Jacques Degeye nous parle de son nouvel ouvrage "Sale temps pour les héros"...

Publié le par christine brunet /aloys

 

SALE TEMPS POUR LES HÉROS. Le prix de la liberté sous le règne de M. Poutinede JACQUES DEGEYE, Éditions CHLOÉ DES LYS « Collection », 2016, 571 p., 22 EUR.

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Jacques, ta conférence du 11 janvier 2017 a-t-elle été un succès ?

Un succès inespéré. La salle du Centre Culturel de Rochefort était pleine.

 

Un public intéressé ?

Oui, très concentré et réactif.

 

Pourquoi, à ton avis, les gens s'intéressent-ils à ton livre sur la Russie ?

Le sujet est actuel. Tous les jours, tous les soirs, on parle de Poutine : « Poutine par-ci, Poutine par-là ! Un grand homme ! Un homme à poigne ! Voilà ce qu'il nous faudrait : un homme qui n'a pas froid aux yeux ! »...

 

Pourtant, tu n'es pas tendre avec lui : c'est le moins que l'on puisse dire !

Oui, et c'est la raison pour laquelle j'ai été l'objet de quelques critiques, parfois

virulentes, à la limite de la correction, voire pire... C'est le risque à courir.

 

Les Russes aiment leur président actuel. Pourquoi t'acharnes-tu contre lui ?

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 82 % d'opinions favorables au 16 avril 2016.

Source : Le Centre Levada, un institut indépendant. Alors, quel est le problème ?

Ne suis-je pas « à côté de la plaque » ? Si la réponse mérite d'être posée, elle appelle

toutefois une réponse claire : un an avant ce sondage, après avoir été réélu président,

après avoir promis beaucoup (à la suite des manifestations de l'hiver 2011/2012)

et après avoir mis en œuvre quelques réformes, M. Poutine ne récoltait qu'entre 40

45 % d'opinions favorables.

Quelle est l'explication ? La guerre en Ukraine et l'annexion de la Crimée (mars 2014)

ont changé la donne : elles ont dopé le sentiment nationaliste, la fierté d'être Russe, le

sentiment de prendre leur revanche et de compter à nouveau sur la scène internationale.

 

Pourquoi cette charge anti-Poutine ? Que lui reproches-tu au juste ?

À titre personnel, rien ! MAIS comment est-il parvenu au premier rang ? Comment

s'y maintient-il ? Quelles forces le soutiennent-elles, et pourquoi ?

Et puis : quelle politique mène-t-il à l'intérieur de la Russie ? Et à l'extérieur ?

Ce sont des questions importantes, et il ne s'agit pas de dire : c'est très bien, la Russie

fait ce qu'elle veut, elle nous en remontre, elle est redevenue une grande puissance, etc...

À toutes ces questions, mon livre répond honnêtement.

 

Et tes sources : ne sont-elles pas toutes traduites ?

Et alors, quel est le problème ? Les ouvrages en russe sont rapidement traduits en

français ou en anglais. Ce sont des livres très au courant des questions russes :

sociologues, historiens, politologues, géographes, philosophes, journalistes, écrivains.

Par contre, si vous ne lisez, en tant que slaviste, que des ouvrages ou des articles en russe,

si vous ne regardez que la TV russe ou si vous n'écoutez que la radio russe, vous n'aurez pas de regard critique, car toute la presse écrite et audiovisuelle est contrôlée

par les hommes du Kremlin. Même les exceptions sont sujettes à caution, car les capitaux

de ces médias « indépendants » appartiennent (au moins en partie) à des oligarques proches

du pouvoir actuel.

 

Conclusion ?

Lisez « SALE TEMPS POUR LES HÉROS », et vous exercerez votre esprit critique,

sans être pour autant antirusse. C'est là plus qu'une nuance : je ne suis nullement

antirusse. Au contraire, c'est une grande joie pour moi de parler de la Russie, de son peuple

merveilleux, de ses espaces immenses, de ses cathédrales et de ses monastères, de ses musées, de ses artistes géniaux, de ses scientifiques de premier plan, de ses entrepreneurs.

 

Qu'est-ce qu'un héros ou une héroïne selon toi ?

C'est une femme ou un homme que nous pouvons imiter parce qu'il (elle) est un modèle

de courage et de probité. Il (elle) a fait ses preuves dans des cas bien concrets.

Il en est ainsi d'Anna Politkovskaïa, d'Alexandre Litvinenko ou de Boris Nemtsov,

qui ont payé de leur vie leur recherche de la vérité, les deux premiers en 2006 et le dernier en 2015.

 

Ton livre n'est-il pas le reflet de l'ère Obama (2009-2017) ? N'est-il pas dépassé

par l'arrivée de M. Trump à la Maison-Blanche ?

Sincèrement, je ne le pense pas. Ce n'est pas parce que la politique étrangère qu'annonce

M. Trump sera toute différente de celle de son prédécesseur, notamment vis-à-vis de la Russie, que le blason de M. Poutine en sera redoré. Tous les FAITS que j'allègue dans mon

ouvrage sont vérifiés et recoupés. Et les faits sont têtus. Est-ce que les Russes profitent de la politique économique et sociale de leur président ? Prenons un seul exemple : le PIB par habitant de la Russie est d'environ 9 000 dollars US, tandis que celui de la Belgique est de + ou - 40 000 USD et celui de l'Allemagne, de + ou - 41 000 USD (chiffres de 2015). L'évolution du PIB de la Russie était meilleure lorsque les prix du pétrole et du gaz étaient élevés. Depuis la crise de 2008 et les sanctions réciproques de 2012-2014, cette évolution est négative. Ce n'est pas brillant.

 

Pourquoi faut-il lire « SALE TEMPS POUR LES HÉROS » ?

Pour garder nos yeux grands ouverts sur les réalités de notre monde : ni catastrophisme ni angélisme. Nous savons quand les pouvoirs forts commencent, mais jamais quand ni comment ils se terminent. Méfions nous des démagogues et des semeurs d'illusions, car nous pourrions le payer cher. Méfions nous également des cyniques : regardons-les bien en face. Défendons les hommes et les femmes sans voix, sans poids, les victimes, les êtres souffrants. Faisons preuve de tolérance. SUIVONS EN CELA LES FEMMES ET LES HOMMES INTRÉPIDES, ceux dont les récits foisonnent dans « SALE TEMPS POUR LES HÉROS. Le prix de la liberté sous le règne de M. Poutine », aux Éditions Chloé des Lys « Collection », 2016.

 

Jacques Degeye

Publié dans présentations, interview

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