Être un auteur par les temps qui courent n’a rien de simple. Il ne s’agit pas seulement d’écrire, croyez-nous sur parole. La preuve !
14 auteurs vous proposent de découvrir leur quotidien et les travers d’un monde qui reste mystérieux, celui de l’édition… Anecdotes amusantes, réactions surprenantes, ou séquences émotions, tout y est !
Bonne lecture !
Auteurs : Séverine Baaziz, Micheline Boland, Bob Boutique, Christine Brunet, Luce Caron, Alain Charles, Claude Colson, Carine-Laure Desguin, Bettina Forment, Jean-François Foulon, Jennifer Platarets, Martine Platarets, Christine Prévi, Edmée de Xhavée
Séverine Baaziz est née en 1978 à Amnéville, en Lorraine.
En 2016, elle publie son premier roman, Le premier choix, aux Editions Chloé des Lys en Belgique. Portée par l'enthousiasme des lecteurs, elle écrit quatre autres romans, flirtant avec la comédie et le réalisme magique. Elle trouve son inspiration dans le plaisir à déjouer les apparences et questionner l'altérité.
Résumé :
Quand le destin fait se rencontrer deux êtres que tout oppose...
Sacha a dix-neuf ans et vit de petits méfaits, au jour le jour, sans toit ni véritable famille, dans le mépris des gens des beaux quartiers. Jusqu’au jour où il fait irruption chez Alice, une comptable de quarante-deux ans qui garde ses économies bien au chaud sous son matelas et dans des boîtes en métal. Une femme étrange, incapable de la moindre émotion, comme empêchée par des nœuds invisibles.
La rencontre est chaotique, l’affinité impossible. Et pourtant, pour des raisons inavouées, ils auront irrésistiblement envie de se revoir.
Une comédie vive et fantaisiste sur les blessures que l’on croit enfouies, sur les mains tendues qui sauvent, et celles, crispées, qui condamnent.
EXTRAIT :
Chaque matin, Alice, quarante-deux ans, se regarde dans le miroir et essaie plusieurs mines comme on passe une tenue puis une autre. Souriante, rieuse, mélancolique, enfantine, sévère, vaniteuse, rêveuse, contrariée, lasse ou sereine. Un défilé de visages empruntés.
Qui est-elle ? Que ressent-elle ? Il y a bien longtemps qu’elle ne le sait plus.
Ce qu’elle ne sait pas non plus, c’est qu’aujourd’hui, à exactement vingt-deux heures passées de trente-trois minutes et quarante-six secondes, un événement va bouleverser son existence.
Il est bien sûr trop tôt pour vous en parler.
Par contre, il est temps pour Alice d’aller travailler.
Sous un ciel gris perle, la douceur de l’automne souffle dans ses cheveux, si bien que ses mèches brunes chatouillent ses yeux et se glissent entre ses lèvres. Elle n’a pas le choix, avant de tourner la clef de contact, elle retire son casque et discipline ses cheveux. D’un geste mécanique, elle les rassemble, les tortille et les dissimule dans le col arrière de sa veste. Le casque est repositionné et le scooter s’en va à vive allure, de tout son rouge écarlate.
Dans la ville aux lueurs matinales, elle croise les bus scolaires, les gamins qui montent et les parents qui saluent, les volets qui s’ouvrent et les premières boutiques qui s’éclairent. Le monde qui s’éveille. Comme la veille et, si tout va bien, le lendemain.
Pour ce premier jour de semaine, Alice a choisi une mine contrariée. Ça fait longtemps qu’elle ne l’a pas portée et elle se marie parfaitement, trouve-t-elle, avec sa chemise blanche. Et puis, le lundi n’est-il pas un jour maussade pour la plupart des salariés ?
En tout cas, dans l’open space, tout le monde la regarde en coin. Alice a allumé son ordinateur sans adresser la moindre salutation, n’a répondu à aucun sourire et ne s’est évidemment glissée dans aucune conversation caféinée. A vrai dire, ses collègues de travail sont habitués à ses étranges humeurs artificielles et, même si les rumeurs à son sujet vont bon train, du genre Alice doit être schizophrène, bipolaire ou tueuse en série, l’indulgence est de mise. Enfin, la plupart du temps.
27 années de vie derrière moi à l’heure de cette publication. Ça fait trois ans que j’ai bouclé mes études, entre Paris et Montréal. Maintenant je fais ce que je veux. Principalement, je me balade et je griffonne des trucs dans des carnets. Sinon j’aime faire de la roue Cyr dans la rue (c’est une discipline de cirque). J’aime danser. J’aime les belles parties d’échecs. J’aime que les jours ne soient jamais pareils. J’aime choisir. J’aime les paysages qui défilent. Et je voue un culte aux félidés.
Résumé :
Viens voir.
C’est un désastre je t’assure.
C’est pour ça qu’on ne peut pas aller se coucher.
Tu sens comme ça irradie ?
Il faut rester debout.
C’est un désastre et la nuit est bien trop belle pour fermer les yeux.
Peut-être que le sommeil finira par nous prendre.
J’ai fait couler l’encre pour baliser le chemin.
Extrait :
Viens on s’en va
Avec nos doutes
Pour s’oublier dans les bandes blanches qui défilent le long d’une route
Félicitations aux auteurs des Éditions Chloé des Lys qui ont cartonné lors du concours POE’VIES 2022 dont le thème était LE TEMPS. Le jury était composé de Françoise Lison-Leroy, Laurent Harduin, Jef Deblonde et Carine-Laure Desguin.
Le jury orchestré par l’organisatrice Marie den Baës (alias La petite Marie) a sélectionné cent textes parmi les six cent quarante-neuf textes arrivés des quatre coins de la planète ! Oui, vous avez bien lu, six cent quarante-neuf textes ! De Roumanie, du Chili, des States, du Gabon, du Canada, de l’Ile de la Réunion, etc.
Merci à Marie den Baës pour toute cette organisation !
Et encore félicitations aux auteurs des cent textes retenus et tout particulièrement aux auteurs des Éditions Chloé des Lys :
Laurent Dumortier, RESPIRER LA VAGUE
Micheline Boland, PASSE LE TEMPS
Gaëtan Debiève, AUTOMNE
Bernadette Gérard-Vroman, EN SUSPENSION
Antonia Iliescu, SAISONS
Pour rappel, lors de l’édition précédente du concours POE’VIES, le texte de Jef Deblonde, REFLET, a reçu le prix de l’Inédit et celui de Carine-Laure Desguin, ŒIL NU DEVANT, le prix de la Musicalité.
On attend avec impatience les résultats de la prochaine édition et encore merci à Marie den Baës pour toute cette organisation !
Alain CHARLES habite Baudour, il exerce la profession d’ingénieur dans une société de construction en Wallonie picarde. Il a déjà publié plusieurs recueils de nouvelles et de contes fantastiques, et quatre romans dont « une si jolie poseuse de bombes » et « Dans sa maison un grand cerf » parus en 2022, « Ciel bleu, avec nuages » est son cinquième roman.
Résumé
La vieille me l’avait dit et j’aurais dû l’écouter, derrière chaque banal nuage, il y a un récit, une fiction, une autre réalité.
Julie et Jules, Pierre Henry Ignace Philibert de Malaussène, Phiphi pour les intimes, Philibert pour là-haut, Anne et Jade, Alexander de chez Alexander & Alexander SA, Alex en devenir, Bugsy l’embrouille, éplucheur de patates de son état, Naïm, dit Roméo, et sa Juliette, et Laura, ma très chère Laura, ces personnages n’étaient pas destinés à se rencontrer, mais un évènement les a fait basculer dans une autre vie et un être singulier, ange sans le vouloir, les convie à prendre le chemin.
Extraits
Les voilà dans la rue, ils marchent côte à côte, un génie arabe de vingt-deux ans et une étudiante de seize ans, amoureuse des arts.
Durant la visite de «Van Gogh dans tous ses états», Naïm explique, détaille, commente chaque œuvre avec précision et enthousiasme. Juliette regarde et écoute, bouche bée d’admiration, les tableaux et les commentaires.
— Que faites-vous dans la vie, Naïm?
— Je suis docteur en astronomie.
— Vous soignez les étoiles?
Cette jolie et naïve expression émut Naïm. Il n’y avait jamais pensé, prendre soin de la terre était déjà une tâche ardue.
— Comment se fait-il que vous sachiez expliquer cette exposition avec tant de détails et d’exactitudes?
— J’ai une excellente mémoire, je répète simplement ce que le guide a précisé hier.
— Vous êtes un génie, Naïm.
— Certains le disent, mais non, Juliette, j’ai juste certaines facultés amplifiées de façon exponentielle.
— Exponentielle?
— Cela veut dire que la variable est un exposant. Et vous, Juliette, quelles sont vos aptitudes particulières?
— Je n’en ai aucune.
— Impossible, tous en ont, mais vous, vous ne les éprouvez pas.
— Hormis la bêtise, l’ignorance et celle d’oublier, je ne m’en connais pas d’autres.
— Erreur Juliette, aimer est le plus grand des talents. Je vous ai vu admirer les tableaux, les yeux ne trompent jamais, vous aimez l’art et ceux qui l’aiment, aiment les gens.
— Naïm, vous me plaisez, personne ne m’a jamais parlé de cette manière. Vous me demanderiez de partir n’importe où avec vous, je partirais.
— Alors, venez avec moi.
— Où?
***
— Vous ne regardez pas la gazette locale?
Bugsy l’embrouille sursauta, il n’avait pas vu le jeune homme arriver.
— Puis-je le prendre?
— Tu m’as fait peur, gamin, et oui, tu peux l’avoir. Les nouvelles sont tristes à pleurer, alors je ne les lis pas, cela m’évite des idées noires et des peines inutiles.
— Vous êtes philosophe si vous pensez qu’un mal qu’on ignore est un mal qui n’existe pas.
— Je ne sais plus qui je suis, gamin, mais je suis convaincu que toute personne peut revendiquer le droit à l’ignorance.
— Moi, je le dirais autrement. Celui qui ne veut pas savoir s’enfonce la tête dans le sable.
— Ne me compare pas à une autruche, gamin, dis-moi plutôt d’où tu viens si soudainement.
Philibert jugea la réponse prématurée, il enchaîna.
— Et vous, vous faites quoi dans la vie?
— Je cherche du travail.
— Vous avez regardé les offres d’emploi?
— Non, il n’y a sûrement rien pour moi.
— Pourquoi dites-vous ça, vous êtes astrophysicien, docteur en sciences nucléaires, conservateur des hypothèques?
Bugsy éclata de rire, qui par contagion, emporta Philibert. Essuyant une larme, il reprit plus sérieusement.
— Je n’ai pas de conseil à vous donner, mais sachez qu’à attendre que l’herbe pousse, le bœuf meurt de faim.
***
— Et pour vous, mes tendres amis, je vous octroie la plus belle des chambres.
— Je n’en ai pas besoin, Geneviève, je ne suis pas du voyage.
— Que nenni, ma belle, vous vous trompez ou vous ne le savez pas encore.
— C’est la dernière chambre, celle de Bugsy.
— Non, Laura, n’insistez pas, vous me connaissez depuis très longtemps, je ne m’appelle pas Geneviève pour rien. Je disais donc, c’est la vôtre, et même si ce n’est pas pour cette nuit, elle vous est réservée.
— J’habite avec mes parents, il n’y a aucune raison pour que cela change.
— Une fois de plus, vous vous trompez, vous ne pouvez quand même pas y dormir avec votre petit ami, je devrais même dire, votre futur mari.
— Je n’ai pas de petit ami et encore moins de futur époux.
— Et lui, alors, celui qui vous suit comme un petit chien à sa mémère, c’est qui?
— Il s’appelle Philibert et…
— Il vous relooke avec des yeux de merlan frit. À tous les coups, Laura, il est amoureux de vous, cela se voit comme le nez au milieu du visage. Je trouve que vous avez beaucoup de chance, ma belle, il est mignon comme tout.
— Vous ne le savez pas, Geneviève, mais entre nous, c’est tout simplement impossible.
Michaël Zoïna est né en 1972 d'une mère flamande et d'un père italien. Enfant, ses deux grandes passions sont le football et la lecture. À l'adolescence, son goût pour la musique remplace celui pour le ballon rond. À la même époque, il devient animateur de groupes de jeunes.
Actuellement il vit à Tournai et enseigne les mathématiques.
Ses autres ouvrages (« À la lisière des nébuleuses », « Derrière le silence », « Sans détour », « Du feu et de la nuit », « Plus que des mots », « Gaspard et Léa », « Les statuettes » et «Dans mon kiosque ») sont publiés par Chloé des Lys.
Résumé
Des nouvelles très variées qui possèdent cependant un point commun : chaque personnage est confronté à une réalité qu’il n’a pas choisie.
Extrait
La prière à la lune
Dès les premières heures du jour, le soleil a cogné comme une brute sur Sienne. La chaleur s’est faufilée partout. Dans les rues, derrière les murs des maisons. Elle a dépouillé la place du Campo de toute présence et privé les habitants de leur sacro-sainte sieste. Seul l’intérieur des églises était épargné. Jusque tard dans la soirée, la ville a suffoqué. Puis, les premiers nuages noirs sont arrivés, semblables à des cachalots volants, et l’orage a éclaté.
Ce soir, comme tant d’autres, Ricardo est installé dans son fauteuil préféré, celui de la véranda, face à la pelouse.
Avant de s’asseoir, il a posé l’aiguille de son électrophone au bord de son disque préféré : les Intermezzi de Brahms par Glenn Gould. C’est Antonia, sa femme, qui le lui avait offert pour son soixante-deuxième anniversaire. Antonia qui, à l’instant, malgré les médicaments, peine à trouver le sommeil dans le lit qu’elle ne quitte plus.
Ricardo a atteint cet âge où on regrette ce qu’on est devenu, où on préfère ne pas penser à l’avenir. D’ailleurs, il occupe la plus grande partie de son temps à penser au passé. Aux bons comme aux mauvais moments. Car dans un cas comme dans l’autre, l’émotion était vive, son corps et son esprit réagissaient avec vigueur. Se souvenir de ces moments, c’est presque retrouver cette vigueur. Presque.
Le tonnerre gronde. Et le vieil homme pense à Romina.
Romina : deux rencontres, moins d’une demi-heure en tout et pour tout en sa compagnie et pourtant…
Il en faut si peu parfois pour qu’une personne se rappelle à nous longtemps.
La première rencontre se déroula à San Gimignano.
Ricardo et Antonia s’étaient déplacés pour le concert d’une jeune chanteuse, Romina Rossi, dans l’église du petit village toscan. Au programme, des airs d’opéra accompagnés au piano.
Elle avait incarné ses différents personnages avec une telle maestria ! Amoureuse, accablée, coquine, féroce : elle avait été tout cela en un peu moins d’une heure. Et elle avait si bien chanté La prière à la lune de Dvořák, que l’émotion avait propulsé Ricardo là où personne n’aurait pu le rejoindre.
Après le concert, Antonia et lui avaient pu discuter un peu avec Romina. Enfin, surtout lui. Il voulait savoir ce qui avait motivé le choix des morceaux : elle lui répondait avec moult précisions, en le regardant dans les yeux. Quand d’autres spectateurs s’immisçaient entre eux pour la féliciter, elle se contentait d’un timide « Merci». Ces spectateurs n’en demandaient pas plus. Sauf une dame qui voulut se faire remarquer.
— Vous avez une diction extraordinaire, Mademoiselle !
La chanteuse prit un air espiègle :
— C’est parce que je fais des exercices d’articulation à chaque fois que je vais aux toilettes, Madame.
Antonia et Ricardo pouffèrent et la dame s’éloigna.
— Encore une qui pense que l’emphase rend son propos brillant, dit la chanteuse.
La jeune femme dégageait une fraîcheur peu commune, qui rehaussait sa beauté. Mais ce fut son regard qui marqua le plus Ricardo. Ses yeux noirs pétillants.
Durant leur retour en voiture, il demanda à son épouse :
— Ça ne t’a pas dérangée que je parle comme ça avec la chanteuse ?
— Non. Ça avait l’air de te faire plaisir. Et j’ai bien vu qu’elle ne te faisait pas du gringue. Donc, ça ne m’a pas dérangée.
Il avait souri.
L’aiguille de l’électrophone arrive à la fin de la première face et revient à sa position initiale. Même si le piano de Gould a souvent été étouffé par le bruit de la pluie sur le toit de la véranda, Ricardo se lève et retourne le disque.
La deuxième rencontre entre Ricardo et Romina eut lieu dans le train entre Sienne et Florence. C’était cinq mois, jour pour jour, après le concert.
Pendant ces cinq mois, il avait plusieurs fois pensé à elle. Il avait espéré retrouver son nom dans la rubrique « Spectacles à venir » de son journal. Il s’était repassé la conversation de San Gimignano en boucle dans la tête pour en oublier le moins possible. Une nuit, après une dispute conjugale, il avait même écrit un poème dans lequel il s’adressait à la jolie chanteuse.
Ricardo monta dans le train à la gare d’Empoli. Quand il reconnut Romina assise face à une banquette vide, son cœur s’emballa.
— Bonjour ! lui dit-il.
— Bonjour…
Elle avait répondu avec un étonnement qui n’avait pas échappé à Ricardo.
— On a parlé un peu ensemble après votre concert de San Gimignano. Il y a quelques mois.
— Ah oui, c’est vrai… Vous allez bien ?
Son ton était las. Il contenait même une pointe d’irritation.
— Oui oui, ça va. Je peux…
Il laissa sa phrase en suspens quand il vit Romina plonger la main dans son sac pour en tirer un gros livre.
— Bien… Au revoir.
— Au revoir, Monsieur.
Il changea de wagon et s’assit près de la vitre, dans le sens de la marche.
Les paysages toscans lui semblèrent recouverts d’une suie épaisse.
Le disque de Gould est terminé. Au dehors, la pluie a cessé.
Ricardo enlève ses pantoufles, se lève, fait glisser la porte-fenêtre et sort.
Ses pieds foulent le gazon mouillé.
Les derniers nuages se retirent. Ricardo lève les yeux vers le croissant de lune.
Edmée De Xhavée est Belge, pour ce que cela veut dire. Belge depuis plusieurs générations qui ont exporté et apporté des gènes d’ici et d’ailleurs. Une famille souvent nomade « pour les affaires » et donc bien du désordre non pas dans la lignée mais dans les habitudes et souvenirs. Née lors de cette époque bénie de l’après-guerre où tout renaissait dans l’espérance, la jeunesse des « golden sixties », des enfants des fleurs, les débuts des voyages et des découvertes. Écrire est son album de photos un peu menteur un peu audacieux. Ce livre est son douzième.
Extrait
Elle était alors une petite fille privilégiée, ni pauvre ni malheureuse mais aussi informée de la frontière entre elle et les autres enfants que ces autres enfants l’étaient pour leur part. Car vêtue de son affreux maillot rouge, elle se tenait pensivement à la grille du château pour regarder au loin ces joyeux galopins dévaler le chemin dans des boites à savon, se cassant gaiement la figure et se défiant sans crainte. Et eux devaient l’imaginer gavée d’un dessert gigantesque et peut-être même lui envier cet affreux maillot rouge…
Synopsis
“Un roman d’amour” à une maman fantasque et trop vivante pour vraiment mourir. Pas une biographie, mais des anecdotes tendres, amusantes, touchantes, qui en font un portrait précis et peut-être surprenant pour qui ne connaissait d’elle que ce qu’elle consentait à montrer aux non-intimes. Et faire l’inventaire joyeux de tout son héritage génétique et comportemental est un bonheur à partager…
Ils n’ont plus rien à se dire, alors ils se taisent. À quoi bon parler encore quand tout à été dit ? À quoi bon relancer une conversation qui ne déboucherait sur rien de plus que ce qui a déjà été ressassé longuement, encore et encore ? Il vient toujours un moment où les mots sont inutiles, voire même où parler de la pluie et du beau temps, de la guerre ou de la paix, pourrait devenir la lame acérée du couteau qui tranchera dans ce qui fut.
2. Biographie
Jacques Lagneaux, musicien, comédien, conteur, auteur, est avant tout amoureux des mots. Plus particulièrement de ceux que l’on a oublié d’utiliser depuis longtemps et qui dorment sur l’étagère la plus haute de la mémoire collective. Il écrit pour le plaisir de surprendre et de déclencher des émotions heureuses.
3. Résumé du livre
De la chaleur des déserts africains à la dérision hollywoodienne, ces quinze nouvelles plongent sans détours au plus profond de l’intimité de personnages tantôt drôle, tantôt graves, mais toujours vrais. Dans ces univers contrastés, chacun pourra retrouver des parts de soi que la vie a dispersées.
A mon avis, quand vous êtes déprimés, vous ne devriez pas écouter de musique. Vous risqueriez de retomber sur ces chansons qui vous font pleurer comme une idiote, enchaînant les boîtes de mouchoirs et remplissant les poubelles de votre tristesse sans jamais réussir à vous en débarrasser véritablement.
2 – Biographie :
Serena Bardano est née à Argenteuil, près de Paris, en 1985. Elle a choisi un pseudonyme avec le nom de jeune fille de sa grand-mère d’origine italienne, afin de lui rendre hommage.
Elle a fait ses études universitaires à la Sorbonne, à Paris, où elle a obtenu un Master 2 en littérature et un autre en langue française.
Et si j'osais ? est son premier roman destiné à la publication.
3 – Résumé du livre :
Et si j'osais ? est à mi-chemin entre le roman et l'ouvrage de développement personnel. Ce livre écrit à la première personne se veut propice à la réflexion et partage des problématiques étudiantes comme des questions plus existentielles que nous nous posons toutes et tous. Il aborde ainsi des sujets tels que l’amour, l’amitié, la famille, l’éducation, le travail, les loisirs, les peurs, la maladie et le deuil.
Elle est arrivée! Lovely Brunette est arrivée… (Edmée De Xhavée)
Lovely Brunette, c’est ma Mammy. Et non, ce n’est pas sa biographie. Elle n’est jamais montée sur une scène, n’a fait aucun tutorial sur comment avoir des lèvres pulpeuses et des seins de marbre, n’a assassiné personne, ne s’est pas droguée, n’a été à la tête de rien si ce n’est de sa vie. Donc à quoi servirait une biographie ?
Ça n’en est donc pas une. Mais ça la révèle bien mieux. Les anecdotes sont comme les touches de pinceau sur un tableau impressionniste. Oui oui, on la devine si bien, ah qu’on aime sa gentille candeur, ses réactions spontanées, son aisance dans sa situation d’excommuniée par notre mère la Sainte Eglise (bien peu sainte…), son adaptation aux caprices du sort, sa loyauté envers qui l’aimait, et l’insouciance qu’elle avait quand elle me disait de ne pas croire telle ou telle « vérité » religieuse ou sociale qu’on m’avait présentée. Le « bon évêque » dont on nous vantait la sainteté en classe car il avait converti toute la principauté était un vrai sadique qui faisait lier dos à dos les téméraires qui osaient vouloir rester des païens paillards et impies et hop !, dans le fleuve. Une méthode de conversion que les Talibans auraient appréciée… Non non, ce petit garçon était bel et bien très bête, mais son papa très riche, aussi terminait-il en tête de classe en fin d’année, tout s’expliquait et était normal.
Dans la vie, faut pas s’en faire, toute les p’tites misères seront passagères etc…
Comme toutes les vies, la sienne eut ses hauts et ses bas, ses coups de soleil et de blues. Comme tous les enfants, l’ingratitude naturelle nous faisait penser qu’être notre Mammy était son travail gratifiant et qu’elle ne devait faillir en aucune circonstance. Qu’elle était, en même temps, une femme qui faisait face au menu que la vie lui avait composé, ça ne nous effleurait pas. Pas plus que l’héritage de la joie de vivre qu’elle a laissé. Toute mon indépendance, ma « forte tête », c’est à elle que je la dois. Elle me qualifiait de rebelle, ce qu’elle était avant moi, mais autrement.
Lovely Brunette, c’est tout ce qu’elle m’a raconté, écrit, confié d’elle. C’est tout ce que j’ai vu sans le voir et admire aujourd’hui.