Texte 10 de notre concours : "C'est magique !"

Publié le par christine brunet /aloys

 

Le chient errant

 

 

Deux randonneurs trouvent sur leur parcours un petit bois charmant. Recouvert d’un léger voile de brume, il agit sur eux comme un aimant. En plein sentier forestier, ils tombent sur un chien errant. Le clébard est, au bas mot, impressionnant.

─ J'ai faim ! grogne l’animal. Et quand j’ai les crocs, je suis à cran !

            D’entendre l’animal parler, les promeneurs restent bouche bée.

            En exhibant les dents, le chien demande :

─ Vous n'avez rien à manger ? 

─ Non, disent les promeneurs estomaqués.

─ C'est exactement ce que m'a répondu mon maître, poursuit le canidé.

            Les promeneurs semblent soudain soulagés : le molosse a donc un maître qui ne tardera, probablement, pas à se montrer et lequel, sûrement, leur fait une blague.

─ Non, nous n’avons rien à manger, disent-ils en scrutant les buissons environnants.

─ C'est exactement ce que m'a dit mon maître, répète le chien, alors, je l’ai mangé.

─ Pourquoi mendier de la nourriture si vous êtes rassasié ? objecte l’un d’eux.

─  J’ai encore un petit creux, poursuit le chien en les dévorant des yeux. Coupé de bouledogue, je suis un boulimique impénitent.

            Et, le chien, soi-disant doué de parole, devient très bavard :

─ J'ai mangé mon maître, poursuit-il, parce que j'avais soif...

─ Vous voulez dire faim ? dit l’autre en se moquant.

─ Non, dit le chien, j’avais soif... soif de liberté.

─ Mais, nous ne voulons pas vous en priver. Soyez donc libre, vaquez !

─ Impossible : vous, les humains, voulez tous nous apprivoiser. Si ce n'est moi, ce sera un autre et un autre c'est moi. C'est ainsi que je le conçois. C’est pourquoi je vais vous croquer.

            Estimant que la plaisanterie a assez duré, les promeneurs pressent le pas. Mais le chien méchant leur barre la route en disant :

─ Je mange pour oublier. Mais, sachez qu'après vous avoir dévorés, je serai aussi par les remords rongés.

            Comme le chien devient de plus en plus menaçant, les promeneurs s’inquiètent de leur sort.

─ Mais, pourquoi tant nous détester ?

─ Je ne vous déteste pas. À ma façon, je raffole de vous et vous adore !

─ Mais, pourquoi nous en vouloir ? Quel est notre tort ?

─ Nous, les chiens, avons toujours vécu aux dépens des humains. Nous avons fini par vous ressembler en perdant notre instinct. Et ne dit-on pas que l'homme est un loup pour l'homme ? Alors, donnez-moi un pied, une main, peu importe, pourvu que ma faim soit apaisée car ce n’est pas moi mais elle qu’il faudra apprivoiser.

─ Allons-nous-en ! dit l’un d’eux à son compagnon qui se retourne en criant :

─ Malheur à nous, le chien nous file le train !

            Et les deux promeneurs sortent du bois en courant. Dans leur hâte ils ne prennent pas le temps de lire la pancarte à la sortie :

 

Attention ! Danger !

 Débroussaillements périodiques par le feu.

Végétation riche en espèces hallucinogènes.

Publié dans concours

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M
Vraiment très original !
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P
Génial et comique! Un vrai conte poétique ! <br /> Le discours du chien est pas mal non plus 😁
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E
Oh j'ai raffolé de cette histoire cocasse et surprenante, j'aimerais assez envoyer quelques personnes de ma connaissance se promener par là pour leur donner une belle frousse ! Bravo!
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A
Hallucinante cette histoire !
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P
Un chien que je ne voudrais pas rencontrer ! <br /> Mais tout s'explique...
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