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Deux nouvelles de Micheline Boland, aujourd'hui !!!

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

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LE LAPIN AUX PRUNEAUX

 

C'est à huit ans que j'ai pris conscience des charmes et de l'utilité du mensonge. Maman avait invité mon grand-père à l'occasion de son anniversaire. Elle avait cuisiné un lapin aux pruneaux et mon grand-père, un sourire aux lèvres, le jugea : "Franchement pas terrible." Maman avait pourtant mis tout son cœur pour préparer un plat goûteux et voilà que celui qu'elle fêtait ne l'appréciait pas du tout, pire il semblait s'en moquer. Papa eut beau protester que le lapin était excellent, Mamy eut beau dire qu'il y avait juste un peu trop d'oignons à son goût, à l'heure du dessert je retrouvai ma mère en larmes dans la cuisine.

 

Je posai mes petites mains sur les siennes. C'était un si gros chagrin, une si grosse déception chez un adulte que je me sentais démunie. J'en voulais à mon grand-père même si moi aussi je trouvais que la préparation n'était "pas terrible".

 

Cela me renvoyait, à ma propre détresse, à un devoir que j'avais calligraphié avec soin et qui fut mal noté par mon institutrice. Mentir ou se taire, voilà ce qu'aurait dû faire bon-papa pour épargner sa belle-fille.

 

Ce jour-là, j'appris qu'il est des mensonges salutaires.

 

Mon jugement n'est après tout qu'un jugement parmi d'autres. Alors il m'arrive de dire "délicieux", "joli", "magnifique" quand je pense "mauvais", "moche", "banal". Épargner mes proches, n'est-il pas plus utile que de blesser leur ego ?


**************

 

 

UN TUNNEL

 

Depuis qu'il a entamé ses études secondaires, Jérôme empruntait deux fois par jour, le tunnel qui passait sous les rails du chemin de fer et permettait de gagner rapidement le centre ville. Il s'en disait des choses à propos du tunnel : on racontait qu'une jeune fille y avait été violée, qu'un joueur de basket y avait été délesté de son portefeuille, qu'un gamin y avait été enlevé, que des gens y étaient régulièrement agressés. Jérôme, qui était plutôt peureux, était sûrement au courant de ces rumeurs mais il continuait à emprunter seul le tunnel.

 

Un jour d'hiver, alors que le soleil s'était déjà couché et qu'il rentrait chez lui après avoir suivi un cours de rattrapage, Jérôme fut abordé par un SDF. Il était seul au beau milieu du tunnel et le bonhomme, qui dégageait une forte odeur de remugle, l'avait surpris en lui touchant l'épaule. "Tu n'aurais pas une petite pièce ? C'est pour manger…"

 

Cette scène, Jérôme se l'était imaginée des dizaines de fois. Oh bien sûr, ce n'était pas un SDF mais plutôt un jeune aux allures de punk qu'il se représentait dans les scènes les plus noires de son cinéma intérieur mais que changeait au fond l'aspect de l'agresseur ?

 

Jérôme avait à peine eu le temps de voir les yeux noirs de l'homme. Il avait couru, couru tellement vite jusqu'à l'autre bout du tunnel, il y avait mis toute son énergie. Il n'avait pas vu l'obstacle : une vieille dame qui traînait un caddie. La vieille avait eu un bras fracturé et Jérôme s'en était tiré avec une grosse bosse.

 

Micheline Boland

micheline-ecrit.blogspot.com

boland photo


 


Publié dans Textes

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Rolande Michel a lu "Par la fenêtre" d'Alain Delestienne

Publié le par christine brunet /aloys

parfenetre
A soixante ans, Henri se sent vieux et fatigué.
 
Contrairement à ceux que la maladie aigrit, il l'accepte et admet les limites qu'elle lui impose.
 
Ce solitaire n'est pas vraiment seul et partage avec ses deux filles et quelques amis des moments privilégiés très forts.
 
Henri a gardé son âme d'enfant et une étonnante faculté à s'émerveiller.
 
Son âme de poète lui permet de savourer pleinement les charmes de la nature qui l'entoure. Il s'attarde près d'une plante, regarde vivre les insectes.
 
Par la fenêtre de sa cuisine, sur fond de chants d'oiseaux, il observe la nature. Comme un enfant curieux, il s'émerveille.
 
Une bouteille jetée à la mer est le point de départ d'une rencontre inattendue... Je me garderai bien de vous en dire davantage !

A vous, lecteurs, de la découvrir!

Ici encore,  la sensibilité, la tendresse, la pureté, la douceur d'Henri éclatent en bulles d'espoir et d'amour pleines d'une poésie qui va bien au-delà des mots.

Ce roman très bien écrit, avec une aisance remarquable, est une véritable explosion de fraîcheur.

Henri est un personnage attachant, peu commun, un homme qui est resté pur, en dépit des aléas de la vie. C'est un être rare qu'il serait bon de croiser sur les chemins tortueux de l'existence.
Rolande Michel
jeannerv

Publié dans Fiche de lecture

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La clé, un poème de Patrick Beaucamps

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

Ce poème avec un second que vous décoiuvrirez sur ce blog dans

quelques semaines a fait l’objet d’une publication dans 

 «Le Journal des Poètes» de la Maison Internationale de la Poésie !

 

 

03) Tant d'eau sous le pont OK

 

La clé

 

La clé de la maison.

La clé que j’ai reçue pour mes onze ans.

La clé qu’il ne fallait pas perdre.

La clé qui devait pendre au crochet.

La clé que j’ai bien cru avoir perdue.

La clé que les locataires m’empruntaient.

La clé qui m’accompagnait jusque l’internat.

La clé de leur maison.

La clé qui ne demandait qu’à s’échapper.

La clé salvatrice de mes nuits d’ivresse.

La clé dont je ne voulais plus entendre parler.

La clé qui n’entre plus dans la serrure.

La clé que je n’ai jamais perdue.

La clé qui ne pend plus.

 

La clé sans maison.

 

 

Patrick Beaucamps

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Publié dans Poésie

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Le bonheur est dans le conte... Une présentation d'Anne-Marie Jarret-Musso

Publié le par christine brunet /aloys

 

bonheurconterecto.jpg

 

Ouvrez ce recueil et vous y trouverez dans la première partie quatre contes philosophiques constitués de personnages qui ont comme seul fil conducteur la quête du bonheur.

Fata, la drôle de fée leur indiquera à sa manière le chemin jalonné de pièges. Seuls ceux qui les auront surmontés y parviendront.

La deuxième partie contient 2 récits inspirés de faits réels qui ont chacun leur particularité, mais ne dévoilons rien.

L’ensemble de ce recueil étant accessible à tout public, on pourra y voir deux aspects d’interprétation.

Les enfants retiendront des histoires extraordinaires rassemblant des personnages attachants orchestrés par Fata la drôle de fée.

Quant à vous chers lecteurs :

A travers la simplicité de ces textes, vous pourrez lire en filigrane mes réflexions sur la vie.

Un peu comme des messages mis dans des bouteilles jetées à la mer, puissiez-vous les retrouver ?

A lire et à méditer.

De 7 à 77 ans.

(Textes adaptés à une lecture à voix haute)

Extrait première partie :

Le mur

Dans une contrée voisine vivait paisiblement un peuple en harmonie avec son environnement. Toutes les classes de la société y étaient représentées mais la plupart travaillaient dans la fabrique de biscuits implantée près du village depuis dix ans.

Un matin, un étrange magasin s’installa, à la devanture clinquante et à l’enseigne scintillante qui arborait des lettres de toutes les couleurs :

« Marchand de bonheurs », tel était son nom. Aussitôt tous les villageois s’y ruèrent...

Dès qu’on pénétrait dans cet antre singulier, on y trouvait une jeune fille, coiffée d’une longue chevelure brune, à l’allure d’une fée. Non loin d’elle, posé sur une étagère, on devinait un bâton qui ressemblait à une baguette, avec à son bout quelque chose qui rappelait une étoile.

Derrière elle, un immense mur martelé de deux rangées de portes se dressait majestueusement. A chaque extrémité, un escalier grimpait jusqu’à une coursive divisant le mur en deux étages, de telle sorte que l’on pouvait monter d’un côté et descendre de l’autre, facilitant ainsi le flux des visiteurs. Sur chaque porte figurait le nom de l’objet désiré et chacune d’elle représentait sa valeur.

De cette façon, sur les portes recouvertes de bronze, on pouvait lire « téléphone portable » « vélo » ou « téléviseur ». Sur les portes argentées, on lisait « séjour hôtel » « ordinateur » ou « moto ». Sur les portes dorées à l’or fin était gravé « voiture » « cuisine intégrée » ou « voyage » etc etc.

La jeune fille accueillit la clientèle avec un large sourire et lança d’une voix claire et distincte :

— Approchez mes amis. Pour dix euros seulement, vous pouvez acquérir l’objet de vos rêves en franchissant l’une de ces portes. Mais attention, faites-en bon usage. Vous ne pourrez revenir que deux fois, si vous n’obtenez pas satisfaction.

Elle prit le bâton et désigna d’un mouvement de bras gracieux l’ensemble du mur.

Soudain, face au comptoir une longue file d’attente se forma. Les uns plongèrent leurs mains dans les poches de pantalon pour en retirer un billet ou des pièces, les autres s’adressèrent à leurs voisins pour solliciter une avance et tous prirent leur mal en patience car cela valait vraiment la peine d’attendre.

Bien évidemment, les portes dorées à l’or fin étaient les plus convoitées.

Celles en argent attiraient déjà bien moins de monde, quant à celles en bronze, seuls les moins intéressés ou les plus pressés osaient les franchir, sachant qu’ils pourraient revenir plus tard pour les meilleurs gains.

Dès que la foule eut franchi toutes les portes, Fata la jeune fille compta avec un léger sourire l’argent de la recette, verrouilla sa caisse, ferma la boutique, et rentra chez elle la conscience tranquille. Le lendemain, elle ne revint pas, sachant pertinemment que personne ne remettrait les pieds dans son magasin avant trois jours, car il n’est pas facile d’avouer son insatisfaction. « Après tout pour dix euros, on ne va pas se plaindre » entendit-elle dans la foule.

Trois jours passèrent et…

 

Anne-Marie Jarret-Musso

Publié dans Textes

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Antoine Armedan... auteur-compositeur-interprète

Publié le par christine brunet /aloys

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Cet interview aurait dû passer sur le blog Passion créatrice mais voilà... Passion créatrice a fusionné avec Aloys. Une bonne façon de donner à notre blog Aloys "nouvelle version" une ouverture à des genres artistiques qui utilisent les mots comme vecteurs...

 

Pourriez-vous vous présenter ? Êtes-vous un chanteur, auteur, compositeur ?

 Je m'appelle Antoine Armedan, et suis auteur-compositeur-interprète de chansons en français. J'ai grandi dans la musique, avec des parents guitaristes amateurs et des disques de Brassens, Cabrel, Souchon, Leforestier, ..., qui tournaient en boucle à la maison. J'ai appris la guitare avec eux, j'ai dû commencer vers huit ans environ, et à l'adolescence, je me suis mis à l'électrique et j'ai fait beaucoup de rock. A dix-huit ans, c'était sûr, je voulais vivre en faisant de la musique du matin au soir. J'ai étudié la musique classique un an au Lemmens Instituut de Leuven, puis je me suis tourné vers le jazz, l'autre filière supérieure "officielle" en Belgique, véritable découverte mais qui m'a complètement passionné. J'ai donc fait cinq années au Conservatoire Royal de Musique de Bruxelles, et depuis j'enseigne le jazz en académies, je joue dans divers projets en tant que leader, sideman, compositeur, arrangeur, ... En 2011, retour aux sources, parallèlement à mes autres activités, je lance mon projet de chanson française en solo, avec mon premier album autoproduit "Le jardin des nouveaux jours" sorti fin 2012, et actuellement la tournée de présentation pendant toute l'année 2013.

 

 Vos chansons sont engagées : pourquoi ? Comment créez-vous vos chansons ? D'abord le texte, d'abord la musique ? Quel déclencheur pour le sujet abordé ?

 En fait, j'ai envie d'écrire des chansons qui ont une certaine profondeur, pas deux couplets trois refrains juste comme ça. Je pars en général d'une chose vécue ou d'une impression personnelle, et transforme le sujet en chanson. Du coup, mes chansons parlent de choses qui me sont très proches, ou qui me posent question. Plusieurs morceaux tournent autour des malaises de la société actuelle. Dans ma démarche, si mes textes "engagés" peuvent à leur tour susciter une réflexion, tant mieux...

Au niveau du processus de création, souvent c'est soit une idée de texte que je mets rapidement en musique, soit un début de musique sur lequel je pose les premières phrases. Quand l'idée générale me convient sur les deux plans (texte et musique), je continue les deux ensemble et ça donne une chanson!

  

Combien de temps pour créer un album ?

 En fait, j'ai commencé à composer vers quinze ans environ, et cet album est un peu comme l'aboutissement de ce que j'ai composé jusqu'à maintenant. J'ai fait un tri, et choisi les chansons qui me paraissaient le mieux coller pour le disque et voilà! Mais il faut quand

même souligner que "Le jardin des nouveaux jours" ne serait pas sorti si vite sans Baptiste Mathy, un de mes anciens élèves qui m'a choisit comme sujet de TFE en infographie, et qui a donc réalisé avec talent tout le packaging, mon site internet et le clip vidéo de la chanson "Entre les doutes"!

 

 Je suppose qu'il est difficile de trouver sa place dans l'univers de la musique. Parlez-nous de ces difficultés.

 Pour ce premier disque, tout a été fait en autoproduction, dans la formule guitare-voix. Ça prend beaucoup de temps et d'énergie, mais ça me permet de prendre la température, voir ce que les gens pensent de mon projet, et les retours sont très positifs! Après, pour ce qui est de percer, c'est une autre histoire! Sans une grosse équipe autour de soi ou un énorme buzz sur internet, c'est quasiment impossible à l'heure actuelle. Et puis, ça n'est pas mon souhait à tout prix... Mais si ça bouge un peu, tant mieux! 

 

Bonne chance, donc ! Pour tous ceux qui désirent en savoir un peu plus sur cet artiste, une vidéo...

Christine Brunet
www.christine-brunet.com
 

Publié dans l'invité d'Aloys

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L'homme du tramway... Une nouvelle de Christine Brunet lue par Bob Boutique

Publié le par christine brunet /aloys

Supprimé pour causes techniques

Publié dans vidéo

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La chronique poétique de Salvatore Gucciardo

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

 

L-a-revelation-des-spheres---acrylique-100-x-80.JPG

(La révélation des spères, acrylique 100x80)

 

MYSTERE

 

 

Mystère

 

 

Bacchanales

Et mascarades

La statue de jade

S’inspire

De la brume matinale

Pour écrire ses mémoires

En hiéroglyphes

 

Oeil du lynx

Spasme nocturne

La solitude

Au cœur de la braise

 

Aux confins de l’univers

Germination cellulaire

Mystère

De la nature humaine

 

 

 

Salvatore Gucciardo

www.salvatoregucciardo.be

Publié dans l'invité d'Aloys

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Jean-Claude Slyper se présente à nouveau et nous propose un extrait de sa nouvelle, La toise

Publié le par christine brunet /aloys

 

http://www.bandbsa.be/contes3/slypertete.jpg

 

Je suis né à Paris en 1953, j’ai fait de la musique de 1977 à 1984, puis je suis devenu correcteur de presse pour gagner mon pain, je le suis toujours.

Je ne dirais pas que mon univers est infini, rien ne l’est, mais il est assez vaste pour aller de la musique, évidemment, à la littérature, bien sûr, en passant par le cinéma, la peinture, l’architecture, les sciences humaines, l’anthropologie, l’archéologie, l’histoire, la géographie. Les voyages me charment même si je n’en fais pas souvent, l’avion ne m’attire guère, je préfère le bateau : quelques jours sur les mers peuvent être épatants, surtout quand on croise des baleines comme ça m’est arrivé, sans prévenir, au large de l’Irlande.

 

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 La Toise, extrait 

Parfois, une conversation s’impose sans que l’on sache très bien pourquoi et comment. Ainsi, aujourd’hui, Bichel et ses collègues évoquent leur taille. C’est un drôle de sujet de conversation, passionnant, captivant, dont on peut bien se demander pourquoi nuls autres qu’eux s’y intéressent. Ç’a commencé à peine la porte de la crêperie franchie, pour quelque idiotie, Maurice, l’un des deux collègues, l’autre avançant le patronyme de Besace. Personne ne le croit, mais, dans l’impossibilité de lui en trouver un autre, tout le monde l’appelle ainsi, Besace ou La Besace, ça dépend de son état post-libations. En tout cas, c’est Maurice qui a attaqué le premier, à propos d’un problème de taille. Maurice a toujours des problèmes de taille insolubles : ainsi, la serveuse blonde à qui il fait les yeux doux depuis des semaines doit bien mesurer un mètre soixante-dix puisque lui-même mesure un mètre soixante-douze et la dépasse d’une petite mèche de cheveux. Sur quoi, La Besace – ce jour-là, il s’est rempli la panse – éclate d’un rire sarcastique : non mais qu’est-ce qu’y faut pas entendre, toi, un mètre soixante-douze, mais tu erres dans l’espace de tes illusions – il ne peut pas s’empêcher de faire des phrases idiotes, La Besace –, toi, un mètre soixante-douze, impossible mon cher ! Moi-même, qui te rends a few centimètres – de plus, il se targue de parler étranger, il appelle ça son polyglottisme naturel et instinctif –, je me hisse jusqu’à un mètre soixante-quatorze, il est donc parfaitement inimaginable que toi, un géant par rapport à moi, mesures un mètre soixante-douze ! Tu dois réviser ton jugement et penser plutôt à, au moins, un mètre soixante-seize !

 

Quoi ! Quoi ! Bichel n’en croit pas ses oreilles. Il court derrière ses deux compagnons : Quoi ! Quoi ! Et moi ? Hé, attendez ! Et moi, quoi ?

Publié dans Textes

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Interview d'Edouard Ballureau, avis d'un professionnel sur le monde du livre !

Publié le par christine brunet /aloys

Qui est Edouard Ballureau et pour quelles raisons lui ai-je demandé de répondre à quelques questions ? Vous allez voir, ses réponses et son approche du monde du livre nous intéresse TOUS ! Quelques idées reçues à mettre à la poubelle et des points sur les i à souligner...

 

Edouard, pourriez-vous vous présenter pour nos lecteurs, svp ?

 

Edouard Ballureau 48 ans actuellement représentant pour les éditions De Borée depuis 8 ans. J'ai été précédemment libraire à Sarcelles, à la librairie Le Temps de Lire, puis au sein de l'espace culturel E.Leclerc. J'ai appris le métier sur le tas, si je puis m'exprimer ainsi, auprès de Madame et Monsieur Champsavoir avec qui j'ai oeuvré durant une quinzaine d'années, puis lors du rachat de la librairie par le groupe E.Leclerc (j'ai poursuivi l'activité pendant 5ans).

Quel est le rôle d'un diffuseur dans la chaîne du livre ? Vous avez été libraire. Un métier passion. Aujourd'hui, vous promouvez les auteurs auprès des libraires justement, et des grandes surfaces également. Le métier de libraire a-t-il changé ? Si oui, pour quelles raisons ? Les grandes surfaces prennent-elles le pas sur les librairies de quartiers ?

 

Le métier de libraire, depuis mon départ, n'a pas changé en soi,mais il doit faire face à une concurrence accrue de la part des grandes surfaces et plus récemment de la vente sur le Net voire du téléchargement ce qui oblige le libraire indépendant à mettre ses moyens en oeuvre pour conserver et fidéliser une clientèle; cela passe par l'accueil, le conseil, le choix, les délais de commande et la rencontre avec les auteurs.


La distribution et la diffusion d'un livre est un avantage sans doute décisif, aujourd'hui, pour un auteur : cela dispense-t-il un auteur (de petite ou moyenne édition) de toute démarche vers ses lecteurs ?

 

L'auteur, quant à lui, ne doit pas se réjouir trop vite une fois édité par une maison d'éditions, et ce quelle que soit son importance.

Effectivement, même s'il sera visible sur les tables grâce au travail des commerciaux et de la distribution, le flot de parutions est surabondant. S'il veut tirer, en quelque sorte, son épingle du jeu (même d'une façon modeste), il devra s'investir en effectuant des séances de dédicaces pour aller à la rencontre du public. Il peut aussi utiliser le réseau internet pour faire sa propre promotion.Toutes les pistes intéressantes peuvent et doivent être mises en oeuvre.

 

Question plus compliquée, sans doute : vous baignez dans le monde du livre. Selon vous, que recherche un libraire en invitant un auteur en dédicaces ?

Comment doit (dans l'absolu) se comporter un auteur en dédicaces et ce qu'il ne doit pas faire ?


Le libraire a tout intérêt, à son tour, à organiser des rencontres avec les auteurs, ceci dans un souci de créer une dynamique pour fidéliser sa clientèle, faire partager ses coups de coeur et initier un échange entre ses clients et les auteurs, et également... augmenter ses ventes (point non négligeable).

L'auteur qui décide de participer à ces séances de dédicaces-rencontres, s'il en accepte le principe, se doit d'être enthousiaste, ne pas hésiter à se lever pour aller à la rencontre des clients pour faire une promotion sans forcing de son ouvrage. Il suffit parfois de peu pour accrocher un client.

Il peut y prendre beaucoup de plaisir et avoir la satisfaction, lorsque qu'il reviendra pour son prochain ouvrage, de retrouver des lecteurs qui lui seront fidèles par la suite.

J'imagine que, pour un écrivain, le premier plaisir est l'écriture. Puis c'est le plaisir de voir son manuscrit édité et enfin de pouvoir échanger avec ses lecteurs et les rencontrer de visu ?

Il doit vraiment prendre cet "exercice" comme un plaisir et non comme une corvée car les gens le ressentiront forcément à son attitude... L'auteur peut alors trouver le temps long ! L'exercice peut être intimidant au départ, mais j'ai accompagné assez souvent des auteurs débutants qui, maintenant, se sentent très à l'aise et ont trouvé des trucs pour accrocher le public.

 

Les métiers du livre souffrent (disparition de Virgin, FNac sur la scellette) : effets de la crise (l'avez-vous ressentie ? Encore maintenant ?) ou de l'apparition du livre numérique ?

 

On parle de crise depuis quelques temps déjà, mais en interrogeant régulièrement les divers intervenants de la chaîne du livre, les ventes du livre sont toujours stables.

Le support papier continue à se vendre malgré la concurrence de son cousin numérique. L'un n'empêche pas l'autre. Dans un domaine culturel proche, pour exemple celui du disque ne voit-on pas revenir en force le vinyl ? Les lecteurs fidèles aiment aussi "l'objet"... je pense au plaisir d'une belle bibliothèque remplie de toutes sortes de livres...difficile à réaliser avec du numérique !


Dernière question et pas la moindre... Lorsque vous présentez un livre aux libraires, qu'est-ce qui fait qu'il va accrocher? l'éditeur ? le prix ? la cover ? le thème ? la 4e de couverture ? le nom de l'auteur (sans doute vrai pour les auteurs très connus qui font vendre, mais pour les autres ?).

Le tout en même temps, je présume. Mais dans quel ordre de priorité ?


Pour terminer, les facteurs prépondérants pour la vente d'un livre sont dans l'ordre, et ceci n'engage que moi :

- La couverture et le sujet

- L'auteur

- L'éditeur... bien que ce dernier point intéresse plus le libraire, à mon avis, que le lecteur.

 

Voilà quelques mots qui ont l'avantage de remettre les choses à leur place ! Un grand merci à Edouard Ballureau pour cette participation à notre blog et ce partage de sa vision du livre et son devenir !

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

Publié dans interview

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Emmanuel Tavervier: petit entretien autour de son roman "La génétique expliquée aux drosophiles"

Publié le par christine brunet /aloys

http://www.bandbsa.be/contes3/drosophile.jpgQuel drôle de titre, vous ne trouvez pas ? Et d'abord, qu'est-ce qu'une drosophile ? Vous n'avez pas encore sorti le dico ? Ben, c'est un diptère... Une mouche, quoi !

Je vous sens perplexes... Un peu comme moi, je dois dire. La couverture est mystérieuse, pas même de trace de mouche ! Alors ?

 

Heureusement qu'Emmanuel Tavernier a accepté de répondre à quelques questions !

 

Allez, Emmanuel, tu te présentes, s'il te plaît ?

 

Je suis né en 1962 à Paris. A 18 ans je suis parti voyager, en bateau-stop, et j’ai passé une dizaine d’années sous les tropiques, notamment dans le Pacifique Sud à bord d’un vieux cotre en bois que j’avais acheté qui répondait – si je puis dire ! – au nom de “Erogène”. Rentré humide mais heureux en métropole en 1995, j’expérimente depuis un style de vie tout à fait révolutionnaire : un boulot stable, une femme, trois enfants, un chien et un chat. Ainsi que deux poissons rouges pour le côté famille reconstituée (ils ne m’appartiennent pas).


Qu'est-ce que tu as écrit ? Quel genre, quel style ? D'ailleurs, définis ton style, tiens...


J’ai toujours beaucoup lu (en voilier, on s’échangeait des livres aux escales) et toujours écrit : des chansons, des textes, mon journal de bord, et… puis finalement des manuscrits. Je lis toujours beaucoup : des journaux, des magazines, des romans, des essais, des biographies… Et j’écris toujours et tout le temps.

Mon style ? J’adorerais avoir un style magnifique, littéraire, brillant... mais je me contente de faire quelque chose de lisible, par distillation successive: à chaque relecture, après plusieurs semaines d’écriture, j’enlève de adjectifs, des adverbes... parfois même d’excellents passages mais qui n’ont rien à faire là. C’est dur ! Puis je ré-écris des paragraphes, et je recommence !


Depuis quand écris-tu ? Un déclencheur ?


http://www.bandbsa.be/contes3/taverniertete.jpgJe ne vais pas répondre à cette question, parce que je crois que j’ai toujours voulu écrire, mais je voudrais dire comment j’écris: quand je suis dans des phases d’écriture, j’ai les yeux et les oreilles grands ouverts dans la journée. Parce que je cherche des idées, des dialogues, des situations… Et puis j’essaie de voir ce que mes personnages feraient dans telle situation, ou à tel endroit. Bref, écrire me permet de voir la réalité avec beaucoup plus d’acuité. Parfois c’est contraire, je teste dans la réalité des situations ou des phrases que j’ai inventées dans mon histoire en cours d’écriture. Pour voir ce que cela donne, pour vérifier l’effet que cela fait. C’est parfois assez comique.

 

Définis le mot "écriture"...

 

Ma définition de l’écriture ? Je dois dire que je sèche un peu. Une passion, c’est sûr. Je ne pense qu’à ça. A l’écriture et à la lecture, son pendant. J’ai une passion pour les mots. Quand j’étais petit je lisais le dictionnaire. Les dictionnaires. J’y passe encore une temps fou.


Facile ou compliqué d'être lu (de se dévoiler donc aux lecteurs... enfin si tu penses que tu t'es un peu dévoilé dans ton bouquin)


C’est horrible ! Comme de se voir en photo ou entendre sa voix. Je n’aime pas ça du tout. Et j’ai énormément de mal à parler de mes bouquins, ou de mes personnages. 

 

Comment voit-on ton travail d'écriture autour de toi ?


Ma femme et mes enfants me lisent. Ils me font des critiques. Ils doivent me voir comme un maniaque, toujours derrière mon ordinateur.

 

 

La génétique expliquée aux drosophiles... Pourquoi ce titre ? Curieux s'il en est ! Je connais un peu cette mouche à cause de mes romans mais, enfin... Est-ce un titre ironique ? humoristique ? scientifique ? caricatural ?

Et j'ose à peine te demander si tes héros sont issus de ton entourage...

 

Ma quatrième de couverture...


 Après avoir grenouillé une dizaine d’années sous les tropiques, l’auteur nous adresse un roman générationnel où le deuxième degré et les références cachées ne sont pas forcément là où on les attend (sinon elles ne seraient pas cachées !). De même que dans l’automne à Pékin de Boris Vian, il n’est pas vraiment question ici de génétique, ni de mouche à fruit. Quoique…

 

la-genetique-4e.jpgOn peut aussi le comprendre par cette sorte de circularité qui rappelle la tonalité générale du roman (introspection) et sur le fait que le héros cherche à écrire un livre au titre accrocheur. Rien, donc, de scientifique.

Pour ce qui est des héros, je suis chacun et aucun de mes personnages. Et mes personnages ont aussi certains traits de mes amis, et le tout est mélangé. Mais, il n’y a rien de trop autobiographique dedans. Rien et tout.

 

Tout s'explique, en fin de compte... Ou presque ! En tout cas, ma curiosité est titillée et c'est bien le principal dans cette démarche de découverte d'un nouvel auteur et de son univers ! 


Merci Christine. Et merci aussi à Chloé des Lys pour sa confiance.

 

 

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

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