Paul Maakad lit l'un des textes du recueil de poésie "Bouillonnement"

Publié le par christine brunet /aloys

https://youtu.be/PprpxPf5w7c

Paul Maakad lit l'un des textes du recueil de poésie "Bouillonnement"

Publié dans vidéo, Poésie

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P
Mon recueil de poésie est officiellement paru: il est disponible à la commande chez tous les libraires ainsi que sur le site de la formidable maison d'édition "Chloé des Lys", à qui je rends hommage. <br /> <br /> Voici le lien de la page qui le présente et sur lequel l'on peut se le procurer:<br /> <br /> https://www.editionschloedeslys.be/catalogue/1061-bouillonnement.html<br /> <br /> Je vous saurais infiniment gré d'en parler autour de vous afin de participer à la promotion du livre; merci à tous :)
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M
Un texte très fort.
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P
Merci beaucoup Micheline; j'espère que ça t'aura donné envie de lire le reste des textes :)
E
J'aurais aimé avoir aussi le texte, pour suivre, car on entend pas toujours nettement... ce que est dommage! Bravo pour la fluidité en tout cas!
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P
Merci beaucoup Edmée :) <br /> <br /> Voici le texte que je déclame:<br /> <br /> Guerre <br /> <br /> Une amie vient de me proposer de sortir prendre un verre mais j’ai dit non ; j’ai eu envie d’être seul. Ne vous arrive-t-il jamais de vouloir couper toute connexion avec le monde extérieur et vous isoler ? N’entendre que le bruit sourd du silence – émaillé de temps à autre par le son d’un klaxon fuyant, au loin ? S’abandonner à une espèce de léthargie douce et indifférente, néanmoins profonde et existentielle ? <br /> <br /> De ces moments d’apparent néant, l’âme se voit libérée de toute restriction et autre norme, entraves à son épanouissement ; tel un oiseau lâché par son ancien dompteur, elle file enfin au vent et fait remonter des sensations oubliées, enterrées, que la conscience même croyait inexistantes.<br /> <br /> Vagabondant au gré des courants, elle croise ici la joie, là l’abattement, par ici l’insouciance, là encore le dépit. <br /> Et moi à Beyrouth, sur mon canapé, une tasse de thé collée à mes lèvres, je fixe le boulevard Sami el Solh et mon esprit voyage à la rencontre de ce mot : guerre. <br /> <br /> Guerre du Vietnam, guerre des Malouines, guerre Iran/Irak, première Intifada, seconde Intifada, guerre du Golfe, première guerre mondiale, seconde guerre mondiale, guerre des six jours, du kippour, guerre civile somalienne, du Tadjikistan, du Liban, guerre, guerre, guerre… <br /> <br /> Savons-nous seulement ce qu’est la guerre ?<br /> <br /> Pouvons-nous réellement sentir ce que ce mot cache d’épanchements de passions grégaires, vestiges bien vivants de notre bestialité la plus vile ? <br /> Arrivons-nous à comprendre – avachis confortablement en face de la lucarne d’illusions – ces femmes pleurer la perte de leur chair, réduite à un tas de viande baignant dans une mare de sang et d’organes ? <br /> <br /> Suis-je en mesure de me rendre compte que les rues dans lesquelles je marche quotidiennement servaient d’autel à la folie humaine la plus barbare il y a encore vingt ans ? Que l'on ne pouvait faire un pas sans craindre d’entendre un "clic", synonyme de suicide forcé ? Que la simple course pour aller chercher un ravitaillement en eau ou en pain s'apparentait à une partie de poker, dans des ruelles trouées, éventrées dont la puanteur et les talus de déchets pouvaient à tout moment faire office de cercueil, dans l’effroyable <br /> mutisme de l’indifférence générale ? Que sur ce même boulevard Sami el Solh qui voit déambuler badauds et touristes, des francs-tireurs, véritables mercenaires de mort cachés derrière fenêtres et balcons, tiraient à vue et se <br /> faisaient payer à la photo du descendu ? <br /> <br /> Puis-je enfin ne serait-ce qu’effleurer l’indicible, l’inénarrable sentiment de solitude que représente la perte d’un fils, d’une fille, d’une mère, d’un père ? <br /> <br /> Laissons parler ceux qui ont connu le malheur de la guerre ; eux seuls peuvent nous conter le bonheur de la paix.