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Des odeurs dans ma vie, une nouvelle de Micheline Boland

Publié le par christine brunet /aloys

 

boland photo

 

 

DES ODEURS DANS MA VIE

 

5 ans : Ah l'odeur de "cuir de Russie". Tante Nelly avait reçu le joli flacon d'une patiente hospitalisée dans son service. Elle l'avait donné à Maman. Il est vrai que ce parfum à la senteur entêtante ne devait guère convenir à une jeune fille de vingt-deux ans ! Maman l'avait rangé dans sa chambre, plus précisément dans sa garde-robe. Ce qui m'attirait, c'était l'odeur si particulière (style patchouli) mais surtout la beauté du flacon en verre orné de dorures et, plus encore, le bouchon d'émeri que Maman promenait derrière ses oreilles et sur ses poignets les jours de fête. Quelle fragrance capiteuse restait dans son sillage ! C'était autre chose que l'eau de Cologne utilisée quand j'étais un peu souffrante ou employée tellement volontiers par bonne-maman. Parfois, j'avais la tentation d'aller ouvrir le flacon. Une tentation à laquelle je ne résistais pas, bien sûr mais qui ne passait pas inaperçue. Maman me grondait gentiment parce qu'elle savait avec quel soin je manipulais l'objet.

 

23 ans : L'odeur de gaufre qui me happe dès que j'ouvre la porte d'entrée de la maison un dimanche de printemps. Je suis allée au cinéma à Namur, il est peut-être 17 heures quand je reviens chez moi. Il y a l'odeur mais aussi les bruits de voix, les rires. Mon cousin Jean-Marie vient de se marier plus tôt que prévu vu le stade avancé du cancer du poumon de son beau-père. La maison qui doit les abriter est encore en travaux et mes parents ont proposé au jeune couple d'occuper un deux-pièces cuisine aménagé au premier étage de la grosse villa que nous occupons. Ce dimanche-là, mon cousin et sa femme reçoivent un couple d'amis. Maman a invité tout le monde dans sa grande cuisine, elle a préparé des gaufres de Bruxelles accompagnées de crème fraîche et de café. J'ai d'abord l'impression de tomber un peu comme un cheveu dans la soupe. Mais bien vite, je me mêle à la conversation et aide au service. Un beau dimanche, d'excellentes gaufres suivies d'une soirée amusante. Seul Papa reste un peu hors jeu, il continue de lire dans le salon jusqu'à ce qu'on l'appelle pour passer à table, puis le repas terminé, il regagne son fauteuil.

 

24 ans : Mademoiselle de Nina Ricci. Pour le mariage de mes amis Marie-Ange et Jean-Pierre, je me suis parfumée avec un échantillon de Mademoiselle de Nina Ricci. Ce sera une fameuse découverte. Quelle bonne compagnie, fraîche, florale, mais aussi assez verte, m'offre cette eau de toilette ! Combien de flacons achèterais-je de ce jus ? Nul ne le sait mais ils ne se comptent sûrement pas sur les doigts des deux mains ! Louis adore aussi cette fragrance. Nous achèterons le dernier stock disponible à l'Inno de Liège, il y a plus de trente ans.

 

36 ans : Juin, l'odeur de lys dans notre jardin. Une découverte si inattendue pour ce premier été passé dans la maison que nous avons acheté. Ils ont peut-être survécu vingt ans les bulbes des lys. À présent l'été, des œillets embaument au jardin. Louis en avait ramené une toute petite touffe offerte par une collègue.

 

45 ans : J'avais acheté une eau de toilette "Bic" Elle me plaisait bien. La première fois que je l'ai portée, nous sommes allés visiter quelqu'un à l'hôpital. Mauvais ancrage pour ce parfum que je n'ai plus guère utilisé. À peu près à la même époque découverte de Diorissimo (oh cette senteur de muguet), puis de Poême de Lancôme (un parfum floral - un flacon gagné lors d'un concours de poésie d'amour) : À ces deux parfums je suis encore fidèle !

 

Petite enfance : Odeur d'éther chez mon grand-père qui est infirmier et secouriste dans un charbonnage. Des ouvriers de la cité voisine viennent se faire soigner chez lui. À ces occasions la salle à manger devient cabinet de soins. Je ne souviens pas d'avoir entendu un cri, d'avoir vu une seule blessure mais cette odeur est restée associée pour moi aux piqûres, aux hôpitaux, à la douleur physique, à la maladie, à la mort. Uniquement des associations négatives.

 

Tant d'odeurs habitent mon univers : Odeur de potage au cerfeuil flottant dans la maison des frères à Jumet, odeur de volaille rôtie chez bonne-maman, odeur obsédante de foie gras chaud ou de choux cuisinés chez nous, odeur de cuisine à me couper l'appétit dans un bel hôtel au Grand-Duché de Luxembourg, odeur de barbecue provenant du restaurant grec près de la maison communale de Mont-sur-Marchienne, odeur de Déclaration de Cartier ou de Signoricci (des eaux de toilette pour homme qui ont une tenue parfaite), odeur de craie des classes de mon enfance, odeur de poudre de riz de Maman, odeur de lessive chez Tante Maria…

 

 

Micheline Boland

homeusers.brutele.be/bolandecrits

Publié dans Nouvelle

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Christine Brunet a lu "Tous les crimes sont dans la nature" d'Alain Magerotte

Publié le par christine brunet /aloys

Photo Christine Brunet

 

"De celui de lèse-majesté à celui de lèse mémère, Tous les crimes sont dans la nature"...

 

Curieuse entrée en matière, non ? 

Mais quelques mots reflets de ce livre qui oscille en permanence entre nouvelles policièreshttp://www.mabiblio.be/wp-content/uploads/2009/02/Scan%20cover%20Magerotte004%282%29.jpg et fantastiques. Des personnages forcément atypiques qui collent à leur patronyme. Des situations qui racolent le lecteur et qui l'emmènent où ? Ben vers l'improbable, le surprenant, le terrifiant, l'incroyable... les qualificatifs ne manquent pas...

Non, un autre me vient à l'esprit... le soulagement. 

 

Soulagée pourquoi ? Pas parce qu'enfin, j'ai terminé le bouquin, non... mais parce que, vous le croirez ou pas, certaines histoires se terminent bien...

 

Toutes ? Quand même pas... mais l'humour est omniprésent, noir... ou gris...

 

Un style impeccable capable de faire passer toute la palette des émotions, des situations.

 

Une atmosphère omniprésente à déguster !

 

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

 

www.passion-creatrice.com

www.aloys.me

 

Publié dans Fiche de lecture

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A la Une ! Des auteurs Chloé des lys se distinguent !

Publié le par christine brunet /aloys

bobclin

 

A Fréquence Terre, on boucle la 3e saison radio de la rubrique « Littérature sans

Frontières » de ¨Pierre Guelff. On a dressé un Top 10 des lectures les plus nombreuses

des podcasts et sites web associés: cela donne à côté des éditions Pierregord, Presses de

la Cité, etc. Chloe des Lys avec "contes bizarres" de Bob Boutique !

http://www.frequenceterre.com/ chroniques-environnement-10091 1-2483-Top-10-de-

Frequence-Ter re.html

Comme on avait prédit la mort de la radio face à la naissance de la télévision, la disparition de cette dernière en présence d'internet, ce qui, on le sait, est très loin de ces prévisions funestes, eh bien, le livre necontes-bizarres2.jpg se porte pas trop mal en cette rentrée littéraire. 

Fréquence Terre, on boucle la troisième saison de la rubrique « Littérature sans Frontières », rubrique qui est programmée de manière hebdomadaire depuis moins d'un an et, pour l'occasion, on dresse des statistiques. 
Outre Fréquence Terre, 35 radios hertziennes françaises, belges, suisses et 28 autres webradios diffusent cette rubrique, soit des centaines de milliers d'auditeurs potentiels par jour. 
Mais, il y a aussi la lecture des articles inhérents à chaque chronique et, au total des 113 rubriques du genre, ce sont quelque 91.000 lectures qui sont comptabilisées. Soit, plus de 800 lectures par chronique. 
A ce sujet, Fréquence Terre a dressé un Top 10 des lectures les plus nombreuses et cela donne : 

1. Le Soufre et l'Encens de Sonia Pelletier aux Editions Pierregord avec 1.902 lectures. 
2. Le livre, enfer et paradis de Marc Varence (Editions Pascal) : 1.629 
3. Pernel et Nicolas Flamel de Janine Durrens (Editions Pierregord) : 1.478 
4. L'Abbaye aux Loups de Paul Couturiau (Presses de la Cité) : 1.458 
5. Rocheflame de Claude Michelet (Pocket) : 1.428 
6. Contes bizarres de Bob Boutique (Editions Chloé des Lys) : 1.380 
7. Où es-tu ? de Marc Levy (Pocket) : 1.368 
8. Madame, vous êtes un prof de merde ! de Charlotte Charpot (Editions de l'Arbre) : 1.367 
9. Alzheimer, ma mère et moi de Chantal Bauwens (Editions de l'Arbre) : 1.315 
10. Padre Pio de Gerald Messadié (Presse du Châtelet) : 1.299 

Signalons que Christian Signol dont il a été présenté quatre ouvrages, totalise plus de 4.000 lectures ! 
Ces chiffres démontrent la belle vitalité du livre et le plaisir que Fréquence Terre a de vous présenter «Littérature sans Frontières » chaque semaine. 

Pierre Guelff. "

 

Bravo, Bob !!!!

 

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desguinPartage lecture RUE BARAKA !

 

Un tout grand merci à  toute l'équipe de la maison de la laïcité de Charleroi ( rue de France, 31) !

 

Ce mardi 20 septembre, première rencontre partage lecture pour RUE BARAKA ...

 

http://www.quefaire.be/club-lecture-290386.shtml

 

Animé par Martine et Nicole, deux passionnées de lectures, le club lecture aimage-1 pris forme voici quelques mois et il permet à quelques lecteurs, deux ou trois fois par mois, de se rencontrer et de mettre en valeur un livre ...Chacun apporte son livre et sans prétention ni grandiloquence raconte en quelques mots pourquoi le livre a attité leur attention ...

Un partage d'une bonne demi-heure, on boit son petit café, on grignotte un biscuit et puis voilà, tout le monde est heureux de se renconter et de partager quelque chose de positif.

 

Merci donc à ces deux animatrices  pour ce dynamisme ...

 

Et ce mardi, première rencontre importante ! Avec des lecteurs et ....trois auteurs régionaux !

 

Claire Mathy, Première pelletée ( Ed Mémory press)

Charlène Lembourg, Rendez-moi mes poupées ( Ed Scaillet )

Et puis moi...

 

Les lecteurs sont concentrés et attentifs. Tout le monde lance sa petite question. Les trois auteurrs sont sympas et répondent sans langue de bois. Pas de prétention. Tout se fait à la bonne franquette, d'une façon sympa et conviviale. Comme si on se connaissait depuis longtemps!

 

Rencontrer des lecteurs, des auteurs...deux heures très enrichissantes !

 

Merci à Piet Vandehende, Eric Allard  et Salvatore Gucciardo pour leur présence, ça m'a fait plaisir.        http://lesbellesphrases.skynetblogs.be/

 

 

A bientôt !

http://carinelauredesguin.over-blog.com

 

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Dialogue, un texte de Louis Delville

Publié le par christine brunet /aloys

DIALOGUE

Consigne : Vous rentrez à la maison et découvrez la porte du salon entrouverte.

Vous la poussez : quelqu'un est assis dans le salon.

Il vous attend. Qui est-ce ? Comment est-il ?

Entre lui et vous, un dialogue s'installe…

 

"Mais qu'est-ce que vous faites dans mon…"

 

Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase que Bob se retourne en souriant !

 

Bob, mon ami. Bob, mon presque frère.

 

- Ça alors, comment es-tu entré ?

 

- Tu me connais. Il y a peu de gens qui résistent à mon charme. Manuela, ta femme d'ouvrage, s'est laissé convaincre !

 

- Comment vas-tu depuis tout ce temps ?

 

- Je reviens de Finlande où j'ai trouvé des débouchés extraordinaires pour mes spectacles de marionnettes. Ces gens-là, ils vivent souvent chez eux et sortent peu. Tu sais, l'obscurité des pays nordiques.

 

- Tu as été présenté ton théâtre en Finlande ? Tu es fou Bob. Va plutôt dans les pays chauds. Il y a plein d'enfants qui n'attendent que ça !

 

- Les enfants ?

 

J'ai senti comme un point d'interrogation après ces deux mots…

 

- Ben oui, les enfants ! C'est pour les enfants, tes marionnettes, non ?

 

- C'est pour qui veut ! Peu importe ! Les spectateurs de tous les âges sont les bienvenus.

 

La conversation a duré de longues minutes jusqu'à ce que je prenne conscience de l'heure. Il était plus de midi.

 

J'ai osé un timide : "Tu manges avec moi ?" Je connaissais la réponse.

 

- Si tu m'invites, ce sera avec plaisir. D'ailleurs, ça sent bien bon chez toi !

 

- Manuela a préparé une paella comme on la fait chez elle, lapin et fruits de mer…

 

J'ai commencé à dresser la table : "C'est la dernière fois que je me laisse prendre. La prochaine fois qu'il arrive à onze heures, je ne mangerai rien et lui non plus !!!"

 

- Un petit vin espagnol avec ça, ce serait parfait ?

 

J'ai donc débouché une bouteille de Rioja.

 

- À ta santé !

 

- À la tienne, Bob !

 

- Succulente cette paella… Charmante Manuela…

 

Bob a mangé de bon appétit et il est parti comme il était venu.

 

Bob, mon ami. Bob, mon presque frère.

 

 

Louis Delville

louis-quenpensez-vous.blogspot.com

Publié dans Nouvelle

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La montagne, au Gaschney, un texte de Claude Colson

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

claude colson-copie-2

 

La montagne, au Gaschney

 


  Un peu plus de dix heures, ce matin de juillet. À 1000 m, sur ce col des Vosges jouxtant le petit Hohneck, le frimas de la nuit n'a pas encore complètement lâché malgré le soleil généreux en apparence. Il faut dire que le ciel ( NDLR : la photo est prise à un autre moment) est chargé de lourds cumulus offrant toute la palette du blanc lumineux au gris sombre.

 
Au milieu quelques trouées de bleu. L'ensemble de ces nues glisse lentement vers la droite, au gré d'Éole.

 
Au premier plan la prairie vallonne doucement, couverte çà et là de gros rochers dont le gris prend au soleil des reflets d'ardoise. les taches jaunes des boutons d'or (?) font un collier à l"'herbe sèche, derrière, ornée de nuances mauves. Bientôt c'est la première haie des sapins, montant à l'assaut du vallon.


  Le soleil qui en frappe uniquement la première moitié éclaircit quelque peu le vert bouteille. On dirait le sourire d'un hémiplégique.


Au delà, c'est le creux, invisible, et plus loin l'autre versant, éclairé lui aussi, où les arbres de la forêt dense paraissent minuscules. Ils se serrent peureusement.


Levons les yeux un peu encore et ce sont les chaumes, jaune paille déchiré par endroits du sombre de sapins isolés. Enfin, juste sous le ciel, les croupes des ballons vosgiens.
Complètement à ma gauche, dans l'obscurité des bois, la montée vers la Schlucht, visible cependant.


  Et voici que le paysage s'anime : déboulant du même côté mais à mon niveau, le ding-ding de clarines annonce le défilé - à la queue leu-leu - d'une troupe de belles vaches locales, oblongues, têtes blanches, corps noirs surmontés tout le long du dos d'un large galon blanc. Deux veaux marron ferment la marche.


Le tintement des sonnailles s'éloigne presque aussitôt. Je lève les yeux de mon écrit, les bêtes sont passées. Je peux à nouveau m'évader vers les crêtes surmontées de la chevelure des épicéas, en brosse clairsemée.


À l'horizon , la ligne bleue d'autres ballons.


  Il fait bon voir ou revoir ces merveilles, dans le silence épais bien vite revenu.

 

 

Claude Colson

claude-colson.monsite-orange.fr

Publié dans Textes

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Walter Macchi : "L'écriture, comme la lecture, est un besoin, une passion, une façon d'apprendre et d'évoluer aussi. "

Publié le par christine brunet /aloys

a-un-detail-pres.jpgWalter Macchi est auteur chez Chloé des lys... un romancier… A un détail près est un polar, son polar.

Un point commun qui m’interpelle, bien évidemment. Des tas de questions se bousculent dans ma tête : comment conçoit-il son récit, son intrigue, comme crée-t-il ses héros… tout cela pour répondre à une seule question : y a-t-il un seul processus d’élaboration pour ce genre très particulier de littérature ? Plusieurs ? Un état d’esprit à part ou non ?

J’espère que Walter Macchi parviendra à répondre à toutes ces questions… et, peut-être, à me donner les clés qui me manquent.



Walter, depuis quand écris-tu ?
Je suis traducteur de formation et j'ai toujours écrit dans le cadre de ma vie professionnelle. J'ai eu la chance de travailler pendant une vingtaine d'années dans une mission diplomatique, dont les dix dernières au sein du service de presse. Quand je ne traduisais pas, je composais ou corrigeais des textes, des discours. Le reste du temps, je lisais les journaux le matin, et tout ce qui me passait sous la main le reste de la journée. C'était une expérience vraiment enrichissante.

Pendant toutes ces années, j'ai maintes fois repoussé le projet d'écrire un roman parce que le boulot prenait tout mon temps mais au fond de moi-même, j'ai toujours su que ce rêve, qui ne m'a pas quitté depuis l'enfance, allait devenir réalité. Cela a été le cas peu après la quarantaine.

Un événement déclencheur ?
Je faisais toutes les semaines la navette entre Genève et Bruxelles et passais beaucoup de temps dans les avions et les aéroports. L'idée de base du premier roman a germé pendant ces voyages. L'histoire s'est construite petit à petit et s'est bien vite imposée comme une évidence.

Que t'apporte l'écriture ?
L'écriture, comme la lecture, est un besoin, une passion, une façon d'apprendre et d'évoluer aussi. Parce qu'écrire, c'est créer.

L'écriture me permet également d'aborder les thèmes essentiels de l'existence, la vie, l'amour, la confiance, la trahison, l'argent…

Pourquoi l'écriture est-elle un moyen d'évoluer ?
walter1.jpgMes principales sources d'inspiration sont l'observation et la lecture. L'écriture est un moyen d'évoluer parce c'est un apprentissage constant qui nécessite beaucoup de rigueur et me pousse à me remettre sans cesse en question. Comme les voyages, elle me permet de découvrir d'autres horizons et de m'ouvrir aux autres et au monde qui m'entoure.


Tu as peut-être d’autres passions ?
Je suis un touche à tout, curieux de naissance. Je me suis donc essayé dans pas mal de domaines mais il y en a trois qui sont une constante : la photographie, les voyages et l'actualité internationale avec, de temps à autres, une passion qui prend le pas sur les autres, au gré de mes envies.

Comment écris-tu ? directement sur ordi ou sur le papier ? la nuit, le jour, tout le temps?
J'écris directement sur ordinateur, dès que j'ai un moment, dans la journée ou la soirée. La nuit j'essaye de dormir, parce que le sommeil – ou son absence - est également une source inépuisable d'inspiration. J'ai un petit enregistreur qui depuis peu me permet de capter les idées au moment où elles prennent naissance, sans risque de les perdre.

Jusque là, rien ne distingue Walter Macchi d’un romancier de roman historique ou contemporain, par exemple… Ma curiosité s’accentue.

Pourquoi avoir choisi le genre policier pour t'exprimer ? Le suivant en est-il également un?
Les policiers sont mes romans de prédilection, C'est le genre qui titille le plus mon imagination. C'est à mon avis le type de roman le plus exigeant et le plus compliqué à mettre en œuvre pour que l'histoire tienne la route et soit crédible, un de ceux qui demandent le plus de recherches et une documentation riche, parce que tous les éléments sont importants, l'intrigue, les personnages et leur environnement, le style…
Mon premier roman, un thriller dont l'intrigue se déroule dans le monde des affaires, de la parfumerie de luxe et de la photographie de mode, est en partie basé sur une expérience personnelle.

Le second est un roman plus classique, qui a néanmoins représenté un défi et un véritable exercice de composition. Il a fallu d'abord d'entrer dans la peau d'une jeune personne de l'autre sexe, et mettre ensuite deux histoires en parallèle : celle de l'adolescente racontée par elle-même, et celle d'une famille, originale et avare, que le goût pour l'argent fera sombrer.

Pourquoi avoir changé de genre de roman ?
L'approche entre un polar/thriller et un roman est différente. Dans un polar, on est beaucoup plus dans l'action et dans les changements de lieux. Pour cherches leswalter2.jpg indices, pour enquêter, il faut bouger.
Changer de style et écrire un roman a été une démarche intéressante qui m'a obligé à aller puiser plus profondément en moi pour faire sortir les émotions, les sentiments
et arriver à les mettre en mots.


Je vois… Quelle serait ta définition perso de l'écriture et définis ton style...
L'écriture pour moi est un formidable moyen d'expression, avec l'envie sous-jacente d'intéresser un plus grand nombre possible de lecteurs. Mon style est assez direct, sans fioritures et très visuel.


Comment construis-tu ton récit ? Ecris-tu au fil de la plume, avec un canevas ? un plan ?
Pour les romans policiers en particulier, j'essaye de bâtir un canevas de scénario solide autour d'une idée directrice. C'est un peu moins vrai pour le second roman où j'ai plus laissé libre cours à mon imagination et à ma plume. Lorsque j'écris, il m'arrive cependant de modifier le scénario en cours de route, parce que j'ai eu un flash ou parce que mes "conseillers" m'ont suggéré une autre voie. Je connais souvent des "moments de grâce", où les mots et les idées se bousculent à un tel point que j'ai parfois du mal à suivre.

 

Crois-tu qu’on écrit un polar comme un autre roman, avec le même état d’esprit ? D’où la question qui en découle… Tout auteur peut-il devenir auteur de roman policier selon toi?

Non, comme je l'ai dit précédemment, on aborde un polar avec un état d'esprit bien particulier. La trame est constituée par une intrigue, un événement mystérieux qui débouche sur une enquête avec des indices, des pistes, de l'action.
http://www.waltermacchi.com/images/stories/images/articles/la%20vieille%20cover%20reduced.jpg
Connais-tu dès le début la réponse à toutes les questions induites par l’intrigue ? Sais-tu qui est le coupable dès le début ? Si c’est le cas, qu’est-ce qui te passionne dans le processus du polar ? Le jeu avec les lecteurs ? la déclinaison des indices ?

De façon générale, avant de me mettre à écrire, j'ai un scénario de base, qui peut s'étoffer, se corser en cour de route. Mais je sais dès le début où je veux amener mes lecteurs.
Ce qui me passionne dans le processus du polar c'est justement le jeu qui s'installe entre l'auteur et le lecteur, et qui consiste selon moi à créer un suspense, une tension qui accrochera ce lecteur de façon suffisamment efficace pour qu'il ait hâte d'en connaître la chute.


Voilà une différence de taille entre nos deux approches de la conception d’une intrigue… Je crois qu’il vient de me donner la réponse que j’attendais. Pourtant je poursuis
l’interview, pour comprendre jusqu’où vont ces différences.

Tes personnages ont des personnalités bien marquées. Comment les construis-tu? Quel rapport as-tu avec eux ? facile ou compliqué de mettre un point final à tes
histoires ?
4e-a-un-detail-pres-001-copie-1.jpgPour mon premier roman, mes personnages sont nés d'observations personnelles, sur place à Genève et dans la vie quotidienne. J'ai essayé de les construire avec rigueur et me suis parfois identifié à eux, dans ce qu'ils avaient de plus humain, dans leurs qualités mais également leurs défauts. Je les aime bien et y suis attaché, même lorsqu'ils sont antipathiques pour les lecteurs. Je n'ai pas vraiment de problèmes à mettre un point final à mes histoires. J'éprouve parfois un sentiment de nostalgie ; c'est quelquefois à regret que je mets un terme à leurs aventures.

Certains construisent leur roman à la première personne… Toi, tu te choisis de te mettre dans la peau d’une femme dans ton second roman… Pas commun… Comment
entre-t-on dans la peau d'un personnage d'un autre sexe ?
Quand il écrit, un auteur fait immanquablement référence à une vision très personnelle des choses. Il peut parfois essayer de brouiller les pistes mais c'est un peu de lui-même qui transparait dans ses personnages.

 
Pour mon second roman, j'ai voulu sortir de mon enveloppe "masculine" et me contraindre à penser autrement, à voir la réalité sous un autre angle. L'aspect psychologique m'a demandé énormément d'efforts. Je réalise à présent, à quelques mois de la sortie officielle du livre, combien cette tentative est périlleuse et délicate.
J'ignore même si j'y suis parvenu. L'avenir me le dira…

Lorsqu’on te lit, une chose frappe immédiatement le lecteur, c’est le côté visuel de ton récit, un peu comme si tu l’avais construit autour d’un scénario développé au fur et à mesure, étoffé pour en faire un roman. Pourquoi le visuel est-il si important ?
Je réalise en répondant à tes questions combien mes passions se rejoignent, l'écriture, la photo ou le cinéma, les voyages. Toutes ces passions, qui sont autant de plaisirs, me permettent de partager des émotions, de capturer l'instant ou le vécu, que ce soit par les mots ou l'image. Mon premier roman A un détail près est très visuel, au point que j'aimerais bien parvenir à en faire un film. Je suis actuellement en train de travailler sur son scénario.



Est-il facile ou compliqué d'être lu pour toi ? Comment tes proches voient-ils cette passion ?
walter3.jpgPlutôt compliqué d'être lu par le plus grand nombre et d'obtenir ainsi des avis contrastés qui me permettent d'évoluer. En règle générale, mes proches voient cette passion de deux façons, avec étonnement pour certains, avec enthousiasme pour d'autres, parfois avec un brin d'envie, mais rares sont ceux qui réalisent vraiment la solitude de l'auteur face aux difficultés et aux injustices du monde de l'édition...


Quel est ton univers littéraire ?
Auparavant, je lisais presque exclusivement des romans policiers et des thrillers. Mais ces dernières années, mon univers littéraire s'est beaucoup diversifié. A présent, je lis essentiellement des romans mais tous les genres m'intéressent. J'avoue avoir un peu plus de mal avec la poésie et les romans historiques, mais rien ne dit que je ne m'y mettrai pas un jour. Mes lectures ne connaissent pas de frontières, avec toutefois une nette préférence pour les écrivains francophones, anglo-saxons et italiens bien sûr. J'ai découvert quelques perles dans les auteurs italiens contemporains qui gagnent à être connus (F. Volo, F. Moccia, P. Giordano, entre autres). Dommage qu'ils ne soient pas tous traduits en français.

J’aimerais que tu termines non pas par un extrait de ton roman mais par une autre définition… A ton avis, qu’est-ce qui fait un bon roman policier ? Tu parviendrais à me donner ta définition du roman policier ?
C'est une question à laquelle il m'est difficile de répondre. Il serait réducteur de dire qu'il n'existe qu'une seule définition tant les genres de romans policiers sont diversifiés.
Un bon roman policier est un roman dont le lecteur se dit, après avoir tourné la dernière page, que l'intrigue était tellement bien ficelée qu'elle en était géniale et qu'elle l'a captivé jusqu'à son dénouement inattendu.

Je ne peux qu'approuver... L'inattendu, l'intrigue forte, bien ficelée... la recette d'un bon polar... la recette de "A un détail près"... vous n'y croyez pas ? Lisez...
Pour retrouver l'univers de Walter macchi, un site... www.waltermacchi.comlink
Christine Brunet

www.christine-brunet.com
www.aloys.me
www.passion-creatrice.com

Publié dans interview

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Philippe Desterbecq a lu "Sauvetages" de Nadine Groenecke

Publié le par christine brunet /aloys

 

Phil D

 

 

 

Je vous ai déjà parlé de Nadine Groenecke, un des chevaux de la maison d'édition Chloé des Lys. Un cheval qui figure dans mon tiercé gagnant.

Nadine écrit bien, très bien, son style est enjoué, accrocheur; son vocabulaire est recherché, son imagination débordante.

Si j'ai beaucoup aimé ses nouvelles, je me suis régalé avec son premier roman.

Au départ, un fait divers inspiré par la mort annoncée à tort de Pascal Sevran. L'imagination débridée de Nadine a fait le reste.

Jacques Mervan est un auteur et un critique littéraire. Il vit seul, il déprime, il se noie dans l'alcool; sa vie est insipide malgré les succès littéraires qu'il connait.

Un jour, il regarde une émission à la télévision. L'annonce de sa mort par le présentateur vedette est un électrochoc qui le fera sortir de sa dépression.

Tout d'abord, il file chez sa mère. A-t-elle entendu l'annonce, elle qui ne manquesauvetages.jpg l'émission pour rien au monde? Si oui, l'annonce de son suicide n'a-t-elle pas eu un effet désastreux sur son vieux cœur? Mais sa mère est endormie ou du moins elle parait endormie car il l'ignore encore mais sa propre maman joue là le rôle de sa vie. Et si c'était elle qui tirait les ficelles de son existence?

On ne peut pas jouer avec le destin. Sa chère maman l'apprendra bien vite car rien ne se passe comme elle l'a prévu.

Un livre que j'ai beaucoup aimé. Je salue ici l'écriture de Nadine mais aussi son imagination. Un simple fait divers entendu à la télé l'a emmenée loin, très loin, là où le lecteur ne s'y attend pas.

Bravo Nadine. Sois attentive aux infos. Dès qu'un élément retient ton attention, fonce et offre-nous un deuxième roman à la hauteur de celui-ci.

 

 

Philippe Desterbecq

philippedester.canalblog.com

philibertphotos.over-blog.com

Publié dans Fiche de lecture

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A la Une... Carine-Laure Desguin

Publié le par christine brunet /aloys

Rimbaud-2011-015.JPGSamedi 10 septembre, c’était la fête à Charleroi ! Dans le cadre des journées du patrimoine dédiées à la pierre et aux écrits, tout un quartier de la ville basse rendait un hommage à Arthur Rimbaud, qui on le sait, passa quelques jours dans cette ville qui allait devenir un maillon important dans l’histoire industrielle de notre pays.

 

Un hommage à Rimbaud dans les rues de Charleroi ! Une ivresse !

Grâce à la collaboration de l'Union des commerçants de Charleroi, desRimbaud-2011-014.JPG riverains, et de l'asbl Charleroi centre-ville, différentes animations ont semé des étincelles...Des diaporamas relatant la vie de Rimbaud, le Charleroi de cette époque, un remake du cabaret vert... Rien ne manquait et l'ombre de l'homme aux semelles de vent planait sur chaque façade...Devant le café les mille colonnes, des textes de Rimbaud s'élançaient entre deux rayons de soleil, poussés par quelques musiciens et la voix de Luc broché. Merci à Luc Broché, Alice Bosq, Elaine Magnette et Marc Hubert ...

On brûlait le fer, on gravait les parchemins ...

Sur un grand bi, Etienne de la librairie Fafouille, en costume d'époque, pédalait ... 

 

Merci à Anne-Catherine Bioul, coordinatrice de l'évènement....

Mon texte dédié à Rimbaud, Dans les rues de Charleroi vit sa vie, il est affiché sur trois des fenêtres des Mille Colonnes...

Que rêver de mieux ?

 

 

               Dans les rues de Charleroi ...

 

Dans les rues de Charleroi sous le ciel

Gris et bas

Tu avais déchiré tes bottines

Avais-tu faim, avais-tu froid

Les chemins des usines

Paysages industriels

Au cabaret - vert

Tu demandas des tartines

Et une ou deux bières.

 

Je marche souvent

Depuis longtemps déjà

Dans les rues où tes pas

M'ont donné rendez-vous

Je cherche parfois

Ce cabaret - vert

Une tartine de jambon

Et une ou deux bières

Vers cinq heures du soir

L'heure où les gueules noires

Déminaient les secrets

Souterrains et sans sous.

 

Etait-il ici était-il là

Abri des chiens abri des loups

Ce cabaret - vert

Les pieds en sang

Tu t'arrêtas

Te rassasias

Bus quelques bières

As-tu écrit sur la table ?

  Ensuite qu'as-tu fait de ta nuit ?

Sur les quais de la Sambre

Où t'es-tu endormi ?

Dans quel hôtel quelle chambre

As-tu écrit sur la table ?

Souffle-le moi dans le vent

Dans les fumées des usines

Souffle-le moi souffle les mots

Huit consonnes et cinq voyelles

Tes écrits pleuvent dans les ciels

Sur les quais de la Sambre

Les pavés te disent merci

Toi le poète le créateur de mots

Toi l'Africain le surhomme

Les chemins se rappellent

Et te nomment

  Arthur Rimbaud.

 

Carine-Laure Desguin

Auteure de RUE BARAKA ( Ed Chloé des lys )

 

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la-braise-septembre-2011-006.JPGLa Braise, rue Zénobe Gramme à Charleroi, organise plusieurs fois par an  une exposition  afin de donner une chance à de jeunes artistes. C’est Piet Vandenhende, un peintre-sculpteur qui est à l’origine de ce mouvement qui donne rendez-vous à des créateurs originaux…

 

Ce week-end ( du 09 au 11 septembre 2011 ), dans une salle toute rénovée,la-braise-septembre-2011-005.JPG cinq artistes très motivés ont présenté leurs sculptures et peintures :Jean-Michel Wanli, Olivier Evaldre, Pascale Badot, Marie-Christine Montigny, et Pino Bonelli.

 

Merci aux organisateurs de cette expo qui donnent la parole à tous les créateurs puisque mon texte L’Eclipse reste accroché là, en permanence…Ces mots jetés sur le papier relataient la vie difficile de Piet Vandenhende, un artiste issu des trottoirs urbains …

 

http://carinelauredesguin.over-blog.com/article-piet-69025754.html  

 

 

Carine-Laure Desguin

 

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RUE-BARAKA-en-vitrine-chez-Moliere---001.JPG      La librairie Molière de Charleroi consacre une vitrine aux auteurs de la région et ceci dans le cadre des journées du patrimoine ayant pour thème cette année « des pierres et des lettres »…

« RUE BARAKA » de Carine-Laure Desguin était là, bien visible !


 

 

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Christine Brunet a lu "Pensées noires" de Jean Vigne

Publié le par christine brunet /aloys

Photo Christine Brunet

 

J'ai découvert Jean Vigne lors de ma toute première visite sur le forum Chloé des lys... Un sondage pour la couverture de son nouveau roman. Bon, pour être franche, elle a été longtemps pour moi un frein à la lecture de ses textes. Et puis le manque de fiches de lecture ou de retours pour un auteur qui semblait mêler mes deux genres préférés, policier et fantastique, m'a poussée à passer outre mes réticences.

 

Mais quelle bonne idée j'ai eu en commandant "Pensées noires"!

 

Certes la couverture, toujours cauchemardesque... mais le texte... Waouh ! style simple,http://www.bandbsa.be/contes/penseesnoires.jpg facile, une intrigue qui joue avec le possible, des personnages torturés, ballotés par la vie. L'histoire ? bien ancrée dans la réalité qui dérape. De la violence ? Mais qui a dit que je tue beaucoup dans mes bouquins ???? mes personnages n'arrivent pas à la cheville d'Olivier, l'un des protagonistes. Un roman documenté sans être fastidieux à force de détails, très localisé géographiquement : sans doute ce qui ancre le plausible dans la réalité.

 

Un livre à découvrir ! Moi, je regrette de ne pas l'avoir fait plus tôt. Mais je vais me rattraper et pas plus tard qu'à la rentrée, comptez sur moi !

 

Christine brunet

www.christine-brunet.com

 

www.passion-creatrice.com

www.aloys.me

Publié dans Fiche de lecture

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Changement de cycle, une conte pour la rentrée de Micheline Boland

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

boland photo

 

CHANGEMENT DE CYCLE

 

1er septembre, jour de rentrée scolaire. Ben a beau avoir huit ans, avoir déjà l’expérience de deux rentrées à la "grande école", le cœur n’y est pas. Difficile de faire le deuil des jours de liberté, de jeux improvisés avec les cousins et les voisins, des pique-niques au jardin. Difficile de se séparer du cocon familial pour se plier aux exigences ce Monsieur Baudouin, un instituteur qui, voici des lustres, a déjà été celui de son père. Une sorte d’ogre exigeant. "Tu sais fiston, les premiers jours, je tremblais tellement face à lui, que mon écriture était devenue quasiment illisible. Heureusement, Oncle Bernard était dans ma classe. Il suffisait que je lui adresse un petit regard, pour reprendre courage…"

 

Qu’est-ce son père lui en a parlé de ce Monsieur Baudouin ! "C’est grâce à lui que l’ordre est devenu ma seconde nature. Le jour de Saint Nicolas, il a offert à chacun une flûte à bec en plastique. C’est lui qui nous a appris à en jouer. Mon goût pour la musique, c’est à lui que je le dois. Quand nous avions les yeux dans le vague, il nous interrogeait. Quand nous répondions bien, il disait que certains élèves ont l’air de rêver alors qu’ils réfléchissent. Il nous prouvait ainsi qu’il ne faut pas se fier aux apparences !"

 

Comment ne pas avoir peur de ce Monsieur Baudouin, sorte de super Papy tout puissant et omniscient que son père évoque avec une telle palette d’émotions dans la voix ?

 

Jusqu’alors, Ben n’a connu que des institutrices, jeunes, maternelles et spontanées. Cette année, cela change.  

 

Heure H…

 

Ben s’assied où Monsieur Baudouin le fait asseoir. Monsieur Baudouin commence par passer en revue les règles de vie en classe. Ce n’est pas gagné d’avance ! C’est en vain que Ben cherche à croiser le regard de ses copains Greg et Mathieu tandis qu’il recopie le règlement à la deuxième page de son journal de classe. Son écriture est tremblée comme devait l’être celle de son père. Tous, ils sont tous comme empruntés et timides face à cet instituteur qui les ouvre à un nouveau cycle.

 

Ben regarde un moment par la fenêtre. Même pas un oiseau dans le platane, même pas un ballon dans la cour. Soudain, il aperçoit Chipie. Oui, c’est bien sa chienne qui se trouve là au pied de l’arbre. Quelque chose de la douceur de la maison, ici, à l’école, en ce début septembre.

 

Chipie, aux aguets comme lui-même devrait l’être. Il n’est plus seul avec ses craintes. Pour affronter les aléas de la vie, il connaît des filles comme sa sœur aînée qui gardent la photo d’un ami ou d’un parent dans un coin du cartable ou du plumier. D’autres, comme sa mère, portent un médaillon que leur a offert un être cher. Lui, c’est un être vivant, sa fidèle compagne de jeux qui l’a accompagné jusqu’à l’école en ce jour particulier. Déjà, il se sent plus confiant.

 

Juste un regard de temps en temps vers le pied du platane, pour reprendre  pouvoir sur lui-même. Son écriture devient plus ferme, ses acquis lui apparaissent de nouveau maîtrisés. Quand Monsieur Baudouin lui demande de lire ce qui est écrit sur le tableau, Ben le fait d’un ton assuré.

 

Lorsque la sonnerie retentit pour annoncer la récré, il semble à Ben qu’il s’est déjà acclimaté au nouveau cycle.   

 

Dès qu’il est dehors, Ben cherche Chipie. Elle n’est plus là. Les caresses de remerciement, ce sera pour la fin de l’après-midi, juste avant de recouvrir les cahiers avec ce papier bleu qu’il a pris tant de plaisir à choisir…

 

Micheline Boland

homeusers.brutele.be/bolandecrits

Publié dans Nouvelle

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