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Courts extraits tirés de la trilogie de Stéphane Ekelson

Publié le par christine brunet /aloys

 

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Aimer à mûrir (extrait)

 

« J'embrasse la joue de l'écriture. Elle est féminine. Je voudrais l'épouser. Epouser ses formes fort séduisantes. Coucher dans le même lit de confidences, d'histoires vraies et fictives. Mêler ma langue à la sienne pour maintenir la passion. Je range mes armes, mon combat contre elle. Je veux qu'elle soit mienne et sienne. Je lui souffle des mots à l'oreille. Elle se met à rire. Je ris aussi de sa splendeur. L'écriture me dévisage. J'en tombe amoureux. Tout coule alors comme une source. Une relation est née. Elle a décidé en secret de m'épouser. Je tourne la page de mon passé. Je remplis les pages vierges de notre livre. Celui d'un amour naissant. Le mariage fut célébré dans une cathédrale accompagné par un orgue inspiré de notes comme les mots abondants écrits sur le registre de l'autel blanc. »

 

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L'indicatif présent (extrait)

 

« Le temps du plus blanc que blanc est révolu. A présent on parle de boue, de crasse, de puanteur, de déjection, de pourriture, de cadavre et de laideur. Tu es laide, tu es sale et tu pues. Tu n'aimes pas l'entendre n'est-ce-pas ? Avoue, reconnais-le, je suis dans le registre de l'horreur, du scandaleux et de l'infâme. Mais ils sont nombreux dans mon cas. Tu ne te rends pas compte. Tu ignores la vraie nature de l'homme. En fait tu m'exaspères, tu m'irrites. Je ne sais pas sur quel pied danser avec ton comportement et ton langage déficient. Tu veux que je m'arrête-là ? Que je signe une trêve avec toi pour cesser ce non-lieu ? »

 

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Toile au vert de liqueur (extrait)

 

« Ayant atteint la hauteur de sa voiture, il ouvrit la portière arrière et en sortit des chaussures décentes qu'il mit à ses pieds à la place des bottines dont l'éclat puait. Le jour s'assombrissait peu à peu et il alluma une cigarette, assis à son volant, sans se douter que des yeux avisés suivaient son manège. Après un temps, la cigarette consumée à grandes bouffées, il démarra silencieusement les feux éteints par l'oubli. »

 

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Extrait d'un journal intime retrouvé au fond d'un grenier, un texte de Louis Delville

Publié le par christine brunet /aloys

 

delvilletete

 

 

EXTRAIT D'UN JOURNAL INTIME RETROUVÉ AU FOND D'UN GRENIER

 

Samedi, le 18 mai 1861

Il est près de six heures et je suis réveillée. J'écris ces quelques lignes à la hâte. Aujourd'hui est un grand jour, celui de mon mariage.

 

Charles m'a choisie parmi toutes les jeunes filles de bonne famille que ses Parents ont voulu qu'il rencontre avant de faire son choix.

 

Oh, béni soit le jour où je l'ai vu, jeune officier fringant dans ce bel uniforme. Il semblait savoir que tous les regards étaient tournés vers lui et pourtant il m'a longuement fixée en s'avançant vers Mère à qui il a demandé l'autorisation de m'inviter à valser.

 

Et nous avons valsé, valsé, j'en suis encore étourdie… À minuit, comme les jeunes filles sages, j'ai obéi à Mère qui voulait quitter la salle de bal. Nous sommes reparties dans le fiacre que Père avait envoyé nous chercher.

 

Cher journal, voila plus de cinq ans que j'attends ce jour et j'ai peur ! Peur de le décevoir, peur que Charles ne me trouve pas digne de lui, peur aussi de cette nuit de noces dont Mère m'a parlé à demi-mots et en rougissant !

 

J'aime Charles plus que tout et bientôt, je serai sienne.

 

Ceci est la dernière page de ce journal intime. Plus rien n'est écrit après ces quelques lignes…

 

Louis Delville

louis-quenpensez-vous.blogspot.com

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Carl du Toit...

Publié le par christine brunet /aloys

malades manteaux penché K Cahboum

 

Pourquoi le train déraille ?

C’est parce qu’on le raille.

Les passagers eux baillent

Leurs faces rondes comme corail

Les clowns chauffent la loco       

Comme s’ils étaient à Rio              

Amusant amusés ils rient haut

Excités ils grimpent au poteau

 

Les rails elles s’en moquent

Qu’on leur danse dessus à coup d’rock                    

Quand les wagons sont lourds elles rotent

Quand les cheminots dévient trop elles les croquent

 

Puis un jour on inventa l’avion

Qui face au train était toujours champion

Il allait si vite qu’on alluma les lampions

Pour que chacun, craintif,  fasse  ses dévotions

 

L’homme se mit un jour de la partie                                  

Il ne voulait absolument pas que la terre en azote partit

Chacun dans son coin lançait sa répartie

Tant est-il que d’emblée on prit le parti de l’écolo facil

 

Ébranlée sur son socle la terre vite craqua

En des millions d’années elle n’avait jamais vu cela

Elle se secoua donc et lança en l’air ses habitants par-ci par-là

En criant et disant « Depuis toujours et pour toujours on m’appellera Bella ».

 

 

Carl du Toit

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Publié dans Poésie

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J'ai peur de..., un texte de Louis Delville

Publié le par christine brunet /aloys

 

delvilletete

 

J'AI PEUR DE…

Commencez un texte qui commence par cette phrase.

 

J'ai peur de vous raconter cette histoire… On va encore dire que je l'ai inventée et pourtant c'est la vérité !

 

Il y a quelques années, lorsque j'étais petit, j'ai rencontré des Martiens ! Vous voyez, vous commencez déjà à sourire. J'en ai marre de ces gens qui ne me croient pas !

 

L'après-midi du 24 décembre 1900 et quelques, je regardais par la fenêtre pendant que ma mère faisait des bouquettes. Eh voila, on sourit encore, on ne connaît pas un mot typiquement liégeois et on rit bêtement !

 

La bouquette est un genre de crêpe à la farine de sarrasin agrémentée de raisins de Corinthe macérés dans le genièvre. Il neigeait doucement et la maison embaumait. On avait fait les courses la semaine précédente et le cuissot de sanglier attendait sagement au réfrigérateur. Maman avait trouvé une recette de sanglier au chocolat à préparer pour le réveillon. Encore ces sourires moqueurs ! Oui, ça existe une recette de sanglier au chocolat !

 

Depuis la veille, la viande marinait… Le foie gras était déjà coupé en belles tranches et Papa avait ouvert une bouteille de ce vin fabriqué à base de grains de raisins pourris. Je vois que vous vous marrez mais il existe vraiment, ce vin, le Sauternes ! Attendez d'en avoir goûté avant de critiquer !

 

Je crois que je vais m'arrêter de vous raconter cette histoire, j'avais bien raison d'avoir peur de la commencer. Vous ne croyez pas des choses vraies, alors comment voulez-vous croire à mon histoire de Martiens ? 

 

Louis Delville

louis-quenpensez-vous.blogspot.com

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Philippe WOLFENBERG : l'écriture est "gravure d’émotions, de sentiments et de souvenirs sur le papier "

Publié le par christine brunet /aloys

Ah, curiosité, quand tu me tiens ! Dès qu'un nouvel auteur pointe son nez chez Chloé des lys, je n'ai de cesse d'en apprendre plus, de le cerner, de comprendre ce qu'il écrit et comment. Le plus souvent, cette curiosité se solde par un flop : l'auteur garde son univers pour lui et seulement pour lui. La frustration me guette alors.

Mais parfois il accepte de répondre à mes questions... Philippe Wolfenberg n'a pas hésité une seconde et je l'en remercie. Les questions se pressent comme d'habitude. Je dois faire un tri. 

Alors, commençons par le commencement : une courte présentation, histoire de faire connaissance...

 

Phil-3.jpgJe m’appelle Philippe WOLFENBERG (Philippe étant mon véritable prénom et WOLFENBERG, un pseudonyme qui veut dire « Montagne aux loups »). Je suis né à Liège, il y a un peu plus de 48 ans et j’habite à une dizaine de kilomètres de cette ville (l’avantage des espaces verts à quelques minutes de la métropole). Je travaille dans une asbl où j’occupe le poste de secrétaire. Je suis célibataire… Sans doute, mes chats sont-ils les seuls à supporter mon caractère impossible?

Pseudo original: pourquoi ce choix ? Tout simplement parce que je suis proche de la nature ; donc, de la faune et de la flore et que le loup est un animal qui me fascine. J’avais donc opté, au départ, pour « Philippe WOLF »… Mais ça ne me semblait pas assez « accrocheur ». J’y ai ajouté « BERG » (montagne) et changé « WOLF » en « WOLFEN » (qui est le pluriel).

Depuis quand écris-tu ? Mes premiers textes sont vieux d’une vingtaine d’années. Du moins, ceux que j’ai gardés.

Les-etats-d-ame-de-la-lune-et-du-soleil--Philippe-Wolfenb.jpg Sinon, auparavant, j’avais déjà « griffonné » quelques ébauches, ça et là.

Tu écris en prose... Pourquoi ne pas avoir choisi la poésie, par exemple ? en as-tu déjà écrit ? J’ai débuté par la poésie… Et j’ai quelques dizaines de poèmes dans mes cartons (que je soumettrai, peut-être, à Chloé des Lys dans le futur).

Je pense que la poésie est plus esthétique que la prose mais ne permet pas de développer suffisamment un sujet.


Sans doute, oui. Définis le mot « écriture », s'il te plaît... Tâche ardue que celle-là ! Je dirais : mise des mots en musique ; thérapie ; gravure d’émotions, de sentiments et de souvenirs sur le papier ; besoin vital…

Pourquoi écris-tu ? Un déclencheur ?

Les-etats-d-ame-de-la-lune-et-du-soleil--Philipp-copie-1.jpgComme je l’ai déjà dit, c’est une sorte d'auto psychanalyse. Ca me permet, également, de vivre des vies qui ne sont pas (et ne seront, sans doute, jamais) les miennes. Enfin, il arrive que les événements m’obligent (le terme n’est pas trop fort) à martyriser le clavier. Ainsi, le premier chapitre de mon roman (en cours de publication chez Chloé des Lys) est autobiographique et ne devait, au départ, pas avoir de suite.

Ah ? Pour quelle raison ? le choix de la publication s'est-il imposé par hasard ?  Comme je considère l’écriture comme une thérapie, j’ai l’habitude de coucher sur le papier les événements (et les émotions) que j’ai des difficultés à gérer. Le premier chapitre de mon roman en est l’illustration. C’est le récit d’une soirée d’adieu. Je voulais en garder une trace écrite. Puis, l’idée d’en faire le point de départ d’une histoire plus longue s’est imposée ainsi que l’envie qu’elle soit publiée.

Ecris-tu pour toi, pour les autres ? Sans hésitation : pour moi… Mais il est vrai que voir mon « travail » apprécié par le plus grand nombre est une récompense que je ne néglige surtout pas.

Facile ou difficile d’être lu ? Trouver une maison d’édition n’est pas une sinécure. Sinon, pendant l’écriture de mon

Phil-1.jpg roman, j’avais pris l’habitude de donner à lire le résultat d’une journée de cogitation à quelques personnes de mon entourage. C’était toujours intéressant – et souvent gratifiant – d’écouter leurs « ressentis ».

Comment voit-on ta passion de l'écriture autour de toi? Je dirais que les ¾ des personnes à qui j’ai fait lire mon manuscrit ont été enthousiastes quant à la forme et au fond mais les encouragements sont rares. C’est un peu frustrant mais puisque j’écris avant tout pour moi, ce n’est pas vraiment un problème.

D’autres passions ? Lesquelles ? Ont-elles un lien avec l’écriture ? La lecture (surtout d’essais, actuellement), la photographie (mes deux sujets de prédilection étant la nature et les vieilles pierres), les balades (source d’inspiration pour l’écriture et la photographie), la musique (il ne s’écoule pas un jour sans que j’en écoute), la minéralogie, l’ésotérisme (qui, parfois, a des liens avec la passion précédente), l’informatique et le jardinage (avec une propension à collectionner les beaux bonsaïs).

Un lien entre toutes ces passions? Se retrouvent-elles dans tes écrits, les conditionnent-elles?

Phil-2.jpgLa recherche de l’esthétisme. La perfection de la nature a, sur moi, un pouvoir d’attraction extraordinaire. L’architecture et la décoration aussi. Et ça se retrouve, en effet, dans les descriptions qui parsèment mes écrits. Quelques touches d’ésotérisme sont, également, diluées dans l’ensemble. Bref, le lecteur attentif devrait en apprendre beaucoup sur mes passions (et sur moi-même) en lisant ce livre.

Quel est ton rapport avec tes personnages ? Fusionnel ! Je suis le héros de mon roman et il est moi, son créateur. Quant à sa « jumelle », je me suis inspiré d’une femme que j’ai adoré côtoyer par le passé. Je l’ai, bien sûr, rendue plus parfaite mais le souvenir que j’ai d’elle coïncide quasiment trait pour trait avec la belle méditerranéenne de mon livre. Il y a aussi une enfant qui personnifie mon regret d’avoir délibérément choisi de ne pas en avoir. Et les personnages secondaires sont, pour la plupart, calqués sur des gens que je connais (ou ai connus) et apprécie.

Nouvelle question, si tu veux bien... Peux-tu définir ton style ? J’aime que l’harmonie règne entre les mots… Que la façade soit belle et attirante. Je crois que le lecteur sera interpellé par les nombreuses descriptions (personnages et lieux) qui ponctuent le récit. Mais l’extérieur ne doit pas prendre le pas sur les émotions. Finalement, je ne raconte pas uniquement une histoire… Je tente de raconter la passion… Sans cette dernière, la vie ne vaut pas d’être vécue.

Compliqué de mettre le point final au récit ou est-ce un soulagement ? Au risque de me répéter, je suis le héros de mon roman. Et même si les aventures de mes personnages ne s’arrêtent pas au mot « fin », j’ai vécu le moment où mon index a frappé la touche « point » du clavier pour l’ultime fois comme très douloureux. Mais les nombreuses relectures que j’ai effectuées avant et après avoir envoyé mon manuscrit aux Editions « Chloé des Lys » ont été, au contraire, synonymes de renaissances multiples et bienvenues.

 

Me voilà au moment le plus délicat de l'interview, la conclusion... Allez, cette fois, ce sera un extrait choisi... Une autre approche, plus concrète de l'univers de l'auteur... Bonne lecture !

 

 

Les états d'âme de la lune et du soleil (Philippe WolfenbJe me suis levé tôt afin de profiter des premières heures de la journée. Caterina dort profondément. Au moment de quitter la chambre, je passe précautionneusement la main dans sa chevelure ébène. Cette assuétude tactile – que j’ai cultivée au fil de mes relations avec l’autre sexe – a, probablement, atteint son paroxysme depuis que cette merveilleuse strega1 m’a envoûté. J’écris un mot que je laisse à sa portée et, sans un bruit, je descends les escaliers. A mon passage, les chiens se redressent mais, sur un ordre de ma part, ne me suivent pas.

Le ciel est pervenche et vierge de tout nuage. Sous le souffle du vent, tiède et imprégné des senteurs matinales, le feuillage juvénile des arbres ondoie dans un bruissement feutré qui sied à la naissance tranquille du soleil.

Eparpillés aux quatre coins du parc, des massifs de fleurs printanières lui donnent l’apparence d’un tableau de Georges Seurat2.

Je longe l’étang, bordé de saules pleureurs et surmonté des volutes d’une brume ténue, puis remonte le cours du ruisseau qui s’y abîme après avoir donné vie à de multiples cascatelles.

A quelques mètres du pavillon, un chêne à la silhouette alambiquée protège le vieux banc sur lequel je viens de temps en temps me livrer à l’exercice délicat du retour sur soi.

Je repense à Elena. D’autres l’ont précédée mais elle incarne mon premier amour. Elle fut, en son temps, celle avec qui j’imaginais pouvoir défier les lois éternelles de la banalisation. L’aveuglement qui caractérise les esprits passionnés nous a conduits à répéter les mêmes comportements insensés jusqu’à ce qu’elle soit raisonnable pour deux. La raison… Parlons-en ! Elle conspire contre nous lorsqu’elle nous empêche d’atteindre la plénitude. C’est, du moins si mes souvenirs sont exacts, l’avis de Freud3. Et le mien aussi ! Même si Chloé a su pallier la dérobade de mon illusoire sœur incestueuse, j’ai cru ne jamais guérir.

Puis, Caterina est apparue. Les pages que nous écrivons, elle et moi, auraient dû l’être bien plus tôt. Le reste de mon existence ne suffira pas pour l’aimer comme elle le mérite. Y parvenir exigerait un millier de vies… Et encore ! Ce bonheur est tellement grand et tellement idéal qu’il est fait pour habiter les rêves et non une réalité trop étriquée qui l’emprisonne. Il fait mal tant il est impétueux, tel un océan déchaîné. Il est suffocant quand il s’insinue dans la moindre de mes respirations. Il est, surtout, l’étincelle primordiale qui me permet de trouver un chemin parmi les ténèbres où baigne ma personnalité abusivement tournée vers la démesure affective.

* Phil ?

Je me retourne. Elle porte une robe, légère et courte, aux motifs floraux variés. Par-dessus, un gilet la protège de la fraîcheur ambiante sans cacher le profond décolleté qui met ses seins en valeur.

* Viens t’asseoir…

* Pourquoi ne m’as-tu pas réveillée ?

* Tu paraissais si sereine… Et… Je voulais être seul…

* Oh ! Te fatiguerais-tu déjà de ma présence ?

* Tu le penses réellement ?

* Non ! Mais j’aime être rassurée…

* J’ai un besoin viscéral de te savoir à mes côtés… Mais, aussi singulier que cela puisse paraître, ton absence momentanée corrobore l’authenticité de cet axiome…

* Pendant que je m’habillais pour venir te rejoindre, j’ai allumé la radio… Elle diffusait la chanson de Rui Da Silva… Celle où une voix féminine suave répète « I need you so much… »1

1 J’ai tellement besoin de toi…

* Et ?

* Je pourrais passer des heures à te dire ces mots…

* Tu as déjà fait l’amour sur un banc ?

* Non !

* C’est le moment de combler cette lacune… Tu ne crois pas ?

Son rire espiègle, quand elle bascule en arrière sous le poids de mon désir, est la plus plaisante des réponses.


 

Christine Brunet

www.aloys.me

Publié dans interview

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Jean-Claude Texier nous propose un extrait de son roman, L'Elitiste

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

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L’ÉLITISTE

                           Jean-Claude Texier

 

Un extrait de circonstances électorales

 

Roméo de Rivera, proviseur du lycée Edith Cavell dans une banlieue bourgeoise de la région parisienne, staliniste farouche et dirigeant tyrannique, devenu socialiste par opportunisme, est fortement impliqué dans la campagne présidentielle de 2007.

 

Le dimanche 22 avril, au soir du premier tour, en proie à une angoisse qu’il crut exorciser en retrouvant ses congénères, Roméo alla au siège du parti. C’était une belle fin d’après-midi printanière et le boulevard Saint-Germain, plongé dans un calme provincial, connaissait le silence préludant aux grands évènements.

Il trouva la rue de Solferino en effervescence. Des groupes de militants du Mouvement des jeunes socialistes agitaient des drapeaux aux cris de « Ségolène Présidente ! » parmi une foule assemblée devant un écran gigantesque, dans l’attente que s’affiche le score de son idole. Sur un podium dressé au milieu de la rue, la télévision achevait ses préparatifs. Les regards graves trahissaient la même appréhension qui l’habitait.  

Il se rendit à la brasserie au coin du boulevard Saint-Germain dans l’espoir de rencontrer une connaissance. Elle était bondée, le comptoir pris d’assaut par une clientèle assoiffée en quête de pronostics venus de l’étranger et d’ultimes prévisions. Les serveurs en sueur, débordés, couraient en tous sens, incapables de répondre à la demande. Il dut s’armer de patience avant qu’on lui servît une bière.  

On se pressait aussi dans l’escalier des toilettes. Il attendait docilement son tour lorsqu’il remarqua devant lui une jeune fille dans laquelle il crut discerner cette touche de distinction qu’il admirait tant chez certains politiciens. C’était une blonde d’une vingtaine d’années, au teint frais, aux lèvres finement ourlées, aux yeux bleus malicieux, souriante dans la file d’attente, et il se dit qu’elle devait avoir de l’humour, la qualité qui lui manquait tant, mais toujours appréciable chez autrui. L’idée lui vint – reste de ses lectures sur la séduction – qu’il devrait faire un effort pour engager la conversation sur un mode léger et plaisant.  

« Quel monde ! fit-il d’un air détaché, on se croirait à l’ANPE. » (Agence nationale pour l’emploi)

Elle éclata de rire, et il s’enhardit à lui demander si elle avait des renseignements sur les résultats probables. Comme elle secouait négativement la tête, il interrogea un jeune homme à lunettes aux traits creusés d’intellectuel, suspendu à son portable. 

« D’après des amis de Lausanne, dit-il gravement, flatté qu’on lui demandât son avis, vers cinq heures, c’était Bayrou qui était en tête. Mais il reste une heure, et tout peut basculer.  

— J’espère, dit Roméo, que Le Pen ne renouvellera pas son score de 2OO2 au premier tour. Je ne peux m’empêcher de souhaiter qu’il meure à la tribune, au milieu d’un discours haineux, d’un infarctus ou d’une congestion cérébrale. Vous ne croyez pas que cela pourrait lui arriver, à 78 ans ? »

Il fit semblant de s’étrangler et de tomber raide mort.

« Oui, certainement ! » fit la fille en riant.

Elle était assez jolie, et quelque chose d’innocent dans son expression lui plut. Il se souvint du premier précepte énoncé par son Don Juan de  Chamonix : faire rire une femme, c’est l’avoir à moitié dans les bras. 

Il poussa plus loin son avantage.

« Et ce n’est pas son imbécile de fille qui prendra le relais. La droite perdra son meilleur tribun et la gauche son pire ennemi. Je souhaite qu’on l’enterre dans une heure, fit-il en regardant sa montre.

— Marine ? Elle ne lui arrive pas à la cheville. Vous n’avez rien à craindre. »

Elle se précipita vers une place devenue libre dans une cabine. Lorsqu’il sortit, il alla l’attendre en haut des escaliers. Elle parut surprise de le retrouver. Il se demanda si elle n’avait pas rendez-vous avec un ami, mais résolut de risquer le tout pour le tout.

« Nous avons le temps de prendre un verre. Tenez, voilà une table qui se libère, allons-y. »

Et il s’empara de deux chaises de la terrasse avant qu’elle refuse son invitation. Mais elle vint s’asseoir en face de lui en le remerciant, toute joyeuse qu’on lui offrît un moment de détente dans cette cohue.

Il commanda deux cafés et la prévint qu’ils devraient attendre, ce qui lui donna l’occasion de citer son proverbe espagnol favori : Con la paciencia se gana el cielo. (Tout arrive à qui sait attendre)   

Et comme elle s’étonnait de son accent, il lui avoua ses origines ibériques, sa naissance dans un pays lointain.

« Mais parlons de ce qui nous amène ici. Vous êtes militante ? 

— Disons sympathisante. Mais presque militante, oui. Je devais retrouver une amie ici, mais elle vient de me prévenir qu’elle ne pourra venir. Elle est inscrite et veut que je le sois aussi. Nous sommes toutes deux étudiantes en deuxième année de médecine. Plus tard, on voudrait travailler dans l’organisme de Kouchner. 

— Bravo, mes compliments. Et bonne chance dans Médecins du Monde 

— Merci. Vous êtes professeur ? 

— Moi ? En ai-je l’air ? Non, je suis fonctionnaire. Mais j’ai été instituteur à Chamonix, il y a bien longtemps. 

— Est-ce que vous croyez que Ségolène sera au second tour ? 

— J’en suis sûr. Dans l’administration, beaucoup de gens lui font          confiance. Mais la lutte sera serrée au deuxième tour, à cause de Bayrou qui nous a pris du monde. »

Elle l’approuva tristement.

« Est-ce que vous aurez un jour votre carte du parti ? 

— Sans doute, je pense. En fait, je ne sais pas. Vous croyez que c’est important ? »

Il hocha la tête.

« Oh oui, très important. C’est la marque de votre engagement. C’est par là que vous vous démarquez des capitalistes exploiteurs, de Sarko et de sa bande de profiteurs sur le dos du peuple. Plus on sera de monde, plus on sera fort. Ségolène veut que l’on devienne un parti de masse. »

Leurs voix furent bientôt couvertes par des cris enthousiastes de « Ségolène Présidente ! » Le vacarme dura quelques minutes, entrecoupé de pauses si courtes qu’ils n’avaient guère le loisir de poursuivre leur conversation. 

 

Jean-Claude Texier

L'Elitiste

 

 

 

 

 

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Obscène, un poème de Laurent Dumortier

Publié le par christine brunet /aloys

 

http://t2.gstatic.com/images?q=tbn:o0YOuIz-NJ0UnM:http://www.bandbsa.be/contes/chloe/laurent.jpg

 

Obscène

 

Dis-moi pourquoi te dire je t’aime

Me paraît tellement obscène

Alors que frappent à ta porte

Les heures déjà mortes ?

 

Face à ce drap blanc

Pas encore linceul

Dis-moi pourquoi je me sens si seul

En regard de tes yeux trop blancs ?

 

Dis-moi pourquoi te dire je t’aime

Me paraît tellement obscène

Alors que s’ouvre le livre des morts,

L’heure des pleurs et des remords ?

 

Est-ce la peur de te perdre ?

Ou le fait qu’à trop dire je t’aime

On ne le pense plus ?

 

Toi tu pars

Et moi je reste

Comme derrière un rempart

Dans mon costume trois pièces

 

Dis-moi pourquoi te dire je t’aime

Me paraît tellement obscène

Alors que tant d’instants passés

Sont sur le point de sombrer ?

 

 

Laurent Dumortier

gsl.skynetblogs.be

 

http://www.bandbsa.be/contes3/onirique.jpg

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Christine Brunet a lu "les rendez-vous de Marissa" de Claude Danze

Publié le par christine brunet /aloys

 

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Les rendez-vous de Marissa, Claude Danze

Editions Chloé des lys

ISBN :978-2-87459-520-2


Je ne sais pas pourquoi je m'étais figurée que "Les rendez-vous de Marissa" était un roman policier. Mais le fait est que j'ai, du coup, tardé à le lire... ben oui, je ne lis presque jamais les polars, mais la curiosité aidant, je me suis lancé à l'assaut du roman de Claude Danze. Euh, Claude, tu te dis que j'aurais pu comprendre le genre de ton texte mais... je ne lis jamais les extraits (encore un jamais...) d'un bouquin que j'ai choisi de lire.

Premières pages... me voilà plongée dans un univers que je connais bien, l'Egypte et l'Irlande. L'auteur, jouehttp://www.bandbsa.be/contes2/rvmarissa.jpg l'originalité et trimbale allègrement ses héros et ses lecteurs de paysages écrasés par la chaleur à d'autres, plus humides et plus verdoyants en faisant un court crochet par les Everglades. 


Alors, polar ou pas ? Ben non, j'avais tout faux ! Claude Danze nous propose la découverte, au fil des pages, d'une passion... non, de plusieurs, jalonnées de rebondissements, de soupçons, de surprises; c'est aussi une histoire de famille, des personnages attachants et originaux.
J'ai passé un très bon moment aux côtés de tes héros, Claude... Les rendez-vous de Marissa est une bien jolie histoire d'amour.

Christine Brunet
www.christine-brunet.com
Couverture Nid page 1

 

Publié dans Fiche de lecture

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Christine brunet a lu "le bonheur est dans le conte" d'Anne-Marie Jarret-Musso

Publié le par christine brunet /aloys

 

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J'ai lu "Le bonheur est dans le conte" d'Anne-Marie Jarret-Musso

Ed. Chloé des lys

ISBN : 978-2-87459-520-2

 

 

 

Je viens de recevoir ma commande de livres... Mais où est "Le bonheur est dans le conte" ? Un oubli ?

Je soulève les deux pavés du dessus et me voilà rassurée... Il est là, tout petit opus de 41 pages. Un peu surprise, je m'installe et me voilà projetée dans l'univers magique de la fée Fata.

Quatre contes philosophiques en première partie et deux belles histoires...http://www.bandbsa.be/contes3/bonheurconterecto.jpg Un style facile, à la portée de tous pour nous faire rêver l'instant de quelques pages. 

 
Voilà que Fata nous fait réfléchir sur nos envies, notre vie. Un comble !

J'ai fait ensuite le test avec mon fils de dix ans. Il l'a lu d'une traite... Bon signe ! Puis les remarques ont fusé... sur sa vision de la vie, de son futur, ce qu'il veut et pourquoi.

Je pense que "le bonheur est dans le conte" est un recueil destiné en priorité aux enfants, une excellente approche très pédagogique de la façon d'atteindre un idéal de vie.

 
Un petit recueil qui ne paie pas de mine... et que j'ai offert à la bibliothèque de l'école de mon fils... J'ai envie que d'autres enfants se plongent dans l'univers de la fée Fata et celui, plus sérieux d"Anne-Marie Jarret-Musso.

 

Vous désirez en savoir plus ? http://www.am-jarretmusso.venez.fr/

 

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

Couverture Nid page 1

Publié dans Fiche de lecture

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Christine Brunet a lu "Bizarreries en stock" d'Alain Magerotte

Publié le par christine brunet /aloys

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Bizarreries en stock, Alain Magerotte,

ISBN 978-2-87459-081-8

Editions Chloé des lys

 

 

Je suis une inconditionnelle des nouvelles douces amères d'Alain Magerotte, tantôt policières, tantôt fantastiques mais toutes, études de l'âme humaine. Pourtant, je dois avouer que la couverture de cet opus freinait mon envie d'en découvrir le contenu. 


Mais ouf ! Alain Magerotte en a changé et celle-ci a immédiatement attisée ma curiositéhttp://www.bandbsa.be/contes3/bizarreries.jpg déjà titillée par quelques nouvelles publiées sur le blog aloys. Quoi, vous ne vous en souvenez pas ? Allons bon... les goûts gastronomiques d'Achille Lépine de vous rappellent rien ? Ou encore "un pied dans la tombe", "La file d'attente" ? "Le bureau au fond du couloir" non plus ? 

 

Bizarreries en stock, bizarreries humaines... Les textes sont acides, moqueurs, marrants, nous amènent encore et toujours à une introspection, le sourire aux lèvres. Les personnages, magnifiquement campés, sont toujours atypiques mais, finalement, proches de nous. On rit, on grince des dents, on applaudit aux jeux de mots, et on en redemande.

 

Et le style, me direz-vous ? Riche, une écriture facile qui attire inéluctablement le lecteur dans la toile de l'auteur et le piège bel et bien. 

 

Une nouvelle préférée ? Le choix est compliqué mais "je suis mort le..." est un petit bijou.

 

Un mot, un seul : bravo ! 

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

Couverture Nid page 1


 

 

 

Publié dans Fiche de lecture

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