"Le « on » rencontre un « on » et se mettent à discuter", un texte de Noëlle Fargier

Publié le par christine brunet /aloys

"Le « on » rencontre un « on » et se mettent à discuter", un texte de Noëlle Fargier

Le « on » rencontre un « on » et se mettent à discuter :

  • Ils ne peuvent pas continuer, nous...Ils devraient réagir.....Ils ont encore augmenté.....
  • Mais, dis-moi, qui sont ces « ils » qui défilent à tout bout de champ, responsables de tous les mauvais sangs ?
  • Mais oui, qui sont-ils ?
  • Déjà à priori masculins
  • Quoique, vu que le masculin l'emporte sur le féminin, pas certain...
  • Mais enfin ! Comment trois petits caractères seraient responsables de tant de misère ? pas malin...A moins que derrière se cachent tous les déterminants réunis, tu vois les tous puissants, les tous pas marrants, les tous qu'on ne connaît pas
  • D'accord, on ne les connaît pas mais ils existent bien, où peuvent-ils être ?
  • Ben...tu n'as jamais entendu parlé de l'île des géants
  • Tu veux dire cette petite île où le seul accès est en navette ?
  • Oui. Mais en même temps, elle est bien trop petite pour loger des géants !
  • Oh tu sais, je crois qu'ils sont peu nombreux par rapport à nous, les « on »
  • Mais c'est pas possible, en navette....sur une île...Tu délires !
  • Pas tant que ça, ça expliquerait qu'ils ne comprennent pas nos soucis ! Qu'est ce que tu veux, ils n'ont pas de problème de bagnoles, pas de problème de logements, pas de problème de travail et en plus ils sont grands donc ils ne peuvent pas nous voir et en plus ils sont loin de nous...
  • Pas de problème de travail, tu veux dire qu'ils ont tous du boulot, eux...y'a encore des usines, des magasins, des fermes sur leur île ?
  • Oui, mais ils ont mis tout ça dans un attaché caisse, je crois, ah ils sont forts !
  • Mais que pouvons-nous faire ?
  • Ben... à part changer d'article, je ne vois pas....

Noëlle Fargier

"Le « on » rencontre un « on » et se mettent à discuter", un texte de Noëlle Fargier

Publié dans Textes

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M
Merci pour vos commentaires et c'est vrai j'ai un absurdoland perso grave, incurable. Ben voilà, maintenant vous savez :)
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P
Génial !<br /> J'adore ce côté décalé :-)
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A
J'aime beaucoup ! Surréalisme et absurde, effectivement. En même temps, le &quot;on&quot;, ça peut être aussi une protection, pour ne pas dire &quot;je&quot;, pour ne pas dire &quot;tu&quot;, etc. Donc il protège par dépersonnalisation. Facile...Et parfois nécessaire. Parfois la seule façon d'émettre une opinion, qu'ON n'aurait pas assumée, autrement. ;-) Mais disons, euh, j'essaie pour ma part, de dire &quot;je&quot;, en général. :-)
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J
Oui, absurdie avec la note d'humour et le côté surréaliste du jeu avec la langue française. Bonne idée.Cela me renvoie à des cours suivis en éduc spé et infirmier où ON nous enseignait qu'il fallait veiller à ne pas utiliser l'emploi abusif du ON justement. Car il dépersonnalise, il généralise.
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E
Un petit voyage en absurdie très agréable, avec malgré tout des similitudes évidentes avec notre absurdoland personnel :)
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