Régis Kuntz nous propose un extrait de son ouvrage en court de publication aux Editions Chloé des Lys

Publié le par christine brunet /aloys

 

L’Autriche-Hongrie comptait dans ses rangs une personne du nom de François-Ferdinand de Habsbourg. C’était un personnage borné, brutal, et par-dessus tout, héritier de la couronne d’Autriche. Il se distinguait par son catholicisme proche de l’intégrisme, un antisémitisme notoire et une haine farouche des régimes démocratiques. Il réussit le prodige de se fâcher avec tous ses collaborateurs, y compris les plus proches, et ses relations avec François-Joseph étaient exécrables. Enfin, il contracta un mariage morganatique qui couvrit d’humiliation la cour d’Autriche. Il faut avouer que cela faisait beaucoup de défauts pour une seule personne.

Un jour, le cousin Guillaume, qui était pourtant peu avare de bellicisme, dut remettre en place cet héritier bouillant. « Vous faites trop de bruit avec mon sabre ! », lui adressa-t-il sur le ton de la réprimande.

La vérité historique voudrait aussi que l’on présente l’archiduc comme un chantre de la paix, mais il n’y a que de rares historiens fanatiques de sa personne pour le relever, aussi nous en resterons à l’impression générale qu’il laissa.

François-Ferdinand eut l’idée de se rendre à Sarajevo au début de l’été 1914. Le but de ce voyage était de parader en pleine fête nationale serbe pour leur exprimer son mépris. Malheureusement, il se trouva un bras armé pour lui expliquer autre chose. L’archiduc trépassa sous les balles et la cour d’Autriche aurait put être soulagée de cette perte. Le bon sens aurait dicté de mener une enquête policière, mais déjà Guillaume trépignait. Sa première réaction fut : « Mince, maintenant tout est à refaire ! », à croire qu’il avait déjà ourdi un projet avec le Grand-Duc pour jeter le monde dans la guerre. Puis il se ravisa : « L’héritier de la cour d’Autriche, ce n’est pas rien tout de même, après tout ce n’est qu’une question de présentation » et il câbla toutes sortes de recommandations à François-Joseph. Ce dernier finit par sortir sa plume et adressa à Pierre 1er de Serbie un ultimatum en dix points inacceptables. Il s’agissait tout simplement d’une proposition implicite de guerre et contre toute attente, le premier des Habsbourg reçut une reddition de Pierre 1er de Serbie. C’en était trop ! Les Slaves faisaient fi du code de l’honneur, bafouaient les usages, cette complaisance était une insulte directe à la cour d’Autriche, il fallait franchir le pas. Le Kaiser exultait, Nicolas II alors en proie avec quelques désordres intérieurs trouva enfin une occasion d’occuper le devant de la scène. « Nous volons au secours de nos frères slaves ! », et puis un petit conflit était toujours propice à resserrer les liens entre un peuple et son tsar.

Pour la forme, le cousin Willy tenta une médiation avec son parent Nicki, mais ce dernier avait déjà lancé l’ordre de mobilisation de ses troupes. L’Allemand put s’en retourner doublement satisfait puisque les apparences étaient sauves. À l’embrasement du conflit, le tsar se rendit au balcon de l’Hermitage et ce fut une foule en liesse qui salua sa présence. « En vingt ans de règne, je n’ai jamais réussi à être aussi proche du peuple, songea-t-il. Mes ministres avaient raison, ce petit conflit nous fera du bien ! »

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Une page d'histoire !<br /> Impatiente d'en apprendre davantage ...
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