André Elleboudt et sa vision de l'écriture...

Publié le par christine brunet /aloys

Pourquoi écrire ?

J'ai toujours aimé écrire. Je crois que je n'osais pas me dire, alors je m'écrivais, je me décrivais et j'étais mon seul lecteur. Je découvrais qui j'étais.

J'aime les mots, papa était un grand joueur de mots, il faisait rire. Je lui ai pris ce goût aussi pour les mots qui font rire, j'aime faire rire, j'ai le sentiment de créer une ambiance, une atmosphère par le rire.

Et puis j'ai découvert que les mots était une belle manière de me dire sans le dire directement. Et aujourd'hui encore j'ai beaucoup de mal à laisser ma belle regarder par-dessus mon épaule alors que j'écris. Le moment de l'écriture est celui de l'intimité. Je suis chez moi. En moi.

 

Et pourquoi écrire sur son mal être ?

Parce que cela me permet de prendre connaissance de moi, de cette facette difficile à vivre. Quand j'écris sur mes douleurs, sur ma souffrance, je me vide d'une certaine manière de ce que j'ai du mal à supporter. Et me le dire en l'écrivant est salutaire. Ces mots sont un miroir, sans pudeur, sans faux-fuyant. Je me dis qui je suis car j'ai découvert que m'éviter, m'ignorer est l'autoroute vers la déconstruction, comme si je me refusais, si je refusais mon image, ma réalité.

 

Que reste-t-il de la vie ?

De deux choses l'une. Tu rames et tu te plains, t'enfonces, te subis, te détruis. Ou tu rames, découvres tes errements, t'enfonces mais refuses de plonger (mais pas toujours !). Ce qu'il reste de la vie, de ma vie, c'est ce que je décide d'en faire jour après jour : me savoir souffrant, m'accepter perdu, vivre ma solitude (on est seul quand on a mal), vouloir me relever parce que d'autres sont autour de moi et qu'elle en vaut la peine, et qu'ils en valent la peine, parce que sans elle, sans eux, où serais-je ? Quand, dans le livre je me pose la question "Bon, et maintenant je me flingue ?", ce n'est pas une image.

 

La fin de quelque chose ?

La fin de celui que je connais et le périple sans GPS vers celui que j'ignore et que je souhaite rencontrer et connaître. C'est une sacrée histoire de devenir un autre que celui avec qui j'ai vécu pendant cinquante ans. La maladie, ma maladie, c'est un enfer.

 

 

Vous écrivez …

A l'abri d'un donjon

Vivait jadis un con

Qui, hébété couillon,

Croyait être un dragon.

 quel est le sens de ce quatrain ?

J'ai vécu cinquante années de bonheur, de bien-être, d'insouciance, d'hébétude sans connaître vraiment la valeur de la vie que je menais, de ce bonheur qui me fréquentais sans réellement percevoir ce qu'était ce bonheur, ce bien-être, cette santé. Et puis, soudain, le clash, la baffe, le tremblement de l'être, petit à petit, insidieusement, en profondeur, inconnu. Je croyais être et n'étais plus grand chose, capable de grand-chose, rêvant de grand-chose, …

 

Publié dans présentations

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Très beau texte, très émouvant, qui nous rappelle de ne jamais oublier que notre vie est ce que nous en faisons, de profiter de chaque instant....Carpe Diem...
Répondre
P
Sincérité, des mots qui touchent !!!
Répondre
M
L'extrait de "Le rivage d'un océan sans terre' publié sur Aloys il y peu de temps m'a marqué par son écriture, cette sincérité sans fioriture, et très poignante. Cette vision de l'écriture renforce ces impressions et ne peut que donner envie de lire cette oeuvre.
Répondre
J
Je rejoins les commentaires de mes deux consœurs. J'apprécie cette écriture directe, non affétée, sans ambages, résolument salvatrice, telle une catharsis. Touchant, criant d'authenticité.
Répondre
C
Un témoignage touchant car sang pour sang vrai, crois-je.
Répondre
E
J'aime beaucoup ce que ces mots expliquent et décrivent. On a envie d'en savoir plus sur l'auteur et son oeuvre. Les mots qu'il emploie pour le dire...
Répondre