Nadine Groenecke : "Je ne suis qu'une oeuvre d'art"

Publié le par christine brunet /aloys

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Nadine Groenecke... Une auteur confirmée qui a obtenu le prix Victor Hugo en 2011 avec son premier recueil de nouvelles "Trop plein". Une auteur qui publie son troisième roman, toujours aux Editions Chloé des Lys... Euh... Non, en fait, il s'agit d'un nouveau recueil... le roman était son second titre, "Sauvetages". Une auteur à l'univers multiple qui intrigue tout autant que la couverture de "Je ne suis qu'une oeuvre d'art"... 

 

Tu viens de publier un nouveau bouquin chez CDL : est-ce un recueil comme le premier ?

 

Oui, c'est un nouveau recueil de nouvelles, mais cette fois avec un thème central. Chaque nouvelle met en scène un couple, officiel ou pas, ou deux personnes qui se trouvent dans une situation laissant à penser qu'elles pourraient devenir un couple. 

 

 Un roman comme le second ? Tu me parles un peu de ces deux livres ?

 

Lesquels, les précédents ?

 

Euh... Oui...

 

 Trop-plein présentait dix nouvelles, sans fil conducteur, qui faisaient la part belle aux émotions et Sauvetages racontait l'histoire d'un écrivain célèbre qui, après avoir entendu l'annonce de son décès à la télévision, décidait de se venger.

 

Penses-tu avoir évoluer par rapport à ton premier ouvrage ?

 

Oui, je travaille encore plus mes textes. Je ne cherche plus à faire obligatoirement de belles phrases, avec un vocabulaire recherché ; ce que je recherche désormais, c'est la fluidité et l'harmonie. 

 

 

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Parle-moi de tes personnages ?

 

Certains se trouvent dans une situation délicate qui les oblige à prendre des décisions. Mais vont-ils faire le bon choix ? D'autres ressentent un vide affectif et cherchent un moyen de le combler.D'autres encore vivent une période heureuse de leur vie ou subissent la routine lorsqu'un événement inattendu chamboule tout !  

 Les sentiments et les émotions qu'ils éprouvent compliquent tout. 

 

 Qu'est-ce qui a fait que tu es revenue à la nouvelle ? Penses-tu qu'il s'agit là d'un exercice qui t'est plus proche, qui te correspond mieux que le roman ?

Un roman est un travail de longue haleine et il faut qu'il y ait un élément déclencheur. Il faut aussi être sûr de tenir sur la longueur. La prise de risque est moins grande avec la nouvelle et on varie les plaisirs: on change de lieux, de personnages, de genre... Mais ce n'est pas simple pour autant, car, si on ne dose pas savamment, le texte devient vite indigeste. Il est donc nécessaire de tailler dans la masse pour affiner encore et encore, comme un sculpteur avec son bloc de pierre ou de glaise. Il est vrai que j'ai un petit faible pour la nouvelle, mais je ne souhaite pas spécialement m'y cantonner. En fait, je m'adapte à mon inspiration.

 

 

Comment as-tu choisi le thème de ton recueil ? Est-ce en regardant autour de toi ? 

 

J'avais déjà écrit plusieurs nouvelles pour des concours d'écriture et je me suis rendu compte qu'elles évoquaient toutes le couple, j'ai donc continué à exploiter ce thème, en vue de rassembler mes écrits dans un recueil. Pas difficile de puiser les idées autour de soi avec un tel sujet. Chacune de mes nouvelles combine des éléments réels et des éléments fictifs, dans des proportions variables d'une histoire à l'autre.

 

 

sauvetages

 

Tu me dis qu'il y a un fil conducteur à toutes tes nouvelles et j'ai bien compris lequel. Y a-t-il également une figure emblématique récurrente ? 

 

Non. Mes personnages sont, je crois, très différents les uns des autres. Ce sont des hommes ou des femmes de tous âges. Ils ont néanmoins un point commun, ils sont en proie à des émotions ou des sentiments qui dictent leur conduite.

 

Tu parles de tes deux précédents ouvrages. Je les ai lus. Tu me dis que tu cherches désormais l'harmonie et la fluidité. or, ce qui frappe le lecteur dès les premières lignes de Trop plein, c'est bien un style gouleyant... plus encore, à mon avis dans Sauvetages qui se lit... trop vite. Ne crois-tu pas que de retravailler plus tes textes risque d'apporter un manque de spontanéité, spontanéité très présente dans les 2 premiers opus ?

 

Je retravaillerais bien certaines nouvelles de Trop-plein que je ne trouve plus à mon goût maintenant. En ce qui concerne Sauvetages, tu as raison, j'aurais sans doute dû m'étendre davantage. Mais, comme jusque-là, je n'avais écrit que des nouvelles, genre qui demande  rigueur et concision, j'ai sans doute eu tendance à rester fidèle à ces mêmes critères dans mon premier roman. Dans le prochain, je vais tâcher de tenir compte de ce défaut ; j'essayerai d'accorder plus de liberté à ma plume ! Quant à la spontanéité, elle n'est qu'illusion ! Et j'en reviens à ce que j'ai dit précédemment, il faut travailler d'arrache-pied pour l'atteindre. Comme l'a écrit Boileau... "Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage, vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage: Polissez-le sans cesse et le repolissez-le ; Ajoutez quelquefois et souvent effacez." 

 

trop plein

 

 

 Tu m'as parlé du sujet de ton livre. Mais tu m'expliques le titre ?

Le titre du livre correspond au titre d'une des nouvelles, qui se différencie des autres parce que le "héros" est un objet, c'est un tableau qui a la faculté de penser. Il est accroché dans le salon d'une famille et il est le spectateur de leur vie. Le couple, parent d'un jeune enfant, se déchire et le tableau assiste, impuissant, à des scènes de ménage à répétition. J'ai aimé introduire une part de fantastique dans cette nouvelle, je n'avais pas encore expérimenté ce domaine.

 

Est-ce que l'action dans tes nouvelles est clairement ancrée dans un lieu, une région, un paysage? Si oui, lequel ? Si non, pourquoi ?

 Chaque nouvelle a pour cadre un lieu différent. Evidemment, j'évoque le plus souvent des endroits que je connais, sans forcément citer précisément leur nom. Pourquoi se priver de changement, c'est agréable de voyager de la sorte, à la fois pour l'auteur et le lecteur, non ? 

 

As-tu déjà une idée du sujet du prochain bouquin ? 

Oui, j'ai entrepris un roman policier, mais je n'en suis qu'au tout début. J'ai très envie d'écrire, problème, je manque de temps pour le faire. 

 

 Ton interview est presque finalisé... mais j'ai encore une petite question qui me titille... Ta coverture... Non, TES couvertures : 

Il me semble (tu me dis si je me trompe) que tu es aussi artiste peintre.  Est-ce toi qui crées tes visuels? Le dernier, surtout ? Un petit côté naÏf qui interpelle... Tu m'expliques?

 

Je suis membre de l'atelier d'art de ma ville depuis 18 ans. Par conséquent, je suis capable de dessiner en m'aidant, par exemple, d'une photo, mais, pour créer, c'est une autre histoire ! Il faut avoir du talent. Je préfère donc en laisser le soin à Fralien. Elle avait déjà réalisé ma précédente couverture et j'étais très satisfaite du résultat.

 

En ce qui concerne "Je ne suis qu'une oeuvre d'art", la première couverture qu'elle m'a proposée ne me convenait pas. Le dessin était trop réaliste et ne correspondait pas au tableau évoqué dans ma nouvelle, qui lui, est moderne. Voici ce que j'ai écrit dans le livre: 

 

Pour me décrire le mieux possible, je dirais que je suis un amalgame de la Joconde et de la Sibylle de Delphes, version ultramoderne, en raison de mes couleurs criardes et de mes formes atypiques. Le mariage réussi du mystère et de l'inquiétude donc. Comme l'oeuvre de Léonard de Vinci, les contours de mon visage baignent dans un voile vaporeux, le fameux sfumato, et comme dans le détail du plafond de la chapelle Sixtine de Michel-Ange, j'arbore un geste suspendu qui me rend des plus vivantes. Ne me manque que la parole pour parfaire le tableau, si j'ose m'exprimer ainsi."

 

J'ai donc réexpliqué à Fralien ce que j'attendais et la deuxième proposition reçue a été la bonne !

 

Pour le bande-annonce du livre, j'ai sollicité les services d'une illustratrice de mon département, Katyk, que j'avais rencontrée lors de salons littéraires. Elle a réalisé quinze dessins humoristiques, un pour chaque nouvelle. Je lui ai fait parvenir mes textes, un par un, en joignant, à chaque fois, quelques lignes expliquant le passage que je voulais qu'elle représente. J'ai été bluffée par le résultat, tout était conforme à mes souhaits, comme si, d'un coup de baguette magique, mes désirs devenaient réalité ! 

 

La musique a aussi été créée spécialement pour la bande-annonce par un compositeur meusien qui s'appelle Patrick Lagneau et qui est également auteur.

 

Voilà tu sais tout.

 

Presque... J'ai trop envie de faire partager cette fameuse vidéo... La voici, donc !

 

 

 

Vous souhaitez en apprendre plus sur l'univers de Nadine Groenecke ? Allez jeter un oeil curieux sur son site! 

nadinegroenecke-auteur.over-blog.com

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

 

 

 

 

Publié dans interview

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P
J'ai aimé la bande annonce, une approche intéressante qui suscite l'envie d'approfondir le sujet !!!
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J
... Également une belle grille de lecture, Nadine, que tu nous livres sur ton mode d'écriture. Extra.
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B
Elle passe dans l' ACTU-tv de ce dimanche 20 avril, bonne interview, facile et agréable à lire. Bravo !
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P
Je l'ai commencé. Je lis une nouvelle de temps en temps pas toutes à la suite alors ça me prend forcément du temps.<br /> Je rédigerai un billet dès que je l'aurai terminé.
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E
J'aime assez les analyses humaines que nous présente Nadine.... c'est psychologiquement très juste...
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C
Et bravo pour la bande annonce !
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C
Une interview qui m'a donné très envie de découvrir ce troisième livre de Nadine.
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C
Un troisième opus pour Nadine Groenecke! Bien! J'ai lu &quot;Sauvetages&quot;, un bon moment de lecture.
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