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Souvenirs, une nouvelle de Micheline Boland

Publié le par christine brunet /aloys

 

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SOUVENIRS

 

Les voisins disaient qu'Olga était folle. Moi, je n'avais que dix ans mais je n'étais de cet avis.

 

Ce n'est pas parce qu'une vieille dame parle seule à voix haute en se promenant dans le quartier, parce qu'elle habille son chien d'un manteau en dentelle, en velours ou en fourrure selon la saison, parce qu'elle se maquille comme une jeune actrice qu'elle est folle.

 

Moi, j'allais souvent passer le mercredi après-midi chez Olga. Elle m'offrait des cakes et du jus d'oranges, elle me racontait sa vie, et moi je regardais son petit musée. Dans sa vitrine, il y avait quantité de figurines : pères Noël, couples de mariés, enfants Jésus, animaux, premiers communiants, personnages folkloriques,… Tous ces personnages lui rappelaient des voyages, des mariages, des fêtes.

 

Il suffisait que je demande : "Qui c'est ?" en montrant du doigt l'une des figurines pour qu'Olga me raconte un événement de sa vie.

 

Pour les gens ordinaires, un père Noël en plastique équivaut à un autre, un couple de mariés en plâtre ne se distingue pas d'un autre. Pour Olga, chacun était associé à une date, à un instant de bonheur ou à un moment chargé d'émotions.

 

Olga me parlait souvent de sa petite Françoise, morte des suites d'une rougeole. Un jour, elle me montra le faire-part de naissance de sa fille. Ainsi, Olga ne collectionnait pas seulement les figurines, elle collectionnait aussi les faire-part.

 

À onze ans, j'avais insisté auprès de mes parents pour qu'ils invitent Olga à mon repas de communion. Je savais qu'avec elle tout prendrait un relief particulier. C'est ainsi qu'Olga fut du nombre des convives. Bien entendu, avant qu'elle ne quitte la maison, je lui offris la figurine de communiante qui avait orné le gâteau.

 

Olga ne déçut pas mes attentes. Plus tard, quand je lui rendais visite, il lui arrivait de montrer ma figurine et de détailler le menu servi ou bien de rappeler la musique d'ambiance passée durant le repas. Plus encore que les photos prises ce jour-là et que mes propres souvenirs, le récit d'Olga me replongeait dans la magie d'une étape capitale de mon enfance. Ma vie perçue avec les yeux d'Olga avait le charme infini des vies de grands personnages. Écouter Olga m'aidait à comprendre quelles formes peut prendre l'amour. 

 

Micheline Boland

micheline-ecrit.blogspot.com

boland photo

Publié dans Nouvelle

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Ainsi soit-il... Un extrait du nouveau roman de Christian Eychloma

Publié le par christine brunet /aloys

 

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Bill demeura longtemps hébété avant de commencer à réagir à la sonnerie désagréable qui lui vrillait de plus en plus douloureusement les tympans. Il eut du mal à soulever des paupières qu’il referma aussitôt tant il les trouva lourdes. Il sentit un fourmillement envahir ses membres engourdis et tenta avec un succès mitigé de remuer ses mains et ses pieds. Puis il ouvrit plus franchement les yeux.

Il ne prit pas immédiatement conscience de la date affichée en gros chiffres lumineux au plafond de la salle d’hibernation. Juste une image sur sa rétine. La première impression claire à s’imposer à son mental fut plutôt une pénible sensation olfactive. Une odeur fade, rance. Ecœurante. Doublée d’une certaine difficulté à respirer.

Il lui fallut fournir un effort considérable pour réussir à se tourner sur le côté. Il chercha à tâtons, du bout des doigts, le bouton destiné à mettre fin à l’alerte sonore et le pressa longuement. Puis il se redressa et, appuyé sur ses coudes, entreprit une lente exploration visuelle de son environnement.

Les couvercles transparents, parfaitement alignés, brillaient faiblement dans la pénombre. Ils étaient tous largement ouverts, en position verticale à l’arrière de leur  berceau. Des berceaux que l’on aurait pu croire vides d’occupant, personne ne levant encore la tête pour croiser son regard.

Le faible ronronnement du robot acheva de lui faire réaliser qu’il se trouvait en phase de réveil. Il commença à prendre pied pour de bon dans la réalité et entreprit de retirer avec précaution les micro-tubes pénétrant les veines de ses avant-bras. Puis il dut s’arrêter, envahi par une irrésistible nausée.

Il hoqueta bruyamment et fut tordu par un spasme violent qui lui laissa une crampe épouvantable au creux de l’estomac. Il attendit patiemment que les choses se tassent avant de se débarrasser complètement des sondes du moniteur.

Ce ne fut que lorsqu’il se trouva plus commodément assis qu’il leva à nouveau les yeux au plafond. Et lut et relut les chiffres indiquant l’année, sans parvenir à les croire. Parce que personne ne se résout spontanément à accepter l’incroyable.

Presque vingt-quatre ans… Pourquoi l’horloge du vaisseau s’était-elle détraquée ? D’après cet affichage, vingt-quatre années, à peine moins, depuis qu’il avait été endormi. Précipité dans le néant par ce même robot qui venait de progressivement l’en extraire. Pour un réveil normalement programmé deux mois après l’entrée en hibernation…

Il enjamba le bord de son berceau et, vacillant sur ses jambes flageolantes, se tint péniblement debout, appuyé contre la longue caisse métallique en forme de cercueil. Il tourna la tête dans tous les sens pour observer les gisants les plus proches et dont les corps  commençaient à s’agiter, comme pour se libérer d’un mauvais rêve. Puis il focalisa son attention sur Tatiana qui peinait à refaire surface et pensa qu’il pourrait l’aider, par sa seule présence, à reprendre plus vite connaissance.

Aider Tatiana à émerger plus vite de sa mort artificielle… Il s’avisa tout d’un coup que, contrairement à ce qui s’était systématiquement pratiqué depuis que l’on utilisait cette technique, il n’y avait personne sur place pour les assister. Strictement personne.

Il pensa, avec une soudaine boule dans la gorge, qu’il aurait dû s’en étonner plus tôt. Beaucoup plus tôt. Le doute commença à s’insinuer dans son esprit. Le cœur battant, il fixa au plafond un regard plus ferme.

 

Vingt-quatre ans ! Nom de Dieu… 

 

Christian Eychloma

futurs-incertains.over-blog.com 

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"Il neige", une vidéo-lecture de Bob Boutique, extraite de ses Contes bizarres

Publié le par christine brunet /aloys

Supprimé pour causes techniques

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L'une ou... l'autre rive, de Danièle Deydé : un extrait

Publié le par christine brunet /aloys

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Cette nuit, les deux amies ont peu dormi, et voilà que le jour n’est plus très loin.

- C’est l’heure, murmure Samia.

- Je suis prête, répond Adèle à voix basse. Elle laisse planer un silence, puis elle ajoute : « Je te confie tous les cahiers que j’ai écrits ici. Tu m’y retrouveras.

Elle pose un regard de tendresse sur celle qu’elle abandonne derrière elle, l’enlace et la serre avec fougue sur son cœur.

- Je ne t’oublierai jamais, répond Samia. Je garderai précieusement ces carnets pour toujours. Toi aussi pense à moi.

- Tu le sais bien que je ne t’oublierai pas ! Est-ce que j’ai, un jour, arrêté de songer à Choline ? Ce sera pareil pour toi… Tu vas me manquer !

Adèle secoue la tête comme pour chasser des regrets.

- Allons, reprend-elle, il faut que j’y aille, il est temps. Je t’écrirai chez Aïcha dès que possible et j’espère te donner une adresse à laquelle tu pourras me répondre.

Elle embrasse son amie encore une fois, elle se lève et, furtivement, se glisse dans la ruelle obscure. Samia referme la porte avec précaution, s’allonge sur sa couche et se laisse aller à son immense chagrin.  

 

 

Danièle Deydé

L'une ou... l'autre rive

 

 

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La chronique poétique de Salvatore Gucciardo

Publié le par christine brunet /aloys

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Magnétisme


L’innommable

S’illumine

De l’énergie des cônes

La symphonie des sphères

Irradie l’impensable

Dans le feu du dialogue

Les astres fusionnent

Avec notre moi

 

On se substitue

À la dynamique stellaire

Pour s’abreuver

De l’eau cosmique

 

Les champs magnétiques

Peuplent

Le flux humain

La houle des vagues

S’évanouit

Dans la vulve galactique

Un grain de lumière surgit

De la nuit des temps

 

J’entends le cœur de l’espace

Qui résonne

Dans la demeure de l’être

Son souffle

Donne naissance

À la germination des vents

À la poussière de l’âge

À l’amas des globules

 

Le royaume de la nébuleuse

Est en nous

Le flot elliptique

Enivre notre âme

L’origine du monde

Habite le temple de l’homme

 

Salvatore Gucciardo

www.salvatoregucciardo.be

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Article expo S.Gucciardo à la MPA 1

Publié dans Poésie

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Alain Magerotte est l'invité d'Aloys avec "Les Epargnés", 2e partie

Publié le par christine brunet /aloys

Absurde

 

Le bonhomme s’explique aussitôt sur ce que j’ai pris pour de l’agressivité :

« J’ai été contremaître dans une usine. Mon travail consistait à surveiller les cadences, chrono en main. Je ne m’exprimais qu’à coups de sifflets ou par borborygmes. Jamais de phrases complètes. Un jour, la Direction a estimé que je me ramollissais; mes ordres étaient moins tranchants et j’oubliais parfois de siffler. Depuis que je suis ici, cela fera un an mardi prochain, j’ai découvert le plaisir du langage, de construire des phrases, d’enrichir mon vocabulaire. Je ne cesse de m’améliorer; le ton est parfois encore un peu sec...     

- Je comprends, Monsieur Lapêche… heureuse reconversion pour vous, parce que, passer son temps à se croiser les bras, ça «craint» plutôt… non ?... » La réponse est fulgurante.   

« Vous entendez par là, je suppose, que «le contexte dans lequel vous allez évoluer risque d’être pénible en raison d’une non activité pourtant, je vous le rappelle, reconnue, légalisée ?»... A votre guise, Monsieur Rémy. Si une envie d’agitation permanente vous brûle, si un désir ardent de mouvement perpétuel vous titille, il vous est encore loisible d’intenter un recours pour revoir votre dossier. Sans pour autant obtenir gain de cause, je précise. Je ne connais aucun cas allant à l’encontre d’une décision prise par l’Office de placement des épargnés

- Ce n’est pas vraiment ce que je voulais dire, Monsieur Lapêche…

- Vous avez une fâcheuse tendance à vous exprimer de façon approximative, Monsieur Rémy. Pourtant, la langue est riche en termes précis pour définir une chose, un acte, une situation ou que sais-je encore.

- Je voulais savoir à quoi vous passiez vos journées…

- Parfait, voilà qui a le mérite d’être clair, aussi, je vous réponds… à ne rien faire du mieux que je peux !

- Comment faîtes-vous pour éviter des désagréments du genre «pied qui dort» ou «bras qui s’ankylose» ?  

- Ce sont des problèmes relevant du degré de résistance à l’inactivité de chacun. Un problème individuel en somme. Vous apprendrez ainsi à bien connaître votre corps. Cependant, ne négligez pas pour autant votre esprit… au fait, Monsieur Rémy, que faisiez-vous avant de venir ici ?

Product manager, une fonction appartenant au domaine du marketing et de la vente. Mon rôle était la gestion de la ligne du produit… mais, je ne vous ai pas donné le nom de la firme, je travaillais pour…

- D’accord, je ne veux pas en savoir davantage. Tout cela appartient désormais au passé…

- Vous avez raison, Monsieur Lapêche… euh, serait-ce indiscret de vous demander de me parler des autres épargnés ?… Vous les connaissez tous, je suppose ?

- Pfff… oui… des liens affectifs se sont tissés avec certains, une forme d’indifférence s’est installée avec d’autres.

- Quels sont les plus intéressants ?

- Mes critères ne sont pas forcément les vôtres… 

- Tu l’as dis, bouffi, songeai-je… citez-moi les plus sympas, j’irai leur faire un petit coucou…

- Je ne vous le conseille pas, Monsieur Rémy. Le Directeur n’apprécie guère de surprendre un nouvel arrivé en plein bavardage dans un bureau autre que le sien. 

- Monsieur Lapêche, le fait de bavarder n’est pas synonyme d’occupation, si c’est à cela que vous faîtes allusion.

- Niez-vous l’expression «occupé à bavarder» ?

- C’est ce qu’on fait en ce moment, tous les deux… ah ! Ne dîtes pas le contraire, Monsieur Lapêche !

- Nous sommes dans le même bureau, donc nous ne bavardons pas mais nous communiquons. La communication est axée sur l’essentiel, donc utile. A l’opposé, le bavardage est superficiel, donc futile.

- Admettons… mais le Directeur n’est peut-être pas aussi pointu… enfin, je veux dire, il n’est sûrement pas un virtuose du mot comme vous l’êtes…

- Ce n’est pas seulement une question de mots, mais plutôt de fait, d’action définie dans un cadre précis. Sachez, Monsieur Rémy, que le Directeur éprouve des difficultés à ne rien faire. En réalité, nous ne devrions pas avoir de Directeur, mais la transition pour le pauvre homme aurait été si forte, qu’il n’aurait pu la supporter. Plus que n’importe quel dédommagement, si plantureux eut-il pu être, le Directeur désirait garder une partie de lui-même, c’est-à-dire une partie de son titre. Car cet homme, Monsieur Rémy, avait été Président Directeur Général d’une Multinationale ! Celle-ci a fusionné. Conséquence : les inévitables charrettes. L’Office de placement des épargnés a opté pour une solution en douceur vis-à-vis d’un homme qui a tant sacrifié pour la Nation. Il l’a nommé Directeur. Directeur de pacotille, certes, mais Directeur quand même. Il y a trois ans que cet homme a été parachuté ici et il ne parvient toujours pas à se mettre dans la peau d’un épargné lui qui, dans sa glorieuse époque n’épargnait personne. Vous l’aurez constaté; il n’arrête pas de triturer des papiers vierges, de peloter des dossiers vides et s’attend à chaque instant à recevoir un coup de téléphone important. Il furète beaucoup, aimant rendre des visites à l’improviste dans les bureaux, il prend donc son rôle de Directeur au sérieux… alors, pour un homme de cette trempe, la différence entre communiquer et bavarder prend toute son importance. Méfiez-vous, il pourrait vous balancer à l’Office de placement des épargnéscomme inadapté… 

- Quel prétexte grossier… sans fondement…

- Je vous le concède, Monsieur Rémy. Cependant, au risque de me répéter, ne tentez pas le diable. Les places, ici, sont chères. Vous ne voulez pas, je suppose, vous retrouver dans la peau d’un chômeur que l’on traque nuit et jour ?

- Bien sûr que non, Monsieur Lapêche.

- Plutôt que d’aller bavarder, songez à vous trouver un pôle d’intérêt. Les autres y sont arrivés, vous y arriverez aussi. Par exemple, prenez, Mireille, la femme du secrétariat… sa peau ! Ah, sa peau, c’est quelque chose ! Pour l’observer à la loupe durant des journées entières, elle a réussi à obtenir une peau saine, parfaite. La barrière d’hydratation est intacte et la structure de soutien en parfait état. Elle maintient son équilibre en huile et en eau à la perfection et son renouvellement cellulaire est constant. Pour la préserver, elle effectue un nettoyage approprié deux fois par jour suivi d’une exfoliation douce et d’une hydratation adaptée. Et Eric, le type de l’accueil… le bâillement !… Le bâillement, Monsieur Rémy, n’est pas une simple ouverture de la bouche, mais un mouvement d’étirement musculaire généralisé, des muscles respiratoires et des muscles de la face et du cou. Moindre audition, paupières fermées, sensation de plénitude corporelle, concourent à une relative perte de contact avec l’environnement. Le bâillement est perçu comme une jouissance, un bref bien-être, ressemblant aux satisfactions des tiqueurs. Eric y associe souvent l’étirement. L’association des deux se nomme pandiculation. Il y a encore Monsieur Callez, le digne successeur de Joseph Pujol...

- Joseph Pujol ?

- Oui, Joseph Pujol a été une vedette de grande renommée au début du siècle passé. Il était célèbre pour sa remarquable maîtrise de ses muscles abdominaux qui lui permettait de lâcher des gaz à volonté; il pouvait ainsi jouer Au clair de la lune avec un flutiau, et éteindre les lumières de la scène. Il s’est même produit au Moulin - Rouge  

- Un art difficile à supporter pour son ou sa collègue…

- Vous pensez bien, Monsieur Rémy, que Monsieur Callez est seul. Son bureau est irrespirable pour autrui. D’ailleurs, je l’évite. Encore une question ? Ce sera la dernière car bien que mon temps de parole s’allonge au fil des semaines, je dois encore m’octroyer des plages de silence afin de récupérer. Il ne faut pas brûler les étapes. Un jour, je serai capable de parler une journée entière. Je viens de loin, rappelez-vous.  

- La soupe ? A qui doit-on cette bonne odeur de soupe ?   

- A Madame Bardin. Elle n’hésite pas à mélanger, avec un bonheur certain, différentes substances végétales odoriférantes, appelées aromates, pour le plus grand plaisir de notre sens olfactif. Chez elle, ce doit être un véritable laboratoire gastronomique expérimental.

- Chez elle, vous voulez dire, dans son bureau ?

- Non, Monsieur Rémy, ici, ce serait assimilé à du travail ! Ce qui m’amène à vous conseiller d’amener vos tartines, nous n’avons pas de réfectoire, vous en connaissez la raison, à présent. »

Lapêche se laisse alors glisser sur son siège afin de prendre la position de celui qui se prépare à une bonne sieste, me faisant ainsi comprendre que la conversation est finie jusqu’à demain.

Cette attitude m’incite à gamberger sur ma nouvelle situation. Tout compte fait, je ne me plains pas de mon sort. La perspective de ne rien faire de mes journées ne m’effraie point même si une période d’adaptation sera nécessaire. Comme disait Lapêche, les autres y sont arrivés, j’y arriverai aussi. Le Directeur doit être une exception... trois ans déjà ! C’est dire si ce gars-là était «pourri» jusqu’à l’os. Va-t-il y arriver un jour ?

Et maintenant, je vais m’adonner à une séance de pandiculation. Après quoi, j’examinerai par le menu, dans la glace des toilettes, ma tronche afin d’y déceler les signes avant-coureurs d’un homme nouveau, d’un homme qui va, enfin, prendre le temps de vivre. Dois-je me réjouir de ce qui m’arrive ? Cette fois, je dirais oui…

 

Le restant de la journée, j’humerai l’odeur de la bonne soupe de Madame Bardin, j’imaginerai que les pets de Monsieur Callez sont moins dangereux pour la couche d’ozone tout en me tournant les pouces… tiens, voilà une idée à creuser… un passe-temps intéressant à développer…

 

 

Alain Magerotte

Des nouvelles de l'absurde

Publié dans l'invité d'Aloys

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Alain Magerotte est l'invité d'Aloys avec "Les Epargnés"

Publié le par christine brunet /aloys

LES  ÉPARGNÉS

 

Je m’appelle Jean Rémy. Durant des années, j’ai fait partie des rouages du système pervers, de l’engrenage infernal, qui sévit à l’extérieur. J’ai apporté mon écot à une société sacrifiée à la productivité, devenue vérité première. Produire, entreprendre, construire… encourager sans relâche le développement des énergies en vue de l’accélération dans les différents domaines de la production, faire grimper sans cesse la courbe des graphiques, veiller sans faiblesse à la rotation, au renouvellement des stocks. La technologie de pointe, la statistique au jour le jour, l’étude de marché, les coûts de production, les balances boni/mali, le renforcement de l’industrie, la consolidation du commerce, l’augmentation sans répit de l’accroissement de la puissance du pays, voilà les seules réalités de l’extérieur. Des réalités assénées au quotidien à grand renfort de publicité, de discours à sens unique. Un univers entièrement consacré aux opérations concrètes, excluant sans vergogne tout ce qui est dénué d’utilité pratique.

D’après un rapport circonstancié de l’Office de placement des épargnés, j’ai atteint le seuil d’usure. C’est-à-dire vingt-cinq ans de service crédités d’un rendement en courbe descendante. Je suis ainsi devenu un épargné ! Mon salaire est diminué de 30% par rapport à celui perçu lors de ma dernière activité.

Les épargnés sont versés dans des bâtiments occupés jadis par les administrations. Ils n’ont pas à se plaindre puisqu’ils bénéficient du semblant d’humanisme que se donne le système et ne sont donc pas assimilés aux chômeurs, victimes, eux, d’une chasse impitoyable. Ce statut d’épargné sert surtout à maquiller les chiffres du chômage. Parce que tout va bien dans une société de consommations en progrès constants…

 

Dois-je me réjouir d’être un épargné ? Je ne sais pas encore très bien…

Habitué à m’entendre dire, durant des années, que j’étais un rouage essentiel au bon fonctionnement de la Multinationale qui m’employait, me procurait, je l’avoue, une grande satisfaction. Et puis, un jour, patatras, une décision de l’Office de placement des épargnés vient me retirer ce qui était ma raison de vivre, mon boulot !

Afin d’éviter la déprime, je me suis forcé à prendre du recul, à relativiser en me disant que, finalement, je m’en sortais sans trop de casse. Le seuil d’usure, que j’avais soit disant atteint, montrait un homme aux facultés mentales et physiques pas trop entamées. J’étais certes un peu émoussé face à la résistance à l’effort soutenu ou plus lent à la réflexion devant un problème ardu. Mais j’aurais pu, je pense, rendre encore quelques bons services si on m’avait versé dans un secteur moins astreignant.

Tant pis. J’en prends mon parti, aussi, est-ce presque serein que je pénètre dans le bâtiment aux hauts murs gris. Ma convocation à la main, je me dirige vers le bureau d’accueil derrière lequel un type en blazer bleu foncé, en pantalon de la même couleur, et en chemise blanche, bâille aux corneilles. Il s’étire en prenant le papier officiel que je lui tends. Il y jette un coup d’œil rapide et dit :

« Deuxième étage ! »

Alliant le geste à la parole, il forme, de sa main droite, le chiffre deux à l’aide de l’index et du majeur. Merci, je ne suis ni sourd, ni crétin.

« Les ascenseurs sont devant vous » ajoute-t-il en étouffant un bâillement.

O.K., il faudrait être miro pour ne pas les voir. Des coups de klaxons et de crissements de pneus parviennent de l’extérieur. Un choc indique un tamponnage entre des véhicules pressés… des bruits qui appartiennent désormais, pour moi, à un autre monde. Tiens, curieuse réflexion que celle-là… me suis-je déjà glissé dans la peau d’un épargné ?   

J’appuie sur le bouton d’appel. Les portes s’ouvrent aussitôt; l’ascenseur est désert. Je l’envoie au second étage où j’atterris d’abord dans un sas. Il y fait lourd. Le sol est recouvert d’un tapis-plein fatigué de couleur grise. Une odeur de soupe flotte dans l’air. Je trouve cela plutôt sympa.

Un long et étroit couloir conduit vers le secrétariat où une femme au visage sévère et au teint frais se regarde dans une petite glace ronde. Je me présente; elle me dit de m’asseoir et d’attendre. Je m’exécute.

Histoire d’engager la conversation, je demande l’heure du déjeuner car je suis, ajoutais-je, alléché par l’odeur de la soupe.

« De la soupe au quoi ? » insistais-je faussement intéressé.

Le haussement d’épaules et le silence qui suivent m’indiquent que la femme au visage sévère et au teint frais trouve mon propos stupide ou ma question déplacée.            

Enfin, au bout de quelques minutes, elle dépose la petite glace ronde et daigne s’occuper de mon cas. Elle prend le cornet du téléphone et forme un numéro sur le cadran.

« Monsieur le Directeur, Monsieur Rémy est arrivé… bien, Monsieur le Directeur. »

La femme au visage sévère et au teint frais me dit :

« C’est par là, Monsieur le Directeur vous attend. » Elle accompagne ses paroles d’un hochement de tête ensuite, elle reprend la petite glace ronde et se laisse aller à une nouvelle séance de narcissisme.

Je frappe à la porte. De l’autre côté, une voix agacée crie :

« Entrez ! »

Là, je découvre un singulier personnage au crâne dégarni, au nez en bec d’aigle, aux sourcils épais et aux yeux bleus. L’œil de droite est atteint d’un tic, il cligne sans arrêt.

Les mains à plat sur le buvard d’un large bureau accentuant sa petite taille, le Directeur m’invite à m’asseoir et me souhaite la bienvenue. Le ton est sec, nerveux, et le restera tout au long de l’entretien. 

« Monsieur Rémy, c’est bien cela ?

- Oui…

- Oui qui ?

- Oui, Monsieur le Directeur.

- Bien. Monsieur Rémy, ça va ?

- Ça va… Monsieur le Directeur.

- Monsieur Rémy… nous y arrivons… Monsieur Rémy, disais-je, l’Office de placement des épargnés m’a prévenu de votre venue… ce n’est donc pas vraiment une surprise de vous voir ici… nous y arrivons… Monsieur Rémy, apprenez ceci… »

Il s’interrompt et se met à déplacer, de droite à gauche, un paquet de feuilles vierges puis, il ouvre et referme un dossier vide, répétant ce geste à plusieurs reprises avant de poursuivre la conversation.

«… Où en étions-nous ?... Nous sommes constamment interrompus… nous y arrivons… le téléphone !... N’a-t-il pas sonné ? »

- Euh… non, Monsieur le Directeur.

- Suis-je bête, il a sonné pour m’avertir de votre arrivée. Mais depuis, plus rien… tant pis ou tant mieux, devrais-je dire… Monsieur Rémy, sachez ceci pour votre gouverne… tant que je vous surprendrai à ne rien faire, vous n’aurez pas d’ennui… c’est bien cela, non ?... Vous permettez ? »

Il plonge la main dans la poche de son veston pour en extraire un tube d’aspirine, catapulte deux cachets dans un verre d’eau, hésite, ajoute un troisième, attend qu’ils se dissolvent, ensuite, hop, il avale le liquide d’un coup.

«… Nous y arrivons… ceci étant clair, je pense, rien ne vous empêchera, face au temps largement imparti, de développer… non, ça fait «usine» … de cultiver… non plus, ça fait «agriculture»… ne nous énervons pas, nous y arrivons… ah, voilà ça y est… de vous découvrir un passe-temps… car, en ce qui me concerne, j’éprouve du mal à… non, je m’égare… excusez-moi, mais ainsi nous n’y arriverons pas… bon, assez parlé maintenant… allez-y ! » 

Je lui dis que je suis prêt à y aller mais où ? Dans quel bureau vais-je devoir me croiser les bras ?

« Question pertinente, en effet ! Un bon point pour vous mais ce point ne servira à rien, je préfère vous prévenir » marmonne-t-il.

Le Directeur sort d’un tiroir une feuille barbouillée de lignes dans tous les sens, de flèches pointées vers des petits rectangles portant chacun un numéro.

Au bout d’une cogitation intense, l’homme se libère soudain.

« Eurêka ! Comme dirait Archimède, je sais dans quel bain vous lancer... voyons, le bain, Archimède… nous y arrivons ? » insiste-t-il en me fustigeant du regard; courroucé, à l’évidence, de ne point me voir réagir à son humour éléphantesque.

J’esquisse alors un rictus et juge opportun de préciser, usant d’une dégoulinante flatterie, qu’un homme alliant à la fois culture, humour et humanisme, soit plutôt denrée rare de nos jours.

Mon message de faux-cul fait mouche car le Directeur rosit de satisfaction. Du coup, il prend l’initiative de me conduire lui-même sur les lieux de mon affectation.

Nous empruntons le long et étroit couloir dans le sens inverse. Evitant le sas, nous bifurquons à droite pour aboutir dans un plus long et plus étroit couloir aux flancs garnis de portes numérotées. Chiffres pairs d’un côté, chiffres impairs de l’autre. Nous nous arrêtons devant le numéro 205.

« Nous y arrivons ? » questionnais-je sur un ton moqueur. Aïe, la gaffe ! Le capital sympathie qui part en vrille.

Le Directeur s’affuble aussitôt du masque dur et froid du reproche; sourcil gauche levé en accent circonflexe. Je m’attends à essuyer une volée de bois vert, conséquence de mon effronterie. Rien ! Mais, la minute de silence qui tombe, telle une chape de plomb, m’invite à ne pas récidiver. Ici, il y a comme un relent de ce qui se passe à l’extérieur; on ne se moque pas d’un Directeur ! Du moins en sa présence, pensais-je.

Quant il eût pris sur lui, une fois les 60 secondes écoulées, il lâche :

« Nous y arrivons en effet, entrez… »       

Je veux lui rendre la politesse mais il me colle une main ferme dans le dos et me pousse devant.

La pièce est meublée de deux bureaux recouverts chacun d’une fine pellicule de poussière ainsi que d’une armoire ouverte aux étagères vides. Et c’est tout. Le type avec lequel je vais passer huit heures par jour est affalé sur son siège.           

« Monsieur Lapêche » fait le Directeur en désignant celui-ci.

« Enchanté, dis-je en tendant la main, moi c’est Rémy… Jean Rémy. »

L’autre ébroue à peine un mouvement de la tête de bas en haut en conservant un air absent. A cet instant, un nouveau pic de bruits assourdissants provient de l’extérieur. Des sirènes de police hurlent.

« Vous devriez vous entendre » lance le Directeur avant de tourner les talons.

Je m’installe face à Lapêche, à nouveau perdu dans ses pensées. Il ne semble pas désireux de lier connaissance. Peut-être est-il resté seul trop longtemps ?

« Euh… je pense que nous allons passer d’agréables moments ensemble » dis-je, essayant d’engager la conversation.

- Si vous le dîtes…

- Ce n’est pas moi qui le dit mais le Directeur…

- Le Directeur n’a pas dit «vous allez» mais «vous devriez», la nuance est d’importance... parce que dans le premier cas de figure, il aurait certifié que l’entente serait bonne entre nous; en disant «vous devriez», il suppute, il subodore une éventuelle bonne entente entre vous et moi… suis-je clair ? »

Plutôt pointu Lapêche… et teigneux avec cela ! Probablement est-ce dû à son désoeuvrement. Cela promettait ! 


La suite ? Demain !

 

Alain Magerotte

Des nouvelles de l'absurde

Publié dans l'invité d'Aloys

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Avis de blog pour "Contes bizarres 1" de Bob Boutique... Celui de Limaginaria http://limaginaria.wordpress.com

Publié le par christine brunet /aloys

http://www.bandbsa.be/contes3/limaginarialogo.jpg

http://limaginaria.wordpress.com/author/limaginaria/

 

Les Contes Bizarres 1, de Bob Boutique (one shot, éditions Chloé des Lys)

Les Contes Bizarres est un recueil de nouvelles prenant pied dans notre époque.

Je me suis demandé pourquoi l’auteur avait choisi d’appeler ses contes "Bizarres". Il s’agit d’un adjectif souvent péjoratif qui veut à la fois tout et rien dire. A la fin de la lecture, je peux dire que j’ai trouvé tous ces contes parfois touchants, tendres, parfois étranges, voire un peu malsain… mais pas vraiment "bizarres".
En effet, les nouvelles qui ouvrent le recueil sont empruntes d’une grande tendresse. A+ m’a particulièrement marqué par la tendresse de son personnage principal. Lady Mary n’est pas joyeuse mais il se dégage également une atmosphère calme et tendre. La Géhenne également.
Au fil des pages se croisent des héros ordinaires simplement guidés par les sentiments propres à leur âge. La fougue des plus jeunes face à la sagesse toute relative des plus anciens. Certains m’ont laissécontes bizarres1 de marbre comme La grosse, et d’autres m’ont plus touché comme Télé.
Ce qui frappe le plus est le destin de tous ces personnages. Plus d’une fois je me suis dis que les histoires auraient pu se terminer autrement. On ne voit pas la chute arriver car, frappés par la fatalité (ce qui devait arriver arriva), les héros sont fauchés par la vie, par la folie de l’auteur ou des personnages. Certains destins sont plus farfelus que d’autres. L’auteur s’est amusé à faire vivre des histoires dignes de véritables faits divers à la galeries de personnages presque anonymes qui peuplent les pages.
Côté style, il est de plein de "Belgitude". Nombreux sont les clins d’oeil et les expressions qui vous mèneront automatiquement du côté du plat pays. La plume de l’auteur est riche, teintée d’humour et d’espièglerie. L’auteur se moque souvent de ses personnages cocasses avec un style léger et très contemporain.
Pas de doute, ces contes sont beaucoup de choses autrement plus marquantes que… bizarres !

Pour qui : Les lecteurs qui aiment les recueils de nouvelles ancrées dans le monde d’aujourd’hui et sans créatures surnaturelles.

Les + : Un style léger et agréable, des histoires variées et originales, un bon moment de lecture.

Les – : Certaines fins laissent un peu… sur la faim.

Infos pratiques
Pages : 
277
ISBN : 978-2-87459-281-2

Publié dans avis de blogs

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Un article pour Laurent Dumortier et son recueil VERTIGES dans l'Avenir.net

Publié le par christine brunet /aloys

Dans votre commune
  • Mise à jour : vendredi 21 décembre 2012 07h00

BARRY

Tant de carrefours improbables
  • Source: lavenir
  • Françoise LISON
Un septième recueil de poésie pour Laurent Dumortier.

 

Un septième recueil de poésie pour Laurent Dumortier.

 

TOURNAI - Le recueil de Laurent Dumortier dynamite des souvenirs, avec une lancinante et noire mélancolie. «Vertiges» et signes des temps.

D’un jardin verdoyant au plus gris du pavé, la poésie de Laurent Dumortier erre entre les ombres et les fièvres. «Mes pensées nucléaires s’explosent en congères»,affirme celui qui cherche la clé des abîmes.

« Tourne le sablier »

Ce septième recueil de poésie tutoie les résonances des mots et songes souterrains. Terreurs, écorchures, ravins, marécages? La parole épouse les lignes du crépuscule, à l’heure où rôde toute morsure.«Ici, la musicalité est beaucoup plus présente», confie l’auteur de Vertiges.

Les rimes et échos épaulent chaque texte, cherchant des échos singuliers. La ponctuation, elle aussi, ricoche entre les silences. Parfois le verbe s’arme de limpidité : «Mais l’appel d’un cri dans la nuit/Vaut bien que l’on fasse demi-tour…».Parfois les mots s’échappent de leur prison, comme autant de vaillants soldats :«L’angoisse de la quiescence», «Mes phases cyclothymiques», «L’abscisse se désordonne», «L’effusion alizarine»…

Rien n’est simple dans ce dédale langagier en proie aux griffes d’un cauchemar. Et cependant, court, au fil des pages, un sentier que guide un laser. Celui-ci se fait ludique («Carpe diem»), tendre («La Muse-Lierre»), cynique («Et si»), dérangeant l’obscurité et ses revers. Interrogé à propos de son travail poétique, Laurent Dumortier confie que l’introspection le tenaille. «Il y a une part d’autodestruction évoquée. Perdue parmi les regrets, le désespoir, la volonté de dépasser le néant est vouée à l’échec.»

«Delphes ne m’a pas donné la réponse/Que j’attendais, j’ai oublié les étoiles glacées/Et les lacs enflammés…» D’autres lieux («Quai des Salines»), d’autres temps («Minuit moins une»), d’autres itinéraires («Barry-Paris») et chiffres(«Zéro positif à l’infini») se chargent d’emmener le lecteur à sa perte, à son point de non-retour. Jusqu’à l’autre versant. «Quand je parle à tu je dis vous/Et je me remémore des pensées cristallines/Qui s’ouvrent sur un peut-être pas encore clos…»

« Vertiges » éditions Chloé des Lys, 069 84 74 94

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A l'ami qui a choisi la nuit, un poème de Claude Colson

Publié le par christine brunet /aloys

 

claude colson-copie-2

 

 

 

 

À L'AMI QUI A CHOISI LA NUIT

 


 

Il y a près de deux ans, ami,

Tu fis le geste qui m'a abasourdi.

Hier enfin j'ai refait le long chemin

Qui m'a mené de ton ancien lieu de vie

À la stèle où aujourd'hui tu gis.

 

La longue route m'a vu ruminer les doutes,

Les questions sans réponses, l'incompréhension.

Puis j'arrivai et, en dépit des informations, 

J'ai mis du temps à retrouver la pierre

Qui abrite à présent ce qui reste de toi,

Une part de nous, une bulle d'un néant ordinaire.

 

Soudain sur le marbre ton nom a jailli

Près de celui de ton épouse, partie avant toi.

L'impression alors d'être au juste endroit,

D'avoir fait ce que tout homme doit.

 

Et, avant de te laisser, ami,

Par trois fois j'ai tapoté la pierre,

Comme je l'aurais fait sur ton épaule, mon frère.

 

 

 

Claude Colson


http://claude-colson.monsite-orange.fr

 

Léna, pour christine

Publié dans Poésie

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