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" Et si 2012 voyait la fin de l'humanité"... Texte 12

Publié le par christine brunet /aloys

 

Si j’ai décidé d’écrire cette lettre, c’est pour que quelqu’un puisse, un jour, la lire lorsque tout cela sera fini.

J’espère que cette personne sera comme moi et pas comme ces choses dehors qui envahissent les rues chaque jour un peu plus, grossissant en même temps leur groupe.

J’entends leurs cris horribles de damnés. Je jette souvent un œil à travers les volets, solidement verrouillés et je les vois, plus bas, déambulant, lentement, dans ma rue. On aurait dit une manifestation de contestataires, mais sans banderole, ni mégaphone.

 

J’avais pris un fusil-mitrailleur à un soldat mort avant de venir me barricader chez moi. Et je n’étais pas très fier d’avoir fait ça mais, poursuivi par ces monstres depuis la sortie du RER, dans le tunnel, je n’ai pas eu le choix. Il faut me comprendre !

Quoiqu’il en soit, il n’y a pas à dire mais le Service Militaire marque plus qu’on ne le pense car je me suis rapidement souvenu du maniement de l’arme.

 

Il fait chaud. J’ai l’impression d’être dans un sauna. Il fait 30 degrés dans mon studio et je suis en nage.

Je suis là, assis derrière la table de ma chambre, ce papier devant moi et une bougie qui m’éclaire pendant que j’écris.

Six jours déjà que l’électricité ne fonctionne plus.

Cela fait donc six jours que tout a basculé…

 

Je suis pris d’une folle envie d’écrire. Il faut que je vous raconte comment on en est arrivé là. Comment tout cela a commencé… Mais j’allais oublier les bonnes manières !

 

Je me présente, je me nomme David Räuden. Je suis journaliste...enfin, j'étais journaliste dans le quotidien Le Parigo.

J’écrivais régulièrement mon article et le mettais ensuite en page, sur deux colonnes.

C’était un boulot tranquille, je l'aimais bien. J'ai suivi des études de sociologie à Rouen, à la Faculté de Mont Saint Aignan, pendant trois ans. Puis je me suis lancé, sur un coup de tête, dans la psychologie et ensuite dans le journalisme.

Un peu chaotique mon parcours mais je ne regrette rien. J'ai 28 ans, bientôt 29.

Un étrange sentiment m’envahit en écrivant ces lignes. Comme une impression de rédiger mon testament...

 

Mon premier travail s’est passé dans le célèbre Institut de sondage dans le 13ème.

J'y ai appris des tas de choses en tant qu’intérimaire sur la démographie. Cette expérience a confirmé ma passion pour l'étude sur la société.

Intéressant, n'est-ce pas ? Enfin c'est bien beau tout ça mais c'est du passé maintenant.

Ah! Je pourrais écrire une colonne sur le comportement des zombis !!! Je vois déjà le titre, en police Arial de taille 20 : « Comment appréhender la psychologie d'un zombi en 5 points »

Je suis vraiment stupide des fois... !

           

La journée n’est pas terminée et je réalise que j’ai déjà bu trois bières. Il faudrait que je fasse attention à ma consommation et penser à la réduire. J'ai encore de quoi tenir quelques jours mais après je serais bien ennuyé. Je ne me vois pas sortir pour faire mes courses !

Enfin. Il faut que je vérifie si les volets sont bien fermés. Ça y est je suis devenu un vrai maniaque. Allez, il ne faut pas que je défaille maintenant. Je dois continuer d'écrire ce qui est arrivé.

 

             Tout avait commencé alors que les magasins du Boulevard Haussmann dans le 8ème  brillaient de toutes parts avec leurs guirlandes.

Les Parisiens finissaient d’acheter leurs cadeaux de Noël.

Au début, personne n’avait fait attention à lui. Encore un homme ivre qui faisait la manche. Mais lorsqu’il s’attaqua à un passant, ce fut la panique. Et très vite les personnes mordues se jetèrent à leur tour sur d’autres personnes.

Ensuite tout s’accéléra et les mordus devinrent de plus en plus nombreux.

Nous étions le 21 décembre 2012… la fin de l’humanité venait de commencer…

 

 

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Et si 2012 voyait la fin de l'humanité, texte 11

Publié le par christine brunet /aloys

 

Et si 2012 voyait la fin de l’humanité


 

Soit, acceptons cette hypothèse ! Après tout les Incas ont peut être raison. Mais, le modus opérandi nous est inconnu. Aussi, modélisons cette fin du monde. Etayons cet axiome par  des formes potentielles, connues, vérifiables. Quel élément peut balayer cette civilisation mondiale, cette fourmilière trépidante et décadente qu’est devenue la terre ? Un bolide fonçant dans l’espace et dont la trajectoire va malencontreusement croiser celle de notre planète ? Une explosion solaire sans précédent qui va faire fondre la barrière de protection de notre atmosphère et nous anéantir de son souffle de feu ? Un super volcan, peut être, dont les effets dévastateurs et meurtriers transformeront, in fine, la planète bleue en une boule de glace ? Cependant, je n’y crois pas. Notre monde a survécu à tellement de catastrophes ! Enfin, je n’y croyais jusqu’à ce phénomène récent...


Jeudi 9 Mars 2012. Une gigantesque éruption solaire a atteint la terre  avec d’éventuelles perturbations sur les communications globales.


Un doute m’assaille et si finalement cette prophétie était vraie !


9 août 2012. Sans doute en guise de prémisses, une pluie de météorites s’est abattue sur la Russie. La Taïga est un gigantesque brasier. En Europe et en Amérique, la canicule est insupportable. Partout, des incendies dévastent des kilomètres carrés de forêt et font de nombreuses victimes. Un peu partout dans le monde, des volcans sont entrés en éruption.

 

Des centrales nucléaires ont été détruites. Le taux d’irradiation de l’air à l’échelle planétaire dépasse la mesure acceptable.                                                                                                                                     

Une terreur panique s’est emparée de la population mondiale, entretenue par les médias qui distillent des informations de plus en plus inquiétantes.

Deuxième quinzaine d’août 2012. En Europe, des orages accompagnés de pluies torrentielles ont anéanti les cultures et occasionnés des inondations sans précédent. La télé diffuse des images de dévastation et de mort. Le spectre de la famine rôde.

12 septembre 2012. Les astronomes de la NASA ont détecté un corps céleste, qui selon leurs calculs, frôlera la terre sans la percuter. Cependant, le passage du météore engendrera de nombreuses catastrophes, pires encore que celles que l’on a connues jusqu’ici : Des séismes, des incendies, des mégas tsunamis... 


Octobre et novembre. L’astre se rapproche et est visible de jour comme de nuit. Le monde retient son souffle devant l’imminence du danger.


16 décembre 2012. La météorite brille dans le ciel comme un énorme soleil. Ce serait magnifique et surréaliste à la fois, si la situation n’était pas aussi critique. Nouveau bulletin alarmiste de la NASA : le météore va s’écraser sur terre !


Mon Dieu, le temps de la terreur a commencé ! Qu’importe, anxieux ou insouciants, je crois que nous serons tous au premier rang ! Tant de siècles d’espoirs et de souffrances. Tout cela aura été vain ! L’Homme, le héros du film, celui qui a apprivoisé le feu, bâti des cathédrales, marché sur la lune, rêvé du meilleur des mondes ne pourra, malgré toute sa technologie, se soustraire à l’inéluctable !


21 décembre 2012. Le monde est chamboulé, hors contrôle.  Plus rien n’existe, plus rien n’a d’importance, désormais. La réception de la radio ou de la télé est de plus en plus mauvaise. Cependant, les appels au calme se multiplient. Toutes les religions confondues, unies par une trêve sacrée, exhortent leurs fidèles à la prière, l’ultime refuge.                                                                             

 

C’est le premier jour de l’hiver et l’on se croirait le quinze août !


Il est un peu plus de 22 heures. Je viens de capter ce qui sera, je pense, le dernier message à la radio : « C’est imminent, l’aérolithe va percuter la terre dans moins de... ». C’est fini, la communication est coupée. Je n’ai plus de temps.  J’ai conscience que ces mots représentent la fin de millions, voire de milliards d’êtres humains.  Mon dernier espoir est qu’en cet instant un homme et une femme embarquent dans une arche spatiale. A bord, dans des conteneurs cryogéniques se trouvent des milliers et des milliers de tubes renfermant l’ADN de tous les animaux et de toutes les plantes de la terre.

Je les imagine... J’extrapole leurs pensées... avaient-ils le droit de partir et d’abandonner tous les autres à leur sort funeste? Je les imagine dans les affres de l’inconnu, de l’incertitude du futur. Qui étaient-ils pour avoir été choisis ? Ils ne se parlent pas. Ils ne veulent pas rompre cette bulle de silence qui leur donne le courage de tout laisser derrière eux.


Le pilote s’installe aux commandes. Son doigt hésite une fraction d’éternité avant d’appuyer sur le bouton, puis, il se décide. Son coeur saigne de souvenirs, cependant qu’il arrache le vaisseau à l’attraction de la planète perdue. Il le doit, il le faut !


Dehors, la nuit est claire comme si c’était le jour. L’astre nouveau s’amplifie et tressaille   d’éclats fulgurants. Un flash de lumière blanche... Le météore a percuté la terre.  Mon regard se pose sur  les quelques pensées bleues qui ont miraculeusement refleuri dans la jardinière oubliée sur le rebord de la fenêtre. Je n’ai plus peur, car j’en suis persuadée la vie trouvera  toujours son chemin !


-Vaya con Dios ! murmurai-je au moment ou le sol vacilla et qu’une vague de feu déferla, précédée d’un hurlement terrifiant. L’ultime clameur du peuple de la terre...

 

                                                       

                                                             

 

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"Et si 2012 voyait la fin de l'humanité ?" ... Texte 10

Publié le par christine brunet /aloys

"ET SI 2012 VOYAIT LA FIN DE L'HUMANITÉ ?"

 

Qu'est-ce que j'apprends ? La fin du monde pour le 21 décembre ? Ils sont fous ces Mayas. Ils ne pensent qu'à eux…

 

Jugez plutôt. Je viens d'avoir 50 ans et je suis déjà à la retraite. Il faut dire que, lorsqu'on travaille pour la défense nationale, on est vite largué… Mais aussi on apprend à se défendre et à anticiper.

 

En 2010, on m'a annoncé officiellement que le pays n'avait plus besoin de mes services. Fini l'uniforme, fini le salut au drapeau et surtout fini ce boulot au service météo !

 

Pendant plus de vingt ans, j'ai regardé des cartes, consulté des milliers de rapports pour prédire, un tant soit peu, le temps que nos régions allaient subir dans les prochains jours. C'était une tâche importante et indispensable à la sécurité de notre territoire ! Comme si l'envahisseur allait s'arrêter pour un peu de pluie ou quelques centimètres de neige !

 

Été comme hiver, automne comme printemps, je scrutais le ciel, je mesurais les températures sous abri et je comptais les litres d'eau par mètre carré ! Un travail imbécile mais qui avait un avantage : j'étais libre tous les jours à quinze heures trente et à cinquante ans, je serais pensionné et libre comme l'air. J'ai atteint cet âge et je suis de moins en moins libre. Pour ne pas rester à rien, comme on dit dans ma région, je me suis inscrit à différentes formations. J'ai repris des cours d'anglais, je suis un atelier photo numérique avec perfectionnement vidéo et surtout, je me suis inscrit à un atelier d'écriture…

 

François, c'est le nom de l'animateur. Licencié en philologie classique, ancien professeur au Lycée de ma ville et surtout auteur de plusieurs livres qui ont connu un beau succès. Il accueille ses clients tous les lundis matin de neuf à midi. Et quand je dis clients, je devrais dire "disciples" tant certaines d'entre elles sont en extase devant le maître. C'est qu'il est resté bel homme, le François, un peu dragueur, un peu macho mais surtout amoureux du premier jupon qui passe à proximité.

 

L'atelier du lundi est fréquenté par une dizaine de personnes, une majorité de femmes, bien entendu et deux hommes : un vieux bonhomme un peu sourd et moi.

 

Je m'aperçois que j'ai oublié de vous dire que Denise, mon épouse, m'accompagne le lundi. Elle aussi, elle est libre depuis que nos trois enfants volent de leurs propres ailes. Elle apprécie beaucoup François et se plaît à imiter les grands auteurs classiques et contemporains. Elle semble avoir un don inné pour cela.

 

Jamais, au grand jamais, François n'a jeté le moindre regard sur Denise jusqu'au jour où Denise a crû bon de pondre un texte à la manière de François. Malheureusement, une erreur informatique a envoyé ce texte au journal régional qui l'a publié illico. Fichus journaux qui ne publient jamais une ligne de vous sauf si…

 

Bientôt toute la ville a lu, bientôt toute la ville a reconnu, bientôt toute la ville a ri. Le texte de Denise était une féroce critique des agissements du député du coin.

 

Ce député n'avait eu que ce qu'il méritait. Une franche crapule, prêt à tout pour réussir et toujours à la limite de l'escroquerie et du délit. Denise en avait brossé un tableau peu reluisant. Sans jamais citer son nom, elle avait patiemment relaté toutes les "affaires" où il apparaissait. Décortiquant minutieusement les entourloupes et les combines de l'homme. Et tout cela dans le style "inimitable" de François.

 

Tout cela aurait pu prêter à rire ou à sourire si Monsieur le Député n'avait giflé François lors d'une rencontre fortuite. Hélas, ce jour-là, un photographe avait pris un cliché de la bagarre. Le lendemain, le cliché était à la une du journal local et deux jours après, cela faisait les choux gras des journalistes de la télé en mal de sujet pendant l'été. L'affaire remonta jusqu'au Parlement. Jugé par ses pairs, le député a été contraint à démissionner. Et quelques semaines plus tard, il se suicidait en se jetant sous les roues du nouveau tramway de la ville.

 

Denise en fut toute retournée. Elle abandonna l'atelier du lundi. François décida de ne plus s'en occuper et tout le monde rentra dans ses pénates en attendant des jours meilleurs.

 

Quant à moi, j'ai repris des cours d'astrologie avec Pablo, un immigré sud-américain, adepte des Mayas. Tous les lundis matin, nous scrutons avec attention le fameux calendrier qui prédit la fin du monde pour fin décembre. Et pourtant, même Pablo ne peut se résoudre à admettre cette prédiction. Il a l'air de croire que certains calculs sont peut-être erronés et que nous sommes à l'abri du cataclysme pour quelques millénaires.

 

Par contre, j'essaie de convaincre Denise de ne pas m'accompagner à ce cours. Au moins jusqu'au 21 décembre ! On n'est jamais trop prudent…

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"Et si 2012 voyait la fin de l'humanité ?" ... Texte 9

Publié le par christine brunet /aloys

DÉCEMBRE 2012

 

21 décembre 2012, 7 heures du matin. Une journée une peu spéciale en perspective. À quelques jours de Noël, même si le moral n'y est pas, il serait bon que je m'active. Je me lève. Je me prépare un petit café. Je me motive comme je peux en pensant à mes deux petits-fils. J'ai prévu d'aller acheter un sapin et de le placer dans le living. Ensuite, je préparerai mon fameux boudin de poissons et de crustacés.

 

Je m'apprête à boire une gorgée de café quand je remarque que le liquide tremble un peu à la surface de la tasse. Des friselis comparables à ceux produits quand les enfants courent sur le plancher du salon ou quand certains poids lourds passent dans la rue. D'un coup d'œil vers le living, je remarque que le lustre en cristal balance très légèrement. N'est-ce pas une illusion ? Oui, sans doute. Ainsi que l'ont prouvé mes réactions lors d'un spectacle d'hypnose, ne suis-je pas suggestible à souhait ?

 

Je termine mon petit déjeuner. Je fais ma toilette. J'allume la radio. Un flash d'info. "Une boule de feu dans le désert australien… Les Mayas auraient-ils eu raison ?" C'est alors que je me souviens des rumeurs qui ont circulé dès la rentrée de septembre. D'un coup, je suis en sueur, mon cœur s'affole, mes gestes deviennent maladroits.

 

Depuis des jours, j'ai décroché du réel. Je ne vis que pour et dans le passé. La tante de mon mari, Luciano, la bonne Zia Maria, s'est éteinte dans les Pouilles. Avec elle, c'est tout un pan de ma jeunesse qui s'effondre. Luciano est parti pour l'Italie. J'ai dû rester ici pour m'occuper de mes petits-fils mais je l'ai fait de manière assez mécanique. Mon cœur et mon esprit sont ailleurs, auprès de la famille de Tante Zia. C'est chez elle, alors qu'elle vivait encore dans la région, que Luciano et moi avions fait connaissance. Cette femme généreuse m'a appris tant de choses.

 

Je choisis un autre programme : "… conseillons de rester chez vous. Évitez tout déplacement…" Je n'écoute pas la suite. Je m'habille au plus vite, j'enfile sous-vêtements chauds, chaussettes, pantalon, sous-pull, pull, veste en laine, imperméable fourré, bottillons. J'attrape mon sac à main et mon ordinateur portable. Juste avant de rejoindre l'abri que Mamy avait fait construire dans les années soixante, j'essaye de téléphoner à mon mari, à ma fille et à mon frère. Vaines tentatives. À chaque appel, le même signal sonore.

 

Mamy n'était pas riche mais lorsqu'elle avait gagné au loto, elle avait fait bâtir cet abri antiatomique ! Nous avions tous ri de cette idée bizarre ! "Vous ne rirez plus quand une bombe tombera sur l'Europe", avait-elle dit. Son abri, c'est un refuge trois étoiles où elle aimait s'isoler pour lire ou pour broder. Mamy nous a quittés il y a quelques années, j'ai racheté sa maison et donc l'abri ! C'est là que, sans réfléchir davantage, je vais me réfugier.

 

À grand-peine, j'ouvre la lourde porte. Je ne contrôle plus mes mouvements et je semble avoir perdu mon bon sens. Je regrette de n'avoir pas été plus attentive lorsque Luciano m'avait expliqué le fonctionnement des divers appareils. Après un temps infini, j'arrive à faire fonctionner les lampes et le générateur électrique. Je m'affale sur la banquette. Le silence m'écrase. Mes larmes coulent comme du sang d'une plaie ouverte. Oh, je ne supporte pas la solitude. Je ne veux pas être seule quand tout s'arrêtera. Pourquoi ne suis-je pas allée chez les voisins ou chez ma fille qui habite à deux pas ?

 

Enfin, me revient une prière, des mots de mon enfance. Je me calme. Je vois l'écran. À lui seul, le système vidéo à coûté le prix d'une voiture de luxe. Il m'est précieux car il me relie à l'extérieur.

 

Que de problèmes pour enfin régler ce fichu engin ! Ouf, je vois le dehors. Des gens courent dans tous les sens. Le vent souffle en rafales. Il pleut des cordes. Une trottinette atterrit dans le jardin.

 

C'est au bout de quelques minutes que je me rends compte que le même spectacle revient en boucle. Les mêmes personnes vêtues des mêmes vêtements, se dirigeant vers le même endroit, à la même allure. Au mépris du danger, je regagne la maison et je branche la radio. Il me faut attendre les informations de 10 heures pour entendre : "Ne sortez que si c'est vraiment utile. Des rafales de 120 kilomètres à l'heure sont, en effet, prévues en fin de matinée. Le vent a déjà occasionné des dégâts en diverses régions."

 

Le 24, Luciano est de retour et seules les dernières bourrasques de la tempête perturbent la magie de Noël.

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"Et si 2012 voyait la fin de l'humanité ?" ... Texte 8

Publié le par christine brunet /aloys

SAYONARA

 

Amiko l’aperçoit de loin, lui, le vieil illuminé hirsute à la longue barbe blanche qui, chaque jour, scande que la fin du monde est pour cette fin d’année 2012, qui est l’année du Dragon.

Slalomant entre les véhicules roulant au pas et les pousse-pousse traditionnels, elle traverse la route pour ne surtout pas croiser la sienne, car il lui fait terriblement peur.

C’est avec tristesse, après une nouvelle journée « sans » à faire des poches vides, que l’enfant regagne la bicoque délabrée qui lui sert d’abri, non loin de la plage de Tsutsumigaura. À douze ans et des poussières, on devrait penser à ses copines, à la Wii. Aux garçons, peut-être. Mais quand on se retrouve sans famille, à cause d’un incendie déclenché par des parents inconscients enchaînant les paquets de cigarettes comme les paquets de bonbons, et qu’on s’est enfuie de chez son oncle un peu trop affectueux, un peu trop « tactile », on n’a plus vraiment les aspirations d’une enfant. Ni les yeux. Il faut bien manger. Il faut bien survivre. Dieu ou pas, Bouddha lui pardonnera sûrement.

Les chaussures ensablées, Amiko pousse la porte cassée, s’allonge sur le vieux futon, puis pose la tête sur le Mushu en peluche ramassé dans une poubelle et qui lui sert, depuis, d’oreiller. Dans un cadre posé là, à côté, elle a mis le dessin d’un enfant qu’elle a fait elle-même. Elle fait comme si c’était la photo de son p’tit frère, Li, disparu dans les flammes. Tous deux avaient la passion de l’origami, et le culte, encore tout récent chez eux, du vieux bonhomme en rouge et de provenance occidentale. Mais Amiko, après la tragédie, délaissa l’imposteur. Qu’est-c’que ça veut dire, Noël, quand ses parents se moquent de tout ? Sinon sortir en pleine nuit, les laisser seuls, parce qu’il n’y a plus de clopes à la maison.

En réalité, Amiko n’a jamais vraiment été toute seule. Elle a un ami. Dont elle ne sait pas le nom, c’est vrai. Il ne lui a jamais dit. Elle s’est réveillée, une nuit, et il était là, juste là, assis paisiblement à l’autre bout du futon. « Qui es-tu ? » demanda l’enfant. « Un ninja ? » « Les ninjas ont-ils des ailes ? » répondit l’homme, amusé par la question. « Je suis un ange du Seigneur ». « Oooh ! » fit Amiko en ouvrant de grands yeux. « Mon frère Li et moi nous faisons souvent des anges en papier, tu sais ! » « Je sais. Et je suis venu voir cela de mes propres yeux ».

Amiko, Li et ce fils du ciel étaient devenus très proches. Et quand elle s’est retrouvée à la rue, son oncle n’ayant pas signalé sa disparition… il a pris soin d’elle. Comme un père.

Alors non, elle n’a jamais vraiment été toute seule, la petite Amiko.

Mais qu’est-c’que cela ? De l’eau qui s’infiltre sous la porte, dans la bicoque.

Amiko fronce les sourcils. On frappe. Elle va ouvrir, inquiète. Elle n’est tout de même pas responsable de la montée des eaux ! Mais tout va bien, ce n’est que lui, son ange.

– Tu apparais comme par magie, d’habitude, lui fait-elle remarquer.

Mais il entre sans répondre, affichant un air mi-effrayé mi-compatissant.

– J’ai la pire des nouvelles à t’annoncer, assène-t-il.

– À voir ta tête, on dirait que c’est la fin du monde, plaisante la jeune fille.

Mais l’inquiétude la gagne vite, car l’ange ne répond pas à son humour noir.

– Tu es grande. Je vais donc aller droit au but : des mégatsunamis sont prévus sur toute la planète d’ici… quelques minutes. Tout est terminé. C’est brutal, je sais… Mais voilà.

– Quoi !?! Tu es sérieux ? Mais Bouddha, Dieu, ou quel que soit son nom, que fait-il ?

– Papa ? Papa en a ras-les-baskets ! Vu la politique des hommes, leur folie meurtrière, leur façon de traiter leurs frères, il a décidé de tourner son regard ailleurs dans l’espace.

– Mais il y a des innocents, ici, c’est injuste ! Et toi, tu ne peux rien faire du tout ?

– Des dommages collatéraux… Il s’en fout. Quant à moi, je ne suis qu’un ange, Amiko. Du moins, je l’étais. J’ai renoncé à mes ailes pour vivre ces dernières minutes sur Terre avec toi. En tant qu’ami. Ou… en tant que père. Ta famille n’est plus là. Je ne pouvais pas te laisser toute seule quand la vague géante… (Il ne finit pas sa phrase.)

– J’aimerais me répandre en sanglots, cher ange, parce que la vie est vraiment…

– Merdique ? Elle l’est. Éclate en sanglots ! Tape des pieds, si ça t’aide. C’est ce que je ferais, si je n’étais pas adulte. Je ne comprends pas sa décision, mais c’est sa décision. Il ne veut plus accorder aux hommes de circonstances atténuantes. Il refuse de les sauver.

– Je vais juste pleurer, dans ce cas. Serre-moi fort quand la vague va nous pulvériser, s’il te plaît. Et… est-c’que je peux te dire : « Je t’aime » ?

– Oui, tu peux. Cela me plairait beaucoup.

– Je t’aime, mon merveilleux ange… rien qu’à moi toute seule. Mon ami, et mon papa.

– Je t’aime, chère petite. Je suis heureux d’être ici avec toi, à la fin de toutes choses.

Et l’immensité bleue se retira, de façon impressionnante. Et ces gens qui prenaient des photos, pour vite les partager sur leur mur ! À croire qu’ils n’avaient pas de vie, en dehors !

Une vague colossale se profila soudain. Elle grossit, grossit… Si belle. Si terrible.

– J’ai peur, murmura Amiko à son ange, blottie contre lui. Je voudrais vivre encore…

– Moi aussi, répondit-il, le visage mouillé de larmes. J’ai terriblement peur de mourir. Mais dis-toi que nous mourons tous les deux, parce que nous sommes une famille.

En une seconde, il ne resta plus rien. Ni vies humaines ni constructions. Plus d’Amiko ou d’ange si bon. Le monde prit fin sous cette vague, qui déferla comme le Dragon furibond.

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"Et si 2012 voyait la fin de l'humanité ?" texte 7

Publié le par christine brunet /aloys

ET SI 2012 VOYAIT LA FIN DE L’HUMANITE ?

 

Je range mes crayons, ma latte et ma gomme d’un côté du buvard.  De l’autre, où il me faut beaucoup plus de place, je dispose mes belles éditions illustrées qui parlent de la fin du monde.  La dernière date annoncée est le 21 décembre 2012.  Tout de même…Je ne peux m’empêcher de penser égoïstement que si c’est vrai, c’est pour ma pomme.

 

Au Moyen âge, on aimait bien faire peur aux pauvres gens en leur racontant que Satan allait surgir de l’abîme avec ses sabots pointus, sa gueule de bouc et son abominable odeur. 

Vous allez me demander « pourquoi ça ? »

Je m’y attendais.   Il y avait deux castes de gens.  Ceux qui étaient riches et ceux qui étaient pauvres.  Les riches étaient bien dodus, dormaient au chaud, s’enveloppaient de bons manteaux de laine et avaient souvent des pierres précieuses brillant à leurs doigts.  Ils étaient fiers de leurs belles femmes qui elles, aimaient surtout le confort dont elles jouissaient.

Alors, ils faisaient planer d’horribles prédictions sur les pauvres, épuisés, à moitié gelés et trop analphabètes pour penser.  Ceux-ci ne voyageaient pas, connaissaient tout au plus la ville la plus proche et le clocher de leur église.  La beauté de leurs femmes se cachait derrière une couche de crasse et de haillons.

Qui allait travailler gratuitement et remplir les greniers de bon blé ? Qui allait élever les volailles et les bovins pour les ripailles ? Qui allait faire tout ce que l’élite regardait d’un air dégouté ?

Une bonne petite menace remet tout en place, comme par miracle.  Et en fait de miracle, grâce à la complicité de quelques ecclésiastiques, la menace se répétait à l’infini.

A notre époque, on se base plutôt sur la crédulité.  Un bon marketing et le tour est joué.

De manière récurrente, un VIP ou un « Poeple » expose sa vision dans un best seller.  Evidemment, si c’est le SDF du coin de la rue qui vous en parle, soit vous êtes poli et vous l’écoutez quelques minutes en abondant dans son sens pour en être débarrassé, soit vous haussez les épaules, le traitez de pauvre poivrot et continuez votre chemin.

Pourquoi donc l’homme a-t-il tellement besoin de se faire peur ?  Ou essayer de faire peur aux autres ?

Celui qui aime se faire peur est sans doute atteint d’une pathologie psychiatrique.  On le reconnaitra parce qu’il se ronge les ongles, a toujours les mains moites et regarde de biais.

Celui qui aime faire peur aux autres cumule un irrépressible complexe de supériorité.  LUI sait quoi.  « Pas toi ou toi, pauvres ignares, seulement moi ».  Surtout ne lui demandez pas d’explications, sauf si vous avez quelques heures à perdre ou que vous avez-vous-même un complexe à assouvir : celui de la persécution.

C’est vrai que certains peintres n’y allaient pas avec le dos de la cuiller pour étoffer leur vision de l’enfer.  Jérôme Bosch est un éminent exemple et je ne crois sincèrement pas que quiconque est arrivé à le surpasser.  Des copulations anti nature en tous genres, monstre coiffé d’un chaudron se délectant d’un tronc d’homme, lapin sonnant du cor, personnages en poses subjectives enfermés dans des bulles translucides…  On n’a rien inventé.

Dante imagine l’enfer par une succession de cercles appartenant à certaines catégories de personnages.  Van Gogh aimait obsessionnellement les cercles.  Les planètes sont rondes, et on est reparti…

Si vous interrogez un auteur qui s’est magistralement planté sur la date de péremption de la terre, il vos répondra avec aplomb « Si je me suis légèrement trompé dans mon ouvrage ?   C’est à cause de X qui a prédit des nullités sur lesquelles je me suis …un peu…basé. »  « C’est aussi à cause de XX qui se réfère à tant de prédictions ancestrales qu’il est impossible d’expliquer au simple quidam l’essence de la vérité …».

Bon nombre de braves gens sont persuadés que nous serons sauvés du terrible cataclysme juste à temps par des vénusiens ou de bons aliens au regard bienveillant et communiquant par télépathie.

N’a-t-on pas envoyé un tas de messages à leur intention dans l’espace ? Même du Beatles …

 D’autres, par contre, adeptes des Mangas voient d’horribles ersatz humains, body-builders tout gonflés, luisants et bronzés, manipulant des épées laser ou au plutonium pour anéantir la planète entière.  Il reste à espérer pour eux qu’ils auront garé leurs vaisseaux assez loin de l’onde de choc.

Tout compte fait, je n’ai ouvert aucun de mes beaux livres traitant de la fin du monde du 21e siècle.

Je les range dans ma bibliothèque.  Je range mes crayons, ma latte et ma gomme dans le tiroir de mon bureau.

J’attends le prochain ouvrage.   Le 21 décembre est encore loin.

Je m’installe dans un fauteuil devant la fenêtre.  Un rayon de soleil vient de percer les nuages créant un halo de lumière bienfaisant et reposant.

Les visions d’horreur s’évanouissent.

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Carine-Laure Desguin a lu "Sauvetages" de Nadine Groenecke

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

desguin

 

J’ai lu SAUVETAGES de Nadine Groenecke, Ed Chloé des lys, 2011,

                                                                             ISBN 978- 2- 87459- 574-5

http://nadinegroenecke-auteur.over-blog.com

 

P49 : ….Et dire que six jours plus tôt, il annonçait ma mort ! Hier débordant de vitalité et, aujourd’hui, rien qu’un cadavre allongé dans un tiroir de la morgue !

 

Pour être dans la mouise, lui, il est dans la mouise. Lui, c’est Jacques Mervan, écrivain à succès et critique littéraire. Le chroniqueur bien connu de l’émission « on aura tout vu tout entendu », Roland Putier vient d’annoncer, par erreur, la mort de l’écrivain. Par erreur ? Hum, hum…

A l’annonce de sa mort, Jacques Mervan, depuis quelques moishttp://www.bandbsa.be/contes2/sauvetagesrecto.jpg englouti dans une profonde dépression rebondit et décide, de connivence avec sa maman, de s’isoler dans une demeure familiale sur l’île d’Oléron, pour écrire un roman et laisser croire à une pseudo disparition.

 

Ah, ce Jacques Mervan, pour s’engouffrer dans des situations rocambolesques, il est le plus fort. Direction l’île d’Oléron, boum, une beauté stoppe sa voiture. Une jeune femme muette, pourchassée par son ex croit-il comprendre, hop, jacques Mervan l’embarque avec lui. Arrivés à destination, la télé annonce que Roland Putier vient d’être assassiné et que les soupçons se portent sur devinez qui ? Sur lui, le désormais introuvable !

 

P61 : …Que devais-je faire ? Me rendre à la gendarmerie pour me livrer et expliquer le scénario….Mais tiendrait-on compte des dires d’une étrangère muette ?

 

Là, il patauge le Jacques Mervan, il patauge. Par chance, Espéranza l’emmène à quelques kilomètres de là, chez une amie.

Cependant, sa vie reste semée d’embûches et de contradictions !

P70 :  Mais qu’elle était donc la personne qu’elle tenait à joindre et pourquoi ?

P106 : Les mots entendus s’entrechoquent dans ma tête.

 

Et c’est qu’il n’est pas au bout de ses peines, ce Jacques Mervan ! Est-ce un hasard, cette rencontre avec la belle Espéranza ?  Et sa mère, avec qui il entretient une relation quasi-fusionnelle, quel rôle joue-t-elle dans tous ces quiproquos ?

 

Sauvetages, c’est 164 pages à lire sous le soleil estival, les orteils en éventail, le chapeau de paille bien entassé jusqu’aux sourcils. Un livre bien écrit et très divertissant. Et de temps en temps, ça fait du bien, ça évacue la morosité ambiante.

 

Après la parution en 2009 de « Trop plein », un recueil de nouvelles qui remporta un beau succès, Nadine Groenecke, signe ici un roman mêlant intrigues et humour, tout cela rédigé dans un style impeccable. Souhaitons à cette lauréate du prix Odette Masfellder 2011 un succès bien mérité.

 

A l’instant, ma maman m’écrit par sms : André Dussolier est DCD. Je zieute sur google et je lis : le comédien Michel Duchaussoy vient de nous quitter.

J’attrape « Sauvetages » et je veux que maman le lise, ce roman-là. Pour lui signifier que c’est vraiment pas la peine d’élaborer des stratagèmes ….

 

Carine-Laure Desguin

http://carinelauredesguin.over-blog.com

 

Publié dans Fiche de lecture

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"Et si 2012 voyait la fin de l'humanité ?" ... Texte 6

Publié le par christine brunet /aloys

Et si 2012 voyait la fin de l’humanité ?


S’il est une peur collective qui a la vie dure, c’est bien celle-là : la fin du monde. Elle remonte à des temps immémoriaux, elle est tenace, malgré l’absence d’annonces de tout danger imminent pour notre vaisseau spatial, par le monde scientifique, en particulier la NASA et les astrophysiciens qui sont un peu nos vigies, et guettent les passages d’astéroïdes, planètes et de tout objet spatial à proximité de la Terre, en permanence. Peur collective et croyances vont de pair. Superstitions et croyances aussi. Des pseudo- prédictions de Nostradamus (auquel on a fait dire tout et n’importe quoi après interprétation de ses écrits, plutôt hermétiques et déformables à merci), à celles tirées du calendrier Maya, avançant la fameuse date du 21 décembre 2012 comme étant celle de la fin du monde, en passant par la destruction de la Terre par une énorme planète, ou encore un alignement de toutes les planètes qui déclencherait des cataclysmes en séries, également un passage de la Terre dans le plan galactique, engendrant  des répercussions gigantesques, voire une subite inversion des pôles ou du champ magnétique terrestre, ou une explosion de notre Etoile, le Soleil, la fonte des glaces aux pôles, sans parler des prédictions astrologiques fumeuses,  toutes les supputations sont possibles et la croyance populaire, alimentée par des charlatans et autres prédicateurs dont certains n’hésitent pas à citer des passages de la Bible comme pour mieux annoncer l’Apocalypse, vont bon train.


Peur collective de la fin du monde : n’y aurait-il pas là, en chacun de nous, plus ou moins fortement selon  les individus, enfouie dans l’inconscient collectif de chacun, une survivance de peurs ancestrales, liées à une forme d’obscurantisme et d’ignorance plus que séculaire? Cette peur collective ne rappelle-t-elle pas celle des Néandertaliens, quand, environ 400 000 ans avant notre Ere, ils allumaient les premiers foyers, et veillaient en permanence sur la continuité du feu, de peur qu’il ne s’éteigne et avec lui, la vie ?  De tous temps, l’homme n’a cessé d’imaginer une fin à tout. Une fin à l’Univers, des limites, comme une sorte de gigantesque bulle nous englobant, et qui pourrait même faire que nous y soyons seuls. Or la science moderne, confirmant au passage les théories d’Einstein, nous apprend que l’Univers est non seulement sans limites, donc sans fin (difficile il est vrai à concevoir), mais qu’il est également en perpétuelle expansion. Cette peur de la fin, est elle-même confortée par la brièveté de la vie, par son aspect éphémère : tout ou presque sur notre planète finit par mourir, par disparaître. L’homme, en dépit des progrès de la recherche médicale et des soins, de l’hygiène de vie aussi, vit certes de plus en plus longtemps, mais inéluctablement un jour, il meurt. Dame Nature n’est pas en reste non plus : si la plupart des végétaux, arbres, etc… parviennent à se régénérer et vivre plusieurs cycles, ils finissent un jour ou l’autre par mourir,… de vieillesse. Les espèces animales n’échappent pas non plus à la règle.  Mais la peur de la fin de toute forme de vie est exacerbée, lorsque des rapports scientifiques alarmants, signalent régulièrement l’extinction, chaque année, de plusieurs milliers d’espèces, végétales, animales, et le spectre des dinosaures, exterminés au Secondaire par l’onde de choc provoquée par la collision entre la Terre et  un énorme astéroïde alimente les craintes les plus folles.


Fin de vie inéluctable, pour la Nature, pour la vie animale, pour l’Homme : ce dernier a toujours vu une fin en tout, y compris dans son emploi, sa carrière, lorsque vient le temps de l’abandonner : comme le dit le dicton partir (du monde du travail, dans ce cas) c’est mourir un peu ! Peur irraisonnée, par conséquent (mais cette peur peut-elle être contrôlable ou maîtrisée ?), liée souvent à des peurs ancestrales inconscientes. Peur irrationnelle aussi, mais pour d’autres raisons. En effet, la fin du monde, donc de l’humanité, est fréquemment vue comme la résultante d’immenses phénomènes exogènes, galactiques ou inter-galactiques. Rarement ce thème n’aborde une fin de l’humanité, comme étant la conséquence de l’inconséquence de l’Homme, de ses négligences et de ses excès, par une conjonction de phénomènes endogènes (sauf exceptions : par exemple à l’époque des premiers essais atomiques, où d’aucuns y voyaient déjà les prémices du déclin et de la disparition de l’humanité). Or nous avons vu par le passé maintes fois que la peur exogène était injustifiée : les essais nucléaires (bombes H et A) ont certes causé des pertes humaines dramatiques, mais non la disparition de la race humaine ; de nombreux alignements de planètes se sont présentés depuis l’apparition de l’homme, sans aucune conséquence pour lui. Des astéroïdes ont déjà frôlé ou percuté notre planète, dans l’Arizona notamment, sans conséquences gravissimes. Même le dernier séisme de magnitude 7 au Japon, qui à significativement  déplacé des plaques tectoniques et a fait dévier de quelques degrés l’axe de rotation de la Terre, n’a entraîné aucune incidence connue sur l’espèce humaine, au contraire de l’explosion de plusieurs  réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima (mais dont nous avons vu, tout comme à Tchernobyl, que les dégâts, certes dramatiques pour les populations concernées, ont été circonscrits aux habitants les plus proches).


Par ailleurs, la NASA et ses réseaux de vigilance, ne signale avant plusieurs centaines de milliers d’années, voire davantage, aucune approche de planète ou d’astéroïde, de nature à menacer la Terre. Le passage à l’An 2000 selon certains, devait nous être fatal or il n’en a rien été. Selon des calculs prétendument Sumériens, une mystérieuse planète devait venir s’écraser sur Terre en 2003, or il n’en a rien été, et tous les astro-physiciens savent qu’une telle planète n’existe pas à l’heure actuelle dans notre système solaire (elle aurait déjà été repérée, sinon). Quant à de prétendues conséquences de collisions galactiques on intergalactiques, elles seraient à l’échelle de l’Univers, répercutées sur des centaines de milliers d’années, donc pratiquement imperceptibles. Peur irrationnelle enfin car, pour qu’il y ait disparition totale de l’humanité, que la cause en soit exogène ou endogène, il ne devrait pour cela rester aucun être humain en vie sur cette Terre. Or il est plus que probable que ce serait impossible. En effet, même si les mers, océans, fleuves et rivières  par exemple,  s’élevaient de plusieurs dizaines de mètres (ce qui est en soi déjà énorme, et la conséquence de phénomènes extrêmes), les populations se trouvant sur tous les reliefs, les hauts plateaux, la Terre étant parsemée de hauts sommets, seraient certainement épargnées. De même, survivraient sans doute toutes les peuplades qui ne se trouvent pas en zones sismiques, ou proches de grands bassins industriels, ou à proximité de centrales nucléaires, même si plusieurs séismes de forte magnitude secouaient notre planète en 2012 ou après d’ailleurs, ou si on assistait à une cascade de catastrophes nucléaires de type Tchernobyl.


En conclusion, il est plus que probable que 2012 ne connaisse pas plus la fin de l’humanité que celle de ces  élucubrations, et autres théories fumeuses et délirantes sur notre disparition collective, qui ont encore une longue vie devant elles.

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"Et si 2012 voyait la fin de l'humanité ?" ... Texte 5

Publié le par christine brunet /aloys

Un jour ordinaire de la fin du monde

 

Vendredi 21 décembre 2012, 7h45 du matin, le réveil n’a pas sonné. J’avais pourtant changé les piles la semaine dernière ! Quitte à être en retard, je vérifie toutes celles qui restent dans le blister avec le contrôleur de batteries : aucune ne fonctionne !

Entre midi et deux, quand les lumières du bureau auront été éteintes après le départ de mes collègues, et que je pourrais enfin consulter mes messages, je rédigerai rapidement une bafouille pour me plaindre !

Après m’être tordu le pied dans les escaliers, je monte dans ma voiture qui peine à démarrer. La batterie que le mécanicien m’a changée juste avant le début de l’hiver, doit être du made in pas fiable !

Encore un qui va m’entendre. Mon horoscope m’avait bien prévenu : rien ne va tourner dans le bon sens cette semaine - Ce qui m’a le plus surpris en le lisant d’un air détaché est la similitude des avertissements quels que soient les signes du zodiaque !

Le contrat n’est pas arrivé, je vais encore perdre la journée à lancer des bordées, à paraître de mauvaise humeur. Je vais de plus tacher ma cravate au resto d’entreprise : c’est toujours ainsi quand je prends de la purée au jus, seul aliment qui réussi à traverser mon gosier quand je suis énervé.

Ce matin, en apprenant que la tour de Shanghai a été décapitée par une météorite, j’ai cassé deux crayons, bousillé l’écouteur de mon smartphone qui m’annonçait la nouvelle et j’ai laissé mon chocolat-crème valser sur mes chaussures. Je devais justement les amener chez le cordonnier afin de les ressemeler pour la troisième fois. Bon, demain je mettrai des baskets !... mais est-ce que je me réveillerai demain – si mon réveil ne marche pas ?

Le contrat arrive, il est en serbo-croate ! Encore obligé d’appeler une traductrice du tribunal de commerce de Trabuc-les-oies pour le comprendre. Je n’aurais jamais fini pour 18h00 !

Qui sont ces stagiaires ? Personne ne m’a prévenu ! Ils sentent la soupe froide et parlent fort, ça me donne mal à la tête. Expliquer pour la millième fois les arrangements commerciaux internationaux des nations désunies me fiche la migraine et fini par me fatiguer les yeux – Je n’ai même pas emporté mon collyre !

L’alarme retentit, une alerte à la bombe au 12ème étage. Je saute dans le premier ascenseur ultra-rapide, plantant là mes élèves ennuyeux. Quand il ralenti, je sens que je vais me retrouver pour sûr au 12ème, mais lorsque la porte s’ouvre, il fait noir et ça sent plutôt le moisi !

Les caves de l’immeuble, c’est sûrement mon point de chute. Il n’y a personne, il fait froid, je n’ai pas pris ma veste ! Sont-ce des rats que je sens grouiller sur mes pieds ? Il y en a des centaines, ils quittent le navire – mauvaise augure ! J’aurais mieux fait de rester couché ce matin !

Quelle galère ! Comme tous les jours d’ailleurs, rien ne change et tout va de travers. La crise n’en finit plus de déglinguer ce qui reste encore debout. Que donnerais-je pour un petit voyage tranquille au Mexique, chez les Mayas qui savaient si bien vivre en symbiose avec la nature et ne se laissait pas embêter par tous des malotrus ! Un petit coup de hache, et hop une tête de plus qui roule !

La lumière vacille mais me permet enfin de me diriger vers une porte de sortie. Pourquoi y a-t-il des pots de peinture derrière ? Je vais finir mes chaussures en pataugeant dans ces flaques roses et caca d’oie qui suintent. Une autre porte là-bas, elle est ouverte !

Derrière il y a une grille et des cascades d’eau sale m’éclaboussent en frappant le sous-sol. Cette cataracte vient de si haut que j’ai l’impression que tout l’océan est en train de se déverser dans les froides fondations de la prestigieuse Fondation qui m’emploie !

J’entends au loin des hélicoptères, des sirènes, je vois des faisceaux de lumière qui semblent chercher quelqu’un – le monde entier sauf moi ! Quelle idée d’avoir fuis ainsi, je me retrouve coincé au 25ème sous-sol où personne évidemment ne viendra me chercher.

Il faut que je pense à décommander le restaurant où j’avais rendez-vous… oui, dans 20 minutes à présent mais je réalise que j’ai laissé mon téléphone si intelligent à sécher sur le radiateur. Allez, je crie !

Là en face de moi, au bout du couloir ruisselant, derrière les rats, il y a des gens ! Ils ne me voient ni ne m’entendent, ils s’enfuient eux !

Et toujours cette foutue grille ! Les hommes, les femmes, les enfants ont été emportés par la chute vertigineuse des eaux dont on n’entend plus que le fracas !

Sur un clou dans cette prison humide et inhospitalière, il y a pourtant une bâche dont je me devrais me couvrir pour ne pas mourir (sûrement) de froid !

Que puis-je faire à présent ? Quelle est donc cette journée (pourtant une fin de semaine… ça m’arrangeait bien) …Quel est donc ce jour d’avant Noël où tout-fout-le camp et, qui cependant me fait penser qu’enfin, je serais dispensé de passer des plombes sur Internet à choisir des cadeaux pour mes petits neveux ?

Pourtant, cette soirée au restaurant avec Yvette, ça m’aurait changé les idées ! Elle est chouette Yvette et elle a toujours de la chance, elle !

Mais je n’ai pas le temps de toutes façons, il faut que rédige au moins 3 lettres de réclamations, que je répare l’aspirateur et que je retrouve l’endroit où j’ai placé ces satanées baskets.

Tiens je vais être élégant demain en baskets au bureau ! Heureusement qu’elles sont noires, ça passera plus inaperçu.

J’ai un peu faim, il n’y a plus personne, aucune lumière qui tournoie au dessus du grand trou où s’abattent ces nouvelles chutes du Niagara. Je suis crevé, je vais m’installer dans cet espèce de hamac laissé par les ouvriers, me couvrir de la bâche et attendre.

J’ai trop peur de m’aventurer dans ces couloirs sombres pour chercher une issue.

Le sommeil me gagne, mon esprit s’apaise et ces tracas habituels laissent place à un silence reposant et agréable. Je vais m’endormir !

Demain, sera le samedi 22 décembre 2012, il fera jour et je pourrai découvrir un nouveau monde !

 

 

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"Et si 2012 voyait la fin de l'humanité ?" ... Texte 4

Publié le par christine brunet /aloys

Leçon de tricot, leçon de finance 

 

Chantal tricote, et le clic clic clic de ses aiguilles, un peu glissant, se noie dans ses vieilles mains adroites. Un pull pour sa petite fille, a-t-elle annoncé. Violette – que Chantal ne nomme qu’en chantonnant Viiii-o-lette-bi-cy-clette ce qui s’est hélàs étendu aux autres pensionnaires fréquentant la salle commune – Violette donc fronce les sourcils en tentant de deviner à quoi ressemblera cette étrange orgie de couleurs, matières et points. Chantal est allée en taxi – oui, en taxi !!! – à 25 kms de là chez Travaux d’aiguilles, douce nostalgie, et y a acheté des pelotes de ce qu’il y avait de plus cher, et en plusieurs teintes assorties : de la soie torsadée, de fines lanières de cuir enlacées avec du ruban, une laine rarissime au nom plus obscur que celui du plus reculé des villages du plus reculé des pays dans la plus reculée des chaînes montagneuses. On lui avait expliqué que c’était le nom du mouton dans la langue locale – laquelle encore ? – entre 11 et 13 mois exactement, moment précis durant lequel sa laine avait cette texture bien particulière et unique.  Elle avait acheté des boutons taillés dans des galets de la rive nord du lac Titicaca, là où une algue toxique leur donne une coloration inimitable.


Violette et les autres s’étaient échangées un regard tout d’abord ironique, et puis inquiet. Car Chantal n’était pas riche. Le home était de ceux « pour personnes indigentes ». Elles étaient toutes très adroites à extraire d’un euro tout le suc qui pouvait en sortir. On trempait deux fois son sachet de thé dans la théière, gardant la seconde pour les amies moins proches ou les profiteuses. On raccommodait les collants. Les cuillers tournaient longtemps et bruyamment dans les raviers de flan aux œufs. On se penchait au risque de piquer du nez pour ramasser une pièce de 20 centimes. Et voilà que Chantal jouait les dispendieuses, tout d’un coup !


C’est qu’elle changeait, c’était indéniable. La semaine d’avant elle avait été commander, chez Mignardises et gourmandises, un assortiment de petits fours par téléphone et se les était fait livrer comme une impératrice au home. Madame Groulard au secrétariat avait tout d’abord pensé qu’il s’agissait d’une mauvaise blague mais Chantal était arrivée en trottinant, son billet de 100 euros roulé dans la main tremblante, et lui avait demandé si elle pouvait organiser une petite réception d’anniversaire dans la salle commune. « Mais… votre anniversaire est le 28 décembre, Madame Loubet ! » à quoi elle avait ri avec espièglerie et décrété qu’elle avait plutôt l’intention de célébrer quelques non anniversaires d’ici là. Mince ! On n’était qu’en février… elle allait se ruiner à ce tarif-là.


Mais comment faites-vous pour l’argent, Chantal ? finit par demander Mademoiselle Simard, la vierge du logis comme on l’appelait en cachette car elle se vantait de n’avoir pas connu l’homme ce qui naturellement ne la faisait pas envier des autres. « J’emprunte à mon frère et à mon fils » répondit Chantal, avec le sourire sûr de lui de qui se sait un fin stratège. » « Mais enfin… ils savent quels sont vos revenus… ils savent que vous ne pourrez jamais rembourser ! » Mademoiselle Simard laissa percer un peu d’énervement devant cette accumulation de sottises, de l’emprunteuse aux prêteurs. « Je leur ai fait croire que j’allais recevoir un magot ! Un héritage d’un parent oublié en Amérique » expliqua Chantal, prenant un ton de conspiratrice tout en enfonçant la pointe de l’aiguille dans une maille, clic clic clic. « Quoi !!!! » et la voix aiguë de la vierge du logis fit trembler les vitres de sa saine indignation, « mais c’est impensable, Chantal ! Vous volez votre frère et votre fils ??? » « Mais non, voyons ! » se défendit Chantal, très contrariée parce que la surprise lui avait fait lâcher une maille « ils n’ont pas vraiment besoin de cet argent, aussi il ne leur manquera pas ». Elle se concentrait sur sa maille et son ton indiquait nettement que Mademoiselle Simard aurait mieux fait de connaître l’homme comme tout le monde plutôt que d’être tatillonne comme une dentellière. Mais la vierge du logis avait son point fort. Elle était raisonneuse et aimait aller au fond des choses, ce qui avait à la fois tenu les hommes loin de son lit mais aussi lui avait mérité que l’on ne discute jamais devant elle. Règle absolue que Chantal venait de négliger. « Mais c’est immoral, Chantal ! Immoral, ne le comprenez-vous pas ? Ils comptent sur cet argent que vous prétendez attendre d’Amérique et savez ne jamais arriver… » . L’émotion fait que son verbe s’accélère et que ses lèvres bougent frénétiquement, envoyant quelques postillons sur la tab le de formica et imposant à son dentier des soubresauts plutôt disgracieux qui n’échappent pas à Chantal.


« Gardez votre râtelier en place, Mademoiselle Simard ! » Elle les regarde par-dessus ses lunettes, et ne peut manquer leur expression choquée : les lèvres de ses compagnes sont retroussées et tremblantes, secouant quelques poils épars et dénudant des dents de tous les modèles. Des vraies, jaunes et déchaussées, des fausses à la régularité d’une fermeture éclair, et des absentes. Elle se met à rire et, posant son tricot sur les genoux, l’expression emplie d’une bonhommie bienveillante elle explique :

« Le 21 décembre 2012,  les enfants, c’est la fin du monde ! Alors, c’est le moment ou jamais de claquer tout ce qu’on a ! Ma nièce, elle n’aura que quelques mois pour se pavaner dans son pull de folle, mais elle sera contente. Et après-demain, je vous invite à un autre non-anniversaire ! »


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