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Concours : "Catastrophe, les envahisseurs approchent !" Texte 5

Publié le par christine brunet /aloys

LES ALGUES VERTES



 

C'était un lundi d'été, de la fenêtre de sa chambre, Véronique observait la piscine de la maison voisine lorsqu'elle remarqua sur une grande partie de sa surface des sortes de longs rubans verts et des formes ovales d'un vert un peu plus soutenu. "Ils ont encore fait la fête, pensa-t-elle. Et voilà que l'on retrouve ici et là des serpentins et des gros confettis verts. Jusqu'où iront-ils dans leur négligence ? Pourquoi n'avaient-ils pas recouvert leur piscine comme ils le font quand ils reçoivent des gens accompagnés de bambins ?"  

"C'est quand même bizarre que je n'aie rien entendu", constata-t-elle après un bon moment de réflexion. "Après tout ce n'est sans doute pas aussi grave que je l'estime. Je n'évalue sans doute pas correctement le problème. Ils ont encore voulu faire dans l'originalité. Il suffira peut-être qu'ils tirent sur des fils que ma vue trop imprécise ne me permet pas de distinguer pour enlever tout ça. Mon début de cataracte me joue probablement encore un vilain tour", finit-elle par conclure, choisissant de ne pas s'enliser dans des réflexions stériles et de passer à autre chose. 

Véronique avait près de quatre-vingts ans et elle était veuve. Elle n'appréciait guère ses voisins. Ils n'avaient pas du tout le même mode de vie que le sien. Ils étaient jeunes, désinvoltes, bruyants. Ils garaient leur voiture devant sa propriété, même devant son garage. Ils déposaient leurs poubelles sur le trottoir d'en face. Ils laissaient leur chat s'installer où bon lui semblait dans son jardin ou sur sa terrasse sans jamais tenter de le rappeler. Leur chat avait ainsi déjà cassé des verres restés sur la table de la terrasse.      

Véronique ferma la fenêtre et partit se balader le long de la rivière située à quelques kilomètres de chez elle avec l'intention de prendre des photos. Arrivée sur le chemin de halage, elle s'étonna de voir les mêmes rubans verts que ceux qu'elle avait observés chez ses voisins. Certains se trouvaient sur l'eau, d'autres sur les berges. À cet endroit, il ne pouvait être question de serpentins et de confettis lancés par les voisins et encore moins de motifs décoratifs. Quant à son problème de vue, comment aurait-il pu occasionner une déformation de sa perception de cet environnement sans avoir eu d'incidence sur celle des jardins et des péniches ? 

Les hypothèses affluèrent des plus loufoques aux plus probables ! Avait-on affaire aux retombées d'incivilités en rapport avec le cortège folklorique du week-end, à une pollution liée à l'utilisation d'engrais, à un sabotage orchestré par un groupuscule quelconque ou à une façon d'interpeller d'écologistes originaux ?  

Malgré la chaleur, Véronique se mit à frissonner lorsqu'elle constata qu'il y avait des traces vertes sur le cuir blanc de ses baskets… Ces baskets, il était certain qu'elle ne les enlèverait qu'avoir avoir passé des gants, qu'elle les emballerait ensuite dans du papier journal avant de les placer dans un sac poubelle ou mieux qu'elle les brûlerait…  

Véronique prit peur et resta perplexe. Elle ferma les yeux. Elle imagina qu'une pellicule verte recouvrait les trottoirs, les pièces d'eau, les fontaines, les boulevards de la ville toute proche. Elle se représenta les toits parés d'un tapis végétal vert. C'était une catastrophe !  

Quand elle rouvrit les yeux, il lui sembla que les rubans verts avançaient tels des serpents et que les formes ovales gonflaient. Elle voulut prendre des photos, mais elle n'y parvint pas tant elle tremblait. 

Elle aurait souhaité crier, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Surtout ne pas rester là, exposée à ces choses qu'elle n'arrivait pas à nommer. Surtout s'abstenir de toucher une seule de ces choses !  

Prenant le risque de tomber, Véronique pressa le pas pour rentrer au plus vite chez elle. 

Sitôt franchi le seuil de sa villa, elle se brancha sur la radio régionale. On y alertait les auditeurs à propos de la prolifération d'algues vertes. Ce phénomène était supposé consécutif au retour dans la région d'une troupe de scouts partie en vacances dans une cité balnéaire d'un pays limitrophe. Selon le journaliste, la cité balnéaire dont il était question avait été aux prises avec le phénomène dès la fin du printemps. Les autorités communales y avaient adopté des mesures strictes pour évacuer des tonnes d'algues et obligeaient le personnel à revêtir une combinaison et un masque protecteurs pour s'en approcher. On évoquait la conséquence d'imprudences répétées d'adolescents ayant franchi une zone pourtant devenue interdite d'accès au public. Par ailleurs, on pouvait aisément localiser les territoires où habitaient les scouts incriminés, car ceux-ci étaient à première analyse tous plus ou moins contaminés. 

En s'informant un peu, Véronique apprit que ses jeunes voisins avaient des parents parmi ces scouts. 

Le jour même, tous les journaux télévisés, tous les bulletins d'information des radios nationales, toutes les gazettes en ligne évoquaient le phénomène. Les réseaux sociaux s'emballaient. Les suppositions étaient aussi nombreuses que variées. 

Le lendemain, toute une équipe d'hommes harnachés comme des cosmonautes nettoya la piscine des voisins.  

Bientôt, on évoqua la présence de ces algues à d'autres endroits dans le pays et dans d'autres pays voisins. Cette apparition n'avait plus guère de limites. 

Pour Véronique, il s’agissait bel et bien d’une invasion. Entendre ou lire sur la toile les propos de journalistes et de scientifiques à ce sujet la rendait comme folle. Elle aurait voulu échapper à tout cela en s'abandonnant à un long, très long au sommeil même si ses sommeils  n'étaient désormais plus peuplés que de cauchemars. Dans ses rêves, elle se voyait habillée d'algues, se nourrissant d'algues, vomissant des algues, marchant sur des algues, tombant sur des algues. Un jour, d'un geste, en absorbant juste une pilule, Véronique mit fin non pas à l'invasion d'espaces par les algues, mais à l'invasion de sa tête et de son cœur. 

 

Publié dans concours

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Concours : "Catastrophe, les envahisseurs approchent !" Texte 4

Publié le par christine brunet /aloys

Il n’y aura pas de parthénogenèse




 

    Jirons, l’élu, intégra l’impulsion du vaisseau. Il s’accroupit et d’un geste vif (parce que le temps basculait), il souleva la grille phosphorescente, celle du laborultima. Il descendit alors à toute vitesse (parce que le temps basculait), les cent quarante-quatre marches. En hyperconscience, il décrocha et enfila sa combinyloxygénérante en ayant soin de ne pas la déchirer (parce que le temps basculait) car c’était un modèle unique tissé pour ce jour J. Derrière lui, des forêts alanguinaires, des champs de blémarites, des étangs visqueux sur lesquelles surnagent des blobs et de vastes terres grippavores asséchées depuis la dernière nuclitorffe. Ensuite il plongea dans le liquide tiède et bleuté qui tourbillonnait vivement à cette heure tardilunaire. Jirons, l’élu, était de plus en plus excité car depuis le temps qu'il attendait ce jour J et cet instant XYA, il n'y croyait plus (et aussi parce que le temps basculait). C'était gravé pourtant dans chaque écran et à chaque quadrilunaire, ça clignotait au dimillième, aveuglant même les derniers unisextérilisables. Donc l'instant XYA, pour Jirons, l’élu, c'était une ascendation qui devait surgir absolument (parce que le temps basculait) d’un moment quadrilunaire à l’autre. 

    Après une dizanane de suositez et toujours en état d’hyperconscience, il était debout devant la Grotalib. Il appuya la paume de sa main droite contre un amaglandé de codes hyéroglyphés et un anneau de la Grotalib lui souffla son nom, Jirons donc, l’élu, et lui instilla « in sangui veritas » une autorisation pour pénétrer dans l’allée centrale (parce que le temps basculait) d’où s’innervaient les labyrinthes bunkèrisés qui alimentaient le dodécagynécée.

    Une fois propulsé dans l’épicentre de l’allée centrale, il souleva son bras droit et renversa sa main droite de façon à ce que sa paume reçoive les rayons omégastrom et que la séquence alpha du processus démarre (parce que le temps basculait). Une terrible détonation se fit alors entendre et des fumées s’échappèrent des labyrinthes bunkérisés. Des bruits sourds ne cessaient d’atteindre les tympans de Jirons, l’élu. Celui-ci s’écroula et son corps entier se fondit dans les mailles serrées de sa combinyloxygénérante. 

    Douze créatures apparurent, se libérant entre elles des algues et des champignons polypores qui les maintenaient en survie. La plus grande d’entre elles ramassa la combinyloxygénérante et l’accrocha à une exostose d’une des parois qui entourait la tribu terrienne (parce que le temps basculait). 

    La Grotalib s’ouvrit par le dessus et on vit dans le ciel rougeâtre une sphère phosphorescente qui s’approchait, c’était le vaisseau dans lequel treize créatures extraterrestres attendaient depuis des lames-lumières cet instant XYA. 

    L’histoire d’un nouveau monde pouvait commencer. Parce que le temps basculerait bientôt.

 

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Concours : "Catastrophe, les envahisseurs approchent !" Texte 3

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

Les criquets de l’Est

Aurélien regarde ses champs. Le froment a bien poussé cette année : il y a eu de la pluie ou du soleil, juste quand il fallait. Il a rarement connu une si bonne alternance climatique. De quoi se réjouir, d’autant que le prix des semences a bien augmenté cette année, vu la conjoncture. 

Il a le cœur voilé, pourtant. Pas parce que Marion sa femme est à nouveau malade, cela il s’y est habitué, depuis les années, elle ne supporte pas les variations de températures, qui n’ont cessé de s’accentuer. Au début, ce fut difficile de tenir la ferme sans elle, mais les enfants ont grandi et ils lui sont d’une aide appréciable ; ils ont hérité de sa vigueur, Dieu merci.

Il passe la main sur les grains, dans quelques jours il pourra moissonner, ils seront à maturité. Il doit encore un peu attendre, avec le blé il ne faut pas anticiper. 

En écoutant la radio, il a eu un gros coup de blues. D’ordinaire, les secousses du monde et de son pays l’indiffèrent, il a bien trop à faire avec les bêtes et les cultures. Mais là, c’est autre chose.

On annonce qu’en Sibérie, les criquets ont proliféré, fin de saison. Ce sont des mutants, des criquets géants, qui se reproduisent à répétition. Avec la chaleur qu’il fait là-bas (42 degrés de moyenne ce mois) et l’humidité provenant de l’évaporation de surface du Lac Baïkal, ces insectes se sont multipliés. Une estimation prudente des autorités russes chiffre à plus de sept cents milliards le nombre de ces insectes. Ils ont tout ravagé en Sibérie et poussés par un désastreux vent d’est, ils ont déjà traversé le Kazakhstan et sont entrés en Ukraine. Ils auront de quoi s’occuper dans le grenier de l’Europe, mais leur voracité est insatiable : plus ils mangent, plus ils grossissent, plus ils grossissent, plus ils mangent.

On redoute qu’ils viennent par ici et si ça arrive, ce sera fichu pour ses récoltes, les criquets vont tout bouffer. Ses voisins partagent ses appréhensions. S’il pouvait, il mettrait bien du pesticide, mais depuis quelques années, c’est interdit, le bio est devenu obligatoire. Les amendes en cas d’infraction sont trop salées pour s’y risquer. Il en a marre de tous ces écolos !

Il va se coucher, il n’y a rien à faire, de toute manière. On verra ça demain. Marion est déjà au lit, endormie, elle ronfle doucement. Aujourd’hui, il a vu dans ses yeux qu’elle sait sa fin proche. Il entend les enfants qui jouent aux cartes et envie leur insouciance. 

Mâchant son pain au lever du soleil, il allume le poste. Les criquets sont arrivés dans le centre de l’Allemagne. Il a ouvert une carte et tracé une ligne, ils sont pile en direction de chez lui. Difficile de prévoir précisément quand ils viendront : cela dépend de la nourriture qu’ils trouveront sur leur chemin.

Il allume la télévision. On ne parle que de ça. On voit des images du ciel dégagé puis, lorsque les criquets entrent dans la zone de la caméra, c’est off, le soleil est coupé et il fait tout noir. On entend un paysan allemand expliquer qu’alors la température chute brutalement, tant l’ombre est dense.

Il allait éteindre, dégoûté, lorsqu’un journaliste évoque que le vent pourrait tourner, il tend légèrement au Nord-Est.  On verra.

La journée passe, sans grand changement : les criquets se posent, mangent et repartent. Ils sont encore loin, mais ils approchent, à peine déviés par le vent.

Aurélien va se coucher. Il regarde Marion endormie ; des images d’elle lui traversent l’esprit, quand elle était jeune et vigoureuse. Comment fera-t-il pour tout payer, s’il perd ses plantations de l’année ? 

Un voisin a suggéré d’allumer des feux, mais il n’y croit pas, ils sont trop nombreux et il y a le risque de tout faire cramer.

Après quelques heures de mauvais sommeil, il se lève. On n’entend rien dans la ferme, hormis les vaches dans l’étable, qui secouent leurs chaînes.

Il cherche des informations. Son cœur bondit : le vent a tourné au sud-ouest, très soutenu, c’est presque un vent de tempête.  Quelqu’un explique sérieusement que cette inversion du vent provient des criquets qui, refroidissant l’atmosphère, ont provoqué un fort changement de pression atmosphérique. Un fake, sans doute.  Par contre, un ouragan semble bien se préparer à la frontière. Une autre source d’inquiétude …

Quelques heures ont passé, quand il apprend que les criquets ont été violemment éparpillés dans l’atmosphère par le typhon, le danger s’est éloigné. Le cataclysme est resté localisé à la frontière et le temps est revenu au calme, un calme insolite. Tout s’est neutralisé.

Il pense à sa chance : il pourra vendre son grain à prix d’or, c’est la loi du marché et il s’en frotte les mains. Il ne voit rien de mesquin à cette pensée, il sait trop bien que c’est chacun pour soi. 

C’est passé tout près … la prochaine fois, il va déguster. En attendant …

 

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Concours : "Catastrophe, les envahisseurs approchent !" Texte 2

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

La Colère des Etoiles 

 

  Dans la nuit noire, sous le regard silencieux de la lune, des étoiles de colère volèrent en éclats. Gigantesques et difformes, pareils à des feux d'artifices aveuglants et dégoulinants dans l’obscurité. Le ciel tonna si fort et si longuement que toutes les pierres du village d’Alghadiba se mirent à trembler. Du plus bel édifice à la plus petite chaumière. Les anciens implorèrent la clémence des cieux. Les plus jeunes se précipitèrent, apeurés, dans les couches parentales. C’est ce que fit le petit Aziz, élevé seul par son père, dans un appartement perdu au septième étage d’un immeuble sans ascenseur.

  - Papa, papa, c’est quoi tout ce bruit, j’ai peur ! 

  - Mais non, ne t’inquiète pas, je suis là.

Le cœur de l’enfant battait si vite qu’il en perdait le souffle.

  - Tu sais, mon chéri, on pourrait croire que le vacarme se joue au-dessus de nos têtes, mais non. C’est bien plus loin.

  - Loin comment ?

  - Très loin. Au moins à trois villages d’ici.

- Ah bon ? Comment tu le sais, papa ?

- Ah, ah… Pour tout te dire, je sais même ce qui se passe précisément, mais c’est un secret. 

- Dis-moi, papa ! S’il te plaît, dis-moi !

- Bon d’accord, mais tu dois me promettre de ne rien dire à personne. Même pas à tes camarades de classe.

- Promis !

- Alors, voilà : un film est en train d’être tourné dans notre beau pays. Te rends-tu compte, mon chéri ? Un film de science-fiction, à grand spectacle, et je peux même te dévoiler le titre, si tu veux.

  - Oh oui, dis-moi, papa !

  Le père tourna la tête à gauche, tourna la tête à droite, follement suspicieux, puis s’approcha de l’oreille de son fils, et chuchota :

  - La Colère des Etoiles.

  - Pour de vrai ?

  - Bien sûr, pour de vrai.

- Est-ce que ça ressemblera à la Guerre des Etoiles ?

- Un peu, mais en bien plus incroyable. Mais souviens-toi, tu m’as promis...

  Un tonnerre assourdissant interrompit la conversation, fit trembler la fenêtre de la chambre et, en ricochet, le corps du petit garçon.

- N’aie pas peur, mon chéri. Tu sais, quand le tournage sera terminé, nous serons tous invités à l’avant-première. Je le sais de sources sûres, et ce sera formidable, tu verras.

  Dans la douceur du mensonge et les bras de son père, le petit Aziz finit par s’endormir.

 

  Aux premières lueurs du jour, plus rien. Comme si tout n’avait été que le songe d’une mauvaise nuit d’été. Comme un coude-à-coude entre guerre et paix. 

A la faveur du cessez-le-feu, chacun continuait à travailler et étudier. Vivre. Presque normalement. Mais une fois le soleil au crépuscule, les bombes ressurgissaient, plus proches et menaçantes au fil des nuits. 

Une semaine après les premières détonations, un homme toqua à la porte du père de famille attendant que son fils rentre de l’école. Il avait le visage blême et la voix chevrotante. 

- Mon ami, à partir de ce soir, nous n’avons plus le choix, il faut que nous passions nos nuits au sous-sol. 

Un défilé de matelas et de couvertures emprunta l’escalier étriqué jusqu’à l’abri supposément protecteur. Une ampoule solitaire éclairait la pièce. Les regards se perdaient dans la peur et le silence. 

  Au bout d’une heure, à pas de souris, le petit Aziz s’approcha de son père et, les deux mains en accolade, pour que personne ne l’entende, il l’interrogea :

- Papa, tu crois pas qu’on peut le dire maintenant, le secret ? Regarde, ils s’inquiètent tous pour rien.

  Et sur un ton plus feutré encore, le père répondit :

- Surtout pas, mon chéri. S’ils apprennent pour le tournage, tous se rueront sur le plateau, des centaines puis des milliers de personnes, et dans la foule, inévitablement, certains seront bousculés, piétinés, voire pire. Tu comprends, mon chéri, qu’il ne faut surtout rien dire ?

- Bon, d’accord.

  Aziz tint parole le premier soir, mais le deuxième, il se confia à Youssef qui la nuit suivante se confia à Louna qui la nuit suivante se confia à Mehdi. Et ainsi de suite, jusqu’à constituer une unité bien soudée. L’ensemble des enfants. Tous chuchotaient, imaginaient des scènes homériques, maniaient des sabres laser et commandaient des robots déjantés. Dans leurs yeux, l’innocence de l’enfance brillait à nouveau.

Mais la réalité approchait. 

Une nuit d’orage parmi tant d’autres, la porte de l’abri fut forcée.

Quatre hommes en tenue militaire, cagoulés et armés de fusils d’assaut. 

Le plus grand s’avança d’un pas et ordonna :

- Si Mamoud Maloudi est l’un de vous qu’il se dénonce, sinon vous serez tous exécutés.

- C’est moi.

  Le père du petit Aziz ne s’appelait pas Mamoud Maloudi, mais il se leva. 

Avant de quitter la pièce, il s’agenouilla devant son fils et lui offrit un dernier secret : 

C’est juste un rôle pour le film, mon chéri, et je suis heureux de pouvoir l’avoir.

 

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Concours : "Catastrophe, les envahisseurs approchent !" Texte 1

Publié le par christine brunet /aloys

Au secours ! Les Aliens débarquent ! 

- Les Aliens vont débarquer dimanche soir ! 

C’est ce que mon père a dit à ma mère en raccrochant le téléphone. 

- Quoi ? Mais c’est pas possible ! a répondu ma mère en levant les bras en l’air, ce qui n’était pas pour me rassurer. 

Catastrophe ! Moi, j’ai peur de tout depuis tout petit : des araignées qui tissent leurs toiles pour engluer leurs proies, des souris qui grignotent tout ce qu’elles peuvent se mettre sous la dent dans le grenier, des avions qui traversent le mur du son en faisant un boucan d’enfer, de l’orage qui éclate parfois sans prévenir et même de mon institutrice, madame Lenfer. Mon frère m’appelle le couillon ; il me traite de peureux, de couard, de poltron, c’est vous dire si tout le monde sait que tout me fait peur. Je n’en peux pas, je suis né comme ça. Il parait que je pleurais à chaque fois que ma grand-mère voulait me prendre dans ses bras quand j’étais bébé. C’est surtout sa barbe qui me faisait peur, en fait ! 

Que voulez-vous ? Je suis comme ça ! On ne change pas ! Je manque de courage, c’est comme ça ! Un simple regard peut me foutre la frousse comme celui que me lance parfois Lenfer. A l’école, je fais bien attention de ne pas faire de bêtises pour ne pas attirer ses foudres sur moi. 

Mon copain, Mohammed, se paye souvent ma tête. Il me raconte des histoires inimaginables de monstres, de sorcières, de vampires ou d’extraterrestres. Ça, c’est ma pire crainte : que des êtres venus d’ailleurs nous envahissent ! Je les imagine avec six yeux globuleux, deux antennes, une trompe, une couleur hideuse, quatre mains aux doigts crochus, avec leurs armes intergalactiques telles que me les décrit Momo, fan du jeu vidéo Fortnite. Rien que d’y penser, j’en tremble ! 

Aux jeux vidéo violents j’ai toujours préféré les livres. Oh ! Pas n’importe lesquels ! Pas les mangas avec leurs affreuses images ! Pas les livres de contes avec leurs sorcières, leurs fées parfois maléfiques, leurs loups qui dévorent les grand-mères ou leurs pommes qui empoisonnent les jeunes filles. Moi, ce que j’adore, ce sont les histoires d’amour. Oui, je sais, je n’ai que huit ans, mais je pique à ma mère des romans qui racontent l’amour. Elle en est folle. Des histoires d’amour à l’eau de rose, comme dit mon père en se moquant d’elle. J’ai lu une bonne partie de la collection Harlequin, mais ça, maman ne le sait pas ! 

Comme j’adore lire, papa m’achète souvent des livres. J’ai presque toute la collection des « Chair de poule ». Je n’en ai lu aucun ! Je chiffonne un peu les pages pour que papa s’imagine que je les lis, ses livres d’horreur. Lui, il adore Stephen King et Maxime Chattam ! Jamais un de ces auteurs ne fera irruption dans ma chambre ! Je le jure ! 

Mon frère, lui, il dévore toutes les histoires d’extraterrestres. Il n’attend que ça, lui, que les aliens débarquent chez nous. Moi, à la rigueur, j’accepterais de cacher ET dans ma chambre, c’est un extraterrestre gentil, lui, même si son aspect physique me fait peur, mais c’est tout. Mon frère m’a emmené voir les Gremlins au cinéma, soi-disant que personne ne peut manquer ce chef-d’œuvre du cinéma ! Quelle horreur quand ces gentils nounours se transforment en monstres sous l’effet de l’eau ! J’en ai fait des cauchemars pendant des mois ! 

Yvan, mon frère, lui, vous pouvez être sûr que le débarquement des aliens dimanche, ça va le réjouir ! Il est prêt à les affronter depuis tant d’années ! 

Moi, je vous le dis, dimanche, je ne serai pas là. Je vais me cacher là où personne ne pourra me trouver ! Il faut que je me trouve une cachette sûre, un endroit que les aliens ne visiteront pas. Pas le grenier à cause des souris, pas la cave à cause des araignées. Pas dans le chêne centenaire du jardin. Il y a sûrement des hiboux qui hantent ces lieux la nuit. 

A bien y réfléchir, je ne peux pas me cacher dans un endroit sombre. J’aurais trop peur du noir qui me tomberait dessus (je dors avec une veilleuse, autre sujet de moquerie de mon cher frère). 

Où vais-je donc pouvoir me réfugier lorsque ces monstres attaqueront ? Je n’ai, en tête, aucun endroit où je me sentirais en sécurité ! 

J’entends maman qui téléphone. A qui parle-t-elle ? Au ton qu’elle emploie, elle parle à sa mère, vous savez celle qui me fait peur avec ses poils au menton. 

« Tu te rends compte ? Les Aliens ! Ici ! Mais que vais-je bien pouvoir leur préparer comme repas ? »

Elle est devenue folle, ma mère ou quoi ? Elle compte les nourrir, ces monstres ? Pourquoi ne pas en faire l’élevage tant qu’elle y est ! Je voudrais bien la voir en train de préparer du couscous (le seul plat qu’elle réussisse plus ou moins) sous les six yeux d’insectes de ces envahisseurs ! Elle pense peut-être les amadouer avec sa semoule de blé dur arrosée d’un bouillon aux légumes terrestres ! 

Une chose est sûre, elle a l’air paniquée. Elle griffonne sans cesse sur un carnet posé là, exprès, près du téléphone, pour les conversations stressantes. 

Papa, lui, comme à son habitude, est cool de chez cool. Il lit « Un bébé pour Rosemary ». Je m’approche pour lire le nom de l’auteur : Ira Levin, je ne connais pas. Un feel good ? Ça m’étonnerait que mon père lise ça ! A moins qu’il ait piqué un roman à ma mère…

Est-ce que j’oserais lui parler des aliens et de ce qui va se passer dimanche soir ? Sûr qu’il va encore se moquer de moi et me traiter de ballot, de crétin ou de nouille. Je vais plutôt lire les infos sur Internet. Si des extraterrestres ont décidé d’envahir la planète ce week-end, toutes les chaînes doivent en parler. Eh bien ! Figurez-vous que je ne trouve aucune trace de cette info ! C’est donc un canular ? Pourtant, maman a l’air d’y croire dur comme fer et n’a pas l’air rassurée. Elle gesticule comme un pantin en parlant à sa mère au téléphone. 

Tiens, voilà Yvan qui rentre. Depuis quelque temps, il sort souvent et rentre de plus en plus tard. Les week-ends, c’est à peine si on le voit. Je le soupçonne d’avoir une nouvelle petite amie bien qu’il s’en défende. 

Mon père lâche son livre et s’adresse à mon frère : « Mon gars, je te préviens, dimanche soir, pas question que tu sortes ! Et tu enlèveras tes piercings, tu cacheras les tatouages de tes bras avec des longues manches et tu mettras le costume qu’on t’a acheté pour le mariage de ton cousin, pas ce jeans troué que tu as dû trouver dans une poubelle ! »

- Pourquoi ? l’interrompt mon frère. Il y a un événement particulier dimanche ? Vous fêtez vos noces d’or ?

- Pire que ça ! répond mon père en regardant Yvan droit dans les yeux. Les Aliens débarquent ! 

- Mais papa ! s’écrie mon frangin. Tu sais bien que je déteste tes patrons ! Monsieur et Madame Aliens sont les pires monstres qui existent ! 

 

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Résultat concours "Je me suis perdu(e)"...

Publié le par christine brunet /aloys

 

Texte 1 : Philippe Desterbecq

Texte 2 : Micheline Boland

Texte 3 : Christian Eychloma

Texte 4 : Gabriel Rasson

Texte 5 : Carine-Laure Desguin

Texte 6 : Séverine Baaziz

Texte 7 : Edmée de Xhavée

Texte 8 : Claude Colson

 

Et l'auteur gagnant est... 

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Dernier texte de notre concours ! Vous avez jusqu'au 24 juillet pour voter sur cette page. Résultats sur cette page le lendemain !

Publié le par christine brunet /aloys

Dernier texte de notre concours ! Vous avez jusqu'au 24 juillet pour voter sur cette page. Résultats sur cette page le lendemain !

Je ne me sentais pas bien dans cette rue sombre. Jamais je n’étais venu dans ce quartier. Il était sale, très mal éclairé et une odeur pestilentielle régnait à la ronde. Des rats couraient dans le caniveau. Un nuage passa et cacha la lune ; l’obscurité devint presque totale ; j’avais vu les silhouettes des SDF presque se ruer sur une personne qui m’avait précédé avant de disparaître à toutes jambes.

Ils faisaient tinter leur sébile, en quête de quelque obole. Je frissonnais, mais ne pouvais plus faire demi-tour. Soudain la lune reparut et je vis à cinquante mètres de moi un de ces pauvres bougres me tendre ses mains, sur les paumes desquelles était écrit FAIM et PAIN. J’étais interloqué. Pourquoi ne parlait-il pas ? Peut-être était-il muet ? Je n’avais pas trop envie de lui donner mon argent quand déjà les silhouettes de ses compagnons d’infortune approchaient. Une sorte de panique monta en moi ; j’avalais ma salive et un goût âcre m’emplit la bouche. L’odeur perçue tout à l’heure venait de ces gens, il n’y avait pas de doute. L’hygiène leur était inconnue ou plutôt impossible. La sueur commençait à me glacer le dos ; j’étais en mauvaise posture. Mon corps était comme paralysé. J’essayais de lutter contre l’inévitable terreur qui allait s’emparer de moi.

Personne à la ronde. Toutes les fenêtres, soigneusement closes, ne laissaient filtrer aucune lumière. Je songeais à mon épouse qui devait se demander pourquoi je n’étais pas rentré à cette heure. Je m’apprêtais à frapper l’homme aux mains tendues pour me dégager et filer droit devant, lorsque je sentis deux manches crasseuses me saisir par les épaules. Mon heure était venue. L’odeur était intenable.

Je me retournai et vis un gars en loques qui me souriait ; Monsieur, dit-il, en arrivant vous aviez les mains dans les poches et en les sortant votre montre bracelet s’est détachée de votre poignet. Vous ne pouviez pas entendre car elle est tombée juste sur une grosse merde de chien. Je l’ai nettoyée comme j’ai pu, ce n’est pas parfait, mais la voici ! Vous ferez mieux chez vous.

J’étais sidéré ; ces misérables me venaient en aide. La honte me gagna aussitôt. Dire que j’aurais préféré leur refuser la moindre piécette ! j’étais devenu un salaud à mes propres yeux. Heureusement la nuit cacha le rouge qui m’était monté au visage.

Je les remerciai, ouvrit mon portefeuille et leur donnai les cinquante euros qui s’y trouvaient, regrettant de ne pouvoir faire plus pour eux, mais je me promis de repasser régulièrement ici pour prendre de leurs nouvelles et renouveler mes dons.

Je repartis confus mais heureux de cette leçon de vie qu’ils venaient de me donner ; je me promis d’être dorénavant moins con.

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Concours pour le hors-série de la Revue, Les petits papiers de Chloé dans le sous-thème " : "Je me suis perdu(e)/désorientation" Texte 7...

Publié le par christine brunet /aloys

Catastrophe - Je me suis perdue

 

On m’avait bien dit que si j’épousais Albert – dit Bébert – je serais sur la bonne voie. Moi il ne me disait rien du tout, je le trouvais encore plus laid que les autres membres de sa famille, et dans le village on les surnommait Les repoussants. Il était le plus repoussant, et pour qu’on me lise jusqu’au bout, je ne veux écœurer personne en le décrivant. 

 

Mes parents n’ambitionnaient que ça : s’unir avec la famille des repoussants, car s’il y avait une chose qu’ils ne repoussaient pas, c’était l’argent. Et quel parent ne rêve de voir sa fille le derrière dans le beurre ? Ses petits-enfants nés avec la cuiller d’argent dans la bouche édentée ? De faire un tour en voiture avec le jeune couple certains dimanches, le chauffeur amidonné jusqu’aux coudes et fleurant l’after-shave souriant avec distinction en refermant la portière ? 

 

Donc je me suis retrouvée auprès d’Albert devant l’autel, heureuse de ce que mon voile épais me dissimulait un peu son visage évoquant la lune : couvert de cratères, déserté du moindre poil (qui aurait eu le mérite d’en cacher une abondante moitié…), avec deux globes rougeâtres gélatineux entourés de cils couverts de croûtes. Il n’y avait eu aucune « cour », aucun bouquet de fleurs, juste un accord soulagé des deux parties : caser leur monstre d’un côté, et gonfler les finances de la descendance de l’autre. Peu s’étaient souciés d’imaginer que je devrais, pour assurer cette bienheureuse descendance, vivre une rencontre plus effroyable que s’il s’était agi du minotaure.

 

Trouver ma voie… là j’étais tout à fait perdue. Sois une maîtresse de maison irréprochable, insistait sagement ma mère. Et je recevais la gentry locale, leur offrais des pastilles de menthe ou Rennie quand je les voyais pâlir à la vue d’Albert curant dans son nez ou ses oreilles avant de leur offrir une dragée. Je laissais une puissante eau de Cologne dans le cabinet de toilette pour que les dames aient la sensation de se désinfecter après son baise-main vorace. J’augmentais le volume musical pour couvrir les pétarades de ses flatulences et rots. Bref, j’étais perdue. 

 

Mes enfants… les pauvres, le petit Octave avait hérité des pustules paternelles, et Angélique, elle, bénéficiait de tout le système pileux que son père n’avait pas. Si un jour on voulait la marier il faudrait épiler ses sourcils du front aux joues et sa moustache à la tondeuse. 

 

J’étais vraiment perdue. 

 

Instruis-toi, me conseilla mon père, ça te changera les idées

 

Alors je m’instruisis. Et je me perdis encore plus, mais alors là, sur des voies enchantées qui me parlaient de libération, de jours radieux. Je lisais les recueils de recettes d’empoisonneuses célèbres (le petit guide culinaire de La Montespan étant excellent, bien que l’omelette à la Violette Nozière m’ait attirée presqu’irrésistiblement…). En m’égarant dans ces rêveries toxiques, il me semblait bien retrouver un chemin qui me « déperdait ». Le chemin de l’espoir. Albert et moi resterions ensemble jusqu’à ce que la mort nous sépare, oui, mais je pouvais inviter la mort à notre table. Octave et Angélique pleureraient bien un peu au début, c’est vrai, mais les enfants, c’est ingrat, et ça a la mémoire courte. 

 

Après m’être exercée avec les chiens de chasse de Bébert, et puis cette petite idiote de Fanchon qui cassait toutes les porcelaines de Saxe en époussetant – sa famille est même venue la chercher pour l’enterrer dans son village, bien plus pratique que pour les chiens que j’ai dû enterrer de nuit dans les marais, laissant Bébert les appeler pendant des jours – ma technique était au point, et j’ai préparé un vol-au-vent aux amanites phalloïdes pour un petit repas servi en tête à tête dans le bureau de mon époux boutonneux, annonçant que je me contenterais d’un simple verre de vin car je n’avais pas d’appétit. 

 

Vous vous égarez, Marie-Philippine, vous vous égarez. Ces champignons ne sont absolument pas des girolles et morilles, mais des amanites phalloïdes. Vous n’y connaissez vraiment rien à rien, comme je le supposais depuis longtemps déjà. Je m’en vais donc commander en cuisine un repas plus sain. Mais que ça ne vous retienne pas de boire votre coupe de vin, je l’ai fait monter de la cave spécialement pour vous… 

 

Bisque ! Bisque ! Rage ! Bon, je m’y reprendrai mieux la prochaine fois. Un dessert, peut-être… L’arsenic a un goût qui se mêle parfaitement aux desserts, c’est une bonne idée. Oh ciel que la perspective de ne plus subir les assauts de Bébert, de ne plus avoir le museau embué de son haleine septique… quoi de plus beau à l’horizon ? J’ai bu avec plus d’entrain qu’habituellement, et ai trouvé le vin râpeux, trop corsé. Un peu de fumée s’est formée devant ma bouche, et j’ai encore eu le temps de m’indigner : il m’a offert un vrai pique-rate, Bébert ! 

 

Bébert s’arrête à l’entrée du petit bureau, et lâche un rot méphitique, se gratte le bas du dos et sourit. Une fumerole monte de la bouche tordue de son épouse au sol, dont les lèvres sont carbonisées. Voilà ce qui arrive aux sottes qui se perdent dans des rêves trop grands pour elles. L’argent ne suffisait pas, il lui fallait ce qu’elle appelait le sex-appeal, le glamour, les manières de la haute. Toujours ce petit rictus écœuré en me regardant, ou en tenant nos magnifiques enfants dans ses bras. 

 

Non mais… 

 

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Concours pour le hors-série de la Revue, Les petits papiers de Chloé dans le sous-thème " : "Je me suis perdu(e)/désorientation" Texte 6...

Publié le par christine brunet /aloys

 

Tournent, tournent dans ma tête,

Ton sourire, ton visage et tes yeux ébahis,

Tes pieds qui gigotent et l’éclat de tes rires.

Ta peau douce couleur café

Et ta voix d’ange qui disait papa.

 

Tournent, tournent dans ma tête,

Les souvenirs, les regrets, les prières et les vœux,

L’attente et l’espoir, la douleur et l’angoisse.

Et cet avion qui décolle sans moi,

Mon enfant, mon amour, ne t’en va pas.

 

Tournent, tournent dans ma tête,

Je deviens fou, seul et perdu dans la foule.

Dans cette aérogare de gens qui s’étreignent,

Qui se retrouvent et qui s’aiment.

Mais toi, ma fille, es-tu là ?

 

Tournent, tournent dans ma tête,

Où es-tu ? Que fais-tu ? 

Sais-tu que tu manques à ton père ?

Sais-tu que chaque jour est un cri que je lance à la mer,

Derrière ces vitres poussiéreuses sans horizon,

Mon Dieu, dis-moi qu’un jour sa mère lui parlera de moi

Et que mon enfant reviendra.

 

 

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Concours pour le hors-série de la Revue, Les petits papiers de Chloé dans le sous-thème " : "Je me suis perdu(e)/désorientation" Texte 5...

Publié le par christine brunet /aloys

L’histoire rocambolesque du lecteur piégé

J’avais lu tous ses bouquins et du personnage principal de ses enquêtes, l’inspecteur Julos Greatmay, je connaissais tous les tics et les tocs. Alors, lorsque Dany Paun s’est excusé lorsqu’il me bouscula dans les chiottes du Salon du Livre de Paris, je lui ai dit, Je vous en prie, c’est un plaisir pour moi. Du coup, le célèbre écrivain a stoppé net sa trajectoire et m’a dévisagé, On se connaît ? m’a-t-il demandé. Pas vraiment, j’ai lu tous vos best-sellers et depuis, Julos Greatmay, c’est devenu un pote, j’ai répondu du tac au tac. Ah très bien très bien, venez m’expliquer tout ça, m’a-t-il lâché, vous m’intéressez. J’étais stupéfait de cette réaction. La conversation a continué à deux pas des toilettes, devant les vestiaires. Et donc les réactions et toutes les stratégies de Julos Greatmay n’ont plus de secret pour vous ? Ah j’ai dit ça comme ça, vous savez, j’ai répondu. J’irai droit au but … monsieur ? Manu Bakker. Eh bien monsieur Manu Bakker, je vous attendais ! Vous savez, j’aime les expériences et depuis quelque temps, une idée me trotte dans la tête. Je ne voulais pas lancer des appels sur les réseaux ou encore dans la presse. Aussi, voulez-vous expérimenter mon prochain manuscrit ? Je restais perplexe et Dany Paun a continué comme si cette situation était banale. Je m’explique. Je vous raconte les premières scènes de l’histoire et puis je vous mets en situation réelle et là, c’est vous qui déciderez de la suite des évènements, vous mènerez la barque. Puisque vous connaissez les réactions de Julos Greatmay face à l’une ou l’autre situation, vous pourriez les anticiper, non ? C’est-à-dire que … Dany Paun ne m’a pas laissé achever ma phrase et il m’a fixé un rendez-vous, Sonnez demain vers 10 heures trente au numéro 9 de la rue Hermel. Le majordome vous ouvrira et vous conduira dans la chambre bleue. Une fois sur place, vous comprendrez, j’en suis certain. 

Tout s’est déroulé au quart de poil comme l’avait imaginé Dany Paun. Le majordome m’attendait et avec solennité m’a gratifié d’un Bonjour monsieur le commissaire Julos Greatmay. Émouvant ! Du rôle de lecteur voici que j’endossais celui d’acteur principal ! Une fois entré dans la chambre bleue, là, ce fut … comment dire, vraiment inattendu. Sur le lit, une femme étendue, inerte. J’ai supposé qu’elle jouait le rôle du cadavre. Une enquête suit souvent un meurtre, je n’inventais rien. J’ai bredouillé, Bonjour Madame, vous faites vous aussi partie de cette histoire ? Aucune réponse. Voilà quelqu’un qui prenait tout ça au sérieux. Pas de confiture sur les draps, c’était un empoisonnement. Pas de verre ni de tasse sur la table de nuit. Ce serait sans doute une strangulation. Je me suis penché au-dessus du corps de la victime. Je m’apprêtais à vérifier le cou lorsque j’ai entendu la porte de la chambre claquer violemment. Alors espèce d’ordure, que faites-vous là ? C’est pour les diams sans doute ? Mais… mais, a continué Dany Paun, vous l’avez tuée ! Oh nooooon ! Vous êtes perdu pauvre imbécile ! 

Les flics ont débarqué une minute plus tard. L’écrivain manipulateur a engoncé avec aisance le rôle du mari éploré, prenant dans ses bras sa femme inerte et hurlant à qui voulait l’entendre que la vie, sans elle, il ne pouvait vraiment pas l’imaginer.

 

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