nouvelles, pas même tout à fait des poèmes. Ce bouquin, ça ne pourrait pas être un réseau de bus, ni même un jour férié, ni les Champs Élysées un 31 décembre vers minuit, et ça ne pourrait pas non plus être ce bol de bouillon au vermicelle qu’on te servait chaque soir quand tu étais un enfant…

Bon. Et qu’est-ce que ça pourrait être ?

Ça pourrait être un permis poids lourds. Cela pourrait être du goût des mouches sur la route de l’abattoir (bien incapables de dire de quoi il s’agit mais tant qu’on y sent le sang affluer…) Cela pourrait être des singes s’invitant au zoo pour rire de leurs visiteurs. Un éclat de rire qui te ferait cracher une dent.

Ou un cortège funéraire qui passerait de 78 à 45, puis à 33 tours par minute.

Bon. Et qu’est-ce que je marque alors ?

T’as qu’à mettre que ce livre te rentre dans le bide avant que ton cerveau ne puisse le classifier…

____________________

Un extrait quatorze juillet dans l'année

Voici venir une jeune fille qui n'a d'yeux que pour son mobile. Puis ses dix-huit clones en deux heures de temps. Voici venir un chien levant la patte au même endroit que le précédent. Voici venir un nouvel été, et les odeurs de merde qui remontent. Voici venir une race supérieure de mouches.

Voici venir un prophète et son cortège de zombies, qui de se demander quel nom, quel slogan, quelle couleur. Voici venir un musulman et un chrétien se serrant la main et ne sachant que faire de leur dernier stock de croisades.

Voici venir l'heure de l'extinction des feux et son lot de questions qui, le jour venu, demeureront sans réponse. Voici la petite fille enjouée, et le temps à ses trousses. Voici venir le dernier mot.

Voici venir enfin un ami s'écriant : “Tu es fou ! Amputer la 6ème de Mahler de ses deux premiers mouvements, ça ne se fait pas ! Ce serait comme... comme de manger du poisson en pensant ne jamais tomber sur une arête... Je sais pas... comme de s'imaginer pouvoir vivre en couple sans faire la moindre concession...!” Et comme j'épluche une banane sous ses yeux avant de lui tendre la pelure, voici venir un fauteuil qui se libère et l'émergence d'un silence mérité.

Publié dans présentations

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Philippe Desterbecq nous parle de son nouveau roman pour enfants "Le livre magique"

Publié le par christine brunet /aloys

 

Philippe, qui es-tu ? Je sais que tu diriges un blog littéraire très actif http://phildes.canalblog.com.

Mais à part ça ?

Je suis instituteur depuis 32 ans maintenant et de plus en plus épuisé. L'heure de la retraite n'a pas encore sonné puisqu'on la repousse sans cesse et je me demande comment je vais atteindre la ligne d'arrivée. 

Mes passions sont les mêmes depuis des années : les voyages, les balades dans la nature et bien sûr la lecture et l'écriture. Malheureusement le temps me manque pour les assouvir complètement. 
 
Mon tout premier livre était un recueil de nouvelles publié aux éditions Elzévir à Paris. Tu parles, je suppose, de mon premier conte pour enfants intitulé "L'étoile magique". C'est l'histoire de Pierrot, un petit garçon, un peu espiègle, comme il en existe tant. Sa passion est l'astronomie. Un jour, il a la chance de découvrir une étoile inconnue, une étoile à 7 branches qui lui permettra de réaliser 7 voeux. Il se sert de son nouveau "pouvoir" pour s'amuser sans se rendre compte qu'il nuit à certaines personnes. Quand il prendra conscience de son erreur, il devra tout réparer...
 
Un nouveau livre vient de paraître, si je ne m'abuse ? Je dois avouer que je l'attendais depuis longtemps... Un livre pour ados ? Pour enfants ?
 
Le livre qui vient de paraitre est une suite de "L'étoile magique" mais peut être lu indépendamment, du moins je le pense. Il s'intitule "Le livre magique". Le lecteur y retrouvera Pierrot ainsi que son amie Heidi, rencontrée à la fin du premier tome. 
C'est un livre pour enfants, bien sûr, comme le premier, mais celui-ci s'adresse plus à des enfants qui aiment lire et qui ont, peut-être, une certaine connaissance de la littérature enfantine. 
Pierrot et Heidi rencontrent, par exemple,  Momo, un des héros de Yaël Hassan (une auteure jeunesse que j'apprécie beaucoup) en chair et en os. Le Petit Prince y fait aussi une apparition ainsi qu'une certaine sorcière chère à Roald Dahl. 
 
Est-ce la suite de l'Etoile magique ?
 
Une suite, oui, dans la mesure où on y retrouve certains personnages connus. 
 
Toujours les mêmes héros ?
 
En plus de Pierrot et de sa nouvelle copine Heidi, le lecteur retrouvera Nestor, jardinier de l'école et grand-père d'Heidi. Les parents de Pierrot et Lulu, son petit frère, sont également présents. 
 
Comment crée-ton pour des enfants ? Est-ce que ton métier t'aide ?
 
Je pense qu'il vaut mieux côtoyer des enfants pour écrire pour la jeunesse. Il est bon de se renseigner sur ce qu'ils aiment lire, d'utiliser un peu leur vocabulaire ou leur façon de s'exprimer. Il faut toujours avoir à l'esprit que le futur lecteur est un enfant. 
L'enfant ne réagit pas du tout comme un adulte. Il abandonne très vite une lecture qui ne lui plait pas. Par contre, quand il accroche à la lecture, il est très enthousiaste ! 
 
Où trouves-tu l'idée de départ ?
 
 Je réfléchis et ne trouve rien pendant des semaines voire des mois. Et puis, tout à coup, ça me semble comme une évidence. Je sais de quoi je vais parler. Je me lance...
 
 
Tu écris comment ? Je veux dire, est-ce que tu construis un scénario ? Est-ce que tu te laisses porter par ton histoire ?
 
 Je me laisse totalement porter par mon histoire. J'ai trouvé les personnages, l'intrigue principale ou le sujet du livre, mais c'est tout. Les personnages vont vivre en moi et "me dicter leur histoire". Je ne sais, en général, pas à l'avance, ce qu'ils vont devenir. C'est une surprise pour moi. 
Dans "L'histoire d'une histoire", Pierre Gripari place l'histoire sur l'épaule de l'écrivain. Elle lui souffle à l'oreille les mots qu'il doit écrire. Je m'y retrouve totalement ! 
 
Est-ce que tu testes tes histoires sur des enfants ? Pas du tout ?
 
Oui, tout à fait. Je ne suis jamais sûr que ce que j'ai écrit va plaire aux enfants. Je leur lis donc mes écrits pour voir leurs réactions. Les enfants ne trichent pas. Ils ne rigolent pas pour faire plaisir à l'adulte. S'ils se marrent, c'est que l'histoire les fait rire. S'ils essuient une larme, c'est que l'émotion est là, dans le bouquin. J'écoute même leurs remarques et je peux changer certains éléments du récit après les avoir écoutés. Les enfants sont vrais ! 
C'est un public difficile à satisfaire ! S'ils sont contents, c'est gagné ! 
 
Merci Philippe pour cette présentation... Ton livre m'attend... A suivre donc !
 
Christine Brunet
www.christine-brunet.com

Publié dans interview

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