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Jean Destree nous propose un nouvel extrait de "Le tilleul du parc"

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

IMG 1738

 

L'odeur du café frais vint surprendre Jean-Michel qui s'éveilla. Encore dans le vague du sommeil, il ne s'inquiéta pas de l'heure. Son travail ne commençant qu'en fin de matinée, il avait donc tout le temps pour se préparer. Soudain, il pensa au café. Que se passait-il en bas? Prenant à peine le temps d'enfiler un peignoir, il descendit la volée de marches en trois enjambées, ouvrit brusquement la porte de la cuisine. Lui tournant le dos, l'inconnue était assise à la table à boire du café. Le bruit la fit se retourner. Elle sourit.

 

- Bonjour. Vous avez bien dormi?

 

Jean-Michel, figé, fit un signe de la tête mais ne bougea pas. La femme se leva, prit une tasse dans le buffet et servit le café.

 

- Du lait et du sucre?

- Oui, les deux, s'il vous plaît.

 

Il était comme tétanisé, ne sachant plus très bien s'il était chez lui ou ailleurs. Il réfléchit un instant puis reprit.

 

- Mais qu'est-ce que vous faites ici?

- Je vous ai fait le café. Vous n'êtes pas content? Ça doit faire un bon bout de temps que ce ne vous est pas arrivé. Je me trompe?

- Merci. Au moins cinq ans. Je ne me souviens plus.

- Je vous ai entendu rentrer cette nuit. Il était près d'une heure. Je ne dormais pas. Je n'ai pu trouver le sommeil que lorsque j'ai été certaine que vous étiez bien rentré. C'est drôle?

 

Il était perplexe, presque ennuyé. Cette intrusion dans sa vie le troublait plus qu'il ne l'aurait pensé. Et puis, cette manière gentiment désinvolte de s'imposer à lui l'empêchait de réagir comme il l'aurait souhaité. Il s'assit à table, silencieux, et but son café à petites gorgées. Enfin, il osa regarder la femme installée à sa table en face de lui comme si elle y eût trouvé sa place.

 

- Vous ne dites rien. Il n'est pas bon, mon café?

 

Elle sourit en regardant Jean-Michel droit dans les yeux. Le regard clair le troubla. Il esquissa un sourire mais se reprit bien vite.

 

- Je m'appelle Fabienne. Vous, c'est Jean-Michel. J'ai vu votre nom sur une enveloppe: Jean-Michel Vallier. Ce n'est pas un nom de par ici, ça? Mais c'est un beau nom qui sonne bien. Il me plaît beaucoup.

- Non, ce n'est pas de par ici. Mon arrière-grand-père est venu de Suisse il y a plus d'un siècle, mais je n'ai jamais su pourquoi il avait atterri en Belgique. Tout ce que je sais, c'est qu'il possédait une petite forge dans le fond de la province où l'on exploitait encore le fer vers 1850. Mon père était cheminot, il conduisait une locomotive à vapeur; il est mort de silicose, comme les mineurs d'ici.

 

Il s'arrêta, surpris des confidences qu'il venait de faire. Pourquoi s'était-il allé à dire à cette femme des choses qu'il n'avait jamais racontées qu'à Robert. Il fut presque gêné de s'être laissé prendre au jeu subtil de cette femme sortie il ne savait d'où et qui était parvenue à lui faire dire des choses qu'il tenait secrètes.

 

Fabienne se leva, ramassa les tasses et les déposa sur la tablette de l'évier. Il la regardait s'affairer tandis qu'elle préparait la table pour le déjeuner. Il ne pouvait se faire à l'idée qu'il y avait ce matin-là une femme dans sa maison et surtout qu'elle avait l'air de s'y trouver comme chez elle.

 

- Je vais faire ma toilette, dit-il comme pour s'excuser.

 

- Vous prenez de la confiture? demanda-t-elle. J'en ai trouvé sur l'étagère à l'entrée de la cave.

 

Il ne répondit pas et disparut dans l'escalier. Il ne parvenait pas à cacher son émoi. Une femme. Une belle inconnue qui s'imposait tout naturellement, qui était en train de l'apprivoiser et qui cherchait à mieux le connaître. Pourtant, elle ne lui avait posé aucune question. C'était lui qui s'était laissé aller et cela le gênait. Il faillit se couper en se rasant. Il pesta contre la lame qui coupait mal, contre le savon qui ne moussait pas assez, contre l'eau qu'il trouvait trop chaude puis trop froide. Il acheva sa toilette en redescendit. Sans doute l'avait-elle entendu car il la trouva versant le café bouillant dans des bols à fleurs dont il ne se servait plus depuis longtemps.

 

- Vous avez fait vite, dit-elle. J'ai eu à peine le temps de dresser la table. Venez, tout est prêt. Bon appétit. J'ai faim.

 

Ils se faisaient face et Jean-Michel n'osait pas la regarder. Elle se leva pour servir un autre bol de café, mais il fit non de la tête. Elle parut soudain ennuyée devant le silence obstiné. Son regard s'assombrit et Jean-Michel remarqua qu'elle avait envie de pleurer. Il s'en voulut d'être si bourru et peu courtois et il sourit franchement.

 

- Pardonnez-moi, dit-il, j'ai si peu l'habitude d'être servi. Vous savez, un célibataire n'est pas toujours un personnage fréquentable. Les gens comme moi ont des manies de vieux grigous; ils sont terriblement jaloux de leur indépendance et, lorsqu'ils sont surpris, ils ont besoin d'un certain temps pour reprendre leurs esprits. Ne m'en veuillez pas, si j'ai manqué de tact à votre égard, Fabienne... mais...

 

Il venait inconsciemment de prononcer son prénom. Était-ce vraiment involontaire? Il s'arrêta, confus et se sentit rougir de son audace.

 

- Excusez-moi, Madame. Ne faites pas attention, je n'ai pas voulu vous choquer. Je suis parfois bien distrait.

- Ne vous en faites pas. Ce n'est rien, fit-elle avec un petit sourire. Moi, je vais vous appeler Jean-Michel. C'est beaucoup mieux que "monsieur". Au moins c'est plus simple. D'accord?

 

Il ne répondit pas. Il se leva et, réflexe d'homme habitué à la solitude, il se mit à desservir la table, faisant signe à Fabienne de le laisser faire.

 

- Vieille habitude, dit-il, comme pour se faire pardonner. Il faut bien partager le travail. Vous avez fait le principal, laissez-moi donc l'accessoire. A propos, vous n'avez pas eu trop froid cette nuit? Avec cette humidité, les vieilles maisons sont de véritables nids à bronchites.

- Mais non, ne soyez pas inquiet, je suis habituée. Et puis, c'est un bon lit, même froid, à côté d'une banquette de gare. Si vous me le permettez, je vais faire ma toilette et je m'en irai, car j'ai besoin de savoir.

 

Elle se leva et pour la première fois, Jean-Michel osa la regarder franchement. Elle avait enfilé un de ses pyjamas et le peignoir était un peu grand pour elle. Ses cheveux sombres, défaits lui tombaient sur les épaules. Jean-Michel fut troublé. Elle était réelle-ment belle malgré sa tenue négligée. Décidément, la vie était bizarre. Ce qui lui arrivait était si inattendu qu'il en perdait ses moyens.

 

"Toi, se dit-il, si tu n'y prends pas garde, tu vas te laisser embobiner par cette intruse. Et après? Une fois suffit".

 

Fabienne était sortie. Il l'entendait monter lentement les marches et s'enfermer dans la salle de bain. Il s'installa à son bureau et commença à préparer ses cours. Il ne savait pas par quel bout commencer et, malgré ses efforts, il ne parvenait pas à se concentrer sur son travail. Il se releva et revint dans la cuisine pour se servir une tasse de café. Il était trop énervé pour continuer et puis, tant pis pour les leçons! Ce qu'il était en train de vivre depuis la veille devenait important. Il en était de plus en plus convaincu.

 

Il buvait lentement, fixant les pommiers du jardins. Il entendait le pas de Fabienne là-haut et se l'imaginait mettant de l'ordre dans les chambres. Et si... Mais non. Il ne pouvait pas. Il ne voulait pas. Pour lui, Fabienne, cette femme encore inconnue hier soir, n'était pas une femme comme les autres, comme l'autre, celle qui l'avait quitté parce qu'ils étaient trop différents. Fabienne, c'était comme un rêve qui le troublait en le dérangeant dans ses habitudes.

 

 

Jean Destree

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Jean-Claude Texier : un second extrait de L'Elitiste

Publié le par christine brunet /aloys

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L’ÉLITISTE

                           Jean-Claude Texier

 

Un extrait de circonstances électorales

 

Roméo de Rivera, proviseur du lycée Edith Cavell dans une banlieue bourgeoise de la région parisienne, staliniste farouche et dirigeant tyrannique, devenu socialiste par opportunisme, est fortement impliqué dans la campagne présidentielle de 2007.

 

Suite...

 

 

 

 

(...) Enfin, profitant d’une accalmie, il posa la question qui lui brûlait les lèvres :

« Dites-moi, Mademoiselle… ? 

— Edwige, et vous ? 

— Roméo. 

— C’est très romantique. Un joli prénom. 

— Merci. J’aimerais connaître votre avis, on parle beaucoup en ce moment du clivage droite gauche et certains trouvent que ces orientations sont dépassées. Pour vous, qui êtes jeune, que signifie être socialiste ? Beaucoup de gens jugent aujourd’hui qu’il n’y a plus de différence entre la gauche et la droite. Qu’en pensez-vous ? 

— Oh si, il y a une grande différence, même si l’on prétend le contraire. »

Elle était soudain devenue très sérieuse, comme si ce sujet lui tenait à cœur. 

Elle réfléchit un instant.

« Le socialisme prend la nation comme un tout, collectivement, commença-t-elle d’un geste charmant évoquant un globe. Il ne fait pas de différences sociales. Être socialiste, c’est croire en l’égalité de tous les hommes, quels que soient leur origine ethnique, leur religion, leur engagement politique, leur niveau social. Pour un socialiste, le mot le plus important, c’est le peuple, celui qui contient toute la sagesse accumulée par les générations. L’idéal socialiste, c’est le bonheur de tous, du plus humble au plus élevé, et comme il repose sur l’égalité, il implique le partage des richesses, leur redistribution équitable sur l’ensemble de la nation. Il y a tout cela dans le programme de Ségolène. Sa démocratie participative va puiser aux sources populaires du pays pour s’en inspirer. Elle s’intéresse aux exclus, aux handicapés, à l’égalité salariale de l’homme et de la femme, à la promotion sociale de la femme, à l’insertion des jeunes dans la société, à la lutte contre le racisme et la discrimination. Dans l’État socialiste, tous les hommes sont égaux, donc solidaires, et l’intérêt général l’emporte sur les profits privés. L’économie de marché doit être contrôlée par l’État pour assurer la justice sociale.   

Il y a aussi l’idée que l’homme peut échouer, que l’échec n’est pas une damnation. On aide le perdant à se relever. La pauvreté est une conséquence de l’inégalité, du gaspillage, de l’appropriation des richesses par quelques-uns, des abus de pouvoir, de l’injustice. Davantage de justice sociale doit amener les plus démunis à sortir de la pauvreté. C’est l’ordre juste de Ségolène : faire en sorte que chacun ait de quoi vivre                      décemment. »

Roméo l’approuva.

« Et maintenant, être de droite, qu’est-ce que c’est, selon vous ? »

Elle se concentra un instant.

« La droite voit la société sous l’angle de l’individu. Elle prêche des valeurs que ne renie pas nécessairement la gauche, mais leur donne une importance primordiale : le travail, l’ambition, la famille, la patrie. Économiquement, elle prêche le libéralisme, qui laisse jouer la concurrence commerciale, et la compétition des individus, qui doit faire réussir les meilleurs. Il y a donc dans l’idéologie de droite un culte de l’élite… »

Roméo tiqua malgré lui à ce mot.

Elle n’y prit garde et s’enflamma, le verbe haut.

« ... avec pour corollaire un mépris de l’exclu, de celui qui échoue, qui se révolte, du délinquant des banlieues assimilé à une racaille, une tendance à l’autoritarisme, une glorification de l’ordre brutalement instauré, de la répression de la criminalité par l’augmentation des peines, un darwinisme social qui prétend que dans la lutte pour survivre, c’est le plus apte qui gagne, tandis que les moins aptes sont naturellement éliminés. C’est comme l’opinion de Sarkozy sur les pédophiles victimes de leur héritage génétique. Ce sont d’incurables ratés de la nature. On n’y peut rien. L’échec est donc la sanction d’une incapacité, et la réussite la récompense du labeur et de la valeur de l’individu.

Donc, la droite défend l’entrepreneur, moteur de l’économie. C’est l’entreprise qui crée les richesses, et c’est par sa croissance qu’un pays progresse économiquement en fournissant emplois et pouvoir d’achat pour tous. Elle croit au mérite individuel, voit dans l’argent une récompense du travail et des talents, et non une injustice. Le train de vie de Vincent Bolloré, 451e fortune du monde, est un scandale pour la gauche, un exemple de l’appropriation des richesses par les privilégiés. Mais selon la droite, Vincent Bolloré est un exemple de compétence, de valeur, de travail, d’efficacité et de prise de risques, dont la réussite contribue au rayonnement économique d’un pays.

Pour la droite, les 35 heures sont une aberration, car le travail n’est pas un gâteau que l’on découpe en parts équitables pour chacun. Selon Sarkozy, elles coûtent sept milliards par an au pays, sans parler des secteurs où elles sont inapplicables, comme les hôpitaux. Le plein emploi est l’œuvre des entrepreneurs qui font tourner la machine économique à plein régime, et dont il faut faciliter les projets. En particulier ne pas les faire fuir à l’étranger par un impôt sur la fortune trop élevé. 

— Bravo pour cette analyse, apprécia Roméo. Mais le clivage gauche droite, est-il si tranché que cela ? 

— Oh, pas toujours. Ainsi, quand Ségolène veut réconcilier les Français avec l’entreprise, quand elle prétend aider les entreprises innovantes qui réussissent, elle préconise une politique de droite. Car où trouver de l’argent ailleurs que dans l’économie ? Prendre l’argent des riches est une hérésie. 

— Vous êtes donc de droite, puisque vous prêchez le libéralisme économique » fit-il d’un air taquin.

Elle sourit en balançant la tête.    

« Ni de droite, ni absolument de gauche, puisque je ne suis pas encore décidée à prendre ma carte du PS. Il y a plus d’égoïsme, de dureté, d’exigence à droite, mais aussi parfois plus de pragmatisme ; il y a plus de générosité, de tolérance, d’ouverture et d’humanité à gauche, en particulier en matière d’immigration et d’environnement, avec parfois un manque de réalisme. Mais je crois que cette division droite gauche n’est pas une vision saine des choses, qu’il faut se situer au-dessus, c’est pourquoi je penche vers Ségolène qui n’a pas une position                      antipatronale comme la gauche traditionnelle. Je partage son idéal d’une réconciliation des Français avec l’entreprise. 

— Qu’est-ce que vous entendez par réconciliation avec l’entreprise ? 

— Je veux dire, un individu peut très bien avoir de l’ambition, s’améliorer pour devenir excellent dans son travail, et un autre être un patron équitable payant convenablement son employé pour le travail qu’il fournit. Être patron implique une capacité à diriger, à assumer des responsabilités, mais aussi un sens de l’équité et de la justice dans le paiement de ses employés. Il ne peut verser le même salaire à tous, car certains sont plus qualifiés que d’autres. Mais il s’interdit d’exploiter quelqu’un parce qu’il est faible ou peu qualifié, ou de discriminer lors de l’embauche selon des critères raciaux, politiques, religieux ou autres, ou encore de pratiquer le harcèlement moral pour se débarrasser de quelqu’un sans lui payer des indemnités de licenciement, ou le harcèlement sexuel qui prend l’autre comme objet, ou toute autre forme de domination dégradante. Il ne manipule pas ses employés pour obtenir d’eux plus qu’ils ne peuvent donner, il respecte leurs horaires de travail, tient compte de leurs revendications, maintient le dialogue avec eux, et les rémunèrent décemment, chacun selon son mérite. Cette vision n’est pas chimérique, elle fait rejoindre la droite et la gauche dans la même communauté d’intérêts. »

Roméo était devenu blême. Il fixait la jeune étudiante comme un serpent, figé dans un moment de fascination où le reptile brise la volonté de sa victime, et avant de la détruire, la réduit à l’impuissance, en fait une chose molle, malléable, soumise, comme un subalterne. Mais indifférente à son masque glacé, elle lui offrait son regard clair, accompagné d’un demi-sourire, cherchant à deviner ses pensées, et, ravie de son effet, attendait patiemment une approbation. Comme le silence s’éternisait, une gêne sourde apparut dans ses yeux, une vague inquiétude de lui avoir déplu. Alors, conciliante, elle lui demanda doucement, comme à un enfant boudeur :

« Vous n’êtes pas vexé au moins ? »

Il parut sortir d’un monde intérieur et reprendre conscience du lieu et de l’heure.

« Non, dit-il faiblement, j’étais seulement… stupéfait de vous entendre parler… comme Ségolène. » 

Elle éclata de rire, d’un rire cristallin qui le réjouit. Autour d’eux, les clients se levaient et se dirigeaient vers le siège du parti où s’annonçait l’imminence des résultats. Ils suivirent la cohue et allèrent sur le trottoir opposé, devant l’immense écran, parmi la foule qui ponctuait les images d’applaudissements, de sifflements ou de huées selon le bord politique des personnages. Les vagues de drapeaux blanc et rouge du Mouvement des jeunes socialistes s’agitèrent lorsque commença le compte à rebours, vers les 2O heures fatidiques. Il cria avec eux, joignit sa voix tonnante à l’ample clameur de la jeunesse :

« six, cinq, quatre… »

Des balcons et des chambres sous les toits, où les vitres renvoyaient les derniers éclats du soleil en cette douce soirée printanière, des journalistes filmaient l’évènement.

Il retint son souffle.

 

Copyrights Editions Chloé des Lys 2012

 Jean-Claude Texier

 

elitiste

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Début et fin, un texte de Louis Delville

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

delvilletete

 

DÉBUT ET FIN

Votre texte commencera par :

Sa voix était distante. Elle ne lui répondait qu'à demi mot.

Et se terminera par :

Cette journée de printemps était plutôt fraîche. La place du marché était noire de monde.

 

Sa voix était distante. Elle ne lui répondait qu'à demi mot. Pourtant d'habitude, elle n'arrêtait pas, une véritable mitraillette. Il faut dire que ce qu'il lui avait dit, l'avait laissée sur le cul, comme on dit !

 

Apprendre que l'on est enceinte de triplés, même le jour de la Saint-Nicolas et même si la nouvelle vous est annoncée par un spécialiste sérieux, n'est pas chose facile.

 

- Des triplés, vous… vous êtes sûr, Docteur ?

 

- Oui, il n'y a aucun doute. Rassurez-vous, vous aurez de l'aide et en plus, les allocations…

 

- Les allocations… une misère…

 

- Une aide familiale à plein temps et puis, la fierté de vous promener avec vos trois enfants…

 

- Et mon mari ? Que va-t-il dire ? Il est enfant unique…

 

- Nous nous revoyons dans deux mois ?

 

Le médecin avait abrégé la consultation ne sachant plus quoi répondre. Et les mois avaient passé… sans gros problème. Elle prenait de l'embonpoint, se promenait fièrement, parlant à toutes et à tous pour expliquer sa situation. Elle et son mari assumeraient et les trois enfants seraient accueillis avec amour.

 

La délivrance arrivait. Le 1er mai, elle rentrait à la maternité et mettait au monde trois garçons. Dehors, devant la maternité, le cortège passait avec ses slogans, ses harangues. Aux premiers rangs, on  apercevait quelques hommes politiques portant fièrement leur écharpe tricolore et un brin de muguet à la boutonnière. Cette journée de printemps était plutôt fraîche. La place du marché était noire de monde.

 

Louis Delville

louis-quenpensez-vous.blogspot.com

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Courts extraits tirés de la trilogie de Stéphane Ekelson

Publié le par christine brunet /aloys

 

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Aimer à mûrir (extrait)

 

« J'embrasse la joue de l'écriture. Elle est féminine. Je voudrais l'épouser. Epouser ses formes fort séduisantes. Coucher dans le même lit de confidences, d'histoires vraies et fictives. Mêler ma langue à la sienne pour maintenir la passion. Je range mes armes, mon combat contre elle. Je veux qu'elle soit mienne et sienne. Je lui souffle des mots à l'oreille. Elle se met à rire. Je ris aussi de sa splendeur. L'écriture me dévisage. J'en tombe amoureux. Tout coule alors comme une source. Une relation est née. Elle a décidé en secret de m'épouser. Je tourne la page de mon passé. Je remplis les pages vierges de notre livre. Celui d'un amour naissant. Le mariage fut célébré dans une cathédrale accompagné par un orgue inspiré de notes comme les mots abondants écrits sur le registre de l'autel blanc. »

 

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L'indicatif présent (extrait)

 

« Le temps du plus blanc que blanc est révolu. A présent on parle de boue, de crasse, de puanteur, de déjection, de pourriture, de cadavre et de laideur. Tu es laide, tu es sale et tu pues. Tu n'aimes pas l'entendre n'est-ce-pas ? Avoue, reconnais-le, je suis dans le registre de l'horreur, du scandaleux et de l'infâme. Mais ils sont nombreux dans mon cas. Tu ne te rends pas compte. Tu ignores la vraie nature de l'homme. En fait tu m'exaspères, tu m'irrites. Je ne sais pas sur quel pied danser avec ton comportement et ton langage déficient. Tu veux que je m'arrête-là ? Que je signe une trêve avec toi pour cesser ce non-lieu ? »

 

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Toile au vert de liqueur (extrait)

 

« Ayant atteint la hauteur de sa voiture, il ouvrit la portière arrière et en sortit des chaussures décentes qu'il mit à ses pieds à la place des bottines dont l'éclat puait. Le jour s'assombrissait peu à peu et il alluma une cigarette, assis à son volant, sans se douter que des yeux avisés suivaient son manège. Après un temps, la cigarette consumée à grandes bouffées, il démarra silencieusement les feux éteints par l'oubli. »

 

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Extrait d'un journal intime retrouvé au fond d'un grenier, un texte de Louis Delville

Publié le par christine brunet /aloys

 

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EXTRAIT D'UN JOURNAL INTIME RETROUVÉ AU FOND D'UN GRENIER

 

Samedi, le 18 mai 1861

Il est près de six heures et je suis réveillée. J'écris ces quelques lignes à la hâte. Aujourd'hui est un grand jour, celui de mon mariage.

 

Charles m'a choisie parmi toutes les jeunes filles de bonne famille que ses Parents ont voulu qu'il rencontre avant de faire son choix.

 

Oh, béni soit le jour où je l'ai vu, jeune officier fringant dans ce bel uniforme. Il semblait savoir que tous les regards étaient tournés vers lui et pourtant il m'a longuement fixée en s'avançant vers Mère à qui il a demandé l'autorisation de m'inviter à valser.

 

Et nous avons valsé, valsé, j'en suis encore étourdie… À minuit, comme les jeunes filles sages, j'ai obéi à Mère qui voulait quitter la salle de bal. Nous sommes reparties dans le fiacre que Père avait envoyé nous chercher.

 

Cher journal, voila plus de cinq ans que j'attends ce jour et j'ai peur ! Peur de le décevoir, peur que Charles ne me trouve pas digne de lui, peur aussi de cette nuit de noces dont Mère m'a parlé à demi-mots et en rougissant !

 

J'aime Charles plus que tout et bientôt, je serai sienne.

 

Ceci est la dernière page de ce journal intime. Plus rien n'est écrit après ces quelques lignes…

 

Louis Delville

louis-quenpensez-vous.blogspot.com

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J'ai peur de..., un texte de Louis Delville

Publié le par christine brunet /aloys

 

delvilletete

 

J'AI PEUR DE…

Commencez un texte qui commence par cette phrase.

 

J'ai peur de vous raconter cette histoire… On va encore dire que je l'ai inventée et pourtant c'est la vérité !

 

Il y a quelques années, lorsque j'étais petit, j'ai rencontré des Martiens ! Vous voyez, vous commencez déjà à sourire. J'en ai marre de ces gens qui ne me croient pas !

 

L'après-midi du 24 décembre 1900 et quelques, je regardais par la fenêtre pendant que ma mère faisait des bouquettes. Eh voila, on sourit encore, on ne connaît pas un mot typiquement liégeois et on rit bêtement !

 

La bouquette est un genre de crêpe à la farine de sarrasin agrémentée de raisins de Corinthe macérés dans le genièvre. Il neigeait doucement et la maison embaumait. On avait fait les courses la semaine précédente et le cuissot de sanglier attendait sagement au réfrigérateur. Maman avait trouvé une recette de sanglier au chocolat à préparer pour le réveillon. Encore ces sourires moqueurs ! Oui, ça existe une recette de sanglier au chocolat !

 

Depuis la veille, la viande marinait… Le foie gras était déjà coupé en belles tranches et Papa avait ouvert une bouteille de ce vin fabriqué à base de grains de raisins pourris. Je vois que vous vous marrez mais il existe vraiment, ce vin, le Sauternes ! Attendez d'en avoir goûté avant de critiquer !

 

Je crois que je vais m'arrêter de vous raconter cette histoire, j'avais bien raison d'avoir peur de la commencer. Vous ne croyez pas des choses vraies, alors comment voulez-vous croire à mon histoire de Martiens ? 

 

Louis Delville

louis-quenpensez-vous.blogspot.com

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Jean-Claude Texier nous propose un extrait de son roman, L'Elitiste

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

P1070295

 

 

L’ÉLITISTE

                           Jean-Claude Texier

 

Un extrait de circonstances électorales

 

Roméo de Rivera, proviseur du lycée Edith Cavell dans une banlieue bourgeoise de la région parisienne, staliniste farouche et dirigeant tyrannique, devenu socialiste par opportunisme, est fortement impliqué dans la campagne présidentielle de 2007.

 

Le dimanche 22 avril, au soir du premier tour, en proie à une angoisse qu’il crut exorciser en retrouvant ses congénères, Roméo alla au siège du parti. C’était une belle fin d’après-midi printanière et le boulevard Saint-Germain, plongé dans un calme provincial, connaissait le silence préludant aux grands évènements.

Il trouva la rue de Solferino en effervescence. Des groupes de militants du Mouvement des jeunes socialistes agitaient des drapeaux aux cris de « Ségolène Présidente ! » parmi une foule assemblée devant un écran gigantesque, dans l’attente que s’affiche le score de son idole. Sur un podium dressé au milieu de la rue, la télévision achevait ses préparatifs. Les regards graves trahissaient la même appréhension qui l’habitait.  

Il se rendit à la brasserie au coin du boulevard Saint-Germain dans l’espoir de rencontrer une connaissance. Elle était bondée, le comptoir pris d’assaut par une clientèle assoiffée en quête de pronostics venus de l’étranger et d’ultimes prévisions. Les serveurs en sueur, débordés, couraient en tous sens, incapables de répondre à la demande. Il dut s’armer de patience avant qu’on lui servît une bière.  

On se pressait aussi dans l’escalier des toilettes. Il attendait docilement son tour lorsqu’il remarqua devant lui une jeune fille dans laquelle il crut discerner cette touche de distinction qu’il admirait tant chez certains politiciens. C’était une blonde d’une vingtaine d’années, au teint frais, aux lèvres finement ourlées, aux yeux bleus malicieux, souriante dans la file d’attente, et il se dit qu’elle devait avoir de l’humour, la qualité qui lui manquait tant, mais toujours appréciable chez autrui. L’idée lui vint – reste de ses lectures sur la séduction – qu’il devrait faire un effort pour engager la conversation sur un mode léger et plaisant.  

« Quel monde ! fit-il d’un air détaché, on se croirait à l’ANPE. » (Agence nationale pour l’emploi)

Elle éclata de rire, et il s’enhardit à lui demander si elle avait des renseignements sur les résultats probables. Comme elle secouait négativement la tête, il interrogea un jeune homme à lunettes aux traits creusés d’intellectuel, suspendu à son portable. 

« D’après des amis de Lausanne, dit-il gravement, flatté qu’on lui demandât son avis, vers cinq heures, c’était Bayrou qui était en tête. Mais il reste une heure, et tout peut basculer.  

— J’espère, dit Roméo, que Le Pen ne renouvellera pas son score de 2OO2 au premier tour. Je ne peux m’empêcher de souhaiter qu’il meure à la tribune, au milieu d’un discours haineux, d’un infarctus ou d’une congestion cérébrale. Vous ne croyez pas que cela pourrait lui arriver, à 78 ans ? »

Il fit semblant de s’étrangler et de tomber raide mort.

« Oui, certainement ! » fit la fille en riant.

Elle était assez jolie, et quelque chose d’innocent dans son expression lui plut. Il se souvint du premier précepte énoncé par son Don Juan de  Chamonix : faire rire une femme, c’est l’avoir à moitié dans les bras. 

Il poussa plus loin son avantage.

« Et ce n’est pas son imbécile de fille qui prendra le relais. La droite perdra son meilleur tribun et la gauche son pire ennemi. Je souhaite qu’on l’enterre dans une heure, fit-il en regardant sa montre.

— Marine ? Elle ne lui arrive pas à la cheville. Vous n’avez rien à craindre. »

Elle se précipita vers une place devenue libre dans une cabine. Lorsqu’il sortit, il alla l’attendre en haut des escaliers. Elle parut surprise de le retrouver. Il se demanda si elle n’avait pas rendez-vous avec un ami, mais résolut de risquer le tout pour le tout.

« Nous avons le temps de prendre un verre. Tenez, voilà une table qui se libère, allons-y. »

Et il s’empara de deux chaises de la terrasse avant qu’elle refuse son invitation. Mais elle vint s’asseoir en face de lui en le remerciant, toute joyeuse qu’on lui offrît un moment de détente dans cette cohue.

Il commanda deux cafés et la prévint qu’ils devraient attendre, ce qui lui donna l’occasion de citer son proverbe espagnol favori : Con la paciencia se gana el cielo. (Tout arrive à qui sait attendre)   

Et comme elle s’étonnait de son accent, il lui avoua ses origines ibériques, sa naissance dans un pays lointain.

« Mais parlons de ce qui nous amène ici. Vous êtes militante ? 

— Disons sympathisante. Mais presque militante, oui. Je devais retrouver une amie ici, mais elle vient de me prévenir qu’elle ne pourra venir. Elle est inscrite et veut que je le sois aussi. Nous sommes toutes deux étudiantes en deuxième année de médecine. Plus tard, on voudrait travailler dans l’organisme de Kouchner. 

— Bravo, mes compliments. Et bonne chance dans Médecins du Monde 

— Merci. Vous êtes professeur ? 

— Moi ? En ai-je l’air ? Non, je suis fonctionnaire. Mais j’ai été instituteur à Chamonix, il y a bien longtemps. 

— Est-ce que vous croyez que Ségolène sera au second tour ? 

— J’en suis sûr. Dans l’administration, beaucoup de gens lui font          confiance. Mais la lutte sera serrée au deuxième tour, à cause de Bayrou qui nous a pris du monde. »

Elle l’approuva tristement.

« Est-ce que vous aurez un jour votre carte du parti ? 

— Sans doute, je pense. En fait, je ne sais pas. Vous croyez que c’est important ? »

Il hocha la tête.

« Oh oui, très important. C’est la marque de votre engagement. C’est par là que vous vous démarquez des capitalistes exploiteurs, de Sarko et de sa bande de profiteurs sur le dos du peuple. Plus on sera de monde, plus on sera fort. Ségolène veut que l’on devienne un parti de masse. »

Leurs voix furent bientôt couvertes par des cris enthousiastes de « Ségolène Présidente ! » Le vacarme dura quelques minutes, entrecoupé de pauses si courtes qu’ils n’avaient guère le loisir de poursuivre leur conversation. 

 

Jean-Claude Texier

L'Elitiste

 

 

 

 

 

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L'inventaire de vos sens, un texte de Louis Delville

Publié le par christine brunet /aloys

 

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L'INVENTAIRE DE VOS SENS

Fermez les yeux.

Respirez profondément.

Complétez cet inventaire en laissant parler vos sens et vos émotions.

 

Chose claires et pures :

Tintin

L'eau Bru

La mer d'un pays chaud

 

Choses troublantes :

Les OVNIS

Le vent

Les tempêtes

 

Choses qui surprennent :

Un plat inconnu mais succulent

Un plat inconnu mais pas à mon goût

 

Choses qui font battre le cœur :

Des retrouvailles

Une première rencontre

Être face à une caméra

Écouter un orchestre en train de s'accorder

 

Choses mélancoliques :

Les chrysanthèmes de Toussaint

Certaines chansons

Certaines musiques

De vieilles photos

 

Choses poignantes :

Une corrida

Un grand concerto pour piano

Édith Piaf sur scène

Jacques Brel sur scène

 

Choses qui font rougir de honte :

Rien, j'assume !

 

Choses agaçantes :

Celles qui n'avancent pas comme elles devraient (voitures, piétons, histoires…)

Le manque de respect de façon générale

 

Choses qui donnent un vertige d'émerveillement :

Les chutes du Niagara

Un grand paquebot

Un plat cuisiné sublime

La neuvième symphonie de Beethoven

 

Choses qui égaient le cœur :

Voir les étoiles dans les yeux des gens qui m'écoutent conter ou chanter.

 

Choses peu rassurantes :

Les bruits inhabituels (armée, avion, cris, tonnerre)

Une foule inconnue

 

Choses qui provoquent l'enthousiasme :

Quelque chose qui fonctionne bien jusqu'au bout et comme prévu !

Une rencontre

 

Choses fugitives :

Une odeur d'épice

Parfois certains parfums

Un oiseau sur une banche

 

Choses désolantes :

Certaines images à la télé

Une rupture à laquelle je ne peux rien !

 

Choses qui font monter les larmes aux yeux :

Souvenir de personnes disparues

Un enfant prodige jouant du piano ou du violon

 

Choses qui donnent un très grand plaisir :

Conter

Les fameuses étoiles dans les yeux des spectateurs

Recevoir des amis

Offrir un cadeau

 

Choses qui apaisent :

Ma couette

Caresser un gros chien

 

 

Louis Delville

louis-quenpensez-vous.blogspot.com

 

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Extrait de "lettre à mes anciens étudiants" de Jean Destree

Publié le par christine brunet /aloys

 

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Lettre à mes anciens étudiants

 

 

               Chapitre premier

 

 

Est-ce vrai qu'il faut travailler? Et pourquoi?

 

 

 

                                                                Si tu as faim, mange une de tes  mains et

                                                                 garde l'autre pour demain  matin.

                                                                                                                                                                             

                                                                                                 (Ma grand-mère).

 

 

 

 

Est-ce vrai qu’il faut travailler?

Question idiote.

Du moins elle peut le paraître. La Bible ne dit-elle pas dans Genèse:  "Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front"

La belle affaire! Je vous ferai d’abord remarquer que la Bible, comme tous les livres prétendus « sacrés »(?) sert de justification à toutes les conneries des hommes. C’est évidemment bien commode, car cela évite de se triturer la cervelle pour trouver les vraies solutions. Donc si j’en crois la Bible, Dieu - à qui je mets par tradition une majuscule, pour le distinguer des divinités papoues ou jivaros - aurait dit que tu dois travailler. Donc ma question est idiote puisqu’elle va à rebrousse-poil(s) de la parole divine. Autrement dit, si je ne travaille pas, je suis un mécréant, je suis le « mauvais sujet de Brassens », celui qui refuse de marcher au pas au son de la musique.

      Ma question est encore plus idiote si l’on admet une fois pour toutes pour toutes que l’homme est le seul animal qui soit obligé de travailler pour subsister. Cela aussi est une vérité incontournable. Personne n’a jamais vu un lion faire des boulons au Ruau, forer des puits de pétrole ou compulser des dossiers dans un ministère. Personne n’a jamais imaginé un moustique creusant des tunnels, conduisant un bus ou érigeant des gratte-ciel et encore moins un setter régler la circulation à Piccadilly Circus, surtout s’il est Irlandais(!) Et tout cela pour ne pas crever de faim, de froid, de soif ou ...d’amour. Mais l’Homme oui! C’est un devoir. Voilà! Le grand mot est lâché. Un devoir. Travailler, il faut travailler. Sinon, pas de boulot, pas de sous, pas de pain, pas de vin, pas de lit, pas de maison, pas... de femme(s) non plus. Compris?

 

       Pas de questions?

       Oh! que si, bien sûr.

 

       Et ma question sera d’autant plus idiote - la réponse n’est pas dans la Bible - quand on considère que le seul moyen de s’en tirer, souvent plus que honorablement, n’est pas de travailler soi-même, mais de faire travailler les autres pour soi. Beaucoup l’ont compris. C’est pour cela qu’il y a des patrons et des ouvriers, des employeurs et des employés, des exploiteurs et des exploités. Ceux-ci travaillent pour ceux-là. Nous en reparlerons plus tard, car chaque chose en son temps. Et comme dit le proverbe: « Chacun à sa place et les vaches seront bien gardées ».

 

 

      Mais revenons à notre propos. Et commençons par une citation latine, cela fait très bien dans le décor et ça prouve que l’on a de la culture, même si elle n’est qu’un vernis qui s’écaille très vite. In illo tempore... (en ce temps-là, pour ceux qui n’auraient pas compris),  il y a des milliers d’années , il y avait la nature. Des arbres, des fleurs, des rivières, des mers. Il y avait aussi des oiseaux, des poissons et des ... iguanodons, comme ceux de Bernissart. Et puis un jour, (quelques années plus tard) est apparu... l’Homme, « le roi de la création » (sic). Et oui, pardi! Notez, il n’était pas très évolué, notre bonhomme, du moins on le prétend. La suite va le montrer. Encore que si l’on compare avec l’Homme de maintenant, on peut se poser des questions... toujours aussi idiotes.

 

   Au fait, cet homme, que faisait-il? Oh! c’est très simple: il se comportait comme les autres animaux. Il pêchait et chassait pour manger; il cherchait à se protéger quand il faisait trop froid ou quand il pleuvait trop. Il paraît qu’il pleuvait beaucoup plus que maintenant. C’était le « déluge » le bien nommé. Vous voyez qu’on ne peut l’éviter, cette Bible. Quelle mine de références; point n’est besoin d’une grande bibliothèque. Et ensuite? Ah! j’oubliais. Il faisait aussi l’amour. Sans doute pour peupler la terre, parce que , prétend encore la Bible, Dieu aurait dit: " Croissez et multipliez-vous ". Bref,  "l'Homo primitivus " passait son temps. Et comme la journée valait vingt-quatre heures, comme maintenant, quand il avait mangé, qu’il était bien à l’abri et qu’il avait bien honoré sa compagne, savez-vous ce qu’il faisait? Vous donnez votre langue au chat? Et bien, il dormait. Il se couchait avec les poules et se levait au chant du coq. Et chaque jour, il recommençait. A sa manière, il écrivait - façon de parler - « l’Eloge de la paresse ». Et cela dura... un certain temps. Combien d’années? Nul ne le sait et je ne vais pas discuter avec les paléontologues préhistoriens pour décider si ce fut six mois ou un million d’années.

 

       Ce qui paraît à peu près sûr, c’est que les choses vont changer. Parce que l’homme est aussi le seul animal qui n’est jamais content de ce qu’il possède. Ce désir de toujours obtenir plus - ce que certains appellent le « progrès » - fait que la mentalité va se transformer parce que les conditions de vie vont changer. Une nouvelle notion va apparaître qui créera de nouveaux rapports sociaux entre les hommes: la hiérarchie. Autrement dit, la relation d’autorité, le pouvoir avec toutes ses conséquences parmi lesquelles l’oppression sous toutes ses formes.

 

     Comment ce changement s’est-il déroulé? On en est, bien sûr, réduit aux suppositions. Peut-être un individu plus rusé - plus pervers - que les autres va se détacher du groupe qui va peu à peu lui reconnaître un certain pouvoir. Comment? Allez donc savoir puisqu’il n’y a pas de trace écrite. N’oublions pas que tout ceci se passe il y quelques années, à une époque où l’homme se contentait, croit-on, de grognements et de cris. Cela n’empêche pas que l’on peut très bien imaginer comment les choses se sont produites. L’imagination est une faculté humaine qui est à la base des plus grandes découvertes. De plus, la connaissance que l’on peut avoir du comportement des individus peut très bien expliquer le processus de prise de pouvoir. Le « coup d’État préhistorique », quoi!

 

       Tout le monde sait que la nature, ça existe. Elle est multiple dans ses formes et ses manifestations. Il y en a une qui, de tout temps, a fichu la frousse: la foudre. Astérix craignait que le ciel lui tombât sur la tête. C’est encore vrai maintenant. Pour s’en protéger dans certaines régions, on brûle un cierge à un certain Saint-Donat. Comme quoi, Armstrong a eu beau marcher sur la Lune, en ce début  de XXIème siècle, les superstitions ont la peau dure.

   Le Ruau est une entreprise du complexe Cockerill-Sambre qui lamine l’acier. L’expression « va faire des boulons au Ruau » est péjorative à Charleroi. Va te faire...

   Avec une majuscule, nom de Dieu! On nous doit bien ça.

   Remarquez la gradation dans le  malheur!

   Un peu plus de 7000  si l’on en croit les Témoins de Jehovah, particulièrement soucieux des chiffres. Quelques millions de plus,  d’après les dernières découvertes.

   Cela fait beaucoup de questions idiotes, direz-vous. Très juste, car vous pourriez  croire qu’il n’y a que de telles  questions. Ce n’est pas une raison pour les éluder. Patience, cela va venir. D’accord?

   Excusez du peu, mais cela n’a strictement rien à voir avec Honoré ni de Balzac ni de  Marseille.

   Allons, allons! petits mal tournés!

   Le grand philosophe Érasme a bien écrit l'Éloge de la folie ». Et il a bien fait. Alors, allons-y gaiement!!!

   Ouf! Pour parler de ceux qui courent après le « vieux ».

 

 

 

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Une approche pédagogique du conte, une étude passionnante proposée par Jean-Michel Bernos

Publié le par christine brunet /aloys

 

1e Couverture MML

 

Une approche pédagogique du conte

 

 

Un peu comme Anne-Marie Jarret-Musso qui écrit des histoires à lire à voix haute (le bonheur est dans le conte), je me suis essayé depuis longtemps au conte traditionnel. On réalise en écrivant, que la structure du texte devrait suivre une logique et une construction qui nécessitent de respecter l’esprit même du conte.

 

Quand j’ai terminé le récit (intégré dans mon ouvrage Merci Monsieur Leacock) j’ai senti qu’il fallait clarifier cette méthode. C’est sans doute au sens « technique », la partie la plus intéressante du conte.

 

Comme cette « explication » n’a pas été « ajoutée » dans le livre (en cours de référencement chez Chloé des Lys), j’ai pensé intéressant de partager avec vous ce passage. Il figure donc à la fin du récit présenté ici :

 

 

 

 

LES MELONS DES COLLINES

 

 

 

Antoine était un agriculteur des collines, un homme de la terre. Son unique champ dans les restanques, bien plat et régulier, recevait toute l’année un généreux ensoleillement. Il était fait d’une terre brune dont les mottes se brisaient facilement sous la pression des doigts.

Pour atteindre son lopin de terre, Antoine devait longuement gravir le difficile chemin caillouteux.

 

Antoine était un éleveur de melons. Il ne les faisait ni pousser, ni grandir en sucre et en couleur, car l’eau et le soleil se chargeaient de cette tâche, mais il les caressait de sa binette, leur choisissait un lit de feuilles généreuses, les berçait de ses mains rudes de travailleur. Antoine était un éleveur de melons.

Son père, en quittant ce monde, lui avait légué un cheval vigoureux et la charrette au réservoir de fer blanc qu’il avait construit de ses propres mains. Ainsi, notre ami des fruits orangés pouvait-il chaque jour leur apporter un peu d’eau.

 

Ce travail, Antoine l’accomplissait au prix d’un gros labeur tout le printemps et durant le début de l’été. Il ne s’en plaignait jamais et aurait pu continuer longtemps. Il se satisfaisait de beaux fruits gonflés de jus sucré, appréciés de tous sous l'appellation de « melons des collines ».

Pourtant le hasard devait venir troubler ce délicat équilibre.

 

Martin, du village, dénommé le cérébral, vint un jour à croiser le chemin d'Antoine.  On le nommait ainsi depuis le temps de l'école communale parce qu'il cassait toujours les pieds de ses camarades par ses élucubrations et inventions.

Antoine l'appréciait bien, mais ne l'avait pas revu depuis un petit moment. Ils devaient se croiser sur ce chemin étroit des collines ; Antoine montant de l'eau, Martin descendant avec son âne chargé de planches et de madriers.

Il lui était venu, à ce fada de Martin, l'idée saugrenue de construire des charpentes. Ce sont ces entremêlements de poutres qui servent à soutenir les tuiles couvrant les toits de nos maisons.

 

Allez savoir pourquoi ? Martin, qui d'ordinaire soignait ses oliviers (vous avez remarqué, on ne dit pas « élever des oliviers ! »), s'était aperçu en regardant le ciel, allongé dans l'herbe les jours de pluie, qu'il arrivait qu'on se mouille. Animé d'une soudaine frénésie, il avait alors songé à construire des toits partout où les villageois auraient besoin de ses services.

Ses anciens camarades imaginaient que, de cette façon, ses divagations serviraient enfin à quelque chose.

 

Martin avait échangé son champ d'olivier contre l'âne du Père Michel, sans trop se poser de questions quant à la valeur de l'un et de l'autre. Lorsque nous faisons du troc, nous cherchons surtout à échanger quelque chose qui nous lasse, contre quelque chose qui à nos yeux trouve grâce.

 

Le Père Michel pouvait enfin s'allonger dans l'herbe entre les oliviers et regarder le ciel, tandis que Martin nanti d'une fière bête à bât pourrait construire des toitures, ramenant de la scierie derrière la colline, des planches et des madriers.

Antoine montait donc de l'eau pendant que Martin descendait des billots… des billots de bois, des planches et des madriers.

 

Suivez-vous les enfants ? Il y a beaucoup de monde à ce point de notre histoire.

Bon ! Antoine élève des melons, Martin qui soignait des oliviers a été remplacé par le Père Michel. Le Père Michel, en échange du champ d'oliviers a donné un âne à Martin ! L'âne ne s'appelle pas Martin, il se nomme Anselme ! Quant au cheval d'Antoine, tout le monde l'appelle « Monsieur ».

 

Et Martin que fait-t-il maintenant ? Non, il ne bâtit pas des toitures, mais construit des charpentes. Vous vous souvenez, c'est ce qui soutient la toiture, pour éviter que la pluie ne nous tombe dans les yeux.

 

Antoine, s'étonnant d'une si grosse charge sur le dos de l'âne, le fit remarquer à Martin. Martin finit par l'entendre, ce qui les amena à dialoguer au sujet de leurs différents gagne-pain. C'est-à-dire qu'ils eurent une conversation. Elle se transforma vite en pourparlers puis en tractations et finit à travers une négociation, par une entente.

Ce sont des mots un peu compliqués qu'utilisent les adultes afin de dire qu'ils sont d'accord pour faire du troc. Vous souvenez-vous ? Échanger quelque chose qui ne nous convient plus, pour quelque chose qui nous convient mieux.

 

Martin descendit vers le village avec Monsieur… Le cheval, chargé de planches et de madriers, suivi par Antoine qui avait attelé la charrette du réservoir au dos de l'âne Anselme, laissant au préalable s'écouler l'eau dans les vignes des coteaux.

 

L'attitude d'Antoine vous paraîtra sans doute étrange si je ne vous racontais ce que ce troc comprenait :

Vous vous souvenez certainement du surnom de Martin à l'école. On l'appelait « le cérébral » ce qui veut dire que son cerveau était toujours l'objet d'une réflexion, d'une nouvelle idée ou de quelque invention.

 

Au village demeurait et travaillait un autre larron devenu menuisier. Bon garçon, très travailleur, Bastien avait fait le tour de France. C'est un parcours fort réputé pour apprendre un métier et devenir un jour ce que l'on appelle un « Compagnon du Devoir ». Un excellent ouvrier, parmi les meilleurs du pays.

 

Pour devenir ce très bon menuisier Bastien avait construit « son ouvrage ».  Une pièce  qu'on réalise   sous la  direction  d'un  tuteur – un autre très bon ouvrier – pour montrer qu'on est capable de réaliser de belles et solides choses.

Ainsi Bastien avait construit une roue à aube, comme celles que l'on voit sur les moulins utilisant la force des rivières pour moudre le blé. Mais celle-là avait ceci de particulier que le mouvement rotatif vertical était transformé par l'intermédiaire d'un couple conique, en mouvement latéral.

 

Martin connaissant l'existence d'un torrent souterrain dans la colline, avait imaginé qu'en récupérant l'eau dans les petits godets de la roue à aube, il serait facile pour Antoine d'arroser son champ de melons.

 

Anselme… l'âne se chargerait de ce travail. Tournant au-dessus du torrent dans un mouvement circulaire, il entraînerait la première roue, qui à son tour ferait remonter l'eau vers une rigole en amont, c'est-à-dire plus haut que le champ de melons.

 

Ingénieux ce Martin ! Il suffisait de convaincre Bastien de céder sa roue à aube qui, elle aussi, servirait enfin à quelque chose.

Antoine possédait un âne et une citerne. Que pouvait-il proposer à Bastien pour sa roue à aube ? Sans âne, plus de mouvement de la roue, plus d'eau pour arroser les melons et l'âne n'avait pas assez de force pour entraîner la citerne pleine d'eau vers les hauteurs.

 

Martin le cérébral avait pensé à tout !

Le Père Michel aurait bien aimé récupérer une citerne pour conserver l'eau qui tombait sur ses oliviers. Elle lui servirait à les arroser les années où il pleut moins. La charrette serait bien utile pour transporter davantage de bois pour les charpentes. Elle serait donc profitable à Martin ainsi récompensé de ses bonnes idées.

 

Comment payer la roue à aube de Bastien ? Martin avait suggéré à Antoine de la lui troquer… contre des melons.

Antoine, à la faveur d'une eau abondante, serait en mesure d'élever bien davantage de melons sucrés et juteux. Mais il en faudrait beaucoup pour payer une roue à aube avec un mécanisme de couple conique. Martin s'était engagé à les transporter avec Monsieur et la charrette. Il ne restait plus qu'à convaincre Bastien le menuisier.

 

Oh bonheur ! Bastien aimait énormément la confiture de melons. Il accepta le marché.

 

L'histoire ne raconte pas encore comment Bastien, dont la cave était remplie de pots de confiture de melons, décida de les transformer en bonbons. Bonbons pour lesquels il conçut une très jolie boîte en bois poli. Il m'en a offert quelques-uns et vous pourrez les savourer à la fin de cette histoire.

 

Ce que le conte nous dit aujourd'hui, c'est que tout le monde fut ravi : Le Père Michel avec son réservoir de fer blanc dans son champ d'oliviers, Martin avec Monsieur, le cheval et sa charrette,  Bastien le menuisier avec sa nouvelle production de bonbons servis dans les boîtes de bois poli.

 

Antoine finit par s'installer définitivement dans ses coteaux avec l'âne Anselme. Il y éleva des melons des collines au-delà de ce que son petit champ plat et régulier pouvait produire.

 

Ce que l'histoire nous enseigne aussi, c'est que le troc est l'occasion d'échanger quelque chose qui nous sert mal par quelque chose qui nous emballe ! Quelque chose qui non seulement nous plaît davantage, mais qui nous aide d'une façon bien plus sage.

 

Apprenez aussi que l'intelligence peut transformer la puissance d'un travail de cheval par le paisible ouvrage de l'âne.

 

 

 

Les Melons des Collines.

 

Analyse pédagogique

 

L'époque de l'histoire : Elle peut se situer entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle, jusque dans les années cinquante.

 

Le lieu où se déroule l'histoire : Le Sud de la France. Certaines expressions la placent en Provence, sans jamais le dire, afin de développer le sens de la déduction.

 

Les personnages de l’histoire : Le personnage principal est un fruit, le melon ; mais pour lui donner plus de caractère, le conte situe son origine dans les collines. Ce sont elles qui sont le second élément de cette histoire. Les hommes ne sont pas le centre du récit. Il y a des animaux, des objets très spéciaux et particuliers : une citerne, une roue à aube, une boîte de bois poli, afin de fixer l'attention sur un aspect hors du commun. A l'image de ce que doit être un conte : un récit merveilleux.

L’intrigue : Une progressive avancée vers une solution idéale à tous les problèmes soulevés par cette histoire. On découvre peu à peu les lieux et les personnages, leur donnant à tous, par leurs particularités, une importance de même valeur. Chaque enfant peut se sentir plus proche de l'un ou de l'autre personnage. Le fil conducteur nous dévoile cependant que l'objectif premier est la culture d'un excellent melon par des moyens qui mettent en œuvre l'ingéniosité humaine.

 

Les Lecteurs ciblés : Ils sont de trois ordres, selon trois degrés :

 

Les enfants de cinq à dix ans : le premier degré : une histoire avec un maximum de mots simples et de phrases courtes, un sujet, un développement progressif, une fin heureuse. Des expressions et des mots répétés pour être retenus. Des explications à leur niveau pour les aider à comprendre des notions un peu complexes : L'arrosage des cultures, la nécessité des toits sur les maisons, la transformation des fruits en confiture ou en bonbons.

 

Les adolescents : Le plaisir de découvrir un deuxième degré, avec des notions à leur niveau de compréhension. Le bienfait du travail, le plaisir du repos ou de l'inactivité momentanée. Quelques expressions amusantes utilisant des mots de leur vocabulaire. Des notions fortes un peu inhabituelles, donc mémorisables : le troc, la mécanique ; d'autres plus courantes : la productivité, la nature belle ou domptée. Pour les plus vifs quelques visions plus motivantes : L'honnêteté, le tour de France des Compagnons du Devoir.

 

Les adultes : Pour le troisième degré. Celui précisément d'un conte avec une morale, donc un développement qui amène une réflexion puissante, dans laquelle, la citation finale prend tout son sens. Un travail de cheval : l'ouvrage d'un personnage dur à la tâche qui poursuit son objectif sans forcément réfléchir. Le paisible ouvrage de l’âne : celui d'un individu qui manque peut être de culture, mais qui avance avec ingéniosité, accomplissant davantage et de meilleure manière.

Par ailleurs, le cheval et l'âne sont des amis de l'homme utiles à celui-ci, véhiculant une image commune dans de nombreuses expressions. "Un tempérament de cheval, un travail de cheval, bourru comme un cheval" (ou une jument). Le cheval symbolise aussi bien la force, que l'âpreté au travail, l'endurance, l’élégance ou une forme de bourgeoisie, de même que l'appel de la terre.

L'Âne est un petit animal sympathique, on le retrouve dans les contes de Daudet comme dans les histoires et légendes de nombreuses contrées. Il est souvent associé à une certaine forme de naïveté : "bête comme un âne", "tu es un âne", ou un imbécile. On ne lui prête donc pas une grande intelligence, mais parfois on le trouve farceur ou astucieux.

Dans cette morale, il est évident que le cheval, dans l'expression "travail de cheval", montre une force sans réflexion. Dans la phrase "paisible ouvrage de l'âne» on dénote une attitude de labeur mesuré, continu ainsi qu'efficace. Alors que l'intelligence du cheval aurait pu supplanter la bêtise de l'âne. C'est cette mise en opposition qui crée la portée de l'expression, en suggérant au-delà d'une simple lecture, la méditation qui fixe la mémoire.

La Méthode : La progression lente et la répétition de notions que l'on souhaite mettre en avant. L'explication volontairement simple des gestes et des mécanismes mis en œuvre. La demande de participation des enfants à certains points choisis de l'histoire. Ceci afin de sceller dans la mémoire les différents personnages, leurs différentes activités, ou changements d'activités. Il peut être possible à tout moment de vérifier l'attention en demandant aux enfants à qui appartient tel animal ou objet. La technique de reformulation positive est un outil pédagogique utilisé pour s'assurer que ce qui est dit est compris et mémorisé. Dans la plupart des cas, si les enfants ne sont pas totalement capables de rapporter la totalité de l'histoire à un adulte ; il est en revanche peu probable qu'ils se trompent dans les attributions et objectifs de chaque personnage.

 

La notion la plus importante pour eux dans ce conte sera celle du "troc". Il est vraisemblable que même sans comprendre réellement la morale de l'histoire, ils s'aperçoivent d'eux-mêmes, qu'il vaut mieux un outil adapté, qu'un travail de force inutile.

 

 

 

 

Jean-Michel BERNOS

jeanmichelbernos.over-blog.fr

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