L'envers du voyage, un texte de Philippe Couillaud

Publié le par christine brunet /aloys

L'envers du voyage, un texte de Philippe Couillaud

Je viens d'enfermer le tapuscrit dans sa cage en carton. Je le présente au guichet en précisant que c'est pour la Belgique. Je remplis un formulaire. On me demande si l'envoi a de la valeur. Je réponds par la négative avec une pensée iconoclaste quant au sens du mot valeur et tout ce que j'ai envie d'asséner à la préposée des postes qui n'y est pour rien au sujet des valeurs du monde. Heureusement j'avais lu le matin même l'article de M.N. Fargier sur la colère et je reste coi.
Donc mon manuscrit s'en va. Il me quitte pour chercher refuge et gloire. Il va se faire une deuxième vie et, dès que possible, je vais le tromper avec d'autres personnages affublés d'histoires où les pensées et les corps s'entremêleront une nouvelle fois.


J'ignore si le personnage central de "L'envers du voyage" va se faire adopter. Il n'est pas très facile à vivre. Il patauge dans sa mémoire, dialogue avec Eckermann dans la forêt de l'Etteisberg en allant visiter Büchenwald, tout en faisant l'apologie de la course automobile et du sexe.

Curieuse façon de voyager ! Mais bon ! C'est trop tard ! La préposée aux postes vient de jeter le carton dans le bac aux envois.


Je souhaite bon courage au comité de lecture...

​Philippe COUILLAUD

Publié dans Textes

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
P
La préposée des postes ne fait que son travail et le soir venu comme le souligne Marie-Noëlle elle écrit peut-être elle aussi et rêve à d'autres aventures :-)<br /> Ma curiosité est éveillée, hâte d'en apprendre davantage !!!
Répondre
M
Quand la pensée devient un objet : un livre ! C'est vrai qu'en tant qu'auteur, quel bonheur ! Quelle concrétisation ! Et en même temps, il devient une chose qui se quantifie au nombre de pages, à son poids, une chose où on pose une étiquette (son genre, son style...) Bref, cette pensée avec ses ressentis, ses impressions, ses regards pénètre dans le monde réel avec tout ce qui va avec...C'est vrai Philippe, la valeur de la pensée n'a rien à voir avec la valeur mercantile qui est devenue le premier sens de ce mot (de quoi se mettre en colère :)) Heureusement, l'art est un instrument pour rappeler sa vraie signification. L'écrivain que tu es, le confirme. Il faut imaginer la préposée des postes, une fois son boulot fini, agréablement installée dans son sofa, un bon livre dans les mains...:)
Répondre
P
Oui, bien sûr! La préposée des postes en lectrice voire même, pourquoi pas, un stylo entre les mains! Interchangeabilité des rôles...<br /> Le paquet est bien arrivé. Je m'en lave les mains. Enfin, je fais comme si car, en réalité, je n'en mène pas large! Et puis le sens et les sens que j'ai mis dans ces presque 200 pages d'un voyage où il est question d'essence dans tous les sens du terme, peut-être vont ils s'évaporer, exploser, ou circuler, pénétrer et que sais-je encore... <br /> Le point final a été posé. Il me faut l'accepter, passer à d'autres personnages plus ou moins inventés sans oublier ceux de ce voyage, pas plus que je n'ai oublié mon "Léonard"...<br /> Merci pour ton commentaire, toujours aussi "éveillé"...
S
Joli texte !<br /> Quel écrivaillon n'a pas connu ce condensé de folle espérance et de pessimisme. Des mois, voire une année ou plus, passés dans les tréfonds de vies inventées. L'écriture... Quelquefois si intrinsèquement que cela en frôle la schizophrénie.Ou tout au moins l’obsession. <br /> Tout en gardant sa raison. Bien entendu !<br /> Alors oui, salut partagé aux comités de lecture qui voyagent en nos terres inconnues et qui quelquefois se laissent amarrer.
Répondre
P
Merci pour ce joli commentaire. Je ne sais pas si je garde toute ma raison! L'écriture fait peut-être partie du dosage entre folie et raison avec... des marges, bien sûr!<br /> Quant aux personnages, on les quitte, certes. Ils s'imaginent tout de même pas qu'on va les maintenir en héros toute notre existence!!! Mais on ne les oublie pas...
J
Oui, on vit une année avec nos personnages puis un jour on les quitte. On dépose le manuscrit à la poste et on se demande alors si ce qu'on a écrit avait un sens. Il faut une autre année pour avoir la réponse. Mais quel bonheur quand elle est positive ;))
E
On dirait qu'ils ont eu du courage puisque c'est publié et a même une belle couverture. Avec une telle intro en tout cas, la curiosité est stimulée... Bon vent à ce voyage!
Répondre
P
La photo qui accompagne mon commentaire est celle de "Léonard", livre paru en juin 2015. D'où la confusion possible avec ce que j'ai écrit concernant l'envoi de mon dernier manuscrit qui, je l'espère, aura la bénédiction du comité de lecture. <br /> Et c'est vrai que j'avais validé avec empressement le projet de maquette, car j'ai beaucoup aimé le dessin de couverture...<br /> Merci pour votre commentaire...