Le perroquet d'Auguste, un poème de Thierry-Marie Delaunois
Le perroquet d’Auguste
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Il avait appelé son perroquet César,
Auguste, mon singulier voisin de palier
Et ce n’était point par le plus grand des hasards
Car les deux énergumènes étaient très liés.
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“Ave, Ave!” proclamait parfois l’animal,
Un vrai petit chef, arrogant et fier de lui,
Auguste le jugeant souvent tel un rival
Mais devait-il à ce point se méfier de lui?
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Quand, le dimanche, je leur rendais visite,
“Laver, laver!” semblait jeter le perroquet,
Un César moqueur, selon un certain rite,
Auguste saisissant alors un bâtonnet.
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Menacé, l’oiseau, se baladant au salon,
Délivré chaque dimanche par son maître,
Ne tardait point à regagner son cabanon,
Auguste, en empereur, l’envoyant paître.
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Mais pourquoi le chasser après l’avoir lâché?
César ne me causait jamais aucun souci!
Je voyais ensuite Auguste se fâcher
Car l’oiseau plongeait sur sa lessive, ravi.
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“Laver, laver!” s’expliquait donc facilement!
“Je vais t’apprendre la vérité”, criait-il,
Courroucé, César se repliant vivement;
“La vérité! La vérité!” répétait-il…
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Quelle vérité? Pourquoi un tel langage?
De quoi parlait donc le maître de cet oiseau?
Auguste m’apprit un beau jour, sans ambage,
Qu’il l’avait adopté, trouvé dans un tonneau!
Frissonnant, amaigri, il l’avait attrapé,
Puis enveloppé dans un tissu souple et chaud,
Ensuite emmené chez lui, emmitouflé,
L’appelant dans un premier temps Calimero.
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Ce qu’il devait à Auguste, le perroquet,
Il n’en avait cure car une fois libéré,
Le jour de la lessive, le tissu douillet,
César ne pouvait que, heureux, le retrouver.
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De Calimero à César, c’était couru!
“Ave, Ave!”, était-ce une reconnaissance?
Notre Auguste avait-il enfin tout vu?
Sans doute point car avec cette aisance…
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Grandeur et Coco-tance...ou caquettance!