Brigitte Hanappe nous présente son ouvrage "Le flou du miroir"

Publié le par christine brunet /aloys

 

Biographie.

Brigitte Hanappe est née en 1959 : institutrice dans l’enseignement spécialisé, elle a toujours été fascinée par le  pouvoir des mots écrits.

En 2009, une expérience de vie personnelle et destructrice l’incite à écrire son histoire. Un récit qu’elle laissera des années dans un tiroir, à l’abri des regards.

Mais son métier lui fait côtoyer d’autres personnes en difficulté : des adolescents ou des adultes écorchés vifs, qui se noient dans leurs souffrances. Comment les aider ?  Sa fonction ne lui permet pas de leur confier verbalement l’histoire intime de sa vie mais, elle décide alors de livrer son témoignage écrit au public.

 

 

Résumé du livre : Le flou du miroir    

Pour vivre heureux, vivons caché : un adage qu’Hanna s’efforce d’appliquer depuis l’enfance. La société  se méfie des différences comme de la peste et Hanna sait depuis longtemps qu’elle est née différente : elle abrite en elle une autre personne, un être secret  qui la domine et la protège à la fois. Hanna devient parfois cet autre.

Adulte, la vie semble lui sourire jusqu’à la perte d’un bébé et puis le décès de sa mère. Courage ? Réflexe ? Elle assume puisqu’elle a tout pour être heureuse : une superbe maison, un mari attentionné, deux grands enfants bien éduqués et un métier intéressant. Mais ce n’est que l’apparence que renvoie le miroir de sa vie.

Le jour où Hanna se taillade les veines, c’est un pas vers la mort qui se transforme en renaissance. Avec l’aide d’un psychanalyste, elle explore les souterrains de sa mémoire, elle déterre peu à peu les peurs qui l’habitent et trouve la clé de son secret. 

Ses mots et ses souvenirs vont effacer peu à peu le flou du miroir et refléter l’image réelle de ce qui l’a construite et détruite à la fois : un homme qu’elle craint, qu’elle aime…

                        

Extrait du livre : Le flou du miroir   

Quand j’ai ouvert le tiroir de la cuisine, est-ce moi qui ai empoigné ce grand couteau luisant ou est-ce lui, qui a guidé mon geste ?

C’est le soir : la pièce est sombre malgré l’éclairage des lampes, tout est flou et silencieux dans la maison, les objets n’ont plus de consistance, ils se fondent et se confondent avec une mollesse élastique. Seul le couteau noir à la lame argentée impose son relief dans le brouillard et son éclat me guide impérativement  vers la salle de bain.

Après la pourriture de cette journée, enfin, je me sens bien. L’eau bouillonnante pénètre tous les pores de ma peau, la chaleur envahit mon corps maigre comme une drogue bienfaisante. Je peux sourire enfin : mes yeux se promènent sur l’émail  immaculé de la baignoire. Je suis seule et pourtant, je le sens s’agiter à l’intérieur de moi. Il est là à m’abreuver de ses conseils malsains…Tout doit finir ce soir !

Le couteau pèse une tonne dans ma main droite et je scie consciencieusement… mollement… trop faiblement. Une voix métallique résonne dans ma tête malade, douce et perfide à la fois, des paroles qui sortent de nulle part s’insinuent comme un souffle de vent dans mes oreilles.

Sûrement la voix du « double » qui vit à l’intérieur de moi !

Il m’aide enfin : le couteau tenu par lui est plus ferme, le geste plus fort. L’eau est à présent merveilleusement rosée, mon poignet saigne.

Je suis si bien quand soudain, la porte s’ouvre, des bras puissants me soulèvent accompagnés d’un cri désespéré. Je reconnais vaguement l’intonation grave de mon époux : 

− Mon Dieu, Hanna, tu es folle, qu’as-tu fait ? 

Et puis, c’est la course : nue sous un peignoir de bain, Etienne, mon mari m’emmène à l’hôpital le plus proche. Je me suis tailladé les veines avec un couteau à découper la viande pour quitter ce monde qui n’était plus le mien depuis longtemps. Je voulais rejoindre les fantômes qui partageaient mon quotidien, un monde hors de la réalité qui n’existait que pour moi.

De toute façon, la véritable Hanna était déjà morte.

Publié dans présentations

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B
merci Philippe!
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P
Il m'intéresse, ce livre. Sûrement dans une prochaine commande...
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S
Un mal-être et des mots forts que l'on préfère souvent taire... Courageux et saisissant. Bravo, Brigitte :-))
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B
Merci Séverine
C
Après Copernic (non, non, la Terre n'est pas au centre de l'univers) et Darwin (non, non, nous ne sortons pas de la cuisse de Jupiter mais descendons d'un banal primate), Freud nous assène "la troisième grande frustration de l'humanité"... Eh oui, nous ne serions même pas maîtres chez nous mais "drivés" à notre insu par d'étranges souvenirs enfouis, ou que sais-je ! Un peu angoissant, il faut bien le reconnaître...
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B
Et oui, je confirme: certains souvenirs enfouis sont parfois bons à déterrer même s'ils font peur...car c'est en les déterrant qu'on les évalue à leur juste valeur et qu'on les combat;
C
Un livre témoignage. @ Brigitte n'oublie pas que les inscriptions pour le Salon de Charleroi, c'est pour bientôt. Les infos seront sur le forum mon blog et sur fb, à bientôt!
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B
Merci, je ne manquerai pas de suivre les infos!
M
Un extrait poignant.
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B
Merci Micheline!
E
Brigitte, j'ai acheté ton livre car en t'ayant rencontrée j'en ai eu envie. Je suis en train d'en lire un autre, donc je n'ai pas commencé, mais je suis certaine que cette étrange et dure histoire me plaira et me fera comprendre "des choses" comme on dit!
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B
Merci beaucoup Edmée, c'est en effet le but de mon histoire étrange et pourtant bien réelle: faire comprendre le cheminement parfois bien rocambolesque de l'esprit humain.