Une histoire de coin coin ! signée par Bob le Belge

Publié le par christine brunet /aloys

 

Une histoire de coin coin !

 

Je tourne le coin profondément enfoncé dans mes pensées et m’aperçois avec étonnement que j’ai dépassé le Carrefour express de la rue Malibran où je comptais faire mes courses. Je suis distrait à un point ! Mais de là à parcourir trois cent mètres pour rien… je reviens donc sur mes pas et pénètre dans le magasin un sourire un peu niais sur les lèvres. Deux baguettes, un peu de fromage en tranches…

 

C’est en rentrant chez moi et en prenant le même coin mais dans l’autre sens, rue Lemaître, que je m’aperçois cette fois ci avec stupeur que je débouche en fait à son extrémité, devant le 200 alors que j’habite au 50.

 

Je ne suis quand même pas fou ! Pour aller au Carrefour, je sors de chez moi à droite depuis des décennies puis tourne une seconde fois à droite dans la rue Malibran…

 

Il y a quelque chose qui me turlupine. Je reviens donc sur mes pas tourne le coin Malibran à gauche et… idem. Je me retrouve tout au bout de ma rue comme si j’arrivais par l’autre côté, rue Voltaire.

 

Une vieille dame passe d’un air débonnaire et je lui demande poliment s’ils font des travaux dans le quartier.

- Non pourquoi ?

Je lui explique ma méprise.

- Ah vous aussi répond-t-elle soudain intéressée ? Voilà deux semaines que ça m’arrive mais je n’ose plus en parler car mes amies me prennent pour une folle. J’habite au numéro 20 et chaque fois que je prends ce coin, je me retrouve tout au bout de la rue à cinq cent mètres. Du coup je ne passe plus par là.

 

- Je me demande… et si nous faisions le tour du pâté de maison dans l’autre sens et débouchions tous les deux au même moment sur ce même coin en venant vous de la rue Malibran et moi de la rue Lemaître. On devrait logiquement se rencontrer, se cogner presque.. ou alors se trouver l’un et l’autre aux extrémités des deux rues mais sans se voir et donc éloignés de cinq cent mètres ? Vous avez un téléphone ?

- Oui.

- Vous avez dix minutes à perdre ?

- sûrement, d’autant plus que tout ça m’intrigue vraiment.

- Parfait, faisons comme ça, appelons-nous et restons en contact constant jusqu’au moment de tourner le coin et de se rencontrer même si nous ne serons alors distants que de quelques mètres ?

 

Croyez-le ou non, ça n’a rien donné. Je l’ai entendue dans mon écouteur jusqu’au dernier instant puis au moment de se rejoindre… plus rien. Je ne l’ai plus jamais revue.

 

Ca ne s’est d’ailleurs jamais arrangé. C’est pas gênant, gênant mais bon… Désormais je vais faire mes courses chez Leclerc en prenant à droite en sortant de chez moi. C’est un peu plus long mais j’ai l’impression que leurs baguettes sont plus fraîches.

 

Bob le Belge

 

 

 

 

Publié dans Textes

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P
Je pense qu'il faudrait arrondir les angles...
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B
J'ai essayé de perdre Poussin de la même façon... j'ai tourné le coin coin... elle m'attendait les poings sur les hanches. Elle, on ne la lui fait pas !
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R
Très chouette, vraiment. Et au fait, à la place de la dame, n'y avait-il pas un canard ? J'ai expérimenté ton coin ce matin avec ma femme. Elle je l'ai perdue, mais j'ai gagné un canard au change. Je le mangerai ce soir...
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J
Hilarant, je pense à Raymond Devos : bravo et merci, Bob, pour cet instant surréaliste et tellement drôle. ,
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P
Marrant, Bob le Belge !
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C
Ceci est une histoire vraie.
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B
moi-même j n'y comprends plus rien, même en faisant un plan...essayez. Ca n'a aucun sens.
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M
Surréaliste !
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E
Oh que j'ai aimé cette histoire bien belge, je pense à un Jean Ray où un personnage ne pouvait plus entrer dans sa rue après une certaine heure car il y avait un mur (rien que pour lui) ou, ne soyons pas chiche, un Magritte : ceci n'est pas un Bob :)
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