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Anniversaire 2011, un poème de J'anhou

Publié le par christine brunet /aloys

 

janhoupoeme.jpg

 

ANNIVERSAIRE 2011 :

 

 

Je viens vers vous en ce jour ordinaire

Je viens à vos côtés, c’est mon anniversaire !

Pardonnez-moi si quelques fois j’ai l’esprit « noir »

J’ai le regard sur l’horizon « en entonnoir ».

 

Lorsque je viens vers vous ma plume s’époumone

Et j’ai le vers parfois qui pour vous fanfaronne.

Mais le labeur d’ici torture sans raison

Je suis mis à genoux, c’est ma « morte saison ».

 

Recevez de mon cœur mon simple humain message

Qui vous témoigne ici de mon humble passage.

Partageons cet instant d’un an de plus, merci ;

Partageons ce moment toujours trop court, ainsi.

 

Si je reviens chaque an comme au pèlerinage

C’est que votre présence est un fringant présage.

Je vous dois le bonheur de croire au lendemain ;

Ce partage avec vous pour moi tend une main.

06/2011

Publié dans Poésie

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Le stylo, une nouvelle de Louis Delville

Publié le par christine brunet /aloys

 

delvilletete.jpg

 

LE STYLO

L'objet que vous avez trouvé dans cette enveloppe appartenait à quelqu'un.

C'est l'objet auquel il tenait le plus au monde.

Vous allez raconter pourquoi.

Dans l'enveloppe j'ai trouvé la photo d'un superbe stylo qui m'a inspiré ceci...

 

Pierre de Bargues, vous connaissez ?

 

Grand Prix du Roman de l'Académie 1956, presque Prix Goncourt 1959, Pierre de Bargues est né en 1920. Après une jeunesse sans histoire, la guerre le surprend et l'empêche de poursuivre l'école. En 1945, il se retrouve orphelin et reprend des études qui le conduiront à une Licence en Lettres Classiques puis au Doctorat.

 

Dès 1950, il est professeur de français au Lycée Charles de Gaulle. C'est à cette époque qu'il a commencé à écrire et c'est aussi à cette époque qu'il a emménagé dans la maison voisine de la nôtre.

 

Toujours prêt à aider les jeunes du quartier, ses conseils en latin et en grec m'étaient d'un grand secours, moi qui n'avais guère d'intérêt pour les langues mortes. C'est sûrement grâce à lui que je suis sorti de mes humanités Latin-Grec !

 

Mes parents étaient fiers de moi et savaient à quel point il m'avait aidé à obtenir mon beau diplôme. Le samedi 27 juin 1964, on organisait une petite fête à cette occasion. Pierre y était bien sûr invité et après la traditionnelle coupe de champagne, Maman lui a offert un petit présent en remerciement. Pierre a soigneusement ouvert l'emballage et a montré le contenu de la petite boîte bleue : un magnifique stylo noir à la plume dorée, un cadeau de prix à n'en pas douter !

 

"C'est avec ce stylo que désormais j'écrirai mes livres", a-t-il déclaré.

 

Et il a tenu parole. Jusqu'à la fin de ses jours, on a pu le voir dans son bureau ou sur la terrasse ombragée occupé à écrire sur de grandes feuilles de papier blanc, son fidèle stylo à la main.

 

Pierre a quitté cette terre il y a peu et en vidant la maison, ses héritiers ont retrouvé la petite boîte bleue avec à l'intérieur le fameux stylo et un petit mot écrit de sa main : " Pour Louis, ce passage de témoin..."

 

 

Louis Delville

louis-quenpensez-vous.blogspot.com

 

Publié dans Nouvelle

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Une recette exceptionnelle, une nouvelle de Micheline Boland, Partie 2

Publié le par christine brunet /aloys

boland photo

 

Une recette exceptionnelle, 2e partie

 

 

Je me lançai dans la préparation d'un feuilleté de poissons accompagné d'un ragoût d'asperges et d'un petit flan aux herbes. Trois heures après, j'étais récompensé de mes efforts.

 

"Ma-gi-que." Elle répétait ce mot pareil à une incantation. Elle fixait l'assiette où elle venait de prendre un morceau du ragoût et un soupçon du flan, comme d'autres vénèrent le Saint Sacrement. J'en éprouvai un sentiment d'euphorie. Pour la première fois de ma vie, en communiant avec elle, je communiais avec l'univers tout entier.

 

"Donnez la boisson forte à celui qui défaille,

Et le vin à celui qui a l'amertume au cœur :

Qu'il boive et il oubliera sa misère,

Il ne se souviendra plus de ses chagrins."

(Proverbes septième partie 31-6 et 7)

 

J'avais accepté un banquet réservé par un client pour ce samedi midi de juin. Ainsi nous ne serions pas seuls. Il y aurait d'autres consommateurs qu'elle. Il y aurait mon second de cuisine, un serveur et mon maître d'hôtel. J'avais pris un risque mais il était calculé. Je lui préparai une table dehors, sous un parasol, près de la pièce d'eau et de la pelouse. Ainsi, elle ne serait pas importunée par les bruits du banquet qui se déroulerait à l'intérieur.

 

Ce matin-là, j'éminçai ma nervosité. Je préparai des petits pains au lard, à la sauge, à l'anis. Je confectionnai des cakes aux olives noires, un velouté glacé aux asperges, une effilochée de merlan au vin rouge, une estouffade d'agneau aux tomates, un mille-feuille au Munster fermier puis un soufflé aux cerises et des crèmes brûlées à la prunelle.

 

Pour la satisfaire, je misai sur un Saumur, un vin jeune et léger.

                                  

Je mettais ma réputation en jeu pour gagner quelques centaines d'euros. À treize heures, j'avais chaud. Mes muscles étaient tendus, mon ventre me faisait souffrir. Pourtant, au fil des heures, je retrouvai mon calme. Je pris mes dispositions pour aller régulièrement la servir et lui dire quelques mots.

 

Vers seize heures, elle me fit appeler. Elle me pria de m'asseoir près d'elle et me confia des sanglots dans la voix : "Vous êtes un véritable virtuose !" Elle prit ma main dans la sienne et nous demeurâmes un moment à écouter le gazouillis de moineaux. Son parfum de lavande embaumait délicieusement l'air.

 

"Il fit pleuvoir sur eux la nourriture de la manne

Et leur donna le blé du ciel."

(Psaume 77 versets 24 et 25)

 

Que faire braiser, étuver, frire pour lui plaire ? Quel vin lui proposer ? Face à elle, j'étais à présent pris de court. Je décidai alors qu'à sa prochaine visite, j'improviserais en sa présence.

 

Ce samedi-là, à son arrivée, elle m'offrit un ouvrage de Curnonsky à couverture jaune et un carnet où étaient répertoriées quantité de recettes. Elle posa un baiser sur ma joue, puis elle me demanda de lui préparer une mousse de gambas.

 

C'était sa première requête. J'y répondis avec plaisir. Comme dessert, elle désira une crème glacée à la cannelle. Je fus dans l'impossibilité de la satisfaire. Je me souvenais à peine avoir déjà réalisé pareille préparation. C'est ainsi que je découvris qu'elle connaissait mon répertoire de recettes  mieux que moi-même et que je conçus une certaine méfiance à son égard. Elle avait été un moteur. Elle devenait ma mémoire. Ses désirs m'enserraient.

 

"Ils se rassasient de l'abondance de votre maison,

Et vous les abreuvez au torrent de vos délices."

(Psaume 35 verset 9)

 

Début septembre, elle m'annonça qu'à partir de novembre, elle viendrait chez moi trois fois par semaine car elle avait décidé de prendre sa retraite anticipée et avait acheté une villa dans le quartier. Elle ajouta qu'elle serait heureuse de déjeuner de temps à autre dans la cuisine.

 

Mon sang se glaça. J'étais venu m'installer loin de chez mes parents pour échapper au contrôle qu'ils exerçaient sur ma vie. J'étais tombé dans un autre piège. Néanmoins, je ne dis pas que le restaurant était habituellement fermé les samedis et lundis midis. Je ne fis pas observer que la cuisine ne permettrait pas d'accueillir un hôte de marque. J'ébauchai un sourire.

 

"... Il a fait sucer le miel du roc

Et l'huile même de la pierre,

La crème de la vache, le lait des brebis

Avec la graisse des agneaux,..."

(Deutéronome 32 versets 13 et 14)

 

Un samedi de la mi-octobre, je la surpris qui esquissait dans un carnet un croquis de l'assiette que je lui avais présentée. Sous le dessin, j'aperçus des notes. De nouveau, j'avais été espionné. Quels secrets allait-elle dévoiler ? Ne travaillait-elle pas pour un concurrent ?

 

Les doigts et les pieds me fourmillaient. Son parfum de lavande m'écœurait. Cette femme m'irritait plus que jamais.

 

Elle se contenta pourtant de lancer de sa voix si claire : "Des idées pour votre futur livre de recettes."

 

"J'ai poussé comme la vigne des fruits à l'odeur suave,

Et mes fleurs sont des fruits de gloire et d'abondance."

(Ecclésiastique 24 verset 23)

 

Mon second s'était laissé convaincre. Il avait accepté de prendre le relais durant quatre semaines et j'étais parti au Maroc pour des vacances gastronomiques. Je demeurais à l'affût d'idées culinaires originales. J'étais loin mais mentalement je n'avais pas quitté mes casseroles. J'abondais de projets comme ce couscous aux écrevisses ou cette pastilla de caille. Malgré tout, je devais m'avouer que je pensais encore à elle. Les jours passant, je me culpabilisais de l'avoir abandonnée.

 

"La langue du nouveau-né s'attache à son palais, tant il a soif;

Les enfants demandent du pain,

Et personne ne leur en donne."

(Lamentations Quatrième Elégie verset 4)

 

Le mercredi après-midi, à mon retour, je la surpris dans ma cuisine. Elle pelait des poires tandis que mon commis faisait mousser du beurre dans un poêlon. Lorsqu'elle me vit, elle se précipita pour m'embrasser.

 

"Reprenez vite les rênes", fit-elle.

 

En quelques mots, mon employé m'informa de la situation. Elle jouait les petites mains et testait la plupart des préparations. En fin de journée, la sentence était souvent la même : "Qu'il revienne apporter sa touche !"

 

Ce n'est que le lendemain, que je fus mis au courant de son initiative. Elle avait convié des journalistes pour un repas au cours duquel je pourrais laisser s'exprimer mes talents. Bien entendu, cela serait à ses frais…

 

"On t'a établi roi du festin ?

Ne t'en élève pas.

Sois au milieu des autres comme l'un d'entre eux."

(Ecclésiastique 32 verset 1)

 

Mon escapade n'avait pas inversé le cours des choses. Elle s'incrustait comme la rouille, la mousse ou le lierre. La guerre était déclarée mais elle n'en sut rien ! Son odeur de lavande m'était devenue insupportable.

 

Le mois de mars m'inspira une recette alliant raie, citron, câpres, mort aux rats et purée de pommes de terre à l'huile d'olive. Elle dégusta et jugea cela "divin, admirable, juste un tantinet trop aigrelet". Les derniers clients partis, le personnel termina son travail et nous laissa en tête-à-tête…

 

A présent, je suis réputé pour mon pâté de viandes fines à la lavande. Quiconque en déguste est conquis ! Mais je vois déjà se tarir ma source d'approvisionnement !

 

"Qui garde sa bouche garde sa vie.

Qui ouvre trop ses lèvres se perd." (proverbes 13 verset 3)

 

 

Micheline Boland

homeusers.brutele.be/bolandecrits

Publié dans Nouvelle

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Une recette exceptionnelle, une nouvelle de Micheline Boland, Partie 1

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

boland photo

 

RECETTE EXCEPTIONNELLE

 

Sa bouche arrondie soufflait un tel "Oh" enthousiaste que je sus à ce moment que quelque chose d'irréversible se produisait. Les prunelles de la femme brillaient. L'odeur de lavande, qui émanait d'elle, m'était agréable. Je restai près d'elle, l'unique cliente de ce samedi midi. Sur la cuiller à dégustation, un modeste morceau de foie gras d'oie assorti d'un peu de confiture de figue. Elle avait savouré longuement la première bouchée, puis elle avait émis ce "Oh", porteur d'une immense admiration. Ensuite, les yeux mi-clos, elle avait entamé la portion restante. Cela avait duré plus d'une minute. J'étais demeuré immobile. Doucement, elle avait pris le verre contenant le muscat, elle avait fait tournoyer le vin, admiré sa couleur, humé les senteurs fruitées avant de porter le verre à ses lèvres. "Superbe". Le mot m'avait ému jusqu'au plus profond de mon âme.

 

Déjà au téléphone, je m'étais laissé séduire par la voix et j'avais ouvert mon restaurant pour cet unique couvert.

 

À son arrivée, elle avait simplement dit : "Je vous fais confiance pour le menu et les vins".

 

Les larmes me gagnèrent lorsqu'elle reposa le verre.  

 

Du bout de la fourchette, elle prit un fragment du carpaccio de thon agrémenté de parmesan. Je vis  ses joues qui rosissaient. J'attendis un son. Un murmure vint me combler : "Pur et simple".

 

Elle essuya ses lèvres sur la serviette blanche. Elle repris une gorgée de muscat et ferma les yeux tandis qu'elle déglutissait. Son menton tremblotant était, selon moi, l'indice d'un plaisir intense. Déjà, je me laissai aller à imaginer comment elle se délecterait de mon cappuccino de homard.

 

Quand elle eut rouvert les yeux, elle prit la petite cuillère et la plongea dans le coquetier contenant le cappuccino. Mon pouls s'accéléra. 

 

"Sublime." A chaque cuillerée, le verdict rebondissait. "Su-bli-me."

 

Rentré en cuisine, je m'assis, pour faire infuser les "Sublime".

 

Tout le repas fut à l'avenant…

 

"En ce temps-là,

Ce que fera pousser le Seigneur sera l'ornement et la gloire

Et le fruit de la terre sera l'orgueil et la parure

Des rescapés d'Israël."

(Isaïe 4 versets 2)

           

Pour sa visite suivante, j'émiettais de la levure dans un saladier tandis que je me demandais comment j'allais aromatiser mes petits pains. Je voulais l'éblouir par une note si personnelle qu'elle en aurait une de ces exclamations devenues indispensables à mon bien-être. Tandis que je m'activais, je décidai de me concentrer plutôt sur une entrée.

 

Quelle préparation allait remporter ses suffrages ? Les praires ou les moules ? Le saumon ou la sole ? C'est ainsi que j'en vins à préparer des mousses, l'une au cresson, l'autre à la ciboulette. Des idées me vinrent qui me donnèrent l'eau à la bouche. Oui, je salivai tandis que s'imposaient à moi des recettes neuves. Comment jugerait-elle ce buisson de langoustines à la crème d'épinards, ce gâteau de lotte aux endives ou cette terrine de pétoncles aux poivrons doux ?

 

Micheline Boland

homeusers.brutele.be/bolandecrits

Publié dans Nouvelle

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Bob Boutique a lu "Nid de vipères" de Christine Brunet

Publié le par christine brunet /aloys

bobclin

 

Normalement, quand on arrive au bout d’un bouquin de 485 pages, on doit pousser un petit ouf d’étonnement ou d’admiration… mais sûrement pas de soulagement. Sinon on l’aurait abandonné en cours de route.

 

J’ai déposé le livre sur la table et souri. Car j’étais sûr que la petite Christine nous réserverait une chute de derrière les fagots. Puis j’ai fait un peu d’introspection, comme lorsqu’on sort du bruit et de la fureur d’une salle de cinéma, les yeux encore remplis d’images virevoltantes. Quelle gonzesse que cette Aloys Seigner, commissaire principal de la police judiciaire et héritière d’une des plus grosses fortunes du monde. Une sorte de Largo Winch au féminin.

 

Puis j’ai râlé un peu sur mes amis Gauthier Hiernaux et Nadine Groenecke qui m’avaient brûlé la politesse en publiant leurs commentaires avant moi ( je pensais avoir reçu le roman avant tout le monde ) et en plus, avec les mots que je m’apprêtais à écrire : une histoire menée tambour battant, à deux cents à l’heure  etc… etc…

 

Vrai. Tout est vrai. Si vous entrez dans ce ‘nid de vipères’, vous ne pourrezDiapositive1 pas en ressortir avant la dernière page. Ou alors, c’est que vous n’aimez pas les thrillers à l’américaine, avec des super héros qui se baladent à travers la planète comme vous passez de la cuisine au salon et n’ont jamais le moindre problème pour trouver un hôtel ou acheter un billet d’avion.

 

Elle me fait penser quelque part aux romans de Jean Vigne. En différent évidemment.

 

Je ne vous raconterai pas l’histoire. D’abord pour ne pas vous gâcher le plaisir de la lecture, car ça rebondit à chaque chapitre et rebat les cartes toutes les cinquante pages, au moment ou vous croyez avoir pigé. Ensuite, parce qu’il suffit de se laisser emporter, comme un surfeur sur un spot, style ‘mission impossible’ ou mieux ‘Tomb raider’, car là aussi il y a un gars musclé à la peau couleur de miel pour épauler ou… enfoncer Angelina Jolie. 

 

Mais attention, avec une différence essentielle. L’héroïne de Christine Brunet est beaucoup plus qu’une figurine de cinéma, qui garde un maquillage impeccable et une allure de gazelle même après un combat de kung-fu ou une semaine de jungle birmane sans boire ni manger. Aloys Seigner est un vrai personnage, torturé, malade, à bout de souffle… une femme qui souffre, qui vomit et aime quelqu’un dont jusqu’ à la fin du livre on a constamment envie de casser la gueule !

 

Ce quelqu’un, s’appelle Nils Sheridan est irlandais, beau comme peut l’ être un grand rouquin aux yeux azur et ( mais là on n’est pas très sûr non plus , p’têt que c’est vrai, p’têt pas ) fourbe et lâche comme une vipère. Un jour de son coté, un autre dans le clan des mauvais !

 

Même ceux-là ne sont pas certains. Car rien n’est plus faux qu’un agent double ou triple qui essaie d’infiltrer des consortiums obscurs dans lesquels on retrouve des entreprises mondiales dévoyées, des savants psychopathes , les triades de Hong-Kong et j’en oublie au passage.  

 

Bref, vous n’avez pas intérêt à sauter des pages, ni à laisser passer quelques jours dans votre lecture, si vous voulez rester dans le coup. Je vous conseille même de noter quelque part (moi je griffonne carrément sur les pages blanches du bouquin ) les noms des protagonistes au risque de ne plus très bien comprendre qui fait quoi. Surtout lorsqu’on parle de la famille Seigner où ( je peux vous l’apprendre, sans dévoiler le récit ) on trouve quelques belles ordures et un fameux sac de mensonges  bien enchevêtrés.

 

                                                                       ***

 

Bon reprenons le bouquin en mains. La couverture est superbe, c’est un bel objet bien imprimé (je l’ai tourné et retourné dans tous les sens pendant une semaine et il n’a pas bougé) avec un marque-page adapté qui rappelle au passage que Christine a publié un autre roman chez un autre éditeur. 10 sur 10 pour le marketing.

 

Le style est vif, direct, à l’américaine et ne s’encombre pas de littérature pompeuse. Avec des dialogues qui sonnent juste et des paragraphes courts et bien découpés. Comme un scénario de film. On court à l’essentiel. Pendant cinq cent pages ? Oui , pendant cinq cent pages. C’est dire s’il s’en passe des choses !

 

Avec toutefois quelques lignes par ci par là pour nous rappeler qu’elle est une écrivaine et sait aussi nous forger de jolies phrases : « … elle parvint au bord d’un étang à la surface étincelante sous les reflets de la lune. Elle s’assit au pied d’un grand chêne, entre deux grosses racines et respira à plein poumons les senteurs nocturnes. L’endroit était particulièrement bruyant, rempli des chants des grillons, des coassements des grenouilles et des crapauds, de légers clapotis, du bruissement des feuilles sous le léger souffle de la brise, de l’appel des hiboux, des glissements des petits rongeurs sous le feuillage sec. »

 

Elle a tout d’un grande, mais faut suivre… car ce livre est plein de détours, de circonvolutions et même parfois de zigzags.  Pour mieux nous leurrer ?  Sans doute. Mais je la soupçonne aussi de se complaire dans l’univers qu’elle a inventé. Elle aime ses personnages, elle en est dingue, surtout de son Aloys que je l’imagine mal abandonner après un seul roman. Même si…

 

Une chose est certaine. Je commande déjà le prochain livre de Christine Brunet. Même s’il n’est pas encore commencé.

 

 

 

Bob Boutique

www.bandbsa.be/contes.htm

 

 

Publié dans Fiche de lecture

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Christine Brunet a lu "Tribu silencieuse", de Gauthier Hiernaux

Publié le par christine brunet /aloys

ma photo

 

Je connais Gauthier Hiernaux au travers de ses romans d'anticipation et, tout naturellement, je m'attendais à un texte de la même veine. Me suis-je trompée ?

Pour le savoir, il faudra lire le texte court émaillé d'expressions amusantes et de personnagestribusilencieuse.jpg hauts en couleurs. Ajoutez à cela une pincée d'incroyable, un soupçon d'insoupçonnable, une touche de dérisoire, un zeste de glauque et un tour de passe-passe, et vous obtiendrez "tribu silencieuse".

D'ailleurs, qui a dit silencieuse ? pas tant que ça ! Je me suis laissée surprendre par le tour de main de Gauthier... Le point final passé, j'en redemande !

 

Le site de l'auteur : http://grandeuretdecadence.wordpress.com/

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

Publié dans Fiche de lecture

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A LA UNE ...

Publié le par christine brunet /aloys

       

Les auteurs de Chloé des lys à l'honneur !

 

Un petit retour d'une séance de dédicaces... celui d'Anne Renault !

 renaultanneDimanche 28 août, PREMIERE SEANCE de dédicaces, pour mon PREMIER livre, un recueil de nouvelles intitulé « Suicide dans l’après-midi » et publié par CDL. Et pas n’importe où, s’il vous plaît : à la prestigieuse « Forêt des Livres », à Chanceaux- près-Loches, en Touraine, rebaptisée par les médias « le Woodstock des Livres ». Tout un programme… Grand noms (pas forcément grands auteurs, mais grosses ventes…) de la littérature mais aussi des people. Pour n’en citer que quelques-uns : Didier Decoin, Barbara Hendricks, Charles Aznavour, René de Obaldia, Irène Frain, Virginie Despentes,  Richard Bohringer, Patricia Kaas, Françoise Chandernagor, Fabienne Thibeault... J’en passe et – peut-être – des meilleurs… Tout ce beau monde amené sur les lieux – un délicieux hameau tourangeau avec château, chapelle, étang -  par train spécial venant de Paris, et affrété par l’organisateur et grand maître de cérémonie, Gonzague Saint-Bris.

         Donc imaginez votre humble servante perdue dans tout ce beau monde, et ne vousdedicaces-renault.JPG attendez pas à ce qu’elle ait fait un tabac. La foule – énorme – venue pour les célébrités défilait à vrai dire assez vite, le livre d’Aznavour ou de Bohringer sous le bras,  devant le stand de Signature Touraine ( un groupe d’auteurs et d’éditeurs tourangeaux ),au sein duquel je me trouvais avec une dizaine d’autres personnes aussi inconnues que moi.

J’ai quand même vendu – un peu – mais trois autres Salons sont prévus d’ici la mi-septembre, moins spectaculaires mais peut-être plus authentiquement littéraires.

         Donc, une expérience intéressante mais un peu rude, pour une première fois. On a quelquefois feuilleté « Suicide… », vérifié que ma tête était bien la même que celle de la quatrième de couv (avec deux ans de plus…), mais à vrai dire peu d’échanges ou de questions. Mais je ne regrette rien. J’espère cependant participer à de nombreuses autres rencontres, plus personnalisées et plus accueillantes pour de « jeunes » auteurs comme moi.  

 

Anne Renault

 

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Céline Gierts et la presse !


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Bravo !

 

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Rappel !

 

18 septembre, une nouvelle émission de l'actu TV... Avec tout plein de surprises !

 

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A ne pas manquer !

Le Salon des Auteurs et Editeurs de la région montoise
au Musée Emile Verhaeren

dimanche 16 octobre
Chouette idée ! Le "Rendez-Vous du Livre" organisé chaque année à Mons à la salle Saint-Georges étant mort de sa belle mort, le musée Verhaeren de Roisin, qui se trouve à un quart d'heure de là, a songé à prendre le relais. En plus c'est gratuit.

Chloe des Lys sera de la partie évidemment (ainsi qu' ACTU-tv) avec Thierry Ries, son responsable sur place. Pour s'inscrire, allez sur le site de Bob Boutique, www.bandbsa.be/contes.htm


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Patrick Benoit : L'écriture n'est pas une passion, mais une souffrance inéluctable pour exprimer l'inexprimable.

Publié le par christine brunet /aloys

JosephRootsstraat01.jpg" Je, tu, il ":  Genre hermaphrodite où les mots s'enchaînent et se multiplient pour écrire une histoire de lettres. Ni masculin, ni féminin, juste une illusion d'avoir écrit quelque chose pour donner l'illusion au lecteur d'avoir lu quelque part.

 

Drôle de définition pour un texte, vous ne trouvez pas ? En tout cas, cela m'a interpellé et j'en ai demandé un peu plus à Patrick... "Un peu beaucoup plus"... Et l'interview généralement bien réglé est vite devenu un jeu de questions/réponses rapides qui m'a amenée bien plus loin que je ne l'aurais voulu...

 

Première question, anodine, s'il en est, mais qui a tout déclenché... depuis quand écris-tu ?

Depuis mes primaires. J'ai appris des règles que je respecte, et je tente de les détourner en les respectant. Je me sens esclave des mots et je veux m'en libérer. Dès lors j'essaye de jouer avec eux pour qu'ils me donnent leur sens.

 

Tu me donnes un exemple ?

"Je n'ai jamais pas écrit."

 

D'accord... Et que veux-tu faire passer avec cette double négation ?  

Ce n'est pas une double négation, car "pas" est la démarche des pieds pour avancer (comme quoi la langue est perverse).

 

Ah, je vois... Mon interview commence bien... Un déclencheur ? 

 Mon déclencheur ? Ne pas savoir peindre ni dessiner, car le peintre et le dessinateur ont la capacité d'aller au-delà des mots.

 

PatrickBenoit2 Est-ce que les mots ne permettent pas à l'écrivain d'aller au-delà de sa réalité, de créer autre chose comme des émotions ?

Oui, bien sûr. Mais le problème, c'est qu'on veut toujours comprendre les mots, leur donner un sens. Alors qu'on est tout à fait capable de regarder un tableau sans vouloir nécessairement l'expliquer.

 

 Ton univers littéraire ?

Dans le désordre : Marguerite Duras, Albert Camus, Alice Ferney, Boris Vian, Maxence Fermine, Arthur Rimbaud, Shan Sa, André Schmitz et tous ceux que j'oublie. En fait, je n'ai pas d'univers littéraire, juste des envies de lire. Des romans à la rose quand j'offre des fleurs, des intrigues quand je me promène la nuit, de la science-friction quand je regarde les étoiles, des poèmes quand je suis seul...


Donne une définition de l'écriture. 

Savoir pourquoi et comment on fait des fautes d'orthographe. L'écriture est éternelle car écrite, mais éphémère car oubliée.


Peux-tu expliquer cette dernière phrase ?

Alors qu'une sculpture ou une peinture est exposée, un livre est rangé dans une bibliothèque et prend les poussières.


Des peintures oubliées dans un coin, ce n'est pas ça qui manque... Non  ?

Une peinture pourra toujours être exposée, alors qu'un livre jamais (sauf dans les habitations des "grands écrivains" où montrer son fauteuil, son stylo et son manuscrit n'ont quelque part aucun intérêt).


D'autres passions ?
 

L'écriture n'est pas une passion, mais une souffrance inéluctable pour exprimerJosephRootsstraat03.jpg l'inexprimable.

 

Pourquoi s'infliger pareille souffrance? Puisqu'elle permet d'exprimer l'inexprimable, elle permet donc de transcender le mot, la règle ? Vrai/faux ?

 

Tellement vrai, à part qu'il est inévitable de devoir se raccrocher à un dictionnaire pour se faire comprendre.

 

Tu m'expliques ? Tu travailles chaque mot en explorant toutes ses facettes, c'est bien cela ? N'as-tu pas peur d'en devenir hermétique ?

 

 Plutôt herméneutique, car le langage nous est sacré pour dialoguer et se faire comprendre. 

 Autre passion ? la photographie que je ne pratique plus depuis quelque 15 ans. Mais j'y repense...

  

Un rapport entre la photographie et l'écriture ? Aucun ?

 Oui, très certainement. L'écriture utilise la réalité des mots et la photographie, la réalité visuelle.


Comment écris-tu ? D'un seul jet, en raturant, en retravaillant le texte quelque temps plus tard ? Le soir, tout le temps ? Où puises-tu votre inspiration ? Tu es ordi ou papier?

 

J'écris avec discipline. A chaque jour suffit sa peine. Je retravaille très peu plus tard, car je retravaille sans cesse lors de l'acte d'écrire une page. L'écriture n'a pas JosephRootsstraat06d'horaire, ni de lieu. Ce premier récit, écrit entre 1987 et 1989, a été écrit à la main, puis tapé à la machine à écrire et retranscrit sur ordinateur pour satisfaire les besoins de présentation aux éditeurs. Aujourd'hui, je ne pourrais plus me passer d'un ordi... encore que : rien n'est possible, tout est impossible.

 

Pourrais-tu développer cette dernière remarque, s'il te plaît ?

 

 Si l'homme recherche sans cesse le plaisir, la reconnaissance, la jouissance, il n'en reste pas moins tiraillé entre la loi du moindre effort et l'instinct de survie. Dès que quelque chose paraît impossible, l'instant d'après cette chose devient possible.

 

Pourquoi persister dans l'écriture qui ne semble pas te satisfaire pleinement et ne pas reprendre la photo, par exemple ?

 

Je ne pense pas avoir persisté dans l'écriture, puisque je n'ai plus vraiment écrit depuis 1989 (excepté bien sûr des textes publicitaires, des communiqués de presse, etc., soit des textes "commerciaux"). L'écriture me satisfait pleinement, car après l'effort, il y a de la réjouissance et de la félicité. Je me suis toujours réfugié derrière le manque de temps pour ne plus écrire. Je vais faire du temps mon allié, et donc reprendre l'écriture et la photo.


Que penses-tu de l'écriture laboratoire ?

Je ne sais pas de quoi il s'agit, même si je peux l'imaginer.


 Il s'agit de l'utilisation du mot non par son sens mais par sa forme, par exemple, par les associations, les sonorités. En travaillant trop les mots, ne perd-on pas une partie de l'émotion que doit véhiculer l'écrit ?

 Un écrit doit-il toujours raconter une histoire ? 


Tu développes ?

 

JosephRootsstraat02Illustration : L'Homme Atlantique de Marguerite Duras. Il ne s'y passe rien, sauf de la ponctuation qui donne du volume et de la consistance au rien.


Ecris-tu pour les lecteurs ou seulement pour toi ?

 Pour ceux qui me liront !


Ecriture: reflet de toi, de tes états d'âme à un moment donné ? Vrai ou faux ?
 

 Vrai et faux à la fois. Je ne pense pas qu'on puisse écrire sans y mettre un peu de soi ou y projeter le soi qu'on voudrait être. Par contre l'écriture n'est pas un reflet, car la page blanche n'est pas un miroir. Il faut la briser pour y voir quelque chose.

 

 Voilà l'instant où j'ai envie de reprendre la définition du début... 
 
" Je, tu, il ": Genre hermaphrodite où les mots s'enchaînent et se multiplient pour écrire une histoire de lettres. Ni masculin, ni féminin, juste une illusion d'avoir écrit quelque chose pour donner l'illusion au lecteur d'avoir lu quelque part.
 
 L'écriture n'est-elle vraiment qu'illusion ? 
  L'écriture est illusions, au pluriel. 
 
Cover-avant-patrick-Benoit.jpg
 Illusion  
 
 pour l'écrivain qui pense maîtriser les mots  
 pour raconter une histoire, exprimer des sentiments,  
 séduire ses lecteurs. Or c'est un leurre puisqu'il est condamné à utiliser des mots que l'histoire lui impose.  
  En ce sens l'écrivain est un manuel qui a acquis l'art  
 d'agencer les mots pour construire quelque chose  
 comme une maison bulle dans laquelle il espère enfermer ses lecteurs. 
 
Illusion
  pour le lecteur qui se projette dans le récit en se l'appropriant quelques 
  instants comme une réalité qu'il veut ou ne veut pas vivre. 
 
L'écriture
  comme illusions est alors la manifestation d'un rêve éveillé, d'une liaison  
  intime entre l'écrivain et le lecteur qui s'ignorent. 
 
 Voilà bien l'essentiel... Voilà pourquoi j'écris... pourquoi nous écrivons tous... 
 Christine Brunet 
 www.christine-brunet.com 
 
 www.aloys.me 
 www.passion-creatrice.com 

Publié dans interview

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Terreurs nocturnes, une nouvelle d'Adam Gray - Partie 1

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

PHOTO pour 4me de COUVERTURE (ADAM GRAY)

 

 

Terreurs Nocturnes…

 

« La vraie peur, c’est quelque chose comme une réminiscence des terreurs fantastiques d’autrefois. »

 

(Guy de Maupassant)

 

Part I

 

Le décor : un « presque » nocturne de Van Gogh. « Presque » car la nuit, cette nuit, n’est point étoilée. Une Chevrolet Impala roule dans les ténèbres.

À son bord, nous retrouvons un jeune couple, disons… stressé. Elle, Élizabeth, a trente-deux ans. Belge du côté de sa mère. Lui, Luke : vingt-neuf. Franco-canadien.

 

L’homme retire la clé de l’autoradio USB, se demandant s’il ne va pas la balancer par la fenêtre ; il n’en PEUT PLUS ( !) du nouvel album de Lady Gaga, que sa femme lui avait demandé de pirater via Megaup#### et qui, depuis des heures, lui vrillait les oreilles.

– Fais-moi passer autre chose, s’te plaît, ordonna-t-il en tendant la main. J’en ai ras le bol de cette poufiasse peinturlurée !

Élizabeth fit la grimace mais ouvrit la boîte à gants et fouilla à l’intérieur. Un paquet de bonbons à la menthe entamé, une carte routière tachée de café, le dernier bouquin des frères Bogdanov dédicacé : « Pour vous, Luke, avec toute notre amitié et… que la force soit avec vous ! Igor et Grichka », un vieux paquet de cigarettes, un autre de capotes goût ananas, divers papiers et trois ou quatre clés USB multicolores. Luke se saisit de la clé de couleur noire et l’inséra dans la fente de l’autoradio. Ah ! Les années 1990…

 

« I don’t knowww ! I don’t knowww ! I don’t know anybody ELSE !!!!!! »

 

– Amour, tu ne t’es pas… un peu trompé de sortie, par hasard ? demanda la jeune femme à son époux au bout de trois minutes trente, entre deux vocalises de la chanteuse Martha Wash, du groupe italo dance Black Box.

– Tu crois ? sembla-t-il s’excuser, fronçant les sourcils.

– Nous aurions dû arriver depuis trois bonnes heures, il me semble. Bien avant la nuit.

– Je sais, je sais… marmotta-t-il.

Et il s’emporta brusquement, donnant un grand coup sur le volant avec la paume de sa main droite : « Putain ! C’est cette saloperie de GPS de mes couilles qui marche pas ! Made in China, je te parie ! Et pourquoi on y voit que dalle, hein ? Y connaissent pas les réverbères, dans ce pays ? »

Élizabeth soupira, le priant de se calmer.

– La prochaine fois, on ira à Tournai, chez ta mère, ajouta-t-il, un demi-sourire aux lèvres.

Élizabeth, bien malgré elle, se mit à glousser, se souvenant comment s’était terminée la dernière réunion familiale autour du lapin du Lundi parjuré, juste après une Épiphanie beaucoup trop arrosée à la Saint-Martin. La belle-mère avait traité son gendre de « branleur », quant à ce dernier, il lui avait trouvé un sobriquet… fort charmant : grosse vache.

 

– Ça me fout l’angoisse, cette nuit noire, avoua Luke redevenu sérieux.

– Idem, dit-elle.

 

Luke et son épouse s’étaient passés la bague au doigt il y a quelques semaines à peine et avaient loué le Château de la Baume pour un week-end romantique dans la Lozère. Un avant-goût d’une lune de miel programmée, quant à elle, quelques semaines plus tard. Mais à Venise.

Ce château de style Louis XVI et d’inspiration italienne se louait, certes, « …mais pour des mariages ou, accessoirement, des films. Pas pour des week-ends en amoureux » avait pensé Luke. « Bizarre… »

Bizarre, oui. Mais ça faisait tellement plaisir à sa femme…

 

– Je suis fatiguée, amour, se plaint cette dernière en lui posant une main mollassonne sur la cuisse.

– On y sera bientôt, t’inquiète, voulut-il la rassurer.

Mais Élizabeth constata la dissonance dans sa voix.

– À huit cent mètres, tournez à droite, annonça très froidement le GPS.

Luke soupira.

Le véhicule emprunta alors un large chemin de terre bordé d’arbres… qui se rétrécit au fur et à mesure… pour s’achever sur une vaste clairière…

Il coupa le contact.

 

– Je ne veux pas être mauvaise langue mais… même si on n’y voit pas grand-chose, ça n’a pas l’air d’être le château qu’on a vu sur Internet, fit remarquer Élizabeth.

– Putain ! Putain ! Et putain ! s’énerva Luke de nouveau, les deux mains crispées sur le volant et les veines temporales gonflées. GPS de mes deux ! Qu’est-ce que c’est, ÇA ? Ma cabane au Canada !?! Putain ! Fais chier !

 

Il tourna la clé dans le contact pour repartir mais sa femme le supplia de ne pas redémarrer.

– Luke, je suis épuisée. On a qu’à aller frapper à la porte de cette maison et demander l’hospitalité aux personnes qui y vivent. Ils sont de la région ; on leur demandera mieux la route qui conduit au Château de la Baume et on ira demain, après une bonne nuit de sommeil.

– T’es cinglée ? dit-il tout bas. T’as jamais vu Massacre à la Tronçonneuse ? La Dernière Maison sur la Gauche ?

– Luke… Il n’y aura ni dégénérés consanguins ni cannibales, je t’assure… AR-RÊ-TE avec tes Freddy Krueger ! Tes Michael Myers ! J’en ai marre de tes conneries ! T’as vingt-neuf ans, merde !

– O.K. T’es excédée. Moi aussi mais…

 

La vieille porte en bois de la cabane sinistre s’ouvrit lentement… sans le moindre grincement… seule… ne laissant à Luke l’occasion de finir sa phrase.

Le couple resta pétrifié, comme si le regard de Méduse venait de les condamner à une éternité de souffrances dans la pierre…

– C’est quoi c’tte blague ? murmura Luke. Tu vois ? TU VOIS !?! Ah !… Ça n’existe PAS les esprits frappeurs, HEIN ?… Ça non, Madame !

– O.K. Démarre, amour… On se casse d’ici TOUT-DE-GO !

Mais la voiture refusa de démarrer. Catégoriquement.

– Argh !!! Espèce de… connasse ! Euh… pas toi, chérie… la voiture.

– J’avais compris, merci. Bon… On fait quoi, maintenant ?

– J’sais pas. J’sais pas du tout, Beth.

 

Les portières de la Chevrolet s’ouvrirent… tout doucement… furent arrachées… brutalement… dérobant un hurlement de terreur, auquel répondit un Grand-duc… aux jeunes mariés.

Expédiées dans les airs par Dieu sait quoi, elles disparurent dans les ténèbres.

Les yeux écarquillés, le visage livide, Beth et Luke attendirent le bruit de la tôle s’écrasant sur le sol.

Le bruit ne vint pas.

Élizabeth, au bord des larmes, s’accrocha à sa ceinture de sécurité, essayant de s’enfoncer autant que possible dans son siège, comme si ce geste désespérément inutile, stupide, allait la protéger.

Luke, persistant à tourner la clé dans le contact avec la frénésie d’un banc de piranhas sur un capucin tombé à l’eau, finit par la casser. Il se contint…

 

Une minute.

Deux…

Cinq…

Dix…

Une demi-heure.

 

– Beth ?

– Hum ?

– J’suis pas sûr qu’on soit en sécurité, là-dedans, tu crois pas ?

– Je sais, oui. Mais je suis incapable de bouger. Je suis sûre que si on pose un pied dehors, un de tes monstres à la con va nous attraper et nous entraîner sous la voiture.

– Pas de Freddy Krueger… Pas de Michael Myers, tu te souviens, Beth ? Doit y avoir une torche qui a roulé sous ton siège, si je ne m’abuse. Prends-la et sortons.

Élizabeth se plaignit mais s’exécuta, fébrile. Luke sortit de la voiture le premier. Il alla chercher sa femme, n’oubliant pas la galanterie malgré la situation.

– Allez, Beth.

 

Dehors, la jeune femme balaya l’obscurité avec la torche. Il lui semblait voir des ombres mouvantes en tous lieux ! Les feuilles bruissaient…

Le hurlement d’un loup, soudain, déchira la nuit. En moins de temps qu’il n’en faut pour dire : « Ouf ! », Élizabeth se précipita à l’intérieur de la cabane, laissant Luke tout seul comme un…

Pardon ? Vous dites ?… Comme un con ?

Comme un con, oui. C’est bien ça.

Luke rejoignit sa femme avec hâte et ferma la porte derrière lui. Elle, s’était réfugiée dans un angle de la pièce, unique. En tout et pour tout, il y avait une fenêtre, une table, deux chaises apparemment bancales, un lit et un coin cuisine ridiculement petit. Une cheminée, également… Rien d’autre.

L’endroit était désert. Pas âme qui vive.

Un peu poussiéreux. Un peu constellé de toiles d’araignées. Mais rien de réellement… sordide, en fait. Il y avait sûrement une douche et des W.-C. à l’extérieur. À l’ancienne.

Pas de bocaux avec des organes humains dans du formol. Pas de tête d’animaux accrochées aux murs. Pas de nuage de mouches ou amas de vers gluants sur un reste de cadavre en putréfaction dans un coin…

Excepté la poussière et les toiles d’araignées, c’aurait pu être, même, entre guillemets, « agréable ». C’était sombre, ça oui – d’un autre côté, il faisait nuit noire… Et la lumière de la lune n’éclairait pas comme celle du Soleil.

Un reste de feu, ceci dit, dansait dans la cheminée ; ils n’y prêtèrent pas cas.

Pas tout de suite.

 

Une heure passa.

Une demi-heure de plus…

Ils avaient retrouvé un semblant de calme.

– Ça va ? demanda Luke à sa femme.

– Je… Je crois, hésita-t-elle. T’as vu ? Il y a du feu dans la cheminée… Il y avait quelqu’un il n’y a pas très longtemps. Les propriétaires, tu crois ?

– Les propriétaires ?… Non !… Les dégénérés qui ont BOUFFÉS les propriétaires !

– Mais pourquoi tu dis des choses comme ça !?! paniqua-t-elle.

– Ma foi ! T’as l’impression d’être à Eurodisney, toi ? On aurait vraiment dû y aller, chez ta mère ! Putain…

 

Une heure passa encore.

 

– Je vais finir par m’endormir, geignit Élizabeth. Je ne veux pas dormir, Luke…

– Un, deux… Freddy te coupera en deux… récita-t-il.

– Mais arrête, merde ! T’es trop con, à la fin !

– Oh ! Ça va… Dors un peu, va ! Y a un lit, là-bas, dans le coin. Je vais rester éveillé, t’inquiète.

– O.K. fit-elle en allant s’allonger sur le matelas. Ça doit être plein d’acariens mais tant pis…

– Je t’aime, murmura Luke avant de tirer une chaise et la placer tout près de la fenêtre, côté porte d’entrée. S’imaginait-il, ainsi, deviner quelque chose dans les ténèbres ?

Longtemps, il lutta contre le sommeil.

Mais le sommeil est comme le temps : « un joueur avide qui gagne sans tricher, à tout coup ! C’est la loi. »

 

Apollon n’avait pas encore installé le soleil dans l’immensité, au-dessus, quand Élizabeth se réveilla… presque fraîche. Elle se leva et alla embrasser son mari sur la joue. Lui aussi était réveillé.

L’approche d’un nouveau jour sans le moindre incident les avait quelque peu rassérénés.

– Tu as bien dormi ? demanda Luke à sa femme.

– Très bien, amour. Très bien. T’es un chou d’être venu me tenir la main pendant que je dormais. Ça m’a rassurée de te sentir comme ça, près de moi.

– Mais de quoi tu parles ? s’étonna-t-il. Je n’ai pas bougé de cette chaise.

Élizabeth le considéra un instant.

– Tu… Quoi ? Tu n’as pas bougé de cette chaise, dis-tu ?

– Tu as rêvé, trésor. Que veux-tu que je te dise !?!

– On m’a tenu la main pendant que je dormais, Luke ! Je l’ai sentie… Elle me caressait la paume avec son pouce comme tu le fais toujours ! Je l’ai sentie, je te dis ! J’ai pas rêvé… C’est pas toi ? Vraiment ?…

 

Un frisson la parcourut. Ses muscles se contractèrent.

Au tour de Luke de considérer sa femme, car si elle n’avait pas rêvé, qui diable lui avait tenu la main, dans son sommeil ?… Qui diable avait pénétré dans la cabane sans qu’il s’en rendît compte ? Rien ni personne n’était entré. Il en était sûr. Il était sûr, aussi, que quelque chose était là, vraisemblablement, tapi, invisible, malfaisant. Il avait peur.

Il se leva, pourtant, et se risqua à poser une main décidée sur l’épaule de Beth. Elle se mit à hurler, à gesticuler dans tous les sens, comme une folle dans un asile psychiatrique suintant la maltraitance par tous les trous dans les murs… Il l’attrapa et la serra dans ses bras.

– Je ne suis pas folle, Luke. Quelque chose m’a tenu la main, sanglota-t-elle. Quelque chose m’a tenu la main… Mon Dieu…

– Je te crois, bébé… Allez, foutons le camp d’ici au plus vite.

 

Luke était terrorisé, oui. Mais, pour sa femme, il s’efforça de paraître le mâle protecteur qu’il ne serait jamais, et ce malgré une solide musculature d’ancien joueur de hockey.

 

Quand ils ouvrirent la porte de la cabane pour fuir cet enfer, deux yeux d’un jaune anormalement éclatant les regardaient à une vingtaine de mètres, entre deux trembles.

 

À suivre…

 

 

 

Adam Gray

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Philippe Desterbecq a lu "Contes bizarres 2" de Bob Boutique

Publié le par christine brunet /aloys

Phil D

 

Ils sont là, tout frais, tout beaux, les contes bizarres n°2 de Bob!

Après m'être régalé des contes n°1, il fallait absolument que je lise le deuxième opus de Bob. C'est maintenant chose faite et je peux vous dire que je ne suis pas déçu.

Comment? Vous n'avez pas encore lu les contes pas si bizarres que ça de Bob?  Alors, vite, courez jusqu'à la librairie la plus proche ou commandez directement le livre chez Chloé des Lys ou, pourquoi pas, auprès de Bob et avalez les mots. C'est du pur bonheur!

Il était une fois.

Ben oui, les contes commencent tous par "Il était une fois" et le premier conte de Bob suit la règle générale. Il était une fois, donc, un écrivain bruxellois ou plutôt un scribouilleur un peu allumé (Bob?) qui hésitait une main en l'air devant le clavier de son ordinateur et l'écran blanc de son ordinateur...

Le ton est donné; le conte débute par un blanc. L'auteur connait l'angoisse de la page blanche. Et s'il trouvait des idées sur le Net, un conte hongrois qu'un programme informatique traduira, pourquoi pas? Mais ... mais ... ce conte hongrois, il l'a déjà écrit ... !!!

Ma petite chérie.

Il était une fois (encore? ben oui, c'est un conte quand même!). Il était une fois, donc, unehttp://www.bandbsa.be/contes2/projetrectopetit.jpg princesse jolie comme un arbre de Noël (vous avez déjà vu une princesse laide comme un pou, vous?). Donc, il était une fois une princesse, jolie comme un arbre de Noël, qui vivait recluse tout en haut d'une tour en pierres de trente mètre de hauteur... Dois-je continuer? Non, vous l'avez sûrement compris : un prince passe par là et ... Bon, je ne vous raconte pas tout quand même! A vous de lire les élucubrations de Bob...

Une âme simple.

 Il était une fois une très grosse chef du personnel qui commit une très grosse bévue : elle engagea pour son secrétariat une jeune fille si jolie qu'il faudrait tout un chapitre rien que pour parler de la beauté de son orteil droit. Le problème, c'est que cette beauté hors norme était ... la fille du diable !

Sangria.

 Il était une fois un mec solidement imbibé, qui rentrait d'une foire commerciale dans laquelle il tenait un stand de confiserie en gros. ……………………………………………………..
Boire ou conduire, il faut choisir... Une conduite en état d'ivresse qui aboutit à ... une rencontre.

La bête.

 Il était une fois une petite ville de province ... qui abritait, sans le savoir une Bête. La bête n'est pas comme on pourrait le croire un animal. Pas du tout. C'est un être humain. Enfin, en apparence...

Menteurs et vériteurs.

Il était une fois deux peuples : l'un ne faisait que mentir, l'autre disait toujours la vérité. Imaginez ce qui peut se passer quand un « vériteur » rencontre une menteuse. Un conte pour lequel Bob aurait dû nous fournir un décodeur.

Monsieur Albert.

Il était une fois un petit monsieur replet en loden vert et feutre de chasseur qui suivait un enterrement auquel il n'avait pas été convié... Qui est ce monsieur? Et que fait-il là?
Les blessures de l'enfance peuvent se réveiller à l'âge adulte mais la vengeance est un plat qui se mange froid, n'est-ce pas?

L'écureuil.

Il était une fois un mec tout ce qu'il y a de plus convenable qui joggait dans la forêt de Soignes... Tout à coup il s'arrête pour observer un écureuil. Il aurait peut-être mieux fait de continuer sa route...

Tiquetique.

Il était une fois un gars super sympa qui travaillait dans une grosse boite d'informatique. Face à lui, Zoé. Zoé qui tiquetique sur son clavier tout en observant le brave Roger ... Un homme sérieux, marié et une femme seule, secrètement amoureuse. Pauvre homme, il ne comprend rien à ce qui lui arrive...

Peut-être le conte que j'ai le plus apprécié car il montre le pouvoir satanique des femmes que Bob semble bien connaitre!

L'idiote.

Il était une fois un pays minuscule, une contrée curieuse, au régime politique bizarre. Ce peuple brave et discret est dirigé par une seule personne, que les citoyens choisissent chaque année selon un système de loterie pour le moins original. Et, cette année, le sort a désigné l'idiote... Non, ce n'est pas possible, cette gamine ne peut pas diriger le pays!...

La ligne rouge.

Il était une fois un mec qui râlait ferme sur sa femme, ou plus exactement son ex-femme, vu qu'elle venait de se barrer avec une vague connaissance..............................................................
Il commence à déprimer puis se dit que les femmes, toutes les femmes sont faciles à attraper. C'est parti, la chasse commence...

11 contes tout droit sortis de l'imagination fertile de Bob. Un point commun entre tous ces contes? Les héros de ces histoires sont tous dans la ... (regardez la couverture du recueil et vous comprendrez).

 

 

Philippe Desterbecq

philippedester.canalblog.com

philibertphotos.over-blog.com

Publié dans Fiche de lecture

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