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A l'ami qui a choisi la nuit, un poème de Claude Colson

Publié le par christine brunet /aloys

 

claude colson-copie-2

 

 

 

 

À L'AMI QUI A CHOISI LA NUIT

 


 

Il y a près de deux ans, ami,

Tu fis le geste qui m'a abasourdi.

Hier enfin j'ai refait le long chemin

Qui m'a mené de ton ancien lieu de vie

À la stèle où aujourd'hui tu gis.

 

La longue route m'a vu ruminer les doutes,

Les questions sans réponses, l'incompréhension.

Puis j'arrivai et, en dépit des informations, 

J'ai mis du temps à retrouver la pierre

Qui abrite à présent ce qui reste de toi,

Une part de nous, une bulle d'un néant ordinaire.

 

Soudain sur le marbre ton nom a jailli

Près de celui de ton épouse, partie avant toi.

L'impression alors d'être au juste endroit,

D'avoir fait ce que tout homme doit.

 

Et, avant de te laisser, ami,

Par trois fois j'ai tapoté la pierre,

Comme je l'aurais fait sur ton épaule, mon frère.

 

 

 

Claude Colson


http://claude-colson.monsite-orange.fr

 

Léna, pour christine

Publié dans Poésie

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Marche Malevitchéenne, un poème de Bertrand Saint-Songe

Publié le par christine brunet /aloys

MARCHE-MALEVITCHEENE.JPG
IN MEMORI ' âme Malevitch

                                     
 MARCHE MALEVITCHEENNE


Nous marchons vers où il n'y a aucune image aucun son
pour qu'Il vive pour qu'Il aille pour qu'Il strie nos insensibles vents
pour bien vivre pour la paix
pour mieux vivre et mieux voir
La lumière
Nous sommes tous des marcheurs orphelins
Répondez ! Répondez !
                  - Oh, c'est tôt !...
Seigneur Vie Seigneur Nuit
                   - Où sont les flots
si mieux vivre au-delà 
E s t ... Le Je suis  ?....
¨Pour silence :
                   - pour beau vide, aucune image ni son virides
Pour la Paix
Pour la Paix
Pour bien vite au mieux vivre
parmi les couronnés des cieux
Le viride éternel au meilleur printemps 
Mer océane aux profonds diamants !

                                                                               BERTRAND  SAINT-SONGE,
                                                                               15 MAI 2013          
l'oeuf de l'esprit 

Publié dans Poésie

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Qu'en dira-t-on, un second poème de Patrick Beaucamps publié dans "le journal des poètes"

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

03) Tant d'eau sous le pont OK

 

Qu’en dira-t-on

 

J’attends le dernier train.

Sur le quai, une femme sanglote.

Je m’approche de l’aubette et vois

ses yeux rougis par les larmes.

 

Les sillons de rimmel escortent le passé.

 

Fréquemment, avant de partir quelque part,

la maison tremblait de la cave au grenier.

Des larmes coulaient sur les joues de l’enfant

mais il devait les sécher sur-le-champ.

Passer du chagrin à la gaieté.

Ne rien laisser paraître sous peine

d’en découdre par après.

 

Le train entre en gare.

Elle ne bouge pas d’un iota.

A travers la vitre je vois que

ses peines éclatent à nouveau.

 

Certaines arborent leurs faux sourires.

Certaines se vissent des lunettes de soleil.

 

Certaines vous disent qu’il ne s’est rien passé.

 

Patrick Beaucamps

Journal des Poètes

Publié dans Poésie

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Georges Roland en invité d'Aloys avec ses Traminots

Publié le par christine brunet /aloys

01BRL-couv.jpgJe suis un enfant de Bruxelles. Né à Bruxelles, mais pas à saint-Pierre. J’ai habité Bruxelles, mais pas dans les Marolles. Mon enfance a été bercée par un dialecte tellement fleuri qu’il m’est resté gravé dans la mémoire. C’est le paradoxe de mon écriture : le ket des beaux quartiers rencontre le petit peuple de la plèbe.

Mes personnages sont des figures que j’ai connues dans les années 1950, et que j’ai ramenées au XXIe siècle. Dans ces romans, les nostalgiques du Congo Belge côtoient des buveurs de gueuze d’après-guerre et des keums d’aujourd’hui.

Je me fiche de la vraisemblance, je raconte des histoires, des flooskes, des traminot-polars zwanzés :

C’est le brol aux Marolles (Édilivre)

Cahots dans le métro (Édilivre)

Cartache ! (Bernardiennes)

Manneken Pis ne rigole plus (Bernardiennes)

 

***

Un traminot-polar zwanzé ?

Wadesma da veui eet ? Qu’est-ce donc cela ?

 

« Il s’agit d’une approche cybernétique et transcendantale, quasi oulipienne, de la desserte ferroviaire subjacente en milieu urbanisé. »

Ça, c’est une zwanze, tu comprends ? Mais une de technocrate avec une barbe, une épée04CAHOTS-couvred.jpg et un chapeau à cornes et que tu rencontreras pas sur le trottoir gauche en descendant la rue Saint-Ghislain ou dans un caberdouche de la rue des Prêtres.

Un traminot-polar zwanzé, c’est net la même chose, sauf que c’est juste le contraire ; c’est un roman policier humoristique qui se passe à Bruxelles.

Tu rencontres là-dedans des tronches colorées au lambik racontées par Roza, une rame de métro qui a sa langue bien pendue avec un accent qui ne vient pas du vieux Nice, ça tu as déjà compris, newo.

Le commissaire Carmel qui boit de la gueuze comme toi tu bois du Cacolac, sa fille Arlette adepte de sports de combat, et madame Gilberte qui va kocher les rames au dépôt et qui cause avec ses copines de comptoir de la brasserie Pill de madame Bertha où-ce qu’il y a des anciens et des nouveaux colons du Congo qui viennent se frotter la panse en dégustant un stoemp au moambe et saucisses arrosé de faroet de pékèt. Entre-temps, il y a quelques morts et une enquête de police un peu déjantée. Tout ça dans les rues de Bruxelles.

À la fin du livre, tu trouves un lexique pour si tu es né à Villeneuve-Loubet ou bien que tu habites à Houte-Si-Plou et que tu ne comprends rien à tout ce bazar. Juste net comme ici en-dessous. Ara ! 

 

09MAN-couv.jpgRoza-la-Rame : Je peux aussi te dire quelque chose ?

Un traminot-polar, qu’il dit que c’est, le Georges ! Un traminot-polar ! Moi, je te pose une fois la question : ses histoires, est-ce que ça a quelque chose à voir avec le tram ? Rien du tout, que je te dis. Il sait quamême raconter des carabistouilles quand il s’y met, celui-là !

C’est pas traminot-polar, mais métro-polar, qu’il doit dire, ce zievereir. Ou bien comme ma copine Fred, pour faire chic : un métro-pol. Tu ne trouves pas que ça sonne mieux ? Un métropole. Tu vois tout de suite les madames chichi avec leur chienchien qui viennent chichi-roter un thé de Chichine à la terrasse pour qu’on les voie bien.

Un métro-pol, ça j’aime, dis ! Moi, je suis une rame de métro de Bruxelles, et je n’ai pas une langue en bois, je te préviens. Je raconte des histoires de crimes et de fafouleries des hommes (mais aussi un peu des femmes, tu sais) qui montent dans mes wagons. Parfois, je sors dehors prendre la température, et ça, mon cher ami, c’est pas de la barbe à papa ni des smoutebolles, mais c’est quand même comme ça un tout petit peu la foire du Midi, newo ?

Tu as le commissariat où ça tourne comme dans la roue de la mort, et puis la brasserie Pill où-ce que ça ressemble à un fritkot de luxe, et de temps en temps, il y a un peï qui se met à tirer dans le tas, juste comme toi sur les pipes en plâtre de chez Buffalo Bill, et des castars qui se battent comme des veuivechters, ou des grandes gueules, c’est comme tu veux.

 Les personnages, non plus, c’est pas du tout-venant de chez Nounkel Ware. Qu’est-ce que tu veux, c’est des gens avec un genre. À Bruxelles on dit avec un jââre, ça fait plus vrai.

Quand tu vas t’asseoir dans un café, ça s’appelle « Chez Méï Moeyal » ou « Chez les bons amis de Pitje Schaveiger », tu commandes une demi-gueuze et tu regardes autour de toi. Je te garantis pas que c’est la salle de lecture de la Bibliothèque Royale ou le dôme de l’Institut, mais tu entends parler une langue universelle. Un mélange de flamand, de français, de lingala, de roumain, d’italien, d’espagnol et des tas d’autres que je ne connais même pas comment on les appelle. Quand tu sais plus dans une, tu continues dans l’autre, et tout le monde se comprend. La demi-gueuze, ça aide à la comprenure ; au plus que tu en bois, au mieux que tu deviens polyglotte. Ça ils ne te diront pas au journal tévé, car ils sont payés par Cacolac au lieu des brasseurs bruxellois.

Tu as déjà compris que je raconte des flooskes. Allez, de la fiction, si tu préfères. Une11CART-couv01.jpg rame de métro qui t’explique qu’elle sort de son tunnel et qui va regarder les gens, c’est pour du rire. Va pas en faire une cause pour ton avocat, il cause déjà assez.

Même la police sort du Grand Guignol. Tu vois très bien le commissaire Carmel avec un bicorne, qui reçoit des coups de balai sur son dos, et un ket avec une pinnemouch qui rigole dans un coin, juste sous une fresque montrant l’agent 15 de Hergé.

Bon, on va commencer, va chercher une bouteille de gueuze dans le frigo, enlève le bouchon et mets-toi seulement à lire en buvant un coup de temps à autre. Ça va te faire du bien, tous les deux, mais pas le bouchon.

 

 

LEXIQUE :

 

flooskes :              inventions

zwanze :                blague à la Bruxelloise

caberdouche :           bistrot

lambik :                bière bruxelloise

newo :                  n’est-ce pas ?

kocher :                nettoyer

stoemp :                purée de légume

faro :                  bière bruxelloise

pékèt :                 genièvre wallon

Ara !:                  voilà !

zievereir :             radoteur

fafouleries :           vantardises

smoutebolles :          beignets au sucre

fritkot :               friterie, baraque à frites

castars :               mecs

veuivechters :          cherche-misère

Nounkel Ware :          Oncle Édouard

Meï Moeyal :            mêle-tout

Pitje Schaveiger :      Pierre le Ramoneur

ket :                   gamin, équivalent de Titi ou de Gone 

 

Georges Roland

http://www.georges-roland.com

Publié dans l'invité d'Aloys

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Lettre à la mort, un texte de Louis Delville

Publié le par christine brunet /aloys

 

noelouis

 

LETTRE À LA MORT

 

Il faut passer tôt ou tard, il faut passer dans ma barque…

Air de Charon, extrait d'Alceste (J-B Lully).

 

Madame,

 

Récemment, vous avez été conviée par votre direction à rendre visite à Monsieur M. Depuis, cette date, malgré de fréquents rappels, il vous attend.

 

Pour vous permettre de ré-ouvrir son dossier, je vous livre quelques faits.

 

M. est né il y a bien longtemps et durant sa longue vie, il a toujours défendu le droit des personnes âgées. Il a épousé une brave femme qui lui a donné un fils unique. Depuis peu, il est l'heureux grand-père d'un petit Noah.

 

Pourtant, avouons-le, il n'est guère heureux… Sa vie toute simple de petit employé n'a guère comblé ses désirs. Lui qui voulait devenir artiste, il ne le sera jamais. Le public n'a jamais apprécié ses dons de chanteur. Il a essayé la magie, en vain. Quelques séances ratées de prestidigitation dans des arrière-salles de café enfumées et glauques lui ont vite ramené les pieds sur terre. Quant à la figuration qu'il avait faite pour un film, la séquence a été coupée au montage !

 

J'arrête là cette énumération fastidieuse à propos de la vie ratée de M.

 

Je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d'année et reste à votre disposition.

 

Un ami d'enfance de M.

 

 

Monsieur,

 

Votre courrier est bien parvenu à notre service

 

Malgré toute notre bonne volonté, nous ne trouvons pas trace de M.

 

Pouvez-vous nous donner d'autres renseignements ?

 

Veuillez agréer, Monsieur, …

 

 

Signé, illisible

 

 

Madame,

 

La personne en question vient de fêter son 777e anniversaire et trop, c'est trop ! Hélas, je ne connais que son prénom. Il s'agit de Mathusalem.

 

À vous lire…

 

Un ami

 

Louis Delville

louis-quenpensez-vous.blogspot.com

Publié dans Nouvelle

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Le bonheur est dans le conte... un autre extrait à découvrir !

Publié le par christine brunet /aloys

 

bonheurconterecto

 

Extrait deuxième partie :

Rosette et son ombre

Il était une fois derrière chez moi une ferme où vivaient les deux meilleures amies du monde, Jeannette et Rosette.

La partie n’était pas gagnée d’avance car il faut vous dire que Rosette n’était pas facile à vivre. C’était une jeune fille rousse à fière allure qui n’aimait pas se faire marcher sur les pieds.

Je vais vous raconter les faits, tels qu’ils se sont déroulés, c’est une histoire ô combien insolite !

Rosette est arrivée par un beau matin printanier en compagnie de quelques membres de sa famille : ses deux sœurs jumelles, son cousin Dédé le meneur (comme on le surnommait) qui parlait fort tout le temps, entraînant derrière lui deux cousines à l’aspect imposant qui déployaient beaucoup d’efforts pour l’imiter. Ces trois derniers n’aimaient pas les visiteurs, même les gens de passage qu’ils repoussaient avec véhémence. Cependant, Dédé avait une bonne dose d’affection pour ses proches à qui il avait fait la promesse de les protéger toute sa vie car il possédait un fort esprit de famille.

Loulou s’était rapidement joint à eux venant de je ne sais où, beau garçon et assez coureur.

Ce beau gosse ne pensait qu’à courtiser Rosette et ses deux sœurs rousses qu’il jugeait tout à fait à son goût et dépensait une grande partie de son énergie à vouloir les séduire. En contrepartie, elles avaient instauré une règle qui consistait à manger les premières, lui laissant le soin de finir les plats. Cela les amusait beaucoup.

Des mois paisibles coulèrent ainsi et la vie en communauté entre jeunes gens se passait sans trop d’anicroches. Jusqu’au jour où, par

un matin d’été, sans prévenir quiconque Dédé et les deux cousines sautèrent dans un camion, on ne les revit jamais. Je me suis laissé dire qu’ils étaient las des remarques et mesquineries incessantes de Rosette.

Cependant la vie continua tranquillement jusqu’à ce fameux après-midi où…

 

 

 

Anne-Marie Jarret-Musso

Publié dans Textes

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Christine Brunet a lu "La valse des infidèles" De Beaudour Allala

Publié le par christine brunet /aloys

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J'ai lu La valse des infidèles, de Beaudour Allala, ed. Chloé des lys

 

 

 

Superbe couverture qui atttire l'oeil de loin, suggestive et très... voluptueuse. 

 

Au départ perplexe, je me demandais s'il fallait comprendre le titre au sens propre... ou au sens figuré, jusqu'à ce que j'écoute Beaudour expliquer son livre et ses personnages en interview à Roussillon pour Actu TV et pour France Bleu.

Et là... je me suis noyée ! Son approche me semblait correspondre si mal à la personnalité de l'auteur !

 

Pourquoi ? Le livre est pessimiste, tout le contraire de ce que je ressens lorsque je suis en sa présence. Voilà qui m'a vraiment déroutée, je dois dire. Les nouvelles sont brutales, noires par moments un peu comme si elle se lançait dans la danse avec ses angoisses. On ne peut que se laisser emporter par les sensations pour ne pas se noyer avec ses personnages. 

 

La valse des infidèles, un roman ? Il s'agit d'un roman-nouvelles, des histoires plutôt longues, à rebondissements. Rebondissements ou tourbillons ? Une valse d'événements, une valse de sentiments, une valse de pensées positives mais surtout négatives qui perdent les héros et submergent le lecteur qui n'a pas d'autre choix que de se laisser entraîner dans la tourmente au fils d'une belle écriture tout en fluidité, en finesse et en volupté.

 

Un lien entre toutes ces histoires ? Eh bien oui... un être narrateur qui semble tout savoir des secrets de chaque personnage, une voix anonyme qui dispose de l'extraordinaire pouvoir de décrypter les âmes et d'en extirper les pensées cachées, oblitérées de chaque participant à cette valse.

 

Valse poétique, valse des sens et de sens... Belle étude psychologique pour des personnages broyés par leurs choix, leurs désirs assouvis ou pas, leurs envies d'autre chose. Valse de cruautés, d'incompréhensions, d'impressions colorées de noir qui ne peuvent laisser le lecteur indifférent !

 

Un livre qui nous fait cotoyer, à chaque ligne, espoirs et désespoirs. 

 

J'ai adoré !

 

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

 

Couverture Nid page 1

Publié dans Fiche de lecture

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Kate Milie en invitée avec Noire Jonction

Publié le par christine brunet /aloys

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Dès la première page, l’intrigue est lancée. Un drôle de type ce Tony. Il mate une fille, griffonne des trucs sur son carnet. La fille, c’est Marie, la guide que nous connaissons bien puisqu’elle était au cœur de l’enquête de « L’assassin aime l’art déco » (180° Editions, 2012).

 

La ville de Bruxelles est en effervescence, c’est le soixantième anniversaire de la jonction Nord-Midi. Marie est contactée par un certain Bart, un gars plongé dans la réappropriation de la ville par l’art et l’écriture qui pour l’occasion forme une association, le Collectif Art/Jonction. Le rôle de Marie est d’organiser au mieux un programme digne d’une telle manifestation. Gunnar Berg, un célèbre auteur suédois est invité, il devrait écrire un roman noir. Autour de ce Collectif, des animateurs, des plasticiens, des photographes…

 

A savoir, cette jonction avait à l’époque éventré la ville, 1500 habitations furent détruites, ce qui fit 13000 mécontents.

 

Marie organise donc ces jours festifs. Avec Gunnar Berg, elle visite la capitale et retrace avec lui le Bruxelles d’avant la jonction. Des bars à textes sont mis sur pied, qui drainent pas mal d’écrivaillons de tout bord. Et puis surgissent les événements, des poupées pleines de sang sont découvertes à l’entrée d’un tunnel…Attentat artistique ? Les intervenants autour du Collectif Art/Jonction représentent quand même quelques personnes. Il y a Yvan et Myriam, Bella et Tatiana…Il y a aussi ce mystérieux Frère Guillaume, qui aurait fait vœu de silence. Mais pourquoi donc ? Et puis ce drôle de type, ce Tony qui remonte de temps en temps à la surface. Tout le monde suspecte tout le monde et voilà Tatiana qui est mise hors de cause. On vient de découvrir son cadavre…Ah oui, il y a aussi cette écrivaine, cette Kate Milie qui met son grain de sel et qui, c’est une intrigue de plus, connaît le Frère Guillaume.

 

Le décor est planté ! J’ai commencé ce livre dans le train de 7 heures 05 à la gare du Sud de Charleroi et je n’ai pas décroché ! Bon Dieu, qui tue ces poupées ? Qui a tué Tatiana ?  A 12h05, je bouscule un brave type dans le porche de l’église Saint-Nicolas et j’ai l’audace de sursauter, il ressemblait à ce Tony ! A 14 heures 30, du côté de la rue des Alexiens, je me sens trahie. Jamais je n’aurais songé à un tel dénouement !

 

Kate Milie réussit à merveille ce troisième opus. Pas évident pourtant, un tel imbroglio dans cette jonction…Avec un vocabulaire qui saute les barrières et qui vous entraîne dans un véritable polar, Kate Milie affirme ici son style et s’installe dans un créneau qui lui colle à merveille : une intrigue policière nouée à part entière avec l’architecture de la capitale et les beaux bâtiments de la Belle Epoque. Aujourd’hui, ce sont les gares du XIX ème que Kate Milie, en quelque sorte, reconstruit. Et demain ? Je suis certaine que tous les lecteurs attendent comme moi la prochaine enquête qui mettra encore en scène cette charmante guide, cette Marie. A moins que …Oh non ! Non !

 

Carine-Laure Desguin

http://carinelauredesguin.over-blog.com

 

enfantsjardinr 

Publié dans l'invité d'Aloys

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Une fiche de lecture signée Eric Allard pour Spirales Urbaines de Carine-Laure Desguin

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

spiralesurbaines

 

Liberté de la poésie

 

 

Métissée et généreuse, musicale et colorée (musicolore, écrirait-elle),  la poésie de Carine-Laure Desguin utilise toutes les ressources du langage et du savoir (même si c’est pour s’en moquer) pour parler des humains et des lieux où ils vivent, notamment dans les « tissus des villes » qui renferment un « patchwork de rues et de ruelles », comme Charleroi visité par Rimbaud, à qui elle dédie nommément un poème.  


Elle emprunte aux éléments du cosmos pour décrire les autres, à la course des étoiles pour dessiner leur géométrie intérieure.


Même au sol, sans abri, exilés, oubliés de l’histoire officielle du capitalisme, ses personnages regardent vers le ciel où sont les astres, la lumière. L’aventure est là-haut, se dit l’homme barbu... d’un de ses plus beaux poèmes (Enroulé tout autour). Elle est tournée vers le haut, ce qui élève hommes et femmes, et non ce qui les rabaisse, les maintient à terre, prisonniers de leur condition...


Même si sa poésie décolle, en feux d’artifice d’images nombreuses, elle ne quitte pas le terrain narratif et le champ musical. Comme si les rimes et le récit lui permettaient ses envolées littéraires.


Elle aime à court-circuiter son propos, ne pas s’embarrasser de vocables inutiles, en ponctuant ses poèmes de néologismes, souvent des substantifs transformés en forme verbales conjuguées ou participes présents car la matière est énergie, le nom riche d’action. Exemples à l’envi : kayakaient, carabossait, kiosquant, horlogea, clochetta, wagonner, oreillant...


Ce sont ses jeux à t’aime avec la langue.


Accessoirement elle parle d’elle, jamais directement : il faut deviner les biographèmes  derrière certaines métaphores. Elle « cherche le chemin » (Les vérités se déshabillent), l’or du temps, dirait Breton, (ou du tendre) dans le creuset des images qui agissent comme une baguette magique, ou de sourcier, pour atteindre la source de son être. Elle devient alors, selon la célèbre formule de Nietzsche, ce qu’elle est. Quête, au fond, de tout poète véritable.


Carine-Laure a retenu la phrase de Lautréamont sur la rencontre fortuite (sur une table de dissection) d'une machine à coudre et d'un parapluie. Elle, développe la rencontre de la nacelle et du cerf volant ou celle de la tige et de l’ascenseur, fable dans laquelle on comprend que le béton l’inspire autant que la flore, que les spirales urbaines sont le reflet deshélices végétales.


Plusieurs textes résistent, et c’est salutaire en manière de poésie, aux tentatives d’en percer le mystère. Parce que peut-être ils touchent à ce qui motive son écriture, son existence. Ainsi ceux mettant en scène ce tampon indocile, ce guerrier des aiguilles conduisant, à travers un parcours solaire, aux éclectiques libertés.


Le recueil est fait de six sections d’une dizaine de poèmes chacun : Les oiseaux des villes – Transit – Les éclectiques libertés – Sans jamais se le dire – Les équinoxes flamboyantes – Grand les fenêtres


C’est le livre d’une guerrière du quotidien qui a pris ses quartiers sur les hauteurs d’une ville d’où elle lance ses flèches verbales en direction des assiégeants, des ennemis de tous bords, et distribue aux assiégés ses ballons d’oxygène en forme de respiration poétique. De mots chlorophyllés.

 


Le sujet est libre et ces vers sont là

Ils appellent il résonnent et raisonnent encore

Appellent au secours pour que ces gens-là

Respirent la vie pour chasser la mort

 (Les oubliés, C.-L. Desguin)

 

Éric Allard

http://lesbellesphrases.skynetblogs.be/archive/2013/11/01/spirales-urbaines-de-carine-laure-desguin-7973933.html?c

Publié dans Fiche de lecture

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Les états d’âme de la lune et du soleil : Philippe WOLFENBERG

Publié le par christine brunet /aloys

etatsame


Suite au jeu de l'auteur mystère auquel Philippe Wolfenberg s'est plié avec plaisir, ma curiosité piquée au vif, je lui ai demandé de revenir sur Aloys pour nous parler plus en détail d'un livre curieux au titre qui ne l'est pas moins...



Les états d’âme de la lune et du soleil
  
Courte présentation
 
Philippe Wolfenberg, né à Liège il y a un peu plus de 49 ans, habite à Chaudfontaine : « l’avantage des espaces verts à quelques minutes de la métropole », se plaît-il à dire !
Ce sagittaire célibataire cohabite avec des félins, seule race à supporter, sans doute, son impossible caractère!
L’auteur, qui se dit blasé et cynique, n’en est pas moins passionné par l’écriture et la lecture, bien entendu. L’image aussi l’exalte à travers la photographie, ainsi que la musique mais pas uniquement celle des mots, l’informatique, l’ésotérisme, les minéraux et la nature dont il se sent forcément très proche... Loup y es-tu ?
 
Un livre chez CDL : un titre un peu bizarre, on dirait une nouvelle du 18e avec Rousseau ou Diderot.
Pourquoi ce titre ?
 
La lune représente la Femme (le Yin), le soleil représente l’Homme (le Yang)... Deux astres appelés à ne pas se rencontrer... Pourtant, dans mon roman, l’incroyable se produit...
Leurs différences qui, loin de les éloigner les attirent, sont à la base de ces “fameux” états d’âme qui finiront par les guider vers la passion...
 
Cette longue phrase, voulue évidemment... est-ce qu'elle colle au texte ?
 
Non seulement elle colle au texte mais, plus encore, elle en est le parfait – et fidèle – résumé...
 
 Tu m'expliques le visuel de ta cover ?
 
Le chapitre deux commence par la description d’un château... Celui de la couverture... La “tanière” du narrateur... Un lieu où, entouré de “ses créatures” (puisqu’il est écrivain), il se protège
des désillusions nées d’une vie qu’il trouve bien terne (paradoxal alors qu’il semble avoir tout)... Cet édifice a réellement existé et se trouvait, comme je le fais dire au “héros”, presque à la place
de la maison familiale... C’était une très belle demeure...
 
Est-ce un roman, des nouvelles ? Quel genre ? Suspense, philosophique, autobiographique
 
C’est un roman (assez court)... Je parlerais de chroniques amoureuses... Qui racontent les tenants et aboutissants d’une rencontre obligée de la dernière chance... Il n’y a pas de suspense (reproche que l’on m’a parfois fait) mais
c’est un hymne à la passion amoureuse (qui, à mon avis, est la seule chose qui donne sa valeur à la vie puisqu’elle consiste en une quête de l’âme jumelle, cette partie de nous-même dont on a été amputé)...
En alchimie, c’est l’intégration des parties contraires qui mène à l’harmonie parfaite sous forme de “pierre philosophale”... Tout au long du récit, j’instille un peu de philosophie de vie, quelques questions existentielles...
Le chapitre un est entièrement autobiographique... Le reste mêle fiction et souvenirs...
 
Dans l'extrait que tu nous as proposé pour l'auteur mystère en décembre, l'un de tes personnages s'appelle Phil. Toi ?
 
Je ne conçois aucun de mes textes sans m’y impliquer... Une manière de vivre d’autres vies, d’exister autrement...
 
Tu me parles un peu du sujet du bouquin ?
 
Une “météorite” rencontrée au hasard d’Internet en a brillamment parlé :
 

Phil (écrivain à succès) et Caterina (écrivain en devenir) se rencontrent lors d’une soirée mondaine où la magnificence des décors semble être une invitation à un luxe de sensations à venir.


Mais ils ne savent pas encore la folle passion que fera naître leur premier baiser.


Le temps, la permanence, la lassitude, la banalité… Telles sont les hantises de ces deux « aventuriers ».

Depuis qu’ils se sont avoué qu’ils s’aiment, ils tremblent – au sein même de leur passion et du désir éperdu de l’autre – de se réveiller et de voir leur bonheur d’être ensemble à jamais disparu.


Des héros des temps modernes (où tout vient et disparaît trop vite) marqués du sceau de la fragilité des êtres et des choses. Des héros poursuivis par un anathème : celui du destin, ce traître qui broie sur son passage les espoirs les plus fous. Des héros conscients que l’inconstance humaine déploie ses ailes sur toute chose mais résolus à combattre cette cruelle évidence.


Un roman doux-amer, clair-obscur, hésitant entre l’ombre (la lune ?) et la lumière (le soleil ?). Un roman où les mots peignent le portrait d’une passion née de la solitude, du manque et de l’impuissance à pouvoir contrôler tous les éléments de la vie. Qu’advient-il de Phil et Caterina, à la fin de l’histoire ? Phil, le narrateur, ne se sent pas obligé de tout dévoiler au lecteur… Comme s’il regrettait de s’être trop confié…
Ou alors, il laisse à ce dernier le soin d’imaginer tout ce qu’il ne dit pas.
 
Tu décrirais ton style comment ? Très dialogué ? Très vivant ? PLus un récit ?
 
Très descriptif avec des dialogues qui hésitent entre l’introspection, l’humour et la connivence  (enviable) entre deux êtres qui ne pouvaient pas ne pas se rencontrer...
C’est aussi le récit d’un naufragé qui imagine son sauvetage avant de le vivre et d’y prendre un plaisir incomparable (même s’il doit se pincer souvent pour être sûr qu’il ne rêve plus)...
 
Un projet en cours ?
 

 

Plusieurs mais qui risquent de ne pas voir le jour par un mélange paradoxal d’entêtement et de découragement... Il paraît, en effet, que les écrivains baissent vite les bras...  
Il ne nous reste plus qu'à découvrir ton livre !!

Christine Brunet
www.christine-brunet.com

Publié dans présentations

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