Frank Herlemont nous présente son ouvrage "L'alcoolique anonyme"

Publié le par christine brunet /aloys

 

Biographie

 

Né en 1945, à La Louvière (Belgique), il décroche une licence de journalisme à l’Université Libre de Bruxelles en 1975 et se consacre pendant 30 ans à l’enseignement dans une Haute Ecole du Hainaut, où il diffuse principalement des cours de philosophie. Une partie importante de sa vie professionnelle et affective est chaotique, il travaille à Paris en 1968 où il participe aux « événements de mai », pratique de multiples petits boulots en Belgique et en France, se retrouve parfois en état de clochardisation entrecoupé de cures de désintoxication en milieu psychiatrique, adhère enfin aux Alcooliques Anonymes en 1993 qui lui permettent de découvrir une « nouvelle vie », celle de sa « vraie naissance » . . . Aujourd’hui, retraité, il vit en couple depuis 13 ans, il a quatre enfants et quatre petits-enfants. Il tente de modeler son éthique personnelle sur celle d’Epicure en privilégiant le bonheur de l’instant présent.

 

 

Résumé de « L’Alcoolique anonyme »

Il ne s’agit pas d’un roman et moins encore d’un recueil de nouvelles puisqu’on y trouve jetés pêle-mêle des textes plus ou moins courts, une pièce de théâtre, un poème, l’ensemble entrecoupé de réflexions (ou de délires), tous écrits à des époques très espacées de mon existence et qui n’ont jamais eu la prétention d’être publiés au moment où je les produisais. Il n’est pas question non plus d’un récit autobiographique. S’il

fallait, par convention, identifier le genre littéraire auquel je me livre, je parlerais volontiers d’ « archives de vie » ou mieux encore, de « traces d’existence ».

 

 

 

Extrait de « L’Alcoolique anonyme »

 

« . . . Naturellement elle m’avait désigné d’emblée comme son interlocuteur privilégié, avec cette sorte d’instinct infaillible qui permet aux fascistes de débusquer la vulnérabilité psychologique d’autrui. Elle s’acharnait sur moi. A ses yeux, nous symbolisions la caste des gens « cultivés ».  Surtout je ne devais pas briser ses illusions et, malgré l’exaspération que j’éprouvais à la conforter dans sa suffisance, je ne cessais de la renforcer dans la certitude de son écrasante supériorité culturelle. Elle m’a filé des cigarettes. Tous les jours. Trop. Si bien que ces dons incessants m’ont rendu prodigue et que j’en fis largement profiter la communauté des « ignares ». Elle se mit alors en tête de m’offrir des fringues, j’ignore où elle les avait dénichées. Elle me regardait les enfiler avec un regard concupiscent. Comme une pute, je me mettais à poil et, à la rigolade générale, je faisais les essayages. Dans ma dérision coupable, je lui répétais sans qu’elle m’écoutât : « J’aime mon médecin traitant, elle va m’apporter mes vêtements, les miens, et mes objets de toilette a moi ! Je serai propre, désinfecté de ta charité. Puis nous irons faire l’amour ». Elle ricanait stupidement comme si mes incantations n’étaient que du vent. Le cul rejeté en arrière dans ses jeans crasseux qui moulaient des amas de gélatine, toutes dents dehors, elle exigeait que je l’embrasse. Et je l’embrassais en dépit de mon dégout. J’avais besoin d’elle. Il me fallait des Gauloises bleues sinon, privé de mes tétines de contenance, je sombrais définitivement dans la démence . . . »

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J
Je rejoins Marie - Noëlle. Pour avoir travaillé avec des êtres atteints par cette maladie, en connaître personnellement, je sais qu'il ne faut pas parler de "volonté" pour "s'en sortir", nullement. Ce serait comme demander à un être atteint de cancer : "Si tu aimes tes proches, évite de développer des métastases ". Le sujet tabou de l'alcoolisme commence à moins le devenir, des structures se mettent en place (il y en a une extraordinaire en Belgique dans les hautes Fagnes). Chapeau à vous, Monsieur Frank Herlemont, pour avoir si justement écrit et publié ces " traces d'existence " comme vous les nommez subtilement. Je ressens l'authenticité que vous y placez, et, plus qu'être utiles, les mots nous interpellent et nous apprennent, dans un style littéraire de surcroît maîtrisé, qui rend le texte encore plus captivant. Bravo, reconnaissance à vous, Frank.
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M
Un pêle-mêle comme cette maladie où le corps, l'esprit, "l'âme", ne sont plus qu'un désordre d'un trop plein d'émotions, de ressentis, de questionnements...menant à une quête d'apaisement, d'oubli...Et tant de raisons ! Mais ne vaut-il pas mieux trouver des réponses ? Ce livre peut en être une. Cette maladie ne touche pas exclusivement une classe sociale contrairement aux idées reçues. C'est bien de le dire, de l'écrire. C'est courageux face à cette image de perfection que certains se doivent d'afficher. Cet extrait écrit avec véracité où cet homme devient une proie me saisit. L'auteur ici n'évoque pas l'alcool, utilise le tabac (cousin germain et à la portée d'un plus grand nombre) où la manipulation purement humaine qu'il subit lui arrache toute dignité. Bravo Frank Herlemont !
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