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Concours : "catastrophes climatiques" Texte 2

Publié le par christine brunet /aloys

Au bord de la mer…

Quand j’étais petit, je passais toutes mes vacances chez mes grands-parents et j’adorais ça. Mes aïeuls habitaient à moins de mille mètres de la mer et j’allais la voir tous les jours qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige. Enfin, il ne neigeait quasiment jamais chez eux ! 

Je ne pouvais pas me passer de cette immense étendue d’eau tantôt bleue, tantôt grise, selon la couleur du ciel. C’était comme une drogue. J’avais besoin de me perdre au loin, à l’horizon, là où le ciel rejoint la mer. Je m’asseyais sur un rocher et mes yeux se perdaient dans le lointain. J’inventais un peuple qui habitait là-bas sur la ligne où le soleil se couchait, chaque soir, à des heures différentes, s’amusant à faire diminuer la longueur du jour au fur et à mesure qu’on s’enfonçait dans l’été pour rejoindre l’automne. 

Le matin, très tôt, j’arpentais la plage avec mon grand-père à la recherche de coquillages, d’étoiles de mer ou autres cadeaux laissés pour moi, sur le sable, par la mer qui s’était retirée. Des mouettes et des goélands se disputaient les restes de repas laissés par des touristes peu scrupuleux. Des joggeurs matinaux laissaient leurs pas dans le sable mouillé. De temps en temps, un tracteur venait ramasser les algues que la mer avait vomies sur la plage. Des bateaux voguaient sur les vagues et je rêvais de paysages lointains. Un jour, je serais marin, c’était décidé. 

Parfois, mon grand-père m’emmenait sur les îles lointaines, celles colonisées par des oiseaux. Mon pépé était un ornithologue averti et gare à moi si je mettais un pied de travers, si par inadvertance j’avais marché sur un nid de fous de Bassan ou de guillemots. Mon grand-père me tirait alors en arrière et je ne pouvais plus lâcher sa main. 

Combien de fois ai-je assisté à des naissances de pétrels ou de puffins fuligineux ? C’était, à chaque fois, un merveilleux spectacle que Dame Nature m’offrait là : le miracle de la vie ! 

Je rentrais chaque fois chez mes parents des souvenirs plein la tête et déjà je pensais aux prochaines vacances au bord de la mer. 

Puis, j’ai grandi. Je n’ai plus passé toutes mes vacances dans la station balnéaire où habitaient mes grands-parents. Je passais quand même, de temps en temps, leur dire bonjour, et, ça ne manquait pas, à chaque fois, mon grand-père m’emmenait sur la plage de mon enfance et je m’y trouvais bien. 

Mais un jour, il n’y a plus eu de plage ! La mer avait avancé jusqu’à la route située un peu en hauteur de ce qui n’était plus mon terrain de jeu ! Et mes iles, ces refuges merveilleux pour les oiseaux marins, où étaient-elles passées ? Plus une seule ne dépassait le niveau de l’eau ! D’ailleurs, des oiseaux, on n’en voyait plus du tout ! Ils avaient migré ailleurs, dans un monde meilleur pour eux, là où la mer gourmande n’avait pas tout englouti ! 

J’avais, comme tout le monde, entendu parler de réchauffement climatique, de fonte des icebergs, de l’élévation du niveau de la mer, mais je n’y avais pas fait plus attention que vous. L’avenir apocalyptique que certains nous prédisaient me laissait froid et je n’ai rien fait pour le changer, pour éviter le pire. 

Je m’en suis rendu compte quand, quelques années plus tard, la mer ne se trouvait plus à 1000 mètres de la maison de mes aïeuls, mais à moins de 500 mètres ! L’eau avait monté, avait escaladé le mur de pierre qui l’avait toujours retenue prisonnière pour se répandre dans les rues. Les beaux hôtels, les maisons de riches, les immeubles de charme, avaient tous été engloutis par la force de la mer, par sa furie, par sa vengeance envers les êtres humains ! 

Aujourd’hui que mes grands-parents ne sont plus de ce monde, je me rends parfois en pèlerinage dans ce petit village côtier que j’affectionnais tant. J’y emmène mes enfants et je leur montre, de loin, l’endroit où se trouvait la maison de leurs arrière-grands-parents. 

En contemplant les flots déchainés, il est difficile de se rendre compte que quelques dizaines d’années auparavant seulement, à l’endroit que je montre du doigt, poussaient les roses qui faisaient la fierté de ma grand-mère ou les légumes que mon grand-père cultivait et que mémé préparait de mille et une façons pour le plus grand plaisir de mes papilles. 

Heureusement, le cimetière est situé sur une hauteur du village, et même si les vagues commencent à lui lécher les pieds, il conserve les corps de tous les habitants qui ont connu une mer inoffensive et si belle. J’y emmène mes enfants et je leur raconte l’histoire de ce village de pêcheurs qui n’existe plus, de cette station balnéaire qui a perdu tous ses touristes, de cette plage qui m’accueillait chaque jour des vacances, qui m’a offert mes plus belles joies d’enfant et m’a laissé mes plus beaux souvenirs. 

Souvent, des larmes coulent le long de mes joues. Elles suivent les rigoles qui traversent mon visage pour s’infiltrer entre mes lèvres. Elles sont salées comme l’eau de la mer…

 

Publié dans concours

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Concours : "catastrophes climatiques" Texte 1

Publié le par christine brunet /aloys

FAITS-DIVERS

Chez le bijoutier, dans la grand-rue du village, en ce début du mois de juillet, le thermomètre affiche plus de quarante degrés depuis plusieurs jours. À la supérette sur la place de l'Église, il n'y a plus une bouteille d'eau à vendre et la plupart des limonades sont en rupture de stock. Le village est gagné par un ralentissement inhabituel des activités, les animaux domestiques paraissent comme engourdis, les rares passants avancent mollement, l'herbe est rousse, les fleurs fanent, les jardins font profil bas. Dans les magasins de la ville voisine, il n'y a plus un ventilateur ni un climatiseur à pouvoir acheter et la clinique a fait le plein de patients. Des personnes âgées sont décédées et d'autres sont au plus mal. 

 

Chaque jour est un jour en enfer. La touffeur est telle que chaque geste exige un effort à peine imaginable. La sueur ruisselle sur les fronts. Les mains et les pieds sont moites. Aucun souffle de vent ne permet de se rafraîchir. Le soir, le sommeil tarde à venir. L'air est lourd. Les pensées sont paresseuses. On se met à rêver d'une pluie fine et froide. 

 

Les effets de la fatigue et du mal-être sont bel et bien visibles. Pour un rien, la mère gronde son enfant, le mari abreuve son épouse de reproches et l'épouse se fâche. Pour un rien, le patron menace l'ouvrier de renvoi et le client houspille le vendeur. Pour un rien, le curé et le médecin perdent leur calme habituel, le maire critique sa secrétaire, la coiffeuse soupire.  Le garçon de café mémorise mal les commandes et il arrive que le serveur renverse la corbeille de pain, des couverts ou des plats. Le ton monte entre copains. Quelque chose va arriver, on le pressent, on le redoute. C'est écrit dans le ciel trop bleu, dans la terre trop sèche, dans les verres trop vite vidés.

 

Quinze heures, Jean-Paul tue Jeannette, son amoureuse, d'un coup de couteau parce qu'elle l'a envoyé paître en des termes violents. Seize heures trente, Mauricette bouscule sa vieille tante qui réclame un énième verre d'eau fraîche, la vieille dame perd hélas l'équilibre et se fracture le crâne.  Dix-huit heures, Clémentine pousse sa fille qui pleurniche, la gamine tombe dans l'escalier et souffre de multiples blessures. Vingt heures treize, Kevin assassine une voisine dans le seul but de voler les trois  ventilateurs qu'elle possède et refuse de lui prêter.

 

Plusieurs choses graves sont ainsi arrivées dans le joli et paisible village de mon enfance jusqu'au terme de la canicule. Ailleurs, dans le pays, les comportements violents ont été également très nombreux. Un psychologue interrogé par un journaliste n'en fait pas mystère : il s'agit de conséquences du réchauffement climatique. Exaspération et intolérance sont, selon lui, les fruits des périodes très chaudes que nous vivons cet été. Déjà des voix s'élèvent : comme de tels été seront de plus en plus fréquents, il faudrait construire de nouvelles prisons, de nouveaux hôpitaux, rendre obligatoire des stages de communication non-violente. Déjà on prévoit une augmentation importante du nombre de divorces et de conflits entre employés et employeurs. 

 

Les années qui viennent devront être soumises à des mesures fortes à prévoir de toute urgence proclament des hommes politiques de tous bords.  Des choses graves, des choses de plus en plus graves, arriveront sûrement partout sur la Terre.  C'est ce qui se dit, c'est ce qui se lit, c'est ce que l'on imagine. 

 

Publié dans concours

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L'émission 7 est arrivée !!!

Publié le par christine brunet /aloys

Publié dans vidéo

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Aubes lunesques... Notre rendez-vous poétique signé Carine-Laure Desguin

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

Duels et duos

sous le soleil des étés

souvenirs heureux



 

La lune d’avant

les cercles des aurores

sillonnent les monts



 

Dans l’œuf des vivants

des remugles et des brouillards

piteux glissements







 

L’éveil des spectres

dans les arcs des agrumes

jutent les noyaux



 

Un grand bol d’air pur

entre les rênes du temps

éclats dans les yeux



 

Dans ce monde bleu

les paillettes d’or

frissonnent les vents

 

Publié dans Poésie

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Joël Godart nous propose un extrait de son ouvrage : FAIRY

Publié le par christine brunet /aloys

Joël Godart nous propose un extrait de son ouvrage : FAIRY
Joël Godart nous propose un extrait de son ouvrage : FAIRY
Joël Godart nous propose un extrait de son ouvrage : FAIRY
Joël Godart nous propose un extrait de son ouvrage : FAIRY
Joël Godart nous propose un extrait de son ouvrage : FAIRY

Publié dans Présentation, Textes

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Kate Milie avec un article dans "Bruxelles Culture" signé Bob Boutique

Publié le par christine brunet /aloys

« le Mystère Spilliaert » un des meilleurs romans de Kate Milie. Mais est-ce bien un roman ?

 

Kate Milie parle comme une mitraillette, mais réfléchit longuement avant de s’exprimer, elle a un débit ultra rapide mais tout est pensé dix fois, documenté avec sérieux et le résultat d’un long travail de réflexion… bref, elle est exactement  le contraire de ce qu’elle parait être. Si vous avez pigé la manière dont elle fonctionne vous avez tout compris, sinon tant pis pour vous et repassez un autre jour.

Car depuis 2009, où elle a fait paraître son premier bouquin, cette autrice (ben oui, on est désormais obligé de nommer les écrivains avec le féminin correspondant si on ne veut pas courir le risque d’être désavoué publiquement) cette autrice a réussi à prendre une véritable place parmi les noms qui comptent dans la littérature belge. Depuis son premier polar (« Une Belle Epoque ») où elle s’est positionnée comme une écrivaine  particulière, ses livres étant autant des descriptions de l’Art Nouveau que des histoires haletantes avec des assassins et des enquêtes compliquées, elle est apparue différente et originale. 

Pas de problème du coté de l’écriture où on s’est rapidement rendu compte qu’elle savait écrire mais c’est surtout du côté de l’ambiance qu’elle se fit remarquer, avec des histoires qui toutes sans exceptions tournaient autour de Bruxelles et s’attardaient sur les courbes et arabesques de l’Art Nouveau qui fit le must des architectes entre 1890 et le début de la première guerre mondiale. 

On peut dire sans lui lancer de fleurs (parce que c’est vrai), que Kate Milie est devenue une sorte de spécialiste de ce style et tous ses romans édités depuis, qu’il s’agisse de « l’Assassin Aime l’Art Déco », de « Noire Jonction » ou de « Peur sur les Boulevards » (tous édités chez 180 degrés) ne sont en définitive que des variations sur ce thème de l’Art Nouveau, avec en toile de fond, Marie une jeune guide touristique, qu’épaulent un journaliste et un flic qui connaissent bien les lieux interlopes ou parfois peu connus de la capitale, mais toujours attrayants sinon remarquables (l’adjectif étant considéré ici comme « curieux » ou « à marquer d’une pierre blanche ou… noire ».   

Mais si je vous en parle ce mois-ci, c’est pour vous présenter un ouvrage vraiment très original qu’elle vient de publier et qui mérite dix fois être lu : « Le Mystère Spilliaert » et pour une fois il ne s’agit pas d’une enquête policière, encore que ce bouquin soit rédigé de la même façon. Car le sieur Leon Spilliaert a existé (1881– 1946). C’était un artiste dans tous les sens du terme et qui a laissé derrière lui des tableaux remarquables, pas toujours appréciés à leur juste valeur, relativement peu connus comme ils devraient l’être, mais témoins d’une époque où le symbolisme, l’expressionisme et même le surréalisme  se confondaient. On ne peut d’ailleurs l’associer à aucune école sinon toutes à la fois. "Jusqu’à présent ma vie s’est passée, seule et triste, avec un immense froid autour de moi" écrivait-il en 1909, il n’avait pas trente ans ! Tout est dit, solitaire et très seul !  

Peu de gens le connaissent, hormis les spécialistes, et sa fin de vie fut à l’image du personnage, discrète et retirée, encore que sur le plan pécuniaire il ait toujours vécu à l’aise, appartenant à une famille aisée d’Ostende (son père était parfumeur de la Cour).  Il a connu et fréquenté des poètes comme Maeterlinck et Verhaeren, correspondait avec Nietzsche et Lautréamont et fut un proche de James Ensor qui ne le tenait cependant pas en très grande estime … Bref, il n’a pas vécu la vie difficile et bouleversée d’un poète maudit, mais celle d’un fils de famille qui n’a jamais du compter ses sous à la fin du mois, ce qui n’est pas très romantique. Il avait une santé fragile (il souffrait d’ulcères sévères à l’estomac et d’insomnies)  et ses dernières toiles moins connues l’amenèrent même à dessiner encore et toujours des arbres ! Bref, qu’avait t-il de si particulier que Kate Milie lui ait consacré un livre ? Et surtout l’ait intitulé le « le Mystère Spilliaert » ? 

Tout part d’un tableau exposé au musée d’Ixelles « l’Homme Chancelant ». « Un homme, vu de dos, vêtu d’une redingote, coiffé d’un haut-de-forme, erre la nuit, en bord de mer, le long des majestueuses Galeries royales d’Ostende. Il semble tituber, tend une main hagarde vers les imposantes colonnes. Qui est cet homme ? Un noctambule égaré sur la digue après la fermeture des cabarets ? Un promeneur perdu ? Un être dévasté venu confier une douleur intenable à la mer ? ». Une toile de jeunesse de Spilliaert qui toucha Kate Milie en plein cœur.

Et Kate elle est comma ça. Quand quelque chose la touche, elle y va à fond. Elle veut comprendre. Ce tableau lui a parlé et  désormais  elle va consacrer une année complète de sa vie de romancière  à cet artiste méconnu ou presque et lui dédier un atelier d’écriture qui deviendra en même temps un livre (là on retrouve l’auteur de roman policier). Et quel livre ! 

Deux lecteurs et participants à ce atelier, Adrienne et William, la quarantaine,  vont devenir ses cobayes, donner leurs impressions, leur ressenti et en même temps participer à la confection du livre, séduits par le spleen troublant et la personnalité sombre de Spilliaert (surtout durant sa période « jeunesse ») où il créa ses toiles les plus marquantes, souvent dessinées à l’encre de Chine et à la craie pastel. En fait, ils vont d’une certaine façon co-écrire ce livre et visiter de chapitre en chapitre les différents lieux où l’artiste a laissé, cent ans plus tôt, les traces de son passage. A Ostende bien sur, l’Hôtel Métropole à Bruxelles, Paris le long des quais de la Seine… partout où son génie la trimballé.

Un livre qui n’en est pas un, mais qu’il a fallu écrire quand même, sur un peintre qui n’appartient  à aucune école mais a fréquenté les plus grands au début du siècle passé et dont on commence seulement avec pas mal de retard à reconnaître le talent, une autrice qui n’hésite pas à sortir des sentiers battus et se lance à corps perdu dans une œuvre méconnue qui va peut-être revoir le jour… L’exemple de Van Gogh est là pour nous ramener à plus de modestie et nous rappeler que la notoriété ou le succès ne sont pas toujours le résultat du génie, mais plus souvent de l’art de se vendre.

Qu’il s’agisse de  « l’Homme Chancelant », de la « Baigneuse »,  de la « femme sur la Digue », de « la Porteuse d’eau » ou plus simplement du portrait de son ami « Emile Verhaeren », tous ces tableaux commencent désormais à faire parler d’eux et Léon Spilliaert sort de l’ombre. Il n’en demandait pas tant. Tout comme le livre que Kate Milie lui a consacré à une époque où les gens se demandaient le pourquoi et le comment d’un tel intérêt ? Certains appellent cela de la prémonition, d’autres du flair… Demandez lui, à mon avis c’est tout simplement l’intérêt pour le  beau. 

Ainsi un peintre sort de l’anonymat où il se complaisait, pour devenir soudain un « Nom » et (je me trompe peut-être, mais je ne crois pas) un talent très original où une certaine discrétion voulue risquait de l’enfermer ! Ce n’est pas la première fois que des artistes se révèlent après leur mort et souvent  cela arrive parce qu’ils sont redécouverts à leur corps défendant par des amateurs d’art, parfois des galeristes ou des gens plus visionnaires, plus affutés que d’autres.    

Avec « le Mystère Spillaert » Kate Milie a donc réussi à sortir des limbes un peintre d’une grande originalité tout en écrivant un roman (mais est-ce bien le terme exact) de toute beauté qu’elle considère d’ailleurs comme un de ses écrits les mieux pensés.

 

BOB BOUTIQUE

 

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Philippe Desterbecq nous propose un exte sur l'automne

Publié le par christine brunet /aloys

Automne

Il attend. Avec patience. Il a toujours aimé l’automne et il attend sa proie paisiblement, comme un chasseur à l’affut. Il regarde tomber les premières feuilles. 

Il aime cette légère brume qui enveloppe les arbres de son écharpe vaporeuse. Il aime l’or qui, petit à petit, colore les feuilles qui finiront par mourir comme tout un chacun. Il aime l’écureuil qui voltige de branche en branche, vole une noisette, une châtaigne qu’il s’empresse de cacher dans un endroit qu’il finira par oublier, plantant ainsi, sans le savoir, les futurs arbres qui peupleront la forêt. 

Il aime la forêt, le calme qui y règne, le chant des oiseaux qui saluent le lever du jour. Il aime l’attente. Il sait qu’un corps à moitié dénudé finira par faire son apparition. Le plus souvent, ce sont des hommes qui courent dans le bois. Les femmes se méfient. Des prédateurs pourraient rôder dans les environs, des mâles alpha prêts à les dévorer. C’est comme ça qu’il se nomme : Alpha. Ce n’est évidemment pas son nom de baptême. C’est comme un pseudonyme, une appellation qu’il s’est donnée à lui-même. Il est le dominant, le leader, celui à qui personne ne résiste. 

Chez certaines espèces animales comme le loup, l’alpha jouit d’un accès privilégié aux femelles. Parfois, il se réserve même leur exclusivité.
Que se passe-t-il si une femelle fait de la résistance ? Lui le sait. Il prend et que celle qu’il a choisie soit d’accord ou pas ne change rien à l’affaire. D’ailleurs, si elle lui résiste, elle n’en est que plus attirante. 

Chaque année, c’est en automne que ses sens se réveillent. La sève qui descend dans le tronc jusqu’aux racines de l’arbre monte en lui et il devient chasseur, braconnier, traqueur, prédateur. 

Il fait une seule victime par an, toujours en automne, au moment où la nature la met en veilleuse, s’endort sous un épais tapis de feuilles multicolores. 

Il sait qu’elle va arriver. Il la guette depuis des jours. Elle est réglée comme une horloge. Chaque matin, à la même heure, elle apparait dans ses vêtements collés à son corps perlé de gouttes de sueur. Elle est belle comme l’aube. Il a retardé sa mise à mort pour pouvoir continuer à l’observer, jour après jour, dans la fraicheur matinale, sous les premiers rayons faiblards du soleil d’octobre. 

Elle ne le sait pas encore, mais aujourd’hui, elle va rencontrer l’alpha, le mâle suprême : lui ! Tout le monde n’a pas cette chance. Il entend déjà le bruit de ses pas sur les feuilles mortes, sa respiration un peu haletante. Il sent déjà son parfum d’automne, doux et capiteux. 

Ses sens à lui sont aiguisés. Il est prêt. Le loup va sortir de sa tanière pour son repas annuel. Il sort ses griffes en même temps qu’il sort des fourrés. 

La proie a compris. Elle s’arrête, mais c’est trop tard, le fauve a déjà bondi…

 

Publié dans Textes

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Rubenia Timmerman en dédicaces... Petite pub !

Publié le par christine brunet /aloys

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Un article sur Christine Brunet dans le magazine "Bruxelles Culture" signé Bob Boutique

Publié le par christine brunet /aloys

Christine Brunet, une écrivaine dont vous ne sortirez pas indemne !

 

Article dans Bruxelles Culture - novembre 2021

Auteur : Bob Boutique

 

 

Je voudrais vous parler aujourd’hui d’une écrivaine française pour qui j’ai une profonde admiration et qui est devenue une grande amie ! En principe dans ces chroniques de « Bruxelles Culture » on se limite à ce qui est bruxellois, non par opposition à nos amis du reste du pays ou d’ailleurs (ce serait tout simplement ridicule) mais parce qu’il faut bien se limiter. Donc je vais déroger ici à nos principes mais pas tout à fait… car l’auteure en question, Christine Brunet, une française, s’occupe activement depuis une bonne dizaine d’années de la littérature belge et est d’ailleurs devenue un membre important de la maison d’édition Chloe des Lys que dirige avec sagesse Laurent Dumortier et dont le siège se trouve en Belgique, à quelques pas de Tournai, à Barry plus exactement. (A ne pas confondre avec Paris comme certains l’entendent par erreur sans prendre la peine de vérifier l’orthographe !)

 

Le premier roman de Christine Brunet « Nid de Vipères » a été publié chez cet éditeur en 2011 et tout de suite il a compris qu’il détenait là une écrivaine prometteuse, qui depuis s’est affirmée comme une spécialiste affirmée du thriller moderne. Nous sommes aujourd’hui en 2021, elle vient de publier son onzième roman « La Roche des Corbeaux », et ce n’est pas prêt de finir. D’autant plus que ses héroïnes Aloys Seigner (Axelle) commissaire divisionnaire et médecin légiste suivi quelques livres plus tard dans « convergence » par la doctoresse Gwen Saint-Syrq (sa véritable identité est floue et beaucoup moins avouable), sont des personnages très particuliers qui se connaissent et se suivent d’histoire en histoire pour former une véritable famille d’héroïnes. Une saga qui se complique depuis quelques années par de nombreuses excusions dans la science fiction où le présent se confond avec les mondes parallèles. Il faut lire, c’est original, très bien écrit et à mon avis l’auteure n’a pas fini de nous étonner ni de nous intriguer.

 

Christine Brunet est née dans le Midi, à Aubagne, et la plupart de ses récits démarrent dans cette région qu’elle connaît comme sa poche, mais là s’arrête toute comparaison avec la patrie de Marcel Pagnol, car ses livres sont à mille lieues de l’ « asseng » de Marseille et donnent froid dans le dos ! Qu’il agisse de « Gwen Adieu », de « HX13 » ou de « Vénus en Ré » pour citer ses dernières créations, ses histoires sont toutes abominables et écrites au fer rouge avec des récits à limite de la folie sanguinaire et mettent en exergue des héroïnes qui finissent toujours par se sortit des mauvais pas où les mènent leurs enquêtes, mais toujours à deux doigts du désespoir ! On ne lit pas  un ouvrage de Christine Brunet pour se marrer et si en fin de parcours l’histoire se termine plus ou moins bien c’est toujours avec des blessures personnelles, des stigmates psychologiques extrêmes, à la limite du sacrifice…  Je ne sais pas si Christine Brunet en est consciente mais elle tord l’esprit de ses héroïnes comme de vieilles chaussettes et si elles en réchappent (car elle finissent toujours par avoir le dernier mot) ce n’est jamais sans y laisser un part de leur intégrité physique et mentale !

 

D’ailleurs quand on connaît bien l’auteure, il y a une chose qui frappe : Elle ne parle jamais pour rien, pour bavarder, non. Elle se montre toujours d’un sérieux qui ne semble pas grand chose à voir avec ce qu’on attend en général d’une méridionale dont la faconde est proverbiale. Rédactrice en chef sur internet des « petits papiers », administratrice de éditions Chloe des Lys et depuis quelques années présentatrice puis réalisatrice de l’émission « ACTU-tv », Christine Brunet est devenue une des responsables belges (en fait presque belgo-française) de la maison d’édition de Laurent Dumortier « chloe des Lys » et personne ne conteste son professionnalisme.

 

Ajoutez à ce curriculum vitae imposant que cette écrivaine qui continue à publier ses livres avec une régularité de métronome est une polyglotte avérée. Elle a appris le tchèque et le russe à l’université Charles de Prague, l’arabe au Caire, l’anglais à Preston en Angleterre etc… sans oublier peut-être le plus étonnant, ceci explique sans doute cela: elle a déjà parcouru les quatre coins du globe, de  Madagascar au Ladakh et du delta de l’Orénoque au désert de Gobi et continue à arpenter (entre deux livres) le monde dont elle parle avec une précision et une documentation dignes d’un guide professionnel. Bref, c’est plus qu’une romancière désormais reconnue en France comme en Belgique, une véritable personnalité.

 

Voici en annexe la liste des ouvrages qu’elle a publiés, encore que cette écrivaine très prolixe a dans ses cartons une multitude d’autres romans, certains très anciens, qui peut-être ne verront jamais le jour ?

 

  • Nid de Vipères, Chloe des lys 2011
  • Dégâts Collatéraux, Editions du Pierregord 2011
  • Le Dragon Bleu,  Editions du Pierregord  2012
  • E16, Chloe des Lys 2012
  • Non Nobis Dominé,  Editions Gascogne 2013
  • Poker Menteur, Editions Gascogne 2014
  • Convergences, Editions Gascogne 2016
  • Vénus en Ré,  Editions Gascogne 2017
  • HX13, Editions Gascogne 2018
  • Gwen Adieu, Editions Gascogne 2019
  • La Roche des Corbeaux,  Editions Gascogne 2021

 

Quelques avis de lecteurs choisis au hasard et que vous trouverez sans peine sur internet :  

 

J’ai commencé ce livre sans savoir qu’il existait des tomes précédents. Ma lecture n’a pas vraiment été gênée de ne pas les avoir lus…

 À partir de cet instant, j’ai été complètement aspirée dans le livre et j’ai à tout prix voulu dénouer moi-même cette histoire…

J’ai bien croché au style d’écriture, qui se lit agréablement, sans accroc et sans fioriture, tout en ayant des descriptions suffisantes pour suivre l’histoire…

 

Et pour terminer Christine brunet elle-même interviewée par une de ses lectrices fidèles, Cathie Louvet :  

 

Aucun livre ne me « suit » mais je dois dire que j’ai des auteurs incontournables, sans doute de ceux que les lecteurs considèrent aujourd’hui comme « dépassés ». Ce sont des écrivains qui ont façonné mon imaginaire, dont j’ai lu et relu les écrits et qui ont su m’emporter dans leur univers : Jules Verne, Alexandre Dumas, Maurice Leblanc… Dostoïevski, Proust, L’Abbé Prévost, Molière, Hugo et j’en passe…

 

Pour moi, un roman policier, un thriller, un sf (science fciction)  n’est crédible que lorsqu’il colle à la réalité. La base est donc la documentation. J’apprends à chaque roman, je rencontre des tas de spécialistes, je découvre, je me documente, je voyage… Passionnant !!! Je sais à présent crocheter une serrure (ça peut servir), reconnaître les différents insectes nécrophages, ou des dépôts sédimentaires. Je suis incollable sur la Main rouge ou les Vorys, sur les rayonnements alpha ou gamma… Tout ce travail est un enrichissement personnel incroyable que je tente de partager avec mes lecteurs…

 

je ne peux pas écrire sous la contrainte. Si je m’oblige, c’est mauvais. Par ailleurs, imaginer une scène, un dialogue, une rencontre me prend parfois plusieurs jours… des jours durant lesquels les images me hantent, m’agacent, me perturbent… mais durant lesquels je n’écris rien. Lorsque la scène est « prête », qu’il y a tout (les couleurs, les odeurs, certaines réparties, les sensations) je l’écris d’une seule traite, la tête dans le guidon, avec frénésie… Ce n’est que lorsque cette étape est terminée que je laisse mon imagination poursuivre son travail…

 

Voilà ! Vous en savez assez ! Je pourrais ajoute mille autres choses mais à quoi bon ! Christine Brunet se lit avant tout !  Et tout se trouve dans ses livres. Mais attention ! Autant vous prévenir. Vous n’en sortirez pas tout à fait indemne et commencer à la lire risque de vous rendre addict. 

 

BOB BOUTIQUE

 

Publié dans Article presse

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Jean-François Foulon a lu "L'envers du miroir", de Rolande Michel

Publié le par christine brunet /aloys

 

Je termine à l’instant le dernier roman de Rolande Michel, qui nous décrit la vie quotidienne d’un couple, description qui, au fil des pages, se transforme en une véritable descente aux enfers. Quoi de plus banal et de plus normal, quand on est une jeune fille un peu naïve, de rêver au prince charmant ? Quand en plus on est issue d’un milieu pauvre, ce fameux prince prend souvent les traits d’un garçon appartenant à un autre milieu, plus aisé, plus cultivé, plus civilisé, moins rustre.

D’un autre côté, quand on est un jeune ingénieur à l’avenir prometteur, rien de plus normal non plus que de trouver séduisante la jolie jeune fille qui travaille dans la librairie où il vient commander une revue littéraire. C’est une petite librairie et la revue ne s’y trouve pas. La vendeuse, visiblement, n’en connaissait même pas l’existence. Mais elle est si jolie ! Alors, il revient, une fois, deux fois. Et puis l’histoire commence, comme un conte de fées.

Il y a d’abord un premier rendez-vous, intimidant pour tous les deux (il faut plaire, ne pas décevoir). Puis une relation commence, un « nous » magique surgit chez ces deux solitaires. Pour elle, perdue dans un quartier populaire et qui aurait bien voulu en sortir car elle se sentait différente, c’est une occasion inespérée. Quant à lui, surchargé de travail à l’usine où il travaille comme chef de projets, il n’avait pas encore remarqué jusque-là que passer du temps auprès d’une jeune fille donnait à la vie un tout autre sens. Les voilà donc heureux tous les deux et très contents d’être ensemble.

Mais il y a les autres, la famille, les voisins. Sarah a peur de présenter à ses parents un peu frustres ce jeune homme si bien sous tous rapports. Que va-t-il penser d’eux (et donc d’elle) ? Heureusement tout se passe bien et amoureux comme il est, il ne trouve rien à redire. Il faut alors aller rencontrer sa famille à lui. C’est un autre milieu, cultivé. Assez mal à l’aise quand on lui pose des questions sur la littérature ou le cinéma, Sarah parvient à s’en sortir en donnant des réponses fort vagues. Ouf ! elle a réussi son examen d’entrée.

Voilà le décor planté. La suite est bien différente et on ne va pas la raconter ici. Le bel ingénieur, qui voyage beaucoup pour son travail, rencontre une autre femme, autrement plus intéressante et cultivée que Sarah. Il se rend compte alors qu’il n’a rien à dire à cette dernière. Certes elle est très belle, mais cela s’arrête là. Il décide de rompre quand elle lui annonce qu’elle est enceinte. Il n’a plus le choix. Dans son milieu à lui, on assume ses responsabilités. Les voilà donc mariés pour le meilleur et pour le pire. Surtout pour le pire car ils n’ont rien à se dire. L’enfant est mort à la naissance, laissant le couple face à lui-même. Lui se noie dans le travail, tandis qu’elle, désœuvrée à la maison, sombre petit à petit dans l’alcoolisme. Les années passent, toutes identiques et désespérantes. C’est à peine si Sarah croise encore son mari à la maison. Ou bien il est en mission à l’étranger, ou bien il rentre très tard.

Cette descente vertigineuse dans l’enfer d’un quotidien morbide et désespérant, l’auteur nous la dépeint admirablement. D’une plume allègre, qui ne s’arrête jamais, elle nous entraîne dans les différents cercles de cet univers dantesque. Quand il referme livre, le lecteur se dit qu’il a bien de la chance de ne pas mener la même vie que Sarah. Mais il se dit aussi que sa vie quotidienne à lui est tout de même parfois un peu morne et qu’elle ne correspond pas toujours à ce qu’il aurait pu imaginer autrefois.  Alors ? Ne serait-il pas temps pour lui de se ressaisir ? Oui bien sûr. Mais qu’il fasse attention aux princes charmants ou aux femmes trop belles.

 

Jean-François FOULON

 

Publié dans avis de lecteurs

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