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"Et si 2012 voyait la fin de l'humanité ?" ... Texte 2

Publié le par christine brunet /aloys

ROUGE CHLOROPHYLLE

 

N’es-tu point lasse, ma sœur ? Je le suis, moi.

Si je… Quoi ? Je ne prie pas, non. Ne sois pas stupide ! Non, tu vois, je suis simplement assise, là, en tailleur, sur un rocher, et ce depuis des heures, et des heures… Et des mois !

J’écoute le bruit de l’eau qui coule, en une majestueuse cascade, qui va nourrir le fleuve, bien plus bas. Et même si ce bruit est passablement tonitruant, il m’apaise… Il est pur. Si pur. Merveilleusement pur dans toute sa puissance.

Chut ! Écoute cela… C’est beau, n’est-ce pas ?

Chut ! Ça me rend… malade ! Il y a cette colère, sourde, là, en moi. Cette… haine !!! Prête à exploser, comme le Pinatubo ! Peut-être ont-ils raison, au final ? La terre a tout donné. Tout. Et de l’eau, et du bois, et le feu… (Pas le feu, exact). Des fruits, les animaux… Et tous ces cadeaux eussent dû suffire mais non ! Non, ma sœur. Ceux de leur espèce, les mâles ! Ces stupides singes arrogants ! Ils en ont voulu toujours plus ! Et des armes ! Et des chars ! La bombe H ! Ils ont… Ils ont piétiné les fleurs !

Mes jolies petites fleurs… Mes arbres… Mes forêts… Je ne pleure pas, non !!!

Mégalomanie, oppression… Toujours plus de pouvoir… Corruption. Ils ont piétiné la vie, leurs frères, pour toujours mieux piétiner la nature.

(?) Ils ont stigmatisé les différences, tout à fait. Le profit ! N’en parlons pas ! Tu as raison. Stupides singes… Ils ne respectent rien. Ni personne. Ma pauvre Amazonie !…

Ils ont éventré la Terre, ils ont pollué les mers, ils ont fait un trou énorme, dans le ciel.

Alors, ils ont peut-être raison. Je suis lasse de tout cela. Je ne me dresserai pas sur la route de nos frères, non. S’ils ont pris leur décision, qu’il en soit ainsi. Non, je resterai assise, là, en tailleur, sur ce rocher. Qu’ils engloutissent les hommes dans les entrailles de la Terre ! Qu’ils les brûlent, tous, sans exception ! Que la planète vomisse sa lave sur les gouvernements corrompus ! Qu’ils fassent monter les eaux ! Qu’ils libèrent… le Kraken ! Qu’ils laissent exploser la foudre ! Je m’en moque ! Peut-être, même, que je les aiderais. Ou prendrais les commandes… Car ce n’est pas très gentil de provoquer mère Nature !

 

Quelques mois plus tard, en Allemagne, Angela se réveilla d’un long coma dans sa chambre d’hôpital psychiatrique. Il lui fallut plusieurs dizaines de minutes avant de réaliser qu’elle était là, toute seule, abandonnée. Personne ne répondant à ses appels.

Elle se mit péniblement sur son séant, puis se leva, titubant, arrachant, au passage, ses perfs. Elle arpenta le long couloir vide, où le silence n’était rompu que par les ampoules qui

grésillaient. Elle trébucha sur un livre, sans doute oublié par un mioche. Il s’agissait d’un exemplaire du Petit Nicolas, qu’elle piétina hargneusement.

Dehors, un bien étrange spectacle s’offrit à ses yeux pas encore bien réhabitués à la lumière du Soleil : la nature avait presque entièrement repris ses droits. Le monde redevenait sauvage. Des squelettes de voitures et d’autocars pourrissaient, comme de vulgaires carcasses de gnous et d’éléphants dans la savane. Des réverbères, des kiosques, se dressaient encore, désormais insolites, comme les immeubles, envahis par les racines et les lianes.

Tout en explorant ce monde perdu, Angela remarqua des tracts collés un peu partout sur des panneaux d’affichage : « Paco Rabanne prédit la fin du monde pour le 26 décembre 2012 ». Étrange. Mais Angela continua sa marche, et se prit un journal en pleine face. Elle s’en saisit pour regarder les gros titres :

« Bilan 2012 : 4 avril : inquiétante montée des eaux ; Venise anéantie ! 6 mai : l’image choc d’une SDF, morte en serrant son enfant dans ses bras devant le Bundestag, fait le tour du monde. 12 septembre : réveil des volcans éteints ; la foudre tombe du ciel sur les résidences officielles présidentielles, les sièges de l’Otan, de l’ONU, et sur toutes les bases militaires. La fin du monde serait-elle à nos portes ? 12 décembre : déjà plusieurs milliards de morts ; les plantes ont envahi le monde et anéanti les hommes. Retour de manivelle ou… vengeance divine ? Ceci pourrait bien être notre ultime publication ».

 

25 décembre 2012, population mondiale : 1.

 

Angela chiffonna le journal et le jeta. Après quelques heures à, tour à tour, trembler de peur et se féliciter d’être la nouvelle Ève en ce nouvel éden, elle entendit un bruit strident semblant provenir du ciel. Elle s’immobilisa, se retourna, et leva des yeux hébétés de bovin. « Fais chier » murmura-t-elle. Et le fragment d’une quelconque station spatiale la pulvérisa…

 

26 décembre 2012, population mondiale : 0

 

– Non, mes frères, ne détruisez pas la Terre, exigea Déméter. Je vous ai aidés et vous l’avez eue, votre partie d’Apocalypse… Je veux, maintenant, mon paradis vert ! La Terre n’était pas responsable de l’arrogance destructrice des hommes ! Leurs armes… Leurs usines. Leur pétrole ! La politique ! Tant pis pour eux. Au tour des fleurs et des plantes de régner.

– Car ce n’était pas très gentil de provoquer mère Nature, répondit Zeus, amusé. Soit, ma sœur, si tu veux… Bien ! Qu’allons-nous faire, à présent, sans nos jouets ? Une idée ?

Publié dans concours

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" Et si 2012 voyait la fin de l'humanité"... Texte 1

Publié le par christine brunet /aloys

Le jour où ça craquera
Je veux être dans tes bras 
*

 

 

« Quand, à force de n'y pas croire,
Notre monde explosera,
Quand se fera la nuit noire
Je veux être dans tes bras.
Au diable ces lois trop grandes
Qui de nous, disposeront,
Moi, simplement, je demande
Que ça ne soit pas trop long. »

 

Leur sommeil avait été agité, peuplé de rêves étranges que l’aube sale peinait à dissiper. Saisis d’une irrépressible angoisse métaphysique devant la vertigineuse solitude d’un monde vidé de son humanité, ils osaient à peine se regarder.

« Tout bien pesé, je crois que j’aurais préféré y passer tout de suite… » murmura-t-elle en se massant douloureusement l’estomac.

Il opina sans un mot, un bras passé autour des épaules de sa compagne dont le délabrement physique aurait nécessité les soins les plus urgents. Il se demanda combien de temps elle aurait pu espérer survivre. Et lui-même qui, rongé tout comme elle par l’incessant bombardement des particules de haute énergie, s’efforçait sans succès de faire semblant d’être à peu près en forme.

Survivre… Il faillit éclater de rire devant l’absurdité d’une telle idée. Ne vivaient-ils pas les derniers jours du monde ? Et, suivant en ceci leur propre choix, leur tout dernier jour ? Il vérifia la présence, dans sa poche, du précieux tube de pilules. Tout ça n’avait plus aucun sens…

 

Il se remémora des pans entiers de leur insouciante jeunesse. Le temps du bonheur, les jours heureux. Et la fin des jours heureux.

Après la chute du rideau de fer, on avait pourtant bien cru y avoir échappé. Et la dissémination sournoise des armes de destruction massive n’avait pas fait ressurgir l’inquiétude que l’on aurait dû légitimement éprouver. Jusqu’à ce que, de façon inattendue, le spectre de la guerre atomique refît son apparition.

Israël, las des tergiversations du gouvernement des Etats-Unis,  avait pris l’initiative d’une première frappe sur l’Iran. De façon indépendante mais bizarrement concomitante, l’Inde avait attaqué le Pakistan, dévastant Islamabad et pulvérisant les silos de missiles nucléaires.

Les pays arabes avaient réagi en décrétant un embargo total sur le pétrole destiné aux pays occidentaux, provoquant une attaque de grande envergure de l’armée américaine au Moyen-Orient. Russes et chinois avaient lancé un ultimatum resté sans effet.  La situation internationale s’était très vite dégradée.

Puis tout s’était déchaîné…

 

Une ultime folie destructrice s’était emparée des hommes. L’humanité ne venait-elle pas, au fond, d’accomplir son inéluctable destin ? Levant les yeux vers le ciel qui s’assombrissait, il la serra plus fort contre lui. Elle pleurait doucement, à petits hoquets réguliers.

Il essuya de l’index les larmes qui coulaient sur ses joues creuses. Son pauvre visage déformé par la souffrance. Il se pencha pour chantonner contre son oreille un refrain des années soixante. Un succès populaire qu’elle avait bien aimé.

Elle renifla, puis le regarda en souriant faiblement.

« Ce sera bientôt terminé… » chuchota-t-il tendrement. « Réjouissons-nous de tout ce que nous avons eu la chance de connaître. Toutes ces années de bonheur qu’aucun Docteur Folamour ne pourra jamais nous voler ! »

Il vida la moitié du tube dans la paume de sa main et lui tendit le reste. D’un geste machinal, elle en fit autant. Puis, comme s’il s’agissait de quelque chose de tout à fait banal, ils avalèrent le tout presque en même temps.

Sans qu’ils s’en rendissent compte, la résignation avait peu à peu succédé au désespoir. Ils allaient en finir ensemble.

 

« Aujourd'hui, tu dois me croire,
C'est pour toi que je vivais,
En attendant la nuit noire
Ne me quitte plus jamais.
Je ne veux plus penser même
Qu'il y avait un ciel bleu,
Je souhaite à tous ceux qui s'aiment
De mourir comme nous deux. »

 

 

* Chanson d’Anne Sylvestre

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Nouvelle mystère parue dans la revue... Mais qui l'a écrite ????

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

la-revue1.jpg

 

 

CONTE D’HIVER

 

 

Réveillez-vous Seigneur Hiver !


Votre ami Blizzard frappe à la porte de votre château.  Bise l’accompagne, pour vous ramener ici d’un baiser piquant sur vos lèvres gelées.


Venez, Sire, votre règne est arrivé !


La dernière feuille a été emportée par les vents de Dame Automne.


Le sol s’est refermé et est entré en méditation.


Réveillez-vous Seigneur Hiver !


Sortez de vos coffres les neiges immaculées, polissez les glaces, affûtez les vents, convoquez les tempêtes, vérifiez les éclairs, ne laissez rien aux mains de l’incontrôlable Hasard , ce troubadour faiseur de pétards mouillés et de vents qui tournent mal.


Que votre règne soit impitoyable !  Et que jamais ne parviennent à vos royales oreilles les mots offensants :  «  L’hiver est doux cette année ».

 

Prenez, Majesté, les clés que Blizzard a arrachées des mains de votre cousine, la reine Automnia.   Regardez-la s’enfuir épouvantée, dans son carrosse aux couleurs rutilantes…


Les bruits de couloirs glacés vous conteront, Sire, que votre cousine s’est laissée séduire par un bel été indien… écoutez les portes qui claquent vous raconter qu’il y eut plus de soleil que d’ondées, plus de chants d’oiseaux que de bises mouillées…


Ridicule !  dites-vous ?


Il semblerait pourtant, selon mes sources encore vives, que ce fut très apprécié par toutes les créatures vivantes…


Lors de vos inspections des forêts, chaque craquement de bois vous contera les charmants détails de cette idylle , vantera le charme de cet indien qui a embrasé les rousseurs de sa belle…


Non, non, ne me raccompagnez pas, Sire,  je sors ! 

 

 

point d'interrogation

 

Publié dans concours

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Texte n°9 concours "Si l'hiver m'était conté"

Publié le par christine brunet /aloys

Il avait des cheveux blonds, mon guide…

 

« La place Rouge était blanche,
La neige faisait un tapis,
Et je suivais, par ce froid dimanche,
Nathalie »

Non… Ça, c’était le jour où on l’avait mis dans le convoi  qui devait l’emmener au Goulag. Un dimanche, effectivement, vers la fin décembre. Et puis, ce n’était pas Nathalie, c’était… Quelle importance ? Une garce du NKVD. Chapka bien enfoncée sur la tête, chaudement emmitouflée dans son uniforme fourré. Pendant que lui, insuffisamment vêtu et mal nourri, dans la poudreuse jusqu’aux chevilles, suivait en claquant des dents. Mais il n’avait pas fini de grelotter…

Le vieux bonhomme s’approcha de la vitre en claudiquant légèrement. Il n’avait jamais pu recouvrer une démarche normale après l’amputation de ses orteils gelés. Mais enfin, il était encore là pour l’évoquer. Ils étaient si nombreux à n’avoir pas eu autant de chance…

Il essuya de sa main ridée la buée qui lui masquait la vue sur le parc et le sapin artistiquement illuminé, juste sous les fenêtres de la maison de retraite. Puis il ferma la radio d’un geste sec avant de retourner s’asseoir. Il resta là, le regard dans le vague, le dos frileusement appuyé contre le poêle en faïence.

Pourquoi diable cette chanson, plutôt mièvre au demeurant, devait-elle lui faire à chaque fois un pareil effet ? Pas grand-chose à voir avec sa propre malheureuse expérience… C’était pourtant comme si elle avait le pouvoir maléfique de faire ressurgir tout ce qu’il aurait souhaité pouvoir oublier.

Le travail éreintant au milieu des bouleaux craquants de givre. L’insupportable morsure du froid. La faim tenace. Le sadisme des gardiens, au mieux leur indifférence. Et Nathalie.

Non… Son guide à lui, celle à qui il devait d’être encore en vie, c’était Tatiana. Une « zek », comme lui. Blonde. Oui, il s’en souvenait parfaitement. Mais pas de tresses. Non. Les cheveux courts sur la nuque. Et affreusement pâle, les joues creusées par la fatigue et les privations. Pourtant capable de partager avec lui le peu qu’elle avait pu voler dans les cuisines du camp.

Mais… Ne percevait-il pas toujours cette rengaine ? Assourdie quoique encore trop bien audible !. Un résident qui écoutait la même station, dans la chambre voisine… Des paroles maintes fois entendues, s’insinuant à travers les murs, insistantes, moqueuses. Comme le rire sardonique du destin…

«  La place Rouge était vide,
J'ai pris son bras, elle a souri.
Il avait des cheveux blonds, mon guide,
Nathalie, Nathalie... »

Oui, à la fin, il s’était retrouvé seul avec elle. Non, pas sur la place Rouge, mais dans le local à demi enterré faisant office de morgue. Là où l’on entassait, chaque jour de ce terrible hiver, les cadavres raidis par le gel.

Il était resté longtemps près d’elle, la main posée sur son bras. Et, oui, il se souvint qu’elle souriait. Du moins l’aurait-il juré. Un sourire éternellement figé par la mort.

Le vieil homme ferma les yeux. Combien d’hivers encore ? La chanson se terminait…

«  Que ma vie me semble vide !

Mais un jour, au paradis,

Je sais que tu seras mon guide

Nathalie, Nathalie... »

 

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Texte n°8 pour le concours "si l'hiver m'était conté"

Publié le par christine brunet /aloys

Si l’hiver m’était conté...

 

Décembre !  Une pluie verglacée martèle le carreau. Je vais y tremper ma plume afin de dépeindre l’hiver qui a déjà lacéré, de ses griffes aiguisées, le bel automne doré. C’en est fini des aurores rayonnantes et des crépuscules sanglants. De plus en plus, la nuit s’étire voluptueusement sur le jour, le recouvrant de ses voiles sombres.                                                                                                                                                                                                                Au dehors, le vent souffle en tempête et balaye tout sur son passage. Voici les longues soirées embaumées du parfum des châtaignes grillées sous la cendre et où, pour braver l’ennui, je plonge entre les pages d’un bon livre.

Enfin Noël! Cet instant magique qui magnifie l’éternel combat pour la renaissance de la lumière : Sol Invictis !

Des millions de papillons blancs se sont posés sur terre. Il a neigé ! En une nuit, ce monde de grisaille s’est transformé en un lieu féerique et glacial où une rose vermeille, rescapée de toutes les tourmentes, s’est confite de givre sous l’âpre baiser de l’hiver.

Les lettres se figent sur la pointe gelée de mon stylo. A la chaleur de la lampe, elles coulent sur la feuille blanche, glissent, s’entrelacent et composent des mots. Des étoiles de givre apparaissent à la fenêtre, constellations aux couleurs irisées, inconnues des astronomes. J’ai froid ! Le temps semble s’être arrêté. Un nouveau monde est né du souffle transi de janvier. Royaume étrange dont le roi est ce bonhomme de neige qui trône, là-bas, dans le jardin...

Dans l’aube violacée, la campagne ressemble à une planète inexplorée où seules les empreintes de mes pas restent imprimées dans la neige. Une corneille s’envole et brise le silence de son croassement sinistre. A cet instant, le vent emporte des vaguelettes de poudreuse cinglante qui font bruire les tiges séchées du bord des fossés.                                                                                                                        Les perce-neige ont cassé la croûte de neige givrée et pointé le bout de leur nez bleui de froid. Dans la mangeoire, une ribambelle de mésanges, rouges-gorges et autres passereaux picorent des graines de tournesol.

Une odeur de crêpe flotte dans la cuisine! Les jours s’allongent. De plus en plus souvent, un pâle rayon de soleil caresse la terre et fait fondre la neige.

Dans la douceur de mars, l’hiver se meurt. Son coeur de glace se dissout en gouttes d’eau limpide et il expire dans le murmure cristallin du petit ruisseau qui serpente parmi les prés reverdis !

Mais, hélas, mon encre sympathique s’est évaporée dans l’air tiède d’une belle journée !

 

 

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Texte n°7 pour le concours "si l'hiver m'était conté"

Publié le par christine brunet /aloys

Neige jamais su.

 

Racontez-moi vos neiges éternelles

Et vos sommets aux sourires diaphanes

Ces paquets de cristaux de froids et de gels

Déballés et soufflés

De plaines en montagnes

Moi l’anonyme qui ne respire ces blancheurs

Que par le papier glacé.

 

Racontez-moi ces harpons ces sueurs

Que des hommes habillés d’amitié

Elancent sur ces hauts voyages

Immortels héros honorables guetteurs

Des sommets de neige paysages

Animés d’un tout.

 

Et de là-haut vos visages

Aux sourires éternels

Se cristallisent.

Voyageurs de l’hiver vos escalades

Seraient-elles

Une vie en plus d’une vie

En plein cœur de l’hiver ?

 

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Texte n°6 concours "Si l'hiver m'était conté"

Publié le par christine brunet /aloys

VOIR SANS ÊTRE VU ?

 

L'hiver était la saison préférée de Léa, quatre-vingts ans. Non pas qu'elle aimait la froidure, les sols verglacés et les journées courtes. Non, elle appréciait cette saison parce que les arbres dénudés lui permettaient d'observer à loisir ce qui se passait chez les Laud, ses jeunes voisins. Pour mieux observer, Léa avait acheté une paire de jumelles qu'elle utilisait sans réserve. Et comme Les Laud fermaient rarement les tentures de leur living et de leur cuisine…. Et comme ils aimaient les éclairages puissants…. Leur maison était située derrière celle de Léa. Ils avaient sacrifié une partie du jardin pour y construire ces deux pièces contiguës.

 

Noël approchait, il était dix-sept heures. Dans le coin salon, Rudy Laud tentait de placer le sapin dans un seau. Alix, son épouse, l'aidait comme elle pouvait en maintenant l'arbre, tandis que Jules, leur gamin, courait autour d'eux. Dans son élan, le gamin renversa une grande boîte contenant des accessoires de décoration. Rudy cessa de remplir le seau de sable pour donner une claque sur les fesses de son fils. Alix lâcha le sapin qui tomba sur le sol. Elle gesticulait tandis que son mari s'était mis à arpenter la pièce. L'enfant se réfugia dans les jupes de sa mère qui le serra contre elle et finit par lui donner un bisou.

 

En septembre, Léa avait entendu Rudy expliquer calmement à son fils que s'il écrasait une fleur, elle ne repousserait pas. Le film de cette claque inattendue, Léa se le repassa plusieurs fois.

 

Puis elle se souvint d'autres Noël, de boules cassées, de la nervosité de son époux qui n'arrivait pas à démêler les guirlandes électriques. Chez elle, ça se terminait par des fous rires avant que, par miracle, la guirlande trouve la place voulue et fonctionne !

 

Soudain, les lumières s'éteignirent chez les Laud. Pourtant, l'éclairage public fonctionnait. Léa tourna la tête. Dans son hall, la veilleuse était éclairée. Il ne s'agissait donc pas d'une panne générale. Elle attendit… Pourquoi diable Rudy n'allait-il pas réenclencher le fusible probablement sauté ? Léa attendit encore. De guerre lasse, elle déposa les jumelles sur l'appui de fenêtre et s'assoupit.

 

Un coup de klaxon la réveilla. Devant elle, le living des Laud était éclairé. Elle prit ses jumelles : Tout était rangé, le sapin décoré et Jules était attablé à côté de sa mère. Dehors, dans le forsythia, une guirlande lumineuse. Rudy, qui fumait une cigarette dehors, lui adressa un grand signe de la main. Elle se croyait invisible, elle ne l'était pas !

 

Plus que tout, Léa s'en voulait de ne pas savoir ce qui était arrivé. L'hiver, elle dormait plus qu'à la belle saison et elle n'était pas sûre de n'être pas, un jour ou l'autre, à nouveau victime d'un endormissement indésirable. Elle se mit alors à moins aimer l'hiver.

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Texte n°5 pour le concours "si l'hiver m'était conté"

Publié le par christine brunet /aloys

Si l’hiver m’était quoi ? Conté ?

Faire de la luge, du ski. Des bonshommes de neige. Sentir ses bottes s’enfoncer dans la matière, se balader au milieu des sapins, ou glisser sur un lac gelé, pourquoi pas ? Tout cela doit être bien agréable, en vérité.

Si l’hiver m’était conté, je choisirais l’hiver 1985.

Noël 1985.

Le tout dernier où nous fûmes réunis. Grand-père et grand-mère étaient là. Et toute la famille. Du moins, les membres de la famille ayant l’esprit de famille. Chaque famille a ses gros cons, et ses Moi je. Ça va de pair, bien souvent. Mais ne dévions pas du sujet.

L’hiver, pour certaines personnes, incarne le froid, les journées trop courtes, et uniquement cela, et c’est bien triste. Si jamais je me montrais dogmatique, pardonnez-moi… Je trouve simplement triste d’associer l’hiver et la morsure du froid et… point à la ligne. Une rose n’a-t-elle pas d’épines ? Elle est belle, pourtant.

L’hiver, c’était la pureté. Il reste le fantasme d’une innocence retrouvée. C’était la chaleur, les baisers… Les accolades vraies.

J’écris tout cela à l’imparfait, et j’ai une soudaine envie de pleurer. Si je le faisais, pardonnez-moi… Vous ne me verrez pas, de toute façon.

Si l’hiver m’était conté ; remontons à bien, bien loin, ce serait sortir de l’école et faire exprès de ne pas avoir fermé mon blouson, juste pour le plaisir de laisser faire maman, et l’entendre s’écrier : « Tu vas attraper froid ! »

Ce serait retrouver mémé à la maison, et l’embrasser très fort. Pas pour le bon chocolat chaud servi au moment même de franchir la porte, et le savourer juste avant de préparer la rédaction du lendemain. Mais parce qu’elle se serait donnée cette peine, malgré ses problèmes de santé grandissant.

Si l’hiver m’était conté, ce serait rejoindre pépé dans son lit, le matin, et l’écouter raconter des histoires stupides, fantasques, mais que j’adorais, du moins avant que je prisse quelques années et devinsse un jeune con. Un jeune con avec lui, du moins…

Si l’hiver m’était conté, ce serait le vif souvenir du centre-ville, descendre y acheter les chocolats de Noël. Ce serait faire les magasins de jouets et retrouver ces yeux presque éteints depuis trop longtemps.

Parce que dans : « Si l’hiver m’était conté », il y a ce verbe à l’imparfait, qui nous rappelle que ce qui était n’est plus. Et l’hiver, autrefois si chaud, est aujourd’hui…

J’allais me dédire !

Nous sommes des adultes, alors il faut faire comme si ! Mais l’hiver demeure tiède. Irrémédiablement tiède…

Le voyez-vous, ce que je fais ? Je tombe, comme les feuilles d’automne.

Grand-père est parti un vingt-trois décembre, l’année d’après. Et si l’hiver m’était conté, ce serait ce Noël de 1985. L’hiver carillonnait. Il était là. Ils étaient là.

Depuis, l’hiver, le vrai, est en moi. Ça sonne comme un Moi je, je sais. Pardonnez-moi…

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Texte n°4 concours "si l'hiver m'était conté"

Publié le par christine brunet /aloys

LA CRÈCHE DE TANTE MARGUERITE

 

Coralie aime particulièrement le mois de décembre. Cela lui rappelle tant de bons souvenirs. Son anniversaire d'abord, la Saint-Nicolas ensuite et puis Noël.

 

Et le Nouvel An me direz-vous ? Eh bien non, Coralie ne l'aime pas. Les interminables visites chez des gens qu'elle ne connaît pas ou si peu, mais que Papa et Maman appelle Tante ou Oncle.

 

Ce premier janvier-là, pour la dernière visite de la journée, Coralie accompagne ses parents chez Tante Marguerite, une vieille femme fort acariâtre. Elle habite au premier étage d'une vieille maison située pas loin de chez eux, juste à côté de l'église. C'est toujours le même rituel, les galettes faites maison à peine sucrées et une tasse de mauvais café. Coralie se contentera d'une tasse de lait tiède… C'est toujours plus agréable que l'infâme breuvage que ses parents se forcent à boire !

 

Quelque chose inquiète quand même Coralie c'est le fait que la vieille femme, si pieuse, n'a même pas songé à mettre une crèche au pied du minuscule sapin artificiel qui décore son salon. Mais elle se garde bien de parler. Chez Tante Marguerite, les enfants ne parlent que si on les y autorise.

 

Pourtant, à son retour à la maison, elle questionne…

 

- Dis, Maman, pourquoi il n'y a pas de crèche chez Tante Marguerite ?

 

- Ah ma chérie, il ne faut jamais en parler devant elle. Elle a perdu son fils unique quand il avait deux mois. Tu sais, à l'époque, la rougeole, ça ne pardonnait pas !

 

L'explication lui a suffi. Quelques mois plus tard, début décembre, Coralie a demandé à aller rendre visite toute seule à Tante Marguerite. Ses parents ont bien sûr accepté, heureux de voir leur fille prendre cette initiative.

 

Coralie avait emporté avec elle un petit sac.

 

"Un cadeau que j'ai fait spécialement pour elle !" avait-elle dit…

 

Elle était revenue toute joyeuse, parlant peu de l'après-midi passé et ne disant rien d'autre que le plaisir de sa visite.

 

Les parents de Coralie étaient intrigués mais comme il n'y avait eu aucune mauvaise réaction de la tante, ils n'ont rien demandé.

 

Jusqu'au premier janvier suivant… Coralie était toute joyeuse à l'idée d'aller rendre visite et avait annoncé fièrement : "Vous allez avoir une surprise !"

 

Juste à côté du sapin, il y avait une jolie crèche en carton.

 

"C'est moi qui l'ai réalisée et je suis venue la porter à Tante Marguerite qui a bien voulu l'exposer. Regardez, il y a tous les personnages !"

 

Ce jour-là, les galettes avaient meilleur goût, le café était buvable et Tante Marguerite bien plus bavarde qu'à son habitude. Il a même semblé aux parents de Coralie, que les deux complices échangeaient de temps en temps un petit clin d'œil.

 

Quant à l'enfant dans la mangeoire, il souriait…

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Texte n°3 pour le concours "si l'hiver m'était conté"

Publié le par christine brunet /aloys

DONNER, C'EST DONNER

 

Jean était pauvre, tellement pauvre que la fente de sa tirelire était recouverte de toiles d'araignées poussiéreuses. Jadis, c'était un gars qui plaisait aux filles et aux fermiers du coin. Il était fort comme un chêne et avait la main à tout, disait-on au village. Il était capable de porter un porc de plus de cent kilos et même de soulever une charrette pendant que son propriétaire réparait une roue. Puis, il y avait eu l'accident. Il était tombé en réparant le toit d'une grange. Depuis lors, il boitait et se montrait nettement moins fringuant. Il continuait pourtant à faire des petits boulots à gauche et à droite ce qui lui permettait de survivre tant bien que mal. Parfois, il aidait un vieux ou un enfant sans rien en attendre en retour.

 

Noël approchait et dans la petite maison de Jean, le cellier était quasiment vide. Comment passer un réveillon digne de ce nom avec quelques carottes, des pommes de terre, deux ou trois oignons et des noix ? Alors Jean réfléchit à quels services il pourrait proposer pour remplir sa bourse et son garde-manger. Il réfléchit, réfléchit et eut l'idée de bricoler des montages floraux pour les vendre au marché.

 

Pour cela, il lui fallait des branchages de sapin, du houx, des bouts de ruban, de la ficelle. Il collecta tout cela chez des gens qui le connaissaient bien et l'embauchaient régulièrement pour de menus travaux. Puis, il se mit à l'ouvrage…

 

Le jour du marché, il transporta dans sa vieille brouette tous ses montages jusqu'à la place de l'église où il s'installa et attendit les acheteurs.

 

"Après tout, c'est mon sapin et mon houx, je ne te payerai donc point" dit le Firmin, un riche paysan des environs venu acheter un joli montage.

 

"Ce n'est pas ton sapin, c'est le mien. Regarde comme les aiguilles sont bleutées. Jean a travaillé. Tout travail mérite salaire. Paie-le !", répliqua Mariette qui assistait à la scène.

 

Pendant ce temps-là, Jean commençait d'un geste lent à défaire le montage choisi par Firmin pour lui rendre son houx et son sapin. Il faisait cela sous le regard d'un groupe de personnes qui avaient été attirées par la grosse voix de Firmin et celle si aiguë de Mariette.

 

Du groupe s'élevèrent d'autres "paie-le !" Puis le silence se fit. Firmin et Mariette avaient le visage empourpré. Jules, le maire, qui de loin avait assisté à la scène, s'approcha. Il prit une petite branche de houx et une autre de sapin, et les tendit à Firmin. "Voilà ce que tu demandais, je crois. Décore ta maison !"

 

Firmin s'en alla en maugréant. Chacun avait un avis à donner mais plus personne n'osa s'y risquer.

 

Tous les montages de Jean lui rapportèrent un peu d'argent avec lequel il put s'offrir quelques douceurs pour fêter Noël.

 

 

 

Publié dans concours

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