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Qui est Stéphane Ekelson ?

Publié le par christine brunet /aloys

 

http://www.bandbsa.be/contes2/ekelsontete.jpg

 

 

Une biographie ?

Je suis né durant un mois de janvier avec de la neige à l'extérieur qui atteignait le genou. J'ai atteint depuis peu l'âge d'un adulte qui en a vu et entendu pas mal dans son existence de penseur comme on me qualifiait dans mon enfance. Il m'a fallu des coups durs pour réaliser que je devais me positionner dans la société comme un artiste pour ne plus souffrir matériellement et socialement.  De l'écriture des premières lignes de mon premier ouvrage au tirage final, j'ai mis une dizaine d'années à me torturer, à attendre, à espérer qu'enfin ce livre se réalise, sorte des presses de la maison d'éditions, Chloé des Lys. Je me rappelle encore très bien de mon entretien avec l'éditeur en compagnie de mon amie, Lydia, à qui j'ai dédicacé mes trois livres à présent parus. Je passais presque pour un pauvre fou à la lecture de mon premier projet d'écriture au nom final de Toile au vert de liqueur. Le stress de l'éditeur a vite disparu en notre présence, en dialoguant sur le sujet de notre visite. Au téléphone j'avais compris Paris à la place de Barry lors de la fixation du rendez-vous. Ma joie était immense. Je trépignais dans notre appartement. Tout ce travail qui allait aboutir à du vrai, pas à du blabla. Deux années plus tard, mon deuxième livre est sorti en 2007 sous le nom représentatif de notre temps, L'indicatif présent. En décembre 2010 le dernier né, Aimer à mûrir, est venu achever la trilogie.

J'ai mené une vie tout à fait classique (secondaires en latin-sciences, service militaire) jusqu'à mon choix de suivre des cours de philosophie à l'université libre de Bruxelles en essayant de vivre avec une jeune fille, Marie-Annick, dans un appartement à Schaerbeek. Le 16 décembre 1983, alors que je suivais ces études, ma vie a basculé dans un univers glauque qu'on appelle proprement par la psychiatrie. Récemment je me suis aperçu de mon autisme que personne dans le monde médical n'a osé me révéler auparavant et que même certains ne veulent même pas avouer parce qu'ils se sont trompés de diagnostic. Depuis mai 2010, je vis seul dans un studio à Bruxelles. Chaque jour qui passe je construis, répare ce que l'on m'a enlevé, cassé durant toutes ces années d'incompréhension que j'ai tenté de décrire réellement et fictivement dans mes trois écrits sans savoir ce que je signifie au moment de leur écriture. Pour le moment, en 2012, je travaille sur d'autres projets d'écriture dont l'aboutissement devrait avoir lieu en 2013, année qui fêtera mes 50 ans d'existence sur cette planète en pleine ébullition.


Un petit aperçu de la trilogie ? Juste des résumés, alors... pour l'instant !

Toile au vert de liqueur (tome 1 de la trilogie)

 

Ce premier livre est une compilation de dix années d'écriture sporadique. Il n'a pashttp://www.bandbsa.be/contes2/toilevertrecto.jpg d'ambition, il est juste présent. Une présence qui regroupe des éléments de fiction et d'existence. Un mélange bien dosé qui reprend des passages de prose, de poésie et de maximes dont la structure, la division en chapitres et volets, n'est pas anodine et innocente. C'est un ouvrage qui révèle mon intimité et ma créativité sous divers aspects de langage. Ceux qui ne sont pas familiarisés par cette écriture seront étonnés par le caractère particulier de la trame. La lisibilité des textes requiert une plongée dans un monde aqueux où les sonorités du monde sont amoindries par la densité de ma vision sémantique.

304 pages.

 L'indicatif présent (tome 2 de la trilogie)

 

http://www.bandbsa.be/contes2/indipresentrecto.jpgIl relate une révolte émotionnelle qui dure d'un bout à l'autre de l'ouvrage. Pas de chapitres, ni de paragraphes. Une longue complainte, un long monologue qui défilent. Il faut s'accrocher à ce discours démentiel de cet individu qui s'insurge sur son amour, sur son amie, muette dans le récit. Il en ressort une explosion de mots, d'états de conscience. La victime n'a pas droit à la défense. On la sent prisonnière du langage émis par quelqu'un qui en a visiblement assez d'elle.

134 pages.

 Aimer à mûrir (tome 3 de la trilogie)

 

' Aimer à mûrir ' est le fruit d'une réflexion en morceaux narratifs sur l'amour, la vie d'un côté et la souffrance, la mort de l'autre. Ce dernier livre de ma trilogie émet de la puissance et de l'audace dans la pénétration des sujets traités. Une recherche esthétiquehttp://www.bandbsa.be/contes2/aimermurirrecto.jpg propose une réalité intemporelle dans les séquences décrites avec minutie. Des frissons peuvent échouer à la surface de la peau ou dans le mental du lecteur par cette sorte de transcription de réalités cruellement exposées. Je ne crois pas que l'on sorte indemne de ce livre. Composons avec le véritable amour, celui de la vie, et nous mûrirons.

120 pages.

 

A suivre !

 

 

Publié dans présentations

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Carl du Toit...

Publié le par christine brunet /aloys

Congé marguerite

 

 

 

 

conge-marguerite.jpg

 

 

 

Carl du Toit

9782874596209 1 75

Publié dans Réflexions

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Le temps, une poésie de Louis Delville

Publié le par christine brunet /aloys

 

delvilletete

 

 

LE TEMPS

Écrivez un texte avec comme thème : hier - aujourd'hui - jamais

Je me suis imposé de faire cet acrostiche

 

Hier, j'étais fier de moi

Il m'en fallait des sous pour réussir

En fait, je voulais des sous sans beaucoup travailler

Résultat, je suis devenu paresseux

 

Aujourd'hui, j'ai compris

Un jour sans rien faire est une journée perdue

Je suis maintenant très actif

Oubliant petit à petit mes mauvaises idées

Un vrai travailleur, je suis devenu

Réveillé tôt le matin

Dirigeant mes collaborateurs avec fermeté

Harassé le soir quand je rentre

Une vie de boulot trépidante

Interrompue seulement par les vacances

 

Jamais je ne le dirai assez : "Le travail c'est la santé"

Amis qui m'écoutez, ne rester pas à ne rien faire

Mépriser ceux qui ne daignent pas se fatiguer

Arriver à ses fins est un beau but dans la vie

Il suffit de le vouloir sans arrêt

Si vous le voulez, vous le pouvez !

 

Louis Delville

louis-quenpensez-vous.blogspot.com

 

Couverture Louis dernière version copie

Publié dans Poésie

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Alain Magerotte a lu "Une belle époque" de Kate Milie

Publié le par christine brunet /aloys

 

Alain

 

UNE BELLE ÉPOQUE

Par Kate Milie

 

Image (27 février, 16H30) : Oyé, oyé, bonnes gens. Rejoignez-moi vite sur la toile, j’ai quelque chose d’important à vous dire…

Chevalier blanc (27 février, 16H35) : Je suppose que ça ne vient pas à cinq minutes… je t’écoute, ou plutôt, je te lis…

Image (27 février, 16H38) : Je viens de terminer un bouquin surprenant et drôlement bien fichu…

Chevalier blanc (27 février, 16H40) : Ah ? Tu ne m’étonnes guère. Nos correspondances sont toujours riches en matière d’échanges culturels…

Image (27 février, 16H43) : Et je ne dérogerai pas à la règle. Mais bon sang, que font les autres ?

Chevalier blanc (27 février, 16H45) : T’en fais pas pour eux, ils finiront par nous rejoindre…

Image (27 février, 16H46) : T’as raison. Voilà, je viens de terminer UNE BELLE ÉPOQUE9782874594281 1 75 d’une certaine Kate Milie… et, comme on dit, j’en ai pris plein la figure. C’est l’histoire de cinq internautes amoureux des lettres qui correspondent sur le net par le biais du Salon des fous des mots. L’initiatrice de ce site a pris le pseudo d’Icône. C’est une passionnée du peintre Gustav Klimt et de la fin XIXème/ début XXème siècle. Ses correspondants ont pour pseudos Jack, Cléa, Valmont et, ton négatif, Chevalier noir.

Chevalier blanc (27 février, 16H55) : Valmont… je suppose que c’est en référence à cet aristocrate manipulateur et libertin des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, une œuvre majeure du XVIIIème siècle…

Image (27 février,16H57) : En plein dans le mille, Chevalier blanc, mais je n’en attendais pas moins de toi. Le Valmont en question est un amoureux, lui, du XVIIIème siècle et se trouve être également quelqu’un d’assez coquin.

Chevalier blanc (27 février, 16H59) : Hé, hé, tu m’en diras tant…

Cléo (de 5 à 7) : Salut les p’tits loups ! Quoi de neuf ?

Image (27 février, 17H01) : Hello, toi. Je te fais un transfert de mes courriels avec Chevalier blanc, ainsi tu pourras voir de quoi il retourne…

Cléo (27 février, 17H03) : Woaw ! Ça m’a l’air bigrement intéressant ! Image, tu as le génie de dégotter des trucs d’enfer ! Faudra que tu me donnes la recette pour avoir une aussi bonne truffe que la tienne !... Tu peux encore nous en dire davantage sur ce bouquin ?...

Image (27 février, 17H04) : Certainement, ma chère Cléo… nos internautes décident d’écrire un roman à cinq mains. Leur héroïne est Ana V. Elle a vingt ans en 1900. Klimt l’a remarquée dans la « Berggasse ». Ana est détentrice d’un terrible secret et devient l’égérie du peintre mais aussi une grande poétesse…

Cléo (27 février, 17H05) : Il y a donc une histoire dans l’histoire…

Image (27 février, 17H06) : Tout à fait. Plus fort encore… il y a une connexion entre les personnages du roman et les internautes…

Cléo et Chevalier blanc en chœur et à 17H08 : Hé ben dis donc…  

Image : Ce livre regorge de réflexions ou de questions concernant la société d’hier et d’aujourd’hui. Tiens, je te donne un échantillon : … De la société de consommation, on est passé à une culture de la consommation. Quant à l’information à laquelle nous avons accès grâce aux immenses autoroutes visuelles, nous pouvons dire que nous avons connu une «société de l’information» qui a vite pris des allures de «culture de l’information» et a finalement donné naissance à une véritable «consommation de l’information».

Cléo (27 février, 17H09) : Cela pourrait faire un beau sujet de dissertation pour un examen…

Chevalier blanc (27 février, 17H10) : Et comment les amies…    

Image (27 février, 17H12) : Je vous le recommande donc vivement. Sa lecture sera la seule bonne raison à un éloignement de votre part de nos discussions… 

Chevalier blanc (27 février, 17H12) : Je vais te faire un aveu, Image, je l’ai lu également et je voulais simplement voir si tu avais la même opinion que moi…

Cléo (27 février, 17H 13) : Quant à moi… qui vous dit que je suis une femme ?...

Image (27 février, 17H 14) : Les langues se délient comme dans le final d’UNE BELLE ÉPOQUE… alors, tant qu’on y est, je vous révèle que derrière Image, se cache…

 

 

Alain Magerotte.

Publié dans Fiche de lecture

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Anne Renault a lu "De l'autre côté de la rivière, Sybilla" d'Edmée de Xhavée

Publié le par christine brunet /aloys

 

renaultanne

 

 

Anne Renault a lu :

 

 « De l'autre côté de la rivière, Sibylla » (éd . Chloé des Lys, Belgique), d'Edmée de Xhavée

 

 

A peine venais-je de refermer le livre que je l'ai rouvert aux premières pages – retour de ce long flash-back – pour le plaisir d'y retrouver tous les personnages du roman, qui, après lecture, s'étaient en quelque sorte « remplis » de leur histoire et apparaissaient dans toute leur densité, construite touche par touche au fil du livre.

Ce très beau texte, second roman d'Edmée de Xhavée, est, suivant les traces du premier, « Les romanichels », une saga familiale. Il nous entraîne dans les méandres de la vie d'Emma, de son frère Jean, mais aussi de celles et ceux qui vont les approcher, de façon durable ou éphémère.

« Et Sibylla ? », me direz-vous, celle qui attend « de l'autre côté de la rivière » ?  Eh bien, Sibylla, l'on pourrait dire que c'est le personnage majeur du roman, puisqu'elle en est la narratrice. Et cependant elle apparaît simplement ici ou là, toujours pour aider, protéger, aimer. Présence supérieure, tutélaire, qui, au-delà même de la mort, continue à veiller sur les enfants dont elle a été – pour leur sauvegarde et peut-être leur survie – la gouvernante. Sibylla, grand ange de l'amour, qui donne au roman une dimension spirituelle, même si elle se manifeste d'une façon toute charnelle, par la délicate odeur de sa poudre de riz...

Au début de l'histoire, une « faute », c'est ainsi que l'on nomme, dans la bonne9782874595196 1 75 société de la région liégeoise, comme dans tout milieu conventionnel et bourgeois,  l'abandon de son mari et de ses enfants par une épouse et une mère. Et la faute, comme il convient, sera punie, car l'histoire scandaleuse finit mal.

C'est alors que commence celle de ses deux enfants, Emma et Jean, qui se retrouvent emprisonnés dans l'austère maison des grands-parents maternels, les Dupage, et livrés à leur tante Marie, femme frustrée et persécutrice, dont la méchanceté inventive aurait pu les détruire, n'eût été la protection constante que leur apporte Sibylla. Le destin des enfants se construit cependant dans l'isolement et la souffrance, que l'affection inaltérable qui les lie vient cependant tempérer. 

De mariage catastrophique en instabilité affective, voilà Emma et Jean bien mal engagés dans leur vie d'adultes. A cela s'ajoute pour Emma le pire deuil qui soit, celui de son enfant.

Mais « Sibylla, de l'autre côté de la rivière » est un roman sur l'amour triomphant. Il gît, caché, attendant son heure, et remporte la partie, apportant apaisement et bonheur.

Autour d'Emma et de Jean, gravite une galerie de personnages, charmants ou grotesques, bons ou mauvais, tous hauts en couleur et parés de la vérité de la vie.

« Sibylla, de l'autre côté de la rivière », un roman sur l'amour, mais aussi sur la mort , dont Edmée de Xhavée nous   offre une image étonnamment sereine et poétique, dans la très belle métaphore de cette qui rivière que l'on franchit tous un jour. Mais sur « l'autre côté », point de néant, aucun règlement de comptes. Une figure bienveillante, accueillante nous attend et nous aide au passage. Ainsi ce grand-père, qui accueille son petit-fils, JC, par cet émouvant « Viens, mu pti fi, n'aie pas peur, je te rattraperai ».

Quant à l'écriture, Edmée de xhavée a l'art peu commun de mélanger acuité psychologique et fantaisie, réflexion profonde et détails gracieux, sensualité et humour.

J'ai été passionnée par ce livre, par la richesse de ses personnages, par l'entrelacement des récits. Et je sais aussi que ne s'effacera pas de ma mémoire l'image radieuse de Sibylla et que moi aussi, sans doute, dans les moments de doute ou d'inquiétude, je chercherai les effluves de sa poudre de riz... 

 

 

Anne Renault

Publié dans Fiche de lecture

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L'auteur de cette nouvelle ? Une nouvelle fois, Carine-Laure Desguin !

Publié le par christine brunet /aloys

                                    

desguin

 

 

 Scotty Michele, the bowery’s flic

 

 

T’as l’air crevé, Scotty chéri, me siffla-t-elle avec tout au fond de sa petite voix aiguë, l’espoir qu’un de ces quatre, j’irais me perdre sous ses draps…

−T’inquiète pas pour moi, ma jolie, ton Scotty Michele, il a des réserves, je lui ai lâché, tout en envoyant des volutes de fumée bleue de l’autre côté du bar, au plus loin que je pouvais…un petit jeu que je m’octroyais comme ça, juste pour voir l’état de mes poumons.

−Ah oui, des réserves, à cause de l’histoire du bateau et de tes racines, c’est ça, Scotty chéri, pas vrai mon mignon…

L’histoire du bateau, une histoire que j’avais racontée dix fois… et je pariais que Dorothy, avec tout le respect que je lui devais, n’aurait pas su la répéter sans confondre les Capone et les Michele…Si ça lui faisait plaisir de croire qu’Al Capone était de mon sang …Je me demandais si moi aussi, je n’aurais pas préféré être le frère ou le cousin des Capone, ça m’aurait bien arrangé, certains jours d’emmerdes. Mais non, les parents de Scarface et les miens étaient venus par le même bateau. Avec le même rêve, le rêve américain. Al et moi, on avait reçu un prénom à l’amerloque, pour jouer au jeu de l’intégration…Le balafré, rongé par la chaude-pisse, il mangeait déjà les pissenlits par la racine et moi, j’étais là, dans ce quartier miteux, le Bowery…Mes vieux imaginaient que c’était bien, avoir un rejeton détective privé. Une fameuse promotion ! Filer des salauds pendant des heures, tout ça pour le compte d’autres salopards.

−On the rock, ma poupée, encore un et je te bercerai ce soir, si tu veux, avec des histoires de bateaux, de familles napolitaines qui glandent dans Brooklyn et de notre prochain voyage vers Hollywood…Toi aussi tu seras sur une affiche avec ce Marlon aux yeux de merlan frit, tu verras ma poupée…

Chez Dorothy’s place. C’est là que j’arrimais chaque soir, histoire de chasser les idées noires. Toutes ces photos de vedettes de cinéma sur les murs, Brando, Grant et toute la clique, ça me remontait le moral. Et puis, bercer Dorothy d’un paquet d’illusions, ça stimulait mes neurones. Chacun son rêve.

Mon bureau était à deux pas de ce bouge des âmes perdues, un deux pièces dans lequel je pieutais, je recevais les clients et tout le tralala. Le Bowery, c’était pas le plus classieux des quartiers de New-York, mais c’était celui qui collait le mieux à mes tunes. Chinatown n’était pas loin. Et Chinatown, c’était une blessure qui saignerait encore. Jusqu’à la vérité.

−Ah oui, Scotty chéri, dit-elle en allongeant le bras pour me lancer mon troisième verre, y’a une bourge assise là-bas, une espèce de chintoke avec de grands airs…elle te cherche…Scotty Michele, elle a demandé, avec des yeux pas contents.

Je continuais de siroter mon whisky on the rocks et de tirer sur mes clopes, tout en tapant un œil sur les gros nichons de Dorothy. Des gonzesses qui venaient s’asseoir dans ce tripot, y’en avaient chaque soir. Dans la glace en face de moi, j’essayais mais en vain de voir la tronche de celle-là, la bourge chintoke. Je ne voyais que tous ces rigolos, ces sniffeurs de coke et de dope. Le juke-box swinguait grave et après mon cinquième verre, les sons se déformaient et les affiches sur les murs se superposaient d’une drôle de façon.

Tous ces paumés m’appelaient the flic. L’autre soir, un type large comme un bulldozer et les cheveux plaqués à la brillantine me proposa, avec un sale accent de Brooklyn, ses services d’indic….Alors, quand il a vu que je n’en avais rien à cirer, il s’est approché de Jimmy, un revendeur, et il lui a proposé des tuyaux, pour la bourse.  

−Hé Scotty chéri, l’espèce de sac d’os jaunis s’amène...

Dorothy n’avait pas terminé de débiter sa jalousie qu’une main aux longs doigts de femelle avait envoyé valdinguer mon dernier verre. A ce moment-là, les lèvres pulpeuses de ma gonzesse restèrent coincées en forme d’accent circonflexe…

Une enveloppe grise avait atterri devant mes yeux. Un nom était inscrit dessus. J’ai senti dans mon cou une main anguleuse et sèche. Ma tête a claqué sur le bar. Les étoiles n’étaient pas assez nombreuses et je me suis retourné. Mon souffle s’est coupé d’un coup car là, devant moi, une chinoise très classe me harponnait de son regard mauvais.

−Lis le nom sur l’enveloppe, minable, me lança la chinoise.

Moi je me foutais du nom sur l’enveloppe. Je l’avais reluqué mais ça ne me disait que dalle. Je ne voyais qu’elle. J’étais comme mort. Cette chintoke était le portrait craché de Sully, ma poupée. L’espace d’un éclair, des morceaux de mon histoire avec Sully ont flashé dans ma tête. Une fille qui crevait de faim, une fille qui s’était échappée de Five Points et de cette bande de crapules, les Flyings Dragons. Sully, sa voix douce, ses mains de soie, tous ces caprices qu’elle me passait…Je savais qu’elle avait des antécédents... Je m’en balançais ! On s’aimait ! Et puis un jour, il y aura bientôt un an, je suis rentré dans notre appart. Vide ! Ma Sully, je ne l’ai jamais revue ! C’était le 13 mai 1957.

−Michele, parce que c’est ton nom, pas vrai ? ouvre cette enveloppe et regarde les photos !

Mes moments vécus avec Sully me revenaient, en rafales.

Alors, la chintoke glissa ses longs doigts dans l’enveloppe et elle en ressortit des photos d’une moribonde au visage lacéré. Mon cœur a cogné. Le cadavre, c’était ma Sully.

Je me suis tapé la tête entre mes mains. J’étais dégrisé. Je pensais que je rêvais et que j’allais entendre Dorothy glousser : viens mon Scotty chéri viens …

−Alors, Michele, on ne dit rien, on pleure ! Un mec qui pleure, c’est possible ?

J’ai essayé de me reprendre et tout ce que j’ai trouvé à dire c’est :

−Ma Sully ne s’appelait pas Cheyenne Wiang !

−Ta Sully s’appelait Cheyenne Wiang ! Son cadavre a été retrouvé le mois dernier. Dans une cave pourrie de la quatorzième. Je veux savoir qui l’a tuée. Et pourquoi. Cheyenne Wiang, c’était ma petite sœur !

Ce soir-là, j’ai su que pour Scotty Michele, la vie avait de nouveau une raison d’être.

 

 

 

Carine-Laure Desguin

http://carinelauredesguin.over-blog.com/

 

http://www.bandbsa.be/contes3/enfantsjardinr.jpg

Publié dans auteur mystère

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Qui a écrit cette nouvelle selon vous ???

Publié le par christine brunet /aloys

                                     

point d'interrogation

 

 

 

 

Scotty Michele, the bowery’s flic

 

 

T’as l’air crevé, Scotty chéri, me siffla-t-elle avec tout au fond de sa petite voix aiguë, l’espoir qu’un de ces quatre, j’irais me perdre sous ses draps…

−T’inquiète pas pour moi, ma jolie, ton Scotty Michele, il a des réserves, je lui ai lâché, tout en envoyant des volutes de fumée bleue de l’autre côté du bar, au plus loin que je pouvais…un petit jeu que je m’octroyais comme ça, juste pour voir l’état de mes poumons.

−Ah oui, des réserves, à cause de l’histoire du bateau et de tes racines, c’est ça, Scotty chéri, pas vrai mon mignon…

L’histoire du bateau, une histoire que j’avais racontée dix fois… et je pariais que Dorothy, avec tout le respect que je lui devais, n’aurait pas su la répéter sans confondre les Capone et les Michele…Si ça lui faisait plaisir de croire qu’Al Capone était de mon sang …Je me demandais si moi aussi, je n’aurais pas préféré être le frère ou le cousin des Capone, ça m’aurait bien arrangé, certains jours d’emmerdes. Mais non, les parents de Scarface et les miens étaient venus par le même bateau. Avec le même rêve, le rêve américain. Al et moi, on avait reçu un prénom à l’amerloque, pour jouer au jeu de l’intégration…Le balafré, rongé par la chaude-pisse, il mangeait déjà les pissenlits par la racine et moi, j’étais là, dans ce quartier miteux, le Bowery…Mes vieux imaginaient que c’était bien, avoir un rejeton détective privé. Une fameuse promotion ! Filer des salauds pendant des heures, tout ça pour le compte d’autres salopards.

−On the rock, ma poupée, encore un et je te bercerai ce soir, si tu veux, avec des histoires de bateaux, de familles napolitaines qui glandent dans Brooklyn et de notre prochain voyage vers Hollywood…Toi aussi tu seras sur une affiche avec ce Marlon aux yeux de merlan frit, tu verras ma poupée…

Chez Dorothy’s place. C’est là que j’arrimais chaque soir, histoire de chasser les idées noires. Toutes ces photos de vedettes de cinéma sur les murs, Brando, Grant et toute la clique, ça me remontait le moral. Et puis, bercer Dorothy d’un paquet d’illusions, ça stimulait mes neurones. Chacun son rêve.

Mon bureau était à deux pas de ce bouge des âmes perdues, un deux pièces dans lequel je pieutais, je recevais les clients et tout le tralala. Le Bowery, c’était pas le plus classieux des quartiers de New-York, mais c’était celui qui collait le mieux à mes tunes. Chinatown n’était pas loin. Et Chinatown, c’était une blessure qui saignerait encore. Jusqu’à la vérité.

−Ah oui, Scotty chéri, dit-elle en allongeant le bras pour me lancer mon troisième verre, y’a une bourge assise là-bas, une espèce de chintoke avec de grands airs…elle te cherche…Scotty Michele, elle a demandé, avec des yeux pas contents.

Je continuais de siroter mon whisky on the rocks et de tirer sur mes clopes, tout en tapant un œil sur les gros nichons de Dorothy. Des gonzesses qui venaient s’asseoir dans ce tripot, y’en avaient chaque soir. Dans la glace en face de moi, j’essayais mais en vain de voir la tronche de celle-là, la bourge chintoke. Je ne voyais que tous ces rigolos, ces sniffeurs de coke et de dope. Le juke-box swinguait grave et après mon cinquième verre, les sons se déformaient et les affiches sur les murs se superposaient d’une drôle de façon.

Tous ces paumés m’appelaient the flic. L’autre soir, un type large comme un bulldozer et les cheveux plaqués à la brillantine me proposa, avec un sale accent de Brooklyn, ses services d’indic….Alors, quand il a vu que je n’en avais rien à cirer, il s’est approché de Jimmy, un revendeur, et il lui a proposé des tuyaux, pour la bourse.  

−Hé Scotty chéri, l’espèce de sac d’os jaunis s’amène...

Dorothy n’avait pas terminé de débiter sa jalousie qu’une main aux longs doigts de femelle avait envoyé valdinguer mon dernier verre. A ce moment-là, les lèvres pulpeuses de ma gonzesse restèrent coincées en forme d’accent circonflexe…

Une enveloppe grise avait atterri devant mes yeux. Un nom était inscrit dessus. J’ai senti dans mon cou une main anguleuse et sèche. Ma tête a claqué sur le bar. Les étoiles n’étaient pas assez nombreuses et je me suis retourné. Mon souffle s’est coupé d’un coup car là, devant moi, une chinoise très classe me harponnait de son regard mauvais.

−Lis le nom sur l’enveloppe, minable, me lança la chinoise.

Moi je me foutais du nom sur l’enveloppe. Je l’avais reluqué mais ça ne me disait que dalle. Je ne voyais qu’elle. J’étais comme mort. Cette chintoke était le portrait craché de Sully, ma poupée. L’espace d’un éclair, des morceaux de mon histoire avec Sully ont flashé dans ma tête. Une fille qui crevait de faim, une fille qui s’était échappée de Five Points et de cette bande de crapules, les Flyings Dragons. Sully, sa voix douce, ses mains de soie, tous ces caprices qu’elle me passait…Je savais qu’elle avait des antécédents... Je m’en balançais ! On s’aimait ! Et puis un jour, il y aura bientôt un an, je suis rentré dans notre appart. Vide ! Ma Sully, je ne l’ai jamais revue ! C’était le 13 mai 1957.

−Michele, parce que c’est ton nom, pas vrai ? ouvre cette enveloppe et regarde les photos !

Mes moments vécus avec Sully me revenaient, en rafales.

Alors, la chintoke glissa ses longs doigts dans l’enveloppe et elle en ressortit des photos d’une moribonde au visage lacéré. Mon cœur a cogné. Le cadavre, c’était ma Sully.

Je me suis tapé la tête entre mes mains. J’étais dégrisé. Je pensais que je rêvais et que j’allais entendre Dorothy glousser : viens mon Scotty chéri viens …

−Alors, Michele, on ne dit rien, on pleure ! Un mec qui pleure, c’est possible ?

J’ai essayé de me reprendre et tout ce que j’ai trouvé à dire c’est :

−Ma Sully ne s’appelait pas Cheyenne Wiang !

−Ta Sully s’appelait Cheyenne Wiang ! Son cadavre a été retrouvé le mois dernier. Dans une cave pourrie de la quatorzième. Je veux savoir qui l’a tuée. Et pourquoi. Cheyenne Wiang, c’était ma petite sœur !

Ce soir-là, j’ai su que pour Scotty Michele, la vie avait de nouveau une raison d’être.

 

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Carine-Laure Desguin a lu "Suicide dans l'après-midi" d'Anne Renault

Publié le par christine brunet /aloys

desguin

 

J’ai lu : Suicide dans l’après-midi de Anne Renault,

             Ed Chloé des Lys, 2011, ISBN 978-2-87459-607-0

 

Intriguée. J’étais intriguée en lisant ce titre, suicide dans l’après-midi. Et puis cette photo de couverture : un homme appuyé conte une une robuste colonne de pierre, un gsm collé à l’oreille. Devant lui, au loin, la mer du Nord. Que j’aime tant.

Plus je lisais ce livre et plus j’étais intriguée, emmêlée dans une spirale. Je voulais savoir ce qu’il arriverait à celui-ci, à celui-là…Puisqu’à chaque ligne, on perçoit, par dose homéopathique, un mystère, quelque chose de contradictoire qui doit survenir ; ça se renifle.

Le livre, une petite dizaine de nouvelles. Des hommes et des femmes ancrés dans la platitude de la vie et puis clac, la bascule…

 

Pierre, instituteur d’un village situé en bord de mer. Pierre, son travail, son épouse. Une vie paisible, sans heurt…Sans heurt ?

Une rumeur, celle d’un accident à la centrale toute proche ; il n’en fallait pas plus à Pierre pour…

P 17 : Avec la violence d’un coup, j’ai revu la plage froide, lessuicide anne rouleaux, une femme blonde qui n’était pas Juliette. On ne ferait pas de moi un citoyen modèle. Personne ne m’arracherait à mes rêves.

 

P 55 : Mon père est un homme gai.

Une fille et son père, veuf, partagent le même appartement. Dans ce texte, tout l’amour d’une femme pour son père. Un quotidien partagé, une connivence dans les gestes et les mots. Et puis voilà que toutes ces sentiments bien rangés, bien en place, se désharmonisent.

P69 : Je ne devine pas encore ce qui va se passer, mais je sens qu’il apris une décision, et que tout va changer.

 

Le suicide de Joseph Van Aragon, un photographe. L’après-midi, il vait photographié une jeune fille. Le soir, il se tire une balle.

Cette histoire s’enchevêtre dans celle de Hans, un garçon différent des autres. Nerveux, difficile, rusé. Il jette des pierres sur les canards. Mais si attentif pourtant, quand il protège la petite chatte.

P92 : Mais un calme inconnu, peut-être une douceur, l’a envahi, l’a reposé un instant de sa rébellion quotidienne. La chatte est devenue une pause tendre dans son existence de petit soldat.

Plus tard, Hans devient croupier, au casino d’Ostende.

P116 : Un mouvement s’ébauchait, et je m’arrêtai. Une forme tournait très lentement sous mes yeux. C’était un corps, un corps de femme, et il était nu.

 

Un meurtre…Une vengeance ?

P 160 : Elle avait saisi le cendrier de cristal…

 

Histoire d’un homme.

P 183 : Quelque chose, mais il ne savait pas quoi, lui jouait un mauvais tour…

 

L’écriture de cet auteur, une plage à marée basse, le bruit uniforme des vagues qui viennent mourir doucement, entre méduses et coquillages. Et puis soudain, la marée survient, presqu’en avance, comme si nous l’avions oubliée, comme si nous avions pensé que tout resterait comme ça, lent et sans heurt. Des personnages surprenants, je dirais même, qui se surprennent eux-mêmes…

Des descriptions de paysages qui donnent envie de se déplacer. Allons voir si cette lumière est bien celle-là …

L’atmosphère de ces villes flamandes ;j’avais en lisant ce livre l’impression de  ressentir tout au fond de moi les odeurs des rues d’Ostende, les ombres des maisons. Puisqu’après tout, je connais si bien cette région et depuis si longtemps…

Une étoile en plus pour l’histoire de Hans et celle de sa sœur, qui interfère dans…mais là, suspense !

 

http://Carinelauredesguin.over-blog.com

 

Publié dans Fiche de lecture

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La décision, une nouvelle de Carine-Laure Desguin

Publié le par christine brunet /aloys

                                 

 

desguin

 

 

  La décision.                                                                

 

 

                                   

Les yeux rougis, des sanglots dans la voix, une dame d’une soixantaine d’années est assise sur le bord de la chaise métallique. Elle hoquette tellement qu’on ne perçoit pas la fin de ses phrases. Elle lâche deux mots, renifle, recommence l’exercice et puis  plonge son visage bouffi entre ses mains. Elle pivote la tête de gauche à droite et renifle de plus belle. De la poche de son tablier bleu, elle sort un paquet de mouchoirs en papier. Toute tremblotante, elle en extirpe un. Parfois, ses cris stridents font sursauter le canari, un petit oiseau tout déplumé…

- Allons, allons, reprenez-vous…Je comprends votre chagrin…depuis si longtemps que vous travaillez au service de madame Denonceau…Dix ans m’avez-vous dit ? demande le  jeune inspecteur de police, assis juste devant la malheureuse.

- Oui, c’est bien ça, plus ou moins dix ans, confirme la dame, en s’essuyant les yeux à chaque mot qu’elle lance…

- Vous n’aviez jamais rien remarqué d’anormal dans le comportement d’Alexis Denonceau ? demande l’inspecteur Gérald Douillet, avec de la compassion dans la voix…


La dame se reprend,  relève la tête et s’assied plus fermement sur la chaise. Elle cherche ses mots, donne l’impression de vouloir cracher une vérité mais réfléchit, afin de bien peser ce qu’elle veut spécifier…

- Parlez, je vous en prie, vous ne risquez rien et surtout, vous devez nous dire tout ce que vous savez ...Depuis le début …

Gérald Douillet se lève et, avec des traits de compassion sur le visage, il sert une tasse de café sucré au témoin principal… 

La dame tournicote sa cuillère dans la tasse, ses pensées sont lointaines.


Et puis, elle se décide à parler, comme dans une longue expiration de soulagement :

─ Monsieur Alexis, c’est un homme gentil…dit-elle, en se raclant la gorge…Jamais, je n’aurais imaginé…

─ Il avait des amis, des amies qui venaient lui rendre visite ? interroge l’inspecteur, tout en griffonnant sur son bloc-notes à chaque fois que la pauvre dame s’exprime. Essayez de vous souvenir, cela pourrait aider …vous savez…les fameuses circonstances atténuantes !

─ Vous savez, poursuit la dévouée tout en sanglotant encore un peu, je viens chaque jour de 8 heures jusque 13 heures…Monsieur Alexis, c’est un homme ordonné, un professeur voyez-vous, c’est souvent comme ça …

─ Tiens, c’est bizarre, vous m’avez dit tout à l’heure qu’il ne travaillait plus …à 52 ans, c’est un peu jeune…Il restait donc ici, tous les jours …entre ces murs, et face à la mer ? demande l’inspecteur de la voix douce de celui qui est plongé dans une de ses toutes premières enquêtes.

─ Cela fera un an, au carnaval de Dunkerque, que monsieur ne travaille plus. Madame sa mère était très heureuse que son fils reste à la maison !


Il pourra s’occuper de moi toute la journée et je ne serai plus jamais seule, m’avait-elle confié. Je me souviens très bien de la mine réjouie de madame Denonceau ! Quand j’y pense docteur, heu, inspecteur, 

- ça me fait mal ! Je ne comprends pas ! s’esclaffe-t-elle, en laissant couler chaudes larmes…

─ Alexis Denonceau ne sortait donc jamais d’ici ? A part ses promenades matinales sur la plage ? demande l’inspecteur, tout éberlué de constater le dévouement sans faille du fils pour sa mère…

─ Sortir ? Oh non ! Madame sa mère n’aurait pas apprécié ! Déjà quand monsieur Alexis allait au lycée, pour donner cours, et bien, madame Denonceau, elle téléphonait au directeur pour être certaine que son fils ne lui cachait rien, au sujet de ses heures de travail, vous comprenez docteur, heu….excusez-moi, inspecteur, continue la dame, plus loquace à présent, toute ragaillardie en sirotant sa tasse de café par petite gorgées.

─ Oh, je comprends, siffle l’inspecteur, en fronçant les sourcils et en  tortillant son stylo entre ses lèvres…Et, dites-moi, interroge-t-il tout en focalisant ses questions vers une direction bien précise,  il s’occupait beaucoup de sa maman ? Madame Denonceau était handicapée….


Sans aucune hésitation, la femme d’ouvrage étale tout ce qu’elle sait...

─ Mais monsieur Alexis, c’est lui et lui seul qui soignait madame sa mère ! C’est qu’elle ne voulait pas qu’une infirmière vienne se tortiller sous le regard de son fils ! Paix à son âme, intime-t-elle, tout en se signant. Monsieur Alexis, c’était lui qui soignait sa maman et …

─ Vous pourriez me préciser …vous dites bien soigner sa maman…A quels soins pensez-vous ?

─ Le matin, monsieur Alexis soignait madame sa mère…c’est-à-dire qu’il se rendait dans sa chambre, il déposait madame sur sa chaise roulante, il l’emmenait aux toilettes et là, il la laissait seule ...

Quelques minutes plus tard, madame Denonceau agitait sa clochette. Monsieur Alexis accourait, il transportait sa maman des toilettes jusque dans la salle de bains et là, il lavait sa maman…Oh oui, j’oubliais ! Quatre fois par jour, monsieur piquait le doigt de madame, pour le sucre dans le sang, vous comprenez, madame était diabétique…poursuit-elle en se remémorant tous les gestes de son patron. Et puis, il piquait, pour l’insuline …Plusieurs fois par jour, madame agitait sa clochette pour l’une ou l’autre chose : la conduire aux toilettes, lui donner un verre d’eau….Jamais je n’ai entendu monsieur Alexis soupirer quand madame sa mère lui demandait un petit service …


Le jeune inspecteur écoute, note, réfléchit. Il a de grands yeux étonnés…

─ Alors ce matin, quand je suis arrivée et que monsieur Alexis m’a dit : « Bonjour Marianne, madame ma mère est dans son lit, elle ne se lèvera pas aujourd’hui, ni les autres jours d’ailleurs », j’ai demandé si je devais appeler le médecin…Et, avec son calme habituel, tout en ajustant sa perruque, de longs cheveux noirs, il a continué : « Hier soir, j’ai tué ma mère, une surdose d’insuline…appelez les flics, dites-leur… Je suis sur la plage, je prends le chien, mon filet de pêche, mes vêtements de femme. Je veux respirer. Et  être moi-même. Enfin ».

 

Carine-Laure Desguin

http://carinelauredesguin.over-blog.com/

 

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L'amour, un poème de Micheline Boland

Publié le par christine brunet /aloys

 

boland photo

 

 

L'AMOUR…

 

 

L'amour dilue les peurs

Et l'ennui et les doutes

Et les différences.

Dans le jardin des passions,

Les mots sont des baisers

Qui guérissent du temps qui passe.

 

Les lèvres des amoureux sont douces

Comme des berceuses,

Leurs mains sont chaudes

Comme des rires,

Leurs regards sont moelleux

Comme des nuages.

 

Toutes les paroles

Que nous croyions avoir usées

Renaissent dans un sourire.

Le vent est si fort,

Le soleil si brûlant,

L'amour si puissant.

 

 

Micheline Boland

Son site : http://homeusers.brutele.be/bolandecrits/
Son blog : http://micheline-ecrit.blogspot.com/

 

http://www.bandbsa.be/contes2/humeursgrisesrecto.jpg


Publié dans Poésie

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