Rolf Morosoli a fait ses études universitaires à Genève. Il émigre au Québec où il complète un doctorat en biochimie à l’Université Laval. Chercheur au conseil national de la recherche scientifique à Ottawa, puis professeur à l’Institut Armand-Frappier à Montréal, l’auteur a surtout contribué à des publications scientifiques en génétique microbienne. Parallèlement à ses activités scientifiques, aux côtés de sa conjointe sculpteure, il s’est investi dans la réalisation de sculptures et d’œuvres d’art public. Depuis quelques années, il se tourne vers l’écriture de fiction.
RÉSUMÉ
Légères comme le vol d’un papillon, ces courtes nouvelles sont inspirées de mots prononcés au hasard d’une rencontre, d’observations furtives et d’expériences personnelles.
Ce recueil reflète la variété des sources d’inspiration qui concernent des anecdotes de voyage, quelques aventures et certaines incongruités des comportements humains et animaux.
Court extrait
Hold up
Ce jour-là, l’attaque devait avoir lieu à la tombée du jour avec l’intention d’intercepter la dernière livraison de cannes à sucre de la journée... Le camionneur ne comprit pas tout de suite les raisons d’un tel attroupement de pachydermes dont la stratégie singulière l’avait manifestement pris au piège…
Discipliné, le commando… était occupé à récupérer la cargaison … Quand le camion fut vide, le commando de tête s’écarta du chemin et notre pauvre chauffeur… put reprendre sa route alors que la noirceur commençait à s’installer… Par quel mystère ces éléphants savaient, comme des voleurs professionnels, qu’il fallait que les traces de cette attaque disparaissent complètement avant le petit matin pour qu’il ne subsiste aucun indice de cet incroyable Hold up…
Pas d’empreintes, pas de suspect, le chauffeur ne put dissiper les doutes de son employeur…
Alain CHARLES habite Baudour, il exerce la profession d’ingénieur dans une société de construction en Wallonie picarde. Il a déjà publié plusieurs recueils de nouvelles et de contes fantastiques, et trois romans dont « une si jolie poseuse de bombes » paru en 2022. « Dans sa maison un grand cerf » est son quatrième roman.
Résumé
Dans sa maison un grand cerf, regardait par la fenêtre, mais le gosse, dans son cagibi obscur, n’en avait pas. Cette comptine, elle la lui chantait et la mimait chaque soir, avant qu’il ne revienne, ivre et brutal. Les raisons de sa séquestration, il ne les connaissait pas, comme il ne savait pas qui il était. Du début de sa mémoire, il n’avait connu qu’une minuscule pièce sombre, puis une horrible cave humide et puante, mais aussi, ses bras et sa voix, douce comme celle d’une maman.
De Sarah ou de Mathilde, un jour, devra-t-il choisir ? À moins qu’il ne préfère la liberté et le rêve.
Extrait
C’était une cave, une grotte, un tunnel, un souterrain, ou quelque chose comme ça.
Il y faisait sombre, froid, humide, l’eau courait sur les murs, sur le sol, coulait dans la rigole, elle puait.
Le perpétuel goutte-à-goutte ressemblait à un supplice moyenâgeux, il usait toute résistance, érodait jusqu’à l’intérieur de la tête. Le manque de sommeil dû à ce bruit sinistre et lancinant rendait fou.
Et que dire de la claustrophobie, des crises de panique, de la peur de suffoquer ?
C’était un endroit fermé, sans issue, sans lumière, un lieu effrayant rien qu’à l’idée qu’il était impossible d’en sortir.
Bien que l’espace soit confiné, il sentait le danger à plein nez. L’angoisse rebondissait sur les murs concaves, s’amplifiait, son écho assourdissait même en se bouchant les oreilles.
Il n’y avait pas d’extérieur, il n’y avait que le dedans.
Il n’y avait pas de jour, il n’y avait que les ténèbres.
Il n’y avait pas de vent, rien qu’un souffle qui exhalait l’odeur infecte d’un égout.
***
Elle quitta enfin son poste d’observation, retourna à la cuisine, y revient avec deux cafés, puis s’installa à la table devant Zénobe.
Voilà, monsieur Zénobe, vous comprenez maintenant pourquoi je suis prioritaire.
Mais prioritaire sur quoi, Mathilde ?
Ben, sur l’enfant pardi.
Voyons, Mathilde, nous ne savons même pas où il est.
C’est là que je peux vous aider, mais quand nous le récupérerons, il est à moi et pas à cette Sarah. Comprenez-moi, Zénobe, seule, il est impossible que je le retrouve et même si je le retrouve, mon ex est capable de tout et j’ai peur. Ne dit-on pas qu’ensemble, on est plus fort.
Mais vous n’êtes pas sa mère, Mathilde.
Sarah non plus. C’est moi qu’il l’ait nourri, soigné, protégé, vous m’entendez, Zénobe, c’est moi et moi seule qui l’ait aimé.
Elle prononça cette phrase avec beaucoup de colère dans la voix.
Sarah pensait qu’il était mort quelques jours après sa naissance.
Quelle belle affaire, si elle a pu vivre sans lui jusqu’à maintenant, rien ne changera pour elle.
Mais, tout a changé, Mathilde, à présent elle sait qu’Aaron est vivant.
Aaron ?
C’est son nom, Mathilde.
Un prénom de juif, évidemment, moi je l’appelais mon petit, mon chéri, mon ange…, je n’ai jamais pensé à lui asséner un prénom. Pour moi, c’était inutile, je ne parlais jamais de lui, je ne devais donc pas le nommer. Alors, Zénobe, ma proposition vous convient-elle ? Unissons nos efforts et retrouvons le gamin.
Nous devons associer Sarah, je lui ai donné ma parole.
Et alors, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.
Ce serait la trahir.
Mais on s’en fout.
Vous, oui, moi, non.
Alors, quand nous le retrouverons, laissons-le décider, voilà une bonne solution.
Non, Mathilde, c’est une belle filouterie de votre part, car nous savons que c’est vous qu’il choisira.
****
Sarah était aux petits soins pour l’écrivain, si elle l’avait presque forcé à reprendre la plume, elle lui avait suggéré l’intrigue et les personnages.
Alors, Zénobe, vous avancez dans votre roman ?
Je vous interdis de consulter mes brouillons, ils sont illisibles et ne reflètent ni le texte ni l’histoire.
Bien qu’ils m’intriguent, je vous assure que je n’ouvre jamais vos cahiers, enfin, presque jamais. Vous écrivez comme un cochon, un analphabète, je me demande même si le français est votre langue maternelle. Avez-vous déjà décidé du titre ?
J’hésite encore. J’ai rédigé une liste avec plusieurs idées, mais c’est toujours la même qui revient.
Si vous le désirez, je peux vous aider à choisir.
— Non, non, je pense que j’y arriverai tout seul.
Allez, dites-le-moi.
Non.
Zénobe, voulez-vous me faire plaisir ?
À chaque fois, c’est la même chose, vous me prenez par les sentiments. Vous savez très bien que je ne peux répondre négativement à cette question.
— Alors ?
Je pense l’intituler « Dans sa maison, un grand cerf ».
Comme la chansonnette.
Oui, c’est exact.
Pourquoi pas !
****
J’aurais dû jeter les livres de mon mari à la poubelle, toutes ces théories sur l’existence de Dieu et sur la vie après la mort ne sont pas bons pour lui ni pour personne d’ailleurs. Aaron nous cache quelque chose, Zénobe.
Non, Sarah, il cherche quelque chose et un jour il le trouvera.
Et s’il ne trouvait pas dans les livres ?
Où est donc passé votre optimiste légendaire ?
Sarah n’insista pas. À rebours, elle s’est dit qu’elle aurait dû le questionner, mais cela aurait-il changé quelque chose ?
L’été arriva. Noah passa ses examens avec brio, Aaron avait abandonné le lycée, Sarah l’inscrirait dans une école mieux adaptée l’année prochaine, et Zénobe relisait son roman même s’il avait laissé la fin en suspens.
Un matin ensoleillé, Sarah se réveilla, mais n’entendit pas le chant des oiseaux. Elle pressentait un évènement qui ne lui plairait pas. Précipitamment, elle dévala les escaliers, poussa la porte du jardin et trouva les portillons de la volière ouverte.
Native de la région du Centre et résidant à la Louvière.
Auparavant employée du secteur social, à présent retraitée.
Auteure aux éditions Chloé des Lys :
-Contes jeunesse : « Temps d’aventures » en 2015.
-Un recueil d’histoires courtes : « Itinérance d’un oiseau bleu » en 2018.
Et livres auto-édités catégorie "Jeunesse" via Le Livre En Papier de 2016 à
2018.
Participation occasionnelle à des concours de contes et nouvelles.
Résumé
Contes et nouvelles " Tout public". Il s’agit desept histoires courtes et variées pour le plaisir de lire.
Liste des titres repris :
- La petite robe rouge
- Le lièvre rattrape la tortue
- Un soir de lune
- Un dimanche maussade
- Le vieux miroir
- Carnaval au pays Dousoin
- Chambre numéro trois
- La maison chocolat
Extrait :
La petite robe rouge
J’étais d’ordinaire une enfant timide et discrète qui, comme tout timide, pouvait exploser dans des accès d’émotion fougueuse. Cette robe me plaisait à l’excès et plus je la réclamais, plus je la portais, et plus je la portais, plus on la lavait et plus les couleurs se délavaient…
Née aux Pays-Bas, après des séjours en Suisse et en France où elle fait des études de lettres modernes et d’Italien à la Sorbonne de Paris et une carrière d’interprète et de traductrice en Belgique, l’auteure trouve enfin le temps de se consacrer à l’écriture. Ce roman est le premier qu’elle publie.
RESUME
Tourner en rond, dégringoler et s’en sortir peut-être…
Rose perd pied après la mort de son mari. Elle ne peut plus revenir en arrière, mais ne voit pas non plus d’existence possible devant elle. Coincée, elle se cache du monde, mais n’oublie jamais d’arroser ses plantes. Y aurait-il de l’espoir quand même ?
EXTRAIT
"C'est la police, madame. Nous voulons savoir si vous allez bien."
Terrifiée, derrière la porte, Rose retient son souffle. Elle aurait tellement aimé pouvoir répondre avec fermeté pour qu'ils s'en aillent plus vite, mais elle s'affole, il y a si longtemps qu'elle n'a parlé à personne.
"Je vais très bien. Vous n'aviez pas besoin de venir."
Comme par miracle, des mots sortent d'elle, prononcés par une vois fluette, chevrotante, qui tremble d'un agacement à peine maîtrisé. Sa propre voix lui est devenue étrangère. Elle se voit d'en haut, d'une grande distance. Elle, Rose.
Alain CHARLES habite Baudour, il exerce la profession d’ingénieur dans une société de construction en Wallonie picarde. Après deux recueils de nouveaux et quatre romans dont « Une si jolie poseuse de bombes » et « Dans sa maison un grand cerf » paru en 2022, « Etranges fractures » est son premier recueil de contes fantastiques.
Résumé :
Pénétrant par effraction dans une villa cossue au bord de la mer, Aaron, petit délinquant sans envergure, visite les Enfers.
Arthur et Jojo voyagent dans l’espace et le temps. Leur moyen de transport, une bulle de latex qui apparaît lors d’un brouillard dense.
Une voix guide un visiteur dans un musée très particulier. Durant le parcours initiatique, il se rend compte que son seul et unique but en d’en sortir vivant.
Rachel et Jean sont convaincus qu’une expérience de mort imminente partagée est la seule solution avant de s’engager dans une vie commune. Ils partent ensemble dans le tunnel banc, l’anesthésiste attend leur retour.
Chaque histoire débute dans la vie quotidienne. Exploitant le paradoxe et défiant la logique, elles se poursuivent dans des imaginaires décalés, des univers désynchronisés, métamorphosés « qui ne sont pas plus éloignés que la terre l’est du ciel ».
Extraits :
Une villa au bord de la mer.
Ce sont les âmes des mortels qui n’ont jamais rien foutu sur terre, ni en bien ni en mal. Ayant mené une vie dénuée de sens, elles déambulent indéfiniment dans cette plaine. Leurs seules douleurs, et elles ne sont pas des moindres, sont la solitude, car elles ne peuvent communiquer entre elles, et le désespoir. Ces âmes connaissent un abattement total, une affliction profonde, un chagrin incommensurable et elles ne peuvent le partager. Vous le savez, Aaron, il est impossible de vivre sans espoir. Un être qui souffre, s’il veut continuer à vivre, espère que demain sera meilleur qu’aujourd’hui. S’il sait que ce ne sera pas, il choisit la mort en toute conscience, car il la voit comme une délivrance. Les âmes qui errent dans ce lieu boivent le calice jusqu’à la lie, elles haïssent le temps et ne peuvent se consoler dans la libération du trépas, car elles ne mourront pas et elles le savent. Mais, avançons, il est inutile de traîner, elles me donnent le cafard.
Balade Forestière.
Sans déplacement véritable, ils étaient restés dans la forêt à côté de chez eux, ils avaient quitté le temps présent et étaient retournés dans le passé, sans moyen particulier, hormis le brouillard et la bulle de latex blanc. Même dans la littérature, Arthur ne se rappelait pas que ces moyens aient déjà été expérimentés. L’hypothèse qu’ils soient réels et tangibles était aussi improbable que l’existence des courbes temporelles ou d’un univers parallèle, sauf s’il admettait que le temps n’était qu’une illusion.
Et si le temps n’existait pas. Où s’il existait, ce serait uniquement sous les formes du passé et du futur.
Tout en marchant, Arthur se creusait les méninges, il n’acceptait pas sa condition actuelle, à savoir, de voyageur du temps. Il était peut-être tombé dans un trou de ver, cher à Einstein, ou avait subi une téléportation quantique.
Le musée
Je remontai le devant de la troupe et remarquai que les corps étaient tous dirigés dans une même direction. Arrivé au niveau du premier individu, je m’agenouillais et l’époussetai.
La peau de son visage était grise et ses cheveux blancs se détachaient par touffes. Le retournant sur le dos, je posai mon oreille sur sa bouche, un faible souffle en sortait et la carotide jugulaire montrait un léger battement. De toute évidence, cet homme n’était pas mort, mais engourdi et léthargique, comme en hibernation.
Lentement, ses paupières se soulevèrent et je perçus un murmure. La voix était enrouée, mais douce, il me sommait de partir.
Vous n’avez donc pas compris, laissez-nous tranquilles et disparaissez, vous n’avez rien à faire ici, vous n’êtes pas des nôtres.
Quels nôtres, qui êtes-vous ?
Je vous en conjure, sincèrement, vous êtes vivant, partez avant qu’il ne soit trop tard.
Vous aussi vous êtes vivants, votre cœur bat, vous parlez, je vais sortir d’ici, je vous le promets et j’irai chercher du secours.
C’est inutile, notre temps est révolu.
Ses paroles devenaient de plus en plus inaudibles et ses paupières se refermaient sur ses yeux vides.
Dans un ultime effort, il tenta de reprendre sa position initiale.
— Monsieur, monsieur, restez avec moi, parlez-moi.
Il n’y a plus rien à dire, disparaissez et ne revenez jamais.
Mais…
Regardez-vous, vous ne voyez pas que vous devenez comme nous. Partez et laissez-nous en paix, ne gâchez pas vos dernières chances
EMI
Comment te sens-tu après ce voyage dans l’au-delà, parce que c’était dans l’au-delà, n’est-ce pas, trois longues et interminables minutes ? Au début, j’ai cru apercevoir une brume s’élever, flotter au-dessus de toi, les autres n’ont rien dit, car personne n’a rien vu. À ce moment-là, je n’avais pas eu peur, tu étais toujours parmi nous, même si ton cœur ne battait plus et que tu ne respirais plus, tu étais là, à côté de moi, et je leur ai dit, non, mon Jean n’est pas mort, mais je crois qu’ils ne m’ont pas cru et toi, tu n’as rien entendu, j’ai hurlé si fort, que les fondations de l’hôpital ont tremblé, ou ce n’était que le bloc opératoire, je n’en savais rien. Quand tu as touché le plafond, j’ai imaginé que tu me regardais, je me faisais sans doute des illusions, car dans ta situation, tu avais autres choses à faire que regarder une faible femme s’énerver. Ton corps avait la forme d’un nuage blanc ou l’inverse, ça n’a plus d’importance, il a touché le plafond et je voyais bien qu’il voulait partir, quitter la pièce, mais je me suis dit que c’était une fameuse dalle de béton et que tu ne la traverserais pas. Mais quand tu as commencé à disparaître, je serais bien montée sur une chaise pour te retenir, mais je n’en ai pas trouvé. Je tournais en rond comme une lionne en cage, ils ont dû me prendre pour une folle, mais ça n’avait pas d’importance. Eux, ils restaient plantés devant leurs appareils qui ne bronchaient plus, ce n’était pas dans cette direction qu’il fallait regarder, mais vers le plafond. Pour une fois, je me suis tue, je pense que de toute façon, ils ne m’auraient pas cru. Et puis, tu as été aspiré par je ne sais quel phénomène, tu disparaissais comme un brouillard sous une soudaine forte chaleur et j’ai pleuré, quelques larmes seulement, car je savais que tu reviendrais, je ne savais pas quand, mais j’avais raison, encore une fois, vu que tu es maintenant là, à côté de moi et bien en vie, n’est-ce pas, Jean chéri.
Désormais, Vincent n'ira plus se balader le long des chemins de halage, qui bordent le canal d'Arles. Il a pourtant si souvent emprunté le pont-levis de Langlois, au pied duquel les laveuses rincent les draps blancs avant de les faire sécher au soleil énorme de midi. Dans la chambre de l'hôpital, Vincent semble sur l'autre rive. Son existence à la dérive ne verra plus les matelots qui remontent, le cœur battant, avec leurs amoureuses vers la ville d'Arles. Marchant sur les sables mouvants de son existence, il se revoit sur la plage de Saintes-Maries-de-la-Mer... Le ciel d'un bleu profond, d'un bleu outremer a désormais fait place à la grisaille. Les barques se sont échouées sur le sable humide et figé. Celle qu'il a baptisée "Amitié" semble désormais se prénommer "Regrets". Ces barques sans capitaine ne prendront plus la mer. Elles n'affronteront plus les vagues de la Grande Bleue et les tempêtes soudaines. Le village de pêcheurs, quant à lui, pleure l'artiste qui divague et est tourmenté par son geste insensé qui l'a embarqué dans cette mouvance dont il ne peut s'extraire et qui lui confère ce vague à l'âme.
Aujourd'hui et demain, Bernard Wallerand nous propose un extrait des 2 récits de vie qui se dévoilent en alternance dans le roman.
Premier extrait "côté Eliott"
Côté Eliott
A l'école, la belle Margot ne s'assied plus à côté de lui depuis deux semaines. Elle l'a laissé tomber. Pour intensifier sa peine, elle ne répond pas à ses textos et elle le supprime de sa liste d'amis sur la toile, d'un simple clic de souris.
Dans sa chambre, complètement désespéré, Eliott ne comprend plus rien à sa vie ! Il passe des nuits blanches, des nuits étoilées, agitées, dans un ciel tourmenté. Il laisse son portable constamment allumé sur son oreiller. Le niveau sonore est au maximum. Le téléphone reste malheureusement silencieux. Pas d'"I love you" retentissant ! Un silence de marbre au sein duquel résonne une évidente déchirure. Margot a fait un stage intensif de piano le week-end qui a précédé leur incompréhensible rupture. Cela, il le sait.
Eliott se lève péniblement le matin. Il s'assied sur son lit. Ses mains retenant son visage, il pleure amèrement.
Dans le hall central de l'école, il manque une pièce du patchwork. Les mains frêles de Margot tapotant le piano ne sont plus. Au poignet de Margot, le bracelet bleu décoré à la Van Gogh n'est plus. Les Rommy Tilfiger font place aux Adodas ! Eliott emprunte dans une solitude pesante le long couloir de l'école. Les yeux de tous sont rivés sur lui. C'est clair pour tout le monde que Margot et lui ne sont plus ensemble.
.../....
Ainsi Margot a-t-elle préféré tapoter sur le piano un début de romance à quatre mains avec un certain Adelin plutôt que de tapoter des "je t'aime aussi" sur son écran ! Et c'est donc ainsi que les mains d'Adelin ont effleuré celles de Margot, juste au moment où, sur le clavier du piano, les graves ont rejoint les aigus. Sur la portée de musique ont ainsi fleuri les demi-pauses, les pauses, les soupirs et les crescendos. Eliott en crie de chagrin. Il en rugit d'amertume. Il en hurle de désespoir !
Joël Godart est né dans le Nord de la France où il a passé une partie de sa vie, avant de venir s'installer en Bretagne, à quelques centaines de mètres de l'Océan.
Il est l'auteur de plusieurs livres de poèmes ou de photographies, le dernier, « Fairy » , étant un hommage au poète Arthur Rimbaud.
RESUME :
Joël Godart nous propose une relecture du recueil de poèmes de Guillaume
Apollinaire, « Vitam impendere amori » , publié en 1917 avec des dessins d'André Rouveyre. Travail peu connu d' Apollinaire, six poèmes de facture classique et d'une grande beauté. L'auteur a écrit à son tour six poèmes faisant miroir à ceux du poète, y ajoutant des photographies récoltés dans des vieilles églises de la Bretagne profonde.
« Connais-toi toi-même, Guirec, et tu connaîtras l’Univers et les Dieux ».
Papy tient parfois des propos étranges et inutiles : ça sert à quoi de se connaître ?
Pourquoi est-ce important de connaître lUnivers et les Dieux ?
Cabossé par la vie, Guirec ressent parfois, de manière confuse, la nécessité de garder
un cap dans les actes qu’il pose au quotidien. Mais où trouver ce fil rouge ?
Jusqu’oùaccueillir l’Inconnu sans se déraciner ? Comment s’abandonner sans se sentir
abandonné ? Peu à peu la phrase de Papy fait son chemin et Guirec s’interroge : son
inaptitude au bonheur est-elle un héritage familial ou une certitude qu’il s’est forgée
de toutes pièces ?
Extrait :
Après une heure, j’ai pu apaiser en moi les tourbillons émotionnels qui me déstabilisent. Quand je rejoins Papy, il explique à Gaëlle que la composition chimique des larmes varie en fonction de l’émotion qui les a déclenchées.
- Ce n’est pas banal : notre corps nous parle. Il faut être attentif à tout ce qu’il essaie de nous dire. C’est comme une blessure : le médecin commence par l’observer. Il sait alors quoi faire pour la soigner, la soulager. Le processus sera long, la cicatrice ne disparaîtra pas, mais elle te fera de moins en moins souffrir. Plus tu t’en occuperas, plus elle sera belle.
- Ce n’est jamais beau une cicatrice.
- Tu as déjà entendu parler du Kintsugi, Gaëlle ? C’est un art ancestral japonnais qui consiste à réparer une poterie cassée avec de l’or. Une fois réparé, l’objet tire sa richesse d’avoir été brisé.
- Tu veux dire que quand je me serai recollée je serai plus riche ?
- Tu auras acquis une certaine richesse intérieure.
Bernard Wallerand a été professeur de français et de religion catholique à l'institut Saint-Luc de Ramegnies-Chin (Belgique). Il a donc côtoyé de près l'univers artistique et le monde de la jeunesse. Au sein de son école, il était aussi membre du sas d'écoute ainsi que de l'équipe de solidarité agissant en faveur des élèves en difficulté.
Passionné depuis toujours par Van Gogh pour ses qualités humaines et artistiques, Bernard Wallerand signe un roman empreint de poésie, où dans une espèce de fondu-enchaîné, se superposent la vie d'un étudiant et la vie du peintre, à travers la relation amoureuse et ses échecs, à travers les tumultes de l'existence.
Résumé
De ses yeux rêveurs, Eliott achève son travail de fin d’étude en 6ème illustration. Il fixe le visage de Van Gogh dont il a toujours été fan. Les yeux de l’Artiste sont cependant à ce point sombres qu’ils viennent obscurcir les pensées de l’étudiant. La palette que Vincent tient à la main, a beau être variée de couleurs, le jaune citron apporte une certaine amertume et le vert de mer est bien trop pâle... Il n’y a donc pas de quoi raviver l’âme d’Eliott qui, dans sa soupente, se pose encore tant de questions. Si Antonin avait été là, il aurait pu être le confident de ses amours déçus. S’il avait été là, son adolescence et son parcours scolaire n’auraient peut-être pas été à ce point tourmentés...
Extrait
Dans le hall central de l'école, il manque une pièce du patchwork. Les mains frêles de Margot tapotant le piano ne sont plus. Au poignet de Margot, le bracelet bleu décoré à la Van Gogh n'est plus. Les Rommy Tilfiger font place aux Adodas ! Eliott emprunte dans une solitude pesante le long couloir de l'école. Les yeux de tous sont rivés sur lui. C'est clair pour tout le monde que Margot et lui ne sont plus ensemble. Ainsi Margot a-t-elle préféré tapoter sur le piano un début de romance à quatre mains avec un certain Adelin plutôt que de tapoter des "je t'aime aussi" sur son écran ! Les mains d'Adelin ont effleuré celles de Margot, juste au moment où, sur le clavier du piano, les graves ont rejoint les aigus. Sur la portée de musique ont ainsi fleuri les demi-pauses, les pauses, les soupirs et les crescendos. Eliott en crie de chagrin. Il en rugit d'amertume. Il en hurle de désespoir ! Dans sa soupente, le soir même, le cœur meurtri, il se décide à écrire à Margot, de ses mains tremblantes, une lettre. Il la glisse furtivement dans son sac qu'elle a oublié dans le grand couloir de l'école, sans doute emportée dans ses rêves frivoles !