Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Alain Bustin en invité sur Aloys... présenté par Marie-Claire George

Publié le par christine brunet /aloys

 

bustin1.jpg

 

 

La course de lumière

 

Préface

            Courir, courir... Infatigable Alain Bustin ! Dans « Albert ou la quête d’un marathonien », son héros tente de rejoindre son père. Situation qui se reproduit dans « La course de lumière » puisque cette fois, c’est le fils d’Albert qui cherche à recréer le lien familial. Ce roman, comme le premier, dépasse l’aspect anecdotique pour interpeller le lecteur sur son propre cheminement. Est-ce le résultat qui importe, ou la quête ? Le but ou le chemin ? Chemin de montagne, exigeant et gratifiant. Des hauts et des bas ; de la souffrance, beaucoup, mais une joie à sa mesure. Se dépasser pour se trouver, se trouver au fond de soi, se trouver dans le regard de l’autre, de celui qui importe, de celui que l’on cherche sans oser se le dire. Métaphore de la montagne, apparemment immuable mais qui reflète nos émotions, nos expériences, nos attentes, nos craintes, nos espoirs. La montagne qui creuse en l’homme un besoin d’absolu et le renvoie en même temps à son humanité.

            Au rythme de cette épreuve hallucinante qu’est l’Ultra Trail du Mont Blanc – 168 kilomètres et 9.500 mètres de dénivelé en une seule étape – c’est en même temps le monde de la course que nous découvrons : le dépassement de soi, la solidarité, l’humilité. Une leçon de vie puisque le découragement menace, que l’échec guette – mais qu’est-ce que l’échec ? Chaque instant porte en lui sa richesse, il s’agit de l’accueillir, de le vivre, de lui donner son sens. C’est là que réside l’essence du message qu’Alain Bustin, en homme de terrain, en homme sage aussi, réussit nous communiquer. Pour autant, ce livre n’a pas l’austérité d’un traité de philosophie ; il nous entraîne dans des paysages grandioses, nous fait vivre l’atmosphère des grandes courses d’endurance, nous ramène à travers la souffrance et les doutes vers un quotidien chaleureux. Un dépaysement, une initiation, mais c’est bien l’homme ordinaire que l’on trouve au centre de cet ouvrage.

            Ce roman original et profond, ancré dans l’écrin prestigieux des Alpes, n’est pas de ceux qu’on oublie ; on s’y attarde, on y revient, il se fait compagnon de route. Et son auteur devient un ami qu’il nous semble avoir toujours connu.

 

 

  Marie-Claire George

Publié dans l'invité d'Aloys

Partager cet article
Repost0

Voici la fiche auteur de Pascal Feyaerts pour "Nouvelles en quête d'(h)auteur"

Publié le par christine brunet /aloys

fiche-Feyaerts.jpg

Publié dans fiche auteur

Partager cet article
Repost0

Henri Puffet, nouvel auteur chez Chloé des lys... Une courte présentation !

Publié le par christine brunet /aloys

http://www.bandbsa.be/contes3/puffetete.jpg

 

 

 

Né à Namur en 1956.

Termine ses études en 1978 : gradué d’agronomie et master en santé animale

S’expatrie en 1980, et vit en Afrique jusqu’en 2003 (Comores, Niger, Guinée Eq., Gabon, Congo)

Après une parenthèse en Belgique, part en Amérique du sud en 2005.

Il travaille toujours au Paraguay comme ranch manager.

 

Durant 30 ans de séjours outre-mer, isolé en brousse loin du reste du monde, ses passe-temps favoris sont la lecture, l’écriture, la photo.

Malgré trois décennies de rédaction régulière de « carnets de bord », à titre privé, il entre en littérature sur le tard.

Publie en 2009 un roman d’aventures qui a pour décor l’Afrique et l’Europe de ses souvenirs de jeunesse (« En passant par le Luango », Ed. Bénévent)

En 2012, aux éditions Chloé des Lys, « La mise entre parenthèses » est un récit de vie, avec toujours en filigrane une certaine dose d’autobiographie.

 

 

Henri Puffet nous présentera plus longuement son roman dans un article programmé sur aloys le 18 décembre... Soyez au rendez-vous !

Publié dans présentations

Partager cet article
Repost0

Voici la fiche auteur de Suzanne Carabin-Diérick pour "Les enfants m'ont évangélisée"

Publié le par christine brunet /aloys

carabin

Publié dans fiche auteur

Partager cet article
Repost0

Un poème de Claude Colson "La mare, un autre été"

Publié le par christine brunet /aloys

claude colson-copie-2

 

LA MARE, UN AUTRE ÉTÉ

 

Bientôt quatorze heures trente
Au parc déserté.
La chaleur en fin d'été
A chassé les âmes vaillantes.

 

Les bancs entourent la mare ;
Vides, ils bâillent leur ennui
Sous les rayons qui dardent.
Toi, tu as cherché l'ombre.

 

Les jeux d'enfants résonnent,
Là, à quelques pas.
À écrire tu t'abandonnes
Dans le calme tant de fois visité.

 

La cascade bruit, rythme la vie qui va
Et l'onde courante aux eaux mortes se mêle
Que lentilles en tapis emprisonnent.

 

Soudain à la surface un remous bruyant;
Un poisson quelque proie a happé.
Le manteau, un instant troué, de lui-même
S'est reconstitué.

 

Des poules d'eau avancent,
Le cou allant-venant,
Traversent le marais en son vert uniforme.
Sur cet étrange aspect
Peut-être elles s'interrogent.

 

Peu de temps cependant,
Il faut bien subsister ;
Alors, tenaces, mécaniques
La verdure encore elles picorent.

 

Ainsi du vouloir vivre
Que peu peut entamer.
L'Homme est, ma foi, bien étrange,
Si l'on y veut songer.

http://claude-colson.monsite-orange.fr

Lena C. Colson

Publié dans Poésie

Partager cet article
Repost0

Acryline Erin, Zapping pour le futur

Publié le par christine brunet /aloys

Acryline.jpg

Publié dans fiche auteur

Partager cet article
Repost0

Pascale Soleil, "Ces voix du silence"

Publié le par christine brunet /aloys

Diapositive1.JPG

Publié dans fiche auteur

Partager cet article
Repost0

Texte n°7 !!! A vos votes !

Publié le par christine brunet /aloys

VACANCES DE REVE

 

La Toscane, un soir d’été…

J’ai vingt ans, le miroir me fait la cour .

L’air s’est parfumé aux mille odeurs entêtantes exhalées par les fleurs, l’eau bleue, les peaux chaudes de soleil, les mets qui rissolent dans la grande cuisine aux carreaux blancs …

Et Lui, Tiziano, alangui contre moi, ses cheveux couleur de jais que l’on croiraient imbibés d’huile précieuse , frôlant mon épaule.  Je frémis au contact de sa peau ferme et douce, ambrée, qui s’étire tout le long de son corps viril . Il est nu, comme moi, ange affolant, fier de sa beauté, éperdu devant la mienne…

Sa main , posée sur un de mes seins , s’anime soudain et la caresse me tétanise, hérisse ma peau. J’ai l’impression d’être argile sous les doigts d’un sculpteur. 

Comme pour se mettre au diapason de cette perfection, une douce mélodie italienne s’élève depuis la plage , se fondant dans les rires séducteurs des jeunes gens qui entament les parades amoureuses de la nuit.

Tiziano murmure des mots sucrés, me parcourt de baisers velours qui laissent sur ma peau une vapeur humide , puis  sans transition me saisit les cheveux brutalement , écrase mes lèvres dans sa bouche gonflée et me pénètre d’un seul coup .

Les cascades de fleurs tournent devant mes yeux , décorent de fresques le ciel indigo qui les renvoie dans la mer où elles explosent tel un feu d’artifices.

L’explosion me fait sursauter , hagarde, en sueur….

Quoi ?  Où ?  Comment ?

 

C’est le réveil qui vient de tout bousiller , me ramenant à Bruxelles, sous un ciel gris , dans un lit single .

Publié dans concours

Partager cet article
Repost0

Texte 6... Avant dernier texte du concours...

Publié le par christine brunet /aloys

VIVE LES VACANCES !

 

 

 

 

1er juillet, 3 heures du mat. Le réveil sonne.  Un peu à l’avance, non ? Ah ! c’est vrai, il faut le temps que  j’émerge, le jour tant attendu est arrivé : nous partons en vacances. Un coup d’œil du côté de mon épouse : elle est déjà debout. D’habitude, je dois l’appeler trois fois avant qu’elle ne daigne mettre un orteil par terre ! Et là, elle s’active. La voilà nue, elle file dans la salle de bains en chantonnant. Dans trois minutes, elle sera prête. Les autres jours, elle mobilise l’endroit pendant au moins une demi-heure.

    - Chéri, tu te lèves et tu réveilles les enfants ?

Elle crie de la salle de bains, j’entends le ronron de la brosse à dents électrique. Il est temps que je me lève. Je ne suis pas trop pressé de me taper huit cents bornes dans la chaleur, moi. Bien sûr, on pourrait conduire à deux, même notre ainée pourrait s’y mettre mais pas question que mes femmes ne commandent ma bagnole. Ma voiture, c’est mon bijou. Je l’aime … autant que mes enfants, je dirais. Il faut dire qu’elle m’obéit au doigt et à l’œil, elle, pas comme eux !

    - Chériiiiiiii, je suis prête.

Bon allez, je me décide. J’affiche mon plus beau sourire et je me dirige vers la chambre des enfants. Olivia dort comme un bébé ; j’entends du bruit dans la chambre de Sébastien.  Toujours excité quand on part en voyage, lui. Il va encore embêter sa sœur et ça va se chamailler tout le trajet.  Tiens, il n’a qu’à commencer tout de suite.

J’ouvre la porte de sa chambre ; il est habillé. Il se lavera demain, ce n’est pas grave !

- Salut, mon pote, déjà debout ?

- Tu le vois, non ?

- Va réveiller ta sœur et dis-lui de se magner le train !

- OK, je prépare un seau d’eau…

Je ne discute pas, ça ne servirait à rien. De la salle de bains, j’entends les cris d’Olivia. Toujours son langage châtié ! Ouh ! Mais c’est qu’il en reçoit, le petit !

- Olivier, va voir ce qu’il se passe chez Olivia, me crie ma chère et tendre de la cuisine.

Je ne réponds rien, le petit, il est capable de se défendre tout seul et puis il l’a cherchée, il l’a trouvée !

Vroum ! Un train passe devant la salle de bains. Non, c’est Sébastien poursuivi par sa sœur. Il dévale les escaliers, elle s’arrête net, jette un coup d’œil vers moi.

- T’es pas encore prêt ? Tu sais bien que j’ai besoin de la salle de bains.

- Bonjour, Olivia, tu as bien dormi ?

- Tu parles, c’est la nuit la plus courte que j’ai jamais eue de toute ma vie ! Quel besoin a-t-on de partir au milieu de la nuit ?

- En partant tôt, on évite les bouchons autour de Paris, tu le sais bien, et puis, on arrive tôt…

- Et quel besoin a-t-on d’arriver tôt ?

Là, je ne réponds plus. C’est vrai ça ! Quel besoin avons-nous de partir tôt ?

- Bon, tu te tires ?

Je descends torse nu. Je sens l’odeur écœurante du café et du pain grillé.  Alice s’active dans la cuisine. Moi, de toute façon, je ne pourrai rien avaler. Remplir mon estomac à 3 heures du mat, très peu pour moi !

 

4 heures du mat. On s’engouffre dans la voiture. Olivia a passé une demi-heure dans la salle de bains ; Sébastien a taché son nouveau tee-shirt avec la marmelade d’orange de sa grand-mère et pas question qu’il mette un de ces vieux trucs qui trainent dans sa garde-robe. Il a fallu détacher la valise du porte-bagages et en extirper un tee-shirt propre.  Heureusement que j’avais tout bouclé hier soir.

 

6 heures du mat. Nous approchons de Paris, la circulation devient dense. Les enfants se chamaillent et Alice s’énerve. Moi, je reste zen même quand Olivia crie que le chien a pissé sur ses pieds. Impossible de m’arrêter ici. Je  promets : je ferai un arrêt sur la première aire d’autoroute afin que ma fille chérie puisse se laver les pieds.

- J’sais plus me retenir !

Ca, c’est Sébastien qui crie comme un porc qu’on égorge. Qu’est-ce qu’il croit ? Que je vais m’arrêter sur la bande d’arrêt d’urgence pour qu’il puisse satisfaire son besoin le plus pressé. Il a treize ans, merde, sa prostate fonctionne bien, il peut attendre, non ?

 

14 heures. Il y a longtemps qu’on a passé Paris. Le chien a pissé trois fois sur des aires d’autoroute, Sébastien aussi. Olivia, elle, continue de râler toute seule. Le petit s’est endormi.

Ma fille a 18 ans et considère qu’elle n’est plus obligée de nous accompagner dans « ce bled pourri » ! C’est beau, l’Ardèche, pourtant ! C’est calme ! On est loin de tout, loin du bruit de la ville, de la circulation, de la pollution. Aucun des arguments qu’avance sa mère ne fait mouche. Ce bled est pourri, un point c’est tout. Ses copines vont au club Med et ça fait belle lurette qu’elles n’accompagnent plus leurs parents en vacances.

- Il faut bien que tu ailles voir ta grand-mère de temps en temps, lui réplique sa mère.

Je l’avais oubliée, celle-là. Mais comment ai-je pu ? Dans l’euphorie du départ, j’avais complètement occulté le fait que nous allons passer un mois chez belle-maman, celle de la marmelade d’orange. On revient chaque année avec un chargement de victuailles diverses : marmelade, compote, confits, sans oublier les châtaignes qui datent de l’année d’avant car, des châtaignes, en juillet, on n’en trouve pas, même dans ce bled pourri. C’est vrai qu’il est pourri, ce bled, et puis, la bouffe de ma belle-mère me donne mal au ventre. Tiens, rien que d’y penser, j’ai des crampes d’estomac. Là-dessus, je ralentis l’allure. A quoi ça sert d’arriver tôt, hein ?

 

18 heures. Nous sommes arrivés à Thueyts.  J’aperçois déjà la maison de mes beaux-parents. Tiens, ma belle-mère n’est pas sur le pas de la porte. D’habitude, elle est là, debout, sur le seuil à guetter notre arrivée. Comme si on allait arriver plus vite comme ça. D’habitude, dès qu’elle voit la voiture, elle rentre. Ben, oui, elle va réchauffer le bon petit plat qu’elle nous a préparé. Ça creuse la route !

- Maman, fallait pas te donner tant de mal, lui dit Olivia.

- Elle est peut-être morte, dit Olivia.

- Tais-toi, hurle Alice.

On sort précipitamment de la voiture, on ouvre la porte de la maison et on trouve mon beau-père en larmes dans son fauteuil. Sur la table, une lettre qu’il nous désigne.

Alice l’arrache, je jette un coup d’œil  par-dessus son épaule.

- Ma mère est partie, dit-elle en s’asseyant sur des chaises en bois de la cuisine.

- Elle est partie en vacances ? demande innocemment Sébastien.

- Elle est partie, répond mon beau-père, partie, avec un autre.

 

1er août, 4 heures du mat. Nous sommes repartis. Nous avons passé tout le mois à chercher ma belle-mère. Nous sommes allés partout : chez ses amis, dans la famille de ma femme, même chez les commerçants du coin. Personne ne l’a vue, disparue la belle-mère. Je ne peux pas dire qu’elle m’ait manqué mais bon j’aurais bien aimé passer mon mois de congé à autre chose qu’à jouer à Sherlock Holmes.

 

18 heures, même jour. Nous arrivons en vue de notre appartement. La fenêtre de notre chambre est ouverte.

- On a été cambriolé ! me lance Alice.

On descend rapidement de la voiture. Une tête passe à la fenêtre, un buste se penche, une voix s’adresse à nous : « Il est petit votre appartement. A cinq, il faudra se serrer un peu. »

 

C’est pas vrai, elle n’a quand même pas décidé d’habiter chez nous ? .

 

 

Partager cet article
Repost0

Texte 6... Avant dernier texte du concours...

Publié le par christine brunet /aloys

VIVE LES VACANCES !

 

 

 

 

1er juillet, 3 heures du mat. Le réveil sonne.  Un peu à l’avance, non ? Ah ! c’est vrai, il faut le temps que  j’émerge, le jour tant attendu est arrivé : nous partons en vacances. Un coup d’œil du côté de mon épouse : elle est déjà debout. D’habitude, je dois l’appeler trois fois avant qu’elle ne daigne mettre un orteil par terre ! Et là, elle s’active. La voilà nue, elle file dans la salle de bains en chantonnant. Dans trois minutes, elle sera prête. Les autres jours, elle mobilise l’endroit pendant au moins une demi-heure.

Chéri, tu te lèves et tu réveilles les enfants ?

Elle crie de la salle de bains, j’entends le ronron de la brosse à dents électrique. Il est temps que je me lève. Je ne suis pas trop pressé de me taper huit cents bornes dans la chaleur, moi. Bien sûr, on pourrait conduire à deux, même notre ainée pourrait s’y mettre mais pas question que mes femmes ne commandent ma bagnole. Ma voiture, c’est mon bijou. Je l’aime … autant que mes enfants, je dirais. Il faut dire qu’elle m’obéit au doigt et à l’œil, elle, pas comme eux !

Chériiiiiiii, je suis prête.

Bon allez, je me décide. J’affiche mon plus beau sourire et je me dirige vers la chambre des enfants. Olivia dort comme un bébé ; j’entends du bruit dans la chambre de Sébastien.  Toujours excité quand on part en voyage, lui. Il va encore embêter sa sœur et ça va se chamailler tout le trajet.  Tiens, il n’a qu’à commencer tout de suite.

J’ouvre la porte de sa chambre ; il est habillé. Il se lavera demain, ce n’est pas grave !

Salut, mon pote, déjà debout ?

Tu le vois, non ?

Va réveiller ta sœur et dis-lui de se magner le train !

OK, je prépare un seau d’eau…

Je ne discute pas, ça ne servirait à rien. De la salle de bains, j’entends les cris d’Olivia. Toujours son langage châtié ! Ouh ! Mais c’est qu’il en reçoit, le petit !

Olivier, va voir ce qu’il se passe chez Olivia, me crie ma chère et tendre de la cuisine.

Je ne réponds rien, le petit, il est capable de se défendre tout seul et puis il l’a cherchée, il l’a trouvée !

Vroum ! Un train passe devant la salle de bains. Non, c’est Sébastien poursuivi par sa sœur. Il dévale les escaliers, elle s’arrête net, jette un coup d’œil vers moi.

T’es pas encore prêt ? Tu sais bien que j’ai besoin de la salle de bains.

Bonjour, Olivia, tu as bien dormi ?

Tu parles, c’est la nuit la plus courte que j’ai jamais eue de toute ma vie ! Quel besoin a-t-on de partir au milieu de la nuit ?

En partant tôt, on évite les bouchons autour de Paris, tu le sais bien, et puis, on arrive tôt…

Et quel besoin a-t-on d’arriver tôt ?

Là, je ne réponds plus. C’est vrai ça ! Quel besoin avons-nous de partir tôt ?

Bon, tu te tires ?

Je descends torse nu. Je sens l’odeur écœurante du café et du pain grillé.  Alice s’active dans la cuisine. Moi, de toute façon, je ne pourrai rien avaler. Remplir mon estomac à 3 heures du mat, très peu pour moi !

 

4 heures du mat. On s’engouffre dans la voiture. Olivia a passé une demi-heure dans la salle de bains ; Sébastien a taché son nouveau tee-shirt avec la marmelade d’orange de sa grand-mère et pas question qu’il mette un de ces vieux trucs qui trainent dans sa garde-robe. Il a fallu détacher la valise du porte-bagages et en extirper un tee-shirt propre.  Heureusement que j’avais tout bouclé hier soir.

 

6 heures du mat. Nous approchons de Paris, la circulation devient dense. Les enfants se chamaillent et Alice s’énerve. Moi, je reste zen même quand Olivia crie que le chien a pissé sur ses pieds. Impossible de m’arrêter ici. Je  promets : je ferai un arrêt sur la première aire d’autoroute afin que ma fille chérie puisse se laver les pieds.

J’sais plus me retenir !

Ca, c’est Sébastien qui crie comme un porc qu’on égorge. Qu’est-ce qu’il croit ? Que je vais m’arrêter sur la bande d’arrêt d’urgence pour qu’il puisse satisfaire son besoin le plus pressé. Il a treize ans, merde, sa prostate fonctionne bien, il peut attendre, non ?

 

14 heures. Il y a longtemps qu’on a passé Paris. Le chien a pissé trois fois sur des aires d’autoroute, Sébastien aussi. Olivia, elle, continue de râler toute seule. Le petit s’est endormi.

Ma fille a 18 ans et considère qu’elle n’est plus obligée de nous accompagner dans « ce bled pourri » ! C’est beau, l’Ardèche, pourtant ! C’est calme ! On est loin de tout, loin du bruit de la ville, de la circulation, de la pollution. Aucun des arguments qu’avance sa mère ne fait mouche. Ce bled est pourri, un point c’est tout. Ses copines vont au club Med et ça fait belle lurette qu’elles n’accompagnent plus leurs parents en vacances.

Il faut bien que tu ailles voir ta grand-mère de temps en temps, lui réplique sa mère.

Je l’avais oubliée, celle-là. Mais comment ai-je pu ? Dans l’euphorie du départ, j’avais complètement occulté le fait que nous allons passer un mois chez belle-maman, celle de la marmelade d’orange. On revient chaque année avec un chargement de victuailles diverses : marmelade, compote, confits, sans oublier les châtaignes qui datent de l’année d’avant car, des châtaignes, en juillet, on n’en trouve pas, même dans ce bled pourri. C’est vrai qu’il est pourri, ce bled, et puis, la bouffe de ma belle-mère me donne mal au ventre. Tiens, rien que d’y penser, j’ai des crampes d’estomac. Là-dessus, je ralentis l’allure. A quoi ça sert d’arriver tôt, hein ?

 

18 heures. Nous sommes arrivés à Thueyts.  J’aperçois déjà la maison de mes beaux-parents. Tiens, ma belle-mère n’est pas sur le pas de la porte. D’habitude, elle est là, debout, sur le seuil à guetter notre arrivée. Comme si on allait arriver plus vite comme ça. D’habitude, dès qu’elle voit la voiture, elle rentre. Ben, oui, elle va réchauffer le bon petit plat qu’elle nous a préparé. Ça creuse la route !

Maman, fallait pas te donner tant de mal, lui dit Olivia.

Elle est peut-être morte, dit Olivia.

Tais-toi, hurle Alice.

On sort précipitamment de la voiture, on ouvre la porte de la maison et on trouve mon beau-père en larmes dans son fauteuil. Sur la table, une lettre qu’il nous désigne.

Alice l’arrache, je jette un coup d’œil  par-dessus son épaule.

Ma mère est partie, dit-elle en s’asseyant sur des chaises en bois de la cuisine.

Elle est partie en vacances ? demande innocemment Sébastien.

Elle est partie, répond mon beau-père, partie, avec un autre.

 

1er août, 4 heures du mat. Nous sommes repartis. Nous avons passé tout le mois à chercher ma belle-mère. Nous sommes allés partout : chez ses amis, dans la famille de ma femme, même chez les commerçants du coin. Personne ne l’a vue, disparue la belle-mère. Je ne peux pas dire qu’elle m’ait manqué mais bon j’aurais bien aimé passer mon mois de congé à autre chose qu’à jouer à Sherlock Holmes.

 

18 heures, même jour. Nous arrivons en vue de notre appartement. La fenêtre de notre chambre est ouverte.

On a été cambriolé ! me lance Alice.

On descend rapidement de la voiture. Une tête passe à la fenêtre, un buste se penche, une voix s’adresse à nous : « Il est petit votre appartement. A cinq, il faudra se serrer un peu. »

C’est pas vrai, elle n’a quand même pas décidé d’habiter chez nous ? .

 

Publié dans concours

Partager cet article
Repost0