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auteur mystere

L'auteur mystère : Edmée de Xhavée !

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

L'auteur mystère n'était autre qu'Edmée de Xhavée !!! 

Carine-Laure avait raison ainsi que Pascale ! Bravoooo !

 

Merci à tous les participants !

 

 

Publié dans auteur mystère

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Tiens, tiens... Mais qui a écrit ce texte ???? J'attends vos avis éclairés ! Réponse demain soir !

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

 

Entrez dans la danse… 

 

Les mains moites et le front nimbé d’humidité, l’auteur s’avance, son cher manuscrit serré sur la poitrine. Son œuvre. Ses confidences codées, ses accusations déguisées, ses frustrations et désirs par personnage interposé, tout est là. Il regarde avec une lueur tremblante dans les yeux l’imposante façade où un savant logo souligne d’une flèche lumineuse l’enseigne de la maison d’éditions : Choré-Délices.

 

Il pousse une large porte de verre, a un hoquet de respect devant le jardin tropical de l’entrée, léché par un filet d’eau. À la réception, une élégante brune en uniforme armorié de l’enseigne lui sourit. Un accent méridional achève d’écraser l’auteur, presque titubant devant cette accumulation de charme et de bon goût. L’apparition souriante fait mine de ne pas prendre note du fait que l’auteur, hypnotisé comme au sortir d’une entrevue de cinq heures avec un gourou, bafouille, cafouille, farfouille et finit par arracher les premières pages de son manuscrit à cause d’une crise de tremblotte. « Ne vous eng faiteuh pas, ils sont tous commeuh vous la premièreuh fois ! La secrétaireuh de Florang, notre présideng, vous atteng au premier étageuh, porteuh de droite ».

 

Épouvanté par l’ascenseur dont il se demande s’il faut un code, une empreinte de l’iris des yeux, de la paume de la main, ou rien, il décide de gravir les escaliers – au tapis décoré du logo, ça va sans dire – à pied, et frappe nerveusement à la porte indiquée, sur laquelle luit une plaque de cuivre rutilante : Madame Caprine de Seguin. À son invitation à entrer, il se trouve nez à nez avec une rousse en shorts et pelisse d’astrakan, cigare au bec, casquette de vinyle, cuissardes à revers. Aimable comme tout. Le pauvre auteur, à ce stade, bégaye et danse d’un pied à l’autre. « Vous devez vous rendre à l’isoloir, peut-être ? » « Noooooon, noooooon… je venais soumettre mon manuscrit ! » « Oui, ça je me doutais que vous n’arriviez pas de Houte-si-Plout juste pour venir dans notre isoloir. Vous avez un peu de temps devant vous ? C’est pour avoir l’avis de notre comité de lecture, ça prendra un chouïa de temps à peine… ». Il se sent infiniment bête, d’autant que là, avec toutes ces émotions, il irait bien dans l’isoloir, mais il ne tient pas à passer pour un idiot, en prime. Pas à 100% du moins…

 

Madame Caprine de Seguin se dirige avec l’allure d’une garde impériale vers une pièce attenante, où quatre femmes au visage violacé lisent à toute allure, haletantes, une bouteille de deux litres d’eau minérale – ou Vodka ? - à portée de main. « Vous avez rendu votre verdict pour J’étais une tueuse en série que je vous ai donné il y a une heure ? L’auteure attend… ? Oui ? Parfait, voici un autre manuscrit, l’auteur vient de Houte-si-Plout et donc il faudrait aussi le lire en urgence ». Horrifié, notre auteur en état presque cataleptique voit que l’on arrache la reliure de son précieux ouvrage et qu’on en fait quatre paquets égaux, que les lectrices commencent aussitôt à scanner des yeux et annoter.

 

Alors qu’il sort pour rejoindre, au rez-de-chaussée, la salle d’attente – où l’auteure de J’étais une tueuse en série est en larmes suite au refus de publier ce recueil de fautes d’orthographes – il s’assied, penaud, secoué, n’osant pas poser les yeux trop ouvertement sur le luxe qui l’entoure. L’auteur refusée pour avoir tué grammaire et syntaxe en série se lève brusquement et s’adresse à lui avec force de tourniquets de bras : Ce sont des minables ! Ils n’y connaissent rien ! S’ils sont si doués, pourquoi ils ne me les corrigent pas, hein, les fautes ? C’est le fond qui compte, pas la place et le nombre des lettres, que d’ailleurs le correcteur automatique peut faire tout seul. Ils sont nazes ! Je sens que ma série de crimes n’est pas finie, tiens. Je vais aller la secouer, la bimbo marseillaise de l’entrée !

 

Sortant de son sac un hachoir de cuisine assez rouillé, elle part à grandes enjambées vers la réception d’où s’élève un cri surpris : Mais qu’est-ce que c’est queuh cetteuh fadade ? tandis que l’aimable dame à présent mécontente se lève en position de combat. Elle est petite et ses narines fument, l’auteure ressemble à une longue échelle en furie, et notre pauvre candidat auteur en attente du verdict du comité de lecture retient son souffle (et pas que, car l’isoloir commence à lui manquer…). La tueuse en série est promptement jetée au sol avec un haaaaaaaah, la joue transpercée par le talon aiguille de la réceptionniste qui rajuste son tailleur, essuie le sang de sa chaussure en appelant Florang, Florang !!!

 

Un homme beau comme on n’en fait plus (un bon éditeur, ça se flatte, sorry) et d’un sang-froid incomparable émerge, très cool, de l’ascenseur dont jaillit joyeusement la marche 1 de Pomp and Circumstance. Quel chic, pense notre auteur terrifié. Un coup d’œil de Florant von Mastic, l’éditeur en personne, lui résume toute la dernière minute. Pfffft, il faudra faire nettoyer le tapis. Et se penchant sur l’auteure dont toute la mâchoire de droite est à nu avec la peau déchiquetée et pendouillant, lui demande aimablement : Faut-il vous appeler un taxi ou vous reprenez le bus ? Vous ne pouvez pas conduire dans cet état, je ne sais pas si vous avez remarqué que votre épaule et votre clavicule sont démises.

 

Du haut de l’escalier un joyeux Hou hou retentit, et une voix enjouée annonce : l’auteur de Tout est bon dans le cochon, de Houte-si-Plout est encore là ? Nous avons à peine commencé et sommes conquises, c’est OK !

 

Florant se tourne vers lui, suivant du coin de l’œil la tueuse en série qui rampe vers la sortie en bavant, et, lui souriant – d’un sourire éblouissant -, lui tend la main et l’invite : Venez donc dans mon bureau pour signer votre contrat. Bienvenue à Choré-Délices, entrez dans la danse !

Publié dans auteur mystère

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L'auteur ? Séverine BAAZIZ !

Publié le par christine brunet /aloys

Aimer

 

 
Cette nuit
Allongée tout près de toi
Dans le sifflement de ton sommeil
Je n'ai pas su m'assoupir
Et les mots m'ont rendu visite
 
Ils me parlaient de toi
De moi
De notre façon de nous aimer
Moi, dispersion de fragments amoureux
Toi, inlassablement éperdu
 
Dans l'humeur aléatoire de mes sentiments
Tu ne chavires pas
Jamais
Je suis les flots
Tu es le cap
 
Seul toi sais pardonner
Ce que je suis et ce que je ne suis pas
Alors, peut-être, un jour, y parviendra-je aussi
 
L'auteur ? Séverine BAAZIZ !

Publié dans auteur mystère

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Mais qui est l'auteur de ce poème ?

Publié le par christine brunet /aloys

Aimer

 

 
Cette nuit
Allongée tout près de toi
Dans le sifflement de ton sommeil
Je n'ai pas su m'assoupir
Et les mots m'ont rendu visite
 
Ils me parlaient de toi
De moi
De notre façon de nous aimer
Moi, dispersion de fragments amoureux
Toi, inlassablement éperdu
 
Dans l'humeur aléatoire de mes sentiments
Tu ne chavires pas
Jamais
Je suis les flots
Tu es le cap
 
Seul toi sais pardonner
Ce que je suis et ce que je ne suis pas
Alors, peut-être, un jour, y parviendra-je aussi
 
 
 
 
 
 
 

Publié dans auteur mystère

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Haut les mots, une nouvelle écrite par CARINE-LAURE DESGUIN

Publié le par christine brunet /aloys

Haut les mots, une nouvelle écrite par CARINE-LAURE DESGUIN
Haut les mots, une nouvelle écrite par CARINE-LAURE DESGUIN
Haut les mots, une nouvelle écrite par CARINE-LAURE DESGUIN

 

 

Haut les mots !


 

Ben ouais qu’t’es à Mons ! Tu vois bien que juste derrière toi, c’est la gare de Mons ! répond le zigoto en rivant son regard admiratif vers le fabuleux chantier.

On est bien à Mons 2016 ? rétorque la p’tite vieille à l’allure de bimbo déjantée.

Ben zut alors, celle-là, on ne me l’avait pas encore sifflée, tu parles d’une colle !

Bref, continue la vioque, est-ce que des vagues de quidams déferlent encore dans les rues comme l’an dernier? Avec les plans de la ville entre leurs menottes ? Est-ce qu’à chaque coin d’rue, y’a des trucs étranges qu’on appelle des œuvres contemporaines ?

Ah ouais, des trucs du genre un tapis d’allumettes suspendu entre les corniches de deux rangées de maisons ou des entonnoirs en papier mâché qui sortent des fenêtres…

Ok ! Ici, c’est Mons 2016 !

Ouais, ici, c’est Mons 2016, annone le zygoto. A propos, ta tronche me dit quelque chose ! Scotchée sur une affiche du Plaza Art ?

Pas encore mon gars…Je vais pas te faire languir plus longtemps…Je suis le clone de Deneuve façon fashion lifting. Trêve de plaisanterie, tu t’emmerdes pas, toi ?

Ben….

Tu m’assisterais pas pendant une paire d’heures ?

Ben…

On commence la journée par se rincer la glotte et ensuite, on bosse !

A l’hôtel Le terminus, ça discute…

Fastoche pour nous deux ! Toi, t’as rien à foutre et moi, je suis comme qui dirait en mission.

Ouais, t’es journaliste ou quelque chose comme ça ?

Quelque chose comme ça…

Ouais…Dans ta mallette longue comme un balai, y’a bien des appareils photos et des caméras?

Tu m’plais mon p’tit gars, t’as les idées qui gambergent plus vite que l’ombre de saint Georges. A propos, tu la connais comme ta poche, cet’ ville ? Et ne me regarde pas avec ces yeux de merlans frits, je le sais que je suis irrésistible malgré mon âge. Je disais donc, Mons 2016 n’aurait donc plus de secret pour toi. Et puisque tu fous rien, t’as bien promené tes guibolles dans les endroits…phares ?

Phares ?

J’voulais dire des endroits visités par les ministres, les rois et les reines et tutti quanti…Les endroits avec des files de cent mètres de chairs humaines qui attendent un ticket …Les endroits phares, quoi !

Ouais, je vois ! C’est comment déjà ton p’tit nom ? Moi c’est Boule. Et toi ?

Moi c’est Croq’Casquette. Casquette à cause de la casquette qui décolle jamais de la caboche et Croq’ à cause de tous ces amants qui se sont flingués raides morts pour ma belle gueule. Les gonzesses qui fument le cigare enroulé dans d’l’herbe, c’est plutôt rare…Et la minijupe qui cache pas les varices, c’est d’un sublime…J’suis c’qu’on appelle une cougar. Bref, on disait donc qu’ici, à Mons 2016, y’a plein de trucs et de machins qui tournicotent dans la ville.

T’avais pas parlé d’une mission ? crache Boule en fixant son regard béat vers le sac en forme de raquette de tennis ? T’es quand même pas là pour flinguer un mec ?

Ben non ! En voilà une idée ! Est-ce que j’ai une gueule à flinguer les inutiles, moi ? Non mais ! Ceci dit, pour cette fameuse mission, je recherche un truc particulier…

Un truc particulier ?

Ouais, tu vois, j’voudrais faire un scoop et puis un buz !

Et alors ?

Et alors ? Mon commanditaire me suggère de…

Ben tu vois ! Tu es ici pour flinguer!

Tu rigoles ou quoi ? Je cherche un mec qui crèche sur les hauteurs. Et chut, je peux pas en dire plus pour le moment ! Alors, creuse dans tes neurones !

Un mec sur les hauteurs ? Y’a bien l’expo Van Gogh, dans ce musée…Il paraît que ça vole haut.

Tais-toi, p’tit con, pour en dire des pareilles …Et puis, Van Gogh, il est déjà mort !

J’sais pas…Y’a le beffroi. Paraît que quatre-vingt-sept mètres, c’est haut. Y’a bien un gars là-haut qui se suspend aux cloches. Pour qu’elles sonnent…

Ouais, mais zappe, c’est pas ça…

T’as des indices ?

Je te connais à peine, je peux pas te faire confiance, non mais ! Bon, juste parce que je suis charitable….Le gars qu’est haut perché, il ….écrit, dit-elle d’une voix hésitante.

Il écrit ?

Ben ouais, il écrit ! répète Croq’Casquette tout en mimant des lettres avec ses mains…Ecrire, tu vois ce qu’c’est ?

Un gars qui écrit ?

Ouais, c’est Mons capitale de la culture ici ou quoi ? Ecrire, tu saisis l’affaire ? Lève tes fesses, on va zigzaguer parce qu’ici, depuis l’temps qu’on attend deux bières, y’en a marre …

Tu veux que j’porte le sac ?

Ne touche pas à ce sac, morveux ! Alors, ça vient oui ? Un gars haut perché et qui écrit ?

C’est une idée fixe chez toi !

Je te l’ai dit, je suis ici en mission et je ne repartirai qu’une fois cette mission accomplie, lance-t-elle en accélérant le pas.

Ok, y’a bien la Guinguette littéraire.

Bien! A quelle hauteur ?

Rue de Nimy. Juste après la Grand place.

Au-dessus de la Grand place ?

Non…

Si c’est pas en altitude, basta!

Alors je ne vois que la grue, là…

Cette grue ? Cette grue plantée en plein milieu de la Grand Place ? Là ?

Ouais, juste en face du Singe du Grand Garde. Tout en haut, y’a un mec, un écrivain paumé. Il paraît qu’il veut des projecteurs braqués sur lui…

C’est lui !

Croq’Casquette mène la danse et entraîne Boule dans le Jardin du Mayeur. Quelques minutes plus tard, du balcon réservé aux VIP lors de la fête du Doudou, Croq’Casquette arme le fusil qu’elle cachait dans son sac et d’un seul coup, pan ! elle tue le scribouilleur-mégalo-de-la-grue.


 

Quelques heures plus tard, au commissariat…

Merci à vous de relâcher Boule, c’est pas d’sa faute. Z’êtes sympa, m’sieur l’commissaire….Puisque j’vous l’dis, m’sieur l’commissaire... L’écrivaillon, c’est Rik-Manu Schmoll ! Il a commandité lui-même son meurtre, il voulait devenir célèbre ! Kidnapper une grue et écrire son roman sur les manettes de l’engin, c’était pas suffisant, on le confondait avec une œuvre contemporaine, comme on dit ici. Alors, il a fait appel à moi, Croq’Casquette. Et pan !

Un feignasse de première, quand même. Il pouvait faire le boulot tout seul. Quand on veut la célébrité, faut la mériter ! Pas vrai, m’sieur l’commissaire ?

 

Carine-Laure Desguin

http://www.carineldesguin.canalblog.com

Publié dans auteur mystère

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MAIS QUI A ECRIT CETTE NOUVELLE ???

Publié le par christine brunet /aloys

MAIS QUI A ECRIT CETTE NOUVELLE ???

Haut les mots !


— Ben ouais qu’t’es à Mons ! Tu vois bien que juste derrière toi, c’est la gare de Mons ! répond le zigoto en rivant son regard admiratif vers le fabuleux chantier.

— On est bien à Mons 2016 ? rétorque la p’tite vieille à l’allure de bimbo déjantée.

— Ben zut alors, celle-là, on ne me l’avait pas encore sifflée, tu parles d’une colle !

— Bref, continue la vioque, est-ce que des vagues de quidams déferlent encore dans les rues comme l’an dernier? Avec les plans de la ville entre leurs menottes ? Est-ce qu’à chaque coin d’rue, y’a des trucs étranges qu’on appelle des œuvres contemporaines ?

— Ah ouais, des trucs du genre un tapis d’allumettes suspendu entre les corniches de deux rangées de maisons ou des entonnoirs en papier mâché qui sortent des fenêtres…

— Ok ! Ici, c’est Mons 2016 !

— Ouais, ici, c’est Mons 2016, annone le zygoto. A propos, ta tronche me dit quelque chose ! Scotchée sur une affiche du Plaza Art ?

— Pas encore mon gars…Je vais pas te faire languir plus longtemps…Je suis le clone de Deneuve façon fashion lifting. Trêve de plaisanterie, tu t’emmerdes pas, toi ?

— Ben….

— Tu m’assisterais pas pendant une paire d’heures ?

— Ben…

— On commence la journée par se rincer la glotte et ensuite, on bosse !

A l’hôtel Le terminus, ça discute…

— Fastoche pour nous deux ! Toi, t’as rien à foutre et moi, je suis comme qui dirait en mission.

— Ouais, t’es journaliste ou quelque chose comme ça ?

— Quelque chose comme ça…

— Ouais…Dans ta mallette longue comme un balai, y’a bien des appareils photos et des caméras?

— Tu m’plais mon p’tit gars, t’as les idées qui gambergent plus vite que l’ombre de saint Georges. A propos, tu la connais comme ta poche, cet’ ville ? Et ne me regarde pas avec ces yeux de merlans frits, je le sais que je suis irrésistible malgré mon âge. Je disais donc, Mons 2016 n’aurait donc plus de secret pour toi. Et puisque tu fous rien, t’as bien promené tes guibolles dans les endroits…phares ?

— Phares ?

— J’voulais dire des endroits visités par les ministres, les rois et les reines et tutti quanti…Les endroits avec des files de cent mètres de chairs humaines qui attendent un ticket …Les endroits phares, quoi !

— Ouais, je vois ! C’est comment déjà ton p’tit nom ? Moi c’est Boule. Et toi ?

— Moi c’est Croq’Casquette. Casquette à cause de la casquette qui décolle jamais de la caboche et Croq’ à cause de tous ces amants qui se sont flingués raides morts pour ma belle gueule. Les gonzesses qui fument le cigare enroulé dans d’l’herbe, c’est plutôt rare…Et la minijupe qui cache pas les varices, c’est d’un sublime…J’suis c’qu’on appelle une cougar. Bref, on disait donc qu’ici, à Mons 2016, y’a plein de trucs et de machins qui tournicotent dans la ville.

— T’avais pas parlé d’une mission ? crache Boule en fixant son regard béat vers le sac en forme de raquette de tennis ? T’es quand même pas là pour flinguer un mec ?

— Ben non ! En voilà une idée ! Est-ce que j’ai une gueule à flinguer les inutiles, moi ? Non mais ! Ceci dit, pour cette fameuse mission, je recherche un truc particulier…

— Un truc particulier ?

— Ouais, tu vois, j’voudrais faire un scoop et puis un buz !

— Et alors ?

— Et alors ? Mon commanditaire me suggère de…

— Ben tu vois ! Tu es ici pour flinguer!

— Tu rigoles ou quoi ? Je cherche un mec qui crèche sur les hauteurs. Et chut, je peux pas en dire plus pour le moment ! Alors, creuse dans tes neurones !

— Un mec sur les hauteurs ? Y’a bien l’expo Van Gogh, dans ce musée…Il paraît que ça vole haut.

— Tais-toi, p’tit con, pour en dire des pareilles …Et puis, Van Gogh, il est déjà mort !

— J’sais pas…Y’a le beffroi. Paraît que quatre-vingt-sept mètres, c’est haut. Y’a bien un gars là-haut qui se suspend aux cloches. Pour qu’elles sonnent…

— Ouais, mais zappe, c’est pas ça…

— T’as des indices ?

— Je te connais à peine, je peux pas te faire confiance, non mais ! Bon, juste parce que je suis charitable….Le gars qu’est haut perché, il ….écrit, dit-elle d’une voix hésitante.

— Il écrit ?

— Ben ouais, il écrit ! répète Croq’Casquette tout en mimant des lettres avec ses mains…Ecrire, tu vois ce qu’c’est ?

— Un gars qui écrit ?

— Ouais, c’est Mons capitale de la culture ici ou quoi ? Ecrire, tu saisis l’affaire ? Lève tes fesses, on va zigzaguer parce qu’ici, depuis l’temps qu’on attend deux bières, y’en a marre …

— Tu veux que j’porte le sac ?

— Ne touche pas à ce sac, morveux ! Alors, ça vient oui ? Un gars haut perché et qui écrit ?

— C’est une idée fixe chez toi !

— Je te l’ai dit, je suis ici en mission et je ne repartirai qu’une fois cette mission accomplie, lance-t-elle en accélérant le pas.

— Ok, y’a bien la Guinguette littéraire.

— Bien! A quelle hauteur ?

— Rue de Nimy. Juste après la Grand place.

— Au-dessus de la Grand place ?

— Non…

— Si c’est pas en altitude, basta!

— Alors je ne vois que la grue, là…

— Cette grue ? Cette grue plantée en plein milieu de la Grand Place ? Là ?

— Ouais, juste en face du Singe du Grand Garde. Tout en haut, y’a un mec, un écrivain paumé. Il paraît qu’il veut des projecteurs braqués sur lui…

— C’est lui !

Croq’Casquette mène la danse et entraîne Boule dans le Jardin du Mayeur. Quelques minutes plus tard, du balcon réservé aux VIP lors de la fête du Doudou, Croq’Casquette arme le fusil qu’elle cachait dans son sac et d’un seul coup, pan ! elle tue le scribouilleur-mégalo-de-la-grue.


Quelques heures plus tard, au commissariat…

— Merci à vous de relâcher Boule, c’est pas d’sa faute. Z’êtes sympa, m’sieur l’commissaire….Puisque j’vous l’dis, m’sieur l’commissaire... L’écrivaillon, c’est Rik-Manu Schmoll ! Il a commandité lui-même son meurtre, il voulait devenir célèbre ! Kidnapper une grue et écrire son roman sur les manettes de l’engin, c’était pas suffisant, on le confondait avec une œuvre contemporaine, comme on dit ici. Alors, il a fait appel à moi, Croq’Casquette. Et pan !

Un feignasse de première, quand même. Il pouvait faire le boulot tout seul. Quand on veut la célébrité, faut la mériter ! Pas vrai, m’sieur l’commissaire ?

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L'auteur de cette nouvelle ? Michel BEUVENS

Publié le par christine brunet /aloys

L'auteur de cette nouvelle ? Michel BEUVENS

MON VOISIN PASSE AU CONTRÔLE TECHNIQUE

Lorsqu’il revient de son travail, mon voisin se gare généralement devant l’entrée de son garage ; il ferme sa voiture à clé, puis soulève deux fois la poignée et fait un tour complet de son auto avant de rentrer chez lui. Peut-être est-ce un rite imposé par une secte ?

Depuis quelques jours, son comportement est devenu encore plus étrange, le cérémonial s’est compliqué : avant de quitter sa voiture, il se met soudainement à inspecter un morceau de la carrosserie, comme s ‘il y avait vu subitement une énorme griffe, il se penche sous les bas de caisse, il saisit l’extrémité du pot d’échappement et l’agite vigoureusement, il s’appuie tour à tour sur les quatre ailes pour les secouer de tout son poids. Avant-hier, il a soulevé le capot et ausculté le moteur pendant dix minutes, comme si on l’avait averti qu’un ouvrier y avait oublié sa montre en or lors du montage. Il a vérifié trois fois les phares, les clignotants, les feux arrière, appelant sa femme à la rescousse pour contrôler les stops (Ils vont ? Oui ! Tous les deux ? Oui ! Et comme ça, c’est éteint ? ).

Aujourd’hui, j’ai compris : mon voisin a reçu la convocation du Contrôle technique. Il me l’a montrée, pestant parce qu’on le convoque un mois avant que sa voiture ait atteint les quatre ans. Il a pris rendez-vous pour la faire vérifier par son garagiste. Celui-ci a poussé un gros soupir, car il sait que c’est inutile : l’auto de monsieur Dupneu (mon voisin s’appelle Dupneu) a 15.678 kilomètres, le dernier gros entretien a été fait à 15.053 kilomètres, et les phares ont déjà été réglés deux fois - sous garantie – parce que monsieur Dupneu avait mesuré une différence de deux millimètres entre les faisceaux sur le mur du fond de son garage.

Mon voisin a sorti tous ses papiers de sa pochette en cuir d’assureur : bon de commande, facture d’achat, carnet d’immatriculation, carte d’assurance, certificat de conformité, garantie de la radio, virement pour la redevance radio. Il a relu quatre fois, en soulevant ses lunettes, le numéro du châssis en se demandant pourquoi il est si long (on a vraiment construit autant d’exemplaires de ce modèle ?).

Durant la semaine, monsieur Dupneu est passé trois fois devant la station de contrôle, estimant la longueur des files en fonction de l’heure, réfléchissant à sa stratégie : c’est décidé, il passera pendant midi. Il y a moins de personnel, mais il y a aussi moins de clients, et on risque moins de se retrouver derrière une voiture au démarreur hésitant, tractant une caravane qu’il faut peser et mesurer, le tout présenté par un automobiliste qui a égaré le certificat de conformité et qui a oublié de signaler qu’il avait besoin d’une demande d’immatriculation.

Le grand moment est arrivé : mon voisin est dans la file qu’il estime être la plus rapide

(comme il a pris congé pour toute la journée, la rapidité n’a pas vraiment d’importance, mais enfin…). Aucun autre automobiliste n’a l’air franchement joyeux, seul le préposé sifflote en venant s’emparer des documents (monsieur Dupneu soupçonne qu’il est payé pour siffloter, afin de rendre cette station plus accueillante que les autres).

Suspense : le contrôleur regarde fixement le carnet d’immatriculation : y-a-t-il une erreur ? Est-ce que le numéro de châssis serait identique à celui d’un véhicule volé ? Ouf : l’employé réintègre sa cabine de verre pour remplir son formulaire : mon voisin a eu chaud !

Le test des freins met monsieur Dupneu mal à l’aise : d’abord, il faut confier le volant au contrôleur (Sait-il où se trouve la première ? Ne va-t-il pas salir les sièges ? ). Et puis, est-ce que cela n’abîme pas la boîte de vitesses d’entraîner les roues par ces rouleaux si violents ?

Bon, le test est OK, et il a permis à monsieur Dupneu de vérifier que son épouse ne lui a pas menti : il a vu lui-même ses stops fonctionner.

Dernière épreuve : la fosse. Déjà, le nom ! Et ces appareils barbares qui secouent la voiture dans tous les sens ! La tension de mon voisin a grimpé de deux unités. Et lorsque le fossoyeur - pardon, le contrôleur - lui fait signe de s’approcher, c’est le cœur battant qu’il se penche pour entendre le verdict : il voit déjà son auto interdite à la circulation à cause d’un monstrueux défaut de construction que personne n’a vu jusqu’à maintenant, il se voit hurlant chez son garagiste, interpellant le service technique de l’importateur, il écrira à Test Achats !

Mais non : l’employé lui signale simplement que les disques de frein sont très légèrement rouillés (il faut dire que monsieur Dupneu freine surtout sur le moteur, comme on lui a appris au service militaire). Après que le contrôleur ait juré formellement que ce n’était pas grave, qu’il n’y aurait même pas de remarque sur le certificat de visite, mon voisin peut enfin se rendre à la caisse. Dernière appréhension : ne va-t-on pas égarer ses documents ?

Impassibles, avec le détachement qui sied à tout fonctionnaire ayant la retraite comme seul point de mire, les employés de la caisse se racontent leur dernier week-end, mettant la foule inquiète qui s’agglutine devant le guichet au courant de leurs préférences en matière de viandes pour barbecue.

Finalement, monsieur Dupneu reçoit ses papiers en échange d’un paquet de billets et de pièces de monnaie, car il a préparé une réserve de billets de cinq euros et de pièces de dix centimes pour être certain d’avoir le compte juste. Et lorsqu’il traverse la foule envieuse, on croirait voir clignoter sur son visage rayonnant l’inscription « Tranquille pour un an ».

Et c’est enfin le retour glorieux à la maison. Madame Dupneu, qui guettait derrière la vitre, sort dès qu’elle voit arriver son mari : à son sourire fourbu mais triomphal, elle comprend. Une fois de plus, le Contrôle technique a rendu des gens heureux !

Michel BEUVENS

"La Posologie des sentiments"

Publié dans auteur mystère

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QUI EST L'AUTEUR DE CETTE NOUVELLE ?

Publié le par christine brunet /aloys

QUI EST L'AUTEUR DE CETTE NOUVELLE ?

MON VOISIN PASSE AU CONTRÔLE TECHNIQUE

Lorsqu’il revient de son travail, mon voisin se gare généralement devant l’entrée de son garage ; il ferme sa voiture à clé, puis soulève deux fois la poignée et fait un tour complet de son auto avant de rentrer chez lui. Peut-être est-ce un rite imposé par une secte ?

Depuis quelques jours, son comportement est devenu encore plus étrange, le cérémonial s’est compliqué : avant de quitter sa voiture, il se met soudainement à inspecter un morceau de la carrosserie, comme s ‘il y avait vu subitement une énorme griffe, il se penche sous les bas de caisse, il saisit l’extrémité du pot d’échappement et l’agite vigoureusement, il s’appuie tour à tour sur les quatre ailes pour les secouer de tout son poids. Avant-hier, il a soulevé le capot et ausculté le moteur pendant dix minutes, comme si on l’avait averti qu’un ouvrier y avait oublié sa montre en or lors du montage. Il a vérifié trois fois les phares, les clignotants, les feux arrière, appelant sa femme à la rescousse pour contrôler les stops (Ils vont ? Oui ! Tous les deux ? Oui ! Et comme ça, c’est éteint ? ).

Aujourd’hui, j’ai compris : mon voisin a reçu la convocation du Contrôle technique. Il me l’a montrée, pestant parce qu’on le convoque un mois avant que sa voiture ait atteint les quatre ans. Il a pris rendez-vous pour la faire vérifier par son garagiste. Celui-ci a poussé un gros soupir, car il sait que c’est inutile : l’auto de monsieur Dupneu (mon voisin s’appelle Dupneu) a 15.678 kilomètres, le dernier gros entretien a été fait à 15.053 kilomètres, et les phares ont déjà été réglés deux fois - sous garantie – parce que monsieur Dupneu avait mesuré une différence de deux millimètres entre les faisceaux sur le mur du fond de son garage.

Mon voisin a sorti tous ses papiers de sa pochette en cuir d’assureur : bon de commande, facture d’achat, carnet d’immatriculation, carte d’assurance, certificat de conformité, garantie de la radio, virement pour la redevance radio. Il a relu quatre fois, en soulevant ses lunettes, le numéro du châssis en se demandant pourquoi il est si long (on a vraiment construit autant d’exemplaires de ce modèle ?).

Durant la semaine, monsieur Dupneu est passé trois fois devant la station de contrôle, estimant la longueur des files en fonction de l’heure, réfléchissant à sa stratégie : c’est décidé, il passera pendant midi. Il y a moins de personnel, mais il y a aussi moins de clients, et on risque moins de se retrouver derrière une voiture au démarreur hésitant, tractant une caravane qu’il faut peser et mesurer, le tout présenté par un automobiliste qui a égaré le certificat de conformité et qui a oublié de signaler qu’il avait besoin d’une demande d’immatriculation.

Le grand moment est arrivé : mon voisin est dans la file qu’il estime être la plus rapide

(comme il a pris congé pour toute la journée, la rapidité n’a pas vraiment d’importance, mais enfin…). Aucun autre automobiliste n’a l’air franchement joyeux, seul le préposé sifflote en venant s’emparer des documents (monsieur Dupneu soupçonne qu’il est payé pour siffloter, afin de rendre cette station plus accueillante que les autres).

Suspense : le contrôleur regarde fixement le carnet d’immatriculation : y-a-t-il une erreur ? Est-ce que le numéro de châssis serait identique à celui d’un véhicule volé ? Ouf : l’employé réintègre sa cabine de verre pour remplir son formulaire : mon voisin a eu chaud !

Le test des freins met monsieur Dupneu mal à l’aise : d’abord, il faut confier le volant au contrôleur (Sait-il où se trouve la première ? Ne va-t-il pas salir les sièges ? ). Et puis, est-ce que cela n’abîme pas la boîte de vitesses d’entraîner les roues par ces rouleaux si violents ?

Bon, le test est OK, et il a permis à monsieur Dupneu de vérifier que son épouse ne lui a pas menti : il a vu lui-même ses stops fonctionner.

Dernière épreuve : la fosse. Déjà, le nom ! Et ces appareils barbares qui secouent la voiture dans tous les sens ! La tension de mon voisin a grimpé de deux unités. Et lorsque le fossoyeur - pardon, le contrôleur - lui fait signe de s’approcher, c’est le cœur battant qu’il se penche pour entendre le verdict : il voit déjà son auto interdite à la circulation à cause d’un monstrueux défaut de construction que personne n’a vu jusqu’à maintenant, il se voit hurlant chez son garagiste, interpellant le service technique de l’importateur, il écrira à Test Achats !

Mais non : l’employé lui signale simplement que les disques de frein sont très légèrement rouillés (il faut dire que monsieur Dupneu freine surtout sur le moteur, comme on lui a appris au service militaire). Après que le contrôleur ait juré formellement que ce n’était pas grave, qu’il n’y aurait même pas de remarque sur le certificat de visite, mon voisin peut enfin se rendre à la caisse. Dernière appréhension : ne va-t-on pas égarer ses documents ?

Impassibles, avec le détachement qui sied à tout fonctionnaire ayant la retraite comme seul point de mire, les employés de la caisse se racontent leur dernier week-end, mettant la foule inquiète qui s’agglutine devant le guichet au courant de leurs préférences en matière de viandes pour barbecue.

Finalement, monsieur Dupneu reçoit ses papiers en échange d’un paquet de billets et de pièces de monnaie, car il a préparé une réserve de billets de cinq euros et de pièces de dix centimes pour être certain d’avoir le compte juste. Et lorsqu’il traverse la foule envieuse, on croirait voir clignoter sur son visage rayonnant l’inscription « Tranquille pour un an ».

Et c’est enfin le retour glorieux à la maison. Madame Dupneu, qui guettait derrière la vitre, sort dès qu’elle voit arriver son mari : à son sourire fourbu mais triomphal, elle comprend. Une fois de plus, le Contrôle technique a rendu des gens heureux !

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L'auteur ? Didier FOND !!!!

Publié le par christine brunet /aloys

L'auteur ? Didier FOND !!!!

AVANT LE PETIT JOUR

C’est au petit jour que la peur envahit la ville. Elle s’y installe, sûre d’elle, sûre de n’être pas chassée avant l’apparition du soleil, sûre aussi que lorsqu’elle devra céder la place, il restera en nous une trace indélébile de son passage et une appréhension sans nom du lendemain. Elle reviendra. Elle revient toujours, seule ou accompagnée de son âme damnée…

Mais ce n’est pas encore le jour. La froide lueur de l’aube n’a pas effleuré la fenêtre. Et pourtant, déjà, les ténèbres s’éclairent, là-bas, à l’est, vers la lointaine plaine, d’une faible lumière argentée ; blafard et terne, chétif enfant de la nuit, le jour va naître. Sa forme n’est encore qu’incertaine, mais peu à peu, son image se dessine sur l’horizon, plus ferme et plus pure à chaque instant.

Souvent, mes cauchemars oniriques cèdent la place au cauchemar réel. La nuit me voit alors debout, errant à travers le dédale des chambres, à la recherche de je ne sais quel réconfort, d’un oubli précaire, d’une présence rassurante et cependant impossible. Sans doute est-ce un bruit insolite qui m’a tiré de mes rêves ; le store qui bat contre la fenêtre, au moindre souffle de vent…

Les gratte-ciel des banlieues commencent à se découper sur l’horizon. J’essaie de ne pas penser aux heures interminables qui vont grignoter cette nouvelle journée. Si la nuit m’était un refuge, j’appellerais déjà sa venue ; mais la nuit elle-même s’est dressée contre moi et je ne peux plus espérer en sa trompeuse douceur.

La flamme des bougies vacille sous la caresse de l’air matinal. Leur lueur incertaine et tremblotante est désormais inutile. Elles ont accompagné ma promenade silencieuse dans l’appartement, mon errance nocturne et d’avant le petit jour, elles m’ont permis de découvrir au hasard des miroirs un visage étrange, presque inconnu, le mien, surgi de l’obscurité le temps d’une apparition et happé de nouveau par la nuit, le silence, l’oubli. Le plancher n’a pas craqué sous mes pas tandis que je glissais le long des couloirs. J’ai posé le bougeoir, j’ai voulu me regarder dans le miroir, mais j’ai eu peur de mon image, peur de découvrir un reflet que mes yeux ont perdu l’habitude de contempler. Souvent, avant, je marchais jusqu’à sa chambre ; je restais immobile devant cette porte close. Derrière moi, la flamme des bougies exécutait une danse sauvage, presque indécente, comme pour se moquer de mes velléités. Elle dessinait sur le mur des arabesques folles au milieu desquelles, en me retournant, il me semblait lire les mots que mon esprit ne cessait de me hurler. Vaincu par la lumière, j’ai fui vers le refuge obscur de mes fantasmes, où les désirs inassouvis se confondent avec la réalité, et j’ai attendu l’aurore.

*

Les matins d’antan… Ils n’étaient pas tous aussi désespérés… Cette aube blafarde ne ressemble en rien à celles d’avant, quand le soleil naissant réchauffait une ville vivante, que le sommeil fuyait peu à peu. Je ne savais pas apprécier les bruits qui montaient vers moi, les rires, les cris des gens qui m’entouraient. De mauvaise humeur, découragé à l’idée d’affronter une nouvelle journée de travail, j’aspirais au silence à la solitude douillette de mon lit. Je n’ai pas su aimer ces somptueuses aurores. Je ne voyais en elles que d’indésirables obstacles à ma plongée dans des rêves qui, alors, n’avaient rien de terrifiant. Ce silence absolu que je réclamais si fort, je l’ai, maintenant. Il me cerne, me dévore petit à petit, sans hâte ; il est en moi, il est sur moi. Je le sens qui coule sur mon visage, mes bras, mon corps. Ces gens qui m’exaspéraient et dont l’absence est un de mes plus cruels tourments, je les cherche inlassablement, chaque jour, dans les rues de la ville. Et parfois, le silence est si intolérable que je me mets à hurler. Un jour, alors que je traversais le fleuve, j’ai tout à coup frappé le parapet du pont à grands coups de pied, comme si je le rendais responsable de l’incroyable distraction de l’Ennemie qui les avait tous fauchés –tous, sauf moi.

Après son retour, je n’ai plus éprouvé le besoin de briser à tout prix cet épouvantable silence. Mais sa présence n’empêchait pas l’angoisse, chaque matin, de me submerger. J’ai peur de l’avenir, de la journée qui va s’écouler, de la nuit qui va tomber. J’ai peur de celle qui rôde, à la recherche des retardataires, des oubliés. J’ai si peu d’armes à lui opposer… Je devrais, le matin, me terrer sous mes couvertures et laisser naître le jour sans le regarder. C’est l’heure où l’Ennemie parcourt la ville et elle finira bien par me découvrir, aux aguets derrière ma fenêtre, redoutant et espérant sa venue… Elle n’a pas encore tourné ses regards vers moi. Patience. Que je l’aide un peu, que j’essaie de lui échapper, et elle saura bien se souvenir de moi, me découvrir, s’avancer à ma rencontre, amicale, presque bienveillante, dissimulant son visage haïssable sous le plus séduisant des masques.

L'auteur ? Didier FOND !!!!L'auteur ? Didier FOND !!!!L'auteur ? Didier FOND !!!!

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QUI EST L'AUTEUR DE CETTE NOUVELLE ?

Publié le par christine brunet /aloys

QUI EST L'AUTEUR DE CETTE NOUVELLE ?

AVANT LE PETIT JOUR

C’est au petit jour que la peur envahit la ville. Elle s’y installe, sûre d’elle, sûre de n’être pas chassée avant l’apparition du soleil, sûre aussi que lorsqu’elle devra céder la place, il restera en nous une trace indélébile de son passage et une appréhension sans nom du lendemain. Elle reviendra. Elle revient toujours, seule ou accompagnée de son âme damnée…

Mais ce n’est pas encore le jour. La froide lueur de l’aube n’a pas effleuré la fenêtre. Et pourtant, déjà, les ténèbres s’éclairent, là-bas, à l’est, vers la lointaine plaine, d’une faible lumière argentée ; blafard et terne, chétif enfant de la nuit, le jour va naître. Sa forme n’est encore qu’incertaine, mais peu à peu, son image se dessine sur l’horizon, plus ferme et plus pure à chaque instant.

Souvent, mes cauchemars oniriques cèdent la place au cauchemar réel. La nuit me voit alors debout, errant à travers le dédale des chambres, à la recherche de je ne sais quel réconfort, d’un oubli précaire, d’une présence rassurante et cependant impossible. Sans doute est-ce un bruit insolite qui m’a tiré de mes rêves ; le store qui bat contre la fenêtre, au moindre souffle de vent…

Les gratte-ciel des banlieues commencent à se découper sur l’horizon. J’essaie de ne pas penser aux heures interminables qui vont grignoter cette nouvelle journée. Si la nuit m’était un refuge, j’appellerais déjà sa venue ; mais la nuit elle-même s’est dressée contre moi et je ne peux plus espérer en sa trompeuse douceur.

La flamme des bougies vacille sous la caresse de l’air matinal. Leur lueur incertaine et tremblotante est désormais inutile. Elles ont accompagné ma promenade silencieuse dans l’appartement, mon errance nocturne et d’avant le petit jour, elles m’ont permis de découvrir au hasard des miroirs un visage étrange, presque inconnu, le mien, surgi de l’obscurité le temps d’une apparition et happé de nouveau par la nuit, le silence, l’oubli. Le plancher n’a pas craqué sous mes pas tandis que je glissais le long des couloirs. J’ai posé le bougeoir, j’ai voulu me regarder dans le miroir, mais j’ai eu peur de mon image, peur de découvrir un reflet que mes yeux ont perdu l’habitude de contempler. Souvent, avant, je marchais jusqu’à sa chambre ; je restais immobile devant cette porte close. Derrière moi, la flamme des bougies exécutait une danse sauvage, presque indécente, comme pour se moquer de mes velléités. Elle dessinait sur le mur des arabesques folles au milieu desquelles, en me retournant, il me semblait lire les mots que mon esprit ne cessait de me hurler. Vaincu par la lumière, j’ai fui vers le refuge obscur de mes fantasmes, où les désirs inassouvis se confondent avec la réalité, et j’ai attendu l’aurore.

*

Les matins d’antan… Ils n’étaient pas tous aussi désespérés… Cette aube blafarde ne ressemble en rien à celles d’avant, quand le soleil naissant réchauffait une ville vivante, que le sommeil fuyait peu à peu. Je ne savais pas apprécier les bruits qui montaient vers moi, les rires, les cris des gens qui m’entouraient. De mauvaise humeur, découragé à l’idée d’affronter une nouvelle journée de travail, j’aspirais au silence à la solitude douillette de mon lit. Je n’ai pas su aimer ces somptueuses aurores. Je ne voyais en elles que d’indésirables obstacles à ma plongée dans des rêves qui, alors, n’avaient rien de terrifiant. Ce silence absolu que je réclamais si fort, je l’ai, maintenant. Il me cerne, me dévore petit à petit, sans hâte ; il est en moi, il est sur moi. Je le sens qui coule sur mon visage, mes bras, mon corps. Ces gens qui m’exaspéraient et dont l’absence est un de mes plus cruels tourments, je les cherche inlassablement, chaque jour, dans les rues de la ville. Et parfois, le silence est si intolérable que je me mets à hurler. Un jour, alors que je traversais le fleuve, j’ai tout à coup frappé le parapet du pont à grands coups de pied, comme si je le rendais responsable de l’incroyable distraction de l’Ennemie qui les avait tous fauchés –tous, sauf moi.

Après son retour, je n’ai plus éprouvé le besoin de briser à tout prix cet épouvantable silence. Mais sa présence n’empêchait pas l’angoisse, chaque matin, de me submerger. J’ai peur de l’avenir, de la journée qui va s’écouler, de la nuit qui va tomber. J’ai peur de celle qui rôde, à la recherche des retardataires, des oubliés. J’ai si peu d’armes à lui opposer… Je devrais, le matin, me terrer sous mes couvertures et laisser naître le jour sans le regarder. C’est l’heure où l’Ennemie parcourt la ville et elle finira bien par me découvrir, aux aguets derrière ma fenêtre, redoutant et espérant sa venue… Elle n’a pas encore tourné ses regards vers moi. Patience. Que je l’aide un peu, que j’essaie de lui échapper, et elle saura bien se souvenir de moi, me découvrir, s’avancer à ma rencontre, amicale, presque bienveillante, dissimulant son visage haïssable sous le plus séduisant des masques.

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