Christine Brunet a lu "Brasero" de Patrick Beaucamps

Publié le par christine brunet /aloys

Christine Brunet a lu "Brasero" de Patrick Beaucamps

Comme toujours (ou presque) avec Patrick Beaucamps, une couverture bleue uniforme, austère... Je ne sais pas pourquoi je pensais à des textes poétiques ? Peut-être parce qu'il en écrit aussi... Sûrement.

Faux... Ce sont des nouvelles. Cinq en tout pour 90 pages. Brasero est le titre de la dernière.

De drôles de nouvelles... On en ressort mi-figue mi-raisin comme si quelque chose avait mal tourné en cours de route. Mais quoi ?

Je tourne et retourne cette idée dans ma tête... Je cherche le mot approprié... Brasero, brasier, un peu comme si à un moment, les personnages marchaient sur la tête. Décalés, voilà déjà un bon terme. Quant aux situations... gênantes, voilà, j'y suis ! C'est ce qui cloche. Des têtes à têtes bizarres, des réactions hors normes, ou plutôt, inappropriées pour un fait donné. Mais qu'arrive-t-il aux personnages qui, - et c'est sans doute le plus curieux-, sont normaux ! Vous, moi (euh, non, pas moi, hum), les voisins, les autres, quoi.

Manipulés, manipulables, on est dans la dualité en permanence, la fiction, les étincelles dans des situations qu'on a tous plus ou moins vécu...

Patrick Beaucamps a la plume facile, très imagée. Beaucoup de dialogues, on est dans le bruit constant, on dira même les hurlements.

Un univers intrigant qui peut laisser un drôle de goût dans la bouche. Je suis curieuse de découvrir les autres livres de cet auteur !

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

Christine Brunet a lu "Brasero" de Patrick BeaucampsChristine Brunet a lu "Brasero" de Patrick BeaucampsChristine Brunet a lu "Brasero" de Patrick Beaucamps

Qui est Patrick Beaucamps ?

Quelques liens :

  • http://www.bandbsa.be/contes/interview/beaucamps-interview.htm
  • http://www.aloys.me/article-avis-de-lecteur-pour-le-recueil-poetique-de-patrick-beaucamps-tant-d-eau-sous-le-pont-120009217.html

 

Ses ouvrages :

200 ASA 2005

Extrait de « 200 ASA » :

 

Mon plus lointain souvenir de ce chêne remonte à l’époque de mes neuf ans. J’avais le dos en appui contre son tronc et mon père tentait de m’expliquer les raisons de leur choix. Le divorce n’est pas une chose facile à faire comprendre à un gamin mais il ne s’en est pas trop mal tiré.

Calmement, il m’a annoncé que ma mère ne pouvait pas m’emmener. Elle partait vivre avec un autre type qui ne supportait pas les gosses mais qui ne rechignait jamais à sortir son carnet de chèques pour une robe en soie ou un week-end à l’étranger. 

Il n’a pas sali l’âme de ma mère, il m’a juste instruit sur le fait que la vie me réserverait bien d’autres surprises et qu’il fallait que je m’y prépare pour ne pas tomber le cul par terre le jour J. 

 

Le bruit du silence (2007) Poésies

Extrait de « Le bruit du silence » :

 

Lumières tamisées,

Voile sur les globes oculaires.

 

Accoudé sur le zinc,

Un ange vagabond,

L’âme en quête de liberté.

 

Perles lacrymales sur le parquet,

Notes de musiques concrétisées.

 

Mégots consumés,

Verres asséchés,

Mort dans les entrailles.

 

Veiller,

Veiller dans la mezzanine de 

l’inconscience,

Par une éclipse des sens.

 

Tant d'eau sous le pont (2013) 

Extrait de « Tant d’eau sous le pont » :

 

Un havre

 

Les étudiants envahissent les quais.

Leurs parents les attendent.

Impatients,

les moteurs restent allumés.

 

Moi aussi,…

 

Je voulais juste quatre murs et un toit.

Poser mon sac dans un endroit chauffé.

Caresser mon chat dans la cour et puis

rentrer me relaxer en attendant le dîner.

 

La lune orne les cimes.

Mon fils repousse les rideaux et

m’accueille de son sourire.

 

Tout paraît calme chez moi.

 

Je finis ma cigarette en comptant les saisons.

L’air est doux et je me sens bien aimé.

 

 

Brasero (2014)

 

C'est d'ailleurs cet avis que je choisis pour vous faire découvrir son univers 

 

Un bel avis de lecteur... Publié le par christine brunet /aloys

 

Bonjour,
  
 Membre du club de lecture de la Bibliothèque Jean de la Fontaine d’Ath (chargé en 2012 de désigner le lauréat de son concours de poésie), je n’ai pu – alors en voyage à l’étranger – assister à la soirée de proclamation des résultats ni surtout à la lecture par Patrick Beaucamps d’un choix de ses œuvres.
  
Je suis donc d’autant plus heureux d’avoir trouvé et lu son recueil Tant d’eau sous le pont que vous avez publié cette année, et de vous dire combien il m’a touché.
  
Je n’ai pu m’empêcher d’en rédiger un petit avis critique (ci-joint) : s’il vous semble de quelque intérêt, je vous autorise bien volontiers à la reproduire sur votre site, blog… et/ou à l’adresser à l’intéressé. avec mes remerciements pour ce bon moment de lecture.
  
  
Tant de mots sous pression, tant d’émoi dans le ton.
 
Tant d’eau sous le pont, forcément ça ne passe pas sans remous : avec Patrick Beaucamps, ça trace où ça casse.
Verlaine, le grand ancien, ne pourrait dire plus justement, à la lecture de ce recueil : « Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? » Car si « la vie est là », « simple et tranquille », elle ne l’est sans doute pas. Patrick Beaucamps ne dit rien d’autre (p 49) : Tout paraît calme chez moi.
Le plus petit détail, souvent, enclenche la machine à remonter le temps et vient ajouter une nouvelle nuance au tableau pointilliste d’un parcours personnel éprouvant, suscitant chez tout lecteur une empathie immédiate. Pour peu qu’il ait, lui aussi, cette capacité de s’habituer à tout sans pour autant y être étranger (p 73).
Ne suffit-il pas pour cela de prendre (p 37) du temps pour ne rien faire, sinon solder les comptes du passé pour jouir d’un présent où l’on puisse enfin dire (p 49) : L’air est doux et je me sens bien aimé.
Reste la grande question du poète (p 55) : A quoi peut bien ressembler la vie d’un homme qui n’écrit pas de poésie ? A la même plénitude peut-être, s’il vit de poésie.
Vecteur privilégié de l’être, la lecture en transmet les vibrations avec plus ou moins d’intensité selon l’œuvre. Ici, certes, elle se joue des genres, à la fois
poèmes – la réalité s’y prend aux mots en vers et contre toute banalisation prosaïque ‑,
nouvelles – un courant narratif les alimente comme un art consommé de la chute ‑,
roman même (autofriction ?) – les personnages y sont construits progressivement, dans une organisation architecturale.
Aucun doute, par contre, sur la force qui se dégage de l’ensemble : lire Beaucamps, c’est vibrer beaucoup !
 
Christian GONIEAU
Christine Brunet a lu "Brasero" de Patrick Beaucamps

Publié dans Fiche de lecture

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J
Quel style d'écriture bien particulier, riche en mots et phrases qui se lisent aisément, agréablement, qui résonnent à la quasi perfection = rare. Les deux poésies présentées en témoignent. Et quelles belles fiches de lecture, Christine.
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R
Ces quelques extraits nous ouvrent vers le désir l'en lire plus.<br /> <br /> Ah! les souvenirs ..... que d'histoires pourraient-ils écrire et pourquoi ai-je mis en exergue de l'un de mes recueils &quot;Equations&quot; en l'occurrence &quot;Le souvenir est l'antichambre de la mort&quot;. Oui, pourquoi ?
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E
Je dois dire que j'ai accroché aux poésies publiées ici. Quant aux nouvelles, je ne sais trop... on n'en sait pas assez sans doute, et il faut se lancer, comme pour tout livre d'ailleurs. Mais, comme au cinéma, je n'aime pas trop les &quot;cris&quot;, fussent-ils écrits :)
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C
Des nouvelles, des poésies, un auteur polyvalent. Je ne sais pas pourquoi, je songe à Bukowsky. Est-ce l'arbre qui me l'a dit?
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P
Une écriture qui ne passe pas inaperçue, je pense...<br /> Bonne journée.
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