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Résultats concours : "Catastrophes climatiques"

Publié le par christine brunet /aloys

Les auteurs participants :

Texte 1 : Micheline Boland

Texte 2 : Philippe Desterbecq

Texte 3 : Séverine Baaziz

Texte 4 : Carine-Laure Desguin

Texte 5 : Brigitte Hanappe

Texte 6 : Christian Eychloma

Le texte gagnant est celui de Christian Eychloma !!! Bravo !!!! Et bravo aux auteurs qui se sont frottés au sujet !

Pour rappel :

Texte 1 : 1 voix
Texte 2 : 1 voix
Texte 3 : 1 voix
Texte 4 : 1 voix
Texte 6 : 4 voix

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Concours "catastrophes climatiques" Texte 6... C'est le dernier ! Votez ici jusqu'à 18h aujourd'hui !

Publié le par christine brunet /aloys

 

Cauchemar climatique

 

Je lève la tête en plissant les yeux afin de filtrer la lumière en provenance de la surface du dôme, éblouissant sous le soleil à cette heure de la journée. Un soleil qui, réchauffant temporairement les rues de la ville par effet de serre, aurait bien du mal à m’éviter de mourir gelé si je décidais de pointer mon nez à l’extérieur sans équipement spécial.

Même convenablement protégé du froid glacial, il est d’ailleurs dangereux de sortir sans précaution. Surtout seul et non armé. Les ours polaires et les loups règnent en maîtres et, en dépit des troupeaux de rennes sauvages et de bœufs musqués qui leur offrent des proies abondantes, ils n’hésitent pas à s’attaquer à toute espèce vulnérable. Et l’Homme en fait partie. 

 Je décide d’aller faire mon petit tour quotidien au sommet de l’observatoire, là où le dôme hémisphérique atteint sa plus grande hauteur. De là-haut, la vue est magnifique sur 360 degrés, non seulement sur les édifices de la cité et ses jardins, mais aussi - parce que le regard porte très loin - sur la moraine du gigantesque glacier et l’immense étendue de la toundra qui s’arrête aux rives de la mer gelée. 

En attendant l’arrivée de l’ascenseur qui m’emmènera à toute vitesse jusqu’à la plateforme d’observation, je passe en revue, de mémoire, le petit résumé que j’aurai à présenter dans quelques jours à mon professeur d’Histoire.  

L’Histoire, une matière qui m’a toujours passionné. Depuis l’école primaire. Et même depuis bien avant, quand mes parents ont commencé à me parler de ces temps lointains où les arbres formaient de vastes forêts et où les fleurs tapissaient de vertes prairies. Une époque et une manière de vivre qu’ils n’avaient évidemment pas connues, mais qu’ils savaient si bien raconter, avec ce mélange de nostalgie et d’enthousiasme provoqué par ces vieilles vidéos qu’ils regardaient à longueur de journée. Enfin, lorsqu’ils n’étaient pas de service dans un des vastes souterrains où l’on produisait, sous lumière artificielle, tout ce qui était nécessaire à la vie de la communauté… 

Tellement convaincant que je m’imaginais sans effort en train de me rouler dans l’herbe folle, sous une douce chaleur, ou de batifoler dans l’eau tiède avant de m’allonger sur le sable humide pour contempler le bleu du ciel, avec ces petits cumulus blancs dérivant lentement au-dessus d’un monde sans limites. Un monde où personne ne passait la majeure partie de sa vie dans une prison de verre.

Ah oui, mon petit résumé… Pas très difficile pour un passionné comme moi de rappeler les causes de la Nouvelle Glaciation, la dégradation de la biosphère qui a suivi, parallèlement au déclin de la civilisation et jusqu’à la quasi-disparition d’Homo Sapiens.  Tout ça en deux siècles à peine, malgré l’optimisme des scientifiques de l’époque qui, se voulant rassurants à propos des conséquences de leurs propres erreurs, ne pouvaient croire à une évolution aussi rapide des conditions de vie sur Terre.  

Ces personnalités trop médiatiques qui, avides de financement et de notoriété, publiaient des rapports de plus en plus alarmistes sur le changement climatique entraîné par l’augmentation moyenne des températures. Et en étaient arrivés, en usant de leur influence, à préconiser et obtenir la mise sur orbite de gigantesques boucliers destinés à réfléchir les rayons du soleil.

Sauf que ces mêmes scientifiques avaient apparemment oublié qu’en matière climatique la planète avait toujours été « sur une lame de couteau », et qu’en raison de la nature chaotique du système atmosphérique, un refroidissement, même très relatif mais pendant plusieurs années de suite, pouvait nous faire basculer, par effet « boule de neige », dans un processus global irréversible. Un refroidissement carabiné, en l’occurrence… 

Tiens, en parlant d’aléas climatiques, je m’aperçois tout d’un coup que le soleil a disparu et que les lampadaires, comme toujours lorsque baisse la luminosité, se sont automatiquement allumés. Même s’il est vrai qu’il peut arriver que le temps change vite - à l’extérieur s’entend car à l’intérieur, du point de vue de la température, c’est un éternel printemps - la chose m’étonne un peu.

Un léger chuintement m’avertit de l’arrivée de la cage d’ascenseur. Je pénètre dans la cabine transparente en saluant les trois personnes qui en sortent, des gens à l’air maussade, comme tous les gens que je connais. Moi-même, d’ailleurs… Comment pourrait-il en être autrement ? Je presse le bouton et m’envole vers le toit du dôme, observant comme à chaque fois, avec une certaine inquiétude, les quartiers de la ville rétrécir de plus en plus vite sous mes pieds, jusqu’à ressembler à une maquette aux dimensions impressionnantes.

Arrivé en haut, le ciel s’est encore assombri et j’éprouve une drôle d’impression. La sensation d’avoir carrément la tête dans les nuages denses, sans autre visibilité que de vagues remous tout autour de moi.  Puis de gigantesques éclairs déchirent cette épaisse grisaille. Je n’entends rien en raison de l’insonorisation de notre bulle géante, mais je sais évidemment qu’il tonne. Un bel orage, en vérité ! 

Dans ces conditions, prolonger ma présence ici n’offre plus aucun intérêt et je m’apprête à redescendre quand un terrible fracas se fait entendre. Un claquement sec et un bruit de verre brisé, puis  un froid glacial qui me tombe sur les épaules. Le dôme, mon Dieu… Je hurle. Je tremble, de froid et de peur.

On me secoue, on tire sur ma couverture, on me crie dans les oreilles. C’est mon épouse, furieuse, qui me reproche d’avoir, une fois de plus, négligé de bien fermer la fenêtre qui vient de s’ouvrir brutalement en cassant un carreau. 

 

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Concours "catastrophes climatiques" Texte 5.

Publié le par christine brunet /aloys

L’attrait de la pluie.

Elliot s’ennuie !

Il regarde par la fenêtre et lorgne avec envie la petite rivière qui serpente entre les saules pleureurs. Il imagine le contact froid de l’eau trouble sur sa peau et peut-être même le frétillement tactile des petits poissons qui y vivent.

Elliot soupire !

Il aimerait tant profiter du jardin pendant ce week-end de vacances. Le chalet qu’ils ont loué dans la Somme est entouré de verdure à profusion : de nombreux cours d’eau sillonnent les prairies faisant la joie des pêcheurs.

Elsa, de son côté, s’ennuie aussi !

Elle avait envisagé de se ressourcer le moral par de belles promenades, de gonfler ses poumons d’air champêtre mais le soleil semble fâché avec la nature et il projette sur la terre ses impitoyables rayons brûlants.

En cette fin de septembre, la chaleur est anormalement pesante.

Il fait tellement chaud que bouger devient une torture : la température extérieure en est presque intenable et les corps n’aspirent qu’au souffle des ventilateurs qui fonctionnent avec intensité à l’intérieur des bungalows.

Au lointain, quelques nuages gris perle semblent prendre forme dans l’azur métallique du ciel et apportent l’espoir d’une averse rafraichissante.

La jeune femme regarde Elliot avec tendresse et sa main se tend avec douceur vers la petite tête pour redresser la mèche touffue qui lui retombe invariablement sur les yeux.

   ─ Mon bébé adoré ! Maman va terminer ses messages sur Facebook et puis c’est promis, je jouerai un peu avec toi.

Elliot se renfrogne, vexé.

Il n’est plus un bébé depuis longtemps ! Il a 4 ans quand même !!

Et puis, il se doute bien qu’une fois connectée sur son smartphone, elle oubliera sa promesse.

Elliot patiente, le nez collé à la vitre.

Soudain, une goutte humide et silencieuse s’écrase mollement sur le sol de la terrasse : quelques autres suivent dans un mouvement ralenti et un pinceau transparent semble peindre le ciel de couleurs sombres. Les arbres sont statiques comme paralysés par une force indécelable : pas une feuille ne bouge… Mais il pleuviote…

La jeune femme se détourne de son écran. Elle ouvre la porte pour scruter l’horizon sans remarquer qu’Elliott en profite pour se faufiler discrètement.

Elliot jubile !

La pluie devient plus bruyante émettant des « plic-ploc » rigolos.

Sortir sa langue pour attraper l’eau qui tombe est tellement amusant ! De grosses flaques stagnent plus loin et quel plaisir d’aller sauter dedans !

Vive la liberté…

Elliott s’éloigne pendant que les nuages grondent et prennent des formes menaçantes. Il pleut des cordes et Eliott s’imagine sous la douche.

La rivière déborde déjà, formant un va et vient de vaguelettes.

Ce phénomène l’impressionne, persuadé que le cours d’eau va se transformer en océan. Des sirènes sortiront-elles des flots pour chanter leurs comptines envoûtantes ?

La nature s’emballe soudain : les nuages se battent entre eux en tonnant leur colère, les saules maltraitent leurs branches en les bringuebalant de gauche à droite, les précipitations grossissent en avalanche de grêles…

 

Eliot tremble de peur : il veut rebrousser chemin quand le sol se dérobe sous lui. La terre semble se liquéfier, se trouer et des bras invisibles l’entraînent dans les eaux tumultueuses.

Il aboie sa détresse en poussant des gémissements aigus, ses petites pattes s’agitent à la recherche d’un appui, son museau se convulse de terreur, ses poils dégoulinent et l’alourdissent…

Mais la rivière déchaînée ricane : en  se dilatant, elle s’est gonflée de méchanceté et engloutit le petit chien.

Un hurlement désespéré s’échappe du chalet.

Affolée, sa maîtresse crie :

   ─ Au secours ! Aidez-moi à retrouver mon chien ! Il s’appelle Elliot et c’est un Westie blanc.

A l’extérieur, la pluie inonde la région et à l’intérieur du pavillon de vacances, les larmes d’Elsa inondent le plancher.

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Concours "catastrophes climatiques" Texte 4

Publié le par christine brunet /aloys

 

L’éveil

 

— Et depuis votre dernière visite, madame Glantz, tout ça s’améliore? Je vous écoute.

 

— Aucune amélioration, aucune, docteur Lierts, je lui ai répondu.  Je pense même qu'il y a une aggravation. Suis-je objective ou pas, c'est compliqué. Je me braque sur mes symptômes. C'est humain. Je ressens des douleurs dans les membres et lorsque je ne peux freiner les espèces de chatouillements que vous nommez prurit, cela devient vite infernal. On dirait que mes membres pourrissent de l’intérieur, j’ai ajouté. 

 

— Je comprends, je comprends. Vous avez bien appliqué le traitement deux fois par jour comme je vous l’avais proposé ? 

 

— Oui, comme vous me l'aviez dit. Le pharmacien devait vous contacter. Il s'étonnait du dosage de la cortimétamine à introduire dans la pommade. Et d'ailleurs, il ne connaissait pas ce médicament, la cortimétamine. Sur Google, ce nom est également inconnu. 

 

— C'est un médicament très ancien. Pour éviter tout malentendu ou attente inutile, je vous ai préparé moi-même les autres flacons qui contiennent ce produit-là. Et aussi votre nouveau traitement car depuis notre dernière visite, les résultats de la biopsie me sont parvenus, ainsi que les bilans sanguins. Avez-vous des troubles respiratoires comme par exemple une toux ou des expectorations à l’aspect douteux?

 

— Non pourquoi, je devrais? J'ai encore observé ces espèces de cloques sur les bras et les jambes, ainsi que sur mon torse à présent. Vous êtes une sommité en matière de pathologie dermatologique. Vous trouverez une solution à tout ça, je reste confiante, j’ai lâché. 

 

— Vous êtes très positive, madame.

 

— C'est obligatoire dans mon cas. 

 

— Je dois cependant vous annoncer que si malgré ce traitement vous n'avez pas d'amélioration, une hospitalisation sera nécessaire. Dans ma clinique privée. 

 

— Je ferai ce qu'il faut, docteur. 

 

— Le matériel de ma clinique est performant. Mon laboratoire également. Et j'ai une totale confiance en mon personnel. Ce sont des médecins qui viennent de toute la planète. Et rassurez-vous, les soins sont gratuits.

 

— De toute la planète ? Des soins gratuits? Comment est-ce possible? 

 

— Je reçois des subsides du gouvernement. Ma clinique est donc privée mais vous comprenez, pas tout à fait. Depuis quelques semaines, des personnes développent des maladies inconnues. Qui se caractérisent souvent par des symptômes comme les vôtres. Ou pire encore. 

 

— Contente de n'être pas la seule…, je lui ai répondu, intriguée et avec des trémolos dans la voix. 

 

— Dites-moi, madame Glantz… Vos dernières vacances…

 

— C’était en Su… 

 

— Oui oui, je vous interromps mais oui, je me souviens, rassurez-vous. Je voulais vous redemander… Vous vous êtes baignée… souvent… 

 

— Plusieurs fois par jour. C’est là-bas que les douleurs ont commencé. Et pour les cloques sur l’épiderme, j’avais même pensé à une allergie alimentaire. Mais non, impossible. Pourquoi donc, docteur ?, j’ai demandé. 

 

— Eh bien voilà, je vous dois la vérité ou tout au moins ce que je peux vous en dire. 

 

— Je vous écoute, j’ai dit, remuée par ces sous-entendus.

 

— Dans les glaciers sommeillaient de vilaines bestioles, très vilaines même. Et depuis la fonte de certains glaciers, des virus endormis se sont réveillés. Voilà madame Glantz, voilà … Ces bestioles à présent s’éveillent et … enfin je ne peux vous en dire plus. 

 

 

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Concours : "catastrophes climatiques" Texte 3

Publié le par christine brunet /aloys

Un nouveau monde

 

  Comme tous les matins, je n'ai guère envie de me lever. Et comme tous les matins, maman surgit dans ma chambre avec sa fureur, ses insultes et sa canne prête à se fracasser sur mes draps. Je me lève et me faufile dans la salle de bain. Le climatiseur souffre en sifflant. Il fait déjà vingt-cinq degrés à l’intérieur et cinquante à l'extérieur. Non maman, ce n’est pas ma faute ! Enfin, je ne suis pas le seul responsable… 

Depuis que la canicule fait rage et que le plan de survie a été mis en place, il y a déjà près de dix ans, maman déverse sa colère sur la seule personne qu’elle croise. Moi. Elle qui était l’incarnation même de la douceur.

  Avant de quitter l’appartement, mon regard se perd à travers la fenêtre du salon, celle devant laquelle maman reste assise toute la journée. Dehors, une ville désertique. Rongée par la chaleur. Les bitumes brûlent en bouffées suffocantes et les fissures lézardent les façades. Au loin, la forêt de mon enfance n’est plus qu’un cimetière de souches. Un oiseau gît au sol. Oui, maman, j’y vais !

  Nous sommes le premier samedi du mois, jour de réapprovisionnement. J’enfile mes chaussures aux semelles de métal, je respire à fond et je sors. De l’appartement. De l’immeuble. D’un coup d’un seul, la masse chaude m’ensevelit. Puis elle me saisit la gorge, et s’agrippe à mes membres. Quelques pas suffisent à me couvrir de sueurs âcres, à embrumer ma vue et à accabler le moindre de mes gestes, jusqu’à ce que j’entre et m’assois dans le tramway, seul véhicule à pouvoir encore circuler en ville.

  L’aide alimentaire. Les sachets d’aliments lyophilisés. Notre survie ne tient plus qu’à cela. A cela et aux climatiseurs que d’autres pays n’ont déjà plus. La population africaine est décimée, comme une grande partie de l’hémisphère sud. La canicule aura raison de nous. De nous tous.

  Chaque nuit, je fais ce cauchemar.  

  Chaque nuit, je sais que c’est bien plus qu'un mauvais songe.

  Un horizon.

 

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Concours : "catastrophes climatiques" Texte 2

Publié le par christine brunet /aloys

Au bord de la mer…

Quand j’étais petit, je passais toutes mes vacances chez mes grands-parents et j’adorais ça. Mes aïeuls habitaient à moins de mille mètres de la mer et j’allais la voir tous les jours qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige. Enfin, il ne neigeait quasiment jamais chez eux ! 

Je ne pouvais pas me passer de cette immense étendue d’eau tantôt bleue, tantôt grise, selon la couleur du ciel. C’était comme une drogue. J’avais besoin de me perdre au loin, à l’horizon, là où le ciel rejoint la mer. Je m’asseyais sur un rocher et mes yeux se perdaient dans le lointain. J’inventais un peuple qui habitait là-bas sur la ligne où le soleil se couchait, chaque soir, à des heures différentes, s’amusant à faire diminuer la longueur du jour au fur et à mesure qu’on s’enfonçait dans l’été pour rejoindre l’automne. 

Le matin, très tôt, j’arpentais la plage avec mon grand-père à la recherche de coquillages, d’étoiles de mer ou autres cadeaux laissés pour moi, sur le sable, par la mer qui s’était retirée. Des mouettes et des goélands se disputaient les restes de repas laissés par des touristes peu scrupuleux. Des joggeurs matinaux laissaient leurs pas dans le sable mouillé. De temps en temps, un tracteur venait ramasser les algues que la mer avait vomies sur la plage. Des bateaux voguaient sur les vagues et je rêvais de paysages lointains. Un jour, je serais marin, c’était décidé. 

Parfois, mon grand-père m’emmenait sur les îles lointaines, celles colonisées par des oiseaux. Mon pépé était un ornithologue averti et gare à moi si je mettais un pied de travers, si par inadvertance j’avais marché sur un nid de fous de Bassan ou de guillemots. Mon grand-père me tirait alors en arrière et je ne pouvais plus lâcher sa main. 

Combien de fois ai-je assisté à des naissances de pétrels ou de puffins fuligineux ? C’était, à chaque fois, un merveilleux spectacle que Dame Nature m’offrait là : le miracle de la vie ! 

Je rentrais chaque fois chez mes parents des souvenirs plein la tête et déjà je pensais aux prochaines vacances au bord de la mer. 

Puis, j’ai grandi. Je n’ai plus passé toutes mes vacances dans la station balnéaire où habitaient mes grands-parents. Je passais quand même, de temps en temps, leur dire bonjour, et, ça ne manquait pas, à chaque fois, mon grand-père m’emmenait sur la plage de mon enfance et je m’y trouvais bien. 

Mais un jour, il n’y a plus eu de plage ! La mer avait avancé jusqu’à la route située un peu en hauteur de ce qui n’était plus mon terrain de jeu ! Et mes iles, ces refuges merveilleux pour les oiseaux marins, où étaient-elles passées ? Plus une seule ne dépassait le niveau de l’eau ! D’ailleurs, des oiseaux, on n’en voyait plus du tout ! Ils avaient migré ailleurs, dans un monde meilleur pour eux, là où la mer gourmande n’avait pas tout englouti ! 

J’avais, comme tout le monde, entendu parler de réchauffement climatique, de fonte des icebergs, de l’élévation du niveau de la mer, mais je n’y avais pas fait plus attention que vous. L’avenir apocalyptique que certains nous prédisaient me laissait froid et je n’ai rien fait pour le changer, pour éviter le pire. 

Je m’en suis rendu compte quand, quelques années plus tard, la mer ne se trouvait plus à 1000 mètres de la maison de mes aïeuls, mais à moins de 500 mètres ! L’eau avait monté, avait escaladé le mur de pierre qui l’avait toujours retenue prisonnière pour se répandre dans les rues. Les beaux hôtels, les maisons de riches, les immeubles de charme, avaient tous été engloutis par la force de la mer, par sa furie, par sa vengeance envers les êtres humains ! 

Aujourd’hui que mes grands-parents ne sont plus de ce monde, je me rends parfois en pèlerinage dans ce petit village côtier que j’affectionnais tant. J’y emmène mes enfants et je leur montre, de loin, l’endroit où se trouvait la maison de leurs arrière-grands-parents. 

En contemplant les flots déchainés, il est difficile de se rendre compte que quelques dizaines d’années auparavant seulement, à l’endroit que je montre du doigt, poussaient les roses qui faisaient la fierté de ma grand-mère ou les légumes que mon grand-père cultivait et que mémé préparait de mille et une façons pour le plus grand plaisir de mes papilles. 

Heureusement, le cimetière est situé sur une hauteur du village, et même si les vagues commencent à lui lécher les pieds, il conserve les corps de tous les habitants qui ont connu une mer inoffensive et si belle. J’y emmène mes enfants et je leur raconte l’histoire de ce village de pêcheurs qui n’existe plus, de cette station balnéaire qui a perdu tous ses touristes, de cette plage qui m’accueillait chaque jour des vacances, qui m’a offert mes plus belles joies d’enfant et m’a laissé mes plus beaux souvenirs. 

Souvent, des larmes coulent le long de mes joues. Elles suivent les rigoles qui traversent mon visage pour s’infiltrer entre mes lèvres. Elles sont salées comme l’eau de la mer…

 

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Concours : "catastrophes climatiques" Texte 1

Publié le par christine brunet /aloys

FAITS-DIVERS

Chez le bijoutier, dans la grand-rue du village, en ce début du mois de juillet, le thermomètre affiche plus de quarante degrés depuis plusieurs jours. À la supérette sur la place de l'Église, il n'y a plus une bouteille d'eau à vendre et la plupart des limonades sont en rupture de stock. Le village est gagné par un ralentissement inhabituel des activités, les animaux domestiques paraissent comme engourdis, les rares passants avancent mollement, l'herbe est rousse, les fleurs fanent, les jardins font profil bas. Dans les magasins de la ville voisine, il n'y a plus un ventilateur ni un climatiseur à pouvoir acheter et la clinique a fait le plein de patients. Des personnes âgées sont décédées et d'autres sont au plus mal. 

 

Chaque jour est un jour en enfer. La touffeur est telle que chaque geste exige un effort à peine imaginable. La sueur ruisselle sur les fronts. Les mains et les pieds sont moites. Aucun souffle de vent ne permet de se rafraîchir. Le soir, le sommeil tarde à venir. L'air est lourd. Les pensées sont paresseuses. On se met à rêver d'une pluie fine et froide. 

 

Les effets de la fatigue et du mal-être sont bel et bien visibles. Pour un rien, la mère gronde son enfant, le mari abreuve son épouse de reproches et l'épouse se fâche. Pour un rien, le patron menace l'ouvrier de renvoi et le client houspille le vendeur. Pour un rien, le curé et le médecin perdent leur calme habituel, le maire critique sa secrétaire, la coiffeuse soupire.  Le garçon de café mémorise mal les commandes et il arrive que le serveur renverse la corbeille de pain, des couverts ou des plats. Le ton monte entre copains. Quelque chose va arriver, on le pressent, on le redoute. C'est écrit dans le ciel trop bleu, dans la terre trop sèche, dans les verres trop vite vidés.

 

Quinze heures, Jean-Paul tue Jeannette, son amoureuse, d'un coup de couteau parce qu'elle l'a envoyé paître en des termes violents. Seize heures trente, Mauricette bouscule sa vieille tante qui réclame un énième verre d'eau fraîche, la vieille dame perd hélas l'équilibre et se fracture le crâne.  Dix-huit heures, Clémentine pousse sa fille qui pleurniche, la gamine tombe dans l'escalier et souffre de multiples blessures. Vingt heures treize, Kevin assassine une voisine dans le seul but de voler les trois  ventilateurs qu'elle possède et refuse de lui prêter.

 

Plusieurs choses graves sont ainsi arrivées dans le joli et paisible village de mon enfance jusqu'au terme de la canicule. Ailleurs, dans le pays, les comportements violents ont été également très nombreux. Un psychologue interrogé par un journaliste n'en fait pas mystère : il s'agit de conséquences du réchauffement climatique. Exaspération et intolérance sont, selon lui, les fruits des périodes très chaudes que nous vivons cet été. Déjà des voix s'élèvent : comme de tels été seront de plus en plus fréquents, il faudrait construire de nouvelles prisons, de nouveaux hôpitaux, rendre obligatoire des stages de communication non-violente. Déjà on prévoit une augmentation importante du nombre de divorces et de conflits entre employés et employeurs. 

 

Les années qui viennent devront être soumises à des mesures fortes à prévoir de toute urgence proclament des hommes politiques de tous bords.  Des choses graves, des choses de plus en plus graves, arriveront sûrement partout sur la Terre.  C'est ce qui se dit, c'est ce qui se lit, c'est ce que l'on imagine. 

 

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Résultats concours "Catastrophe, les envahiseurs arrivent !"

Publié le par christine brunet /aloys

Les participants : 

Texte 1 : Philippe Desterbecq

Texte 2 : Séverine Baaziz

Texte 3 : Gabriel Rasson

Texte 4 : Carine-Laure Desguin

Texte 5 : Micheline Boland

Texte 6 : Christian Eychloma

Texte 7 : Christian Eychloma

 

Et notre gagnant avec 3 votes : Christian Eychloma ! Bravo

Pour info texte 2 : 2 voix

texte 5 : 1 voix

 

Merci à tous les auteurs participants !

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Concours : "Catastrophe, les envahisseurs approchent !" Texte 7 C'est le dernier ! Votez jusqu'à 18 h ce soir sur ce post

Publié le par christine brunet /aloys

Collision temporelle…

 

À peine croyable, malgré l’évidence. Là, on n’était plus au cinéma. Non, non… Ils arrivaient vraiment ! Un truc bizarre en orbite, d’étranges avions furtifs survolant à toute vitesse les principales agglomérations de la planète, ça n’avait rien d’une galéjade et ça foutait salement les jetons…

L’incrédulité avait pourtant été de mise au tout début, avec ces drôles de messages transmis en boucle par leur vaisseau et relayés par toutes les chaînes de télé et de radio. Des messages rassurants, amicaux, diffusés dans des versions vieillies de toutes les langues du monde.

Passé l’effet de surprise, le président Matron avait pris fermement les choses en mains. Il s’était adressé aux Français dans un discours solennel d’où il ressortait qu’en tant que futur dirigeant du futur gouvernement mondial - rien de moins -  il avait déjà pris contact avec les étrangers, au nom  des peuples de la Terre. 

Bien qu’un peu sceptiques car habitués aux déclarations jupitériennes du personnage, ses auditeurs, admirateurs et détracteurs confondus, durent bien se rendre à l’évidence lorsqu’il apparut qu’une délégation des ces nouveaux arrivants était bel et bien attendue à l’Élysée. 

Ce jour-là, Matron et Lastex, son Premier ministre, se tenaient debout derrière une des hautes fenêtres du premier étage de  l’ancien hôtel particulier de la rue du Faubourg-Saint-Honoré,  surveillant discrètement  la pelouse du palais de l’Élysée où devait avoir lieu l’atterrissage de l’engin amenant les plénipotentiaires. 

Lastex ôta ses lunettes et, histoire de dissimuler sa nervosité, entreprit de les nettoyer consciencieusement tout en se  tournant vers Matron.

« Heu… ne devrions-nous pas descendre afin d’être prêts à les accueillir ? » suggéra-t-il prudemment.

« Tu plaisantes ? » s’étonna sincèrement le président en pointant un menton autoritaire. « Attendons plutôt qu’ils arrivent et laissons-les mijoter un peu pendant que quelques sous-fifres leur annonceront que je m’apprête à les recevoir !

-  Ah… Oui, oui, bien sûr ! Mais peut-être qu’alors, un ou deux sénateurs, même si le Sénat n’a pas été consulté…

- Ah là, c’est carrément de l’humour ! s’esclaffa Matron. Je n’allais quand même pas leur demander leur avis ? Pourquoi pas l’Assemblée nationale, tant que tu y es ? »

Puis ils s’interrompirent en entendant un sifflement allant crescendo. Lastex replaça ses lunettes sur son nez et pointa du doigt une espèce de gros ballon qui, décélérant rapidement, se posa ensuite lentement au milieu des jardins.

Les membres du comité d’accueil réduit s’approchèrent prudemment de la grosse boule opaque posée sur ses quatre pieds articulés. Le président et son Premier ministre, quant à eux, retinrent leur souffle pendant qu’une porte s’ouvrait toute grande sur un côté du bizarre engin. 

Ils n’en crurent d’abord pas leurs yeux en voyant débarquer des personnages empanachés et portant perruque, à la démarche lente et majestueuse, et dont l’accoutrement les désignait comme arrivant tout droit de l’époque de Louis XIV !

Lastex, estomaqué, bouche bée, demeurait subjugué par la toilette des femmes, leurs coiffures d’une incroyable excentricité, leurs longues jupes de brocarts d’or surchargées de dentelles et de passementeries. 

Matron, de son côté, au comble de l’incrédulité, n’arrêtait pas de secouer la tête en observant les chapeaux à plumes des hommes, leurs jabots de dentelles, pourpoints, baudriers,  hauts-de-chausses et bas de soie. Des gens de cour avançant cérémonieusement, un pas après l’autre, dans leurs souliers à talons garnis de rubans. 

Reprenant peu à peu ses esprits, il se tourna vers son Premier ministre.

« Tu crois que ces cons pourraient être venus de si loin pour se foutre de nos gueules ? » demanda-t-il d’une voix où perçaient la frustration et la colère.

« Vous m’en demandez trop, monsieur le président… » répondit Lastex, ennuyé. « Qui oserait ? Oui, qui oserait faire preuve d’une telle inconvenance à votre égard ? Même originaire d’une autre planète ?  Non, inimaginable, ce serait aller trop loin… 

- Descendons tout de suite voir de près ces rigolos ! » décida Matron en bombant le torse.

En les apercevant au bas du perron, un de ces loufoques personnages, sans doute le chef de la délégation, s’avança en martelant le sol de sa canne à pommeau d’argent et, arrivé devant les deux hommes, s’inclina respectueusement en ôtant et agitant largement son chapeau.

« Je me fais une grande joy de connoistre enfin Vostre Majesté que je salue très humblement ! » déclara-t-il avec emphase. « Et je vous dirai, s’il Luy plaist de m’entendre, mon admiration pour Sa très grande Gloire et la forte implication qu’Elle donne aux affaires de son Estat… »

Matron, ébahi quoique flatté, se pencha à l’oreille de Lastex.

« Qu’est-ce que c’est que ce galimatias ? Et ce putain d’accent du terroir ? » chuchota-t-il. Puis, d’une voix autoritaire : « Qu’on aille me chercher la ministre de la Culture ! 

  - Je suis là, je suis là, Sire, heu… monsieur le président ! » répondit Rosine Batelot qui se trouvait justement derrière eux. « Permettez-moi de vous aider… »

Un dialogue s’établit alors rapidement en vieux français entre la ministre de la Culture et ces extravagants visiteurs, dialogue d’où il ressortit très vite que ces derniers étaient tout aussi surpris et gênés que l’était le locataire potentiellement à vie de l’Élysée.  

Et l’on commença à subodorer l’alpha et l’oméga de toute cette histoire lorsque Rosine Batelot expliqua que ces humanoïdes incroyablement évolués avaient capté par hasard, depuis leur propre planète, des images de la vie sur Terre au dix-septième siècle... 

« Comment ça ? Comment ont-ils pu recevoir ces images alors que la télé n’était pas encore inventée ? » fit judicieusement observer Matron à qui on ne racontait pas de faribole.

« Ils n’utilisent pas les ondes radio. Les ondes lumineuses leur suffisent, et elles se diffusent partout à la vitesse que l’on sait. Ce qui fait que, plus on regarde loin dans l’espace, plus on regarde loin dans le temps, Votre Excellence, heu… monsieur le président ! » précisa la ministre qui avait de la culture. 

« Mais les éléments sonores, hein ? Le son, quoi ! 

- Des techniques incroyablement élaborées leur auraient permis de le reconstituer et d’apprendre ainsi, entre autres langues, le français de l’époque ! » 

Elle fit signe à Varan, le ministre de la Santé qui se pointait avec un masque sur le nez, de ne pas l’interrompre, comme il en manifestait visiblement l’intention.

« Puis, décidant alors d’une petite visite pour achever de satisfaire leur curiosité, poursuivit-elle, ils se sont tout naturellement vêtus à la mode de nos ancêtres avant d’embarquer pour un voyage assez rapide via ce qu’ils ont appelé une torsion de l’espace, ou un truc comme ça. Bon, là, je n’ai pas tout compris… Mais les choses avaient évidemment un peu changé chez nous entre-temps ! 

- Un trou de ver… » intervint Lastex sur un ton pontifiant. « Votre torsion de l’espace, on appelle ça un trou de ver !

- Si vous voulez… » répondit Rosine, un peu vexée. 

« En tout cas, trou de ver ou chas d’une aiguille, ils sont là et bien là, avec leurs plumes et leurs fanfreluches ! s’énerva un peu Matron. On en fait quoi, maintenant ? »

Varan, tirant sur son masque, s’approcha.

« Attention, monsieur le président… Sont-ils au moins vaccinés ?

- Ah, vous, foutez-moi la paix avec vos conneries, hein ! Il y a gros à parier qu’ils n’ont pas besoin de vos conseils…

« Alors, si j’osais vous suggérer, monsieur le président…

- Ouais, enfin, vos suggestions, jusqu’à maintenant… » répondit Matron avec un haussement d’épaules. « Mais allez-y quand même…

- Vous avez compris que ces gens voyagent incroyablement vite… Alors, pour assurer définitivement votre réélection, imaginez une seconde que vous, entre tous les chefs d’État, soyez officiellement invité sur cette planète éloignée ! Tenez, si ça se trouve, vous pourriez peut-être faire l’aller-retour dans la journée !

- Je crois discerner où vous voulez en venir, mon petit Varan… » répondit Matron en se caressant le menton, soudain intéressé. 

Les négociations ne durèrent pas longtemps et Matron, le port royal, accompagné de sa petite troupe de courtisans extra-terrestres, monta à bord de l’engin qui décolla et… ne revint pas.

Ce qui explique aujourd’hui la soudaine disponibilité, pour un nouveau candidat, du trône de l’Élysée. 

 

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Concours : "Catastrophe, les envahisseurs approchent !" Texte 6

Publié le par christine brunet /aloys


Les orphelins


Fendant les sombres flots de mers enténébrées
Vos arches franchissaient des gouffres insondables
Et vos regards hautains embrassaient des nuées
De mondes décadents et de peuples minables,
Quand, jaillissant d’un pli de l’espace et du temps
Dans notre ciel piqué de fleurs d’éternité,
Soudain resplendissants, vos vaisseaux arrogants
Battirent le rappel des nations apeurées.

Échoués sur nos grèves, naufragés comme Ulysse
Dont la nef éprouvée par des remous furieux
Avait été jetée dans de vastes abysses,
Démiurges ombrageux, géants talentueux,
Vous veniez nous conter le spectacle dantesque
D’astres étincelants dans leurs limbes fumeuses,
Lançant leurs langues d’or, en folles arabesques,
Pour noyer de lumière d’opaques nébuleuses…

Vous aviez contemplé du haut de votre ennui,
Par delà Capella, au large d’Orion,
Ce rougeoyant creuset, dans un coin de nos nuits,
Concoctant la folie des civilisations,
Les stellaires beautés qui cachent la laideur
Des foyers moribonds, des soleils rabougris
Qui s’enfoncent sans fin dans des fosses d’horreur
Où errent à jamais les mondes engloutis.

Puis, vos voiles gonflées d’un vent mystérieux,
La proue de vos croiseurs tournée vers d’autres ports,
Repoussant, méprisants, nos prêtres obséquieux,
Vos cyniques adieux scellèrent notre sort
Quand, sourds à nos soupirs, votre dédain profond
Imprima dans nos âmes un amour frelaté,
Et l’atroce amertume du mortel abandon
D’un cosmos déserté par nos divinités.

Dominant les vallées, tutoyant les nuages,
Depuis, toujours plus haut, nos vaniteuses tours
Grimpèrent à l’assaut du récurrent mirage
De ces fanaux lointains qui nous fuyaient toujours.
Juchés sur le sommet d’immenses pyramides
Nous durcîmes nos cœurs en de vains sacrifices,
Crucifiant à jamais, sous les cieux impavides,
Les fils de nos filles, les filles de nos fils.
 

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