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Bernard Wallerand nous propose un extrait de son roman "Dans la soupente des Artistes" : "côté Eliott"

Publié le par christine brunet /aloys

Aujourd'hui et demain, Bernard Wallerand nous propose un extrait des 2 récits de vie qui se dévoilent en alternance dans le roman. 

Premier extrait "côté Eliott" 

Bernard Wallerand nous propose un extrait de son roman "Dans la soupente des Artistes" : "côté Eliott"
Bernard Wallerand nous propose un extrait de son roman "Dans la soupente des Artistes" : "côté Eliott"
Bernard Wallerand nous propose un extrait de son roman "Dans la soupente des Artistes" : "côté Eliott"
Bernard Wallerand nous propose un extrait de son roman "Dans la soupente des Artistes" : "côté Eliott"
Bernard Wallerand nous propose un extrait de son roman "Dans la soupente des Artistes" : "côté Eliott"

Côté Eliott

 

A l'école, la belle Margot ne s'assied plus à côté de lui depuis deux semaines.  Elle l'a laissé tomber. Pour intensifier sa peine, elle ne répond pas à ses textos et elle le supprime de sa liste d'amis sur la toile, d'un simple clic de souris.

Dans sa chambre, complètement désespéré, Eliott ne comprend plus rien à sa vie ! Il passe des nuits blanches, des nuits étoilées, agitées, dans un ciel tourmenté. Il laisse son portable constamment allumé sur son oreiller. Le niveau sonore est au maximum. Le téléphone reste malheureusement silencieux.   Pas d'"I love you" retentissant ! Un silence de marbre au sein duquel résonne une évidente déchirure.  Margot a fait un stage intensif de piano le week-end qui a précédé leur incompréhensible rupture. Cela, il le sait.

Eliott se lève péniblement le matin. Il s'assied sur son lit. Ses mains retenant son visage, il pleure amèrement.

Dans le hall central de l'école, il manque une pièce du patchwork. Les mains frêles de Margot tapotant le piano ne sont plus. Au poignet de Margot, le bracelet bleu décoré à la Van Gogh n'est plus. Les Rommy Tilfiger font place aux Adodas ! Eliott emprunte dans une solitude pesante le long couloir de l'école. Les yeux de tous sont rivés sur lui. C'est clair pour tout le monde que Margot et lui ne sont plus ensemble.

.../....

 

 

Ainsi Margot a-t-elle préféré tapoter sur le piano un début de romance à quatre mains avec un certain Adelin plutôt que de tapoter des "je t'aime aussi" sur son écran !   Et c'est donc ainsi que les mains d'Adelin ont effleuré celles de Margot, juste au moment où, sur le clavier du piano, les graves ont rejoint les aigus. Sur la portée de musique ont ainsi fleuri les demi-pauses, les pauses, les soupirs et les crescendos. Eliott en crie de chagrin. Il en rugit d'amertume. Il en hurle de désespoir !

Publié dans Présentation, extraits

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"Le marchand de glace", un texte extrait de "La vraie vérité" signé Louis Delville

Publié le par christine brunet /aloys

LE MARCHAND DE GLACE

 

Emilio est arrivé en Belgique dans les années 50 et il a travaillé dans une mine de la région jusqu'à sa fermeture. Que faire quand on a moins de 40 ans dans un pays accueillant et socialement avancé, on cherche et on trouve.

En Sicile, il avait son grand-oncle Antonio qui était glacier à Catane. Lors d'un voyage, il est allé le voir, ce grand-oncle et lui a dit combien il aimerait exercer son métier. 

En moins de 15 jours, Emilio a tout appris des recettes d'Antonio, ses trucs, ses tours de main.

Le mois de septembre était particulièrement clément et Emilio qui s'était bien équipé dès son retour a commencé à vendre des glaces à l'italienne dans son garage.

Ses voisins étaient enthousiastes et le bouche à oreille fonctionnait si bien qu'Emilio ne savait plus où donner de la tête.

Heureusement pour lui, la mauvaise saison arrivait et les amateurs se faisaient plus rares.

"Et pourquoi ne ferais-tu pas une tournée avec une camionnette ?"

L'idée de Luigia, sa femme, était bonne. 

Emilio a eu quelques mois pour acheter une camionnette, la faire repeindre en couleurs vives et l'équiper d'un matériel ultra moderne. 

Comment faire savoir aux clients que l'on arrive dans le quartier ? 

Luigia, une fois de plus, a eu l'idée : installer une sono et faire passer une musique entraînante. 

Aussitôt dit, aussitôt fait ! Le gamin qui s'y connaît en électronique a tôt fait de bricoler quelque chose.

C'est depuis ce jour qu'Emilio est connu dans toute la ville. Lui et sa camionnette vert, blanc, rouge et la musique de Titanic.

 

Louis Delville 

 

Extrait de "La vraie vérité"

 

 

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Patrick Benoit nous propose un second extrait de son ouvrage "La e Muette"

Publié le par christine brunet /aloys

Mes origines

 

Je m’appelle e. Née d’un latin lointain, très vite, j’ai été considérée comme vulgaire dans les langues d’oc et oïl. Arrivée à Paris, ville pas encore très lumineuse, j’ai fréquenté Versailles où les h se faisaient aspirer quand ils n’étaient pas muets.

Si Versailles m’était conté, je serais assise sous un charme que seul un hêtre pourrait me faire rougir. J’y ai posé mes fesses et mes yeux pour glaner cette luxuriance entre fruit vert et fruit sec. Les jardins ruissellent d’anecdotes et de rencontres fortuites. Fort vite je me suis effacée pour entendre la pluie me secouer.

Cloîtrée dans un cocon, je suis devenue papillon. Mes ailes colorées rivalisaient avec les fleurs posées en parterre, rangées comme des i. Fluette et coquette, je volais de mes pétales jusqu’au jour où un filet m’attrapa dans ses entrailles.

Aveuglée par les mailles en dentelle, j’ai dû porter la culotte pour ne pas me faire piquer par un dard qui butinait tout ce qui voltigeait de part et d’autres.

C’est ainsi que je me suis recroquevillée en chenille autour d’un h muet.

 

Si les noces furent mielleuses, je décidai de ne pas garder ma langue en poche.

 

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Joël Godart nous propose un extrait de son ouvrage : FAIRY

Publié le par christine brunet /aloys

Joël Godart nous propose un extrait de son ouvrage : FAIRY
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Publié dans extraits, Poésie

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Joe Valeska nous propose un nouvel extrait de son premier tome des Meurtres surnaturels

Publié le par christine brunet /aloys

Ivana / Caroline

 

Un extrait de Meurtres Surnaturels, volume I :

Les Métamorphoses de Julian Kolovos

 

Par Joe Valeska



 

Environ une heure plus tard, Ivana, déjà pomponnée, descendit dans le grand salon, toute guillerette. Une cartomancienne rencontrée lors de la fête d’anniversaire du jeune Abhishek l’y attendait depuis dix minutes. La femme aux cheveux orange et au visage buriné, vêtue comme les bohémiennes dans l’imagerie populaire, fut accueillie par Caroline qui demeura sur place pour, d’une part, s’occuper de l’époussetage des meubles et, d’autre part, se divertir du spectacle grotesque que lui offrirait, à coup sûr, cette petite imbécile d’Ivana.

Car c’était la toute dernière lubie de la star : se faire tirer les cartes. Il y a quelque temps, cela avait été la pratique du yoga – qu’elle abandonna dès qu’elle réussit, Dieu seul sait comment, à se faire un tour de reins. Avant la pratique du yoga, cela avait été des cours de country. Mais le professeur la pria de ne plus jamais revenir, la qualifiant de catastrophe ambulante ! De tsunami ! Elle pensa également s’essayer au paintball… Par chance, son père lui fit promettre d’abandonner son idée de se mettre au tir à l’arc sur leur domaine.

– Ma colombe… Et si jamais tu tirais dans les fesses de ton frère pendant qu’il est à cheval ? Ou si tu tuais la bonne !?! Le tricot, qu’en penses-tu ? Quoique… non : les aiguilles ! On ne sait jamais, tes yeux !

Et que dire de la fois où, croyant adopter des maine coons, elle revint au château, embobinée par un vendeur, disons, louche, avec un couple de hyènes tachetées ? Quel cirque dans les couloirs et les pièces du château… Francesco, Ornella, Sofia, Dimítrios et la domestique couraient dans tous les sens, se croisaient et se croisaient encore, poursuivis par les bébés de la star hilare, poussant des cris d’horreur, alors que les hyènes ricanaient. Julian regretta fortement d’avoir raté ce merveilleux spectacle.

Pauvre Caroline… Aux urgences, encore une fois !

Quand Ivana tournait, dès qu’une scène nécessitait un minimum d’adresse – ne parlons même pas de cascades ! Car une doublure était alors requise –, le pire n’était jamais bien loin… Ni les services d’incendie et de secours. Une actrice exceptionnelle, certes, mais un cauchemar durant les tournages. Ainsi que dans la vie de chaque jour.

– Après la méchante reine, voici Blanche-Neige, dit la domestique à voix basse, se mettant à fredonner Supercalifragilisticexpialidocious afin de rendre Ivana complètement folle, car la star détestait Mary Poppins, et ce, depuis qu’on lui avait refusé de reprendre le rôle de Julie Andrews dans cette nouvelle version cinématographique qui, au final, était tombée à l’eau.

La séance put commencer après quelques : « Chut !!! », des regards obliques et un minimum de préparation et de manipulation des cartes du tarot – dit « de Marseille ». Mais Caroline, se tenant à bonne distance, jouant avec son plumeau comme un chef d’orchestre avec sa baguette, reprit de plus belle, augmentant le volume dès que revenait le mot le plus incroyable jamais créé pour une chanson et faisant, par là même, sursauter Ivana à chaque fois, comme si la malheureuse était assise sur un ballon sauteur ! La star finit par perdre son sang-froid.

– Mais allez-vous vous taire, Caroline !?! Nous sommes occupées, Raka et moi ! Êtes-vous réellement idiote ou le faites-vous exprès !?!

– Je ne voulais pas importuner Mademoiselle. Que Mademoiselle et son amie m’excusent.

– Allez voir ailleurs si j’y suis, Caroline. Il émane de tout votre être des ondes négatives qui perturbent notre concentration. N’auriez-vous pas tous les W.-C. du château à récurer, à tout hasard ?

– Mais même ailleurs, Mademoiselle, il serait bien difficile de vous ignorer… Des portraits de Sa Majesté recouvrent la plupart des murs de ce château.

– Vous êtes sotte, Caroline.

– Juger autrui… c’est se juger soi-même, Mademoiselle !

– Oh ! Quelle impudence… Je le dirai à papa, quand il descendra, et vous serez crucifiée ! CRU-CI-FIÉE !!! Dehors, maintenant ! Dehors !!! s’époumona Ivana, folle de rage et rouge comme le nez de l’auguste.

La domestique quitta la pièce une fois de plus, mais plutôt fière d’avoir réussi ce qu’elle espérait réussir : faire sortir Ivana de ses gonds. Dans le vestibule, tout en s’éloignant, elle se remit à chanter la chanson à tue-tête…

– Vous entendez, Raka ? Vous entendez ? Elle le fait exprès. C’est le démon, cette fille ! Un jour, j’en suis sûre, je vais avoir une rupture d’anévrisme à cause d’elle ! 

– Souhaitez-vous que nous arrêtions, très chère ? demanda alors la cartomancienne à Ivana, exaspérée.

– Arrêter ? s’étonna la star. Mais non, ça va aller, Raka. Il me faut absolument savoir. Continuez, je vous en prie.

– Fort bien. Comme il vous plaira. Mais quelle était votre question, déjà ? Cette chanson m’a fait perdre le contact avec les puissances supérieures.

– Eh bien, Raka, est-ce que c’est moi qui vais décrocher l’Oscar de la meilleure actrice lors de la prochaine cérémonie, voyons !?!

Raka tira les cartes et fit mine de très longuement réfléchir. Elle fronça les sourcils, manipula les cartes, soupira, manipula les cartes à nouveau, puis elle ouvrit de très grands yeux.

– Oui ! Les puissances supérieures sont formelles ! s’écria-t-elle.

Ivana, ivre de bonheur, se mit à gesticuler sur son siège et à pleurer comme une démente. Gloussant en même temps, elle n’arrêtait pas de demander à son invitée si c’était bien vrai.

Elle se leva subitement, surexcitée. On aurait dit qu’elle allait prononcer son discours de remerciements.

– Il faut que nous fêtions ça ! Après tout, c’est mon anniversaire, aujourd’hui. Sortons vite m’acheter de nouveaux atours et de nouvelles paires de chaussures ! Je sais où trouver les derniers modèles qu’on ne verra jamais sur quiconque. Vous n’allez pas en croire vos yeux, Raka ! Bien sûr, je vous achèterai un petit quelque chose pour vous remercier, vous et les puissances supérieures…

 

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Un extrait de Meurtres Surnaturels, volume I : Les Métamorphoses de Julian Kolovos par Joe Valeska

Publié le par christine brunet /aloys

Sofia / Dimítrios

 

Un extrait de Meurtres Surnaturels, volume I :

Les Métamorphoses de Julian Kolovos

 

Par Joe Valeska



 

Après une intense querelle avec Sofia, Dimítrios, une bouteille d’absinthe à moitié vide dans une main, ses cahiers dans l’autre, avait décidé de redescendre au rez-de-chaussée, histoire d’écrire quelques pages. Avec de la chance, un chapitre tout entier ou peu s’en faut. Hélas pour lui, il allait en être autrement…

Dimítrios, tu as réellement l’intention de passer la nuit tout entière devant tes maudits cahiers ? Je ne sais pas si tu es au courant, mais les hommes évolués utilisent des ordinateurs, aujourd’hui, le railla-t-elle, mesquine au possible.

– Sofia, s’il te plaît, tais-toi… L’inspiration vient, je la sens.

– Tu la sens ? marmonna-t-elle. C’est très bien… L’un de nous deux sent quelque chose, au moins !

Dans sa jolie nuisette longue en satin rouge cardinal, Sofia fit de son mieux pour se montrer entreprenante, ondulant lascivement sur un flamenco imaginaire qui ne jouait que dans sa tête, mais Dimítrios la houspilla. Elle se contint pour ne pas lui envoyer le premier objet à portée de main au visage et, après avoir tourné en rond comme une lionne famélique autour de sa proie, elle se mit à chantonner, plus incisive que jamais : « Ma chandelle est mor-te, je n’ai plus de feu… » Elle réussit à provoquer la colère de son mari qui lui demanda ce que pouvaient signifier ces insinuations puériles.

– Oh ! Mais rien… Rien du tout, rassure-toi… Allez, écris ! Tu es un écrivain admirable, la planète entière le sait, le brocarda-t-elle sans pitié.

– Je n’ai que faire de tes sarcasmes ! À raté, ratée et demi, rétorqua Dimítrios.

– Parce que je suis une ratée, moi ? Mais tu te prends pour qui, dis ? Oscar Wilde ? H. G. Wells ? Tolkien ? Espèce d’alcoolique, se fâcha-t-elle. Tu le sais, ce que tu es ? Tu le sais ? Un boit-sans-soif ! Voilà tout ce que tu es.

– Mocheté… répliqua-t-il, écœuré. Tu es aussi laide qu’Ornella, à l’intérieur, ma tendre épouse.

– Mal fichu… répondit-elle. À présent, quand je te regarde, je ne vois plus que mes années perdues, Dimítrios… Mon Dieu ! Quand je pense à tous les hommes à qui j’ai dit non… pour toi ! Même David Bowie, si tu veux tout savoir ! Et Prince !

– Il suffit, Sofia chérie… Va te donner en spectacle ailleurs, si ça t’amuse. Je n’ai guère le désir de me disputer…

– Et moi je voulais faire l’amour, Dimítrios ! Si tu continues à me délaisser de la sorte, je vais te faire cocu avec le premier venu, je te préviens ! Moussa, le chauffeur livreur de DHL, je lui plais…

– Eh bien, tu as ma bénédiction ! D’ailleurs, il me vient une idée. Pourquoi tu ne reprendrais pas aussi contact avec ton copain Prince ?

– Non, mais tu te moques de moi, là, Dimítrios ? Méfie-toi… Je plais encore aux hommes. Je peux avoir qui je veux.

– Mais oui… Mais oui… Tu es Kate Moss, c’est sûr. Maintenant, ma douce, sois gentille et fous-moi la paix ! J’ai un roman à écrire et je dois me concentrer.

– C’est ça, concentre-toi… Concentre-toi bien ! Tu te concentres tellement que tu en deviens con tout court, mon pauvre Dimítrios ! Sur ce, bonne nuit ! Mais sache une chose : je ne suis pas prête à te pardonner cet affront !

Sofia quitta la pièce, terriblement déçue et meurtrie… Dans une seconde de lucidité, Dimítrios se leva pour la rattraper, mais, au final, il préféra renoncer pour, à la place, se servir un verre d’absinthe. Il le but cul sec, puis il en but un autre, et un autre, et encore un autre, avant d’abandonner, à son tour, le grand salon. Il n’écrirait strictement rien, cette nuit.

 

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Joël Godart nous propose un extrait de son ouvrage : FAIRY

Publié le par christine brunet /aloys

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Un extrait de Meurtres Surnaturels, volume I : Les Métamorphoses de Julian Kolovos Par Joe Valeska

Publié le par christine brunet /aloys

 


 

Sa douleur à l’épaule l’éprouva de nouveau, toujours sans prévenir, mais un peu plus violente, cette fois… Il grimaça.

– Ça ne va pas recommencer… 

Une furieuse envie de sucre le poussa à redescendre dans le grand salon où, peut-être, avec de la chance, des chocolats et des pâtes de fruits traîneraient encore sur la table. Il avait surtout besoin de s’éloigner de sa chambre, tout au moins un instant, le temps de retrouver son calme.

La présence d’Ornella dans la pièce, toute seule, à genoux devant la cheminée et semblant fixer son contrecœur – Excalibur dans la pierre –, le surprit quelque peu. Son boa en plumes traînait par terre comme une vieille serpillière. Il s’approcha d’elle à pas de loup… mais s’arrêta net quand sa belle-mère éclata en sanglots.

– Ornella ? Est-ce que tout va bien ? lui demanda-t-il.

– Julian ! cria-t-elle. J’ai failli… mourir de peur ! Ça ne se fait pas, voyons, d’arriver dans le dos des gens de cette manière !

– Excuse-moi…

– Il est tard. Tu n’arrives pas à dormir ?

– J’ai fait un affreux cauchemar… Je recevais la visite du fantôme des Noëls passés.

– C’est fascinant, répondit-elle, hagarde.

– Et ça ? Qu’est-ce que c’est ? voulut-il savoir après avoir remarqué le papier froissé dans ses mains. C’est à cause de cette lettre que tu pleurais ? Et ne viens pas me dire que tu ne pleurais pas. Ton rimmel coule.

– Tiens, lis, je t’en prie, dit-elle en tendant le papier à Julian. Mais je dois te prévenir : tu ne vas pas apprécier ce qui y est écrit… Surtout après ce réveillon de Noël lamentable.

– Ne remue pas le couteau dans la plaie, s’il te plaît, Ornella.

Inquiet, intrigué, les sourcils ébauchant une fronce, Julian s’assit en tailleur, croisa les pans de son kimono sur ses cuisses musclées de façon convenable, prit la feuille que sa belle-mère lui tendait et commença la lecture. Ses narines se gonflaient. Ses yeux s’écarquillaient au fur et à mesure qu’ils vagabondaient sur le satané document.

Dans son esprit, le doute n’était plus possible.

Du tout.

– Mais… c’est le testament de mon père ! se récria-t-il. Comment peut-il oser ? Où l’as-tu trouvé ? Et puis, je m’en contrefiche… Ce n’est pas vraiment une surprise. Qu’il aille au diable !

– Comme tu dis, opina Ornella. Comme tu dis, Julian.

– Je n’en crois pas mes yeux ! C’est bien là la preuve qu’il ne m’a jamais aimé. Mais je l’ai toujours su, je crois…

– Aucune attention… Ni reconnaissance… gémit Ornella. Ni pour toi ni pour moi. Rien ! Tout pour ta sainte-nitouche de sœur. Il lui lègue toute sa fortune. L’intégralité. J’ai ramassé ton père à la petite cuillère, moi, quand son maudit théâtre a disparu dans les flammes ! Est-ce qu’il l’aurait déjà oublié ? Comment peut-il me faire ça à moi ?

Et elle se remit à sangloter, avant que son visage ne se changeât en un masque de pure haine qui pétrifia Julian quelque peu.

– Je pourrais le tuer pour ça… susurra-t-elle enfin. Je pourrais les tuer tous les deux. Après tout, ce ne serait que justice.

– Justice ? C’est ta colère et ta déception qui s’expriment là, ma chère.

– Tu crois ça ? Tu te trompes lourdement, Julian. Je veux qu’ils meurent… Oui, qu’ils meurent ! Toi et moi, nous allons assassiner ces deux misérables…

– Les quoi ? Les assassiner ? Tu m’inquiètes, tu sais… Arrête un peu tes conneries, Ornella !

– Vraiment, mon a… ?

Finalement, elle ne prononça pas le mot amour, car elle savait que Julian aurait explosé en entendant ce mot sortir de sa bouche. Il l’avait déjà avertie. À plusieurs reprises.

Son regard seul suffit.

Comme s’il espérait réussir à lire dans ses pensées macabres après la découverte des dernières volontés du vieux, Julian considéra un très long moment la femme de son père, laquelle était devenue son amante d’un soir après qu’il ait tourné dans Wonderful Men.

Cela avait été une chose parfaitement absurde, certes, mais c’était arrivé malgré tout, et ce, malgré quelque quinze ans de différence d’âge.

Alors que toute la famille Kolovos avait été conviée, seule Ornella s’était rendue à la soirée organisée par la société de production pour remercier honorablement les acteurs, toute l’équipe technique et les scénaristes, suite au succès retentissant du film au box-office. Et si Julian avait trouvé le moyen de ranger cette incartade dans le coin le plus reculé de son cerveau, Ornella, elle, en avait-elle fait autant ? La réponse était non. Un grand, un simple NON. Elle était amoureuse de son beau-fils. Elle l’avait toujours été.

– Ornella… Si, d’aventure, je te suivais sur cette voie, que nous arriverait-il, d’après toi ? Réponds, s’il te plaît.

– Nous pourrions vivre tous les deux, se décida-t-elle. Toi et moi. Rien que toi et moi.

– Ça, c’est ce que tu voudrais… dit-il, cinglant. Je faisais allusion à la prison, moi… La prison, Ornella ! Ressaisis-toi, que diable ! Aurais-tu perdu la raison ? Bordel ! Que de haine dans ses yeux…  

– Mais je t’aime, Julian ! avoua-t-elle. Je t’ai toujours aimé… Et maintenant que nous savons le mépris que ton père a pour nous deux, je suis prête à tout pour te récupérer ! À tout, mon amour ! Est-ce que tu m’entends ?

– Me récupérer, dis-tu ? Pour un simple écart de conduite sur une banquette arrière ? Tais-toi, Ornella… Je ne veux plus rien entendre ! Ce qui s’est passé entre nous n’était qu’une regrettable erreur, O.K. ? J’ai profité de toi comme tu as profité de moi, et cette histoire honteuse s’est arrêtée au moment même où nous avons pris notre pied. C’était tout ce que tu veux – de la faiblesse, de la frustration –, mais ce n’était pas de l’amour. Ce n’est pas ça, l’amour, Ornella.

– Honteuse ? Tu refoules tes sentiments parce qu’ils te font peur, Julian ! Mais tu ne me trompes pas… Je ferai ce qu’il faut, avec ou sans toi. Pour nous ! Et tu me remercieras.

– Pour nous ? What the fuck ! pensa-t-il, horrifié et plus que jamais sur ses gardes. Je fais quoi, moi, maintenant ? Je fais quoi !?! Si je préviens mon père, ça va tourner au drame… Nous allons tous nous déchirer et l’on m’accusera, moi, d’avoir détruit la famille. Bordel de merde ! Putain… de bordel… de merde !

Julian resta un moment dans l’incapacité de desserrer les mâchoires, espérant que cette soirée se révélerait être un cauchemar saugrenu et rien de plus. Inutile de se pincer, cependant… Il ne rêvait pas. Il le savait.

Il réfléchit longtemps, pressé par une Ornella fébrile.

– Parle-moi, amour… Dis quelque chose. Allez, dis quelque chose !

Mais l’acteur, stoïque, réfléchissait, ouvrant parfois de grands yeux, fronçant parfois les sourcils. Il rumina très longtemps, oui. Et puis, il se ranima brusquement…

– C’est toi qui as raison, dit-il enfin, les yeux au bord des larmes. J’ai assez souffert de son amour sans bornes pour cette abrutie d’Ivana… Ça suffit, la coupe est pleine.

– Julian ? hésita Ornella. Qu’essaies-tu de me dire ? Sois très clair dans le choix de tes mots.

– Je dis qu’il nous faut nous débarrasser d’eux, car il n’y a qu’ainsi que nous serons pleinement vengés. Qu’ils crèvent ! Tous les deux.

– Et comment te faire confiance ? se méfia-t-elle d’abord. Combien tout ce qu’on dit est loin de ce qu’on pense, Julian !

– Et là, tu me fais confiance ? s’enquit-il, l’attrapant dans ses bras et la pressant contre lui pour l’embrasser avec fougue.

Elle resta sans voix, puis se mit à pleurer, se laissa aller à un gémissement empreint d’une vive satisfaction. Il la serra contre son torse puissant encore plus fort, jurant ses grands dieux qu’il était avec elle, à la vie, à la mort, et qu’il en avait plus qu’assez de faire semblant, à cause de cette maudite bienséance. Ivana avait toujours reçu tout l’amour, mais ils auraient la vengeance… Ce n’était en rien une question d’héritage ou d’argent, mais une question d’amours-propres blessés uniquement.

Bouleversée à l’extrême, elle le crut.

– Je suis fatigué, lui dit-il en se libérant.

– Est-ce que tu veux…

– N’en dis pas plus, Ornella… Nous devons la jouer plus fine.

– Tu as raison, mais j’ai tellement envie d’être dans tes bras, Julian ! 

– Moi aussi, mais patience… Et tu dois me promettre une chose.

– Dis-moi…

– Tu ne fais rien d’irréfléchi cette nuit, Ornella.

– Julian… Je ne peux plus ! Je ne veux plus !

– Ornella, pour l’amour de Dieu ! Tu veux briser ma carrière ?

– Mais non, enfin… Tu n’as pas le droit de dire une chose pareille.

– Il faut que nous continuions à faire comme si de rien n’était…

– C’est facile à dire, objecta-t-elle.

– …jusqu’à ce que nous trouvions le plan sans faille, poursuivit-il.

Tout en la couvrant de baisers et de caresses presque indécentes, Julian lui susurra qu’il n’avait pas vraiment envie de faire les gros titres. Pas ces gros titres-là… Qu’ils devraient, en attendant, faire comme si le testament de Francesco n’existait pas.

– Est-ce que je peux te faire confiance, Ornella ? lui demanda-t-il.

– Très bien, abdiqua-t-elle après avoir geint. Comme tu voudras.

– Ne t’inquiète surtout pas, tu n’auras pas à supporter mon père bien longtemps encore, promit-il. Va te coucher, maintenant… Nous avons besoin de prendre un peu de repos pour affronter la journée qui vient.

Sans un regard en arrière, Julian quitta la pièce sous le regard de sa belle-mère transie d’amour. Rapidement, à son tour, elle se leva, résignée à regagner, au prix d’un effort surhumain, la chambre conjugale. Jusqu’à ce jour, elle n’avait pas réfléchi à cela, mais, maintenant qu’elle se sentait trahie et humiliée, Francesco lui semblait rien moins qu’un horrible vieillard miteux. Elle n’avait que quarante-huit ans, après tout, et lui la soixantaine… le fumier !

 

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Joël Godart nous propose un extrait de son ouvrage : FAIRY

Publié le par christine brunet /aloys

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Joe Valeska nous propose un extrait de son premier tome des Meurtres surnaturels

Publié le par christine brunet /aloys

Jacobo Kolovos

 

Un extrait de Meurtres Surnaturels, volume I :

Les Métamorphoses de Julian Kolovos

 

Par Joe Valeska



 

Le ciel bleu immaculé s’assombrit tout doucement, alors qu’un beau soleil brillait jusqu’alors au-dessus de l’océan Atlantique. Les dauphins tachetés qui surfaient et faisaient des bonds prodigieux aux étraves du Theϊκόs Kolovos disparurent dans les profondeurs.

La pluie commença à tomber, se transformant bien vite en une violente tempête, et les vagues enflèrent jusqu’à devenir bien plus pointues que les ailerons des requins.

Le second, un Gallois trentenaire très distingué de Cardiff répondant au nom de John Lloyd, hurla à tout l’équipage de retourner à son poste. Le bosseman, un homme à la mine renfrognée, nettement plus âgé, reprit l’ordre et commanda les matelots aux manœuvres du pont et des gréements nécessaires, vitales, en de pareilles circonstances. Dans leurs oripeaux trempés qui leur collaient à la peau, leur glaçant cruellement l’échine, ils s’exécutèrent, mais, malgré leur expérience maritime, ils avaient compris où ils se trouvaient, car tel était le but de leur expédition, et cacher leur inquiétude semblait tout bonnement impossible.

La chanson qu’ils se mirent à chanter pour se donner du courage n’y changerait rien.

Ils se turent quand le capitaine Jacobo Kolovos, ancien corsaire du roi George IV, sortit enfin de sa cabine, son singe Saïmiri sur une épaule, lequel jappait, terrifié.

– Du calme, mon petit Laurence… Du calme… susurra-t-il à son compagnon.

Jacobo Kolovos était un homme grand, solide, à la peau hâlée et aux yeux verts expressifs. Il avait de longs cheveux noirs qui tombaient en cascade sur la veste de son uniforme. Un homme qui devait plaire aux femmes, immanquablement. Il sortit une figue de sa poche et la tendit à l’animal. Ce dernier, reconnaissant, avait adopté Jacobo Kolovos après avoir été sauvé de l’étreinte d’un boa constrictor affamé… Cela s’était passé lors d’une expédition au Costa Rica, en Amérique centrale.

Le capitaine ne semblait point troublé, du moins extérieurement, mais étrangement excité. Qu’importe si le Theϊκόs Kolovos tanguait dans tous les sens. De bâbord à tribord et de la poupe à la proue.

Monsieur Lloyd lui demanda comment il pouvait afficher un tel stoïcisme face au destin funeste qui les menaçait tous. La seule perspective d’une mort certaine ne l’effrayait-elle donc pas ? De plus, il avait une femme et des enfants qui attendaient son retour, là-bas dans le Kent, comme lui-même avait une épouse et un tout jeune garçon qui attendaient son retour, à Cardiff, et comme certains des hommes d’équipage avaient leur propre famille, quelque part au Royaume-Uni. Ou ailleurs dans le vaste monde. N’avait-il pas peur de ne plus jamais les revoir ? Lui, il avait très peur.

– Nous voici enfin face à l’aventure de notre vie, Monsieur Lloyd ! lui cria le capitaine. Messieurs, nous avons trouvé ce que nous cherchons depuis des mois ! Le Triangle des Bermudes est là, sous la coque de notre bon vieux rafiot !

– Nous avons une voie d’eau, Capitaine ! hurla un jeune matelot en remontant de la cale à la hâte. Nous pourrions perdre tous nos vivres !

– Eh bien ! Prenez deux ou trois hommes avec vous et faites votre travail, Monsieur Winchester ! Ne désespérez donc pas !

– À vos ordres, Capitaine ! Monsieur Beckley, Monsieur Mason et Monsieur Williams, avec moi ! Le temps presse !

– Quant aux autres, allégez-moi ce navire ! décida Jacobo Kolovos. De la proue à la poupe !

– À vos ordres, Capitaine ! répondit le bosseman. Allez, fillettes, on jette tout ce qu’on peut jeter par-dessus bord !

– Capitaine, la voilure… Nous devrions la réduire, lui suggéra alors son second, faisant des efforts surhumains pour rester debout.

– Et je suis d’accord avec vous, Monsieur Lloyd, acquiesça Jacobo Kolovos. N’ayez pas peur, mon petit Laurence, dit-il à son compagnon qui jappait de plus belle, sur ses épaules. Nous avons traversé tellement d’autres tempêtes… Nous traverserons aussi celle-ci ! Réduisez la voilure ! ordonna-t-il enfin.

Mais les vagues s’élevaient de plus en plus, semblant danser tout autour du navire, l’encerclant et se moquant de son évidente fragilité. Elles atteignirent une hauteur monstrueuse en quelques ridicules petites secondes.

Tous les hommes, trempés jusqu’aux os, grelottaient. Un mousse, accroché au mât d’artimon, pleurait. Un gabier chuta de sa hune. Le malheureux tenta de se rattraper à un hauban, persuadé qu’il y parviendrait, mais il se brisa la nuque en s’écrasant lourdement sur le pont du Theϊκόs Kolovos.

Le petit Saïmiri sauta de l’épaule de Jacobo Kolovos et, tout en gloussant, partit trouver refuge dans la cale où s’activaient monsieur Winchester, monsieur Beckley, monsieur Mason et monsieur Williams. Mais les quatre hommes désespérés se sentaient dépassés…

Un autre gabier se fracassa le crâne en tombant sur un cabestan. La foudre frappa le guetteur tétanisé resté tout ce temps dans son nid-de-pie, le tuant sur le coup.

Le bateau, à la merci de la fougue destructrice de l’océan qui n’en finissait plus de se déchaîner, tanguait dangereusement, et les hommes s’accrochèrent aux cordages en chanvre de Manille du gréement, à tout ce qu’ils pouvaient, aux haubans, aux mâts.

À quoi bon ? Les vagues immenses qui bondissaient par-dessus le pont emportaient avec elles les membres de l’équipage les uns après les autres. Et les abysses avides de chair fraîche les attendaient avec la plus grande impatience…

Jacobo Kolovos, pensant avec émotion à sa famille dans le Kent, bien loin de cet enfer, murmura des prières. Il réalisa enfin, mais trop tard, la folie de son entreprise : percer le mystère du Triangle des Bermudes. Il comprit qu’ils ne reviendraient pas. Aucun ne reverrait la mère patrie. Aucun ne reverrait sa famille. L’océan Atlantique serait leur dernière demeure, et leurs corps nourriraient les poissons. Ou quelque autre créature géante cachée dans les profondeurs de ce Triangle de la mort… Le Léviathan de la Bible, peut-être.

Les vagues géantes dansaient toujours, étrangement belles.

– Ce fut un honneur pour moi de servir sous vos ordres, Capitaine, dit Lloyd, blême, en écoutant le navire craquer sous le talon de ses bottes.

– Que dites-vous là, Monsieur Lloyd ? fit mine de s’étonner Jacobo Kolovos. Vous et moi, nous n’avons pas fini de briquer les mers et les océans !

Mais il mentait. Ils le savaient tous deux.

– Mais où diable est passé Laurence ? Laurence ! cria-t-il. Reviens, Laurence ! Ne m’abandonne pas…

Dans un dernier acte de foi, le capitaine Kolovos courut pousser le timonier, monsieur MacCorkindale, pour prendre sa place à la barre. Les éclairs illuminèrent les ténèbres. Une vague titanesque souleva alors le Theϊκόs Kolovos qui s’inclina à tribord. Le bateau parut se déchirer par le milieu, le grand mât se brisa à sa base, puis le mât d’artimon et le mât de misaine, à l’unisson, et le Theϊκόs Kolovos fut broyé comme une vulgaire noix. Empêtrés dans les voiles, des hommes ne comprirent que trop tard qu’ils sombraient avec les innombrables débris de leur navire…

Le capitaine Jacobo Kolovos coula le dernier, les deux yeux grands ouverts et les bras en croix.

Il se sentit écrasé par la formidable pression de l’eau !

Une chute lente et incroyablement longue, mille fois trop longue, s’amorça alors pour le capitaine du Theϊκόs Kolovos à demi inconscient. Il crut voir nager son petit singe Saïmiri, Laurence, tout près de lui. Il semblait tout guilleret… Ses yeux noirs, entourés d’un masque clair, presque blanc, étaient pleins de vie. Les dauphins tachetés étaient là, eux aussi, très nombreux. Ils lui offrirent un ballet, évoluant tous en parfaite synchronisation. Non loin de là, quand les animaux disparurent, il crut voir apparaître sa femme, Abigail, sourire aux lèvres – ses belles lèvres roses qu’il rêvait d’embrasser. Son visage au teint de porcelaine était encadré d’une longue chevelure noire qui se mouvait très mollement sous l’action de l’eau. Elle lui tendit la main dans un doux mouvement fantomatique.

Des hallucinations.

Loin sous la surface, ses poumons finirent par s’effondrer sur eux-mêmes, mais Jacobo Kolovos n’éprouva point cette terrible agonie. Il était mort noyé entre-temps.

Les ténèbres étaient à présent absolues. L’homme chutait toujours…

 

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