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Résultats pour notre concours du 3e hors série "Les petits papiers de Chloé"

Publié le par christine brunet /aloys

 

Auteurs participants :

Texte 1 : Micheline Boland

Texte 2 : Marguerite Debois

Texte 3 : Micheline Boland

Texte 4 : Joe Valeska

Texte 5 : Micheline Boland

Texte 6 : Ani Sedent

Texte 7 : Carine-Laure Desguin

Texte 8 : Ani Sedent

Texte 9 : Edmée de Xhavée

Texte 10 : Serge Debaere

Texte 11 : Retiré à la demande de l'auteur

Texte 12 : Laurent Femenias

 

Bravo à tous les auteurs et merci pour votre participation !

 

Suite au petit problème de votes, j'ai entendu les réclamations et je n'ai retenu QUE les votants inscrits au blog. Dans l'absolu, je comprends la démarche des auteurs 'lambda' qui souhaitent voir leur texte plébiscité et publié parce que beaucoup de blogs acceptent le jeu des "appels à votes".

Pour l'auteur en question, sa famille a simplement découvert pour la première fois son texte et s'est enthousiasmée. La mienne en aurait fait sans doute tout autant et je me serais fait taper sur les doigts... N'oublions pas que CDL est une grande famille aussi !

 

Je rappelle, par ailleurs, que ce blog est ouvert aux 'non-CDL', journalistes, libraires, chroniqueurs, auteurs, lecteurs, curieux parce que notre blog est avant tout une VITRINE : il a été créé pour nous donner de la VISIBILITE ! 

J'aurais dû mettre des limites pour contenter tout le monde et c'est ce que je ferai pour les prochains concours : ne pourrons voter que les abonnés au blog et pour le vérifier, tous les votants devront obligatoirement remplir la case "e-mail" avec le mail utilisé lors de l'abonnement pour que leur vote soit pris en compte.

Les textes ayant obtenus le plus de voix sont donc, ex aequo, avec deux voix chacun, les n°2, 4 et 6...

 

Bravo à...

=> Marguerite Debois    

=> Joe Valeska

=> Ani Sedent

 

Publié dans concours, ANNONCES

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Texte n°12 - Concours "C'est magique !" - Le dernier ! Il est temps de voter !

Publié le par christine brunet /aloys

Ce texte 12 est le dernier du concours ! Relisez et votez sur les commentaires de ce post.

Vous avez jusqu'à ce soir, 20h, pour donner votre avis et permettre à un ou plusieurs auteurs de voir son texte publié dans le prochain hors-série qui saluera les 25 ans des Editions Chloé des Lys !

Résultats demain !

Le puits aux souhaits

« Throw me a penny and I'll make you a dream

You find that life's not always what it seems, no no »

Black Sabbath, « Wishing Well »

 

Gwen était un garçon calme et posé. Timide, ajoutait-on parfois, d’un ton un peu condescendant. À douze ans, il n’avait que peu d’amis. Le manoir familial qui se dressait, austère, à l’écart des autres maisons du village, n’aidait pas beaucoup à son intégration. Que ce soit à la maison ou à l’école, il était le plus souvent seul. On le qualifiait volontiers de chétif. N’aimant ni l’agitation, ni les jeux de ballon tant prisés de ses camarades, il préférait de loin promener sa tignasse blonde et ses pâles yeux bleus rêveurs entre les hautes étagères de la riche bibliothèque de sa demeure, remplie de rayonnages croulant sous les livres innombrables, parmi les odeurs de papier jauni, de cuir tanné, d’encre et de vélin. Mais il ignorait que cette petite manie qu’il croyait tout à fait innocente lui jouerait un jour un tour bien funeste...

Un soir, juste après le dîner, ayant rejoint comme à l’accoutumée sa pièce préférée du château, il tira d’un rayon un mince volume auquel il n’avait jusque alors jamais prêté attention. C’était un livre d’apparence tout à fait ordinaire, à la couverture vert olive, sur laquelle était gravé un titre en lettres d’or : La geste de la völva. Intrigué, il ouvrit délicatement l’ouvrage, puis souffla sur la première page, faisant s’envoler une fine couche de poussière. Aussitôt, un vent violent se leva, ébouriffant les cheveux du garçon et faisant tourner les pages à toute vitesse. Les feuillets claquaient bruyamment, certains s’envolaient, les étagères tremblaient. Pourtant, toutes les fenêtres étaient restées closes. Le livre rougit, et se mit à chauffer, au point que Gwen dut le lâcher pour ne pas se brûler. Au sol, le volume semblait doté d’une vie propre, ses pages s’agitant sans cesse, comme mues par une sorte de frénésie grandissante. L’enfant commençait à paniquer. Lorsque le vent se renforça encore, jetant livre et meubles au sol, il fut emporté dans un gigantesque tourbillon et poussa un terrible hurlement.

Quand la brume autour de lui se dissipa, il découvrit un paysage désolé, couvert de toutes parts de hautes herbes et de buissons épineux. Le manoir, comme tout ce qui lui était rassurant et familier, avait disparu. Au loin, il pouvait distinguer l’océan qui grondait. Et sur le rivage, les ruines fumantes d’un village dévasté et inconnu. Il s’en approcha et apprit des quelques survivants qui se terraient dans leurs chaumières qu’un troll détruisait tout, dévorait tout, bêtes, arbres, hommes, femmes, enfants... Il mettait la région à sac en semant la mort sur son passage. Un troll ! Gwen était apeuré. Que dis-je ? Terrorisé ! Il n’était qu’un enfant et voulait rentrer chez lui. Tout cela n’existait nulle part... si ce n’est dans les contes de fées ! Le garçon sentait les larmes commencer à monter. Que pouvait-il faire ? Il ne savait où aller. Heureusement, observant son désarroi, une famille d’autochtones accepta de l’héberger pour la nuit. Les villageois étaient étranges, le teint mat, les cheveux d’ébène, la mine sombre, silencieux. Après un rapide repas, on le conduisit à un lit de fortune sur lequel il pourrait se reposer. Alors qu’il tournait et se retournait sur sa paillasse sans parvenir à trouver le sommeil, une fillette de son âge, petite brune à la peau hâlée, les yeux noirs, vint le rejoindre. Elle chuchota à son oreille avec un drôle d’accent, assez guttural :

— Je m’appelle Néthi et je connais ton secret. N’aie pas peur. Je suis ton amie...

Gwen resta prostré, refusant de parler. Son cœur battait la chamade. Il n’avait pas d’ami. Chacun le savait bien. Il n’avait que les livres. Et cette fille... Comment pouvait-elle lui dire cela ? Néthi lui prit la main. La chaleur de ce simple contact, le sourire sincère de la fillette, lui firent comprendre qu’elle disait probablement vrai. Gwen se calma et Néthi lui expliqua alors qu’elle connaissait le moyen pour lui de retourner dans son monde. Gwen ne comprenait rien à ce qui lui arrivait. La jeune fille l’entraîna alors dehors, à la lisière du village, dans la nuit sombre. Les deux enfants, en pyjamas, étaient transis de froid dans la bise nocturne. L’herbe qui montait jusqu’à leurs genoux était humide et glaciale. Ils rejoignirent le « puits aux souhaits » local. C’était un simple trou perdu dans la brume grise, à l’entrée des vastes marais. Au fond, on distinguait une eau qui semblait aussi noire que de la suie.

— C’est lui qui m’a parlé de toi, murmura Néthi en désignant du regard le trou béant.

C’est alors que Gwen comprit. C’était comme si le puits lui parlait à lui aussi, sans pourtant que le moindre mot résonne. Il apprit qu’il devrait sauver ce pays s’il voulait rejoindre son monde d’origine. De la brume grise surgit un curieux hululement, plaintif mais mélodieux. Les deux enfants s’avancèrent ensemble dans le froid – car à deux, tout est plus rassurant – voulant comprendre ce nouveau mystère. Leurs pieds clapotaient doucement dans la boue et la vase, en direction du bruit. Ce dernier semblait bouger, tantôt s’éloignant, tantôt s’approchant, comme s’il jouait à cache-cache. Mais il n’était pas hostile. Un hurlement lointain stoppa net les deux enfants qui comprirent qu’ils s’étaient sans doute trop éloignés. Ils étaient sur les terres du troll...

Perchée sur une souche noircie et putréfiée, ils découvrirent la source du chant étrange qui les avait attirés ici. Il s’agissait d’un hibou des marais qui les fixait de ses petits yeux ronds et jaunes. Mais ils n’eurent pas le temps d’admirer le rapace. Ils découvrirent un peu plus loin une ombre d’où émanait une  puanteur épouvantable. Le troll, car c’était bien lui, était tout bonnement gigantesque. Au bas mot, il devait être trois fois plus grand que les enfants, ses membres épais comme des troncs. Il était vêtu d’une simple chemise de lin, sale et en lambeaux. Par chance, grâce au brouillard, il ne les avait pas vus et se dirigeait en grognant vers un grand bâtiment gris qui se dressait un peu plus loin sur la falaise, face à l’océan déchaîné. Néthi expliqua à son camarade qu’il s’agissait d’un monastère. Mais lorsqu’elle dit cela, elle n’avait pas l’air très rassurée, ce qui intrigua Gwen, sans qu’il ait pour le moment la possibilité d’en savoir plus sur le sujet. Il fallait que les deux enfants demeurent le plus silencieux possible. 

— Tu sais ce que te demande le puits. Il faut que tu arrêtes cette créature, chuchota la fillette.

— Mais comment veux-tu que je fasse ? Nous ne sommes que des enfants, et je ne suis ni un guerrier, ni un magicien !

Néthi haussa les épaules, perplexe. Il avait raison. Pourtant, il devait les sauver, elle et tous les habitants de son monde. Elle lui fit signe d’avancer en silence, pour suivre discrètement le troll, ce qu’ils firent non sans crainte. Arrivé devant l’entrée du monastère, le troll ramassa un énorme rocher, le souleva, et le lança sur l’un des murs. Ce dernier trembla. Le monstre recommença. Une fissure apparût. Le troll tentait visiblement de détruire l’édifice à coups de pierres ! Cette horrible créature osait s’en prendre à un lieu saint ! La petite fille se pencha à l’oreille du garçon et lui dit à voix basse les raisons de ses craintes : nul n’avait vu de moines ici depuis des années. On distinguait seulement des murmures. Seulement des soupirs. Et pourtant, les cloches sonnaient chaque jour. Au village et dans les environs, tout le monde craignait ce lieu, dont on racontait qu’il abritait des esprits, peut-être même une ancienne sorcière : une völva… Gwen se rappela soudain le titre du livre qu’il avait trouvé dans la bibliothèque familiale. Était-il possible qu’il soit vraiment entré dans l’histoire ?

La sorcière se tenait devant les deux enfants, d’allure presque aussi effrayante que le troll. Sans doute alertée par le vacarme fait par ce dernier, elle était sortie à sa rencontre. Elle était grande et décharnée. Elle portait une robe pourpre qui avait dû être belle jadis, mais qui désormais paraissait vieille et élimée. Ses longs cheveux gris descendaient comme des fils de laine jusque au bas de son dos. Sa peau était parcheminée et ses yeux noirs s’enfonçaient profondément dans leurs orbites. On aurait dit qu’ils lançaient des éclairs. Elle avait l’air terrible, et en même temps, elle souriait ! Elle regarda les deux enfants, puis le troll, et repartit à l’intérieur du monastère en courant. Le monstre se lança à sa poursuite. Il avait déjà franchi la porte quand, sans le vouloir, Gwen hurla. Son cri était déchirant. Toute la terreur du garçon s’était échappée de sa gorge d’un seul coup. Néthi s’était bouché les oreilles. Et le troll, surpris, était ressorti. Il regardait pour la première fois les deux enfants. Ses yeux, cruels, se rétrécirent.

Le monstre saisit à bout de bras un autre rocher, et le tendit au-dessus de Gwen et Néthi, terrifiés. Il allait les écraser lorsque les premières lueurs d’un jour pâle apparurent. En un instant, comme dans les légendes de jadis, le troll fut transformé en pierre. Dans cette contrée, beaucoup de monstres parmi les plus terribles avaient fini ainsi, figés pour l’éternité. La sorcière, qui les avait rejoints et n’avait pas manqué une miette du spectacle, éclata de rire. Un rire sinistre. Et en riant, elle ne cessait de fixer Gwen. Ce dernier, sans même l’avoir fait exprès, avait rempli la mission que lui avait assigné le puits aux souhaits. Tout commença à trembler autour de lui. Allait-il pouvoir rentrer chez lui ? Il aurait dû se sentir soulagé, et pourtant, un profond mal-être l’enveloppait. Au milieu du tumulte et du monde qui se mettait à tourbillonner, il vit Néthi. Il plongea pour la dernière fois ses yeux bleus dans les yeux noirs de la fillette. Elle paraissait affolée et faisait de grands gestes vers lui, comme si elle voulait le retenir. Et la sorcière, cette völva, riait plus fort que jamais. Avait-il fait le bien en débarrassant ce monde du troll ? Ou bien avait-il laissé le champ libre à quelque chose de bien pire encore ?

En sueur et encore tout tremblant, Gwen reprit ses esprits dans la bibliothèque du manoir familial. Le jour gris se levait. Un vieux livre vert abîmé traînait à ses pieds. Il crut entendre un rire de l’autre côté de la porte. Un rire qu’il avait déjà entendu. Un rire mauvais. Un rire qui le fit frissonner...

 

Publié dans concours

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TEXTE n°11 du concours des Petits Papiers de Chloé. Sujet: "c'est magique !"

Publié le par christine brunet /aloys

 

Retiré à la demande de l'auteur...

 

 

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Texte 10 de notre concours : "C'est magique !"

Publié le par christine brunet /aloys

 

Le chient errant

 

 

Deux randonneurs trouvent sur leur parcours un petit bois charmant. Recouvert d’un léger voile de brume, il agit sur eux comme un aimant. En plein sentier forestier, ils tombent sur un chien errant. Le clébard est, au bas mot, impressionnant.

─ J'ai faim ! grogne l’animal. Et quand j’ai les crocs, je suis à cran !

            D’entendre l’animal parler, les promeneurs restent bouche bée.

            En exhibant les dents, le chien demande :

─ Vous n'avez rien à manger ? 

─ Non, disent les promeneurs estomaqués.

─ C'est exactement ce que m'a répondu mon maître, poursuit le canidé.

            Les promeneurs semblent soudain soulagés : le molosse a donc un maître qui ne tardera, probablement, pas à se montrer et lequel, sûrement, leur fait une blague.

─ Non, nous n’avons rien à manger, disent-ils en scrutant les buissons environnants.

─ C'est exactement ce que m'a dit mon maître, répète le chien, alors, je l’ai mangé.

─ Pourquoi mendier de la nourriture si vous êtes rassasié ? objecte l’un d’eux.

─  J’ai encore un petit creux, poursuit le chien en les dévorant des yeux. Coupé de bouledogue, je suis un boulimique impénitent.

            Et, le chien, soi-disant doué de parole, devient très bavard :

─ J'ai mangé mon maître, poursuit-il, parce que j'avais soif...

─ Vous voulez dire faim ? dit l’autre en se moquant.

─ Non, dit le chien, j’avais soif... soif de liberté.

─ Mais, nous ne voulons pas vous en priver. Soyez donc libre, vaquez !

─ Impossible : vous, les humains, voulez tous nous apprivoiser. Si ce n'est moi, ce sera un autre et un autre c'est moi. C'est ainsi que je le conçois. C’est pourquoi je vais vous croquer.

            Estimant que la plaisanterie a assez duré, les promeneurs pressent le pas. Mais le chien méchant leur barre la route en disant :

─ Je mange pour oublier. Mais, sachez qu'après vous avoir dévorés, je serai aussi par les remords rongés.

            Comme le chien devient de plus en plus menaçant, les promeneurs s’inquiètent de leur sort.

─ Mais, pourquoi tant nous détester ?

─ Je ne vous déteste pas. À ma façon, je raffole de vous et vous adore !

─ Mais, pourquoi nous en vouloir ? Quel est notre tort ?

─ Nous, les chiens, avons toujours vécu aux dépens des humains. Nous avons fini par vous ressembler en perdant notre instinct. Et ne dit-on pas que l'homme est un loup pour l'homme ? Alors, donnez-moi un pied, une main, peu importe, pourvu que ma faim soit apaisée car ce n’est pas moi mais elle qu’il faudra apprivoiser.

─ Allons-nous-en ! dit l’un d’eux à son compagnon qui se retourne en criant :

─ Malheur à nous, le chien nous file le train !

            Et les deux promeneurs sortent du bois en courant. Dans leur hâte ils ne prennent pas le temps de lire la pancarte à la sortie :

 

Attention ! Danger !

 Débroussaillements périodiques par le feu.

Végétation riche en espèces hallucinogènes.

Publié dans concours

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Texte 9 sur le thème de la magie pour le 3e hors série de la revue

Publié le par christine brunet /aloys

La vraie magie des fiançailles… 



 

Il était sur le manteau de la cheminée, aux abois, impatient d’agir. Caché dans la calebasse décorée que Micheline avait ramenée du Burundi. Il était là avec ses autres trophées de vacances : un vase navajo, deux bougeoirs de lave dont elle ne savait plus exactement la provenance car c’était un cadeau, un petit masque de sorcier sénégalais, une boite d’écorce de bouleaux du Québec et autres choses souvent colorées. Ça donnait lieu à pas mal de conversations quand elle recevait, et lui permettait de faire ses petits exposés instructifs l’air de ne pas s’y complaire. 

Et lui donc, il attendait son moment. Il suffirait qu’on le dépoussière en insistant sur le tambourinaire, entre le tambour et le genou fléchi. Juste là. Alors il serait libéré et pourrait s’amuser. C’est qu’on ne lui avait pas donné ce pouvoir pour rien, après tout, et il avait hâte d’user de ses talents. L’ennui était que Micheline, bien évidemment, ne faisait pas le ménage elle-même – non mais… faut pas pousser, quand même ! – et que Bébette, sa dame dépoussiéreuse et moustachue, avait cessé d’être méticuleuse depuis que Madame ne contrôlait plus de la pointe du doigt dans tous les recoins. Elle passait bien le chiffon sur les calebasses mais jamais en-deçà de la panse, et le genou du tambourinaire était un poilichon plus bas. 

Cependant, la patience vient à bout de tout, et le soleil se leva enfin sur le grand jour qui n’était autre que celui de la réception de fiançailles de Marguerite, la fille de Micheline, avec Ambroise, un jeune homme très titré que ce soit à la bourse qu’au catalogue de la noblesse belge. Plumeau, chiffon, cire, peau de chamois… Bébette semait de discrètes gouttes de sueur ça et là, celles qui naissaient à la base de sa moustache et en tombaient après une petite hésitation. Il faut dire que Marguerite se fiançait en pleine canicule, ce qui n’était pas très gentil pour le personnel, mais bon… 

C’est dans cette chaleur de hammam qu’Abram Kad’Abram fut libéré. Il se rua, encore titubant et testant ses pouvoirs, sur la brave créature en nage qui poussa un cri de cormoran : elle avait senti, nettement senti, une paire de mains sur ses seins, et même un rassemblement de bouts de doigts lui pétrissant les mamelons. La calebasse lui échappa des mains, Micheline pointa un regard suspicieux et rejeta les explications haletantes de la malheureuse par un « allons Bébette, ne perdez pas de temps avec ces sottises, il n’y a personne ici, ramassez la jolie calebasse et continuez, nous n’avons pas toute la journée, les fleurs seront livrées dans deux heures et mon coiffeur va arriver… ». 

Ceci dit, Abram Kad’Abram avait pris goût à palper ce large corps moite et généreux de formes, et s’enhardit à bien des découvertes, avec ma foi une certaine adresse instinctive, qui fit que la canicule et ce qui pouvait s’apparenter à d’adroits préliminaires eurent raison de sa raison : Micheline eut à la faire remplacer par la vieille gouvernante de Marguerite, Bébette ayant été retrouvée allongée sur le marbre du vestibule, nue – et franchement, personne n’en demandait autant – psalmodiant quelque chose qui ressemblait à encore, abracadabra, encore… L’ambulance vint la cueillir en passant par derrière comme suggéré, tandis qu’on commençait à réceptionner les fleurs par l’entrée principale. 

Abram Kad’Abram riait de toute sa glotte, assis à présent sur la table à café. Il attendait de voir ce qui le tentait comme attraction suivante. La vieille gouvernante n’était pas intéressante, rien à pincer ou palper, tout était lyophilisé depuis longtemps. Elle ne transpirait même pas. Un vrai morceau de pemmican. Et une haleine de charognard.

Sa patience, une fois de plus, se vit récompensée. Une journée magique, vraiment. Il s’empara de la voix du futur beau-père, un distingué presque vieillard ventripotent, pour tonitruer des chansons à boire, révéla qu’il « sautait la jeune cuisinière depuis des années », vérifia le décolleté de Micheline qu’il commenta d’un « ooooh, la vallée d'Ötztal » et pinça les fesses de sa future belle-fille avec la fougue d’un babouin. 

Ensuite Abram Kad’Abram imposa une danse folklorique autrichienne aux jeunes serveurs et serveuses engagés pour l’occasion, avec de bruyantes claques sur les cuisses, du jodle (le chandelier de cristal en perdit quelques pendeloques) et des jeunes femmes tournoyant dans les airs à l’horizontale au bras des garçons, renversant verres, plats, bibelots et sacs à main au passage. 

Marguerite se distingua en grimpant sur la table pour réciter des contrepèteries douteuses, explorant son nez de l’index et l’essuyant à son corsage. Micheline en vomit ses trois coupes de champagne sur le tapis crème, et Abram Kad’Abram n’avait rien à y voir, cette fois. 

Une bande de souris passa en courant sur la table et se mit à grignoter les petits pains en semant un chapelet de crottes, le frère du fiancé fut saisi de flatulences sonores et odorantes et s’exclamait « oh, celle-ci est encore meilleure ! Écoutez donc celle qui arrive ! ». 

L’ambulance dût revenir par la porte arrière pour emmener la mère du fiancé, prise de délire : elle voyait un homme nu et grimaçant assis sur la calebasse du manteau de cheminée. Un invité se retrouva enroulé dans deux rouleaux de papier WC et on dût démonter la porte pour le sortir de la salle de bain. Deux petits cousins jouèrent aux gremlins et mordirent à sang tous les mollets des convives de la table près de la fenêtre. 

Au final, les fiançailles furent rompues, tant les deux parties avaient de choses à se reprocher, et la réception se termina sans que le solitaire ne resplendisse au doigt de Marguerite, ce qui fut à la fois un bien et un mal : le diamant était remplacé par un pois cassé, mais Ambroise le garderait précieusement pour la prochaine fiancée qui en aurait la surprise. Abram Kad’Abram, pour dire la vérité, ne comprit rien à leur décision : il s’était follement amusé, ces gens ne savaient pas rire. 

Un peu las de toute cette excitation, il réintégra sa calebasse, sachant que tout vient à point à qui sait attendre. I’ll be back ! dit-il aux rares participants encore lucides mais hébétés, mais il dut bien se rendre tristement à l’évidence : ils ont des yeux et ne voient point. Et Il n’est de pire sourd que qui ne veut entendre

C’étaient des évidences bibliques et de traditions anciennes…

 

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Texte 8 du concours "Les petits papiers de chloé" sur le thème de la magie

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

Les sorcières, le chasseur et la petite fille



 

  La Forêt sentait les fleurs sauvages, les champignons et la rosée matinale.  Elle sentait également les ennuis.

  Sous les ombres mouvantes d’un arbre, se cachait une commère.  Elle attendait, son balai à la main, le chapeau vissé sur la tête, ses gros godillots enfoncés dans la terre moussue.

  Un chasseur vint à passer, qui reniflait le sanglier.  Il passa, sa vieille pétoire sous le bras, en faisant plus de bruit qu’un rat dans une bibliothèque et la commère songea que les sangliers étaient à l’abri, cette fois encore.

  Le temps passa et une gamine haute comme trois pommes, enjolivée d’un chaperon de couleur éclatante, s’en vint crapahuter sur le chemin.  Elle avait les mains embarrassées d’un petit pot de beurre, sans doute un cadeau pour quelque mère-grand.  La fillette s’éloigna en sautillant et le temps se remit à passer.

  Enfin, au détour du sentier, apparut une mégère flanquée d’un balai au profil élancé.  Chaussée de bottines aux talons un peu trop hauts, emballée dans une robe un peu trop seyante, le chapeau encombré de fleurs et rubans, elle marchait néanmoins du pas que lui enviait le garde champêtre du village.  De son panier dépassaient feuilles et fleurs en abondance. 

  La commère sortit de sa cachette et la mégère s’arrêta.  Entre elles, l’hostilité était palpable et si la conversation débuta dans une froide politesse, elle sombra promptement dans le crépage de chignon.  La commère reprocha à la mégère de médire d’elle au village et la mégère reprocha à la commère de faire peur aux enfants.  La commère enchérit en dénonçant le manque de respect de la mégère, ce à quoi la mégère répondit en dénonçant les idées archaïques de la commère.

  Les noms d’oiseaux s’envolèrent, faisant taire leurs modèles qui se réfugièrent sous les frondaisons, les sangliers s’enfuirent à toutes pattes, piétinant au passage un ahuri nanti d’une pétoire, et une fillette sous un joli chaperon tira si fort une chevillette que la bobinette fit un malaise et chut.

  Sous un coin de ciel orageux, deux balais se firent face, leurs brindilles griffant rageusement le sol en soulevant une tonne de poussière.  C’est alors que survint un troisième, l’allure inédite, tout de métal incrusté.  En descendit une sorcière, qui remonta sur un chapeau fort décoré une paire de lunettes de cuir.  Sa robe noire, curieusement nantie d’un corset à boucles de métal, s’ouvrait sur le devant, laissant apparaître un pantalon moulant enfoncé dans de hautes bottes.  

  Elle se présenta comme étant la nouvelle, se dit ravie de rencontrer ses chères consœurs et souhaita qu’elles lui fournissent rapidement le calendrier des convents.  Puis elle remit ses lunettes, enfourcha son balai et décolla sur les chapeaux de roue.  Ébahies, les chères consœurs la regardèrent disparaître au loin puis s’en allèrent, bras dessus, bras dessous, chuchotements et ricanements sinuant dans leur sillage.

  Le bois regagna sa sérénité, arrachant au chasseur tapi dans les buissons un long soupir de soulagement… aussitôt transformé en cri d’effroi !  Derrière lui, venait de surgir la petite fille au joli chaperon.  Elle lui fit un grand sourire, puis gagna le chemin où la poussière finissait de retomber.

  ‒ Ces femmes sont terrifiantes, gémit le chasseur en rejoignant rapidement la petiote.

  Il jetait des coups d’œil furtif derrière lui et tenait son tromblon d’une main frémissante.

  ‒ Oh ! Elles font beaucoup de bruit quand elles se querellent, mais c’est tout.  Celle avec les affreux godillots, elle soigne les rhumatismes de ma mamie et parfois elle l’aide à faire son ménage, quant à l’autre, la grande, elle a aidé mon papou à soigner son cheval.

  ‒ N’empêche…  je crois que ce sont des sorcières, chuchota le chasseur en roulant des yeux.

  ‒ Nooon, vous croyez ? répondit la fillette, amusée.

  Alors qu’ils atteignaient le village, la petiote alla d’un bon pas trouver la mamie du benêt qui l’accompagnait et la pria de rappeler ses copines à l’ordre lors du prochain convent puis, sautillante, elle s’en retourna chez son papou en rêvant au splendide balai rouge vif qui serait le sien quand elle serait grande.

 

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Texte 7 sur le thème de la magie pour le 3e hors série de la revue

Publié le par christine brunet /aloys

La troublante confession de William Évrard

 

   Si tu lis ceci, Stéfan, mon fils, c’est que mon âme s’est envolée au-delà de … Et, que tout à côté du violon, tu as trouvé ce carnet dans lequel, d’une certaine manière, je te dévoile l’inimaginable. Très bien. À présent, tu me lis. Assieds-toi et accroche-toi, mon fils. Ceci te semblera irréel, c’est cependant la pure vérité. Ta mère et moi ne t’avons jamais menti. Nous t’avons caché la réalité, voilà tout, pour te protéger. Pardonne-nous, pardonne-moi. Même si cela te paraît invraisemblable, réfléchis bien, Stéfan. Tu te sais différent des autres depuis toujours. Voici pourquoi.

   L’été 67, je me baladais à vélo du côté de Slijpe. Au niveau de l’écluse, le pont était relevé. J’ai arrêté de pédaler. J’ai déposé mon vélo contre un muret, j’avais envie de souffler un peu, de respirer sous ce beau soleil estival. Assise sur l’herbe, à deux pas de là, une très jolie jeune fille était perdue dans ses pensées, des yeux verts, une longue chevelure auburn et, sous son tee-shirt moulant, je devinais une poitrine de rêve. Elle regardait en direction du canal et de la péniche qui s’avançait vers l’écluse. Je n’ai pas résisté, tu penses, je me suis approché d’elle, je voulais la draguer. Elle m’a raconté qu’elle était en vacances et qu’une bande de racketteurs lui avaient volé tout son matériel de camping. Chouette ! j’ai pensé. Je l’ai ramenée dans mon studio et puis voilà, affaire conclue … Elle se disait sans famille. Quelques semaines plus tard, nous nous sommes mariés. Fin 69, voilà Mirka enceinte de toi, Stéfan. Nous étions heureux.

   Depuis le début de notre rencontre, j’étais troublé par son comportement et surtout, son intelligence hors norme. La physique et les maths n’avaient aucun secret pour elle. La chimie et l’astronomie non plus. Et question physique quantique, elle surpassait Max Planck lui-même. Chose troublante, aucun passé universitaire, elle affirmait tout de go avoir lu énormément … Pas d’ami, pas de famille, rien. Je pressentais que tout cela était plus que chelou. Je n’ai pas investigué, je craignais de découvrir du noirissime, des années dans des milieux interlopes, ou quelque chose comme ça. Un soir, je suis rentré du lycée plus tôt que d’habitude. Ce que j’ai vu m’a scotché sur place, j’ai failli tomber raide mort. Mirka se croyait seule à la maison. J’étais dans le living, prêt à enlever ma veste et à déposer mes fardes de cours sur le bureau. C’est alors que j’ai vu ta mère traverser un mur, celui entre la cuisine et le living. Oui, tu lis bien, ta mère traversait le mur. Je suis resté sans voix. Elle m’a intimé alors qu’elle me devait quelques explications … Et voici ce que ta mère, Mirka Svensson, alors enceinte de six mois, m’a débité d’une voix blanche :

  « Je viens de Vénus. Je suis ingénieur, je parle plusieurs centaines de langues. Je suis ici pour étudier la race humaine, vivre avec les humains, et surtout, fonder une famille. Je viens du futur. Le temps comme tu crois le connais, linéaire, n’existe pas. Du côté de l’Himalaya, nous avons une base dans laquelle sont entreposés des centaines de vaisseaux. Les humains sont incapables de pénétrer à l’intérieur, l’ouverture est un portail énergétique. Tout est question de fréquences et de vibrations. C’est compliqué à expliquer à un Terrien. Ne me regarde pas comme ça, avec ces yeux pleins de désespoir. Tu es un homme merveilleux, vraiment merveilleux. Tu devinais l’inconcevable et jamais tu n’as posé une question afin d’en connaître plus au sujet de mon passé. Je reviens sur mon histoire … Un de nos engins spatiaux m’a déposée à Slijpe. Nous savions que tu passerais là, que tu t’arrêterais car le pont de l’écluse se relèverait. Les Vénusiens sont partout sur la Terre, tu sais. Ils vous surveillent car vous, les Terriens, vous êtes des guerriers et vous êtes capables d’endommager tout l’univers avec vos terribles conflits nucléaires. Tu m’as vu traverser le mur. Toi aussi tu pourrais traverser les murs, et n’importe quelle autre structure, l’acier, le béton, tout. La matière est malléable, l’esprit peut tout. Je suis âgée de plusieurs centaines d’années. Je me souviens de toutes mes vies antérieures. Les mémoires des Terriens sont effacées et dès lors, à leur naissance, ils n’ont aucun souvenir de leur vie précédente, ils doivent toujours recommencer à zéro. Je connais l’histoire de l’Humanité depuis l’alpha, de la Lémurie jusqu’à l’Atlantide. Tout n’est que vibration, informations, et énergie. Toutes les planètes du système solaire sont habitées et leurs habitants visitent la Terre. Parce que, en quelque sorte, sur le plan spirituel, vous êtes des retardataires. Tu me dis toujours que je te connais mieux que toi-même. En effet, je capte toutes les pensées des personnes qui m’entourent. Notre fils, parce que je te l’annonce, ce sera un fils, aura des capacités identiques aux miennes. Sa conscience voyagera tout comme la mienne. Je veux dire que lorsque mon corps dort aux côtés du tien, ma conscience retourne parfois sur Vénus, ou ailleurs. Tout ce que je te raconte, tu le savais tout au fond de toi. Tu avais peur de découvrir tout ça. Et moi, j’ai été lâche de me taire. Notre fils naîtra et pendant encore quelques années de votre temps, je vivrai ici avec vous deux. Un jour tu t’éveilleras et je ne serai plus là. Ma mission sera terminée sur Terre et les miens seront venus me rechercher. Je pourrais encore te parler pendant des heures, t’expliquer les lois de l’univers. On vous a caché tellement de choses à vous, les Terriens. »

   Je le lui ai pas laissé le temps de continuer, je l’ai prise dans mes bras. Tu es né le 7 juillet 1970, tu étais un petit garçon merveilleux. Bien sûr, à trois ans, tu lisais. L’année suivante, tu connaissais plusieurs langues. Aujourd’hui, tu décodes tout l’univers ou presque. Ta mère et moi t’avons protégé au mieux. Nous savions elle et moi que tu savais … Lorsqu’ils sont venus la rechercher, tu avais dix ans. Je sais qu’elle et toi êtes toujours en connexion l’un et l’autre. Mais voilà, tu en connais un peu plus sur cette histoire, qui est aussi la tienne. Je n’ai jamais aimé que Mirka Svensson. Je n’ai jamais rien regretté. Et je t’aime aussi, mon fils. Sois heureux sur Terre, la vie est si belle.

 

William Évrard

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Texte 6 pour le concours "Les petits papiers de Chloé" sur le thème de la magie

Publié le par christine brunet /aloys

 

Lampion à la bave de crapaud 



 

  La locomotive se mit à l’arrêt et poussa un profond soupir, laissant son haleine blanche monter vers le ciel de verre et de fer.  Minerva quitta le compartiment qu’elle avait partagé avec son ami Loki et rejoignit le quai bondé.  Pestant contre la malchance qui l’avait menée là, la jeune fille zigzagua entre les voyageurs et les chariots à bagages, entraînant son compagnon à sa suite.  

  Ce détour en ville avait beau être déplaisant, il était néanmoins nécessaire.  Aussi, Minerva dut elle maîtriser sa nature bouillonnante et prendre son mal en patience.

  Sur le parvis de la gare, attendant que le valet eût déplié le mache pied de leur élégant cabriolet, trois dames en robes de voyage, sanglées dans des vestes leurs faisant une taille de guêpe, des petits chapeaux emplumés élégamment posés sur leurs chevelures savamment coiffées, se mirent à chuchoter et pouffer en observant la jeune fille et son coquet compagnon.  La silhouette longiligne de Minerva, aussi raide que le balai laissé à la maison, dissimulée sous un long manteau noir informe, se tourna vers le trio.  Sous le chapeau noir à large bord et couronne pointue, qu’on avait pris soin de rabattre et d’entourer d’un gros nœud violet pour plus de discrétion, un regard impérieux se fixa sur les silhouettes féminines, qui disparurent précipitamment dans leur véhicule.

 Tout ce temps, Loki observa la scène de ce même air hautain qu’arbore souvent les félins car, malgré sa petite taille, le personnage aimait regarder le monde de haut et ne s’en cachait pas.  

  Toutefois, son attention fut rapidement détournée par le cab venant de s’échouer au pied du trottoir et qu’il s’empressa d’investir, son  amie à sa suite.

  ‒ Nous cherchons la rue millepertuis, vous connaissez ? demanda celle-ci au cocher.

  ‒ Bien sûr, mademoiselle.  Si vous cherchez un commerce, c’est le bon quartier.

  Avec un coup d’œil satisfait à son compagnon, Minerva fit signe au cocher de démarrer.

  ‒ Tu es sûre pour le nom de la rue ? demanda Loki.

  ‒ Certaine ! Douterais-tu de ma capacité à interroger un miroir magique ?

  ‒ Je vérifiais, c’est tout.

  ‒ Tsss ! C’est juste cette histoire de lanterne qui me chagrine.  Je ne sais pas pourquoi il m’a montré cela, mais je suis sûre que nous comprendrons quand nous serons sur place.

  ‒ Si tu le dis.

  Le cab les déposa au coin de la rue recherchée et Minerva tira de son petit sac en coton violet habilement crocheté, quelques pièces qu’elle tendit au cocher.

  ‒ Merci, mademoiselle.  Si vous cherchez un nouveau manteau, vous êtes au bon endroit, informa ce dernier, avant de se tourner vers un groupe de clients qui le hélaient déjà.

  ‒ Pourquoi je voudrais m’acheter un nouveau manteau ? grinça l’intéressée en observant les vitrines défiler alors qu’elle parcourait la rue millepertuis au pas de charge, ses bottines pointues claquant sur les pavés avec détermination.

  ‒ Regarde ! Là ! fit Loki en traversant la rue.

  Sur l’une des vitrines un « Maison Lampion » s’étalait en courbes gracieuses. 

  ‒ Alors voilà ce que ce coquin de miroir voulait dire !

  Un grelot tintinnabulant annonça leur entrée dans la boutique.  Des étagères aux formes charmantes en habillaient les murs et des vitrines habillées de satin en occupaient l’espace, tandis que leurs contenus hésitaient entre l’insolite et l’inattendu.  Un petit homme grassouillet vint à la rencontre de ses nouveaux clients et, à sa mine, on devinait qu’il ne savait trop qu’en penser.  

  Si le jeune homme à l’allure déliée, ses cheveux noirs impeccablement lissés, la mise soignée sous son foulard parfaitement noué et ses soulier cirés, lui faisait plutôt bonne impression, la jeune fille, dans ses couleurs de deuil, avait un je-ne-sais-quoi d’inquiétant.

  ‒ Nous cherchons un cadeau, expliqua cette dernière.

  ‒ Oui, mère est une femme de goût ajouta Loki en offrant au commerçant son plus beau sourire.

  ‒ Un parfum, peut-être ? proposa le petit homme.

  ‒ Mmm… fit Minerva en se tapotant la lèvre inférieure.

  ‒ Pourquoi pas un bijou ? dit Loki en se penchant sur un petit buste où étincelait un collier.

  ‒ Quelle bonne idée ! fit le commerçant ravi.

  ‒ Quelque chose de vert.  Mère aime le vert, avec une pointe de doré.

  ‒ Bien sûr, monsieur.

  ‒ Si vous aviez quelque chose d’original, ce serait parfait.

  ‒ Je viens justement de recevoir une pièce unique qui pourrait vous intéresser.  Une merveille ! Une pierre qui, sans être précieuse, n’en n’est pas moins exceptionnelle.

  Le petit homme s’enfonça dans l’arrière boutique et revint aussitôt avec un présentoir.  Sur ce dernier reposait un tour de cou de dentelle noire, orné d’un pendentif en forme de poire vert bronze pailleté d’or.

  ‒ C’est exactement ce que nous cherchons, dit Minerva en s’emparant avidement du bijou.  Et maintenant que j’ai retrouvé ce qui m’appartient, vous allez me dire qui vous l’a vendu !

  La jeune fille foudroya le commerçant des yeux pendant que son compagnon dévoilait de splendides canines effilées comme des aiguilles.

  ‒ Un vamp… un vampire ! s’écria le commerçant, avant de tourner de l’œil.

  Quelques heures plus tard, de retour à la campagne, au cœur d’un petit bois, dans la chaumière que Minerva partageait avec Loki, un korrigan rendait des comptes à une sorcière fort mécontente.

  ‒ Je sais que c’est toi qui l’as volée, disait celle-ci, le miroir m’a donné des indices pour la retrouver, même s’il a refusé de me dire qui l’avait prise ! fit-elle en pointant du doigt l’intéressé.

  Pendu à son mur, ce dernier avait le tain brouillé.

  ‒ Je…

  ‒ Tu l’avais vendue à un boutiquier de la ville qui croyait que ma concrétion de bave de crapaud n’était qu’une pierre sans valeur ! 

  ‒ Et moaaw, un vampire !  s’exclama Loki, outré.

  Roulé en boule sur un moelleux coussin, devant la cheminée ou un bon feu léchait un chaudron callipyge, le familier matou se lissait consciencieusement une oreille de ses coussinets de velours.

  ‒ Excuse-moi, plaida le korrigan, je voulais seulement ajouter quelques pièces dans mon petit chaudron.  Tu sais, celui qui est au pied de l’arc-en-ciel.

  ‒ En vendant mon bien ? Tu mériterais que je te transforme en crapaud.

  ‒ Mais tu ne le feras pas, hein, dis ?

 …

  ‒ Tu vas le laisser comme ça combien de temps ? demanda Loki, un peu plus tard, en lorgnant le korrigan pétrifié qui exposait sa mine surprise parmi les mandragores.

  Coléreuse, Minerva avait posé le lutin au jardin, à côté de sa magi-lanterne, en grommelant à propos d’une histoire de lampion avec qui il faisait la paire.

  ‒ Le temps nécessaire ! répondit la sorcière en observant son œuvre les poings sur les hanches.  Je tiens à ce qu’il ait le temps de méditer sur ses erreurs.

  ‒ Et le crapaud ?

  Minerva posa l’amphibien pétrifié à côté du korrigan.

  ‒ Tu crois qu’il va s’illuminer ?

  ‒ Sûrement pas ! Pourquoi est-ce qu’il s’illuminerait ?

  ‒ Parce que c’est un crapaud Lampion, tiens ! Mrooww wow wow…

 

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Pour le 3e Hors Série de la revue, sur le thème de la magie, Texte 5

Publié le par christine brunet /aloys

 

QUELQUE CHOSE DE LA MAGIE NORDIQUE ?

 

Barthélemy Barbiaux était un brocanteur plutôt médiocre installé sur un grand boulevard du bas de la ville, à quelques pas de boutiques de mode et de petits restaurants sympathiques. Il aimait son métier qui lui permettait d'entrer en contact avec des gens de tous bords et de s'envelopper un peu dans les charmes du passé, à l'abri des problèmes du temps présent. Il arrivait à gagner sa vie en vendant des vieux livres, des bijoux anciens et des bibelots soi-disant rares, mais il en était conscient, cela ne lui permettrait jamais de mener un grand train de vie. La chance de Barthélemy était d'être l'unique héritier des Barbiaux et d'être ainsi le seul propriétaire du commerce sans devoir payer de loyer. L'apparence de Barthélemy, sa barbe, ses cheveux blonds mi-longs, ses yeux du bleu des mers du sud, son sourire énigmatique et son éternelle veste en cuir noir attiraient les regards, surtout ceux des femmes et des enfants. Il y avait quelque chose de romantique dans son look. De plus, il n'avait pas son pareil pour décorer et aménager les deux vitrines. Barthélemy adorait vivre dans ce quartier de la ville où il avait ses habitudes. Il s'entendait bien avec les commerçants de coin et était apprécié pour sa serviabilité. De temps en temps, il réussissait à gagner un peu plus d’argent en vendant un tableau ou un meuble. Au fil des saisons, il connaissait tout ou presque des tentations auxquelles ses plus fidèles clients pouvaient succomber. 

Son cousin Théo était avocat et avait beaucoup de relations. Il lui refilait des tuyaux intéressants et le guidait parfois dans ses achats. Théo était au courant des déceptions amoureuses de Barthélemy tout comme de ses coups de chance professionnels. 

Toute l'histoire qui suit a commencé un dimanche matin de mars. Barthélemy s'était rendu à la campagne pour vider le grenier et les caves d'une grande et vieille maison, un bon tuyau donné par un restaurateur du quartier d'origine nordique. Ce jour-là, il tombait un crachin désagréable. Il faisait froid et humide dans la demeure inoccupée et c'est en rentrant chez lui que Barthélemy s'était rendu compte qu'il commençait une sorte de grippe. Malgré sa grosse doudoune et le chauffage, il grelottait et se sentait courbaturé. Ni les cafés chauds ni le grog ne le soulagèrent. En fin d'après-midi, il appela son cousin afin qu'il lui apporte des médicaments. Malgré les antidouleurs, l'état de Barthélemy ne s'améliora pas. Il eut bientôt tellement de fièvre qu’il délirerait dans son demi-sommeil. Les mots et les idées lui venaient… Il baragouinait. Il prononçait des mots bizarres qui n'étaient parfois issus ni du français ni  de l'anglais, les seules langues qu'il maîtrisait. Il formulait des idées bizarres, elles aussi. Il était question de poupées et de vente de jouets ce qui ne correspondait pas du tout à son domaine de prédilection. Son cousin et sa compagne Chloé restèrent à ses côtés jusqu'à la nuit tombée sans rien comprendre à tout son charabia.

Théo et Chloé rentrèrent chez eux en se promettant de repasser le lendemain matin et d'appeler alors un médecin. Durant le trajet du retour, ils se répétaient l'étrange formule qui d'après Chloé revenait le plus souvent dans les propos de Barthélemy : "lyckligt barn". Ils se la répétaient encore chez eux avant de se mettre au lit lorsque Théo s'exclama : "Je crois que nous faisons fausse route. Il articulait si mal. Ce n'est sans doute pas lyckligt barn, c'est plutôt Ingegard qu'il redisait sans cesse… Ingegard, souviens-toi, c'est cette jolie suédoise, parente du patron du restaurant Smörgâs. Elle avait séjourné quelques semaines ici durant les fêtes. Ils s'étaient rencontrés et avaient sympathisé. Cette fille avait un côté mystérieux qui l'intriguait." 

Le lundi matin, lorsque Théophile passa le voir, Barthélemy toussait, se plaignait de ses membres endoloris, mais se portait mieux. Il avait repris des antidouleurs, se gavait de chocolat chaud, s'agitait dans tous les sens, mais ne délirait plus. Il était visiblement parvenu à décharger seul sa camionnette. Quantité de baigneurs, de poupées, de peluches et de marionnettes jonchaient le sol de l'arrière-boutique. Tout excité, il expliquait en boucle : " J'ai fait une excellente affaire, hier. Je crois que tout ça attirera de nouveaux clients. Chacun de ces jouets vaut au moins cinquante euros. Je pense bien qu'avec le bénéfice je pourrai m'offrir un petit voyage en Suède cet été." L'agitation de Barthélemy et ses propos extravagants de la veille étaient donc moins insensés qu'il n'y paraissait. Cela rassura son cousin. 

Une semaine plus tard, c'est en passant devant la boutique que Chloé remarqua un vieux baigneur assis dans un  petit fauteuil en cuir noir. Sur son t-shirt blanc une inscription en lettres noires "Lyckligt Barn" et non "Ingegard" comme Théo avait cru le deviner. Chloé entra et demanda : "C'est quoi ce nom ?" "C'est un nom que j'ai inventé pour ne rien dévoiler d'une personne qui m'est très chère. Je l'ai fait broder sur le vêtement. J'ai eu l'idée de me lancer dans des produits à caractère plus ou moins ésotérique et d'attirer de nouveaux chalands", répondit-il. Chloé s'informa et apprit que "lyckligt barn" était du suédois et pouvait être traduit en français par "bienheureux enfant". 

Barthélemy attira, une clientèle inhabituelle avec ses poupées, mais aussi avec ses baigneurs et autres personnages. Le baigneur en vitrine focalisait l'attention des passants. Aux curieux qui, intrigués, poussaient la porte de son magasin, Barthélemy expliquait invariablement qu'il descendait, paraît-il, d'êtres issus de la mythologie nordique et dotés de pouvoirs magiques. Il était censé aider à combattre anxiété, dépression, apathie. "Je l'ai déniché chez un marchand de jouets retraité depuis plus de deux décennies qui vient de mourir. C'est ce que m'ont confié ses héritiers. Regardez, j'en ai d'autres aux mêmes pouvoirs rassemblés sur l'étal de droite.", ajoutait-il. Ainsi, il suffisait à Barthélemy d'un peu de bagout pour conclure une vente. 

À force de remarquer la vogue des logos et inscriptions sur les vêtements, Barthélemy eut l'idée géniale de faire fabriquer et de vendre des tee-shirts et sweats "lyckligt barn" de toutes les tailles en jersey de coton ou en tissu-éponge molletonné qui pouvaient être porté aussi bien à la belle saison que durant la saison froide. Le bouche à oreille fonctionnait bien. La magie mise à l'honneur par Barthélemy avait ses adeptes. C'est ainsi que le jour du Mardi gras de l'année suivante, on a vu un groupe de "lyckligt barn" déambuler dans les rues.  

L'été comme prévu, Barthélemy alla voir sa belle en Suède. Elle avait sa vie professionnelle, il avait la sienne. Ils ne continuèrent à se voir que pour des vacances relativement courtes. Ingegard n'accepta jamais de s'établir définitivement chez Barthélemy. "Il est préférable d'entretenir le désir en maintenant sa part de mystère", prétexta-t-elle. Quand elle était en visite chez lui, elle s'occupait cependant volontiers du magasin. Sa blondeur et son look en harmonie avec ceux de Barthélemy faisaient des miracles et le chiffre d'affaires s'arrondissait. 

Barthélemy acheta un studio en Suède pour y avoir un pied-à-terre. Ingegard maîtrisait de mieux en mieux le français, mais Barthélemy ne se mit pas vraiment au suédois. Chloé tenait la boutique de Barthélemy durant ses escapades suédoises. 

Quant au fameux baigneur de la vitrine, Barthélemy refusa toujours de le vendre. Question de superstition, voyez-vous! Barthélemy était en effet persuadé que Lyckligt Barn mettait certaines nuits à profit pour ranger la boutique à sa façon et réparer des objets. De plus, sans Lyckligt Barn qu'en serait-il du succès commercial ?

 

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Texte 4 sur le thème de la magie pour le 3e hors série de la revue

Publié le par christine brunet /aloys

 

L’épée de Velkan



 

Il y a bien longtemps, dans un lointain royaume…

 

À l’extérieur du palais d’orichalque, qui dominait la ville portuaire en contrebas, acclamations et applaudissements nourris croissaient – Démodion, le premier fils du roi Timéo et de la reine Liliane, souverains d’Allégia, venait de naître.

De mémoire humaine, comme non humaine, on n’avait encore jamais vu un aussi joli bébé. Un présent de la déesse Rozomorfia, assurément – la déesse à la peau couleur framboise, translucide, et protectrice des braves depuis la nuit des temps.

Puis l’accoucheur royal sortit leur second fils – Velkan serait le cadet. Il était tout aussi beau que son frère, sinon plus, et semblait déjà on ne peut plus vigoureux.

Le soir, et toute la nuit durant, des feux d’artifice éclairèrent le ciel d’incroyables bouquets d’étoiles multicolores.

Même le grand dragon Prasinos, l’oracle respecté de tous, se déplaça. Il quitta exceptionnellement son refuge, lequel dominait la Montagne des anciens dieux, dans le Nord. Pour y accéder, une ascension de plus de neuf-cents mètres sur l’adret, grâce aux larges marches polies d’un escalier, taillées dans la roche, était nécessaire. L’ubac de la montagne, lui, était l’endroit où vivait le pacifique peuple des lutins, bâtisseurs de génie aux doigts habiles et grands amateurs d’énigmes et de charades.

Lové sur le dôme du palais, Prasinos, presque aussi vieux que la déesse Rozomorfia, rassurait le peuple et le couple royal par sa seule présence majestueuse.

Il faut dire que…

Quelques mois auparavant, dans une grotte, Timéo et ses gardes réussirent à piéger Cattus Khan, le terrible nécromancien qui terrorisait la planète tout entière depuis le règne de l’arrière-grand-père de Timéo. Là, au terme d’un long combat de magie blanche contre magie noire, Rozomorfia enferma son esprit perverti dans une pierre de sang, profondément enfouie, un peu plus tard, dans les Ruines du Vampire, dans la région tropicale de la planète. Quant à son corps, il fut incinéré.

Certains des pires généraux de Cattus Khan demeuraient toutefois en cavale… Parmi eux : le puissant Ken-Do, qui maniait admirablement le sabre, et l’impitoyable Glaciarr. Glaciarr, de son vrai nom Glade Odegård, était autrefois le vaillant capitaine de la garde royale d’Allégia. Il fut capturé par le nécromancien, asservi magiquement, puis transformé en mutant capable de contrôler eau, glace et vent.

Ce soir, soucis et malheurs semblaient n’avoir jamais existé…

Et les deux jeunes princes grandirent…

Ils reçurent le même amour, le même enseignement, mais l’un : Velkan, était naturellement vertueux, adoré de tous, et l’autre : Démodion, naturellement sournois. Un mal sommeillait dans son cœur et dans ses veines, et la beauté de son visage n’était qu’un masque. Son âme était laide. Aliénée.

Prasinos mit en garde le roi : son fils aîné les trahirait un jour, mais Timéo se braqua. Il savait… Tous, ils savaient. Mais la connaissance et l’acceptation sont deux choses différentes. Surtout quand il s’agit de la famille.

Un an plus tard, Démodion fut surpris par leur maîtresse d’armes en train de conspirer avec la sorcière Jynx, ancienne élève de Cattus Khan, inféodée à son culte. Démodion, pour préserver son secret, tenta de tuer leur professeure d’un coup de glaive en plein cœur, mais son frère l’en empêcha. Ce jour-là, en effet, Velkan, perturbé par son rêve de la nuit passée, l’avait discrètement suivi… Il s’empara de l’épée et, d’un coup malheureux, défigura son frère qui s’écroula à ses pieds en vociférant.

Jynx usa d’un sort de disparition, emportant Démodion avec elle dans un tourbillon de fumée. Ils se réfugièrent dans la région la plus sombre et la plus désolée d’Allégia, où parias et criminels vivaient depuis la chute du cruel nécromancien.

Des semaines s’écoulèrent – le roi et la reine, horrifiés par le récit de Velkan et de Kyniga, la maîtresse d’armes, avaient proclamé la mort de leur aîné. Un « tragique accident ». Cette version, jugèrent-ils, était préférable pour les Allégiens.

Le fiel de Démodion grandit, et grandit encore…

Une nuit, attiré par une voix dans sa tête, il se leva subrepticement et se dirigea vers ce lieu sinistre connu sous le nom des Ruines du Vampire. Il marcha peut-être trois heures avant de voir apparaître l’ancien sanctuaire, théâtre de sacrifices rituels.

À l’intérieur, alors qu’il scrutait la statue d’un ancien despote : Desmobat, la terre s’ouvrit sous ses pieds, et Démodion disparut… Il réapparut quelques minutes plus tard, en lévitation, tout nimbé d’un éclat funeste. Dans sa main, une pierre – la pierre de sang où la déesse Rozomorfia avait enfermé l’esprit de Cattus Khan.

L’esprit du nécromancien prit alors possession du déjà perfide Démodion. En réalité, il fusionna avec lui… Démodion hurla de douleur et tomba à genoux. Quelques minutes plus tard, il se releva, totalement métamorphosé… Il n’était plus le prince déchu d’Allégia… Il était Nécrodion, le nouveau maître des ténèbres !

Infatué de sa puissance magique, il détruisit la statue de Desmobat et transforma les ruines en forteresse. Sa forteresse. Plus tard, il réunit la sorcière Jynx, Ken-Do, Glaciarr et quelques autres, et réfléchit à sa vengeance contre Velkan.

– Il te faudra plus qu’une épée et de la chance pour me battre, cette fois, mon frère… ricana-t-il. Car je détiens tous les pouvoirs de Cattus Khan ! Et tu mourras !

Ainsi, l’odyssée de Velkan n’allait pas tarder à lui être révélée… Et que signifiait son dernier rêve ? La belle déesse Rozomorfia et son glaive ne faisaient plus qu’un.

Mais ceci, braves gens, est une autre histoire…

 

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