Christine Brunet en invitée sur aloys avec Non nobis domine, une lecture de Bob Boutique

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

bobclin

 

 

J’ai déjà lu quatre bouquins de Christine Brunet, quatre thrillers (ce terme lui convient mieux que polar) et celui-ci est donc le cinquième. C’est dire si je commence à connaître son monde très particulier ainsi que son héroïne, Axelle de Montfermy, que je comparais au début à une sorte de James Bond au féminin.

Oubliez ! Rien à voir avec ce bellâtre gominé, sinon peut-être au niveau de l’action. Ou alors, si vous tenez absolument à l’associer à quelque chose de connu, histoire de vous faire une idée : disons « Le Code Da Vinci » ou mieux encore « Millénium ».

Mais bon, « Non Nobis Domine » n’est pas signé Dan Brown ou Stieg Larsson mais Christine Brunet et ça fait toute la différence.



Parlons d’abord de l’objet, le livre papier, car il en vaut la peine. Comme d’hab’ une couverture qui en jette, remarquable, et un format original, que je vous recommande tout particulièrement : entre le poche et l’ A5 traditionnel des publications de Chloe des Lys. Ca tient bien dans la main, ça se glisse dans la poche d’une veste et en plus, ça coûte 15 euros (prix affiché) pour un livret de 300 pages. C'est une formule nouvelle des éditions Gascogne et à mon avis, une formule gagnante.

 

 

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Pas de préambule ni de dédicace ou autre intro préchi-précha. Le titre et hop, on saute à pieds joints dans l’ histoire avec deux cadavres dès la page 11. Accrochez-vous, on vient déjà de passer la cinquième ! Comme ces films qui démarrent sans générique…

En revanche je n’ai trouvé nulle part la liste des autres publications de Christine et ça, à mon avis, c’est une erreur.

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Disons-le tout de suite, je n’ai pas l’intention de m’attarder ici sur le résumé de l’intrigue. D’autres le feront aussi bien que moi. Elle est haletante et on ne lâche pas avant la fin… une chasse au trésor des templiers (vrai ou légendaire, vous lirez) à laquelle le lecteur est associé comme dans tous les livres de Christine.

Elle renverse la boîte de puzzles sur la table et vous invite à le reconstituer en distillant ça et là des indices ( et pas mal de victimes également ), qui devraient vous mener tout droit à la solution. Pour autant que vous soyez très attentif et lisiez en prenant des notes et vous fassiez un plan.

Car la meilleure façon (et la plus passionnante) de lire un Brunet c’est ça… appeler Google earth sur l’écran de façon à visualiser tous les décors ( ici on se promène à travers l’ Auvergne qu’elle connaît comme sa poche pour y avoir vécu ) et noter sur une feuille de papier qui pourra vous servir de marque-page, les très nombreux protagonistes de l’intrigue. Sans ça, inutile de vous fatiguer, vous ne devinerez rien avant la fin et vous perdrez parfois dans les noms des intervenants. 

Autre avantage de ma formule : vous vérifierez avec satisfaction que l’auteur a conçu son scénario au millimètre, que tout se tient parfaitement et que votre enquête avancera en même temps que celle d’Axelle.

Et croyez-moi j’ai cherché la petite erreur, la petite invraisemblance, pour le fun. Mais sans la trouver ! 

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Car quand même… et pour rappel : 

Axelle de Montfermy, notre héroïne, dirige au niveau européen la SPIE, la police des polices et ce avec une équipe de spécialistes internationaux qu’on retrouve de livre en livre : I’écossais Ian Donaldson, son bras droit, Guillaume Cayet, le génie informatique maison, Tara,un grec, Mark Hoffman, un allemand etc… 

Chacun a ses paramètres, son profil psychologique et je suppose qu’elle a mis des figures qu’elle connaît dans la vie courante sur ses nombreux personnages, car elle ne les confond jamais.

Ajoutez à tout ça, le fait qu’ Axelle sort d’un long coma de deux ans (voir son livre précédent « E16 »), est devenue paraplégique et mène donc son enquête dans une chaise roulante !

Elle a également un fils de 7 ans, Nicolas, dont personne ne sait précisément qui est le père. Vous suivez ?

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Face à la SPIE, on trouve la FSE, une sorte de CIA européenne dirigée par l’ ex amant d’ Axelle, le fameux Sean Sheridan, un ancien de l’ IRA qu’elle aime d’un amour absolu mais tellement compliqué que je renonce ici à vous en expliquer les raisons. Je ne vais pas refaire le bouquin. Lisez…

Et ici aussi, au FSE, il y a des personnages récurrents : le danois Hank Van Dahlen, l’ irlandais Danny Rose et même une petite belge au type asiatique, Virginia Fayet…

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Lorsque l’histoire démarre, le jeune Guillaume de la SPIE vient de disparaître, d’oùNon-nobis-Domine-Couv--1-.jpg l’entrée en lice d’ Axelle. Et comme presqu’en même temps on retrouve dans le quartier des Halles à Paris, le corps de la fille d’un ministre britannique avec le numéro de tel de ce Guillaume inscrit au bic dans la main… voilà que débarque le patron du FSE, Sean, qui se retrouve face à face avec Axelle… obligé de collaborer avec elle dans une même enquête.

Bonjour les dégâts ou en tous les cas, les complications.

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Inutile de préciser que dans cette saga de Christine, et ça dure ainsi depuis quelques années, les méchants sont très méchants, sadiques, psychopates et le plus souvent d’une sauvagerie bestiale. Vous êtes prévenus.

Question : est-il utile, voir nécessaire d’avoir lu les titres précédents pour comprendre ? Pas du tout. Mais cela apporte un plus incontestable et l’auteure, maligne et futée comme sont toutes les femmes, vous le laisse sous-entendre avec subtilité. Tout comme elle termine son livre (mais ça elle le fait depuis son premier « nid de vipères ») en lançant le suivant…

C’est le principe des séries télévisées où on ferme chaque épisode par une séquence qui se termine en point d’orgue, une question sans réponse ou l’ébauche d’un mystère qui ne vous sera révélé que dans l’émission suivante. C’est du marketing et en la matière la petite Brunet en connaît un bout ! Pour notre plus grand plaisir.

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Je vous ai dit en ouvrant ce commentaire que j’avais l’impression de commencer à bien connaître Axelle, après cinq ouvrages, vous pensez…

Cette policière déterminée est à mon sens un très beau cas d’étude pour une classe de psychologie.

Essayons de décrypter. 

Elle dort peu, trop peu, carbure à l’énergie interne, toujours en ébullition, entière, sans concession et d’un orgueil démesuré. Dans ce livre elle vit en chaise roulante dans un 400 m² luxueux situé au faîte de la Défense à Paris, donc au dessus de ses bureaux, mais refuse d’être maternée et encore moins plainte ou préservée par son équipe… elle finit d’ailleurs toujours par agir seule, surtout lorsqu’il y a des risques.

Elle a un enfant auquel elle ne cesse de penser, mais dont en fin de compte elle s’occupe fort peu, se contentant de le mettre en pension dans les meilleures écoles. Peut-être à mon sens, son côté le plus déplaisant.

Elle a peu d’humour, sinon pas du tout, rit rarement et sa vie sentimentale, intense, ne lui semble véritable que dans le sacrifice, comme s’il fallait souffrir pour prouver qu’on aime, comme s’il fallait que cela coûte très cher pour avoir de la valeur. Elle ne dit d’ailleurs jamais « je t’aime » et s’enferme dans le silence où parfois, très rarement, elle se relâche et sanglote. A l’autre de deviner…

Et puis, un constat qui se confirme de livre en livre, cette phobie de l’enfermement qui semble la poursuivre. Ses monstres humains se cachent toujours dans des endroits obscurs, des grottes glaciales, des égouts gluants de crasse ou des douves humides… Des décors théâtraux et glauques d’un romantisme exacerbé sur lesquels flotte l’ombre de l’enfer.

Etrange bonne femme qui déçue par la vie a décidé de la consacrer à traquer le Mal… ce n’est d’ailleurs pas un hasard si elle termine toutes ses enquête à bout de souffle, agonisante, mais sauvée par la cavalerie comme dans beaucoup de films américains ou les vieux westerns de John Wayne.

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Parlons en ! Tout est américain chez Christine Brunet, le style, le scénario, la super-héroïne et le monde divisé en deux, les bons d’un côté et les mauvais de l’autre. Avec quelques personnages très complexes évoluant au purgatoire comme Sean Sheridan.

Son style est « efficace », presque journalistique, je l’ai déjà dit dans un autre commentaire, dépourvu de fioritures et d’envolées littéraires. L’ histoire avant tout, avec des paragraphes courts, des dialogues réduits à l’essentiel et des chapitres qui rebondissent tout le temps avec des titres accrocheurs qui annoncent la suite mais trop en révéler.

C’ est qu’elle sait y faire Christine pour scotcher le lecteur ! Même qu’elle s’arrête de temps à autre pour faire le point, déposer les éléments de l’ enquête sur la table et demander à son équipe ce qu’elle en pense ? Mais en réalité, c’est au lecteur qu’elle s’adresse… une façon de l’associer au jeu de piste.

Pour mieux le rouler ensuite, mais ça c’est une autre histoire.

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C’est un livre stupéfiant, peut-être son meilleur avec « Nid de vipères » mais là c’est un avis purement subjectif.

Bon… tout ça est fort intéressant, mais ne nous dit toujours pas ce que signifie le titre « Non Nobis Domine » ? 

Ah bon ? Je ne vous l’ai pas dit ? C’est du latin bien sûr, une devise des templiers : « Pas à nous, Seigneur, non pas à nous. Mais à ton nom seul, donne la gloire ».

Et laisse-en un peu à Christine Brunet, car elle le mérite… 

 

Bob Boutique

www.bandbsa.be/contes.htm

10negresses

Publié dans l'invité d'Aloys

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Commenter cet article
A
<br /> J'ai lu les précédents, excellents thrillers, avec une pincée de tous les éléments qui font une réussite. Je fais confiance à Bob pour ce nouveau livre, Christine a encore réussi son coup ! A<br /> bientôt la lecture.<br />
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C
<br /> Merci d'être passés par le blog et d'avoir lu cette fiche de lecture pour mon dernier bouquin. Merci pour votre soutien !!!<br />
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N
<br /> Très inspiré par ce livre notre Bob ! Bravo Christine !<br /> <br /> <br />  <br />
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M
<br /> Une chouette approche du livre, de l'écriture et de l'univers de Christine.<br />
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E
<br /> Je suis comme Carine-Laure, en retard de lecture et honteuse! Mais on ne saurait lire tout. Ceci dit... quelle belle présentation pour un livre qui semble courir à grande vitesse, jalonné<br /> d'amours et de morts, de mauvais très mauvais et oui, construit avec un soin stupéfiant par Christine!<br />
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C
<br /> Un très long commentaire rempli de bons points. Un livre à lire. Suis confuse, tellement en retard dans mes lectures. Ai lu le second de Chrsitine Brunet et pas le premier. Une honte. Grrr<br />
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P
<br /> Un livre qui a dû marquer Bob car il en parle très bien, en long et en large!<br /> <br /> <br /> Moi, comme d'habitude, j'attends patiemment le suivant.<br /> <br /> <br /> Bon dimanche. <br />
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