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Josy Malet-Praud a lu "Rue Baraka" de Carine-Laure Desguin

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Un livre à la présentation énigmatique : petit volume, première de couverture jaune – entre rayon de  soleil et champ de moutarde-, pas d’illustration … Mais de quoi s’agit-il donc ? Le titre s’impose en blanc, qui porte en lui comme une réponse, l’essence de ce premier roman : Rue Baraka. La rue de la chance.


J’ai tourné la dernière page ce matin.  Je sais que ma lecture et mes commentaires ne pourront jamais être totalement impartiaux : c’est ainsi lorsque je connais l’auteur, ou le pressens, même –juste un peu et de loin-. Néanmoins, ce dont je suis certaine, c’est que Carine-Laure Desguin a mis dans son premier ouvrage ce qui, me semble-t-il, la caractérise le mieux : l’enthousiasme, le rejet des déterminismes, la passion pour la vie quelle qu’elle soit, un élan positif infaillible. Rue Baraka, c’est un condensé de tendresse, de sagesse, de respect de tous les –autres-, d’optimisme farouche en toutes circonstances. La  volonté inaltérable d’installer la lumière là où les ombres se disputent l’esprit et le cœur des hommes.image-1

 

Rue Baraka, c’est l’histoire simple et pourtant magique, du grand tournant dans l’existence d’un jeune homme, Tarek,  emblématique de sa génération. L’histoire éternelle et cruciale d’un passage initiatique. Celle de –l’heure des choix-. Celle des –carrefours- où chacun doit choisir une route plutôt qu’une autre. Souvent en aveugle, presque toujours à tâtons. Ici, Tarek découvre –la baraka- en la personne d’un vieil artiste peintre, au cœur grand ouvert comme les horizons qu’il rend accessibles.

 

Ni morale conservatrice, ni leçon de vie radicale imposée, Rue Baraka pétille d’accents philosophiques, d’humour et de tendresse.  Quatre-vingt deux pages pour balayer les toiles d’araignées grises et noires du pessimisme et faire voler en éclats la chape d’une sinistrose résignée si « tendance » aujourd’hui. 

 

Il y a chez Carole-Laure Desguin et sa Rue Baraka, un petit quelque chose de Khalil Gibran et son Prophète. Ce sentiment diffus s’est fait récurrent  tout au long de ma lecture. La foi humaniste et l’universalité des valeurs fondamentales pourraient bien être leurs traits d’union…

 

Pour conclure, comme le ferait certainement Tarek, il me reste à souhaiter à Carole-Laure Desguin… « Bonnes nouvelles, succès, et chance, chance, chance… ».

 

Extrait

« Les jeunes gens du quartier, physique de délinquants et cœurs de papier mâché, bifurquent ici, certains que le vieux peintre guérira par son aspect débonnaire et ses paroles indulgentes les aspérités d’un quotidien amer. Cette flopée d’énergumènes, aux origines éclectiques, permet à ce couple généreux de se ressourcer et de transmettre, d’ouvrir de nouveaux horizons et de ne pas restreindre les leurs… »

 

 

Josy Malet-Praud, Juillet 2010

www.lascavia.com

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A LA UNE...

Publié le par aloys.over-blog.com

 

 

 

desguinDans la revue thudinienne "Le Spantole", Pierre Dejardin signale : " Carine-Laure Desguin, de Thuillies, publie son premier roman "RUE BARAKA", un titre sur une couverture jaune éclatante de soleil optimiste. Un huis clos de trois personnages qui ouvre sur l'espoir et réapprend à rêver. Un jeune désanchanté goûte à l'art de vivre d'un artiste philosophe qu'une certaine Clara enracine dans la vie de tous les jours. L'écriture crée une musique douce et apaisante. Elle pénètre et donne de la force."

Editions "Chloé des lys", 2009, 90 pages . 

Editions du Spantole 18, rue des Sarts 6533 Thuin

 numéro 360 / 55ème année Troisième trimestre 2010 P501218

 

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http://www.bandbsa.be/contes/actu.jpgA voir sur ACTU: "Bande d’arrêt d’urgence" de Chantal Adam. La Province de Liège Culture lançait en février 2010 le concours de nouvelles littéraires « Achève-moi ! ». Il s’agissait d’achever un des huithttp://photos-d.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-snc4/hs769.snc4/66922_472749607358_676387358_6779119_4486543_s.jpg débuts de textes proposés par des auteurs , ambassadeurs de notre littérature. Plus de 1.000 candidats ont participé à l'aventure. 50 textes ont été présélectionnés dont celui de Chantal. Une plume au chapeau de cette écrivaine de polars noir de noir ! Voir ici: http://www.bandbsa.be/contes.h tm

 

 

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http://r19.imgfast.net/users/1913/52/32/14/avatars/54-94.jpgPRESENTATION DE MON ROMAN "APRES TOUT..."

Le 17/1O, dans le cadre de la Fureur de lire, à la bibliothèque de Sambreville (Belgique), complkexe Emile Lacroix, à 161282193-1681385.jpg heures.

- 26/11 à la bibliothèque de Herstal (Belgique), rue René Henoumont Rue Large Voie 110 .

Puis il y aura l'année prochaine, en Belgique toujours, mon passage à Amay, Evere, Morlanwelz, Floreffe...

 

 

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http://www.bandbsa.be/contes2/youtube.jpgComme quoi la contagion des essais est bien réelle !!! Désormais, dans chaque article "A la une", une nouvelle vidéo de la chaîne Youtube cdl... cette fois-ci, Florian Houdart... et deux slams... (vous voulez en voir et en entendre plus ? http://www.bandbsa.be/contes.htm link

 

 

 


 


 

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Peut-être que... Une nouvelle de Josy MALET-PRAUD

Publié le par aloys.over-blog.com

Visuel Auteur - PDNA
Peut-être que…
Josy Malet-Praud©Septembre 2010


Il était tôt. Six, sept heures, peut-être. Debout sur le seuil de la maison, il fumait sa première cigarette, la dernière du paquet entamé dans la nuit. Fœtus assoupi dans sa matrice de verdure, le quartier se taisait. Les chiens s’ébrouaient sans conviction, nostalgiques d’un sommeil écourté par le réveil précoce du jeune homme.
Le regard fasciné par une flottille de cumulus naviguant sur l’azur, il observait au premier plan les ébats des grands pins maritimes. Les faîtes se hissaient pour toucher l’infini. Balancés par un vent de noroît, on aurait dit des bras de géants ondulant pour offrir la ola aux musiciens d’un concert.
 

Elle longeait la haie. Une ombre en pointillés, presque en lévitation par la grâce d’une allure éthérée. Sa silhouette apparut dans l’espace du portail ouvert. Hasard ? Ce fut là, nulle part ailleurs sur la route déserte, qu’elle reprit son souffle. Le sort jetait les dés pour faire d’Il et d’Elle, en cet instant précis, d’intimes étrangers. Il ne l’avait jamais vue, elle non plus ; pourtant, ils se rencontreraient. Peut-être. 
 

Le dos rond, les mains crispées sur des cuisses moulées par un corsaire en latex noir, la tête basculée vers l’avant, comme trop lourde à porter sous une queue de cheval brune, elle haletait. Elle se croyait seule. Il ne bougea pas. Il prévoyait qu’elle sentirait la tension de son regard fixé sur elle. Un picotement escalada l’échine féminine. Elle sursauta et tourna la tête vers l’entrée de la propriété, Elle le vit. Il grimaça un sourire timide, les yeux irrités par la fumée épaisse de la Camel. Il resta immobile, debout, appuyé contre le mur de la villa. Rien. Il ne se passait rien. Le silence pesait lourd du poids de la gêne.

Pour s’en libérer, par réflexe sans doute, il prit l’initiative.
- Elle est rude, n’est-ce pas ?
- Pardon ? fit-elle en replaçant un peigne doré, bijou-barrage à sa cascade de cheveux ténébreux. 
 

Des yeux vifs, un visage qui capture l’attention. Pas belle, non. Expressive, animée. Vivante. Grande, plus que lui, un corps gainé par l’exercice physique, une sportive.
- Je parle de la côte que vous venez de gravir en courant. Il faut du souffle et des jambes…
- Pas tant que ça…enfin, quand on a l’habitude, rétorqua-t-elle d’une voix rauque. 
 

Une onde d’hésitation virevolta dans l’air frais. 
- Je ne vous ai jamais vue passer par ici…
- Non. C’est la première fois que j’emprunte cet itinéraire. 
 

Elle s’était détendue. Elle souriait presque. Il respirait enfin.
 

Une voix comme il les aimait, chaude et cassée. Epicée, comme devait l’être sa peau ambrée par le soleil. Une promesse de chaleur. Une jeune femme réservée. Pas de celles qu’on apprivoise sans se donner quelque peine. Elle hocha la tête, comme un signal de départ et se détourna. Il se traita d’imbécile, ou de sage, de ne pas chercher à la retenir.

Elle se ravisa. Alea jacta est.
 - Vous avez l’heure, s’il vous plait ?
- C’est l’heure de prendre le café… Il se mordit la lèvre. Trop tard…Lapsus linguae.
- Merci…mais je n’ai pas le temps aujourd’hui. Demain ?
- Oui, peut-être...
- Vous courez aussi ? C’est bon, le matin, c’est comme prendre un grand bol de liberté… 


Elle attendait une réponse. Son cœur à lui fit un saut de carpe douloureux entre ses côtes. Le regard féminin s’imprégnait de confiance. Il s’imposa de ne pas baisser le sien. Le mégot consumé lui brula les doigts. Il le sentit trop tard. Et si peu…
- Non, je ne cours pas. Mais je garde la forme autrement : tournez vous…levez la tête. Vous voyez, là-bas, les grands arbres ? Ce sont des pins maritimes. J’y grimpe pour la taille des branches. C’est mon métier…
- Vous êtes bûcheron ?
- Mon père et mon grand-père étaient gemmeurs : ils recueillaient la sève des pins…le métier a disparu. Je suis resté près de leurs arbres… dans la même branche, si vous préférez. 


Elle rit de bon cœur. Une cascatelle d’eau pure qui caracole entre deux roches. Il se sentit vivant.
- Je dois partir, mais demain, si vous me proposez le café, je ne dirai pas non… Le parcours et la côte me conviennent…Vous me parlerez des pins maritimes ? Ah… Je m’appelle Sue.
- Moi, c’est Raphaël…


Elle reprit sa course à petites foulées. Il ferma les yeux. Le silence s’effondra comme un chapiteau de solitude sur le paysage désolé. Les pins maritimes se battaient en duel. Les nuages refermaient l’horizon. Les chiens s’approchèrent à pas comptés. Ils refrénaient leurs élans, comme s’ils savaient.
- Raphaël ? La mère s’était levée. Il entendit les mules maternelles claquer sur la tomette. Raphaël, tu n’as pas déjeuné !… Où es-tu ? Qui était-ce ?
- Je suis là, maman, j’arrive... Elle s’appelle Sue.


La mère s’affaira à la préparation du petit-déjeuner. La gorge nouée, elle se contraignit à le laisser se débrouiller seul. Elle savait bien qu’il n’aurait pas supporté son aide. Elle s’interdit aussi de lui répéter qu’il avait eu de la chance, que d’autres n’auraient pas seulement laissé une jambe, broyée sous le tronc du grand pin lorsqu’il était tombé. Un accident. Comme les autres fois, quand elle tentait de le consoler, il aurait détourné la tête pour pleurer sans elle. Il aurait maudit la prothèse à laquelle elle espérait tellement qu’il s’habituerait. Et pire, c’est elle qu’il finirait par détester si elle affirmait une fois encore qu’il valait mieux ça que d’être mort. Il aurait crié qu’il l’était pourtant, mort. Elle soupira. Elle se tut.
- Elle reviendra demain matin. Prendre un café avec un garçon que je ne suis plus …Tu lui diras qu’il a oublié, ou qu’il n’a pas pu l’attendre. Qu’il y avait des travaux urgents dans la pinède, ou que…enfin, comme tu voudras. Elle n’est pas d’ici. Elle ne reviendra certainement pas deux fois. 


Au fond des yeux voilés par une tristesse chargée de déception, il lut les interrogations de sa mère «Qu’en sais-tu, mon garçon ? Peut-être que cette fois-ci…». Il fit non de la tête et se réfugia dans son bol de café au lait. Le poids de l’espérance pesait encore trop lourd. Plus tard, peut-être…

Josy MALET-PRAUD
www.lascavia.com

Publié dans Nouvelle

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Carole Merlot: Flotter dans les neiges...

Publié le par aloys.over-blog.com

 

 

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Flotter dans les neiges
frôler tous les sortilèges
avoir le cœur serré
et quand bien même t’aimer

flotter avant que je m’enterre
une dernière fois dans l’éther
le jour est devenu rancœur
la douleur doucement se meurt

retourner les draps sans cesse
se retrouver seul de richesses
ne rien partager est mortifère
comme se laisser aller à la mer

mais il faut dormir encore
soigner nos cernes et encore
entendre tes rires nocturnes
te serrer contre ma peau diurne

tu es mon ange à présent
ma raison de dire le présent
ma saison de vivre mon enfant

 

 

Carole Merlot

 

http://monmaquis.skynetblogs.be

http://caroleetsesmots.skynetblogs.be

 

Publié dans Poésie

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MARTINE DILLIES-SNAET : j’ai lu « COMMENT RENDRE VOTRE QUOTIDIEN PLUS PLAISANT » de Micheline Boland

Publié le par aloys.over-blog.com

MARTINEJ’ai lu « Comment rendre votre quotidien plus plaisant ? Avec la programmation neuro-linguistique » de Micheline Boland


 

 

            Avant même d'aller plus loin,  et de dire tout ce j'ai ressenti, pour n'induire personne en erreur,  je dirais qu'à mon avis, ce livre n'est pas un livre de détente mais un livre de travail. Il n'apporte pas la détente des pieds en éventail d'un roman mais il apporte autre chose.

Il peut être lu par tout le monde et pas seulement par le monde des enseignants, éducateurs et tout ce qui a  la charge d'autrui (les p'tits malins ajouteront les curés, histoire de rire mais y aurait-il vraiment matière à sourire ?) comme on le penserait peut-être trop vite. Mais pour moi, ce livre est quand même un outil.

 

* - *-*-*-*-*-*-*-*-*-*---*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*----*-*-*-*-*-*-

 

            350 pages!  A l’endroit, à l’envers, en marche avant, en marche arrière. Comme d’habitude ! Jamais  dans le sens « comme il faut ». Et je m’en fous. Je m’en délecte d’autant plus quand je le prends enfin à l'endroit pour le relire doucement. Même un bouquin comme le vôtre, Madame Boland! Seulement là, il aura fallu attendre un peu plus pour avoir mon commentaire.

 

            La P.N.L. comme on dit, on rentre dans le monde des intellos. Exit les littéraires, les poètes, les conteurs, les narrateurs, les...

Mais qu'est-ce que  je raconte là! Des bêtises! Des bêtises de première!!!

Vous verrez pourquoi plus loin.

 

            Dans ce livre, trois parties et chacun peut s'y retrouver.boland5.jpg

 

            * La première est théorique (80 pages) et pour les professionnels et  le nombre important de personnes qui ont suivi cette formation P.N.L., plus d'un  appréciera. Les autres dont j'en fais partie vu que j'ai toujours refusé de m'inscrire, eh bien les autres, ils lisent doucement. Ou bien ils passent.

Moi, j'ai lu doucement. Et d'autant plus doucement que j'avais tendance à accrocher un problème personnel et actuel à ce que je lisais: chose qu'il ne faut absolument pas faire!

 

            * La seconde partie (40 pages) ou les processus de mises de route: plus abordable, nettement! Sans cesse, on se dit « ah tiens, c'est vrai, c'est ce que je fais, c'est ce que je pourrais faire » ou « ah tiens, c'est vrai, c'est ce que je fais mais qu'est-ce que moi je pourrais faire pour m'orienter différemment, pour trouver les haut-pendus  perdus et invisibles mais pourtant réels dans le ciel de notre vie ? »

 

            * La troisième et dernière partie (225 pages) est celle que je préfère et par laquelle je recommanderai de commencer à toutes les personnes qui n'ont pas suivi la formation P.N.L.

Et les voilà qu'ils sortent des pages! Tels des pantins, vous les voyez se redresser à chaque page.

Qui ?

Mais les littéraires, les poètes, les conteurs, les narrateurs, ..., pardi! Ils sont tous là. Cachés dans les mots les phrases, les images, les poèmes.

Dans cette partie, l’auteur nous livre ses impressions tout en restant à l'écart. Femme pudique et réservée, discrète et intelligente, sensible et éveillée car Micheline Boland est tout cela, et toute sa personnalité se découvre dans cette partie.

Elle raconte ce qu'elle a vu, les situations dont elle  a été témoin, les réflexions qu'elle s'est autorisée à faire, les questions qu'elle s'est posées, les non-réponses qui ne sont pas arrivées. Et elle le fait bien.  Divinement bien!

Sacré nom! Arriver à mettre de la poésie, des histoires courtes dans un livre pareil. Faut l'faire! Bravo Madame!

 

Maintenant si vous n'avez pas envie de vous poser des questions, si vous n'avez pas envie de sortir des moments mélancoliques, si vous n'avez pas envie d'améliorer ces jours parfois gris, si vous n'avez pas envie que l'on ouvre devant vous des tas de petites portes que vous n'aviez jamais vues,

ne lisez pas le livre.

Mais si vous désirez voir ces dizaines de petites loupiotes allumées derrière ces portes qu'on a ouvert devant vous, si vous désirez trouver un sourire, un apaisement alors que vous n'en trouviez plus,   si vous désirez vous rendre compte  que même le sombre cœur d'une forêt n'est, en fait, que l'orée d'un bois verdoyant, alors,

lisez le livre.

 

Oh! Il n'est pas ni un roman ni la panacée dont on rêve. D'ailleurs les panacées sont restées dans les poches des tabliers de nos grands-mères. Le monde moderne est difficile à vivre. Le livre de Micheline Boland n'est pas ça mais il est un vent de fraîcheur. Et cela est parfois bien doux.

J'en ai apprécié la brise.

 

 

 

MARTINE DILLIES-SNAET

http://users.skynet.be/TheDillies/

Publié dans Fiche de lecture

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A LA UNE...

Publié le par aloys.over-blog.com

Aloys a fait peau neuve grâce à vous et à votre assiduité !!!!

Nouveau design premium proposé par overblog... 

 

Par ailleurs, aujourd'hui et ce pour la toute première fois, nous avons dépassé le seuil de 75 pour le Blog Rank, ce qui veut dire que le classement dans le top des blog n'est plus qu'à une petite encablure...

 

 

Je rappelle l'appel à photo pour remplacer la porte mystère qui est depuis quelques jours le nouveau logo de notre blog... Cette photo étant celle de mon site perso, elle ne pourra rester l'image d'Aloys lorsque celui-ci sera mis en ligne !!! Nous avons des tas d'auteurs surdoués en photographie, peinture, dessin... Montrez votre travail ! 

 

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bobclin A voir dans ACTU: Sophie Vuillemin (CDL) au premier salon du livre de Corsept. Sophie Vuillemin, l'auteure de "C'est quoi ton stage ?" a participé les 9 et 10 octobre au premier salon du livre de Corsept qui accueillait une trentaine d’écrivains, maisons d’édition et associations de la région dans une ambiance conviviale. Les lecteurs sont venus en famille pour découvrir et discuter avec les auteurs. Une première édition qui n’est sans doute que le début d’une longue aventure. Voir ici: http://www.bandbsa.be/contes.htm

 

 

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http://www.bandbsa.be/contes/actutv.jpgACTU-tv va tenter une grande première ce prochain samedi 23 octobre, à l'occasion de la séance de dédicaces organisée à l'Espace Art Gallery d'Ixelles pour les auteurs bruxellois de Chloe des Lys: une retransmission en direct de l'évènement par Wifi, avec deux webcams et une connection minimale, à peine le 1/3 d'un débit normal... Bref, de quoi donner une bonne idée de l'ambiance et du spectacle que présenteront Fabienne Coppens, Danofsky et Miche Stennier.
 http://www.bandbsa.be/foires/ixelles2010.htm

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Anne Sophie Malice (Chloe des Lys) vient de signer avec ACTU-tv où elle présentera en prime-time l'émission du dimanche 20h00 "Nos amis et les amis de nos amis". Le montant de la transaction n'a pas étéhttp://www.bandbsa.be/contes2/annesophiehumbeek.jpg révélé, mais il serait particulièrement élevé pour cette jeune station télé en démarrage. Rendez-vous ce 17 octobre !

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COMMUNIQUE DE BOB ET DE TOUTE L'EQUIPE D'ACTU-TV...


A ne pas manquer à aucun prix !

L'émission N°7 d' ACTU-tv qui aura lieu le dimanche 17 octobre à partir de 20h00, au départ du site d' ACTU:

Un programme chargé et décapant:

Une nouvelle présentatrice, Anne-Sophie Malice, une écrivaine Micheline Boland, un groupe terrrrible Water deep, le nouveau CD "Traces" du Commandant Danofsky,  un cas à part Aurélien belle et beaucoup, beaucoup de musique !

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Elle... Une nouvelle de Philippe Desterbecq

Publié le par aloys.over-blog.com

Phil D

 

 

Elle...


Elle regarde par la fenêtre les feuilles qui tourbillonnent dans le vent. C'est son occupation favorite, regarder par la fenêtre. Elle aime l'automne et les couleurs changeantes des arbres du parc.


De temps en temps, elle aperçoit un écureuil qui vient subtiliser une noix, un gland, une noisette qu'il emporte. Il fait ses provisions pour l'hiver. Il sait que les mois qui vont suivre seront durs, qu'il faudra survivre au prix de gros efforts.


Elle ne sait pas de quoi seront faits les mois qui arrivent. Elle ne sait même pas si elle sera encore là au printemps. C'est qu'elle est bien vieille! Elle ne compte plus les années écoulées. Il y en a vraiment trop.


De temps en temps, elle replonge dans ses souvenirs. Souvenirs d'enfance avec ses soeurs, c'était le vrai bonheur. Souvenirs de jeunesse où elle échafaudait des plans qu'elle n'a pas mis à exécution. Souvenirs moins lointains de l'adulte qu'elle a été, se donnant entièrement à tout ce qu'elle entreprenait, se donnant entièrement pour les autres, s'oubliant dans les tourments,...


Et maintenant... Maintenant, elle regarde les feuilles jaunir, roussir, se colorer de teintes indescriptibles et elle peut encore s'émerveiller du spectacle de la nature. Elle aime l'automne mais elle n'aime pas l'hiver.


Pourtant l'hiver s'annonce. L'automne n'est qu'un leurre. Les gros nuages noirs vont arriver et obscurcir son ciel rempli de nuages blancs. Le froid va pénétrer par les interstices, va pénétrer en elle, lui glacer les os.


Mais pourquoi se plaint-elle? Elle est bien au chaud dans sa chambre, elle est nourrie, coiffée, habillée, lavée même par des mains habiles mais pas toujours délicates.


Elle... On ne l'appelle plus que "elle". On parle d'elle comme si elle n'était pas là, comme si elle était devenue inconsciente, incapable de comprendre, de répondre aux questions, sans sentiments,...


Quand les infirmières rentrent dans sa chambre, elles s'adressent à elle en ces termes : "Alors madame a bien dormi? Elle a encore fait des cauchemars! Elle a encore empêché sa voisine de dormir par ses plaintes..."


Pourquoi ne s'adressait-on jamais à elle en disant "vous" ou en citant son prénom? Il y a pour croire que tout le monde l'avait oublié son prénom, choisi par ses parents avec amour. Mais comment s'appelait-elle déjà? Voilà qu'elle ne sait plus...Ce n'est pas possible, elle ne peut pas avoir oublié son prénom! A force de ne plus l'employer, voilà qu'il s'était fait la malle!


Et les infirmières qui faisaient comme si elle était sourde, comme si elle ne comprenait rien, pire comme si elle n'était pas là.

- Elle n'a pas eu de visites cette semaine!

- La semaine passée non plus, personne n'est venu la voir.

- Pauvre vieille! Je ne voudrais pas finir mes jours comme ça!


Et elles refaisaient son lit, arrachaient les draps qu'elles jetaient par terre avec rage.

- Elle a encore sali son lit !

- Elle arrache ses protections, c'est normal qu'elle salisse son lit!

- Elle pourrait un peu penser à nous et nous faciliter la tâche!


Et elles partaient sans un regard après avoir déposé le plateau contenant un frugal petit-déjeuner sur sa table. Elle avait du mal à verser le café dans sa tasse. Sa main tremblait et parfois, elle le versait à côté. L' aide-soignante  se fâchait alors.

- Elle a encore tout emberné!


Peut-être aurait-elle pu lui verser son café...mais elle n'osait pas le demander.  En fait, elle ne demandait jamais rien. Elle se laissait faire, elle attendait patiemment en regardant par la fenêtre. Heureusement qu'il y avait ce parc sinon qu'aurait-elle fait de ses journées? Elle n'avait pas de télévision. Quand elle avait emménagé ici, son poste de télévision était bien vieux et ses nièces ne l'avaient pas emmené.

- Elle n'a pas besoin de télévision, avait dit la plus âgée à la plus jeune. Elle ne la regarde jamais!


Elle avait essayé : "Je regarde le journal parlé le soir..."

- Qu'as-tu besoin d'écouter les nouvelles? Et qu'est-ce que tu en feras, là-bas, des nouvelles, hein?


Depuis, elle vivait dans un monde clos où beaucoup de choses n'existaient plus : son chat qu'elle avait dû abandonner à la voisine, ses nièces puisqu'elles ne venaient jamais la voir (il parait que la plus jeune habite chez elle, c'est le curé qui le lui a dit). Le curé est sa seule visite, elle attend tous les dimanches. Il vient, en personne, lui donner la communion. Qu'est-ce qu'il est bon le curé! C'est lui qui a enterré ses parents.


Il y a bien longtemps que ses parents sont morts. Elle était déjà vieille quand même, trop vieille pour se marier et avoir des enfants. Ses soeurs étaient toutes mariées et avaient eu des enfants. Quelle joie de porter un enfant en son sein! Elle aurait tant voulu connaitre les joies de la maternité, sentir un enfant bouger en soi, s'entendre appeler "maman". Mais à la place, on l'appelait "elle".


Elle avait toujours vécu avec ses parents, les soignant jusqu'à leur mort. Le curé lui avait dit : "Angèle, vous êtes une sainte!". Tiens, c'est vrai, elle s'appelle Angèle. Son prénom lui est revenu tout d'un coup.


Quand elle a rencontré un homme, ses soeurs lui ont dit : "Reste avec les parents, tu es bien avec eux et puis tu es trop vieille pour te marier et avoir des gosses. Et qui s'occupera des vieux? Tu ne vas quand même pas les mettre dans une maison de retraite? Tu ne vas les laisser mourir dans un endroit aussi sinistre?"


Elle n'avait que 32 ans à l'époque. Ses soeurs étaient plus âgées, mariées depuis longtemps. Elle avait fait un choix, elle s'était sacrifiée...Ses parents avaient été tellement bons pour elle.


Maintenant elle était seule et passait ses journées à regarder par la fenêtre. Tiens l'écureuil était revenu. Les hirondelles se rassemblaient sur les fils électriques. Elles allaient bientôt partir pour un long voyage périlleux. Elle aurait tant voulu les accompagner.


Des feuilles se déposaient sur le banc vermoulu où elle ne s'assiérait plus. Il avait gelé ce matin...

 

 

Philippe Desterbecq

philippedester.canalblog.com

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Et voilà la suite... Voyons qui a deviné...

Publié le par aloys.over-blog.com

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Suite : un téléfilm américain...

 

 


 

Plan rapproché sur Louella, les cheveux blond platine, assise sur le divan de peluche bleu pale. Elle regarde dans le vide, buvant une bière au goulot. Travelling latéral vers Dawnelle et Jacke à l’autre extrémité du divan, devant des piles de magazines d’articles de mariage.

- Cette calèche-ci, en forme de citrouille, c’est d’un goût plein de lédicatesse, hein Man ?  demande Dawnelle, lui tendant la revue.

- Mmmmh… Quoi ? Le gros potiron ? Mmmh, sweety pie, c’est ton mariage, pas le mien ! répond Louella d’un air absent.

- Man ! Tu pourrais être contente pour moi ! Depuis mon anniversaire, t’as plus envie de rien ! Si Jacke n’était pas aussi combléhensif, je devrais aller travailler, et pas rester avec toi tout le jour. T’es blonde, Man, tu ne risques plus rien ! 


Dawnelle s’impatiente, échangeant un regard las avec Jacke qui se lève, l’embrasse, efface de ses lèvres le mélange maison des teintes numéro 22 et 47 de Cover Girl, et sort. Boudeuse, la jeune fille s’assied près de sa mère.

- M’enfin, Man, qu’est-ce qu’il y a ? Quelque chose te lurtupine, je le vois ! 

- Je me demande qui c’était ! Tout le monde était dedans, sauf lui ! Et le vieux McPherson, mais lui il n’a jamais quitté la ville, il n’a donc pas pu faire les crimes en Californie. Plus je réfléchis, dit-elle d’un air malveillant,  et plus je me dis que Jacke… on ne sait rien de lui ! 

 

Dawnelle se lève éructant un « quoi ! » qui doit passer le mur du son. Le seul verre en cristal qu’elles possèdent, rescapé du service de l’arrière-grand-mère, éclate sur la table. Et leurs aboiements mutuels emplissent l’air de hargne. Tu es aveuglée ! T’es jalouse ! Tu te fais des illusions ! C’est tes flustractions qui parlent… Echevelée et rouge, chacune se retire dans sa chambre, disant ne plus pouvoir supporter la vue de l’autre.

 

Le lendemain, le shérif frappe à leur porte. Un bon moment se passe avant qu’elles ne soient présentables, les larmes de la veille ayant laissé des traces. La méfiance est palpable entre elles, qui le font asseoir après lui avoir offert une bière. Il allonge les jambes devant lui, et libère un petit bruit sec suivi d’un nuage sulfureux. Souriant, il échange un regard complice avec Dawnelle, et explique : « Mon petit point faible, pas de quoi fouetter un chat ! »

 

Louella, trop déprimée pour être une parfaite hôtesse, le fixe de deux prunelles incrédules en fronçant le nez, murmurant « Pouah ! », provoquant l’hilarité du shérif.

- Quel humour, franchement ! Votre moral revient !

 

 Satisfait, il boit une gorgée, et reprend, sérieux :

- Madame McKinley, Dawnelle, puis-je parler franchement ?  Devant leur silence tendu il continue :

- Je suis sur les traces du tueur de rousses, depuis la Floride. Jacke était en Floride lors des premiers meurtres, et en Californie au moment des autres, et … ici, voici déjà la première tentative ! 

- Nooooon ! C’est pas vrai, qu’est-ce que vous inséminez? Jacke aime Man, il…

 

 Dawnelle lui fait face. Une volée de pets trahit l’émotion du shérif, et elle agite distraitement l’air devant elle, tout à sa colère.

- Dawnelle, pensez-y, il est sorti peu après votre mère ce soir-là, nous avons dansé ensemble en l’attendant, vous ne vous souvenez pas ?


Un silence pénible s’ensuit, suivi d’un pleur de souricette. Louella se lève et enserre sa fille de ses bras, lui tapotant le dos. « Louella, seriez-vous prête à redevenir rousse pour le provoquer ? » La pauvre femme tâte sa chevelure meringue au citron des deux mains en gémissant, Dawnelle redouble de pleurs, et le shérif se surprend à ventiler autour de lui avec le magazine sur les robes de mariées. Même pour lui, l’air est devenu trop asphyxiant.

 

***

 

Il est convenu que Louella se teindra les cheveux le soir même et que Dawnelle dira à Jacke que sa mère est prête à reprendre une vie normale puisque blonde. Elle l’invitera, permettant à Jacke de voir que Louella est à nouveau une rousse tentante.

 

La caméra suit la voiture de Jacke, s’y insère par le toit ouvrant. Il est crispé, épie Dawnelle du coin de l’œil. Son Stetson oscille avec le vent. A ses côtés la jeune fille a son sac en forme de téléphone sur les genoux qu’elle tient bien serrés. Il allonge une main vers sa cuisse exposée, qu’elle repousse.

- J’ai laligraine, j’t’ai dit, ça fait des nuits que j’dors pas… 

 

Le trailer est en vue. Dans le jardin luit une Vénus de Botticelli de plastique, parcourue de reflets fluorescents oranges et verts, son dernier cadeau pour embellir leur jardin. « Tiens » dit-il, content de trouver une diversion à cette soirée tendue, « le bleu ne plus fonctionne plus. Il doit y avoir un problème avec le courant ! Rentre et je te rejoins, je vais l’arranger »

 

Dawnelle ouvre la porte, appelant:

- Man ?

 

Silence. Obscurité. Elle fronce le nez, hésite à allumer, les sens en éveil.

- Man, t’as laissé le gaz ?

 

Un bruit lui fait tourner la tête vers le divan, puis la voix de Louella :  

 - Cours, cours, sweety pie !

 

Une pétarade fend l’air, nette et rapide. Horrifiée, elle comprend. Le shérif !

- Teint de macchabée, teint de macchabée ! T’as compris, grosse rouquine ?  gémit-il d’une voix de fausset.

 

Dawnelle brandit sa chaussure, le talon aiguille menaçant, et allume. Louella est à nouveau enfarinée, et cette fois le couteau l’a atteinte au sein. La solution saline macule son peignoir orné de cupidons. Ses cheveux ne sont pas encore secs, et la teinture a débordé sur le pourtour de son front et sur les tempes. Le shérif a l’air absent, marmonnant teint de macchabée, macchabée, macchabée et laisse choir le couteau humide. La porte s’ouvre. Jacke bondit comme un champion de tae kwon dao, en position d’orang outang, un révolver tourniquant dans sa main.

- Stop ! Pas un geste ou je tire !

 

L’autre le regarde et se met à pleurerPuis il se redresse, fait craquer son cou de gauche à droite, le regard vif, le menton volontaire. D’une chiquenaude nonchalante il caresse son étoile de shérif, tâte son révolver, un peu déhanché dans la pose avantageuse d’un Chippendaele, et rit doucement :

- Aaah Jacke, pas de chance mon gars ! Je savais que c’était toi, je te suis depuis la Floride !

 

Jacke l’abat.

 

En dix minutes le trailer est envahi d’ambulanciers, des deux flics locaux qui font des bulles de chewing-gum, d’un médecin légiste que l’on garde par solidarité mais qui a la maladie de Parkinson, de Bébé venue calmer Louella, et de deux clochards qui foncent dans la cuisine et se préparent un sandwich mayonnaise et beurre de cacahuètes. Quand Dawnelle cherche Jacke des yeux pour le traiter en divin sauveur, il a disparu.

 

***

 

Plan si rapproché sur la joue d’Hetta, mastiquant une graine de tournesol qu’on y décèle la trace de poils drus. Puis on s’éloigne et constate que Dawnelle et Hetta sont dans une conversation animée. Quand le téléphone sonne, Dawnelle décroche et raccroche aussitôt.

- C’est dingue, Hetta ! La mère du shérif était rousse et lui refusait l’argent pour le tan salon, et il était tout pale…! C’est de la cruseté mentale, non ?

 

Hetta se sert de sa bouche comme d’une sarbacane et, à l’aide de pfouits sonores cherche à atteindre la fenêtre avec les cosses des graines. La surface de son bureau ressemble à un bac de perroquet. D’un air distrait elle se gratte le creux de l’oreille avec un bic.

- Mais pourquoi l’avoir abattu ? Il avait lâché son couteau, non ? 

- Oui, mais il a menacé Jacke, qui a bien dû se défendre, cher ange ! Oh Hetta, c’était à croire qu’il jouait de la gâchelette depuis l’enfance, ce flingue tournait dans sa main comme le bâton d’une marjolaine, oooooh, quelle vision, quelle vision….

 

Et elle s’arrête, les yeux posés sur ce film d’aventure qu’elle se repasse en projection privée.

 — Et votre maman, la pauvre, comment va-t-elle après tout ça ? 

 — Oh, Man se remet, elle a les cheveux bleus maintenant, et l’assurance-maladie remplacera son sein.

 

Comme il faut qu’ils soient tous les deux pareils, elle fait refaire la paire dans une taille supérieure. Elle se réjouit ! 

Jacke arrive, le Stetson enfoncé, la bouche dure. Il ignore le joyeux « Hey, honey ! » de Dawnelle, la bouche si arrondie qu’elle en semble tuméfiée. Il referme la porte du bureau derrière lui. On l’entend japper par vagues à travers les murs, ainsi que lancer des objets. « Non ! Je me barre tout de suite ! » crie-t-il avec rage, puis on entend le son du téléphone s’écrasant au sol. Il resurgit les yeux si rouges qu’on s’attend à en voir jaillir des rayons laser. En trois bonds, comme s’il avait des ressorts aux semelles, il gagne le bureau de Dawnelle, la toise de ses deux voyants de braise et siffle : « Hop hop hop, en voiture ! »

 

Avec un regard paniqué vers Hetta qui sursaute car de stupeur elle s’est enfoncée le bic dans le tympan, la jeune fille trottine aussi vite qu’elle le peut derrière lui, sa mini-jupe imitation léopard lui entravant les jambes. Un trémolo sort de sa gorge devant ce nouveau Jacke qui la pousse sur la banquette avant de sa cadillac, refermant la portière sur son sac, dont seules les poignées lui restent en main. Il monte derrière le volant, et démarre dans une explosion de fumée et poussière, projetant la tête de Dawnelle en arrière puis sur le tableau de bord où une photo d’elle en bikini est fixée par une petite ventouse. La jeune fille y rentre tellement le ventre qu’on dirait un lévrier debout, et elle y mime un baiser de poisson rouge. La terreur dans les yeux, en larmes et une bosse d’un beau grenat sombre ornant son front, elle le regarde :

- Mais Jaaaaaacke, qu’est-ce que j’ai fait ?

- Qu’est-ce qu’il a dit, l’shérif, hein ? Pourquoi t’étais bizarre hier soir, hein ? 

       M’enfin, Jacke chéri ! Faut pas m’en vouloir, on avait peur, Man et moi… 

-  Peur de quoi, hein ? Peur de quoi ?

 

Il postillonne, renflouant le flot de larmes multicolores qui dévalent le long de ses joues.

-  Peur que tu ne tues Man, tiens ! Il pensait que tu étais le tueur de rousses ! 


Une gifle lui ouvre la lèvre. Il est méconnaissable, une veine grosse comme un lombric bien gras ondule sur son front, les postillons sont devenus crachin continu. 

- Menteuse ! Menteuse ! Puisque c’était lui, le tueur des rousses ! Qu’est-ce qu’il t’a dit ?

 

Un tourbillon de poussière vient à leur rencontre, se faufile avec violence dans l’habitacle. Le Stetson s’envole, révélant un crâne chauve et lisse de la blancheur d’un navet. L’effet de surprise est tel que malgré sa terreur Dawnelle se met à hoqueter de rire. Ses nerfs tendus explosent en un rire hystérique, alors que le chapeau roule sur la route. D’une main Jacke cherche à couvrir une partie de sa honte et conduit de l’autre, et Dawnelle, ne cessant de rire, cherche en elle un peu de l’adulation qu’elle éprouvait il y a peu encore.

 -  Jacke darling, ha-ha-ha, t’as pas compris ? Ha-ha-ha…. Il était zinzin, le shérif, il ne savait pas qu’il était le tueur ! Il avait un problème  pisychologiste. Ha-ha-ha-ha, arrête-toi et embrasse-moi !

- Tes baisers baveux, tu peux les garder, pauvre idiote !  rugit-il, lâchant le volant un court instant pour frapper du poing sur le tableau de bord. Le petit cadre se brise.

- Ma photo ! Ma photo ! Qu’est-ce que t’as, enfin, à la fin ? Dire qu’on est à quelques semaines du mariage…

 

Elle ne rit plus, et sa bosse sur le front ressemble à une excroissance d’extra-terrestre.

      - Mariage, non mais, pauvre tarée ! Ta route finit à Ciudad Juarez ! 

     - Ciudad Juarez ??? Qu’est-ce qu’on va faire dans ce coule-gorge où on assassine les femmes ? Je ne vais           pas à Ciudad Juarez, je veux descendre !

      - Tu parles, que tu vas descendre ! A Ciudad Juarez, tu descendras, pas avant ! 


Elle le sait, c’est la ville frontière avec le Mexique, une ville où les morts de femmes ne suscitent même plus ni enquête ni surprise. On soupçonne la police d’être complice. Elle veut ouvrir la portière, sans succès, et un coup de crosse de révolver sur la tête lui arrache un cri. Un nuage de poussière derrière eux lui rend l’espoir : une voiture les suit. Il lui faut freiner Jacke. Elle tord le rétroviseur, frappe ses doigts. S’agenouille sur le siège et fait de grands signes d’un bras et hélant : « You houh ! You houh !!! » Jacke lui donne un coup de crosse sur les mollets, veut la faire asseoir et déchire sa jupe sur un côté. La voiture les dépasse et leur coupe la route un peu plus loin. Dans un coup de freins désespéré, Jacke stoppe, laissant sur l’asphalte de grandes parenthèses noires.

- Haut les mains ! FBI !  crie un être étrange, debout derrière la voiture-barrage, un fusil pointé en direction de Jacke.

- Hetta ? Hetta ?  hésite Dawnelle, trottinant avec la jupe réduite à l’état de pagne, le visage technicolor, boitant sur une seule chaussure.

 

 

En face d’elle, une Hetta aux cheveux en brosses d’un roux pimpant, le maquillage essuyé à la hâte, les ongles postiches détachés, en jeans et chemise bleue, a un air viril du tonnerre.

- Hector ! Je suis sur tes traces depuis des mois, Jacke ! Une dizaine de filles mortes à Ciudad Juarez, les fiancées d’un type parfait ! Type parfait qui ouvrait un business bidon et disparaissait sans payer les factures au bout de deux mois. Couverture de trafic de cocaïne… Ça a pris le temps, mais c’est fini, Jacke ! »

Jacke brandit son révolver, dont deux « clic-clic » proclament l’inutilité. Il cherche à s’enfuir dans les champs, mais le talon de sa botte cède. Il s’effondre et quelques dents roulent sur la route. Hector s’approche, tandis que Dawnelle s’abandonne à un fou-rire salutaire devant le sourire sanglant et le crâne désert de celui qu’elle a cru aimer, et lui met les menottes. Il se tourne vers la jeune fille, s’essuie le front, et murmure :

- Damn it, Dawnelle, rend lui sa bague maintenant ! Et dans mes bras, enfin… 

- Mon sauveleteur ! Mon invincitible sauveleteur !  roucoule-t-elle en se dandinant.

 

 

 

Résultat des courses...

 

Edmée de Xhavée est l'auteur de cette nouvelle pour le moins inhabituelle... 

http://edmee.de.xhavee.over-blog.com link

 

Et le gagnant du prix est... ADAM GRAY ! http://adam-gray.over-blog.com/link

PHOTO pour 4me de COUVERTURE (ADAM GRAY)

Publié dans Nouvelle

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Qui est l'auteur de cette nouvelle ? Qui est le tueur ? A vous de me le dire...

Publié le par aloys.over-blog.com

Téléfilm américain

 

 


Vue sur une longue roulotte métallique, cernée de Mickeys et Bambis de plastique. De la fenêtre s’échappe un mélange de musique country et de grésillement de lard, ainsi qu’une fumée sauvage qui se colle sur la vitre devenue opaque.

 

La caméra s’y insère, écarte le rideau jaune et raidi de graisse, et frôle la nuque de Dawnelle, qui soulève la poêle et se dirige vers deux assiettes posées sur des sets de dentelle en vinyl.

 —  Man ? C’est prêt ! 

 — J’arrive, j’arrive sweety pie ! claironne une voix nasillarde.

 

Louella, la quarantaine, apparaît. Des cheveux d’un roux de tuyauterie, abondamment crêpés. Des seins ronds, tendus, luisants, dont les tétons pointent en louchant sous un t-shirt rose. Ce qu’on devine de son visage sous la couche de fard, rimmel, rouge à lèvres, bleu à paupières n’est pas désagréable. Elle est sanglée dans des jeans collants et sa cellulite y dessine un relief houleux.

 

Elle se dandine jusqu’à Dawnelle, l’embrasse avec un grognement, et s’assied en baillant. Dawnelle a 17 ans, la peau fraîche, trop maquillée; de grands yeux clairs devant lesquels dansent des faux-cils gros comme des moustaches de hussard; des cheveux courts,  noirs, avec des mèches vertes et rouges. Des lèvres rouges et luisantes, merci Cover Girl.

« Ah Man ! Mon premier job !

 

Elle s’assied en face de sa mère, qui baille toujours, mais tente un sourire.

«  Marre de l’école, Man ! Comme si le calcul et Faulkner allaient m’apporter quelque chose ! Je veux vivre intenselément, Man, acheter des trucs ! Tiens, je me ferais bien faire une fossette au menton ? Hein ? Man ? »

 

Reposant sa mug décorée du logo de Ricoh et de l’emprunte de ses lèvres, sa mère la calme : « Calmos, sweety pie, si j’avais pas eu l’bol de toucher l’assurance-vie quand ton vieux s’est enfilé un double pack de Budweiser dans le moteur avant de monter sur les échafaudages, j’aurais encore mes seins en gants de toilette ! »

 — T’es bien mallunée! Tiens, v’là trois crêpes au sirop avec un bout d’lard bien juteux et une tranche de pain ! C’était dur hier soir ?

 

Louella travaille au Bolo tie. Il y a un orchestre country dont le plus jeune des membres a 56 ans, des soixante-huitards nostalgiques de leur époque. Ils attachent les rares crins qui leur restent en une maigre queue de rat dans le dos, et ont des tatouages sur leurs bras de facteurs, fermiers ou menuisiers. Sex, love et rock’n’roll ne sont plus qu’un souvenir et quant à mordre la vie à pleines dents, ils n’ont plus une denture complète pour s’y livrer. Les clients sautillent dans leurs bottes à pointes et dessins d’arabesques, comptant leurs pas en souriant. Les serveuses sont aussi décolletées que possible. Louella a un succès fou avec ses ballons nacrés, et s’est attirée les ardeurs de Teddy Bear, le flic local, qui a une toison grise d’ursidé s’échappant du col, remontant dans le cou à l’assaut de sa tête, où elle trouve enfin son orée : une calvitie révélant une surface irrégulière et le cratère d’un comédon énorme. Gros, mou, il pense avoir le sourire de Jack Nicholson : une rangée de dents jaunies par le tabac à chiquer. Louella, en retard de paiement pour plusieurs amendes, doit souvent accepter d’aller « regarder les étoiles » dans sa voiture, et voit trente-six chandelles, secouée sur la banquette arrière pendant que Teddy Bear couine baby-baby-baby-babyyyyyy !

 — Dur, j’dirais pas, mais dégueu, ça oui ! Il avait une capote fluo, en plus !

 — Ooooh, Man, quelle mâle chance ! Bon, repose-toi, je prends la voiture !

 

On survole la Pontiac 1986 rose sur la route bordée d’autres trailers. Au loin, une multitude de ballons bleus et rouges s’inclinent sous le vent. Des guirlandes de petits drapeaux triangulaires rouges et un grand signe au néon : Car Paradise. Les cheveux de Dawnelle s’agitent autour de sa tête tels des éclairs noirs, rouges et verts. La caméra plonge lorsqu’elle se gare à l’entrée dans un parking plein de voitures de tous âges et styles, dont les pare-brises arborent un signe découpé en soleil orange avec le prix. Quand elle pose le pied au sol, on voit une chaussure de plastique transparent à semelle compensée de dix centimètres. Empoignant son sac en forme de téléphone elle se dirige vers la porte de verre, qu’elle pousse d’une main où une bague en forme de D luit de tout l’éclat du toc.

 

Une secrétaire dont le rouge à lèvres colore les dents la regarde s’avancer avec les yeux de Cléopâtre. De l’ongle du petit doigt elle tente de dégager une couenne de jambon coincée entre ses incisives, et émet un « mmmh ? » lorsque Dawnelle s’arrête devant elle, souriante.

 — Dawnelle McKinley ? Pour aider avec le téléphone et le sectérariat ?

 — Ah ! Mmmmh !


La dame ne sait plus libérer son ongle et tire dessus, au point qu’il se décolle et reste planté là, comme une lame de couteau. « Shoot ! » rugit-elle d’une voix de basse. Quelques postillons écarlates tombent de sa lèvre sur son bloc note à en-tête. La porte signalée par la plaque « Jacke Bomberg, Direction » s’ouvre, et un homme paraît. Stetson et santiags crème, jeans galbant, chemise frangée, fossettes. Les dents blanches comme des pilules d’ecstasy. Son regard glisse sur Dawnelle et en apprécie les atouts. Ignorant sa secrétaire qui de postillonnante est passée au spray à hémoglobine, il tend une main sans alliance à la jeune fille. Son regard, rampant sur son décolleté, enregistre la chaînette en strass à son nom. « Dawnelle ? » fait-il, gardant sa main une délicieuse seconde de trop. Les seins de la jeune fille tressautent, donnant vie au décolleté. Il a retenu mon nom

 

***

 

Dawnelle se félicite d’avoir abandonné l’école. Elle répond aux appels téléphoniques avec un chantant : « Car Paradise hello-oh ici Dawnelle que puis-je pour votre sévice ? » Et fait suivre à Hetta, (dont la lèvre commence à guérir) ou Jacke s’il est là. Hetta hérite aussi des messages, car son orthographe nécessite un briseur de code. Mais ses décolletés émeuvent Jacke. Qui lui rapporte souvent, sous l’œil grognon de Hetta, des portions de poulet panné et purée de chez KFC, avec double dose de sauce, ou des pizzas double fromage triple jambon quadruple lard, qu’ils partagent gaiement dehors, assis sur l’aile d’une des voitures. Ils boivent à la même grande bouteille de 7 Up, s’épiant sensuellement lorsque leurs lèvres touchent le goulot commun. Dawnelle Bomberg, se répète-t-elle le soir, gonflant les lèvres en forme de gros beignet rose ou orange. Je serai la patronne du Car Paradise, je travaillerai encore à mi-temps jusqu’au premier bébé, je répondrai Car Paradise Hello-oh, ici Miss Bomberg, que puis-je pour votre sévice ? 

 

« Il y a un nouveau shérif, paraît-il »  annonce Louella un matin.

 — Ah bon ? Le vieux Kierstead s’en va ?


Louella s’inquiète : son sein gauche a nettement ramolli et part sur le côté comme pour se cacher sous son aisselle. D’un ongle acheté au drug-store tout fait et collé de frais par son amie Bébé, elle se lisse le sourcil. « Teddy Bear me l’a dit hier. Il arrive demain de Californie. En tout cas, voilà deux nouveaux venus : ton patron et notre shérif ! »

 

***

 

Travelling avant : la porte du Bolo tie s’ouvre, libérant une onde de choc aux accents de musique country.  La caméra se déplace circulairement : un long comptoir de bois, une estrade où se démènent les vieux hippies d’autrefois reconvertis en Route 66. Une banderole au-dessus de l’estrade clame sa joie : Bienvenue au shérif Prewitt !

 

Dawnelle, dans un top de dentelle de nylon noir qui bouloche, est assise au comptoir. Jacke, le sourire aveuglant Louella qui est de service et dépose un grand verre de bière devant lui, a le bras gauche autour des épaules de sa fille, laquelle rêve en buvant un margarita. C’est la première fois que Louella le voit. Un beau gars, aux intentions sérieuses. L’argent ne manque pas. Le garage marche bien, et il s’est acheté un ranch magnifique. Il s’insère bien, et si tout va comme elle l’espère, elle pourra bientôt renvoyer Teddy Bear et ses capotes fluo chez sa femme, en vertu de son statut de belle-mère de la plus grosse fortune du coin. Et elle viendra ici en cliente. Peut-être Dawnelle lui offrira-t-elle un nouveau sein pour Noël. Ah, espérons !

 

La porte s’ouvre, laissant entrer l’air froid, le nouveau shérif et les deux flics locaux, dont Teddy Bear. Le shérif Prewitt a de la prestance. La trentaine, blond et très bronzé, la démarche d’un amputé de frais s’habituant à sa prothèse. Un heureux changement après le vieux Kierstead et ses grandes auréoles humides autour des aisselles. Mais, se console Louella, il gagne moins que Jacke.

 

Le shérif fait un petit speech de l’air assuré d’un chanteur de Broadway, affirme qu’il est heureux d’être là. Il serre la main de tous, refuse de participer à la square danse qu’il ne connaît pas mais s’en excuse avec grâce, promettant de s’y mettre. Sourit à Louella, « pas trop fatiguant de rester debout toutes ces heures ? », complimente Dawnelle pour sa coiffure so damn cool, demande à Jacke où il était avant d’arriver ici. Californie, répond-il, libérant son sourire lumineux. « Tiens ! Où ça ? » « Un petit bled à la frontière mexicaine, Las Almas… » « Las Almas ?… Mince alors ! Je n’étais pas bien loin de là ! Je m’occupais de cette série de crimes le long de la county road, vous avez entendu parler ? »

 

Mère et fille sont abasourdies. Deux nouveaux arrivés en provenance du même endroit, et les voilà en train de parler de crimes !

 — Oui, j’étais là… mais je n’ai pas suivi ça de près ! Des femmes rousses, non ? 

 — C’est ça, rousses, la quarantaine…poignardées, et le visage recouvert de farine… 


Un hoquet rauque retentit. Louella, livide, tâte sa chevelure cuivre. Sa bouche reste béante pendant un moment, puis elle se met à rire. « Vous l’avez attrapé, hein shérif ? »

— Hélàs non, il court toujours. Et la police de Floride s’est mise en contact avec nous à l’époque, car deux femmes y avaient été tuées de la même façon !

- Et s’il est par ici, maintenant ?  gémit Louella, dont le sein gauche s’incurve mollement, révélant sous le choc de lents mouvements de matelas aquatique.

- Ne vous en faites pas! S’il devait venir, j’ai son dossier bien là, fait-il en s’enfonçant si fort le doigt sur le front que l’extrémité en devient blanche, et il trouvera à qui parler ! Mais c’est peu probable! 

 

Jacke commande un second verre à Louella qui a une moue soucieuse et, profitant d’une pause de l’orchestre, il lance une œillade à Dawnelle et insère deux doigts dans la poche de sa chemise. Pressentant un moment Kodak, elle a un gémissement de chiot, et une boite de velours rouge apparaît. Louella en oublie sa crinière et regarde, la bière ruisselant du verre dans une mousse chiche comme de l’écume d’eaux sales. Un yiiiii haaaaaaaw de cow-boy sort de la gorge de sa fille à la vue du bijou. Un D et un J de diamants enlacés, avec un minuscule drapeau américain de saphirs et rubis au sommet.

« C’est sexquis ! C’est sexquis ! » répète-t-elle.

« Really cool ! » commente le shérif, dont on ne sait s’il parle de la bague ou du décolleté de Dawnelle, car ses yeux ont bien l’air de vouloir jaillir pour aller s’y coller amoureusement.

 

La bague a arraché un maussade « Huh ! » à Hetta. Dawnelle ne fait plus que s’amuser à faire jouer les rayons du soleil dans les diamants, chantonnant « Ting - ting ! » quand un rai aveugle Hetta, qui se protège alors les yeux et laisse fuser un chapelet de jurons. Jacke fait souvent venir la jeune fille dans son bureau, d’où Hetta entend rebondir meubles et objets. Dawnelle en ressort la démarche incertaine, la chevelure comme si un pétard y avait explosé, l’orange ou rose à lèvres baveux. Quand Jacke doit s’éloigner quelques heures, Hetta assiste malgré elle à un baiser qui ressemble à un combat entre plantes carnivores. 

 

***

 

Très gros plan sur deux ballons roses et argent en forme de cœurs plantés dans la pelouse. Happy Birthday y serpente en lettres rouges. Travelling vers le seuil de la roulotte, où Jacke se tient, un gros ours en peluche rose chewing-gum, vêtu d’un short décoré du drapeau américain en simili cuir à la main. Il frappe à la porte qui s’ouvre et livre passage à Dawnelle qui bondit à son cou. Il retient son Stetson, riant de tout son râtelier étincelant, et annonce qu’il les emmène, Louella dont c’est le jour de congé et elle, au Bolo tie pour son anniversaire.

 

La salle est décorée de cœurs où les lettres Dawnelle brillent d’un éclat métallisé. Les clients poussent des you hou amicaux, applaudissant et agitant de petits drapeaux imprimés à son nom. Des bannières et banderolles, guirlandes de paillettes multicolores et serpentins partout. On dirait qu’on a jeté une bombe dans un camion de cotillons. Route 66 a été remplacé par Orville, l’employé du Shop-Rite qui se prend pour Roy Orbison. Depuis toujours il travaille avec une perruque noire qui glisse sur son crâne, et des lunettes si sombres qu’il confond oranges et pommes. Star d’un soir il roucoule Yo te amo Mariiiiiia ! Dawnelle a les larmes aux yeux, et un faux-cil se détache, se recourbant comme une chenille noire. Le shérif s’approche, menton conquérant, et s’exclame « Happy-happy birthday, isn’t cool ? » mais elle se rue au vestiaire, une main devant l’œil.

 

Lorsqu’elle revient, il l’attend, le bouffant et le laquage de la chevelure parfaits. Une odeur sulfureuse l’entoure, et elle fronce le nez en cherchant Jacke et sa mère du coin d’un œil à nouveau frangé de cils froufroutants.

 « Oui, je sais, j’ai des flatulences quand je suis ému ! » constate le shérif avec nonchalance, ajoutant : « Jacke a eu une urgence et va revenir, et votre mère est sortie fumer … On danse en les attendant ? »

 

Dawnelle s’inquiète : et si ça colle aux cheveux comme l’odeur du feu de bois ? Mais elle est flattée de l’attention du shérif, qui la tient si serrée qu’elle en a la bouche de travers et les seins aplatis comme pour une mammographie. Il bêle and I’ve been cry-y-y-ing, over youuuuuu, ooooh cry-y-y-ing ooooover youuuuuu, troublé. L’air a une densité pénible. Il sourit amusé et dit « Sorry, Dawnelle, c’est mon péché mignon, incontrôlable » Elle sourit bravement en retour, priant pour voir revenir Jacke, si elle peut encore voir quelque chose dans ce brouillard fétide… Orville enchaîne sur Pretty Woman, et bien qu’elle échappe à l’étreinte virile du shérif pour cette danse plus aérée, les effluves montent à ses narines. Lorsque Jacke revient, c’est en apnée qu’elle l’accueille. Blottie contre son torse elle se laisse aller à son grand bonheur, tandis que le shérif se dirige vers la sortie après un dernier regard rampant sur son décolleté.

 

Un cri strident s’élève du parking. Tout le monde se rue dehors, piétinant Roy Orbison au passage, cassant ses lunettes et traînant sa perruque au sol. Le vieux MacPherson, populaire pour avoir épousé sa cousine de 13 ans quand il en avait 45, est penché sur une forme près des poubelles. On devine une chaussure de toile ornée de fausses turquoises, dont le prix est encore collé sur la semelle.

« Man ! » hurle Dawnelle.

 

La foule s’arrête net devant Louella, le visage recouvert de farine, un sein s’érigeant vers le haut et l’autre coulant vers le bas. Son chemisier de cow girl frangé ressemble à la palette d’un peintre. Une boîte de Friskie poisson de mer ouverte la chapeaute de guingois. En pleurs, elle s’appuie du coude à la poubelle la plus proche. Le shérif la relève et la soutient tandis qu’elle oscille dans les bras de Dawnelle.

- J’voulais qu’pisser, explique le vieux MacPherson, dans un balancement de son dernier chicot,  et j’me suis amusé à viser sur c’tas d’vieilles fringues, et ça s’est mis à bouger !

 

En effet les jeans blancs de Louella sont non seulement souillés de farine et d’une sauce spaghetti, mais une auréole jaune y fume encore.

- Le tueur de rousses ! Le tueur de rousses m’a attaquée ! hurle-t-elle au shérif, qui cherche à protéger sa belle chemise craquante d’amidon.

 - L’avez-vous vu ? demande-t-il, la tenant à distance comme pour sonder son regard, ce qui est impossible vu les stries de maquillage.

- Rien ! Je protégeais la flamme de mon briquet de la main. Il m’a tirée par les cheveux si vite que j’ai tout laissé choir, et alors, alors…

 

Elle s’effondre sur lui et continue en redressant la tête, hagarde « il m’a ri au nez ça te plaît, hein, grosse rouquine, un teint de macchabée ?, en me versant un paquet de farine dessus » Elle pleure de plus belle, tandis que Dawnelle et Jacke l’entourent, la soutenant vers la voiture de Jacke.

- Heureusement, chère Madame McKinley, vous en êtes quitte pour une belle frousse et un nettoyage à sec…  constate Jacke.

- Il a voulu me tuer ! Regardez ! crie-t-elle, presque délirante, indiquant d’un doigt agressif un trou sous la ceinture de son jeans, trou qui révèle une gaine extra forte d’un rose brillant et de l’épaisseur d’une cotte de mailles, dont les fils se tordent autour d’une déchirure aux contours sauvages,  je suis tombée de peur, et il a dû penser que c’était fait, le monstre…  termine-t-elle entre les pleurs et l’hystérie.

 

***

 

Alors qui est l'auteur de cette nouvelle ? Qui ? Et qui est le tueur ?

 

La suite ? Demain...

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Publié le par aloys.over-blog.com

bobclinA voir sur ACTU: le programme de l'émission "Nos amis et les amis de nos amis" du dimanche 17 octobre 
L'équipe d' ACTU-tv a fait fort pour cette septième émission avec Micheline Boland, la stakhanoviste de l'écriturehttp://photos-f.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-snc4/hs400.snc4/46278_468386717358_676387358_6699662_3998134_s.jpg (notre photo), le groupe "Water Deep" qu'on a filmé à l'Os à Moëlle,une véritable révélation, le nouveau CD du Commandant Danofsky et Aurélien Belle, vidéaste fou et chanteur compositeur.

Voir: ICI : http://www.bandbsa.be/contes.htm

 

Voir le programme complet sur cette page web
http://www.bandbsa.be/actutele /emission07-du-17.10.2010/emission17.10.Htm


 

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http://www.bandbsa.be/contes/actu.jpgA voir sur ACTU: En attendant l' émissio d' ACTU-tv du dimanche 17 octobre, tournage de l'interview de Michelinehttp://photos-h.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-snc4/hs420.snc4/46279_469026652358_676387358_6710035_4542012_s.jpg Boland dans le jardinet de Bob,... Derrière la caméra, Dominique Brynaert... Public du tournage: Dominique Leruth, Cathy Bonte et son mari Diégo. Photos volées du paparazzi Louis Delville reprise sur le blog d' ACTU-tv : icihttp://www.bandbsa.be/contes.h tm

 

 

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SIMPLE RAPPEL !!! LA PREMIERE PARTIE DE LA NOUVELLE PUBLIEE POUR LE JEU ALOYS ARRIVE DEMAIN..........

 

J'ESPERE QUE VOUS SEREZ NOMBREUX A VENIR TENTER VOTRE CHANCE...

 

 

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amourpuissanceJosette LAMBRETH et son roman, "Cinq pages" à l'honneur dans la revue Le Bibliothécaire: "Ce « roman-documentaire » devrait être lu par tous, y compris et peut-être surtout par les jeunesOccidentaux de ceBelle-Epoque-cover- début du 21e siècle qui, habitués à leur confort moderne, ont peine à croire qu’iln’en a pas toujours été ainsi !"
Pour lire la suite, rdv p 29 de cette revue littéraire !
Egalement dans le n° 3/2010, [Amour] Haine de Jean-Jacques Manicourt p 34 et Une belle Epoque, de Kate Milie, p39

Pour plus d'info: dagneau.michel@skynet.be
Le bibliothécaire, périodique trimestriel, Rue de Bruxelles 87, B 1470 Genappe, Belgique


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http://www.bandbsa.be/contes/actu.jpgA voir sur ACTU: Les auteurs de Chloe des Lys de A à Z aujourd'hui: Beaucamps Patrick T’écris quoi ? " Ce qui me passe par la tête... Ca peut être sous forme de poésies mais aussi de nouvelles comme « 200 ASA ». Jehttp://photos-h.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-ash2/hs092.ash2/37957_469887832358_676387358_6722348_3130206_s.jpg pense m’atteler à un roman un de ces jours mais c’est un marathon à courir et pour le moment, je n’ai pas assez de souffle." voir: 'who is who' :http://www.bandbsa.be/contes.h tm

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