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auteur mystere

L'auteur ? Jean-Michel Bernos !

Publié le par christine brunet /aloys

 

1e Couverture MML

 

256ème étage

 

 

J’avais rendez-vous avec le directeur technique, nous devions consulter les plans du gratte-ciel pour analyser la façon de réparer le système de nettoyage automatique des vitres extérieures.

 

Comme d’habitude, j’arrivai en avance. Je flânai donc un moment devant les sales et grandes baies vitrées du cinquantième étage. C’est là que se trouve le snack où je sirotai finalement un jus de pomme et avalai un beignet gorgé de sucre.

Attendant la fin de la cohue engendrée par les gens coincés par les pannes d’ascenseur, je réussis finalement à en attraper un qui montait et entrepris de rejoindre le 256ème étage, lieu de mon entrevue.

 

L’ascension interminable malgré la rapidité relative de cette cage mécanique me porta tout de même à bon port et j’entrai dans la salle de réunion.

Avec l’orage au loin et les noirs nuages jouant à cache-cache avec le bâtiment, la lumière était étrange et inquiétante. Un grand silence planait dans ce lieu si haut, si éloigné des grappes laborieuses : le dernier plateau de l’immeuble avant le toit bardé d’antennes avides d’accrocher le ciel.

 

Paul Thompson aurait du être là depuis déjà un moment. En regardant nonchalamment à travers les grands carreaux, je le vis arriver du pas décidé d’un cadre dynamique décidemment en retard. Je ne pouvais pas me tromper, car bien qu’il ressembla à une fourmi, il portait ce costume très rouge qui lui donnait toujours l’air d’un diable !

 

J’essayai bien sûr de le héler, mais ni la grande hauteur du building, ni les vitres insonorisées ne me laissèrent la moindre chance. Alors en l’attendant, je décidai de compter les étages et fis une découverte somme-toute déconcertante : Le gratte-ciel ne comportait que 255 étages ! J’essayai bien de me rassurer en imaginant que l’un d’entre-eux s’était immiscé dans un demi-palier ou que l’architecte s’était tout bonnement fourvoyé, mais je ne pus empêcher mon esprit de vagabonder dans des supputations acrobatiques. Il me fallait l’attendre, nous ferions alors la lumière sur cette étrangeté.

 

J’imaginai le rire de mon diable de Thompson me disant « Harvey Poulman, vous avez encore bu votre jus de pomme de travers ! », mais quand je choisis de sortir pour l’attendre sur le palier, je ne pus trouver trace d’ascenseur, ni même d’escalier !

 

Étais-je bloqué dans une quatrième dimension, où jamais mon Paul Thompson ne pourrait me rejoindre ?

 

« Là, un téléphone, la ligne grésille, ça marche » me dis-je en faisant lamentablement valser le combiné. Le concierge ahuri me répondit que Paul Thompson était à Philadelphie et qu’il était impossible que j’ai rendez-vous avec lui… surtout au 256ème étage d’un immeuble qui n’en comptait que 255 !

 

Je suis vraiment inquiet, aidez-moi s’il vous plait à sortir d’ici !

 

Jean-Michel Bernos

jeanmichelbernos.over-blog.fr

Publié dans auteur mystère

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Mais qui est l'auteur de cette nouvelle ?

Publié le par christine brunet /aloys

 

point d'interrogation

 

256ème étage

 

 

J’avais rendez-vous avec le directeur technique, nous devions consulter les plans du gratte-ciel pour analyser la façon de réparer le système de nettoyage automatique des vitres extérieures.

 

Comme d’habitude, j’arrivai en avance. Je flânai donc un moment devant les sales et grandes baies vitrées du cinquantième étage. C’est là que se trouve le snack où je sirotai finalement un jus de pomme et avalai un beignet gorgé de sucre.

Attendant la fin de la cohue engendrée par les gens coincés par les pannes d’ascenseur, je réussis finalement à en attraper un qui montait et entrepris de rejoindre le 256ème étage, lieu de mon entrevue.

 

L’ascension interminable malgré la rapidité relative de cette cage mécanique me porta tout de même à bon port et j’entrai dans la salle de réunion.

Avec l’orage au loin et les noirs nuages jouant à cache-cache avec le bâtiment, la lumière était étrange et inquiétante. Un grand silence planait dans ce lieu si haut, si éloigné des grappes laborieuses : le dernier plateau de l’immeuble avant le toit bardé d’antennes avides d’accrocher le ciel.

 

Paul Thompson aurait du être là depuis déjà un moment. En regardant nonchalamment à travers les grands carreaux, je le vis arriver du pas décidé d’un cadre dynamique décidemment en retard. Je ne pouvais pas me tromper, car bien qu’il ressembla à une fourmi, il portait ce costume très rouge qui lui donnait toujours l’air d’un diable !

 

J’essayai bien sûr de le héler, mais ni la grande hauteur du building, ni les vitres insonorisées ne me laissèrent la moindre chance. Alors en l’attendant, je décidai de compter les étages et fis une découverte somme-toute déconcertante : Le gratte-ciel ne comportait que 255 étages ! J’essayai bien de me rassurer en imaginant que l’un d’entre-eux s’était immiscé dans un demi-palier ou que l’architecte s’était tout bonnement fourvoyé, mais je ne pus empêcher mon esprit de vagabonder dans des supputations acrobatiques. Il me fallait l’attendre, nous ferions alors la lumière sur cette étrangeté.

 

J’imaginai le rire de mon diable de Thompson me disant « Harvey Poulman, vous avez encore bu votre jus de pomme de travers ! », mais quand je choisis de sortir pour l’attendre sur le palier, je ne pus trouver trace d’ascenseur, ni même d’escalier !

 

Étais-je bloqué dans une quatrième dimension, où jamais mon Paul Thompson ne pourrait me rejoindre ?

 

« Là, un téléphone, la ligne grésille, ça marche » me dis-je en faisant lamentablement valser le combiné. Le concierge ahuri me répondit que Paul Thompson était à Philadelphie et qu’il était impossible que j’ai rendez-vous avec lui… surtout au 256ème étage d’un immeuble qui n’en comptait que 255 !

 

Je suis vraiment inquiet, aidez-moi s’il vous plait à sortir d’ici !

Publié dans auteur mystère

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Une écriture à six mains !!!

Publié le par christine brunet /aloys

 

http://www.bandbsa.be/contes3/minchellatete.jpgEdmee-chapeauhttp://scrat.hellocoton.fr/img/classic/un-poeme-de-marcelle-paques-le-bon-pain-5689538.png

 

Voluptueusement vôtre

 

Les pensées de Giovanni le ramenaient sans cesse vers cette vision surréaliste et pourtant bien réelle, vision qui avait pénétré ses sens d’une gourmandise qui désormais le tourmentait.  Il avait conscience d’être resté tétanisé, sa vidéo caméra professionnelle à la main, la bouche entrouverte, alors que la jeune fille était tombée dans la cuve de chocolat tiède destiné à recouvrir des pralines. Elle avait poussé un cri étouffé par le plouf spongieux dans cette marée lente et sucrée dont s’échappaient l’haleine du cacao, du beurre, et d’une épice secrète. Puis elle avait ri avec ses collègues qui, hilares et agitées, lui tendaient la main en s’exclamant « Sarah ! Accroche-toi ! » et elle avait ainsi surgi de la cuve, telle une Aphrodite fondante, sa blouse de travail épousant  ses reliefs avec une délicieuse indécence, ses jambes nues laissant transparaître la peau en veinures claires sous la moire sombre qui durcissait déjà. « Ne mettez pas ceci sur la publicité ! » avait-elle plaisanté, inconsciente des pulsions dévorantes qu’elle venait d’introduire dans sa vie.

Et depuis, pas une heure sans qu’il ne goûte, en imagination, ce recouvrement chocolaté sur quelque repli de son corps moite, offert, livré à sa lente et amoureuse dégustation… Le petit bout de film où ce corps jeune et merveilleusement fait était aspiré par une succion sensuelle  dont il imaginait les saveurs, il l’avait gardé et se le projetait sans cesse, de plus en plus affamé.

Les rumeurs de cette aventure étaient parvenues jusqu’aux oreilles d’Alex Leloup, chef de production de la chaîne de télévision qui employait le jeune homme. 

Il l’avait aussitôt convoqué dans son bureau et demandé à voir le film.  Giovanni avait introduit la clé usb dans le portable directorial et avait assisté, impuissant, au trouble qui s’emparait  d’Alex.  Un silence pesant suivit la fin de la projection…  Quand leurs regards se croisèrent… leurs pupilles dilatées ne laissaient aucun doute sur l’excitation qui s’était emparée de leurs sens, balayant toute autre pensée.

Quand le boss lui demanda de convoquer la jeune fille dans son studio privé, et d’acheter de quoi remplir une baignoire de chocolat noir, Giovanni se sentit défaillir… Non, il n’allait pas laisser ce type réaliser, à sa place, le fantasme qui l’obsédait !

Etant dans l’impossibilité de refuser, sous peine de se retrouver sans emploi, il sortit la tête basse, ravalant sa rage.

Le soir venu, il fit entrer la jeune fille dans le studio où les attendait le boss, fit les présentations et voulut prendre congé.  Mais Alex lui tendit une coupe de champagne et lui dit, d’un air complice : 

- Restez donc avec nous…

 

Sarah se tourna vers Giovanni, un peu interloquée par cette mise en scène osée et chocolatée.

Elle observa amusée le visage cramoisi de Giovanni qui examinait avec un intérêt soutenu

le bout de ses chaussures.

 

Avec un sourire sibyllin elle accepta néanmoins la coupe de champagne que lui tendait le boss.

Puis, sereine et consciente de son pouvoir, elle détailla le studio sans dire un mot.

 

Alex prit enfin la parole.

  Sarah, quand j’ai visionné votre chute dans la cuve de chocolat… j’ai tout de suite pensé à l’impact publicitaire que cette séquence pourrait avoir.  Vous, la volupté du chocolat, c’est DIVIN !

Donc, vous voulez mon accord pour la publicité ?

-       

Elle souriait encore. Giovanni pensa qu’il n’avait jamais remarqué la candeur de son regard et pourtant une phrase lui trottait dans la tête depuis son entrée dans le studio…

 

«  Qu’importe l’éternité de la damnation à qui a trouvé dans une seconde l’infini de la jouissance ».

Baudelaire se dit-il balançant entre l’envie de s’enfuir ou de rester…

Eh bien en effet, votre accord et un peu de votre corps !    

Le boss avait répondu avec un aplomb qui arracha une toux horrifiée à Giovanni. « Le caméraman est prêt », dit-il encore, désignant Giovani qui assurerait un champ complet des merveilles en cours et cachait mal son émoi.  « Laissez-vous guider par votre plaisir chocolaté, tout ce que nous attendons de vous c’est du naturel et que l’on ressente toute la sensualité du chocolat. »

Son regard les analysa  l’un après l’autre et elle rit d’un air plutôt amusé. Elle termina sa coupe en émettant une sorte de ronronnement, mettant  Giovanni et le boss dans un émoi proche de la fièvre qui fit monter leur température d’un cran lorsque, déposant sa coupe vide sur le bord du bureau, elle les toisa et demanda sans hésitation :

Je dois me déshabiller ici ? 


Et sans attendre la réponse,  elle avait prestement déboutonné sa blouse de travail, enlevé sa montre et ses chaussures. Elle était parfaite. Un parfait au chocolat, pensa Giovanni, incapable de retrouver en lui un peu d’intelligence. Elle souleva une jambe lisse et claire et enjamba le rebord de la baignoire à pieds de lion pour lentement se fondre dans le liquide épais, brassant ses parfums de volupté sucrée de ses longs bras qui se couvraient divinement d’arômes et couleurs.

Accroupie, elle enleva sans sourciller son soutien-gorge et on devina, sous les coulées de lave noire, deux délicieuses pralines que la chaleur lissait et que tous les deux ne songeaient plus qu’à goûter…

La caméra tremblait dans les mains de Giovanni.  Il la fixa sur un support, sorti prestement de son sac, et enclencha le mode automatique.  Ces quelques minutes avaient suffi à Alex pour se dévêtir…

Il s’approcha lentement de la baignoire, ne quittant pas Sarah des yeux.  Elle soutenait son regard où se mêlaient défi et malice.

Il posa sa bouche sèche sur les lèvres en chocolat, les dégusta lentement, osa une main sur un petit sein noir décoré d’un bourgeon rose…  et rencontra la main de Giovanni posée sur l’autre monticule qui flottait hors de la marée aux effluves entêtantes…

La sirène ondula sous l’eau…

Son corps chaud tressaille sous les mains et ravive les passions ancestrales.

Sarah, femme enfant qui enflamme dangereusement les hommes.

Les yeux mi-clos, gémissante elle s’ébroue, parfumée et joyeuse, révélant monts et merveilles.

Tandis qu’Alex et Giovanni perdant la raison dérivent dans un océan de volupté.

Triturant, malaxant…

Mais, soudain, Giovanni n’apprécie pas ce poids sur lui qui l’oppresse, cette langue râpeuse qui explore ses épaules, une haleine fétide…

C’est le boss, il devient fou ?

Il se redresse, cela suffit !

Giovanni est en sueur, assis sur son lit et son labrador lui lèche le torse avec application.

L’esprit embrumé il se frotte les yeux, un pas dans l’escalier, sa femme entre dans la chambre.

Mon amour, c’est dimanche et je t’apporte le petit-déjeuner…

Café et petits pains au chocolat !

 

Edmée de Xhavée, Silvana Minchella et Marcelle Pâques

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Mais qui est l'auteur de cette nouvelle ?

Publié le par christine brunet /aloys

Voluptueusement vôtre

 

Les pensées de Giovanni le ramenaient sans cesse vers cette vision surréaliste et pourtant bien réelle, vision qui avait pénétré ses sens d’une gourmandise qui désormais le tourmentait.  Il avait conscience d’être resté tétanisé, sa vidéo caméra professionnelle à la main, la bouche entrouverte, alors que la jeune fille était tombée dans la cuve de chocolat tiède destiné à recouvrir des pralines. Elle avait poussé un cri étouffé par le plouf spongieux dans cette marée lente et sucrée dont s’échappaient l’haleine du cacao, du beurre, et d’une épice secrète. Puis elle avait ri avec ses collègues qui, hilares et agitées, lui tendaient la main en s’exclamant « Sarah ! Accroche-toi ! » et elle avait ainsi surgi de la cuve, telle une Aphrodite fondante, sa blouse de travail épousant  ses reliefs avec une délicieuse indécence, ses jambes nues laissant transparaître la peau en veinures claires sous la moire sombre qui durcissait déjà. « Ne mettez pas ceci sur la publicité ! » avait-elle plaisanté, inconsciente des pulsions dévorantes qu’elle venait d’introduire dans sa vie.

Et depuis, pas une heure sans qu’il ne goûte, en imagination, ce recouvrement chocolaté sur quelque repli de son corps moite, offert, livré à sa lente et amoureuse dégustation… Le petit bout de film où ce corps jeune et merveilleusement fait était aspiré par une succion sensuelle  dont il imaginait les saveurs, il l’avait gardé et se le projetait sans cesse, de plus en plus affamé.

Les rumeurs de cette aventure étaient parvenues jusqu’aux oreilles d’Alex Leloup, chef de production de la chaîne de télévision qui employait le jeune homme. 

Il l’avait aussitôt convoqué dans son bureau et demandé à voir le film.  Giovanni avait introduit la clé usb dans le portable directorial et avait assisté, impuissant, au trouble qui s’emparait  d’Alex.  Un silence pesant suivit la fin de la projection…  Quand leurs regards se croisèrent… leurs pupilles dilatées ne laissaient aucun doute sur l’excitation qui s’était emparée de leurs sens, balayant toute autre pensée.

Quand le boss lui demanda de convoquer la jeune fille dans son studio privé, et d’acheter de quoi remplir une baignoire de chocolat noir, Giovanni se sentit défaillir… Non, il n’allait pas laisser ce type réaliser, à sa place, le fantasme qui l’obsédait !

Etant dans l’impossibilité de refuser, sous peine de se retrouver sans emploi, il sortit la tête basse, ravalant sa rage.

Le soir venu, il fit entrer la jeune fille dans le studio où les attendait le boss, fit les présentations et voulut prendre congé.  Mais Alex lui tendit une coupe de champagne et lui dit, d’un air complice : 

- Restez donc avec nous…

 

Sarah se tourna vers Giovanni, un peu interloquée par cette mise en scène osée et chocolatée.

Elle observa amusée le visage cramoisi de Giovanni qui examinait avec un intérêt soutenu

le bout de ses chaussures.

 

Avec un sourire sibyllin elle accepta néanmoins la coupe de champagne que lui tendait le boss.

Puis, sereine et consciente de son pouvoir, elle détailla le studio sans dire un mot.

 

Alex prit enfin la parole.

  Sarah, quand j’ai visionné votre chute dans la cuve de chocolat… j’ai tout de suite pensé à l’impact publicitaire que cette séquence pourrait avoir.  Vous, la volupté du chocolat, c’est DIVIN !

Donc, vous voulez mon accord pour la publicité ?

-       

Elle souriait encore. Giovanni pensa qu’il n’avait jamais remarqué la candeur de son regard et pourtant une phrase lui trottait dans la tête depuis son entrée dans le studio…

 

«  Qu’importe l’éternité de la damnation à qui a trouvé dans une seconde l’infini de la jouissance ».

Baudelaire se dit-il balançant entre l’envie de s’enfuir ou de rester…

Eh bien en effet, votre accord et un peu de votre corps !    

Le boss avait répondu avec un aplomb qui arracha une toux horrifiée à Giovanni. « Le caméraman est prêt », dit-il encore, désignant Giovani qui assurerait un champ complet des merveilles en cours et cachait mal son émoi.  « Laissez-vous guider par votre plaisir chocolaté, tout ce que nous attendons de vous c’est du naturel et que l’on ressente toute la sensualité du chocolat. »

Son regard les analysa  l’un après l’autre et elle rit d’un air plutôt amusé. Elle termina sa coupe en émettant une sorte de ronronnement, mettant  Giovanni et le boss dans un émoi proche de la fièvre qui fit monter leur température d’un cran lorsque, déposant sa coupe vide sur le bord du bureau, elle les toisa et demanda sans hésitation :

Je dois me déshabiller ici ? 


Et sans attendre la réponse,  elle avait prestement déboutonné sa blouse de travail, enlevé sa montre et ses chaussures. Elle était parfaite. Un parfait au chocolat, pensa Giovanni, incapable de retrouver en lui un peu d’intelligence. Elle souleva une jambe lisse et claire et enjamba le rebord de la baignoire à pieds de lion pour lentement se fondre dans le liquide épais, brassant ses parfums de volupté sucrée de ses longs bras qui se couvraient divinement d’arômes et couleurs.

Accroupie, elle enleva sans sourciller son soutien-gorge et on devina, sous les coulées de lave noire, deux délicieuses pralines que la chaleur lissait et que tous les deux ne songeaient plus qu’à goûter…

La caméra tremblait dans les mains de Giovanni.  Il la fixa sur un support, sorti prestement de son sac, et enclencha le mode automatique.  Ces quelques minutes avaient suffi à Alex pour se dévêtir…

Il s’approcha lentement de la baignoire, ne quittant pas Sarah des yeux.  Elle soutenait son regard où se mêlaient défi et malice.

Il posa sa bouche sèche sur les lèvres en chocolat, les dégusta lentement, osa une main sur un petit sein noir décoré d’un bourgeon rose…  et rencontra la main de Giovanni posée sur l’autre monticule qui flottait hors de la marée aux effluves entêtantes…

La sirène ondula sous l’eau…

Son corps chaud tressaille sous les mains et ravive les passions ancestrales.

Sarah, femme enfant qui enflamme dangereusement les hommes.

Les yeux mi-clos, gémissante elle s’ébroue, parfumée et joyeuse, révélant monts et merveilles.

Tandis qu’Alex et Giovanni perdant la raison dérivent dans un océan de volupté.

Triturant, malaxant…

Mais, soudain, Giovanni n’apprécie pas ce poids sur lui qui l’oppresse, cette langue râpeuse qui explore ses épaules, une haleine fétide…

C’est le boss, il devient fou ?

Il se redresse, cela suffit !

Giovanni est en sueur, assis sur son lit et son labrador lui lèche le torse avec application.

L’esprit embrumé il se frotte les yeux, un pas dans l’escalier, sa femme entre dans la chambre.

Mon amour, c’est dimanche et je t’apporte le petit-déjeuner…

Café et petits pains au chocolat !

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Histoire Loup-Phoque... Une histoire de Jean-Michel Bernos !

Publié le par christine brunet /aloys

 

JMB Recentree

Histoire Loup-Phoque

 

Quand ma femme gardait des enfants, je me régalai à leur faire des tours.

 

Au début ils pleuraient pensant que je leur voulais quelque mal, mais ils finissaient très vite par comprendre que le crochet à la cave n’était pas là pour y pendre les gamins dissipés ou que la momie du château n’était qu’un pauvre vieux qui faisait sa promenade journalière. Même la main surgissant par la fenêtre pour les emporter quelque part sur orbite n’était qu’une pure invention !

 

Cela dura un temps, puis ils finirent par me dire d’un air nonchalant :

« Pfeuhhh… c’est une blaaaague ! »… Alors je commençais à leur chanter des comptines ou les emmener au parc, mais ça m’ennuya très vite !

Il fallait rapidement que j’imagine quelque chose.

 

Durant un moment, ils trouvèrent tous seuls le moyen de se divertir en faisant le petit train jusqu’à l’école. C’était rigolo, tout le monde ne suivait pas à la même vitesse et très souvent il déraillait sous les yeux attendris des passants qui disaient : « qu’est-ce qu’ils sont sages ces enfants ! ».

 

Je leur faisais même des petits tas de bâtons avec lesquels ils fabriquaient des cabanes pour les fourmis. Ces dernières s’y sentaient tellement bien qu’elles commencèrent à bouffer mes plantes par la racine – Alors évidemment je cherchais à me venger.

 

Je devais trouver quelque chose de plausible qui puisse les embarquer au pays de nulle part… où tout est vrai, où le rêve embellit les choses et les rend étranges et merveilleuses.

 

L’un des gamins avait un lapin… et vous savez comment sont les enfants, ils partaient en délire sur les choses étranges qu’il aurait pu vivre. L’idée me vint alors d’inventer des noms d’animaux extraordinaires, du genre : le lapin-chèvre ou l’éléphant-girafe. L’imagination n’avait aucune limite et nous nous mîmes à créer un zoo imaginaire et fabuleux. Il y avait le chien-mouton, la grenouille-lézard, le chat-perché et le chat-citron… oui, nous finîmes même par y adjoindre des choses moins vivantes mais un peu plus acidulées !

 

Nous avions trouvé l’âne-serpent, le bœuf-carotte (mais celui-là, je crois qu’il existe déjà !), la fourmi-poisson, le requin-tigre, et la pêche-abricot… pour finalement prendre conscience que certains étaient vraiment plausibles.

 

Il y avait le fou-chantant, le marteau-piqueur et même le loup-garou… mais comme les enfants recommençaient à avoir peur, on clôtura définitivement le bestiaire avec le loup-phoque !

 

Jean-Michel Bernos


1e Couverture MML-copie-1


 


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Histoire Loup-Phoque... Une histoire oui, mais qui en est l'auteur ??

Publié le par christine brunet /aloys

Histoire Loup-Phoque

 

Quand ma femme gardait des enfants, je me régalai à leur faire des tours.

 

Au début ils pleuraient pensant que je leur voulais quelque mal, mais ils finissaient très vite par comprendre que le crochet à la cave n’était pas là pour y pendre les gamins dissipés ou que la momie du château n’était qu’un pauvre vieux qui faisait sa promenade journalière. Même la main surgissant par la fenêtre pour les emporter quelque part sur orbite n’était qu’une pure invention !

 

Cela dura un temps, puis ils finirent par me dire d’un air nonchalant :

« Pfeuhhh… c’est une blaaaague ! »… Alors je commençais à leur chanter des comptines ou les emmener au parc, mais ça m’ennuya très vite !

Il fallait rapidement que j’imagine quelque chose.

 

Durant un moment, ils trouvèrent tous seuls le moyen de se divertir en faisant le petit train jusqu’à l’école. C’était rigolo, tout le monde ne suivait pas à la même vitesse et très souvent il déraillait sous les yeux attendris des passants qui disaient : « qu’est-ce qu’ils sont sages ces enfants ! ».

 

Je leur faisais même des petits tas de bâtons avec lesquels ils fabriquaient des cabanes pour les fourmis. Ces dernières s’y sentaient tellement bien qu’elles commencèrent à bouffer mes plantes par la racine – Alors évidemment je cherchais à me venger.

 

Je devais trouver quelque chose de plausible qui puisse les embarquer au pays de nulle part… où tout est vrai, où le rêve embellit les choses et les rend étranges et merveilleuses.

 

L’un des gamins avait un lapin… et vous savez comment sont les enfants, ils partaient en délire sur les choses étranges qu’il aurait pu vivre. L’idée me vint alors d’inventer des noms d’animaux extraordinaires, du genre : le lapin-chèvre ou l’éléphant-girafe. L’imagination n’avait aucune limite et nous nous mîmes à créer un zoo imaginaire et fabuleux. Il y avait le chien-mouton, la grenouille-lézard, le chat-perché et le chat-citron… oui, nous finîmes même par y adjoindre des choses moins vivantes mais un peu plus acidulées !

 

Nous avions trouvé l’âne-serpent, le bœuf-carotte (mais celui-là, je crois qu’il existe déjà !), la fourmi-poisson, le requin-tigre, et la pêche-abricot… pour finalement prendre conscience que certains étaient vraiment plausibles.

 

Il y avait le fou-chantant, le marteau-piqueur et même le loup-garou… mais comme les enfants recommençaient à avoir peur, on clôtura définitivement le bestiaire avec le loup-phoque !

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L'auteur ? Edmée de Xhavée !

Publié le par christine brunet /aloys

 

Edmee-chapeau

 

 

On a marché sur ma tombe


Edmée De Xhavée

Elle vérifie l’adresse sur son carnet. Oui, c’est ici. « Une maison blanche avec les volets bleus et la barrière qui aurait besoin d’un coup de pinceau » a précisé Juliette dans son mail. Il pleuvine mais le soleil perce le parchemin de nuages et donne une lueur métallique au trottoir et aux pelouses. Quelques roses échappées au pied de la haie côté rue semblent chanter leur parfum, la tête ployée de lourdeur.

Juliette a dû la guetter et ouvre la porte, tous sourires.

­« Je t’ai reconnue tout de suite… tu es tout à fait comme sur les photos » s’écrie-t-elle, et Line se fait la même réflexion. Seule la taille de Juliette la déconcerte car elle l’imaginait plus grande. Pour le reste, c’est bien la brune au casque de cheveux net et luisant, au sourire à fossettes et yeux distillant la joie. Elles s’embrassent sur le seuil et une chaude odeur d’épices l’enveloppe de couleurs safran et piment.

On la présente au mari, Frank, un homme dont on comprend vite qu’il aime rester en retrait. Le frère et la sœur de Juliette sont là avec leurs conjoints et le regard du frère, Nicolas, gonfle son cœur d’un chagrin brûlant : ce sont ces yeux à lui, exactement ses yeux. Les paupières un peu obliques et lourdes, des cils noirs et ce regard si attentif qu’il en paraît indiscret. Elle sent son dos frémir et son humeur vaciller. Même sa voix a eu un vibrato de détresse alors qu’elle le saluait.

Elle a apporté un vase d’argile de couleur corail traversé par des éclairs noirs. « Une technique navajo » explique-t-elle alors qu’on les effleure d’un doigt interrogatif. « Du crin de cheval qu’on jette sur le vase alors qu’il sort du four et qui y brûlent ».  Juliette démontre une joie enthousiaste  à l’idée de posséder un tel objet – les vases, pots et plats de Line commencent à devenir hors prix – et cherche l’objet à détrôner dans le living pour le remplacer par le nouveau venu. On lui fait bel accueil, à ce vase qui restera un souvenir de cette rencontre inattendue.

Car elle et Juliette se sont connues par Facebook deux ans plus tôt. Attirées par les photos l’une de l’autre – les œuvres de Line et les petits-enfants de Juliette qu’elle s’amuse à ne montrer qu’en sépia avec de rares touches de couleur. Et par le fait qu’elles avaient quelques « amis » communs. Dont Piero, le frère de Juliette et les autres et le seul de la famille qui soit né en Italie alors que son père y était en délégation pour un an. Piero qu’elle avait rencontré neuf ans plus tôt lors d’une exposition de son travail à Milan, dans le hall d’un hôtel où il avait un rendez-vous d’affaire.

Piero qui tout comme elle n’avait pu résister à l’inexplicable mais intense attraction qu’ils éprouvèrent. Mariage pour lui, compagnonnage pour elle, vies et pays différents – Piero habitait Milan et elle Bruxelles -, rien ne leur parut insurmontable. Elle quitta son compagnon avant même d’avoir revu Piero pour ces premiers trois jours et nuits dans les dolomites où ils s’offriraient leurs corps après s’être échangés leurs coeurs. Elle ne savait rien sauf qu’ils s’aimaient. La révélation de l’amour les faisait resplendir, et leurs vies n’en étaient plus qu’une, faite de coups de fil, de messages, de mails et de rencontres exaltantes. Cinq ans avaient couru ainsi, sans baisse d’amour, sans repos du cœur ou des émotions, dans un crescendo d’intimité. Il était son époux. Elle était sa femme véritable même si dans sa jeunesse il avait choisi pour épouse la jeune fille primesautière aux sourcils en arcs parfaits qui suivait les mêmes cours que lui. Il avait construit sa vie, elle avait construit la sienne. Mais le sens de leur vie, c’était ensemble qu’ils le touchaient du doigt.

C’était aussi ensemble qu’ils touchaient le ciel du doigt.

Et tout explosa. Littéralement. Graduellement. La voiture de Line brûla pendant la nuit, boutant le feu à un cerisier du Japon. Puis ce fut  la porte de son appartement qui fut faussée car on ne put l’ouvrir. Son chat qu’on retrouva au matin gémissant, les quatre pattes brisées et qu’il fallut endormir. Des coups de fils anonymes. Une agression dans un centre commercial. Une exposition saccagée pendant la nuit.

La rupture s’imposa comme unique issue. L’épouse bafouée ou sa famille n’en resterait pas là. Et la quitter déclencherait sans doute une furie bien pire. Oh… ils choisirent de mourir à petit feu pour ne pas qu’elle meure brusquement. Ils refermèrent sur eux les couvercles de cercueils invisibles sous lesquels la décomposition commençait déjà… Il n’y avait ni larmes à verser ni espoir à garder. Rien qu’accepter leur mutuelle euthanasie sans résister.

Peu à peu leurs signes de vie, photos évoquant des souvenir sur Facebook, emails hurlant l’amour dans la sobriété des mots (Bon anniversaire Piero chéri – Je te baise le front ma Line que j’aimerai toujours) s’étaient tus pour donner, peut-être, l’oubli à l’autre, et donc le retour à la vie.

Et Juliette n’avait jamais rien su, ni personne, sauf l’épouse et sa garde. Et Line avait erré dans des jours qui s’égrenaient sans éclat. Son art avait changé, tout comme son aspect. Beaucoup de lignes brisées dans la terre travaillée, et une tristesse profonde qui patinait tous ses gestes et sourires. Et là, devant les yeux de Piero habitant le visage de son frère, il lui semble que sa douleur va enfin la faire mourir d’un coup de fer rouge. Mais elle ne peut le quitter du regard, même si seuls les yeux sont similaires.

On prend gaiement l’apéritif et ils la questionnent, imaginent sa vie, s’informent sur ses techniques, sur les vernissages et leurs visiteurs assidus aux zakouskis, sushis et champagne gratuit. Ils la trouvent discrète pour une artiste. Ils parlent de leurs enfants, et petits-enfants dans le cas de Nicolas. Ils sont gentils, animés, excités de la rencontrer, elle qui se trouve par hasard dans leur ville pour une exposition de trois semaines.

La table est dressée d’une façon un peu enfantine, avec des serviettes de papier multicolore, des bougies flottantes et des couverts trop modernes. Juliette, qui revient de la cuisine  où elle a vérifié la cuisson de ses préparations, désigne deux  des places et explique gaiement « Mon frère Piero va arriver avec sa femme, ils sont justement en Belgique aussi, quelle chance que l’on puisse tous te voir en même temps! Ils ne pouvaient pas être là pour l’apéro qu’ils prenaient chez un ami de pensionnat de Piero. Mais ils ne devraient pas tarder. »

Un fantôme d’air est sorti d’elle en un souffle presque silencieux. Sa langue perçoit un goût sûr qui se répand à l’intérieur de ses joues comme un venin. Ses mains commencent à trembler et elle les appuie sur les cuisses pour le dissimuler. Toute sa vie lui semble concentrée dans une boule qui grandit dans sa gorge, affolant son cœur en l’étouffant. « J’ai un médicament à prendre, Juliette, une injection… puis-je utiliser ta salle de bain ? »

A peine a-t-elle refermé la porte derrière elle que des exclamations retentissent de l’autre côté. Voilà Piero et Donatella ! Ouvre, ouvre, ce temps de cochon doit les traumatiser après l’Italie. Des rires cascadent, des chaises crient sur le dallage.

Elle s’appuie contre la porte, haletante, le front perlé d’une sueur froide comme la paume de la mort. En elle des milliers de petits capillaires se gorgent de détresse et se rompent, entrainant les veines dans leur furie bouillonnante. Elle ne sait si elle a fermé les yeux ou si elle ne voit plus. Son cœur galope et elle, elle est enfin sereine comme au réveil de ces nuits qu’ils passaient ensemble, imbriqués comme deux fœtus inséparables. Derrière le bourdonnement qui brouille son ouïe, elle perçoit sa voix, d’une jovialité un peu forcée et teintée de lassitude,  « Tu vas mieux, Piero ? » entend-t-elle demander. Sa mâchoire claque et elle la serre pour la dompter, sent deux dents se limer l’une contre l’autre avec un bruit de meule. Le lavabo… arriver jusqu’au lavabo, me baigner le visage. Elle fait deux pas et ses jambes se plient sous elle qui s’affaisse en s’agenouillant sans fracas ni désordre, presque en douceur, alors que son cœur est broyé dans une douleur si intense qu’elle ne peut déjà plus rien ressentir.

Dans l’entrée Piero frissonne et pâlit. « Ah oui, c’est la Belgique, et un temps de cochon comme toujours… tu as froid ? » s’inquiète Juliette. « Non… c’est étrange… quelqu’un a marché sur ma tombe » Il frissonne encore. Tous se mettent à rire « Tu ne changeras jamais, toi ! Oublie ta tombe et entre… tu ne devineras jamais qui tu vas rencontrer ! »

 

edmee.de.xhavee.over-blog.com

 

9782874595196 1 75

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Mais qui est l'auteur de cette nouvelle ?

Publié le par christine brunet /aloys

 

point d'interrogation

 

 

On a marché sur ma tombe


Elle vérifie l’adresse sur son carnet. Oui, c’est ici. « Une maison blanche avec les volets bleus et la barrière qui aurait besoin d’un coup de pinceau » a précisé Juliette dans son mail. Il pleuvine mais le soleil perce le parchemin de nuages et donne une lueur métallique au trottoir et aux pelouses. Quelques roses échappées au pied de la haie côté rue semblent chanter leur parfum, la tête ployée de lourdeur.

Juliette a dû la guetter et ouvre la porte, tous sourires.

­« Je t’ai reconnue tout de suite… tu es tout à fait comme sur les photos » s’écrie-t-elle, et Line se fait la même réflexion. Seule la taille de Juliette la déconcerte car elle l’imaginait plus grande. Pour le reste, c’est bien la brune au casque de cheveux net et luisant, au sourire à fossettes et yeux distillant la joie. Elles s’embrassent sur le seuil et une chaude odeur d’épices l’enveloppe de couleurs safran et piment.

On la présente au mari, Frank, un homme dont on comprend vite qu’il aime rester en retrait. Le frère et la sœur de Juliette sont là avec leurs conjoints et le regard du frère, Nicolas, gonfle son cœur d’un chagrin brûlant : ce sont ces yeux à lui, exactement ses yeux. Les paupières un peu obliques et lourdes, des cils noirs et ce regard si attentif qu’il en paraît indiscret. Elle sent son dos frémir et son humeur vaciller. Même sa voix a eu un vibrato de détresse alors qu’elle le saluait.

Elle a apporté un vase d’argile de couleur corail traversé par des éclairs noirs. « Une technique navajo » explique-t-elle alors qu’on les effleure d’un doigt interrogatif. « Du crin de cheval qu’on jette sur le vase alors qu’il sort du four et qui y brûlent ».  Juliette démontre une joie enthousiaste  à l’idée de posséder un tel objet – les vases, pots et plats de Line commencent à devenir hors prix – et cherche l’objet à détrôner dans le living pour le remplacer par le nouveau venu. On lui fait bel accueil, à ce vase qui restera un souvenir de cette rencontre inattendue.

Car elle et Juliette se sont connues par Facebook deux ans plus tôt. Attirées par les photos l’une de l’autre – les œuvres de Line et les petits-enfants de Juliette qu’elle s’amuse à ne montrer qu’en sépia avec de rares touches de couleur. Et par le fait qu’elles avaient quelques « amis » communs. Dont Piero, le frère de Juliette et les autres et le seul de la famille qui soit né en Italie alors que son père y était en délégation pour un an. Piero qu’elle avait rencontré neuf ans plus tôt lors d’une exposition de son travail à Milan, dans le hall d’un hôtel où il avait un rendez-vous d’affaire.

Piero qui tout comme elle n’avait pu résister à l’inexplicable mais intense attraction qu’ils éprouvèrent. Mariage pour lui, compagnonnage pour elle, vies et pays différents – Piero habitait Milan et elle Bruxelles -, rien ne leur parut insurmontable. Elle quitta son compagnon avant même d’avoir revu Piero pour ces premiers trois jours et nuits dans les dolomites où ils s’offriraient leurs corps après s’être échangés leurs coeurs. Elle ne savait rien sauf qu’ils s’aimaient. La révélation de l’amour les faisait resplendir, et leurs vies n’en étaient plus qu’une, faite de coups de fil, de messages, de mails et de rencontres exaltantes. Cinq ans avaient couru ainsi, sans baisse d’amour, sans repos du cœur ou des émotions, dans un crescendo d’intimité. Il était son époux. Elle était sa femme véritable même si dans sa jeunesse il avait choisi pour épouse la jeune fille primesautière aux sourcils en arcs parfaits qui suivait les mêmes cours que lui. Il avait construit sa vie, elle avait construit la sienne. Mais le sens de leur vie, c’était ensemble qu’ils le touchaient du doigt.

C’était aussi ensemble qu’ils touchaient le ciel du doigt.

Et tout explosa. Littéralement. Graduellement. La voiture de Line brûla pendant la nuit, boutant le feu à un cerisier du Japon. Puis ce fut  la porte de son appartement qui fut faussée car on ne put l’ouvrir. Son chat qu’on retrouva au matin gémissant, les quatre pattes brisées et qu’il fallut endormir. Des coups de fils anonymes. Une agression dans un centre commercial. Une exposition saccagée pendant la nuit.

La rupture s’imposa comme unique issue. L’épouse bafouée ou sa famille n’en resterait pas là. Et la quitter déclencherait sans doute une furie bien pire. Oh… ils choisirent de mourir à petit feu pour ne pas qu’elle meure brusquement. Ils refermèrent sur eux les couvercles de cercueils invisibles sous lesquels la décomposition commençait déjà… Il n’y avait ni larmes à verser ni espoir à garder. Rien qu’accepter leur mutuelle euthanasie sans résister.

Peu à peu leurs signes de vie, photos évoquant des souvenir sur Facebook, emails hurlant l’amour dans la sobriété des mots (Bon anniversaire Piero chéri – Je te baise le front ma Line que j’aimerai toujours) s’étaient tus pour donner, peut-être, l’oubli à l’autre, et donc le retour à la vie.

Et Juliette n’avait jamais rien su, ni personne, sauf l’épouse et sa garde. Et Line avait erré dans des jours qui s’égrenaient sans éclat. Son art avait changé, tout comme son aspect. Beaucoup de lignes brisées dans la terre travaillée, et une tristesse profonde qui patinait tous ses gestes et sourires. Et là, devant les yeux de Piero habitant le visage de son frère, il lui semble que sa douleur va enfin la faire mourir d’un coup de fer rouge. Mais elle ne peut le quitter du regard, même si seuls les yeux sont similaires.

On prend gaiement l’apéritif et ils la questionnent, imaginent sa vie, s’informent sur ses techniques, sur les vernissages et leurs visiteurs assidus aux zakouskis, sushis et champagne gratuit. Ils la trouvent discrète pour une artiste. Ils parlent de leurs enfants, et petits-enfants dans le cas de Nicolas. Ils sont gentils, animés, excités de la rencontrer, elle qui se trouve par hasard dans leur ville pour une exposition de trois semaines.

La table est dressée d’une façon un peu enfantine, avec des serviettes de papier multicolore, des bougies flottantes et des couverts trop modernes. Juliette, qui revient de la cuisine  où elle a vérifié la cuisson de ses préparations, désigne deux  des places et explique gaiement « Mon frère Piero va arriver avec sa femme, ils sont justement en Belgique aussi, quelle chance que l’on puisse tous te voir en même temps! Ils ne pouvaient pas être là pour l’apéro qu’ils prenaient chez un ami de pensionnat de Piero. Mais ils ne devraient pas tarder. »

Un fantôme d’air est sorti d’elle en un souffle presque silencieux. Sa langue perçoit un goût sûr qui se répand à l’intérieur de ses joues comme un venin. Ses mains commencent à trembler et elle les appuie sur les cuisses pour le dissimuler. Toute sa vie lui semble concentrée dans une boule qui grandit dans sa gorge, affolant son cœur en l’étouffant. « J’ai un médicament à prendre, Juliette, une injection… puis-je utiliser ta salle de bain ? »

A peine a-t-elle refermé la porte derrière elle que des exclamations retentissent de l’autre côté. Voilà Piero et Donatella ! Ouvre, ouvre, ce temps de cochon doit les traumatiser après l’Italie. Des rires cascadent, des chaises crient sur le dallage.

Elle s’appuie contre la porte, haletante, le front perlé d’une sueur froide comme la paume de la mort. En elle des milliers de petits capillaires se gorgent de détresse et se rompent, entrainant les veines dans leur furie bouillonnante. Elle ne sait si elle a fermé les yeux ou si elle ne voit plus. Son cœur galope et elle, elle est enfin sereine comme au réveil de ces nuits qu’ils passaient ensemble, imbriqués comme deux fœtus inséparables. Derrière le bourdonnement qui brouille son ouïe, elle perçoit sa voix, d’une jovialité un peu forcée et teintée de lassitude,  « Tu vas mieux, Piero ? » entend-t-elle demander. Sa mâchoire claque et elle la serre pour la dompter, sent deux dents se limer l’une contre l’autre avec un bruit de meule. Le lavabo… arriver jusqu’au lavabo, me baigner le visage. Elle fait deux pas et ses jambes se plient sous elle qui s’affaisse en s’agenouillant sans fracas ni désordre, presque en douceur, alors que son cœur est broyé dans une douleur si intense qu’elle ne peut déjà plus rien ressentir.

Dans l’entrée Piero frissonne et pâlit. « Ah oui, c’est la Belgique, et un temps de cochon comme toujours… tu as froid ? » s’inquiète Juliette. « Non… c’est étrange… quelqu’un a marché sur ma tombe » Il frissonne encore. Tous se mettent à rire « Tu ne changeras jamais, toi ! Oublie ta tombe et entre… tu ne devineras jamais qui tu vas rencontrer ! »

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l'auteur de cette nouvelle n'est autre qu'Edmée de Xhavée !

Publié le par christine brunet /aloys

 

Edmee-chapeau

 

Un beau jeune homme si tranquille…

 


Oh que ce silence était bon.

Il y avait bien le lent plic plic plic du sang qui débordait de la table de nuit et plongeait sur le linoleum, et la pulsion sauvage qui battait dans sa tête… mais quel silence depuis qu’elle et les chiens s’étaient tus.

Même l’odeur lourde et visqueuse lui parlait de paix, et en ouvrant la fenêtre sur le début d’après-midi de printemps, le chant des mésanges charbonnières charma son cœur. Titi put, titi put, titi put ! Deux ou trois chiens gémissaient bien un peu, mais on sentait qu’ils s’apaisaient. La semelle de sa chaussure fit un bruit de succion suivi d’un glissement périlleux, et il se rattrapa de justesse au bord du lit. Une bouffée de haine lui monta jusqu’aux lèvres « Putain de salope de merde… même morte tu fais chier ! ».

Il s’assit, soudain à bout de souffle, et la regarda. Elle lui sembla déjà se raidir, le sang autour d’elle se figeait en morceaux brunâtres ça et là. Ce serait une crasse à nettoyer. Surtout sur la descente de lit imitation peau de léopard de peluche. Il détourna les yeux vers la chaise. Son uniforme y était soigneusement plié, la veste sur le dossier, les sous-vêtements pudiquement glissés sous la jupe, les mocassins noirs par terre à côté de la sacoche. Les lettres étaient recouvertes de giclures en arc de cercle, avec des caillots s’insinuant entre les enveloppes.

Les vêtements, il ne pouvait les porter chez Oxfam comme ceux de l’apprentie-plombier dont seul le polo était brodé à la marque de l’employeur, ou ceux de l’assistante sociale venue lui rendre visite pour vérifier ses revenus. Cette dernière s’habillait Moschino, rien de moins, la garce ! Les clientes d’Oxfam avaient dû ne pas en croire leurs gros yeux de pauvresses ! Mais –et il ne put s’empêcher de sourire – elle baisait avec l’énergie d’un marteau-piqueur.

Ces vêtements-ci, avec le logo de la poste et la teinte bien identifiable, il allait devoir les découper en tous petits morceaux et les distribuer dans les poubelles publiques avec patience. Ca l’occuperait pendant des semaines. Les lettres, pas compliqué, il allumerait la vieille cuisinière au charbon qu’il gardait pour quand on lui coupait le gaz. La sacoche, là… c’était un peu embêtant car bien reconnaissable. La remplir de pierres et la jeter dans la rivière dans la ville voisine … c’était une idée à creuser.

Quant au corps, oh là le corps – et il rit comme un enfant, une vraie joie soulageant ses traits – ce serait comme les deux autres : découpé en morceaux transportables sans crainte de déranger qui que ce soit, avec le chenil à côté  qui lui assurait un loyer à la hauteur du confort assuré et des aboiements couvrant tous les autres bruits du voisinage et s’amplifiant même avec beaucoup d’à-propos quand il avait à éliminer une pisseuse qui lui reprochait de ne la voir que pour la baiser (et pourquoi d’autre, hein ?) et ensuite la réduire en pièces. Le soir, réveillant l’angoisse des chiens, il s’en allait d’un pas serein vers l’entrée du parc animalier « Wild Jungle » et distribuait équitablement la barbaque entre les tigres, pumas et lions.

Tout le monde était content, finalement. Les voitures ou motocyclettes, s’il y en avait, il allait les abandonner dans le quartier des dealers de drogue, où tout était démonté à peine avait-il tourné le dos. Encore des heureux.

Et dans le coin  tout le monde aimait ce beau jeune-homme tranquille, célibataire endurci disait-on admirativement car avec ce physique… on ne comprenait pas. Et d’un propre, avec ça : lavait ses sols, ses tapis, descentes de lits, rideaux… D’un gentil avec les chiens qui ne le dérangeaient pas, le cher cœur !

Un beau jeune homme si tranquille….

 

Edmée De Xhavée

edmee.de.xhavee.over-blog.com

 

 

Romanichels-front (1)

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L'auteur de cette nouvelle ? Claude Colson !

Publié le par christine brunet /aloys

Avoir de l'esprit ?

  

Elle venait de se dire ces fortes paroles.

Eh, oui. Ça faisait des jours qu’elle s’évertuait à retrouver en elle les réflexes premiers, l’animalité enfouie.

Avec une ligne de fortune elle attrapait des poissons dans un trou creusé à même la glace. Parfois elle parvenait à capturer un petit animal, le tuait rapidement au couteau, d’une main assurée.

Elle le faisait sans joie ni haine, juste pour calmer sa faim avant qu’elle soit trop forte et lui enlève ses dernières forces.

Survivre sans penser, voilà l’objectif qu’elle s’était assigné en se retirant volontairement sur la banquise.

Elle avait vite remarqué que les conditions extrêmes de la vie dans l’igloo, qu’elle avait dû construire, se supportaient mieux si elle parvenait à abolir tout ce qui n’était pas tendu vers cet unique objectif.

Pourtant, c’était « humain », elle n’avait pas joué le jeu totalement, emportant avec elle de l’eau en quantité, un brasero et des galettes d’alcool solidifié. Elle les enflammait de temps à autre, lorsque la température dans l’abri descendait au dessous de zéro.

Elle voulait retrouver cet état de l’âme, proche du nirvâna, quand l’être est débarrassé de tout désir non- satisfaisable, de toute tentation.

Le dénuement et l’isolement l’y aideraient, croyait-elle.

Aussi s’était-elle fait déposer en ce lieu désolé, sans âme humaine à la ronde. Elle dormait sur et dans les peaux d’animaux, mangeait et buvait sobrement, calmait de temps à autre ses désirs sexuels, qui du reste, comme tous les autres, s’espaçaient.

Sa vie s’écoulait comme au ralenti ; l’esprit s’engourdissait.

De jour en jour elle se montrait moins active et passait de plus en plus de temps étendue, à demi somnolente.

Elle ne le savait pas mais était en passe de bientôt gagner le défi qu’un peu absurdement elle s’était lancé ; …. faute de combattante.

Heureusement ou pas, ce jour-là, à la limite de l’Inexorable, le bruit saccadé des pales de l’hélico la tira de sa bienheureuse léthargie.

« Hé, ma p’tite Dame, c’est fini les vacances ! Votre mari a alerté la police qui m’a ordonné de vous ramener à la maison. »

Le pilote qui l’avait déposée cinq jours plus tôt la secouait, l’air inquiet.

Recouvrant à l’instant même la conscience et la pensée, elle se dit : « Je hais les gens qui ont de l’esprit ! »

 

 

Claude Colson

claude-colson.monsite-orange.fr

Saisins d'une passion. Claude Colson

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